《 le vide, 2000. 》

elle regarde le test de grossesse et subitement, des nausées lui viennent. elle finit par le jeter au loin dans la pièce pour courir s'enfermer dans les toilettes. maudite soit cette capote trouée. ça n'aurait jamais dû arriver. alors elle reste encore une demi-heure, à croire qu'elle peut le vomir de tout son être. le soir vient. avec lui, l'annonce explose entre elle et lui. tout ça parce que t'es pas capable d'acheter des protections correctes et qui tiennent la route. les mots sont crachés dans sa figure, elle est en pleurs de rage. lui lance des regards incendiaires. si ça se trouve, le gosse n'est même pas le mien. pire que tout, la déclaration transcende l'air de la maison.

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《 l'amour inexistant, 2000. 》

il grommelle. il pense toujours que ce n'est pas le sien. après tout, qui sait ce qu'elle part faire, après son travail. qui sait pourquoi elle rentre tard. il ne le saura sans doute jamais. pourtant, lui se trouve bien heureux de flirter avec le petit bout de femme qui vient d'intégrer le café dans lequel il travaille. il esquisse un sourire rêveur à cette pensée alors que le voilà en train de faussement attendre "l'heureux" évènement en plein coeur de seoul, à l'hôpital. il se sait insultant mais pourtant rien n'est de sa faute. tout est de sa faute à elle.

si tu avais pu correctement avorter, on en serait pas là.

évidemment.
ça aurait été tellement plus facile. plus facile que supprimer tes petits flirts au travail. plus facile qu'elle arrête ses virées avec on ne sait qui après le travail. plus facile que de donner l'amour qu'il ne mérite pas. non, il n'est pas aimé cet enfant. et il ne le sera jamais.

cet enfant, à sa naissance. pleure-t-il parce qu'il respire pour la première fois ou bien pleure-t-il parce qu'il ressent que l'amour est inexistant ?

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《 lowen, 2000. 》

il vient de naître. ils lui ont demandé de lui donner un prénom. pourquoi faire puisqu'elle n'en veut pas et que lui non plus ? après tout, il n'est simplement que le résultat d'une capote non fonctionnelle. en d'autres termes, pas un très bon résultat. elle jette des coups d'oeils nauséeux autour d'elle et son regard attrape le journal du jour. un étranger vient d'être arrêté sans papiers sur le territoire, suspecté de vouloir passer sans autorisation la frontière des deux corées. il s'appelle lowen. elle hausse les épaules. et c'est le seul mot qui sort de sa bouche avant de refermer les paupières pour se reposer. elle n'a pas la force de l'aimer, elle n'a pas non plus l'envie. le prénom est donc bien optionnel.

et c'est sûrement pas lui, qui dira le contraire.

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《 cardiopathie mon amour, 2004. 》

il est encore petit, il n'a que quatre ans. pourtant il commence à capter certaines choses. ça arrange bien ses parents de l'emmener à l'hôpital faire un long séjour de quelques mois. les médecins disent qu'il doit subir une intervention suite à une malformation du coeur. ce n'est pas héréditaire, c'est simplement un coup de malchance pour l'enfant.

cardiopathie congénitale non cyanogène avec une communication interventriculaire.

hilarant.

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《 petite fille, 2005. 》

lowen commence à se faire à la vie à l'hôpital. ça fait maintenant pas mal de temps qu'il y est, c'est un peu devenu comme sa seconde maison. dans sa chambre d'hôpital, il a l'habitude de voir défiler les colocataires mais tous ne restent jamais bien longtemps. pourtant, lui aussi, on lui a dit qu'il devrait retourner bientôt chez lui. du haut de ses cinq ans, il sait bien, il est loin d'être bête. il a comprit que l'organe le plus précieux du corps humain, chez lui, ne fonctionnait pas correctement. et puis étrangement, ce n'est pas comme s'il avait vraiment envie de rentrer à la maison. il a l'impression que l'ambiance est spéciale. évidemment, à son âge, il ne comprend pas encore tout. alors il continue d'observer à la fenêtre. tout le temps qu'il passe là, il a le temps de prendre des feuilles avec ses petites mains d'enfants et de dessiner. il dessine toutes sortes de choses, des arbres, des feuilles, des oiseaux. un jour, il voit une émission sur des gros poissons avec des grandes dents et un air effroyable. il tente de les dessiner mais ça paraît encore trop mignon pour être similaire à ce qu'il a vu. il boude et jette son crayon gris.

