Les mains sur le volant, Mingwei baissa ses lunettes de soleil, profitant de la fenêtre ouverte pour lancer un clin d’œil au jeune homme encore positionné à l’extérieur. C’était dans ces moments-là que le permis de conduire était des plus pratiques. Les deux hommes n’auraient pas à s’occuper des horaires de trains ou de savoir s’il y aurait trop de monde dedans. Ils pouvaient simplement prendre le véhicule et quitter la capitale pour une virée loin des grands buildings, loin du brouhaha incessant des mouvements de foule. L’idée était de rejoindre la plage. Ils n’avaient malheureusement pas assez de temps pour traverser le pays et atteindre Busan, pour faire comme les touristes. Alors le choix de Mingwei s’était posé sur une plage, tout aussi bien, mais plus proche du nord du pays. Néanmoins, il était fort possible que son cadet et protégé ne soit pas au courant de leur destination, ni même qu’il apprécie l’heure à laquelle il avait dû se lever car ils étaient encore au beau milieu de la nuit. Le sino-coréen avait appelé Wangji,  seulement quelques heures plus tôt, pour lui dire de préparer ces affaires pour une sortie en famille (rajoutant qu’aucun refus n’était accepté, sous peine d’être enlevé de force). Malheureusement, Qin Tian ne pouvait pas les rejoindre à cause de la boutique familiale où sa présence avait été sollicitée, cependant l’étudiant avait fait attention à ramener avec lui leur peluche favorite représentant un requin : Tiantian, leur premier enfant. « Bien dormi ? » Demanda Mingwei d’une voix basse, encore endormie. Si l’étudiant avait quelques doutes concernant sa conduite sous sons état actuel, il s’était rassuré en buvant au moins quatre cafés avant de quitter l’appartement de sa mère. Il dévoila un grand sourire aux chinois, avant de lui faire signe de la tête de faire le tour de la voiture pour prendre la place à côté de lui, sur le siège passager. « T’as toutes tes affaires ? De toute façon, on ne dort pas là-bas. » Il semblait quelque peu pressé, excité à l’idée de faire trois heures de route pour voir un spectacle merveilleux. L’idée avait été de rejoindre la plage de Naksan, connue pour ses plus beaux levés de soleil. Il était tôt (beaucoup trop tôt pour Mingwei), mais il ne voulait pour rien au monde manquer ce spectacle, ni en priver son cadet. « Mets ta ceinture, on est jamais trop prudent. » Ce n’était pas obligatoire sur le territoire coréen, mais à force d’être témoin de la conduite de ses pairs, le sino-coréen préférait prendre toutes ses précautions. « J’imagine que tu as hâte de connaître notre destination ? » Dit-il avec un grand sourire avant de se tourner vers le plus jeune. Finalement, il démarra le moteur et sortit de sa place pour rejoindre les grandes axes. « On a trois heures à tuer, dors si t’es fatigué, je te réveillerai quand on arrive. » Bien conscient de lui avoir demandé de sortir du lit au beau milieu de la nuit, s’il pouvait le faire se reposer, même trois heures le temps d’arriver à la plage, il le ferait.

