La fête d'Halloween approchait et Kô avait eu envie de sortir faire les boutiques afin de dénicher quelque chose qui sortirait de l'ordinaire. Il avait plusieurs soirées de prévues, et il n'avait pas envie de recycler son costume à tout va. De toute façon, il avait de l'argent à ne plus savoir qu'en faire, alors autant en profiter.
Le jeune homme était sorti depuis la fin de la matinée, déjeunant en ville. Il s'était posé un peu plus d'une heure ensuite, dessinant sans arrêt, ses esprits gambergeant à deux cent à l'heure. Il devait rendre un devoir d'ici plusieurs jours, mais ce n'était pas par rapport à cela que son crayon s'activait sur son carnet. Non, en effet, il avait fait la rencontre d'un jeune homme fort charmant lors d'une soirée en l'honneur du club de natation où le club de cuisine, duquel faisait partie Kô, devait préparer de quoi se restaurer. De fil en aiguille, et c'était bien le cas de le dire, le Japonais avait relevé le pari d'imaginer une tenue pour ce nageur. Ses idées ne manquaient pas de fuser et il arrivait presque au bout de son projet. Ravi, il plia bagages et repartit dans les rues grouillantes de la ville après avoir terminé sa boisson chaude.
L'automne était une saison particulièrement plaisante pour le blondinet. Se couvrir plus chaudement, tenir un bon thé chaud entre ses mains gelées, s'emmitoufler dans ses couvertures le soir venu, ou encore trouver refuge entre des bras forts ; oui, clairement, les saisons froides étaient les favorites du garçon.
Ne sachant pas tellement quelle genre de costume il désirait, il s'arrêtait devant les enseignes de plusieurs boutiques. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il voulait une tenue que personne d'autre n'aurait. Bien sûr, ce n'était pas évident de trouver la perle rare, mais Kô était convaincu qu'il parviendrait à la dénicher. Quitte à revenir demain et le jour suivant pour continuer ses recherches. Enfin, il finit par entrer dans une boutique, frictionnant ses mains l'une contre l'autre à la recherche d'un peu de chaleur. Il sourit à la vendeuse qui lui souhaitait la bienvenue avant de se perdre à travers les différents rayons.
Il y avait des costumes pour tous les goûts. Des tenues de vampires, de clowns, de zombies, des animaux en tout genre, des pirates et des déguisements de personnages plus connus dans des films ou des dessins animés... Kô était persuadé qu'il arriverait à mettre la main sur le vêtement qui lui plairait. Et ce fut le cas. Kô n'avait pas pensé à un cosplay, et pourtant, ce fut la tenue de Sora dans Kingdom Hearts (un jeu qu'il adorait) qui fut sa révélation. Ses pupilles s'ouvrirent en grands tandis qu'il tendait la main pour attraper le costume suspendu au-dessus. Sauf que, visiblement, ils étaient deux à s'en saisir au même moment.

« Désolé, mais je l'ai vu en premier », déclara le blondinet sans lâcher le sachet qu'il tenait de son côté.

Le mois d’octobre avait démarré, avec lui la saison de l’horreur. Mingwei pouvait déjà voir toutes les images animés de squelettes qui jouaient de la trompette sur les réseaux sociaux et il était déjà excité pour la fin du mois. Il n’avait jamais eu l’occasion de fêter les morts lorsqu’il était encore adolescent en Chine. Avec la famille de son père, c’était vu comme dégradant de se déguiser et sortir dans les rues (mais à ce niveau, toutes les sorties avec ses amis étaient considérées dégradantes et Mingwei n’avait d’ailleurs aucun ami de cette période). Cependant, depuis qu’il était en Corée du Sud, ses libertés s’étaient multipliées et il était devenu fanatique de cette soirée malgré ce que son meilleur ami pouvait bien en penser. Il tentait d’ailleurs d’organiser une soirée pour sa fratrie, voulant cette année fêter Halloween avec ses camarades et créer plus de liens. Il ne voulait pas donner l’impression qu’il flirtait avec l’ennemi simplement parce que son ex petit-copain et maintenant meilleur ami faisait partie d’une autre fratrie. Il devait encore penser à des activités qu’il pourrait y apporter mais il savait déjà que le beer pong serait un incontournable et qu’il y participerait aussitôt.
Cependant, son plus gros problème pour le moment était qu’il n’avait aucune idée pour son costume. Il ne voulait pas faire simple et partir sur un zombie ou fantôme (quoiqu’il pourrait se laisser tenter de couper deux trous dans un drap blanc qu’il mettra sur sa tête). L’année passée, il s’était lancé dans un costume traditionnel coréen qu’il avait rendu beaucoup plus sombre et finit avec du maquillage pour complètement le changer et il en avait été fier. Seulement, cette année était difficile. Il n’aimait pas porter deux fois le même costume, et du coup il était partie pour chercher de l’inspiration en ville. Il espérait même qu’avec l’inspiration, il trouverait son costume pour qu’il ne lui passe pas sous le nez.

