« Elle est partie… » le cœur lourd, les mains serrées contre la sienne… il n’y avait rien. Rien qu’un pauvre silence pesant, aucune réaction de sa part. Et j’étais encore là, à attendre, à penser qu’il allait se réveiller. Mais ça n’arriverait pas… et il le savait… sa silhouette étendu, son visage si paisible. Il n’y avait jamais aucune progression de sa part. Yohan était loin… trop pour que je puisse le rejoindre. Et aujourd’hui j’étais encore plus seul que jamais. Parce-que Ye Won m’avait laissé. Et j’avais beau avoir pleuré les larmes de mon corps, l’avoir supplié au téléphone elle n’avait pas dénié me répondre. Pourquoi ? Se venger du mal que je lui avais causé surement. D’avoir bousillé sa vie… et je ne savais même plus à qui j’en voulais. A moi ? A elle ? Ou à lui ? « Je n’ai pas su le dire à Srey… » Parce-que j’avais peur qu’elle se sente responsable. Je passais mes journées avec elle, mes week-end, j’étais trop proche d’elle… trop proche de lui. J’en avais oublié le monde qui m’entourait. Je ne savais même plus qui j’étais vraiment. Un pauvre gosse qui attendait que son frère revienne. Mais ça n’arrivera pas ! Et je me le répétais. Inlassablement. Plus personne ne viendra ! Pas pour toi Il Kyang. Ni Yohan, ni Ye Won ! Parce-que tu n’es qu’un con !!! Et cette colère me rendait fou, au point que j’avais craqué ce matin-là. J’avais tout balancé dans cette chambre. Ce n’était que des infirmières qui m’avaient sortis de là. Pour me calmer, pour que je m’en aille… Et je ne sais pas combien de temps je suis resté sur ces marches à attendre. Attendre simplement que mon cœur se calme, que ce mal-être disparaisse. Et ce vide… qui revenait trop souvent… Kitae m’avait appelé. Me suppliant de passer chez lui pour ne pas être seul. Mais j’hésitais encore, inlassablement… mon téléphone en main, ma guitare sur le dos, les mains tremblantes, je ne regardais pas devant moi. Au point qu’une personne avait fini par me rentrer dedans. Faisant tomber mon téléphone au sol, je pestais « Putain ! Vous pouvez pas faire attention ? » J’avisais la silhouette de cette gamine. Trop enthousiaste pour moi, trop pressée pour moi… 

Tu cours, tu files à vivre allure dans les couloirs. Pour une fois tu n'es pas sur ta planche et pourtant ça te ferait gagner un temps fou. Tu pourrais éviter les gens sans souci et sauter les quelques marches qui te ralentissent. Cela serait surement dangereux mais ce n'est pas les chutes qui te font peur. D'ailleurs tu es au bon endroit si jamais. Cependant tu as un minimum de respect et tu es certaine que le personnel médical n'apprécierait pas une furie dans ton genre en skateboard dans les couloirs. Tu cours donc à perdre haleine. En effet le club de danse, dont tu fais partie, organise aujourd'hui un évènement à l'hôpital. Le but est simple : redonner le sourire aux enfants hospitalisés par la danse et la musique. Le programme est divisé en plusieurs parties, il y a eu les présentations, l'entrainement et maintenant c'est la représentation finale. Vous avez inventé une chorégraphie avec les enfants et vous présentez ça aux familles qui sont spécialement venues pour l'occasion. Certains enfants ne pouvant pas se lever vous avez quelques instruments pour qu'ils ne se sentent pas exclus. Seul problème votre guitariste vous a fait faux bond, une urgence. C'est pour ça que tu cours, pour trouver une solution et tu tombes littéralement dessus par hasard. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, tu as perdu l'équilibre chutant à terre. Tu grognes en te massant le genou alors que tu relèves ton regard vers l'homme que tu as bousculé. En temps normal tu te serais excusé, même si ce n'est pas totalement ta faute. Sauf que là, tu as une autre idée en tête en voyant sa guitare.