Le réveil avait été compliqué. Surtout que ce dernier était dû à son téléphone qui sonnait sur sa table de chevet. Il avait machinalement répondu à l’appel entrant sans même regarder le correspondant. Donc il avait été assez surpris d’entendre la voix de Ming Wei. Principalement parce qu’il ne comprenait pas la moitié des phrases que prononçait son aîné. Il avait cependant réussi à saisir qu’il devait se dépêcher de se lever et se préparer. Il avait hésité à ignorer sa demande et glisser de nouveau sa tête sous sa couverture pour se rendormir. Mais il se résigna à abandonner sa nuit pour maintenant en essayant de ne pas faire trop de bruit afin de laisser ses camarades beolsae dormir en paix. Quand il fut prêt et bien emmitouflé sous une grosse veste, il avait rejoint l’extérieur. Attendant que son aîné ne fasse son apparition. Le froid n’avait pas tardé à lui faire regretter d’avoir quitté son lit à une heure pareille. Heureusement que Ming Wei n’avait pas tardé à faire son apparition sinon il aurait probablement été tenté de retourner rejoindre le pays des songes enveloppé sous sa couette. “J’aurai encore pu dormir plusieurs heures sans problème.” Avoua le plus jeune ouvertement à son aîné avant de faire le tour pour venir se mettre au chaud dans le véhicule. Il faisait trop froid pour qu’il mente actuellement à son ami. “Euh… Je pense ? Il fallait que je prenne quelque chose en particulier ?” Comme il n’avait pas tout saisi au téléphone précédemment, il était possible qu’il n’ait pas compris qu’il devait emmener certaines choses. C’était pour cette raison qu'il l’attendait les mains dans les poches de sa veste hivernale avec simplement un bonnet et son téléphone. Il avait pris place à côté de son ami, souriant légèrement à sa remarque sur la ceinture alors qu’il était déjà en train de la mettre. “Wei-ge, je ne suis pas un enfant, je sais qu’il faut mettre sa ceinture.” C’était une question de sécurité, même si souvent c’était assez gênant pour s’installer comme on le désirait, le jeune chinois ne prenait pas de risque quand il prenait la route. “J’aimerai bien comprendre pourquoi je me suis fait réveiller de la sorte.” Car sinon il était parti pour dormir encore quelques heures de plus. Il ne s’était pas spécialement couché tard la veille mais il avait révisé une bonne partie de la soirée et était donc un peu fatigué. “Mais tu vas te retrouver tout seul si je dors.” Wang Ji n’avait pas envie de laisser son ami faire la route seul pendant qu’il dormait à côté. Même si il devait avouer que la proposition était très tentante et que si il s’écoutait il céderait à cette dernière sans la moindre hésitation. Néanmoins, avant de se laisser retrouver les bras de morphée, il voulait être certain que son aîné se porterait bien pour la route. Après tout, il s’était lui aussi levé tôt voir même encore plus tôt que lui.

Il était convenu qu’il aille le chercher en voiture. Dehors les lampadaires étaient encore allumés alors que la nuit était bien installée et resterait pendant un moment encore. Mingwei se doutait bien qu’il avait dérangé son ami lorsqu’il lui avait demandé de se sortir du lit pour une virée dans un lieu inconnu, et pourtant, il avait encore le culot de faire la moue lorsque Wangji lui fit la remarque qu’il aurait préféré encore dormir. Le sino-coréen se retint tout juste de répondre une phrase qui prouverait encore une fois de son immaturité mais à la place, il chassa rapidement les pensées un peu trop sombres et envahissantes de sa tête en ouvrant la portière pour le cadet. Ils étaient prêts à partir et non sans oublier de rappeler la ceinture de sécurité, le plus âgé des deux lança un regard en coin vers l’autre. « C’est pas une question d’être un enfant ! » Il était bien connu, dans le pays, que beaucoup trop de personnes (enfants et adultes) ne mettaient pas cette fameuse ceinture, provoquant ainsi des accidents, parfois terribles. Mingwei ne comprenait pas pourquoi elle n’était pas obligatoire même. Alors, jouant son rôle de mère à la perfection, il ne pouvait que lui rappeler.

« Je ne peux rien dire encore, tu verras ! » Il désirait garder le secret de leur destination le plus longtemps possible afin de surprendre au mieux le chinois. Il l’espérait en tout cas, car s’il avait été confident il y avait encore quelques minutes, la réaction de son ami l’avait fait douter.
Le moteur démarré, la voiture déjà partie pour rejoindre l’autoroute, Mingwei tapota sur la haut du crâne du plus jeune et lui dit qu’il pouvait dormir s’il le désirait. Ils avaient un peu de route à faire. Il eut un rictus, ou plus comme une exhalation du nez. Tout seul, le sino-coréen ne l’était jamais réellement, simplement parce qu’il avait toujours Qin Tian dans les parages, et que Wangji était juste à côté de lui. Il ne supportait pas la solitude pourtant, une simple présence à ses côtés suffisait pour le calmer. « Dors didi, je t’ai dérangé très tôt après tout. » Répondit-il dans un sourire amusé alors qu’il gardait les yeux fixés sur la route.

