Depuis votre promesse avec pour seul témoin la lune, vous vous fréquentez un peu plus. Tu lui envoies souvent des messages, un peu trop surement. Il doit te prendre pour un koala. Surtout que la plupart du temps c'est pour dire tout et n'importe quoi. Il ne répond pas à tous mais tu sais qu'il a un emploi du temps chargé avec ses cours et son agence. D'ailleurs hier tu ne l'as pas croisé dans les couloirs et il n'a toujours pas répondu à ton message. Tu voulais savoir si tu pouvais venir bosser ta musique chez lui, dans son studio. Pour une fois tu n'as pas trop de boulot ce week end, tu veux donc travailler une composition perso. Comme tu n'as pas eu de réponses de sa part, tu as décidé de te pointer chez lui. Ok tu un peu envahissant mais c'est lui qui t'a proposé après tout. Tu es arrivé avec des boissons chaudes et des pâtisseries pour le petit déjeuné, ben oui il est un peu tôt. T'es pas une lève tard, tu es donc presque sûr de le réveiller. Après plusieurs sonneries chez lui, tu comprends qu'il n'est pas là. Tu trouves ça bizarre et ça te fait même un peu flipper. Est-ce qu'il a passé la nuit dehors ? Est-ce qu'il est allé en soirée pour se mettre à l'envers. Tu le penses mais tu ne lui en veux pas. Il t'a promet de se battre mais la victoire ne peut être obtenu en un jour. Quoi qu'il en soit tu décides d'attendre devant chez lui. Il va bien finir par rentrer. Tu as déjà essayer de l'appeler au moins deux fois et tu lui as envoyé des messages, lui faisant comprendre que t'es plus têtue qu'un tiroir coincé et que tu ne bougeras pas de là sans avoir eu de ces nouvelles. En attendant, tu t'es mis la musque dans les oreilles et tu danses sur le trottoir. Tu n'en as rien à faire du regard des autres et surtout ça te réchauffe.

« Je suis crevé… je reviendrais plus tard… » lui disais-je presque lassé. J’esquissais un sourire tendre, pour la rassurer. Un baiser sur son front avant de m’en aller. Je ne voulais pas qu’elle lise en moi ce dépit, ce dégout presque d’en arriver là. Elle ne m’avait demandé ça que pour… l’aider. Et je tenais le coup. Pour lui, et pour elle. Yohan aurait surement voulu que je fasse ça pour Srey. Elle m’avait demandé de jouer son rôle. Juste quelques temps… mais c’était dur. De devoir être lui. De rester là, à observer ces visages que je ne connaissais pas. Je n’aimais pas cette ambiance… cette famille si particulière. Ce n’était pas moi. Ma vie était différente de la sienne… je le savais mais y être confronté de cette façon c’était difficile. Je le faisais, je me forçais, mais en réalité j’étais effrayé. Si on apprenait que je n’étais pas lui ? Que risquerons-nous ? J’avais vu le sort qu’on avait voulu réserver à Yohan en lui tirant dessus… j’imaginais qu’il en serait de même pour moi. Déglutissant, j’étais monté dans cette voiture trop belle et trop chère pour moi. Le chauffeur était silencieux, il faisait déjà jour dehors. Je tentais tellement de lui ressembler que je n’avais rien qui m’appartenait surmoi. Je portais ses vêtements, j’avais caché mes tatouages, et j’avais ses propres bijoux. Je n’avais pas mon téléphone sur moi non plus. Pour éviter que quelqu’un m’appelle… je soupirais, fatigué. Quand je rentrais, un poids s’enlevait toujours de mes épaules. La voiture s’arrêta devant mon immeuble. Je remerciais le chauffeur, avant d’en sortir. Habillé dans un costume de marque, que je n’avais pas pu m’offrir, j’avançais vers la porte. Quand j’apercevais subitement une silhouette devant qui dansait… je ne savais pas pourquoi, un sourire naissait à la commissure de mes lèvres. Rin… encore dans son monde pensais-je et pourtant je la trouvais amusante. Mais je me rappelais trop vite que je n’étais pas vraiment moi-même… fronçant les sourcils, j’avançais vers elle avant d’apparaitre dans son champ de vision. « Rin… qu’est-ce que tu fais là ? » j’étais un peu nerveux. J’avais l’air si différent… un peu tendu, j’observais autour de nous. Est-ce que ce chauffeur l’avait vu ? Je ne voulais pas qu’elle soit associée à toutes ces merdes… « Tu attends depuis longtemps ? » je n’avais pas envie de la renvoyer chez elle. Passant une main dans mes cheveux, je préférais qu’on ne tarde pas trop devant mon immeuble. J’en devenais presque parano… j’espérais qu’elle ne verrait rien, mais j’étais clairement aux aguets. L’invitant à entrer, je jetais un coup d’œil derrière nous avant de lui dire « Je suis désolé… j’étais occupé. » est-ce qu’elle me trouverait bizarre ? Je tentais désespérément de cacher ces pansements aux doigts, ceux qui cachaient mes tatouages. Parce-que mon frère n’en avait pas à cet endroit… penserait-elle que j’étais sortie en soirée ? Je n’en savais rien, je ne savais même pas quelle excuse je pourrais trouver.