qu'est-ce que tu as ?

une petite fille à peine plus âgée lui demande quelle est la nature de sa maladie. lowen répète ce que les médecins ont dit. il connait les termes par coeur à force de les entendre au moins une fois tous les deux jours. la petite fille ne semble pas comprendre alors lowen explique brièvement, avec des mots d'enfants. ça va aller ils ont dit. ça ira, il doit seulement passer une opération pour que son coeur aille mieux. il sourit. le monsieur en blouse blanche a dit que les grands vivent bien avec. une conversation s'engage entre ces deux-là. puis deux, puis trois. finalement lowen ne sait pas comment elle s'appelle et il ne prend pas non plus la peine de lui demander. elle non plus. ils s'entendent bien pour le temps qu'elle reste à l'hôpital et puis, elle fait comme tous les autres avant elle. elle finit par s'en aller avant lui. c'est dommage, pensa le petit garçon. pour une fois que j'avais une amie.

oui, pour une fois.

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《 nulle part, 2007. 》

sept ans qu'il est sur terre. sept années qu'il ne ressent aucun amour. l'enfant ne sourit pas beaucoup, il préfère rester seul. quand il descend les escaliers, il entend ses parents se disputer, alors il remonte. un soir, alors qu'il doit se rendre à l'hôpital pour un séjour de vérification, il se rend compte qu'ils se renvoient la balle, une énième fois. il est triste. il ne comprend pas pourquoi ça ne peut pas bien se passer, comme dans une famille normale. aucun des deux ne veut l'emmener. tu m'avais dis hier que c'était ton tour. non c'est le tien, je l'ai déjà fait la dernière fois. lowen se sent comme un boulet qu'on traîne derrière son pied et qui nous empêche d'avancer.

quelques jours plus tard, ils entrent dans une procédure de divorce. lowen ne sait pas si c'est bien ou mal. tout ce qu'il sait encore, c'est qu'aucun des deux ne le veut. finalement, ça finit en garde alternée. il déménage et se retrouve dans deux appartements différents.

à l'école, ce n'est pas mieux. le peu que lowen y met les pieds, c'est à peine si on se souvient de lui. oh c'est un nouveau ? mais t'es bête je crois que c'est lowen. le petit garçon les observe sans rien dire, il reste seul. mieux vaut être seul que mal accompagné de toute manière. il ne le dit pas, mais il souffre. il a mal au coeur. il ne sait pas si c'est sa cardiopathie ou autre chose.

voilà sept années qu'il n'est voulu par personne, nulle part.

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《 doha, 2008. 》

voulu par personne ou presque. le nouveau voisin de palier du petit garçon de huit ans à l'air sympa. deux ans de moins que lui mais ils s'entendent déjà à ravir. il découvre les jeux vidéos et commence à initier son voisin pour qu'ils fassent des parties ensemble. le courant passe bien même très bien.

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《 bibi1812, 2008. 》

il ne compte plus. il ne sait plus combien d'agences l'ont refusé. pourtant, qu'est-ce qu'il aimerait devenir une idole. récemment à l'hôpital, il a découvert un groupe japonais, higedan. leurs chansons lui donne de la force pour oublier tout ce qu'il se passe autour de lui. il se surprend à fredonner de temps à autre. même s'il ne comprend pas un traître mot de ce qu'ils racontent. il a vu qu'en corée du sud, c'était aussi possible de devenir chanteur et danseur. alors, pourquoi pas lui ? même si on le refuse, il ne perd pas espoir, il veut vraiment que ses parents l'aiment et soient fiers de lui, pour une fois. ce sentiment fort lui permet de ne jamais lâcher prise et il se raccroche à ça, tout en continuant de participer à de petites auditions.