Il n’y avait pas grand monde, à part quelques taxis qui roulaient à une vitesse folle pour, sûrement, rejoindre au plus vite l’aéroport de Incheon. Mingwei se demanda s’ils arriveraient à atteindre la plage avant le lever du soleil, auquel cas, sa surprise serait complètement ratée. C’était silencieux. C’était agréable. Mingwei était un enfant de la ville était avait grandi dans le calme tellement bruyant qu’il s’y était étouffé. La campagne lui faisait parfois du bien, bien que les métropoles restaient sa zone de confort. La musique dans le véhicule, l’étudiant marmonnait, à défaut de pouvoir chanter pour ne pas déranger le plus jeune. La situation était déjà relaxante pour le cuisinier qui n’avait qu’une hâte : d’arriver. Et c’est ce qu’ils firent alors que le sino-coréen se gara dans un parking non loin de la plage pour, ensuite, se tourner vers le plus jeune. « Wangji, didi, réveille-toi, on est là. »

Wang Ji était à moitié réveillé, ou plutôt encore à moitié endormi, quand Ming Wei avait fait son apparition. Même si il était content de le voir, le sommeil se rappelait à lui sans attendre. Heureusement qu’il n’avait pas besoin de conduire car il aurait surement pu s’endormir au volant autrement. “Ne t’en fais pas Wei-ge.” Il lui avait sourit alors qu’il s’était déjà attaché pour le rassurer. Attendant que le plus âgé ne prenne la route, il s’était installé confortablement.

“Je me doutais que tu allais dire ca.” Wang Ji connaissait suffisamment son aîné pour savoir que ce dernier n’allait pas vendre la mèche aussi facilement. Mais de toute façon cela convenait au jeune chinois. Au moins il aurait la surprise quand ils seraient arrivés. Si Ming Wei avait choisi ce lieu c’est qu’il devait y avoir une bonne raison. Donc il lui faisait totalement confiance pour leur balade matinale.
Doucement, il avait sourit en sentant la main de son aîné sur sa tête. Ce gentil signe de ce dernier avant qu’il insiste pour qu’il se repose l’avait amusé. “Tu es certain ? Je ne veux pas te laisser seul.” Il avait précisé une nouvelle fois avec une petite moue adorable. Certes il l’avait sorti de son lit mais ça ne voulait pas dire qu’il acceptait de le laisser seul. En tant qu’ami s’était normal qu’il s'inquiète aussi pour son aîné. Même si il savait que Ming Wei allait râler si il comprenait qu’il s’inquiétait pour lui.

Finalement, le sommeil avait eu raison de lui et il avait sombré sur la route. Faisant confiance à son chauffeur pour l'amener à bon port. Il ne s’était réveillé que lorsque la douce voix de Ming Wei lui avait été adressée. Il aurait probablement pu continuer à dormir si ce dernier ne l’avait pas fait. Lentement il avait ouvert les yeux, reprenant conscience de où il se trouvait. “Maintenant je peux savoir où on est ?” Demanda le jeune chinois d’une voix endormie mais aussi curieux de savoir où il l’avait emmené de son bon matin. Car il devait y avoir une raison valable pour l’avoir fait se lever avant même que l’aube l’ait fait.
Il avait fermé sa veste correctement avant d’ouvrir la portière. Rencontrant rapidement le froid extérieur, ce qui l’aida à se réveiller presque instantanément. Se disant l’espace d’un instant que sa couette bien chaude lui manquait. “On fait quoi maintenant Wei-ge ?” Il ne savait pas ce qu’il avait prévu donc il préférait demander afin de mentallement se préparer à ce qui l’attendait. Surtout sans petit déjeuner, la faim commençait doucement à se réveiller elle aussi.

Presque coupable, Mingwei avait envie que le cadet se repose. Ils avaient de la route et c’était l’idéal pour Wangji de dormir car son aîné s’était occupé de tout. Alors il insista, profitant pour glisser la main dans ses cheveux, ses yeux ne quittant pas la route. « Tu ne me laisses pas seul didi, même endormi t’es avec moi. » Si le sino-coréen ne supportait pas de rester seul, une simple présence suffisait pour calmer ses angoisses. Alors le chinois pouvait dormir tranquillement, sans se soucier du plus âgé.

