Une nouvelle gorgée qui me brûlait, qui me faisait sourire encore alors que j’étais seul. Seul mais avec elle. Dans ma main, je tenais fermement cette bouteille parce-que j’étais persuadé que c’était mon alliée. La quatrième de la soirée… je ne me souvenais plus de comment tout avait commencé. Tout ce dont je me rappelais c’est être rentré, m’être assit sur ce canapé et avoir longuement hésité. Est-ce que j’allais en prendre une dans le frigo ? J’avais bataillé contre moi-même, quelques minutes, de longues minutes à me dire que je ne cèderais pas. Mais je n’avais aucune volonté parce-que je savais qu’elles étaient là. Derrière cette pote à n’attendre que moi… et à la première goute je m’étais détesté, tout comme j’avais haïs le fait d’adorer ça. Je voulais juste que ça cesse pour ce soir. Ne plus avoir mal… rien qu’une nuit. Alors j’avais enchainé ces gorgées, les unes après les autres. Mes idées s’engourdissaient. Mais ce n’était jamais assez, parce que tout ici me rappelait elle. Cette déco qu’elle avait faite, ces photos dont je n’arrivai pas à me séparer… et ce carton qui trônait à l’entrée. J’étais pathétique, un gamin perdu à fouiller dedans en espérant encore sentir l’odeur de son parfum. Mais je ne cherchais qu’à me faire plus de mal. Qu’à sombrer davantage. J’en venais à la détester. Pour m’avoir quitté… mais pouvais-je lui en vouloir ? Je n’étais qu’une loque. Je n’avais plus rien à lui offrir. De rage, j’avais balancé ses affaires à travers la pièce. Et je repensais inlassablement à ces choses qu’on ne s’était pas dîtes. A ces regards qui en disaient pourtant si long. Elle m’en voulait je le savais. De ne pas être capable de me débattre. De ne pas être assez fort pour lutter contre mes addictions. Parce-que elle… elle y arrivait. Elle, elle savait le faire… et comment j’avais pu être aussi bête ? Lui demander de le faire pour nous, sans être capable derrière d’en faire autant. Je me détestais ! Mais en cet instant celui que je haïssais le plus c’était Azriel. Tout me semblait presque évident. Que tout avait commencé à dérapé cette nuit-là. Parce-que j’étais retombé dans mes angoisses, mes mauvais travers. Parce-que j’avais peur de couler mais surtout parce-que je crevais d’envie d’en reprendre… et c’était ça qui me hantait. Si Ye Won m’avait quitté c’est seulement parce qu’il avait été là. Parce-que il avait foutu le bordel dans ma vie. Sans lui jamais Ye Won n’aurait su ce qui était arrivé… et je ne savais pas comment je m’étais rendu là. Dans ce dortoir. Ivre, l’esprit embué. Je planais presque, mais j’étais surtout en colère. A crier plus fort « Im Azriel !!! » je hurlais son nom. En espérant qu’il viendrait. Qu’il serait là. Mon pas était chancelant… j’avais la tête qui tournait. Mais je me fichais bien d’être mal à l’aise. Je devais le trouver… « Azriel !!! Putain. » je grimpais les marches, m’étalant comme un ivrogne au beau milieu d’elles. J’étais surement ridicule… la bouteille s’était renversé à moitié sur moi. Je puais l’alcool, j’avais une mine affreuse… tout ce que je voulais c’est que ça s’arrête… qu’elle revienne putain. « C’est ta faute !!! Connard. » lançais-je pour personne… car j’étais juste seul ici, pitoyable sur ces marches alors que je peinais à me relever.

Pour une fois tu ne travailles pas ce soir, tu as donc pu rester plus longtemps à l'entrainement. Tu prépares un concours important, un concours de danse contemporaine. Si tu danses le breakdance naturellement, ce n'est pas le cas pour des pas plus classiques. Oh tu t'es bien améliorer depuis que tu as commencé tes études. Les professeurs sont fiers de toi et confiant, cependant cela ne te suffit pas. Tu places toujours la barre plus haute. Après tout en visant la lune, au moins en cas d'échec tu atterries dans les étoiles. Oui cette citation est ta vision du succès aussi tu n'acceptes pas de revoir tes objectifs à la baisse. Ce qui fait que tu t'épuises au studio de danse et lorsque tu ne travailles pas comme ce soir, tu t'enfermes dans ta chambre pour bosser sur tes projets musicaux. Depuis ta rencontre avec Il Kyang tu as eu de nouvelles idées, tu as fait des ébauches de morceaux et tu espères pouvoir le revoir pour lui faire écouter. Tu as d'ailleurs choisi la chanson que tu veux apprendre, il faudra que tu lui envoies un message. En le voyant devant ton dortoir, tu fronces les sourcils. Est-ce que tu rêves ? Tu dois halluciné, tu penses à lui alors forcément tu le vois partout ? Non c'est impossible. Tu l'entends hurlé à l'attention de quelqu'un dedans et tu le vois s'étaler sur les marches. Il ne t'en a pas fallu plus pour rouler vers lui, oui parce que tu es en skate. Tu as d'ailleurs sauté de ta planche pour venir près de lui.