Se baladant entre les rayons, son regard passait de costume en costume, cherchant la qualité et l’originalité. Il vit de quoi interpréter un sans-visage d’un dessin animé japonais qu’il adorait mais ce n’était pas assez. Surtout qu’il n’avait pas envie d’avoir à enlever le masque dès qu’il buvait une gorgée de bière et c’est qu’il avait prévu d’en boire beaucoup. Il continua donc son chemin, un sourire béat aux lèvres. Soudain, il s’arrêta net et remarqua le costume qu’il lui fallait. Un personnage peu connu pour ceux qui ne jouaient pas aux jeux vidéo mais pourtant facilement repérable. Il s’approcha rapidement du costume et l’agrippa pour l’observer de plus près quand une autre main entra dans son champs de vision. « Euh. Hey ! » S’exclama-t-il tout joyeux d’abord. « Comment dire, c’est gênant car je suis pas sûr que tu puisses savoir ça. » Il tenta de garder son sourire, se montrant amical avant tout. « Si tu veux... » Il tira un discret coup sec sur le costume dans une tentative de se montrer dominant. « On a qu’à dire que c’est pour moi ? »

Kô n'était pas spécialement quelqu'un capable de mauvaise foi. Néanmoins, quand cela concernait quelque chose qu'il désirait avec force, il n'hésitait à montrer les dents. De quel droit se permettait donc cet autre garçon de déclarer que ce n'était pas lui qui l'avait attrapé en premier ? Toujours la main agrippée au déguisement (qu'il ne comptait certainement pas lâcher de si tôt), Kô abandonna un soupir avant de hausser les sourcils.

« Euh non, je ne crois pas ! déclara-t-il. Tu ne peux pas te permettre de débarquer de nulle part et de dire ça, toi non plus. »

Tant pis s'il s'en faisait un ennemi, mais ce costume était certainement le plus réussi et le plus beau de toute cette boutique. Kô en avait fait le tour quelques minutes auparavant et c'était la seule pièce qui se distinguait des autres. Un cosplay n'était pas donné après tout et il esquissa un sourire de ses lèvres rouges, espérant avoir trouvé une bonne combine pour conserver ce qu'il voulait.

« D'ailleurs, tu as vu le prix ? Je ne suis pas certain que tout le monde puisse se payer un tel costume... »

Il ne le visait pas personnellement, c'était juste un très large sous-entendu qu'il souhaitait être en sa faveur. Maintenant qu'ils tenaient tous les deux un côté du sachet dans lequel était plié et rangé le cosplay, c'était comme s'ils se battaient dans une arène. A qui remportera la victoire ? Pour Kô, clairement, le prix n'était pas un problème. Il avait de l'argent à revendre, profitant grassement de ce que lui envoyait sa mère depuis le Japon. Après tout, elle pouvait bien faire cela, elle qui avait failli à son rôle. Alors même si Kô avait une garde robe impressionnante et qu'il aurait très bien pu recycler un vieux costume, c'était celui-ci qu'il avait vu et qui lui avait tapé dans l'oeil. Pourquoi fallait-il que cet inconnu vienne contrecarrer ses plans ? Le blond se voyait déjà dedans, fier et courageux comme le pirate qu'était ce fameux Sora dans le jeu vidéo.

« Alors ? reprit-il. Tu me le laisses et je t'aiderais à trouver quelque chose de mieux pour ta carrure. Je suis styliste, alors j'ai l'oeil pour ça, et je pense que tu es trop carré pour te déguiser ainsi - contrairement à moi. »

Nouveau sourire qui paraissait agréable mais qui se voulait tranchant. Est-ce que son interlocuteur allait finalement céder sous ces précieux conseils qu'il lui offrait gratuitement ? A l'évidence, Kô comprenait néanmoins que l'autre n'avait pas l'air de vouloir être aussi conciliant qu'il l'espérait.