Le route était longue, mais calme. Peu de monde s’y trouvait par cette heure matinale et Mingwei ne put s’empêcher de jeter des coups d’œil à son cadet qui était tout simplement très adorable lorsqu’il dormait. Le cuisinier l’enviait presque un peu, lui qui était tombé malade depuis qu’il avait respiré ces maudites vapeurs quelques moins plus tôt. Lui, qui préférait dormir que de faire quoique ce soit (les deux exceptions étant la cuisine et Qin Tian). Finalement, ils étaient arrivés. L’étudiant n’hésita pas à réveiller Wangji, utilisant une fois douce, enfantine. « Suis-moi, je te dirai en chemin, il ne faut pas perdre de temps. » Il sortit du coffre un énorme sac à dos de randonnée, à croire qu’ils étaient partis pour camper alors qu’il avait simplement prévu de quoi prendre leur petit-déjeuner devant le soleil levant. Il ne voulait manquer se spectacle pour rien au monde, bien qu’il était encore triste que son meilleur ami n’avait pas pu les rejoindre. « Prends la couverture didi, et la boite dessus, fais attention hein ! » Les affaires sorties de la voiture, Mingwei referma le coffre et verrouilla le véhicule. « Suis-moi ! » Il prit les devants et avança dans le parking, jusqu’à la sortie. Tout était calme, la nuit était encore bien présente, ils n’étaient pas encore en retard au grand soulagement de plus âgé. « Didi, je sais qu’il est tôt mais on va être en retard ! » Râla-t-il alors qu’il était celui qui les ralentissait à toujours se plaindre que le sac à dos était beaucoup trop lourd. Il avait, une nouvelle fois, cuisiné beaucoup trop de plats pour lui et le chinois et son sac en était rempli. Mandu, tteokbokki, pajeon, riz et encore plein d’autres dignes d’un vrai petit-déjeuner coréen.

Enfin, ils atteignirent la plage. Mingwei descendit les quelques marches encore en bitume, puis fit signe à son cadet de le rejoindre. « Allez, ça va commencer, vite ! » Il s’installa en haut d’une petite colline, pour avoir une belle vue sur la mer. Le soleil était encore timide, caché derrière l’horizon. Mingwei prit la couverture des mains du chinois puis l’étala sur le sable. « Installe-toi ! » Elle était assez grande pour cinq personnes, alors c’était largement suffisant pour Wangji, Mingwei et tous les plats. Petit à petit, le sino-coréen sortit les plats préparés, le thermos contenant le thé et enfin une autre couverture qu’il mit sur les épaules de son cadet pour s’assurer qu’il n’attrape pas froid. « Maintenant observe le spectacle ! » Au fond de lui, il était inquiet que Wangji râle pour l’avoir fait se lever simplement pour voir le soleil en faire de même.

Wang Ji n’en voulait pas à son aîné de l’avoir sorti du lit même si honnêtement il aurait pu dormir encore plusieurs heures. La preuve il avait insisté un peu pour lui tenir compagnie. Même si au finale le sommeil avait eu raison de lui et il était retourné au pays des songes pour le restant du trajet. Ce n’est qu’une fois arrivé que Ming Wei l’avait réveillé, lui faisant reprendre conscience qu’il n’était plus dans son lit. Mais aussi et surtout qu’il fallait qu’il se bouge pour affronter un peu le froid extérieur. Car il doutait fortement que son aîné l’ait fait sortir de son lit pour rester enfermé dans sa voiture. Ce dernier ne tarda d’ailleurs pas à lui confirmer ses pensées. “On est obligé de se presser autant ?” Il n’était pas du genre à se plaindre. Néanmoins il devait avouer que comme il venait juste d’émerger ce n’était pas encore simple pour se faire très réactif. Mais il essayait de faire de son mieux pour arriver à suivre l’énergie qu’avait son aîné. Peut être que dormir dans la voiture n’était pas la meilleure idée qu’il ait eu ce matin. En tout cas, il voulait faire un effort pour ne pas pourrir le mood actuel. “Je m’en charge Wei-ge.” Wang Ji avait attrapé la couverture ainsi que la fameuse boîte, faisant attention à ne rien faire tomber. Surtout qu’il ne savait pas le contenu de la boite donc il valait mieux être prudent au cas où. Il n’avait pas envie d’abimer quoi que ce soit et s’en voudrait si ça venait à arriver. Suivant les pas de son ami, tout en faisant attention où il mettait les pieds. “En retard pourquoi ? Il fait encore nuit et on est les seuls à être levés.” En même temps, vu l’heure ce n’était pas très étonnant qu’ils soient les deux seuls idiots réveillés à traîner dans le froid. Il riait en entendant son aîné se plaindre de son sac à dos sans même en connaître le contenu. Connaissant Ming Wei avait sûrement trop chargé ce dernier et maintenant regretter ce qu’il avait fait.