Tu sursautes presque quand Il Kyang apparait devant toi. Tu étais tellement à fond dans ta danse que tu n'as rien remarqué. Tu n'as d'ailleurs pas entendu sa première phrase car tu avais encore les écouteurs. Cependant sans entendre le son de ta voix, tu as l'impression qu'il est nerveux. Il dégage une aura différente et ça t'arrache une frisson. Malgré tout tu affiches un sourire parce que tu es contente de le voir. A sa question, tu fronces les sourcils en soupirant

Un peu mon neveux ! C'est à cette heure-là qu'on rentre ? Je t'ai envoyé un tas de message.

Tu plaisantes bien sûr mais si il y a un fond de vérité dans ton inquiétude. Tu te tournes pour attraper les pâtisseries et les boissons chaudes. En reportant ton attention vers lui, tu as vu la voiture avec chauffeur en arrière-plan et lui étrangement mal à l'aise. Il t'invite d'ailleurs à rentrer, ce que tu acceptes sans pour autant te gêne pour observer la voiture disparaitre. Ton cerveau fonctionne à mille à l'heure. Tu as beau être naïve, tu es loin d'être stupide. Il serait rentrée en taxis complètement déchiré s'il avait été à une soirée. A moins qu'il sort d'une soirée avec la haute par rapport à son agence. Tu n'en sais rien mais toutes les possibilités te passent en tête. Pour autant tu reprends, voulant t'expliquer sur ta présence ici aussi tôt.

Je t'ai envoyé un tas de message, je voulais bosser sur du son, tu veux m'aider ?

Tes soupçons ne s'arrangent pas lorsqu'il s'excuse sans s'expliquer. Oh il ne te dit pas tout c'est évident, cependant ce matin il a l'air différent. L'habit ne fait pas le moine mais ce costume lui donne un air étrange, est-ce que tu te fais des idées ? Peut-être. Aussi tu ne dis rien, jusqu'à ce que vous soyez dans l'ascenseur.

Ça va ? T'as l'air bizarre ? T'as passé une sale nuit ?