bibi1812 vous a envoyé un message.

lowen sourit. depuis qu'il a découvert la musique et les jeux vidéos, il s'éloigne de plus en plus de sa mère et de son père. dès qu'il le peut, il s'enferme dans sa chambre et pianote sur son clavier. il est tellement passionné dans ce qu'il fait qu'il en oublie parfois d'allumer la lumière. casque sur les oreilles, il tapote les touches de son ordinateur.

superman444 est en train d'écrire...

nouvelle rencontre. lowen l'aime bien bibi1812. faut dire qu'ils ont les mêmes passions et qu'elle a l'air de l'apprécier. il n'a pas l'habitude des amis. il est heureux de l'avoir. au moins quelqu'un, qui, quand il se connecte sur la plateforme de discussion, ne l'a pas oublié et ne lui demande pas comment il s'appelle. en parlant de prénoms, ils ne les évoquent pas. les pseudos suffisent amplement.

parfois, il invite doha à jouer aux jeux vidéos, vu qu'ils n'ont qu'un palier à traverser. il devient très vite son premier ami dans la vraie vie et aussi, son meilleur ami.

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《 hacking, 2010. 》

la vie semble enfin lui sourire un peu. une agence le remarque et lui fait signer un contrat de trainee tout d'abord. il va falloir qu'il s'entraîne dur mais il est heureux, il va pouvoir enfin réaliser son rêve. lowen sait que le chemin risque d'être semé d'embûches, il sait que tout ça risque d'être épuisant au vu de son nouvel emploi du temps hebdomadaire mais son coeur est rempli de bonheur et de fierté personnelle. il va montrer à ses parents et à tous les autres qu'ils ont eu tort de le rejeter, de l'oublier. puisqu'une fois qu'il sera sur les devants de la scène, il sera inoubliable.

bibi1812 vous a envoyé un message.

le hacking, vraiment ?

lowen affiche un air malicieux et ses doigts vinrent rejoindre son clavier.

superman444 est en train d'écrire...

ouais. c'est un moyen comme un autre de se faire de l'argent. je vais tenter, on sait jamais.

évidemment qu'il va tenter. il est plus que motivé. ses yeux brillants observent son écran qui illumine la pénombre de sa chambre. il manque d'argent en ce moment, autant lui, que sa famille. et comme il n'a encore que dix ans, il n'a pas encore l'âge de travailler.

bibi1812 est en train d'écrire...

elle est avec lui. elle est d'accord. son amie d'internet ne pose pas plus de questions, mais elle veut le soutenir encore plus qu'elle ne l'a déjà fait. les deux se lancent dans cette dimension du dark web et du dark codage. après tout, plus on est de fous, plus on rit.

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《 junwan, 2016. 》

dieu que lowen a les nerfs. il préfère ne rien dire mais il s'en mord bien les doigts. comment peut-il être déjà avantagé avant lui qui est là depuis plus longtemps ? lowen s'entraîne tellement dur, il donne toute sa sueur dans ses entraînements de danse, toutes ses tripes dans ses entraînements en chant et pourtant.. il y en a un qui vient d'arriver et qui est en train de lui voler tout ce qu'il n'a jamais eu. du coin de la salle de danse, serviette sur les épaules, adossé contre le miroir, lowen souffle en fusillant junwan du regard. si seulement on pouvait lui offrir tout ce qu'il a. mannequin, beau, en bonne santé. pour l'adolescent, repenser à sa cardiopathie qui se fait toute calme depuis un moment reste difficile. il ne respecte plus sa prise de médicaments. il pose sa tête contre le mur et ferme les yeux. l'enchaînement scénique est encore à retravailler.