Ça avait surpris le jeune chinois de voir la plage devant lui. Continuant de suivre Ming Wei pour rejoindre le haut d’une des dunes. Aidant son ami à tout mettre en place pour qu’ils soient bien installés. La nuit était encore bien présente et avait fait preuve de suffisamment de patience pour leur laisser le temps de se poser correctement. Retirant ses chaussures, il était venu s’installer sur la couverture moelleuse. Il avait observé Ming Wei sortir tous les plats du sac à dos. Souriant doucement en voyant la quantité improbable qu’il avait encore fait alors qu’ils n’étaient que tous les deux. “Wei-ge, tu n’en aurais pas fait un peu trop par hasard ?” Il ne voulait pas que cela sonne comme un reproche mais il voulait éviter le gâchis de nourriture qu’il pourrait y avoir. Surtout quand son aîné prenait autant soin de lui que c’était le cas à l’heure actuelle. “Oui Wei-ge. Mais viens là tu vas attraper froid.” Il avait fait signe à ce dernier de se rapprocher pour se mettre aussi sous la couverture. Après tout, il s’en voudrait si Ming Wei venait attraper froid alors que lui était bien au chaud sous la couverture. Il pouvait bien lui faire une petite place pour qu’il soit au chaud aussi. “Il y a une raison particulière pour que tu ais voulu voir le lever de soleil aujourd’hui ?” Le plus jeune était un peu curieux de savoir la raison qui avait poussé son aîné à les amener ici aujourd’hui. Non pas qu’il regrettait le spectacle qui se déroulait devant ses yeux mais il voulait simplement comprendre. La preuve il fixait l’horizon avait intérêt attendant que le soleil se fasse plus motivé à pointer le bout de son nez.

Quand avait été la dernière fois que Mingwei était sorti de la capitale ? C’était une chose tellement rare car Qintian se trouvait dans cette capitale. Oh, ils pouvaient faire un road trip, tous les deux, seuls contre le monde et Wangji n’était pas le premier passager que le sino-coréen prenait en voiture. Surtout qu’avec le chinois, ils en avaient fait des choses en voiture, et pas seulement en rapport avec la conduite. Il ne savait pas ce qui lui avait pris, pourtant ça l’avait pris. La mer avait pris l’homme. La couverture au sol, le cuisinier s’était empressé d’y installer tout ce beau bordel qu’il avait amené avec lui. Bien évidemment qu’il y avait beaucoup trop de nourriture prévue, mais c’était ainsi qu’il montrait son amour à ses proches, c’était ainsi qu’il leur donnait la preuve qu’il tenait réellement à eux, lui qui avait bien trop peur de tout perdre un jour, de se retrouver coincé dans la solitude. Une rapide pensée lui souffla néanmoins à l’oreille qu’il ne pourrait être seul car sa moitié était serait là pour le rattraper. «  Tu crois, qu’il y a trop ? » Il ricana, presque gêné. «  C’est pas grave, tu pourras repartir avec les restes. » Ce n’était pas Mingwei qui allait les manger, lui qui ne prenait aucun plaisir dans cette activité nécessaire. Le comble pour un cuisinier, pourtant il ne mangeait que très peu et seulement dans le but de rester en forme, rien d’autre.