Vous savez jouer de la guitare ? J'ai besoin de vous ! Est-ce que vous pouvez m'aider ?

Tu t'es relevée, ramassant son téléphone avant de clopinant vers lui. Tu ne lui as pas vraiment rendu son téléphone. Tu as attrapé ses mains, le téléphone entre les deux, sans pour autant le lâcher. Tu as plongé ton regard dans le sien, affichant un air désolé avec une lueur d'espoir dans les yeux.

On fait une représentation avec les enfants hospitalisés et il nous manque un guitariste, s'il vous plait, venez !

Tu tires un peu sur ses mains dans l'espoir de le faire accepter.

Je n’avais pas vu son geste venir, encore moins ses mains emprisonner les miennes. Je grimaçais déjà, ne comprenant rien à ce qu’elle me disait. Un court instant je tournais même la tête me disant qu’elle devait parler à quelqu’un d’autre. Avais-je l’air d’être de bonne humeur ? De vouloir discuter ? Je tentais de remettre mes idées en place, essayant même de lui récupérer mon téléphone. Insistant, je finissais par tirer dessus avant de m’arrêter au milieu du couloir. « Vous m’emmenez où là ? J’ai pas envie de venir. » Un guitariste pour des enfants. « Sérieusement je vous donne l’air d’avoir envie de jouer de la musique ? » j’avais tout l’air sauf aimable. Et je m’en serais voulu si j’avais été capable de réfléchir. Mais je n’étais que... Moi après tout. Avec tous les défauts qui me hantaient. Soupirant, je passais une main dans mes cheveux. Envoyant un message à Kitae. « Je suis occupé là. J’ai pas le temps pour vos conneries. » Et je ne savais même pas pourquoi j’étais aussi poli. Cette fille devait être plus jeune que moi. Et j’évitais de la regarder, tout comme de comprendre ce qu’elle m’avait dit. Mais je n’étais pas stupide. Con d’accord, mais pas idiot. J’avais saisi, elle faisait un spectacle pour des enfants… amades. Et moi j’étais quoi ? Le connard qui ignorait ça ? « Pour des gosses ? » redemandais-je comme si j’avais besoin d’être sûr. Je soupirais déjà, parce-que je savais… « Il est où votre guitariste ? » avec un peu de chance il allait arriver. J’avais besoin de ça, d’une excuse pour me cacher derrière. Pour ne pas à avoir à affronter… le mal-être des autres ? Parce-que je pensais sérieusement que le mien était plus oppressant. J’étais devenu égocentrique, plongé dans ma propre peine et mon malheur. « Je vais faire peur aux gosses. » lançais-je sans réfléchir. Quelle excuse bidon ! 

Lorsque tu plonges tes yeux dans les siens, tu comprends qu'il n'est clairement pas d'humeur. Les signes sont visibles, des yeux surement rougit par les larmes. Cependant tu ne comptes pas abandonné. La tristesse, le malheur et la douleur tu connais. Tu ne sais pas son histoire mais rien ne justifie un refus. Il n'a pas le droit de l'apitoyer sur son sort. D'abord parce que dans ces lieux il n'est surement pas le plus malheur, surtout parce que cela ne lui apportera rien. Oui tu es un battante et malgré toutes les épreuves que tu as traversé pas une fois tu n'as baissé les bras, refusant de laisser la vie sortir gagnante. A ses premières répliques, tu lui jettes un regard à faire froid dans le dos, signe que t'admettra pas son refus. Est-ce que tu serais capable de le tirer par la peau des fesses ? Oui et plutôt deux fois qu'une. Après tout, les enfants méritent une représentation grandiose.

Prêtez moi au moins votre guitare, allez, c'est pour la bonne cause !