Elle m’avait fait rire avec sa remarque, pourtant j’étais encore nerveux. Depuis quelques temps c’était vrai, on se parlait souvent. On s’envoyait souvent des messages. On partageait nos gouts, nos trucs à nous… je ne savais pas réellement ce que je cherchais ou ce que j’attendais. Mais je la trouvais fraîche. Elle apportait surement un plus à ma vie. Quelque chose de plus serein, de plus positif peut-être ? Je n’en savais rien. Je n’y pensais pas vraiment. Je laissais les choses se faire naturellement. Et j’appréciais lui parler… alors… la trouver là ce matin. Ça ne me gênait pas. Je lui avais moi-même proposé de venir quand elle voulait. En entrant, je tentais de chasser mes idées, tout comme de masquer ces choses bizarres sur moi. J’avais l’air de tout, sauf de moi-même. Et je détestais ça… surtout en face d’elle. Je ne savais pas pourquoi ça me dérangeait autant. « Ouais bien sûr. » lâchais-je avant de la suivre dans l’ascenseur. Un coup d’œil à mon reflet et voilà que je me tendais davantage. Je détestais ce que je voyais… pour ceux qui ne le savaient j’aurais été Il Kyang. Mais je ne voyais que… Yohan. Et ça me perturbait… me raclant la gorge, je frottais mon cou, retirant le pansement que j’avais pour masquer mon tatouage derrière l’oreille. « Oui ça va… » Mais je grimaçais, avant de me regarder à nouveau. J’avais cette brusque odeur de fumée sur moi… le sentait-elle aussi ? Me décalant un peu, je souriais nerveux « J’ai pas dormis… » Au moins j’étais honnête. « C’est pour moi ça ? » je pointais du doigt les sachets qu’elle tenait dans les mains. Souriant, je tentais d’avoir l’air de… moi-même. Mais j’étais encore un peu perturbé. Heureusement pour moi, l’ascenseur arrivait à mon étage. Lui ouvrant la porte de chez moi, je retirais mes chaussures avant de lui dire « Tu peux poser le tout dans la cuisine… » Et en souriant « J’ai rangé. » J’espérais qu’elle le remarquerait. J’avais réellement tout nettoyé… à part quelques fringues qui trainaient de la veille. Soupirant lentement, je me redressais, retirant un à un ces attirails qui faisait de moi Yohan. « Le studio est par là. » je lui indiquais la porte plus loin en allant dans le couloir. Lui ouvrant, je lui montrais la pièce « Fais comme chez toi… je vais prendre une douche… » Car je voulais me débarrasser de tout ça. Et surtout de cette odeur qui n’était pas la mienne… grimaçant un peu, j’étais épuisé par la nuit que je venais de passer. Je n’avais pas dormis et je repensais à toutes ces choses qu’on me demandait. Parfois j’étais tellement stressé à l’idée de faire une bêtise… Allant dans ma chambre je récupérais des affaires propres, avant d’aller jusqu’à la salle de bain.

Tu es heureuse qu'il accepte de bosser avec toi sur ton morceau. Cependant il y a un gout d'amer. Tu n'as pas manqué le regard qu'il s'est jeté et ça t'a serré le cœur. Tu ne sais pas ce qu'il a, il n'a pas l'air lui. Ce style ne lui va pas et tu remarques qu'il a caché son tatouage dans le cou. C'est évident qu'il y a quelque chose qui cloche mais quoi ? Il élude la question, prétextent juste qu'il n'a pas dormi. Tu le regards à travers le miroir et lui offre un sourire compatissant. Tu n'as pas le temps de répondre qu'il détourne la conversation. Tu élargi ton sourire, espérant par cette attitude retrouve le Il Kyang que tu connais.

A ton avis ? Vu ta tête, j'aurais dû te prendre un double expresso.

L'ascenseur arrive à destination et tu lui emboites le pas. Tu ôtes tes baskets sans même te baisser et te dirige vers la cuisine à son invitation.

Oh c'est vrai ? Qu'est ce qui t'a décidé ? T'avais plus de bols propres.

Tu le taquine avec un sourire déposant les pâtisseries. Tu constates en effet que l'appartement a meilleur mine contrairement à lui d'ailleurs. Tu l'observes disparaitre en soupirant en silence. Tu t'inquiètes pour lui. Tu sais qu'il a des soucis, d'alcool, de drogue et surement d'autres. Malgré votre rapprochement ces derniers temps, tu as encore l'impression qu'il est plein de mystères. Ta nature curieuse veut savoir mais pour l'heure tu as rejoint ton studio, empotant avec toi les deux boissons chaudes, qui doit être tiède maintenant.