La main accrochée sur le costume, Mingwei n’était pas prêt de le lâcher. Il s’était déjà imaginé en train de le porter pour ensuite débarquer devant le dortoir des sango et surprendre son meilleur ami. Et quelle surprise ! Seulement, elle ne pouvait être réussie s’il n’avait pas le costume en question. Alors il devait s’accrocher, aussi fortement que possible, sa poigne sur le tissus. Le sino-coréen était un idiot et lorsqu’il avait une idée en tête, il était difficile de le faire changer d’avis. S’il s’imaginait déjà avec ce costume, il allait se battre pour l’avoir. Toujours sous couvert d’une fausse politesse, il souriait à l’autre personne qui avait attrapé le vêtement en même temps que lui. « Je ne débarque pas de nulle part, je viens de la porte d’entrée. » Oui, il était complètement idiot, et il le savait, et il s’en jouait. Il fit un pas en avant, tentant par tous les moyens de se glisser entre le garçon et le costume. Il se redressa, reprenant ses réflexes de lorsqu’il était encore un membre de la famille Meng, se montrant grand et fier. Il se voulait simplement menaçant, bien qu’il savait qu’il n’en viendrait jamais aux poings car il s’était fait la promesse de ne plus jamais se battre. Il ricana devant la remarque de l’inconnu. « Oui, j’ai une collègue au travail qui ne pourrait pas se le payer, c’est sûr. » Ce n’était absolument pas un problème pour lui. Bien qu’il ne touchait plus à la grande fortune de sa famille restée en Chine, sa mère ne manquait pas d’argent et lui non plus. Il travaillait à côté de ses études simplement pour apporter un minimum de luxe dans l’appartement que partageait sa mère et sa grand-mère, à défaut de pouvoir verser son salaire directement sur leur compte en banque.

Son poing se resserra encore plus fort (si c’était même possible) sur le sac. Son sourire devenait légèrement crispé alors qu’il continuait d’écouter les paroles du garçon. S’il n’était pas coincé dans ce genre de situations, il aurait très bien pu prendre au sérieux les conseils de l’inconnu. Il était muscle, carré, oui. Il s’entretenait et continuait encore ses nombreux entraînements d’arts martiaux hebdomadaires. Pourtant, il ne perdrait pas cette bataille. « Tu es donc styliste ? » Ça expliquait sa tenue déjà excentrique il se disait. Et pourtant son meilleur ami était Qin Tian et lui-même n’était pas mal non plus dans le genre excentrique. « Pourquoi ne pas te challenger et créer ton propre costume, hm ? » Discrètement, il tenta de tirer un coup, pensant que le styliste lâcherait sa prise sous la surprise. « Je suis très nul en couture, je devrais donc mériter le costume, non ? » Son sourire s’élargit, bougeant légèrement en coin. « Mais merci pour les conseils, peut-être que tu pourras m’en donner d’autres une autre fois. Qui sait, je pourrais te montrer à quoi je ressemble réellement sous ces vêtements. » Il avait un léger espoir que le styliste se trouve dégoûté par les avances explicites de Mingwei et que, dans un mouvement de recul, lâche sa prise.

Toute cette histoire ne montrait qu'une seule chose : deux gamins capricieux qui étaient incapables de faire une concession. Mais plutôt mourir que d'admettre sa mauvaise foi ! Ce déguisement était le costume parfait pour la fête d'Halloween et Kô ne souhaitait pour rien au monde le laisser à son interlocuteur. D'ailleurs, ce dernier ne se gênait pas non plus. Le japonais le sentait bien, quand il essayait de tirer un peu plus fort pour le faire lâcher ! Mais il ne lâcherait pas. C'était idiot, mais il ne lâcherait pas ce maudit cosplay. C'était lui qui l'avait vu en premier, peu importe ce que l'autre disait, et il ne comptait pas abandonner de cette manière. D'autant plus qu'il n'appréciait clairement pas la mauvaise foi dont il faisait preuve, avec cet air faussement supérieur peint sur son visage.

« Très drôle », soupira Kô en levant les yeux au plafond.