Il Kyang ! Qu'est…

Tu t'es stoppé car en posant une main sur son épaule, tu as compris. En réalité c'est plutôt l'odeur qui t'a mis sur la piste. Il pue l'alcool. Tu l'as saisi par les épaules pour qu'il te fasse face.

Qu'est-ce que tu fais là ? Alles relève toi !

Joignant l'acte à la parole, tu as passé un bras sous le sien pour l'aider à se relever, enfin s'il veut bien parce que tu n'as clairement pas la force de le porter. Tu ne l'as pas quitté du regard, cherchant dans ses yeux vitreux une explication. Ce n'est pas rare pour les coréens de boire et de boire beaucoup. C'est monnaie courante de voir des gens saouls dans la rue. Malgré tout, tu ne comptes pas l'ignorer et le laisser là.

« On s’en sortira… » j’y avais cru longtemps, des mois durant, des nuits entières… notre équilibre était fragile, mais l’amour aurait dut suffire à nous sauver… j’y avais cru… oui bêtement. Naïvement, j’avais pensé qu’en assumant enfin mes sentiments tout irait bien… mais je m’étais trompé. Plus rien, tout était vide désormais. Cet appartement si silencieux, si sombre… sans ses rires, sans sa présence… et ces draps froissés, si froid… glacé de son absence. Et j’avais tout laissé tomber, tout, j’avais été stupide, si bête de croire que tout aurait pu aller mieux entre nous. J’avais encore tout fait foirer n’est-ce pas ? Tout était ma faute. Parce-que je n’avais pas su la regarder, je n’avais pas su être là pour elle. Ce terriblement châtiment auquel je n’étais pas préparé… Putain Ye Won ! J’ai cru que tu resterais ! Quoiqu’il arriverait. On se l’était promit… et maintenant, tout était trop douloureux. J’étais perdu. Paumé dans ce gouffre sans fond… et je ne cessais de tomber encore et encore… je voulais… simplement crever. Là, peut-être même de sa propre main s’il le voulait. Mais je voulais que toute cette souffrance cesse. Je n’avais même plus mal quand je tombais. Je n’avais même plus assez de force pour me relever. J’étais minable… minable au point de vouloir disparaitre. Et cette voix que j’entendais. Ce n’était pas la sienne. Elle était lointaine, son visage encore flou. Je grimaçais, mais je ne savais même plus si c’était de rage ou de peine. Je ne voyais plus grand-chose, dans mon monde tout était juste noir et sans couleur. Si j’avais été assez lucide, j’aurais pu me rendre compte qu’elle était là. Voir qu’elle m’aidait… mais j’étais trop ailleurs pour ça. D’un geste, je la repoussais. « Putain toi ! T’es partout. » Et c’était un reproche. Comme un pauvre con, je tentais de m’accrocher à cette barre pour me relever. J’avais l’air d’un ivrogne. Et franchement je m’en foutais. Je voulais juste… qu’on m’achève… Lui jetant un regard noir, je lui aboyais dessus « Lâche-moi ! Tu fais chier. » je ne voulais pas la voir, ni elle ni personne d’autre. La seule idée que j’avais en tête c’était de trouver Azriel. Le seul sur qui je pouvais me défouler. Qui aurait pu encaisser toute ma haine ! Je me détournais, continuant à grimper les marches. J’avais récupérer ma bouteille bien sûr, parce-que j’étais assez lucide pour ça par contre. Buvant une grand gorgée, j’essuyais ma bouche vulgairement, montait jusqu’à cette porte que je voulais ouvrir. Celle qui mènerait à sa petite vie bien rangée... Était-il heureux ? Satisfait de ce qu’il avait fait ? En colère, je serrais la poignée, la tirait de toute mes forces pour tenter de l’ouvrir. Mais je n’avais ni clé, ni code. Alors j’insistais, rageusement. « Merde !!! Ouvre-moi cette porte. » et cette fois je criais sur Rin. Elle vivait bien ici non ? Alors il fallait qu’elle m’ouvre. Qu’elle me laisse le trouver. « Je dois voir Azriel !!! Ouvre-moi cette porte putain !! » Mais l’alcool me faisait perdre la tête. Je n’avais aucune patience. Mes gestes brusques, rempli de colère. J’insistais tellement, j’avais l’air d’un fou. J’étais énervé de voir qu’elle me résistait. Que personne ne voulait l’ouvrir… et après cette rage, j’avais la frustration. L’angoisse qui me montait à la gorge... Je donnais un coup dans la porte, démuni face à ma peine. « Putain… » et ma voix s’essoufflait, tout comme mon corps. Je n’avais brusquement plus la force de rien. Ma tête contre le battant, j’avais frappé bêtement. Dans un dernier espoir de pouvoir l’atteindre… alors que mes yeux s’embrumaient… et j’étais si fatigué tout à coup. Au point que je me laissais tomber au sol, désemparé. Désespéré surtout… et cette fille qui était toujours là. Mon regard brillant croisait le sien, la mâchoire serrée, tremblante… elle devait bien en rire de ma situation. Elle devait me trouver ridicule… mais je n’avais même pas la force de lutter. Je t’en supplie Rin… enfuis-toi...  

