Donc l’alcool était de mise et plus le temps passait, plus Beomgyu se disait que c’était une bonne idée. Avec une demoiselle aussi têtue dans son appartement, il ne pouvait que demander à boire. Apparemment, il n’était pas le seul alors qu’il observait la jeune femme finir son shot pour déjà en redemander un. Il lui aurait bien répondu qu’elle était une grande fille et qu’elle n’avait qu’à tendre le bras pour se servir elle-même, cependant avec ce qu’elle lui communiquait, sa cervelle eut la décence de lui signaler que ça serait une très mauvaise idée. Que celle-ci pourrait être prise pour de la provocation voire de la moquerie. La mâchoire serrée, légèrement agacé, il resservit Sojin, puis finit lui-même son shot pour se resservir derrière. La phrase de la demoiselle aurait dû l’agacer, il aurait dû penser pour qui elle se prenait à comparer ainsi leur vie et en mettant en avant que la sienne était meilleure. Néanmoins, à la place, il dévoila simplement un sourire en coin. Donc tu me trouves séduisant. A croire que c’était tout ce qu’il avait retenu des mouvements rapides de la jeune femme.

Avec elle, il passait d’une émotion à l’autre, ça en devenait épuisant physiquement autant que moralement. Il ne savait jamais sur quel pied danser avec elle, quoi lui répondre avant qu’elle ne se méprenne plus sur ses mots. Il se sentait attaqué, et en même temps complimenté. Elle qui n’avait jamais eu d’expérience sexuelle avait envie de tenter avec lui ? Bien. Puis, quoi, s’il devait s’agir d’un coup d’un soir. Beomgyu avait osé penser qu’elle méritait mieux, cependant les gestes de la coréenne lui faisaient comprendre tout le contraire. C’était contradiction sur contradiction, alors le musicien n’allait pas se priver. L’agacement était passé, et seul l’amusement restait. Peut-être était-ce dû à la fatigue, ou l’alcool, il n’était qu’à son deuxième shot cependant. Il n’y a aucune honte à être vierge. Il accentua ses gestes d’un clin d’œil lancé à la demoiselle. Pour ta première fois, je doute que tu aurais envie d’une personne prise au hasard, le temps d’une simple nuit. Jetez-lui la pierre s’il mentait, mais Beomgyu était un romantique dans l’âme. Il avait lui-même perdu sa virginité avec des femmes plus âgées, afin d’être accueilli et nourri convenablement. Il ne se l’imaginait pas forcément pour lui-même, mais osait, à de rares occasions, s’imaginer ce que ça aurait été, si sa première fois avait été avec une personne qu’il avait réellement aimée. Bien qu’il savait que l’Amour n’était pas fait pour lui. Donc finalement, tu veux quand même coucher avec moi, juste une nuit. Son sourire s’élargit alors qu’il continuait d’enchaîner les shots, son corps et son cerveau réclamant toujours plus d’alcool. Et si jamais, je ne veux plus ? Il savait que rien ne se passerait entre eux, ce soir. Cependant, ça n’empêchait pas le musicien de continuer de taquiner la demoiselle. Je suis désolé, je vais devoir te refuser mon corps si séduisant. Il leva son verre, comme pour trinquer puis le finit de nouveau en une gorgée.

Il pouvait presque être devenu une vraie pendule que ça donnerait les mêmes résultats. Passant de l’agacement à l’amusement, puis de l’amusement à l’agacement. Cette soirée ne s’en lassait jamais. Néanmoins, c’était bien un sourire taquin qui s’affichait sur ses lèvres alors qu’il n’avait pu s’empêcher de retenir qu’il était séduisant. Il le savait qu’il l’était, il n’y avait rien de nouveau dans ces paroles. Son oncle l’avait élevé pour devenir séduisant et utiliser ses charmes pour s’en sortir dans la vie, pour survivre. C’était une arme, un atout auquel il pouvait faire appel lorsqu’il avait besoin d’aide. C’était avec cette arme qu’il avait réussi à pousser les portes des appartements de ces femmes qui l’avaient accueilli, logé et nourri contre quelques moments de plaisirs intimes. Et si je te dis que c’est la première fois ? Ne pouvait-il pas mentir légèrement pour continuer sur la plaisanterie ? Il ne faisait de mal à personne après tout.

Les taquineries continuaient alors que des visions du passé remontaient dans la tête du coréen qui ne pouvait se permettre de s’accrocher autant au passé. Il ne sut cependant pas à quel moment il en avait trop dit, ou pas assez, mais il sursauta lorsque Sojin claqua son verre contre la table. Ça risquait de laisser une marque, de briser le verre mais c’était le dernier des soucis de Beomgyu qui releva aussitôt la tête pour l’observer, silencieux. Il l’avait énervée, ça, il pouvait le remarquer mais ne comprit pas quelle en était la raison. Il s’était amusé avec elle, mais n’en avait-elle pas fait de même ? Je ne... Il voulait lui expliquer qu’il n’était pas mauvais, cependant qu’est-ce qui pouvait l’en assurer ? Perdu derrière toutes ses identités qu’il s’était créées, il ne savait plus réellement qui il était et qui il pouvait être. Il ne réagit même pas sur le fait qu’elle venait une nouvelle fois de le menacer de porter plainte. D’une certaine manière, il savait qu’elle ne le ferait pas, d’une certaine manière, il lui faisait confiance. C’était étrange mais ses pensées le submergeaient beaucoup trop pour lui laisser la moindre logique.
Il soupira, puis remplit une dernière fois son verre qu’il finit en une gorgée. Il se fait tard. Il se leva le premier, poussant les verres et la bouteille de côté, il pourrait ranger tout cela le lendemain. Si tu ne veux pas rentrer chez toi, tu es libre de dormir sur le canapé, mais pars dès que le jour se lève. Resterait-elle malgré tout ? Alors que sa haine envers le musicien semblait tout à coup décuplée. Je n’ai jamais voulu jouer avec toi, c’était simplement des taquineries. J’essayais de te respecter. Contrairement à son oncle qui lui avait appris que les femmes leur étaient inférieures. Il disparut alors dans sa chambre, pour revenir avec la couette qui se trouvait sur son lit. Il la posa sur le canapé, à côté de la demoiselle. Au cas où, il fait froid la nuit. Son visage était fermé et ne laissait plus aucune émotion y paraître. Il ne lui dit même pas au revoir, ni ne lui souhaita une bonne nuit avant de faire demi-tour et de disparaître dans son studio de nouveau, cette fois en fermant la porte à clefs derrière lui.