Il tenta alors de le convaincre que le prix du vêtement n'était pas à la portée de tout le monde, mais s'il était comme Kô, ce garçon n'avait pas de problème financier. Il le lui fit comprendre en mentionner une soi-disant collègue de travail tandis que Kô tentait à son tour de tirailler un peu plus de son côté. Vu de l'extérieur, cette scène devait paraître grotesque, mais étant donné que c'était le seul déguisement convenable dans ce magasin... Cela devenait parfaitement normal. De nouveau, le blond soupira et joua une nouvelle carte en le complimentant sur sa carrure pour insister sur le fait qu'il était un peu trop carré pour porter cette tenue.

« Oui, je suis styliste, et j'ai d'autres choses à me préoccuper. Alors arrête de me faire tes avances et laisse-moi ce costume. En bon gentleman. »

Il battit des cils pour entrer quelques secondes dans son jeu. Qu'est-ce qu'il voulait, dans le fond ? Kô ou bien ce déguisement pour lequel ils se chamaillaient depuis plusieurs minutes ? Alors, amusé, le blond tourna sur lui-même, comme pour s'entortiller dans le cosplay, et atterir face à son interlocuteur. Il glissa son autre main sur sa joue, lui offrant l'un de ses plus beaux sourires de ses lèvres rouges...

« Bon, alors, tu te décides ? Peut-être que je peux faire quelque chose pour te faire lâcher... ? »

... et tira d'un coup sec. Décontenancer par ses charmes, est-ce que cela allait fonctionner dans cette situation ? D'ordinaire, c'était davantage sur le plan plus charnel qu'il usait de ses charmes, mais il avait tenté sa chance. Autour d'eux, quelques personnes les regardait d'un air étonné avant de passer leur route sans essayer de voir ce que les deux garçons pouvaient cacher derrière eux.

Mingwei était tellement amusé, bien plus qu’agacé. Il voulait vraiment ce déguisement et pourtant il n’était pas difficile d’habitude, juste quelque peu taquin. Néanmoins, de voir l’acharnement avec lequel le jeune homme semblait vouloir se battre pour ce costume, ne lui donnait pas envie de perdre. Il allait insister jusqu’au bout, utilisant toutes les techniques possibles. Il voulait tester jusqu’où il pouvait aller avant de voir son adversaire craquer et se retirer. Malheureusement celui-ci avait mentionné le prix du costume en question, espérant que ce soit un problème pour le sino-coréen. Malheureusement pour lui, car Mingwei était loin d’être en manque de billets. Il n’avait plus la fortune de son père, mais il avait assez pour se permettre des folies de shopping.

Si le cuisinier fut surpris d’apprendre que l’homme à ses côtés était styliste, il ne le montra pas. Il était déjà occupé à penser à son prochain mouvement pour le faire lâcher prise. Alors ce fut armé d’un grand sourire qu’il se mit à draguer la personne en question. Après tout, il avait encore plus de raisons de vouloir garder ce costume. Son adversaire pouvait facilement s’en fabriquer un lui-même, s’il était si fort. Pourtant il ne lâchait pas et ce, même avec les petits coups discrets mais tenaces de Mingwei sur le tissus. Il ne fut pas déçu lorsqu’il observa le garçon se tortiller pour tenter de gagner du terrain sur sa prise. « Tu sembles déjà avoir une idée en tête. » Il encouragea ses dires d’un sourire en coin alors qu’il voyait que son interlocuteur semblait répondre à ses avances. Ils pouvaient se lancer dans ce petit jeu, voir jusqu’où ils iraient et qui serait le premier à craquer. Heureusement, le sino-coréen ne connaissait pas la gène, au grand dame de son meilleur ami qui se laissait toujours embarquer dans ses aventures.
Il manqua cependant de faillir à son devoir alors que le japonais tira d’un coup sec. « Eh, oh petit. » Cette fois, il était plus grand que son interlocuteur, heureusement. Avec un peu de chance, il avait bien failli lâcher sa prise. Mingwei redoubla de vigilance alors qu’il laissa sa tête reposer sur la main contre sa joue. « Tu sembles assez mignon, pourquoi ne pas me laisser le costume, et on discute plus tard ? » Il lança un clin d’œil pour accompagner ses dires. Sauf que Mingwei était sans gène, amusé mais il restait un enfant impatient. Cherchant alors à changer de technique, le cuisinier se recula d’un coup, essayant d’emporter le costume avec, puis il cria. « Non monsieur ! Je ne veux pas de vos services, même si vous me payez ! » Il lança un sourire narquois, espérant que l’autre garçon serait trop gêné et lâcherait sa prise. « Arrêtez d’insister je vous dis ! Je ne vous accompagnerai pas dans un motel ! »