Lorsque le cadet l’invita à se mettre au chaud sous la couette, l’étudiant n’hésita pas. Il se colla même un peu trop du petit chinois qu’il attrapa dans ses bras pour le serrer bien fort. « Tu m’as manqué mon petit didi. » Ça ne faisait pourtant pas longtemps depuis leur dernière rencontre, à laquelle Qintian avait été invité, cette fois. « Pourquoi je devrais avoir une raison pour vouloir voir le soleil se lever avec mon didi préféré ? » Et pourtant le regard du plus âgé se perdait un peu trop longtemps sur l’horizon. Peut-être aurait-il dû penser à prendre des lunettes de soleil pour ne pas qu’ils se brûlent les yeux. C’était trop tard déjà. Mingwei n’avait aucun raison de se sentir triste. Il était entouré de personnes merveilleuses, qu’il aimait profondément autant qu’ils l’aimaient. Et, même si un de ses ami le lâchait, il pouvait toujours se raccrocher à sa moitié, son âme-sœur. Le Yang de son Yin. « Oh, ça commence. » Dit-il d’une petite voix alors qu’il posa sa tête sur l’épaule de Wangji. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres alors. Il trouvait se spectacle si beau, beaucoup trop beau. Le sino-coréen ne méritait pas un tel spectacle, pas alors que ses mains étaient salies du sang des autres, pas alors qu’il perdait petit à petit le contrôle de ses pensées, de son corps. Qintian lui avait promis qu’à deux ils trouveraient une solution, mais en attendant il restait un homme dangereux qui pouvait vriller à la moindre occasion. « Aaah c’était trop court ! » Il se plaignait comme un enfant, avant d’attraper un thermos pour servir du thé. « Tiens, réchauffe-toi. » Il se servit lui-même du café et bu une première gorgée avant de grimacer à cause de la chaleur. « Alors, didi, quoi de neuf dans ta vie ? Une fille, un garçon ? Juste les études ? Gege veut tout savoir encore. » Comme fatigué, il reposa de nouveau la tête sur son épaule. Il était toujours malade après tout.

Wang Ji avait souri en voyant l’énorme quantité de nourriture préparée par son aîné pour l’occasion. Encore une fois, ce dernier avait dû avoir peur de manquer et en avait fait pour un régiment. Mais ça le jeune chinois en avait l’habitude, alors il le taquina gentiment là dessus. “Presque certain. Tian-ge aurait pu être là qu’il y en aurait eu assez pour nous tous.” Ce qui était la stricte vérité et montrait aussi que la présence de leur ami était importante dans sa vie. “Je vais avoir de quoi manger pendant plusieurs jours avec cela.” Ce n’était aucunement un reproche mais une réalité. Puis c’était l’occasion de taquiner un peu Ming Wei.

Le jeune homme n’avait pas hésité longtemps à inviter le plus âgé à venir se mettre sous la couverture. Il refusait que ce dernier n’attrape froid alors que lui était bien au chaud. “Wei-ge, tu sais très bien que je ne suis pas petit.” Même si ce n’était pas vraiment nécessaire de rappeler cela. “Je ne sais pas. C’est pour cela que je t’ai posé la question.” Et pour savoir si il y avait eu d’autres raisons dans la tête de son aîné derrière ce geste. Après tout, si ça avait été le cas il n’aurait pas hésité à se montrer là pour lui. Donc il profitait pleinement de ce qu’avait organisé son ami. Ce n’était pas tous les jours qu’il avait l’occasion de voir le soleil se lever de cette manière là. Cela faisait même longtemps qu’il n’avait pas vu un lever de soleil à cause de son emploi du temps. L’homme sourit doucement en sentant la tête de Ming Wei venir élire domicile sur son épaule. Respirant doucement pour ne pas le déranger pendant ce magnifique spectacle qui s’offrait à eux. Il voulait que son ami passe aussi un bon moment. Car il savait que le lever de soleil se ferait plus vite qu’ils n’auraient le temps de totalement le savourer. Le jeune chinois, observait la boule lumineuse s’élever de plus en plus dans le ciel. Les lumières étaient splendide et si il avait su qu’il venait ici, il aurait prévu son appareil photo pour immortaliser cet instant. Mais il n’avait que son téléphone et était certain que ce dernier ne saurait pas rendre hommage à la beauté qu’il avait devant les yeux. “Dommage que ça ne dure pas plus longtemps.” Il aurait été capable de passer la journée à regarder le soleil se lever sans bouger. Il sourit en voyant le gobelet de thé chaud. Venant doucement prendre ce dernier en faisant attention à ne pas en renverser sur lui ou la couverture. “Merci.” Wang Ji était amusé de voir combien son aîné avait pensé à tout. “Je te l’ai déjà dit l’autre jour. Il n’y a pas de tout ça dans ma vie. Juste les cours et les entraînements.” Ce n’était pas comme si il avait un réel intérêt pour l’Homme en général. Quand il ne révisait pas ou n’était pas entrain de danser, on le trouvait le nez plongé dans un bouquin d’histoire. Donc il n’était pas vraiment l’homme le plus intéressant qui soit, il en avait conscience. “Mais je suppose que tu dois être plus occupé que moi avec tout ce que tu fais et ton boulot Wei-ge.” Wang Ji le respectait d’ailleurs beaucoup sur ce dernier point car lui n’avait pas la nécessité de devoir travailler pour payer ses études.