Lorsqu'il s'énerve de ta présence et te repousse, tu le foudroies du regard mais vu son état il ne doit même pas s'en rendre compte. T'as un tas de question, en commençant par : qu'est-ce qu'il fait là ? Qu'est-ce qu'il fait ici complètement saoul et surtout pourquoi il est aussi con ? Tu ne le connais pas beaucoup et pourtant tu sais qu'il a un souci. C'est évident en écoutant les chansons qu'il a écrit avec son meilleur ami. Oh oui tu les as écouté, elles parlent beaucoup d'amour et de peine. Est-ce que c'est pour qu'il est dans cet état devant les dortoirs, il cherche une fille ? Il a perdu une fille ? Tu n'en sais rien. Au fond la raison t'importe peu, tu ne peux pas le laisser là, seulement il te cri encore dessus quand tu t'approches pour l'aider à nouveau. Tu te stoppes en lui répondant.

Excuse-moi d'être gentille et de vouloir te ramasser

Tu le laisses donc faire, observant l'homme brisé et saoul qui se batte contre la porte. Tu lèves les yeux au ciel en soupirant, sans intervenir. Tu lui fais non de la tête ce qui ne l'arrête pas pour autant. A la mention d'Azriel tu soupires. Tu connais le phénomène et sa capacité à s'embrouiller avec les gens. Toi-même tu ne l'aimes pas, cela ne t'étonne donc pas qu'Il Kyang le cherche, surement pour lui en mettre une dans les dents. Si jusque-là tu l'as observé, refusant d'agir pour te faire encore remballer, en le voyant la tête contre la porte, chancellent, prêt à tomber, tu ne peux t'empêcher de t'approcher de lui. Lorsque ton regard capte le sien, une vague de tristesse t'envahie. Tu t'accroupis à côté de lu, posant une main amicale sur son épaule.

Ça sert à rien ce que tu fais là. Je sais pas ce que t'as fait Azriel mais tu règleras rien dans cet état. Viens, je t'aide à rentrer chez toi.

Tu lui fais un sourire tendre, sans savoir s'il le voit. Tu te doutes qu'il ne doit pas avoir les yeux en face des trous à cause de l'alcool. D'ailleurs d'un geste rapide, pour qu'il ne t'arrête pas, tu lui prends la bouteille des mains. Tu l'as instinctivement jeté dans les fourrés. Tu préfères qu'elle se vide là plutôt qu'Il Kyang continue à boire. Tu lui attrapes les mains dans l'espoir de l'aider à se lever. Tu as beau avoir de la force et lui saoul, tu ne seras pas capable de le porter. Par contre tu pourrais l'asseoir sur ta planche, cependant tu n'es pas certaine qu'il ne vomisse pas en route. Tu chasses ton idée farfelue, préférant choisir l'option d'un taxis.

Ou est-ce que tu habites ? Il Kyang tu m'entends ? Donne-moi ton adresse ?

Tu espères qu'il soit assez lucide pour te répondre. Dans le cas contraire, tu sauras obligé de fouiller dans son téléphone à la recherche d'un contact à appeler mais tu préfères éviter. Tu ne voudrais pas qu'il t'en veuille pour avoir appelé la mauvaise personne.