Tu as fait comme il a dit, comme chez toi. Tu as sorti ton ordinateur que tu as branché à son installation. Ton casque à moitié sur les oreilles, tu lances le début de la piste. D'un oreille tu guettes sa sortie de la douche. Est-ce que tu te fais un peu de souci ? Oui, complètement. Il n'avait pas les yeux vitreux d'un alcoolique qui rentre de beuverie. Il sentait la cigarette, l'alcool et le parfum, est-ce que ça t'intrigue, évidement. Pourtant lorsque tu l'entends sortir, tu attends qu'il te rejoigne de lui-même. Quand il arrive, tu lui tends son café avec un sourire.

Tiens, ça te fera pas de mal ! J'ai laissé les pâtisseries dans la cuisine, si tu veux. Est-ce que tu veux écouter ?

Spoiler:

Comme souvent lorsqu'il s'agit de musique, tu n'attends pas sa réponse. Tu envoies le son sur les enceintes de ton ordinateur, les yeux rivés sur le logiciel. C'est loin d'être parfait, tu as bossé toute la nuit dessus. Pourtant tu as l'impression qu'il manque quelque chose, c'est pour ça que tu veux son avis.

Est-ce qu'on ajouterait pas un peu de piano, ou des basses à la fin, comme un cœur qui bat…..

Tu t'es tourné vers lui, te rendant compte que tu es peut être trop enjoué au vu de son humeur. Au fond tu espères pouvoir lui transmettre un peu car ce n'est pas la chanson qui apportera de la joie. Elle est plutôt sombre et oppressante, c'est ce que tu réalises en lui faisant écouter.

Elle me faisait sourire avec ses remarques. Loin de me braquer ou de le prendre mal. Elle avait raison, j’avais une mine à faire peur. Quant à mon appart… je m’étais décidé simplement parce-que j’avais eu honte de lui montrer… ça. Je me rendrais compte que même Kitae qui pourrait passé à l’improviste me sermonnerait. Souriant à ses plaisanteries, je lui avais quand même indiqué où se trouvait le studio. J’avais tout bien organisé ici, l’isolation était parfaite et il était spacieux. Assez pour contenir tous mon matos de mixage, mes trois guitares et mon synthé… j’aurais dut lui dire qu’elle pouvait s’en servir d’ailleurs. Mais j’étais parti me réfugier sous une douche. J’avais évité d’observer à nouveau mon reflet, retirant le reste de ces pansements ridicules. J’espérais pouvoir me laver de tout ce qu’avais sur la peau, et même de ces sensations étranges. Je n’étais pas à l’aise à l’idée d’être Yohan… j’avais l’impression de duper son monde. Son univers à lui… c’était mon jumeau certes, mais nous avions nos vies bien distinctes… J’aurais peut-être eut besoin de rester seul un peu, mais la présence de Rin chez moi me faisait du bien. Je crois que dans un sens ça me rassurait. Comme quelque chose qui me rappelait que j’étais… moi. En sortant, je me dépêchais un peu. La pauvre avait pris des cafés, ils allaient être froids. Enfilant des fringues plus décontractées, je soupirais doucement… me sentant un peu plus à l’aise désormais. Arrivant jusqu’au studio, Rin me tendait ma boisson. Jetant un coup d’œil à la cuisine. « Fais tourner. J’écoute. » Lui disais-je, avant d’aller chercher les pâtisseries et revenir. Le son était un peu bas, surement parce qu’elle l’avait fait sortir de ses enceintes. En revenant, je déposais le sachet sur le bureau. « C’est pas trop mal… » je trouvais ça différent. « C’est… un peu sombre ? » lui demandais-je sans critique. Son idée de rajouter des battements de cœur rendrait le tout plus oppressant. « Ça sonne comme une bande sonore. » je lui souriais, attrapant de quoi manger, avant de le fourrer dans ma bouche. Lui indiquant ma table de mixage et mes enceintes, j’attrapais des fils dans tous les sens, pour venir les lui brancher à son ordinateur. « Pour le son. » disais-je la bouche pleine. Je n’étais pas sûre qu’elle m’ait comprise mais l’intention y était. Riant, je retirais le morceau, avant de le déposer à nouveau sur le bureau. « Tu peux utiliser tout ce que tu veux ici. » et je lui demandais de relancer sa compo afin de mieux l’écouter. J’avais même mit un peu plus fort. C’était mon défaut… mais heureusement j’avais tout bien isolé pour les voisins. Celle qu’elle me faisait écouté était différente… bien plus malaisante que ses précédentes. Etait-elle d’humeur un peu triste ? Je n’espérais pas… M’asseyant à ses côtés, je tirais mon fauteuil vers elle, avant qu’on ajoute ses idées. Le son était beaucoup mieux, plus oppressant encore… ça rendait le tout plus angoissant même. Je ne savais pas quelle genre d’émotions elle voulait créer mais ça prenait aux tripes. Et comme j’aimais écouter fort… ça donnait une toute autre ambiance. « J’aime beaucoup ! » Buvant une gorgée du café, j’avais l’air beaucoup plus décontracté. ça me changeait de l’aider sur ce genre de morceau. Pas de guitare électrique, ni sèche, pas de belles paroles… Et me plonger dans la musique m’aidait. Au moins je n’avais pas besoin de penser à ce que je faisais ce matin encore… là j’étais chez moi, avec cette fille… je pensais que si Ye Won avait été là, je n’aurais jamais pu faire ça. A cette pensée, j’aurais pu être triste, mais… au lieu de ça, je lui demandais « Dis-moi Rin… t’as pas de petit ami jaloux ? » demandais-je amusé et curieux. « Non parce-que je veux savoir si t’as le droit d’être là ou si je dois m’attendre à ce qu’ungros baraqué vienne défoncer ma porte. » 