Un rire franc sortit de la gorge du sino-coréen alors qu’il pensait bien que Qintian aurait été ravi de les accompagner dans ce petit voyage improvisé. Bien qu’un peu triste comme à chaque fois que Mingwei n’était pas en présence de son meilleur ami, il savait qu’il aurait dévoré tous les plats et n’aurait laissé aucun restes pour le plus jeune des trois. Il se contenta alors de prendre des photos, de la nourriture étalée sur la nappe, du soleil et de l’horizon, de Wangji et d’eux deux. Il y rajouta quelques autres photos de lui-même et envoya le temps à sa moitié non pas pour le faire rager de ne pas être avec eux (bien qu’un peu quand même) mais pour donner l’impression qu’il était avec eux. Tous les deux coincés sous la petite couverture, l’étudiant faisait déjà la moue. Il n’avait pas eu besoin d’être rappelé qu’il était le plus petit physiquement des trois alors qu’il était censé être l’aîné de ce petit trio. « Tout ce qui est petit est mignon de toute façon. » Le spectacle qui s’offrait à eux était magnifique et Mingwei était complètement hypnotisé par toutes ces différentes teintes, toutes ces lumières qui étaient sublimes et tellement dangereuses. Ne disait-on pas qu’il ne fallait jamais regarder ainsi le soleil ? Qu’il fallait au moins mettre une paire de lunettes protectrices ? Ou pourtant les deux garçons faisaient tout le contraire. Le sino-coréen était idiot, mais il espérait que son ami l’était moins n’allait pas se brûler la rétine. Mais bien que dangereux, ce spectacle était trop court aux goûts des deux amis qui n’avaient pas hésité de l’annoncer. Aussitôt le soleil était complètement sorti de sa cachette que Mingwei sortit le thé pour le plus jeune. Le spectacle était fini et ils n’avaient plus réellement de raison de rester sur cette plage, seulement l’étudiant voulait profiter de la présence du cadet quelques temps. Et surtout qu’après tant d’heures de route, il serait dommage de repartir maintenant. Alors qui donnait du thé, demandait autant de thé et le plus âgé ne put s’empêcher de poser les fameuses questions qui étaient réservées aux membres de la famille, celles qui mettaient la gêne voir pouvait agacer. Et quelle déception fut-il d’apprendre que la vie de son ami n’était pas des plus palpitantes. Il avait parfois envie de le remuer, de le faire rencontrer des gens mais en même temps de lui dire que restait ainsi était parfait, qu’il n’avait pas besoin de plus, tant qu’il était heureux. Il était un mauvais exemple, lui qui rencontrait beaucoup de monde, draguer, couchait avec des inconnus souvent. Il ne souhaitait pas la même chose pour son ami. « Si tu rencontres quelqu’un, tu me le dirais ? » Il y avait une pointe de tristesse dans sa voix, presque inaperçue mais pourtant présente. C’était la peur qui parlait, ainsi que ses insécurités. Il ne voulait pas voir le chinois s’éloigner de lui et bien qu’il lui faisait confiance, il ne pouvait s’enlever de la tête qu’un jour il serait occupé par quelqu’un d’autre. « Tant que tu es heureux, didi. » Il ne pensait pas l’avoir dit à voix haute, mais regarda l’horizon, comme pour tenter d’échapper à la réalité. « Je ne suis pas si occupé que ça, j’ai pris des heures en plus au travail, mais c’est bien parce que je vais rarement en cours. » Il avait surtout besoin d’une distraction, de s’occuper l’esprit. La cuisine était une bonne aide, d’où les quantités qu’il créait à chaque fois, mais le sexe en était une autre au final. « Si on me forçait pas à sortir le soir, aussi. Je pourrais dormir un peu plus. » Notamment depuis qu’il avait sympathisé avec Jinkyung, les soirées s’enchaînaient un peu plus souvent. Qintian lui répétait pourtant de faire attention à cause de cette maladie qu’il avait attrapé depuis l’explosion, pourtant c’était plus fort que lui. « Comment va cette fille, ta fameuse partenaire de projet ? » non, il n’avait toujours pas lâché l’affaire. « Quel était son nom déjà ? »