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《 lucah, 2017. 》

le lycéen a tout juste dix-sept ans quand il se retrouve dans la même classe que kang lucah. il ne le remarque pas au début et reste dans son coin, solitaire. dans tous les cas, quel est l'intérêt pour lowen de le remarquer ? il n'est là que deux jours par semaine maximum. il tapote sur son téléphone à sa meilleure amie d'internet. encore de nouveaux clients pour le dark web. pas mal. elle aussi, elle s'en sort plutôt bien. il affiche un sourire et sans un mot, silencieux, il s'éloigne de la salle de classe vers la cafétéria.

qu'on le veuille ou non, certaines choses finissent toujours par arriver. si lowen ne s'était jamais vraiment intéressé à l'amour et tout ce qui le définit, il n'a pas comprit lorsqu'il a commencé à s'attacher à lucah. lui qui n'a pas l'habitude de se faire des amis, à quoi tout cela rimait-il donc ? il en avait parlé à son amie hackeuse. il était perdu, perdu dans ce qu'il ressentait réellement. il se sentait aussi attiré par lui mais aussi par les filles. il n'en comprenait pas un traître mot.

le codage, c'est tellement moins fatiguant que les sentiments. il a roulé des yeux en se jetant sur son lit, son vieux téléphone en main. il ne peut pas en parler à sa mère ni à son père, de toute façon pour ce qu'ils se soucient de lui, ça ne changerait pas grand chose. il ne peut non plus pas en parler à l'agence, si ça s'ébruitait, c'en serait finit de lui et de son futur. pourtant, il finit par sortir avec lucah. le peu de fois qu'il le voit, c'est au lycée. ils se jettent des regards dans la salle de classe et l'amour semble croître de jour en jour. mais lowen ne veut pas s'afficher. pas qu'il ait honte de lucah, mais les relations homosexuelles sont tellement mal vues au pays du matin calme qu'il a peur. déjà, les autres lycéens chuchotent à leur sujet en les voyant déjeuner ensemble. lowen est effrayé, perturbé. il finit par l'ignorer et lui donner beaucoup moins d'attention. déjà qu'il n'est pas du genre à se dévoiler, il se renferme encore plus. il ne sait plus quoi faire, il voit bien que ça blesse lucah mais les autres élèves savent qu'il est trainee. c'est peine perdue, s'il ne veut pas avoir de rumeurs sur le dos, il doit s'éloigner de lucah.

lowen est si peu présent au lycée qu'il délaisse lucah. un jour, il apprend que celui-ci l'a trompé avec un autre du lycée. le jeune trainee suffoque et se sent perdre toute signification. il savait qu'il aurait du se méfier. et ne pas s'attacher inutilement.

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《 paris, 2018. 》

c'est l'été. lowen est entré à la yonsei. il n'a pas voulu intégrer une fraternité tout de suite. il ne se sent pas de porter une couleur particulière, d'ailleurs ça lui est franchement égal. ce qui lui mine le moral, c'est que l'agence ne l'a toujours pas fait débuter. junwan est parti depuis longtemps, lui. tandis que lui-même est trainee depuis huit longues années. il se demande pourquoi. est-ce qu'il n'est pas assez talentueux ? il soupire en regardant son billet d'avion. paris charles de gaulle. sa mère a eu une prime de travail et pour une fois, elle a décidé de passer des vacances à paris, à l'étranger. lowen ne sait pas ce qui l'attend là-bas mais il a plutôt hâte de voir la capitale la plus visitée du monde.

il n'en revient pas. c'est bien lui. lucah. à paris, ce même été que lui. lowen grommelle mais ne s'éloigne pas. son coeur l'en empêche. malgré toute la souffrance qu'il a enduré de leur ancienne relation, il n'arrive pas à reculer. ils s'expliquent ensemble, les choses se tassent et ils passent même des nuits ensemble. pourtant, toute bonne chose possède une fin. lowen et lucah voient leurs chemins séparés une nouvelle fois, ici à paris, capitale de l'amour et du romantisme.