En entrant dans le studio tu es émerveillé par son matériel. En réalité tu n'en as jamais vu autant. Tu es comme une gosse pendant quelques secondes mais tu te retiens de toucher. Déjà parce que tu as peur de faire une catastrophe, c'est que tu es maladroite. Ensuite parce que tu es loin de savoir à quoi tout cela sert. Toi tu connais ton petit logiciel de musique ou tu crées des sons en appuyant sur des touches, en ajustant des réglages. Une partie de toi est excité à l'idée d'être là, l'autre se sent pas vraiment à sa place. C'est pour ça que tu lances ton travail sur ton ordinateur. En le voyant revenir cette pensée s'envole. Ton sourire revient en le découvrant plus…lui-même. Tu lances la musique pendant qu'il va chercher les pâtisseries. A son retour, tu plantes tes yeux dans les siens, attendant son avis. Ce dernier compte beaucoup pour toi, d'abord parce que lui est du milieu, c'est un musicien, ensuite car tu sais qu'il te comprend et qu'il peut déchirer ce morceau et ce qu'il représente pour toi. Tu acquisses et esquisse sourire à son compliment.

Tu es soulagé de le voir s'activé, signe qu'il veut bien t'aider malgré le son assez sombre. Comme cette nuit-là, tu as l'impression qu'il t'accepte, qu'il ne te juge pas et une fois de plus la musique vous rapproche, comme vos démons. C'est d'ailleurs le sujet de ce morceau, cette course contre le temps, contre ses démons, courir pour s'en sortir, courir pour sa vie. Tu es certaines qu'il comprend, ce qui te fait sourire, car tu l'as un peu composé en pensant à lui. Lorsqu'il enfourne une pâtisserie, branchant en même temps le son, tu dois ressembler à une enfant face à un nouveau jouet. C'est pire quand il t'autorise à utiliser tout son studio.

Oh Il Kyang !!! Merci !!