Ça fait mal… de voir que vous n’êtes plus là… j’ai peur d’avancer, peur de devoir grandir sans vous. J’avais tellement fait souffrir les gens autour de moi. Aujourd’hui je n’avais que ce que je méritais. Je suis désolé… désolé d’avoir mis du temps à comprendre qu’elle comptait pour moi. D’avoir passé toutes ces années à l’ignorer pour enfin l’aimer. Désolé Yohan d’avoir ignoré ton existence… de n’avoir jamais su que ce vide en moi… c’était toi… et maintenant que je t’ai trouvé, tu es parti. Parce-que être avec moi c’était plus dur que de vivre sans moi. Je suis un imbécile ! Même face à cette fille. Pourquoi est-elle ici encore une fois ? Pourquoi je la croise à longueur de temps ? Je ne savais même plus ce que je ressentais. Tout ce qui me hantait, c’était cette douleur cruelle au creux du ventre… et en croisant son regard, je me sentais démuni. Plus faible encore. J’étais triste, au point que je pensais crever là… jusqu’à ce qu’elle se rapproche et vienne me parler. Sa voix me paraissait lointaine, tout comme elle en réalité. Ça ne servait à rien… elle avait surement raison et sans comprendre pourquoi je m’étais mis à rire. Pour moi à cause de ce que j’étais… elle avait raison « Je suis pathétique. » disais-je en passant une main dans mes cheveux. Et je reniflais comme un gosse, ridicule parce-que je mourais d’envie de chialer. De pleurer toutes les larmes de mon corps pour les faire revenir. Je soupirais, sans savoir si j’étais encore lucide ou juste parti ailleurs. Où je vivais ? Je l’avais compris, sans être capable de lui donner l’adresse exacte. Alors j’avais juste attrapé mon portefeuille pour qu’elle puisse y prendre le papier où c’était marqué. Et tandis que je la regardais fouiller, je l‘observais, les lèvres pincées… elle avait l’air si… adulte. Plus que je ne l’étais surement. Pourtant j’étais persuadé qu’elle était plus jeune que moi. Sereine ? Peut-être aussi, je n’en savais trop rien. « Pourquoi t’es là ? » demandais-je sans savoir pourquoi. Je n’avais pas conscience de ce que je disais. Cette question m’avait traversé l’esprit, avant que je soupire et sente ma tête tournée. Je n’avais pas remarqué que ma bouteille avait disparue. « Je te déteste toi. » c’était un peu surprenant. Mais je lui jetais un regard agacé « T’as toujours l’air heureuse ! C’est pas possible, ça existe pas. » Et j’avais surtout l’air d’un gamin contrarié. Presque un peu fou, je me mettais à rire sans savoir si je riais d’elle ou moi encore. « Tu devrais laisser tomber… si tu cherches à me sauver c’est déjà trop tard. » et j’avais ris davantage. Parce qu’elle perdait son temps à vouloir m’aider. Je n’avais pas besoin des autres. « J’ai besoin de personne putain ! » et je m’attrapais la tête entre les mains. Dépité, la vue brouillée… j’avais envie de boire plus. De pouvoir oublier. D’être dans un état où plus rien n’aurait de sens. Que tout s’embrouille, s’efface autour de moi. J’avais besoin de prendre une dose surtout. C’est ça que je pensais.

Tu l'observes sans gêne, détaillant son état lamentable. Il a l'œil vitreux, le teint blafard et une odeur d'alcool hideuse. Tu acquisses en silence lorsqu'il se traite lui-même de pathétique. Tu n'aurais pas mieux choisi comme terme. Pour autant ce n'est pas pour ça que tu comptes l'abandonner sur ces marches, dans le froid de l'hiver. Il pourrait en mourir. C'est pourquoi tu t'es rapproché de lui, pour l'aider. Tu attrapes son portefeuille, te mettant à chercher son permis ou sa carte d'étudiant. Quand il te questionne sur ta présence ici, ta réponse est instinctive.

T'es con, c'est mon dortoir. Tu crois encore que je te suis ? Tu te prends pour le centre du monde ou quoi ?!