Tu lui secoues les mains alors qu'il s'arrête, espérant le convaincre de te suivre. Il finit par récupéré l'usage de ses mains et son téléphone sur lequel il se concentre. Toi tu le dévisages en fronçant les sourcils. Est-ce qu'il va vraiment refuser ? Est-ce qu'il va te laisser là alors qu'il peut sauver la journée ? Tu n'as pas bougé d'un poil, plissant les lèvres prêtes à l'insulter s'il tourne les talons. Heureusement il ne part pas et tu as même l'impression qu'il est sur le point d'accepter.

Oui pour les enfants, s'il vous plait, ils seront déçu si on change de programme à la dernière minute. Ils veulent tellement faire ce spectacle, c'est important pour eux. Le guitariste a eu un empêchement, il…

Tu grognes en te disant qu'il mérite une bonne tape derrière la tête mais pas la peine de t'énerver maintenant, tu lui régleras son compte plus tard. A sa dernière remarque, tu pouffes de rire en venant chercher son regard.

Mais non, vous êtes parfait ! On est dans un hôpital pas au music award hein ?! C'est d'accord ?!

Pour être sûre tu lui attrapes la main, espérant que cette fois il te suive.

Une bonne cause ? Je n’étais pas vraiment le genre de type qui aide les autres. Enfin si je l’étais… quand j’étais lucide et heureux. Mais tout avait basculé. Si brutalement que je n’avais pas eu le temps de tout voir venir. Et moi qui avais cru bêtement que j’avais le droit au bonheur. Quelle foutaise putain ! Inspirant doucement, je tentais de rester concentré sur… mon refus. Je ne savais pas vraiment encore ce que je voulais mais cette fille n’avait pas l’air de me lâcher. Pourquoi était-elle aussi pot de colle ? Jamais je ne lui filerais ma guitare. J’y tenais beaucoup trop même si… c’était elle qui me l’avait offert. A trop réfléchir, je me laissais prendre dans ses filets. Encore un peu de raison qui restait en moi ou un semblant de cœur. Je n’en savais rien mais j’attendais une réponse de sa part concernant ces enfants. Et j’avais beau éviter de la regarder, en réalité j’étais déjà pris au piège. Si je refusais je passais pour quoi ? Finalement je lâchais un pauvre… « Ok. » mais je n’étais pas sûr de ce que je faisais. Je ne jouais que pour moi, que des choses tristes en plus. Est-ce que c’était ce dont ils avaient besoin ? Pourtant j’étais en train de me laisser entrainer. J’allais le regretter c’était certain. Mais en arrivant près de la pièce, il y avait tous ces gens. Tous ces enfants… et ces sourires, ces rires… je n’étais pas sûr d’être à l’aise ici. Mais encore moins de partir en courant. J’aurais aimé pourtant. Me faisant presque tout petit, je me sentais gêné soudainement. Retirant ma main de la sienne, j’évitais le regard de tous. M’approchant un peu plus d’elle… « Je ne sais même pas ce que vous voulez que je joue. Je… et si ils me trouvent mauvais. » Avais-je autant de doute sur moi-même ? Embarrassé, je me raclais la gorge. « Ils vont me détester… » J’étais si intimidé. Moi qui avais déjà joué devant des foules. Dans des festivals… je ne faisais pas le fier. La musique ce n’était qu’une échappatoire en ce moment. Rien de bien glorieux… J’avais surtout peur de les effrayer. De leur communiquer ce que je ressentais. J’avais envie d’être impassible mais comment l’être avec des enfants ? « Et vous faites quoi vous ? » demandais-je à cette fille en retirant a guitare. Avec un peu de chance elle allait jouer aussi. Je pourrais toujours me cacher derrière elle. « Je peux savoir votre nom ? Quitte à jouer pour vous autant que je sache qui vous êtes. » et je relevais un regard vers elle. Intrigué, sans réellement savoir ce que je ressentais… 

Suite à son accord, tu affiches un large sourire en sautillant sur place. Tu le remercie de vive voix alors que tu l'entraines à ta suite.