C'était très agaçant. Vraiment très agaçant. Et cela devait certainement se voir sur l'expression du visage de Kô qui, malgré tout, tenait bon et n'avait pas envie de lâcher ce costume. Bon sang, pourquoi est-ce que l'autre n'en faisait qu'à sa tête ? S'il était aussi riche qu'il le prétendait, il n'aurait même pas du mettre les pieds dans ce magasin et simplement se faire livrer quelque chose à domicile, non ? Enfin bon... en partant de ce principe, le blondinet aussi était dans cet endroit, maintenant entortillé dans le cosplay qu'il désirait avec ardeur. Et cette dispute se changeait en quelque chose de tout à fait différent puisque son interlocuteur se prêtait à son jeu. Soit. S'il voulait jouer, ils allaient jouer.

« Alors cela voudrait dire que tu es gagnant sur tous les points, comprit-il. Tu ne m'auras pas aussi facilement. Donne-moi ce déguisement, et on en reparle. »

Bon. Il semblait s'embourber lui-même dans ses explications retournées contre son camarade. Kô s'était retiré du costume, ses mains toujours dessus et avait encore tenté de tirer d'un coup et sec et franc, comme sur un pansement. Il crut un instant qu'il allait y arriver mais ce fut sans compter sur les réflexes incroyables du garçon en face de lui. Il l'énervait avec force, mais il n'allait quand même pas se rouler par terre dans ce magasin... si ?

« Qu-quoi ? C'est toi qui me fait des avances, gros dégoûtant ! »

Mais c'était trop tard.
Sur le coup de la surprise, il avait lâché le côté qu'il maintenait. Ses pupilles allèrent du costume qui pendait dans la main de l'autre à ses yeux à lui, puis au costume, de nouveau à ses yeux... et Kô, dans une tentative vaine et désespérée, lui sauta sur le dos. S'agrippant à son cou d'une main, il essaya, de son autre main libre, d'attraper le déguisement dans cette position peu confortable. Si le brun tenait le cosplay, Kô resterait fixé sur son dos.

« Tu vas lâcher ça, oui ?! »

Il gigotait, perché là-haut, espérant le décontenancer, lui faire perdre l'équilibre, ou peu importe quoi que ce soit, pour qu'il puisse ramasser le déguisement de Sora et se précipiter aux caisses avant de s'enfuir. La lutte était vraiment acharnée pour un vêtement.

@choi ming wei je suis affreusement désolée pour le retard mon dieu

Il tentait un peu toutes les techniques qui lui passaient par la tête. L’avantage chez le sino-coréen était que, rares étaient les situations qui lui apportaient de la gêne. Rares étaient les dires et moments où il ressentait la honte et en général c’était lorsqu’il agissait mal vis-à-vis de son meilleur ami. Mais Mingwei était une personne positive et qui pensait toujours bien faire selon des principes qu’il s’était imposé depuis son arrivée sur le territoire sud coréen. Jusqu’alors il n’avait jamais dépassé de limites, il avait toujours tenu ses promesses et restait une gentille personne, bien que quelque peu enfantine pour certains. C’était une pile électrique qui ne resterait pas souvent trop longtemps à la même place. Alors il avait tenté de flirter, il avait tenté de hurler dans le magasin que le japonais lui faisait des avances indécente et ce dernier eut son effet. Le garçon lâcha le costume, que Mingwei s’empressa de garder hors de portée de l’inconnu. « Si tu veux, on en reparlera plus tard. » Il lança un clin d’œil. Il n’était pas contre l’idée de se revoir sous des draps. Il n’était plus en couple avec son âme-sœur depuis presque une année complète et il avait vu que des hommes depuis bien plus d’années.

Mais en attendant, c’était lui qui avait le costume entre les mains. « Je ne suis pas dégoûtant, t’es juste jaloux car passer la nuit avec moi t’es encore inconnu. » Il se retournait déjà, prêt à filer vers les caisses afin de mettre un terme à cette guerre pour un morceau de tissus lorsqu’il manqua de perdre l’équilibre. Un poids venait de se poser sur son dos. Il ne donnait pas cher de ce que les gens présents dans le magasin pouvaient penser d’eux, mais c’était le dernier des soucis de Mingwei qui tentait de calmer la personne qui gigotait dans tous les sens.