Tu lèves les yeux au ciel, refusant de céder à ses vaines tentatives de t'éloigner. Tu trouves ce que tu veux, voyant aussi des choses que tu préfères ignorer pour le moment. Tu soupires quand il te dis que tu ne peux pas être heureuse. Tu n'apprécies pas son rire ironique et cette fatalité qu'il dégage. Tu es du genre optimiste, aussi tu n'as jamais baissé les bras même malgré tous les obstacles que le destin a mis sur ta route. Tu ne t'es jamais plains de ne pas avoir connu ta mère. Tu as essayé d'être forte à la disparition de votre père, préférant ne pas ajouter de tensions dans la famille. Tu t'es toujours promis de réaliser tes rêves, pour ces personnes chers que tu as perdu, pour ton frère qui a sacrifié les siens et tes sœurs qui lutte pour atteinte leur objectif, pour ta grande mère qui malgré son âge s'est toujours montre forte pour vous montre l'exemple. Tu as des coups durs, ta crise d'adolescence, pas totalement fini qui t'a mis en conflit avec ton frère et tes sœurs. Tu as même fugué de la maison. Tu es tombée dans la drogue, jusqu'à faire une overdose. Malgré ton jeune âge la vie ne t'a pas épargner et pourtant chaque jour qui se lève, tu affiches un sourire, car tu apprécies la vie à sa juste valeur, inestimable. Aussi, face à la négativité d'Il Kyang, jugeant qu'il n'a besoin de personnes, tu lui mets une gifle pour qu'il se réveille.

T'es pire que ce que je croyais !! T'es débile si tu crois que tu peux affronter seul. L'être humain est un animal grégaire, c'est pas pour rien que depuis la préhistoire les humains vivent en tribut. Redescend sur terre, c'est pas parce que je souris tout le temps que la vie est facile. La vie n'est jamais facile et tu sais pourquoi ?! Parce qu'en nous mettant des bâtons dans les roues, elle nous apprend à apprécier les petits moments de bonheur. Tu crois que tu appréciais autant le soleil d'été si l'hiver n'existerait plus ?!

Le ton employé témoigne de l'émotion que tu ressens. Tu ne sais pas ce qu'il pense de tout ça et de toute façon tu te doutes qu'il n'a pas du comprendre la moitié, malgré l'électro-choque de ta gifle. D'ailleurs tu lui attrapes le bras pour le tirer en espérant le faire se relever.

Alles bouge, je te ramène chez toi.

J’avais pouffé de rire, presque méchamment à sa remarque. Je ne pensais pas être le centre du monde de qui que ce soit. Pas même du mien d’ailleurs. J’étais perdu, la tête me tournait et je ne savais plus vraiment ce que je foutais là. Pour quelle raison avais-je marché jusqu’à ce dortoir ? Ça me paraissait flou et je grimaçais bizarrement à essayer de me rappeler. Toutes mes émotions se battaient entre elles. Et j’avais la nausée… je devais faire peine à voir. Mais Rin restait là, à écouter mes horreurs. J’aurais été désolé pour elle si j’étais moi-même. Mais je ne l’étais pas. Je m’en fichais un peu qu’elle soit là ou non d’ailleurs. Enfin… si j’arrivais à bouger, j’aurais eu la force de… de quoi je n’en savais rien. Aller à mon dortoir ? Je ne voulais pas que Young Min me voit comme ça… appeler Kitae ? Jamais. Je refusais de le confronter à ce qu’il craignait le plus. Me voir ressombrer… je n’avais tenu qu’un pauvre petit mois finalement. N’était-ce pas ridicule ? Puis pendant que je balançais mes idées négatives, Rin avait fini par revenir vers moi. Sans m’en rendre compte sa main s’abattait sur ma joue rougie. Est-ce que j’avais mal ? J’étais incapable de le dire. Pourtant je la fixais, abasourdi… elle parlait, trop surement pour que je comprenne tout. Mais je fronçais les sourcils, le cœur battant et la gorge serrée. Nouvelle angoisse qui me prenait. Cette fille me rendait malade. Voilà ce que je pensais pourtant j’avais l’impression qu’elle savait des choses. Qu’elle n’était pas si heureuse que ça. Ou alors elle faisait tout pour l’être ? Je n’en savais rien… Je grimaçais, détournant les yeux, avant de porter ma main à ma mâchoire. « T’es barrée ! » non elle était lucide et moi un pauvre ivrogne. Puis sans vraiment le maitriser, je me faisais entrainer. Je n’avais pas envie de me débattre. Ça devait déjà être dur pour elle de me supporter. M’appuyant même contre elle, je me mettais à rire avant de lui tapoter la joue « Ah tu vois t’es pas si heureuse que ça. » et ça avait l’air de m’amuser. Etais-je content de voir le malheur des autres ? J’étais désolé pour elle… surement que j’aurais aimé saisir tout ce qu’elle m’avait dit. En me redressant, je lançais « Je sais tu crois quoi ? Que c’est la première fois qu’il m’arrive des merdes ! Pfff… » J’étais le genre de type qui avait affronté pleins de choses. Mais peut-être étais-je trop centrer sur moi. Manquant de trébucher, je lâchais un nouveau rire, alors qu’une voiture s’était stoppée devant nous. Un taxi je supposais… quand la portière s’ouvrait, je lâchais au chauffeur « Hey on s’est déjà vu ! » j’en savais rien en fait. Mais ils se rassemblaient tous à mes yeux. J’en avais pris tellement en état d’ébriété. C’était toujours le même schéma. Les gérants des clubs, des bars, me jetaient dans un taxi et je rentrais chez moi ivre avant de m’écrouler sur le pas de la porte, ou dans mon salon quand j’avais un peu de chance. Cette fois quelqu’un m’accompagnait, mais j’étais trop crevé pour rester assis. Alors je m’étalais sur la banquette. « Musique !!! » criais-je. Le chauffeur lançait un regard à Rin, hésitant un instant. Il leva les yeux au ciel, avant de mettre la radio et demander l’adresse. Il avait démarré, j’entendais la mélodie sans me souvenir de la chanson qui passait. Ma joue écrasée contre le siège, je levais les yeux vers la silhouette de Rin. « Elle est têtue. » lançais-je pour le chauffeur. Comme si ça pouvait l’intéresser. Et je trouvais ça drôle, alors que je venais cacher mon visage avec ma paume. « Je dis non, mais elle dit oui. Je lui dis pars et elle reste. » je ne savais plus si je parlais à moi-même cette fois. Je marmonnais dans ma main, à croire que j’avais ma phase euphorique. Heureusement je n’avais pas pris de drogue… « Les femmes sont compliqués. » à cette phrase le chauffeur ricana. S’il avait eu envie de me sortir de son taxi dès mon entrée, il devait trouver que mes mots étaient amusants. « Sacré soirée. » lançait-il à l’attention de Rin. Peut-être était-il compatissant finalement.