Oh merciii !!! Vous allez sauver la représentation.

En entrant dans la salle, tu sens son hésitation. Tu ne le laisse pas seul mais tu interpelles tes collègues en agitant les bras. Tu leurs indiques que tu as un sauveur et qu'ils peuvent se mettre en place. A ce moment tu te retournes vers lui, un sourire rassurant accrocher aux lèvres.

Mais qu'est ce que vous racontez ? Regardez, ils sont tous ravi de vous voir.

En effet les enfants ont le sourire et certaines lui font même signe de la main. Tu lui frappes amicalement l'épaule en guise d'encouragement avant de l'inviter à rejoindre la scène avec toi.

C'est vrai que je ne me suis même pas présente. Je m'appelle Rin, et toi ? Je peux te tutoyer hein ? Je fais partie du club de danse la Yonsei. On a décidé d'organiser une journée à l'hôpital pour redonner le sourire aux enfants présents. On va jouer un morceau connu à notre façon, les enfants ne sont pas tous musiciens et certains vont aussi danser avec nous.

Tu vois bien qu'il est loin d'être à l'aise. C'est vrai que tu l'as un peu pris de court et tu ne connais pas du tout son niveau. La tablature de guitare comportent quelques accords, rien de difficile mais tu espères qu'il les connait. Tu lui indiques son emplacement, il sera accompagné d'un enfant malade au synthétiseurs et d'un bassiste, membre du groupe de danse. Avant de le laisser, tu te plantes devant lui, posant à nouveau tes mains sur les sienne pour qu'il ne concentre sur toi.

Ferme les yeux…. Fait moi confiance…. Ressent la musique.

Tu attends qu'il ferme les yeux, une fois fait tu fredonnes la chanson qu'il va devoir interpréter, espérant pouvoir lui transmettre toute ta passion par quelques notes chanté. A la fin tu te recules avec un léger sourire en lui tendant la tablature.

Dit moi quand tu te sens prêt.

Tu le laisses donc pour vous préparer, les enfants et les danseurs. Une fois en place, tu te tournes vers Il Kyang, attendant son feu vert.

Je l’écoutais, mais cette fille était beaucoup plus enthousiaste que moi. Je fronçais les sourcils répondant machinalement « Il Kyang. » est-ce qu’elle m’avait écouté ? Peut-être pas. J’avais envie que son euphorie soit contagieuse mais elle ne l’était pas vraiment. Je me sentais nerveux, peut-être un peu soulagé cela dit quand elle me parlait d’être à la Yonsei. Vraiment ? Je ne l’avais jamais vu là-bas. Mais il faut dire que j’étais souvent absent ces derniers temps. J’avais presque envie de lui poser la question, mais j’étais resté muet. Juste à l’écouter… Son intention était bonne. Même presque loyale, mais je n’étais pas certain de faire l’affaire. J’hésitais tellement. Ça se voyait, même en prenant place sur ce petit tabouret. J’avais en face de moi ce papier que je lisais… la musique était innée chez moi mais même ce talent me paraissait brusquement être insuffisant. A la tête que je devais faire, elle semblait avoir compris ma nervosité. Au point qu’elle revenait vers moi m’encourageant comme elle le pouvait. J’avais hésité un instant, mais peut-être que relâcher la pression me ferait du bien. Alors finalement je suivais ce qu’elle me disait, inspirant doucement avant de fermer les yeux. Je n’avais pas l’a moindre idée de ce que je foutais mais fallait bien faire confiance à quelqu’un ici. J’étais perdu, on aurait dit un gosse qui se trouvait paumé dans une forêt. La barbe pensais-je. Pourtant j’avais réussi à évacuer un peu de ce stresse. Rouvrant les yeux pour la regarder… un pauvre merci aurait dut franchir mes lèvres. Mais j’étais resté silencieux. Baissant mon regard sur la tablature. J’avais déjà enregistré les notes et j’osais enfin affronter ces gamins. Ils me souriaient, tout contents… et merde ! Je détestais ça. Parce-que je n’étais pas devenu insensible non plus. Juste trop lassé pour savoir quoi répondre. Je tentais un maigre sourire, avant de relever la tête et faire comprendre que j’étais prêt. Ce n’était pas compliqué. En réalité les notes étaient simples, la musique facile. Mais je n’étais pas là pour jouer comme un pro. Quand la chanson commençait, l’ambiance était déjà euphorique. Tous ces gamins étaient si… joyeux. Comment pouvais-je être aussi morne parmi eux ? C’était triste à dire. Encore plus à ressentir. A l’aise avec mon instrument, je n’avais pas besoin de rester les yeux fixé dessus, alors j’observais tout autour de moi. Et cette fille aussi… sortie de nulle part. Je n’avais pas la moindre idée de qui elle était. Mais je me disais qu’au moins… elle avait bousculé ma journée.