Le jeune chinois avait observé son aîné prendre un tas de photos pour leur ami. Sachant parfaitement que Qin Tian serait un peu déçu de ne pas avoir pu être avec eux. Mais n'était-ce pas l’excuse parfaite pour refaire un voyage de ce type une prochaine fois pour qu’ils puissent être là tous les trois à en profiter. Il était certain que ses deux aînés ne seraient pas contre, surtout si il leur proposait l’idée. Wang Ji profita de ce moment tranquille pour doucement taquiner son ami sur sa taille. Sachant que c'était un sujet sensible pour lui vu qu’il était le plus âgé de leur petit trio. “Evidemment que tu es mignon Wei-ge.” Un léger rire passa ses lèvres après qu’il eut répondu, amusé de la réaction enfantine de camarade. Il profitait grandement du spectacle qui se déroulait devant leurs yeux. C’était une vue sublime et de courte durée qui s’était présentée à eux. Leurs laissant de magnifiques images ancrées dans leurs mémoires. Une chose était certaine, c’était que Wang Ji se souviendrait de ce joli lever de soleil bien plus que du froid glaçant présent aujourd’hui. Heureusement que Ming Wei avait prévu le coup sinon ils auraient fini congelés en quelques secondes. D’ailleurs, le jeune homme ne dit pas non quand on lui proposa un thé encore bien chaud. Venant prendre la petite tasse entre ses doigts pour réchauffer ses mains un peu froides. Restant installé au chaud sous la couverture en observant un peu l’horizon et son ami qui faisait son curieux. Donc il répondit en toute honnêteté à ce dernier. Il ne se passait pas grand-chose dans sa vie. Il passait le plus clair de son temps à réviser et s'entraîner donc ce n’était pas très étonnant. C’était ses habitudes de vie, aller en cours, s'entraîner et réviser. Et de temps en temps il sortait voir Qin Tian et Ming Wei ou donnait un cours de mandarin. “Bien sûr que je te le dirais Wei-ge. Mais tu devrais savoir que je passe le plus clair de mon temps libre le nez dans un livre donc il y a peu de chance pour que cela arrive.” Les livres d’histoire étaient une véritable passion pour le jeune chinois. Alors il n’était pas rare de le voir plongé dans l’un d’eux et donc à ne pas faire attention au monde environnant. “Je le suis, ne t’inquiète pour ça." Du moins il essayait de faire en sorte de toujours l’être. Certains jours, il lui arrivait aussi de ne pas avoir le moral. Ce qui était normal, il vivait loin de sa famille et ces derniers lui manquaient parfois. Mais rien de quoi s’alarmer inutilement. “Oh ? Tu as pris des jours de repos ? Je ne savais pas. Tu en profites pour te reposer j’espère.” Car selon Wang Ji s’était ce qu’il fallait faire quand on prenait des jours de repos. Même si il était sûrement le premier à faire encore plus quand il était en vacances en Chine. Mais ça il n’allait pas le dire à son aîné pour ne pas l’inquiéter. “Tu devrais apprendre à dire non Wei-ge, car personne ne te force à le faire. Du moins je pense.” Evidemment ce n’était pas toujours facile de dire non. Mais là c’était surtout parce que Ming Wei devait en avoir aussi envie qu’il finissait toujours par céder. “Sena ? Je ne sais pas trop. Nous ne sommes pas très proches. On se voit seulement de temps en temps pour avancer sur le projet, rien de plus.” Wang Ji ne comprenait pas pourquoi son aîné continuait d’insister avec cette demoiselle alors qu’il lui avait déjà dit qu’il n’y avait rien entre eux. Il n’était pas intéressé, n’y par elle, n’y par une autre de toute manière. “Je te l’ai déjà dis il n’y a rien entre nous. Tu te fais des idées Wei-ge.” Dit-il en lui souriant doucement pour le rassurer. Ce n’était pas quelque chose de mauvais pour le jeune chinois. Il savait de toute manière qu’il finirait avec la personne choisie par ses parents donc autant ne pas se prendre la tête. “Et toi Wei-ge. Tu en es où ? Tu as rencontré quelqu’un depuis Tian-ge ?” Ce n’était normalement pas le style du plus jeune de poser ce genre de question. Mais comme il n’était que tous les deux et que son aîné avait abordé le sujet en premier. Il s’était permis de faire de même.