Elle avait raison la musique était le remède. Mais je n’avais su gérer mes émotions. Quand j’étais ado j’avais toujours préféré écrire sur les autres, les sentiments qu’ils pouvaient ressentir, leur vie. Pas la mienne. Parce-que je n’osais pas me livrer, dire qui j’étais ni même ressentir. Je n’étais qu’un gamin qui profitait de la vie. Je croyais que tout était facile, que tant que j’aurais la musique je serais heureux. Puis tout avait basculé avec la drogue… juste un délire pour combler ce vide. Cette absence que je n’avais jamais compris. Celle de mon frère. Aujourd’hui je savais que c’était la cause. Mais à l’époque j’avais tout, absolument tout pour être heureux. La drogue me transportait… mais Kitae m’avait souvent dit que les émotions aussi pouvaient le faire. J’avais mis tellement de temps à sortir de ça. A me rendre compte que j’avais le droit d’être triste, de souffrir ou bien même d’être heureux. Puis tout s’était fané… pour devenir ce que j’étais. J’aurais dût être comme Kitae, ne vivre que pour notre musique. Ne pas avoir de problème… tout était si facile pour lui. Je n’avais jamais vu quelqu’un d’aussi optimiste à part peut-être Rin que j’avais sous les yeux. Tous les deux étaient faits pour s’entendre. Je le pensais malgré moi, alors que j’étais au sol. A la regarder retirer mes chaussures. Elle me faisait sourire. Quand elle m’aidait à me relever, je ne savais pas si je m’appuyais trop sur elle ou non. « Par-là. » disais-je en riant. Le trajet n’était pas long, et dans ma chambre c’était tout aussi bordélique. « Oups ! » je riais encore, fier de moi avant de me laisser tomber sur le matelas. Heureusement je ne l’avais pas entrainé dans ma chute lourde. Ma tête écrasée sur l’oreiller, je tournais la tête vers elle « Je déteste me lever tôt. » je ne savais pas pourquoi je lui disais ça. Elle devait s’en fiche. Puis je m’étais mit à ricaner en sentant cette odeur affreuse sur moi. « Je pue ! » j’étais désolé pour elle qu’elle ait dût subir ça. Pauvre gamine, je ne l’avais pas ménagé. Mais moi je continuais à trouver ça drôle. Pourtant j’avais les yeux lourds, mes membres engourdis… « T’abuses pas de moi pendant la nuit. » que j’étais lourd au secours. Heureusement pour moi je ne m’en souviendrais pas. Me tortillant sur le lit, je récupérais mon téléphone dans ma poche avant de le tendre à Rin. « Kitae, envoi un truc… » Je peinais à composer le code pour le déverrouiller. « Là, le gars… » sur l’écran il y avait au moins une vingtaine de notification de mon meilleur ami. « Dis-lui tout est ok… » Et je soupirais, sans force. J’avais l’habitude de répondre rapidement à ses messages pour ne pas l’inquiéter. Heureusement encore une fois je me souvenais de le faire. Je ne savais pas si je pouvais faire confiance à cette fille. Peut-être allait-elle lui dire que j’étais dans un sale état. Mais je n’avais plus la force de bouger. Et encore moins de lui récupérer mon téléphone. Alors je pensais que je devais… juste m’endormir. Et ne plus penser à rien. De toute façon, je n’avais plus la tête à ça. Je ne savais même pas si Rin allait rester. Elle aurait pu être quelqu’un de mal attentionné, mais j’en doutais. 

Il rigole pour tout et rien, le syndrome de l'homme saoul. De ton côté tu ne sais pas si tu dois rire ou pleurer. Visiblement il est trop bourré pour savoir s'il s'est fait mal et tu n'as pas envie de l'ausculter. Tu te contentes donc d'essayer de l'amener à sa chambre. Ce n'est pas une mince affaire, pas qu'il est gros, juste qu'il est plus lourd que toi. Tu es choquée devant l'état de sa chambre, à l'image du reste de l'appartement, c'est un champs de bataille. C'est à ce moment qu'il en profite pour littéralement se jeter dans le lit. A sa réplique tu soupires bruyamment.

Tu m'as pris pour un réveil ou quoi ?!