Il est évident que tu essayes de lui transmettre de l'enthousiasme et surtout de la confiance. Tu ne le connais pas mais il n'a pas l'air beaucoup plus vieux que toi. C'est pour ça que tu te permets de lui demander de le tutoyer. D'ailleurs tu n'attends pas vraiment sa réponse. Tu es toujours comme ça, rempli d'énergie et prête à la donner sans retenue. En réalité c'est ton caractère, il n'y a pas de demi-mesure. Même dans les moments les plus sombre tu te raccroches à tes rêves, t'agrippant à eux comme à une bouée de sauvetage. C'est pour cela que tu es passionné de danse et de musique. Quoi qu'il en soit, tu affiches un sourire face au visage dépité qu'Il Kyang te présente. Peut-être qu'à force il parviendra à sourire ou au moins un peu. Tu es d'ailleurs heureuse lorsqu'un faible rictus. Tu inclines la tête, reconnaissante des efforts qu'il fait. Tu as compris qu'il n'était pas bien et qu'il est là pour les enfants. Tu trouves cela admirable et si précédemment tu avais envie de l'insulter à cet instant tu as plutôt envie de lui donner une médaille.

Une fois tout le monde prêt, le spectacle commence. La chorégraphie n'est pas compliqué, les enfants sont sur le devant la scène alors que les danseurs comme toi sont disposé autour d'eux pour mieux s'accorder. La musique est entrainante sans être trop rapide. Le but est que tous les enfants puissent suivre autant au niveau de la danse que de la musique. Le spectacle est plutôt court, à la fin tus les parents se lèvent pour applaudir, vous-même vous applaudissez en sifflant fièrement les enfants. Des checks de main se font ci et là, tu t'es d'ailleurs rapproché d'll Kyang en lui tendant la main.

T'as été génial ! C'est parfait !!

Encore une fois tu as un sourire ravi sur le visage, tu viens d'ailleurs lui pincer la joue en riant.

Allez souris, tu devrais être content, tu viens de réaliser le rêve de ces enfants.

D'ailleurs les deux jeunes musiciens s'approchent pour remercier Il Kyang, ainsi que d'autres. La joie est perceptible dans la salle malgré la peine, la tristesse et la morte qui plane au-dessus de certaines têtes.