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《 cardiopathie ma souffrance, 2018. 》

lowen est au plus bas. il pensait s'en être tiré et pourtant, la vie en a décidément autrement. il ne sait pas si le fait d'avoir revu une nouvelle fois lucah à paris lui a détruit le coeur mais il sait que sa cardiopathie refait des siennes. elle frappe à la porte de ses ventricules et ouvre le chemin un peu plus grand qu'il ne l'était à sa naissance. lowen, à 5 ans, devait recevoir deux opérations pour corriger le tir. il n'en a reçu qu'une. aujourd'hui, sa communication anormale entre ses deux ventricules cardiaques s'est agrandie.

si l'agence n'avait pas d'argent à mettre sur lui, ce n'est plus leur problème. la maladie l'a rattrapé, doucement mais sûrement, et l'a emporté loin de son rêve d'enfant: il ne débutera jamais en tant qu'idole. son monde s'effondre.

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《 dix années, 2018. 》

s'il y a bien deux personnes qui ne se sont toujours pas effondrées de sa vie depuis toutes ses années, ce sont bien ses deux meilleurs amis. c'est bien pour ça qu'il les a gardé auprès de lui. si l'un des deux, doha, est présent dans sa vie de tous les jours, la seconde, firefly anciennement la fameuse bibi1812, il ne l'a toujours pas vu en vrai. et pourtant... cela fait dix ans qu'ils se connaissent et qu'ils discutent derrière leurs écrans. lowen est dans sa chambre, comme d'habitude et pendant qu'il pirate un mot de passe annexe, il lui rappelle la longévité de leur amitié. la hackeuse le questionne alors.

à quoi tu ressembles ?

à un être humain

on t’a déjà dit que t’étais un rigolo ?

un clown, plus précisément. j’fais payer mes représentations 5,000W, tu me dois de l’argent là

lowen lâche un léger rire. ça l'importe peu de ne l'avoir jamais vu. ce qui lui importe, c'est que leur lien est resté inchangé depuis tant de temps. elle est toujours là et même si l'agence l'a rejeté, elle est là pour le soutenir, de l'autre côté de l'écran. depuis qu'il a intégré la yonsei, c'est-à-dire depuis peu, il commence à se faire les amis qu'il n'a jamais eu. mais personne n'arrive à détrôner firefly et doha.

◘◘◘

《 nabi, 2020. 》

lowen jette un coup d'oeil à l'heure affichée sur son écran d'ordinateur. vingt-trois heures trente-trois. il a décidé de s'aérer l'esprit du dortoir de la yonsei et d'aller travailler dans un cybercafé, non loin de là. il navigue avec dextérité et rapidité entre son excel de travail et son logiciel de discussion instantanée. en passant devant le comptoir du café, il avait acheté un brownie qu'il mangeait avec amour. son regard papillonna un moment sur ses messages non lus. il pianota rapidement pour répondre à firefly comme il le faisait depuis douze années.

dawn est en train d'écrire...

il croque avec envie dans son brownie, observant toujours son écran d'ordinateur. lui aussi, a changé de pseudonyme. même si au fond de son coeur, il reste toujours superman444. il entend alors sa voisine rire à côté de lui. il la regarde avec jugement. celle-ci rit toute seule. peut-être qu'elle regarde une video. pourtant, elle n'a pas d'écouteurs. comme lui. il croit attraper de sa part un regard complice et ne comprend pas grande chose. il se demande ce qu'elle lui veut. la voilà qui tapote sur son clavier comme si elle envoyait un message. lowen l'observe puis entend une notification sur son ordinateur.

firefly vous a envoyé un message.

curieux, il va lire. il ne comprend toujours pas, sachant qu'il n'a pas encore répondu à ses messages au-dessus.

t’es vraiment moche en vrai

quoi ?

« Je m’attendais à mieux. »

la voix de sa voisine s'élève doucement à côté de lui. lowen se stoppe dans son élan pour répondre, dawn s'arrête d'écrire. il détourne le regard vers elle et affiche un air surpris.

firefly c'est elle. sa meilleure amie, c'est elle. et son amie d'enfance à l'hôpital, c'est aussi elle.

le passé de lowen le rattrape, cette fois-ci à contrario de toutes les autres fois, comme une bouffée d'air frais. il la regarde, et se met à rire. la complicité est de mise.

« pareil. »

mais dieu seul sait à quel point il était heureux.