Réussite ; Il tentait de le faire tomber, seulement le sino-coréen était entraîné et son équilibre était sans faille. Il remerciait encore silencieusement ses quinze ans d’entraînements intensifs dans les arts martiaux, ce qui lui avait permis non seulement de se construire un corps musclé qui n’avait pas laissé indifférent son ex-petit-ami-à-présent-meilleur-ami, mais aussi de lui apporter un équilibre des mouvements proche de la perfection. « Tu vas te calmer non ? » Jusqu’alors il jouait, mais il commençait à être réellement agacé. Il fut pris d’un réflexe, et dans le mouvement, il envoya le japonais à terre. Mingwei s’arrêta dans son geste et se retourna pour s’accroupir à ses côtés. « Eh, ça va ? » Il avait été agacé, mais il restait le jeune cuisinier qui, lorsque quelqu’un pouvait se blesser, arrêtait les chamailleries.

Échec ; Par réflexe, il laissa son bras en avant, essayant de tenir le costume toujours hors de portée du japonais qui venait de l’attaquer. Bien trop surpris par cette attaque soudaine, il perdit l’équilibre et tomba en avant, claquant son menton contre le sol du magasin. Le costume était à terre, libre d’être pris par quiconque le voulait. « Eh oh. » Fut les seules paroles qui passèrent entre ses dents alors qu’il se mettait à quatre pâte pour se redresser. « Je sais que je suis attirant, mais de là me sauter dessus en publique, quelle indécence ! » Et il pouvait parler. Ce n’était pas comme s’il s’était fait virer de l’aquarium au COEX pour avoir osé aller trop loin dans son affection pour son petit ami de l’époque. « Au pire je te file mon numéro, puis on prend une chambre la prochaine fois. » En attendant le costume était à terre, toujours libre.


T'inquiète pas pour ça.

Cela durait depuis de bien trop longues minutes et, maintenant agrippé sur le dos de son interlocuteur, Kô avait l'impression de jouer sa vie afin de réussir à obtenir ce déguisement. Il battait des mains et des pieds, tentant de secouer le jeune homme sur lequel il était grimpé, faisant complètement abstraction des regards et des murmures à leur encontre. Peu importe, de toute façon, ils ne s'étaient pas encore fait repérer par le gérant, ni par le vigil. Cela ne saurait peut-être pas tarder vu la tournure que prirent les événements.
Sans savoir ni pourquoi ni comment, le blondinet se sentit voler dans les airs avant de s'écraser par terre. Ses pupilles grandes ouvertes, il en eut le souffle coupé quelques secondes avant de se redresser un peu, fixant son camarade qui lui demandait si ça allait. Il secoua la tête sans trop savoir s'il disait oui ou non et il finit par s'accrocher à l'avant-bras du brun pour qu'il l'aide à se remettre sur ses jambes.

« Il fallait prévenir si tu voulais tant que ça me plaquer au sol. »

Kô tentait de conserver sa mauvaise foi, mais il était plutôt sonné, et encore surpris. A l'évidence, il ne s'attendait clairement pas à se retrouver littéralement plaqué au sol, et encore moins de cette manière dans une boutique de déguisements. Ah ! Le déguisement. D'un regard las, le blond glissa une main dans ses cheveux et décida de jeter l'éponge. C'était bon, il avait eu son lot de problèmes aujourd'hui. Et puis si son vis-à-vis était capable d'une prise digne des arts martiaux, il n'était pas certain de pouvoir lui répondre de cette façon. Kô était plus aisé dans le domaine des arts disons manuels comme le dessin.

« C'est bon, tu peux le garder, j'en ai juste assez. »

Il échangea un regard avec lui avant de se baisser pour reprendre son sac, ranger les quelques affaires qui avaient appris à voler en même temps que lui et tourner les talons. Kô rageait un peu à l'intérieur de lui, déçu de cette fin qu'il aurait aimé différente : lui quittant avec fierté la boutique, son costume de Sora en mains, par exemple. Mais c'était ainsi et c'était encore plus agaçant après le vol plané qu'il avait fait. Ridicule. Il poussa la porte avec force, maudissant la clochette de la porte d'entrée qui tenta sur son passage, et, une fois à l'extérieur, extirpa une cigarette de son paquet pour essayé de calmer le tremblement de sa main.
Et en plus, il avait un peu mal au bras.

@choi ming wei