Je n’aurais pas pensé oublier mes problèmes le temps d’un instant. Tout est rapide, différent… et quelques minutes je me rends comptes que ces gamins sont plus à plaindre. Et pourtant… ils ont l’air heureux. Ça me fend le cœur, une seconde, ou je détourne les yeux. Je ne dois pas être triste. Ces parents ne le sont pas. Eux non plus... et je crois qu’au fond c’est ce qui m’avait donné la force de continuer en cet instant. J’étais moi-même surprit, de sentir cette sensation entre mes doigts. Presque du plaisir à croire que ça ne m’était pas arrivé depuis longtemps. Quand tout était fini, je restais dans mon coin. Lais c’était sans compter sur Rin qui… revenait vers moi. Je finissais par taper dans sa main. Elle avait cette aura… ce truc qui se dégageait d’elle. La joie de vivre ? C’était surement ça. Tout l’inverse de moi. Et ses doigts fins qui pinçaient mes joues. J’avais finis par esquisser un sourire avant de grimacer comme un gosse. Bon sang, mais qui était cette fille ? J’avais envie de lui dire quelque chose, mais les gamins étaient venus vers moi. J’avais le cœur gonflé d’un sentiment que je ne connaissais plus. « Vous avez été super ! Des futures rock star. » leur disais-je en le pensant. Je ne voulais pas avoir l’air triste. Pas avec eux alors qu’ils me donnaient une leçon. Tapotant dans leurs mains, je jouais le jeu. M’armant d’un nouveau sourire que je voulais sincère. Enthousiaste, ils s’amusaient entre eux. Alors j’en profitais pour me redresser et parler à Rin… « Alors t’es quoi au juste ? Une sorte de bonne fée ? » et je ne savais pas si je parlais pour eux ou pour moi. J’avais presque envie de lui dire merci. Mais ma fierté mal placée, m’empêchait de réfléchir. « Ils ont l’air heureux… » et ça me plaisait de voir ça. Est-ce qu’il y avait autre chose de prévu ? Ces parents avaient l’air joyeux aussi. Et c’était grâce à… nous ? Je crois ouais. Et c’était déstabilisant. A croire que j’étais encore capable de faire quelque chose de ma vie. Inspirant doucement, je passais une main dans mes cheveux. « C’était pas si mal de te suivre finalement… » lui avouais-je un peu gêné. 

Tu n'es pas certaine de la lueur nouvelle qui s'installe dans le regard du guitariste. Tu n'as pas le temps de le féliciter pour sa performance et ce sourire enfantine qu'il t'a offert. Des enfants vous ont interrompu, accueilli gaiement par Il Kyang et toi. Une sourire radieux illumine ton visage quand il complimente les enfants. C'est évident qu'ils ne seront jamais des rocks star, pas sûr qu'ils fêtent leur majorité non plus, pourtant aucun des deux ne relèvent cette fatalité dans les paroles de leur nouvel idole. Finalement les enfant s'éloignent et tu les suis du regard, heureuse d'avoir pu donner un peu d'amour et de joie. A tes yeux la vie est si éphémère qu'il faut profiter de chaque instant. Tu n'as jamais connu ta mère et tu as perdu ton père très jeune. Tu n'es pas étrangère au malheur et comme ces enfants tu as décidé de faire face. Quand il te questionne, tu ris.

Oh non, je suis juste moi.

Tu lui souris avant de porter ton regard vers la salle. Ton sourire s'attire un peu suite à ses paroles.

Oui, ils le sont…Il n'y a personne qui soit née sous une mauvaise étoile, il n'y a que des gens qui ne savent pas lire le ciel. C'est une citation et ces enfants, eux savent distingué la beau des étoiles dans un ciel sombre.

Tu inspires profondément comme pour capter l'énergie et la force qui se dégage dans la salle. C'est un vrai bouffé d'air. Il Kyang reprend la parole et ton sourire, auparavant un peu triste, est devenu espiègle. Tu lui tapes même l'épaule comme si c'était un ami.

T'en avais besoin toi aussi on dirait... Viens on va servir à boire.

Tu l'invite à te suivre pour rejoindre une table ou se trouve des jus de fruits. C'est avec cette collation que la journée se termine. Tout en servant tu reprends la paroles, curieuse d'en savoir plus sur lui.

T'es bon à la guitare ! Ce morceau ne t'a posé aucune souci, cela fait longtemps que tu joues ?