C'est vrai, tu es violente, pas tout le temps, pas consciemment et pourtant tu te laisses souvent emporter par tes émotions. C'est tout toi, trop impulsive c'est pour ça que les garçons te redoutent et que les filles te détestent. Ni féminine, ni masculin. Un mélange entre les deux, la sournoiserie féminine en moins, comblé par cette audace presque masculine. Oui tu n'as pas peur qu'il s'énerve et qu'il tente de lever la main sur toi en retour. Tu y as pensé et tu saurais le maitrise vu son état. D'ailleurs si tu es honnête, il aurait été sobre que ça n'aurait rien changé. Parfois tu n'as pas peur du danger, ce qui t'attire souvent des soucis. Tu lui tires la langue lorsqu'il te traite. Au fond c'est un compliment, c'est vrai que tu ne rentres pas dans les normes. Après tout ne dit-on pas, qu'à trop vouloir rentrer dans le moule on finit par ressembler à une tarte.

Quoi qu'il en soit, tu n'as pas dit ton dernier mot et tu l'aides à rejoindre le trottoir. Il s'appuie sur toi et tu bénis tes heures d'entrainement car tu arrives à le soutenir. Il est plus lourd que toi mais en faisant du breakdance, tu passes des heures sur tes bras, tu as donc un peu de force. Lorsqu'il te tapote la joue en se moquant, tu pestes dans ta barbe contre lui.

Ma vie n'est pas parfaite mais je suis heureuse d'être en vie idiot….

Lorsqu'il t'annonce qu'il sait ce que tu penses, tu pouffes de rire. En réalité tu ne le juges pas. Tu es mal placé pour ça. C'est vrai que tu n'as jamais eu recours à l'alcool pour noyer tes soucis. Non toi tu as fait dans la drogue, consommant toujours plus. L'usage n'était pas récréatif, quoi que tu appréciais ce cote. En réalité c'était surtout pour tenir le rythme effréné que tu imposais à ton corps et à ton esprit. Après trois jours sans dormir, l'inévitable était arrivé. Tu aurais pu y rester et affliger à ta famille un drame de plus. Tout ça pour quoi, fuir la réalité et réaliser tes rêves. Alors oui tu es mal placé pour juger la façon dont il fuit ses soucis. Aujourd'hui tu as compris que cela ne sert à rien de fuir, qu'il faut les affronter mais tu te gardes de lui faire la leçon là-dessus, tu en as assez fait et de toute façon il ne comprendrait pas.
   