Tu t'approches malgré tout, poussant ses jambes sous la couette avant de tirer celle-ci sur lui et lui rit encore. Tu fais la grimace en hochant la tête pour confirmer son odeur. Quoi que tu n'es pas certaine qu'il soit le seul à puer dans cette chambre. C'est bien une chambre de mec, quoi que si tu es honnête, tu n'es pas forcément très organisé non plus. Tu t'es reculés en observant, te demandant ce qui lui arrive pour qu'il en vienne à se mettre dans un état pareil. Il doit avoir ses raisons, comme tu avais les tiennes. Ton interrogation a dû être un peu longue car il reprend

Rah mais t'es dégelasse putain !

Tu allais parti mais il t'interrompt en te tendant son téléphone. Kitae ? Une amie ? Son meilleur ami ? Tu n'en sais rien mais tu attrapes le téléphone en fronçant les sourcils. Est-ce que tu dois être honnête avec ce Kitae et lui avouer l'état d'Il Kyang ? Non ce n'est pas ton rôle, tu as beau etre intrusive, tu n'es pas du genre à essayer de mettre au milieu d'une histoire compliqué. Non tu as juste était sympa, tu l'as ramené chez lui parce que tu l'apprécies c'est tout. Aussi tu envoies exactement ce qu'il t'a demandé : tout est ok. Une fois fait tu déposes ton téléphone sur la table de chevet et tu remontes la couette sur lui.

Maintenant dort, demain est un autre jour...

Sans t'en rendre compte, tu es venu dégager son front pour ne pas qu'il est trop chaud. Ce geste est celui que fait ton frère ou tes sœurs lorsque tu es malades. Quand tu as de la fièvre tu te sens instinctivement mieux avec de l'air frais sur le front. Tu l'as ensuite laisser, revenant dans le salon. Tu t'es stoppé face au spectacle. Tu as serré les dents, son bordel ça le concerne mais ses vinyles !

Roh tu mériterais des clapes je te jure….

Tu ne sais même pas s'il a entendu et tu t'en moques. Tu t'es agenouillé pour ranger les vinyles tout en les observant attentivement. C'est vrai que tu en profites un peu, c'est un juste retour des choses pour le calvaire de lavoir porter jusqu'ici. Tu ranges donc le tout, respectant le semblant de classement que tu as compris en analysant l'étagère. Ce n'est qu'après que tu décides de partir, ayant vérifié d'un coup d'œil qu'Il Kyang respirait toujours.

J’avais senti sa main se poser sur mon front, un maigre sourire étirant mes lèvres alors que je sombrais dans ce sommeil. J’étais épuisé, j’avais cru entendre sa voix mais je n’étais plus certain de ce qu’elle avait dit. Allait-elle resté ? Je n’avais pas eu le courage de lui demander. J’avais finis par m’endormir seul dans cette vie chaotique. Le réveil avait été difficile comme toujours… et à chaque fois que je me levais j’espérais la voir sur le canapé. Qu’elle s’excuse, je m’en fichais, je voulais juste qu’elle revienne. Mais encore une fois mon appartement était vide et triste. Je me sentais abattu, mal dans ma peau. Et j’avais clairement la gueule de bois. Encore une fois… comme cette croix qui ornerait encore un jour de plus. J’étais ridicule, je n’étais pas capable de rester deux jours de suite sobre. Quel type faisait ça ? Je ne savais pas pourquoi, mais j’avais trouvé quelque chose de changé. Mes vinyles tous en ordre… un rire s’échappait de mes lèvres. Je supposais que Rin avait ses limites. Et je comprenais surement qu’elle avait dut les ranger. Elle avait même suivis l’ordre dans lequel j’aimais le faire… elle me surprenait. Et j’avais déjà mon téléphone ne main pour… la remercier ? Ou m’excuser… subitement honteux de lui avoir montré cette facette de moi. Elle devait me détester. Alors j’avais finalement changé pour appeler Kitae… évidement il voulait passer mais il était hors de question qu’il voit le bordel dans lequel je vivais. Il fallait que je mette de l’ordre dans ma vie… sans savoir par quoi commencer. Et tandis que je rangeais un peu ce bazar. J’avais pensé à Rin… sans me décider… longuement j’hésitais. Puis sans réfléchir j’avais finis par lui dire « Merci… pour les vinyles… » quel crétin. C’était surtout pour m’avoir ramené et m’avoir supporté… j’espérais ne pas lui avoir dit des choses que je regretterais. J’étais parfois un peu bizarre quand je buvais… Mais je détestais cette sensation… je me disais qu’au fond, elle finirait par comprendre que je n’avais rien à offrir. Ni même pour des cours...