Une fois dans le taxis, tu soupires face à toute la place qu'il prend. Tu lui pousses les jambes sans ménagement pour t'installer et donner l'adresse au chauffeur. Celui n'a d'ailleurs pas l'air ravi mais tu lui tends un billet, l'incitant à accepter votre course périlleuse. L'homme a l'habitude et t'indique la poche sur l'arrière du siège pour des sac à vomi. Tu en sors un au cas où. Le taxis démarre donc en mettant la musique comme l'a demandé Il Kyang. Tu as d'ailleurs ri à sa demande, te rappelant des moments que tu as partagé avec lui, à parler musique, à jouer au piano ou encore à composer pour son devoir. Ce soir tu n'as pas le même homme devant toi et cela te serre le cœur. Est-ce qui a pu lui arriver pour qu'en soit là ? Quand il se met à parler de toi, tu répliques loin d'être d'ailleurs, ce qui prouve ce qu'il dit, peut être...

Arrête de dire des bêtises ! N'importe qui t'aurait ramené chez toi, même si t'arrêtes pas de m'insulter. C'est vrai il est pas croyable, il m'a dit traité de folle, vous y croyez ça !

Le chauffeur doit être perdue dans vos phrases entre-mêlées. Vous devez plus ressembler à un vieux couple qui se dispute ou à deux amis qui se chamaillent alors qu'en réalité vous êtes bien moins que ça, jute deux connaissances que leur passion a rapproché. Tu acquisses à la remarque du chauffeur et continue à répondre à Il Kyang que tous les hommes sont pareils, ils se mettent la tête à l'envers et ne veulent jamais d'aide parce qu'ils sont trop forts.

La course arrive finalement à sa fin, tu payes le taxis, le remerciant encore pour sa compréhension. Tu aides Il Kyang a monter jusqu'à son appartement, le postant devant sa serrure électronique pour qu'il ouvre la porte de chez lui. Tu ne comptes pas le laisser tant que tu ne l'as mis au lit. Finalement c'est vrai tu es têtue. C'est assez intrusif mais tu n'en as rien à faire, tu penses d'abord à lui. Refusant de le laisser sur le pallier, passer une nuit atroce dans un froid glacial.
 
Allez, fait un effort, ferme les yeux et tape de mémoire !

Elle avait l’air convaincu de ce qu’elle disait mais je n’en étais pas certain. Qui aurait envie de ramener un ivrogne chez soi ? A part Kitae je ne connaissais personne… peut-être Young Min aussi mais le pauvre avait déjà ses problèmes. Quoiqu’il en soit, je m’étais mis à marmonné, ne sachant plus si je parlais ou chantonnais. J’aimais bien cette musique qui passait. Ça me faisait sourire derrière cette main qui cachait mon visage. J’avais la tête qui tournait et la voiture n’arrangeait rien. Mais je n’avais bu que quatre petite bouteille. Ce n’était rien, je savais que je n’allais pas vomir mes tripes ici… j’en avais même envie d’une autre. Mais je me sentais tout à coup lassé. Je crois que si le voyage avait duré plus longtemps je me serais endormi là. Et quelques minutes plus tard, le trajet se terminait devant mon immeuble. Je me sentais lourd… et je me doutais que je ne devais pas aider beaucoup Rin. Encore moins quand je me retrouvais devant ma porte. Chancelant, je portais ma main à ma tête. « J’en sais rien. » lâchais-je comme si ça suffisait. C’était dur ce qu’elle me demandait. Est-ce que j’avais besoin d’un code ? Oui quand je n’avais pas le pass. « T’as pas la clé ? » je pensais parler à qui ? Ye Won ? Il n’y avait qu’elle qui avait la clé de cet appart et elle me l’avait gentiment laissé à l’entrée. Je grimaçais me mettant à rire avant de lancer « Ah dans ma poche ! » et j’avais l’air tout content subitement. Je tendais même ma hanche à Rin pour qu’elle vienne fouiller dedans. Mais brusquement, je me mit à rire avant de mettre ma main moi-même. « Noon ! tu crois quoi je suis pas un garçon facile. » au moins je n’étais plus là à déprimer. Comme un sale gosse je ricanais avant de sortir ma clé. « Tadam. » j’étais fier de moi. Puis je le passais avant d’entrer. Mon pas peu assuré me faisait partir vers le mur. Je m’y appuyais vite avant de jeter un coup d’œil à Rin. Je riais sans savoir si je me moquais d’elle ou de moi. Mais rapidement, je revenais vers elle pour m’y tenir « C’est au quatrième. » disais-je amusé. Heureusement il y avait l’ascenseur, mais à l’intérieur j’étais avachi sur elle. Posant ma tête sur son épaule, je marmonnais des réflexions sans savoir de quoi je parlais. Un coup j’avais évoqué Kitae, le fait qu’il allait me tuer. Mais je trouvais ça drôle, puisque je riais encore. Arrivé devant ma porte, je tendais ma clé à Rin parce-que j’étais incapable de mettre ça dans la serrure. Et à peine la porte ouverte, je me faufilais dedans. Tentant de retirer mes chaussures, mais je tombais au sol. Mon appartement était beau d’ordinaire. Bien arrangé, une grande salle principale avec une cuisine bar, ma chambre sur la gauche, un couloir qui menait à mon studio et à ma salle de bain. C’était assez spacieux pour moi et bien éclairé en journée. Mais là c’était sombre, sale… il y avait des vêtements partout, des bouteilles que j’avais laissé trainé. Ma bibliothèque de vinyles était en désordre, il y en avait des tas étalés par terre. Je n’avais rien rangé depuis des jours… Ma chambre était dans le même état. Dans la cuisine, des tonnes de tasse de café, le frigo vide rempli que d’alcool… puis dessus des vieilles photos, de mes amis et moi. Sawan, Kitae, Jae, Min… j’avais jeté celle de Ye Won. Tout comme dans mon studio de musique, les photos étaient arrachées. Sur mon frigo j’avais aussi ce calendrier ridicule. Où je marquais d’une croix les jours où j’avais bu… seul deux cases blanches étaient dessus. Puis il y avait ce carton à l’entrée rempli d’affaire à elle… ma décoration était clairement féminine, douce et apaisante. C’était elle qui avait eu l’idée de tous ces trucs. Mais tout me plongeait dans mes souvenirs… et je détestais ça. J’en étais venu à haïr venir ici. C’est surement pour cette raison que mon studio de musique était la seule pièce encore intacte. Parce-que c’était le seul endroit que j’avais fait moi-même ici… Sur le sol, je ricanais encore tout seul. Tentant comme je le pouvais de retirer mes chaussures. 

Tu soupires sans gêne lorsqu'il avoue qu'il ne se souvient plus. Il est pas croyable, il se rappelle des paroles de la chanson dans le taxis et pas du code d'accès de son immeuble. Lorsqu'il te demande si tu n'as pas la clé, tu écarquilles les yeux.

Tu m'as pris pour qui ?

Heureusement la mémoire lui revient. Quand il te présente sa hanche, tu affiches un regard surpris. Tu n'as pas peur de mettre la main dans son pantalon, si c'est pour en sortir la clé. Tu allais même le faire, avant qu'il se reprenne. Il rit comme s'il s'amusait de cette situation. D'un côté tu préfères ça à l'état de déprime dans lequel il était précédemment. Tu affiches même un sourire, jusqu'à ce qu'il entre. Son équilibre te donne des sueurs froides, tu as même envoyé les mains vers lui, prête à le rattraper s'il tombe. C'est le mur qui le rattrape et tu t'approches de lui pour faire le reste du trajet.

T'es pas croyable quand t'es bourré, tu sais ça ?

Bien évidemment qu'il doit le savoir et ça le fait rire encore. Dans l'ascenseur d'ailleurs il tente de t'expliquer le fils de ses pensées alors qu'il te prend pour un oreiller. Tu ne dis rien, préférant garder un bras autour de ses hanches pour qu'il soit collé contre toi et l'autre lui tenant le bras. Tu l'écoutes parler, approchant même un peu ta tête pour comprendre. Son discours est décousu, mais tu saisis qu'il va se faire engueuler pour l'état dans lequel il est et il rit encore.

T'as le droit d'aller mal et t'essayer d'oublier...même si l'alcool c'est pas le meilleur moyen. Pourquoi tu t'es pas mis devant un piano plutôt...

Tu soupires te concentrant pour faire le reste du trajet. Tu ouvres avec clé qu'il te donne, le lâchant d'un bras. Tu n'as même pas fini d'ouvrir qu'il se jette dedans et ce qui devait arriver, arriva.

Il Kyang ça va ?

Tu t'es précipitée vers lui, l'aidant à ôter ses chaussures et à se redresser.

Ou est ta chambre ?

Ce n'est qu'alors que tu as levé les yeux vers l'appartement, constatant avec effrois le désordre. Si un jour ton frère te fait remarquer que tu es bordélique, tu lui diras que tu as vu pire. Clairement c'est le chaos partout, du salon à la cuisine, pour l'instant seules pièces que tu vois. Oh tu as bien remarqué le carton à côté de toi, rempli d'affaire. Tu as d'ailleurs jeté un œil, voyant des objets de fille. Tu te poses encore plus de questions, mais pour l'heure, l'urgence c'est de mettre Il Kyang au lit. Tu le portes d'ailleurs pour qu'il décide à se relever.

Allez, aide moi, t'es lourd !