Tu t'approches de lui pour te prendre à son cou. Cela n'a duré qu'une fraction de seconde mais tu avais besoin de le remercier, pour son studio, pour sa compréhension face à ton son et son aide. D'ailleurs tu reprends bien vite ta place, te poussant pour que vous puissiez tous les deux accéder à l'ordinateur. Tu n'es pas dérangé par le son assez fort. Tu fermes même les yeux, bougeant ton corps au rythme au rythme stressant de la musique. Tu ne peux pas t'empêcher et tu as même un chorégraphie qui te vient en tête. Après les premières arrangements, ton sourire est rayonnant. Malgré l'angoisse de la musique, tu te sens bien. C'est en composant ce genre de morceau plus sombre que tu exprimes ta peine, celle qu'il a vu à travers tes larmes la dernière fois.

Oui ça prend les tripes, j'adore tes arrangements. Je savais que tu comprends l'essence de cette musique

Tu lui lances un regard complice avant d'attraper ta première pâtisserie, que tu dégustes. Tu ne roules pas sur l'or et ce genre de petit plaisir ne t'arrive pas tous les jours. Tu es heureux de pouvoir le partager avec lui, ainsi que ce moment. Lorsqu'il te demande si tu n'as pas de petit ami, tu éclates naïvement de rire.

Ahaha, non tu n'as rien à craindre, les garçons sont tous des idiots !

Tu t'arrêtes en réalisant que c'est aussi un garçon. Tu fais une moue désolé avant de lui sourire et lui frapper amicalement l'épaule.

Toi c'est différent, t'es bête mais tu le sais.

En effet ta réplique n'a rien de méchant, bien au contraire. Contrairement à la plupart des garçons il ne t'a pas jugé sur ton style de garçon manqué, ni ton caractère particulier. C'est vrai que tu es du style indépendant et ça fait souvent peur aux gens, principalement les garçons qui te fuient comme la peste. Au fond tu t'en moques bien, tu n'as pas de temps pour l'amour. En vérité tu aimes déjà trop de monde, tu as des crush toutes les semaines mais c'est jamais réciproque. Enfin tu n'as jamais été demandé il faut dire.

Et toi, je veux pas de problème si ta petite amie débarque hein ?!

Elle avait des réactions étranges. Enfin plutôt spontanée. Rin n’avait pas l’air de se soucier des codes et je crois que j’appréciais ça. Elle était avenante, dynamique… quand je me trouvais avec elle, son humeur déteignait sur moi. Je le savais, c’était un bizarre surement. Comme en cet instant, j’avais l’impression d’avoir tout oublier. Jusqu’à cette soirée difficile que j’avais passée. Avec elle je me concentrais sur l’essentiel… la musique et… ma vie peut-être bien. Je ne savais encore. Mais j’aimais sa présence, sans réellement pouvoir me l’avouer. Je commençais à la connaitre un peu, et la voir réagir comme elle le faisait était amusant. Cette étreinte pour me remercier, ne me brusquait pas. Je trouvais ça même normal avec elle. Elle avait l’air ravie, et je pensais que si je pouvais au moins lui offrir quelque chose c’était bien ça. Du temps ici… dans ce studio, avec tout ce matos. Ça me plaisait de voir quelqu’un d’autre que Kitae y bosser. Même si lui passait la plupart de ses journées à l’agence… mais ça m’allait, de m’isoler, de prendre du temps sur ma musique. Lui souriant, j’étais plutôt satisfait du résultat du morceau. J’en comprenais l’intention et ça me prenait vraiment à la gorge. Je ne doutais pas qu’en l’écoutant seul, j’aurais surement un autre ressenti. Peut-être laisserais-je parler davantage mes émotions ? Mais face à Rin je voulais juste être un peu plus… léger. D’où ces questions, et ces plaisanteries. M’en voudrait-elle ? De devenir curieux ? Je n’en savais rien. Mais sa réponse m’interrompit dans mes pensées. Tous des idiots ? Je supposais qu’elle avait raison… je n’étais pas le genre de type à fréquenter non plus. Je me demandais pourquoi elle disait ça, une simple idée ou une déception amoureuse ? Rin était jeune, mais il n’y avait pas d’âge pour se faire avoir… j’étais le premier à le savoir. Faisant la moue, faussement offusqué, elle se rattrapait me tapant l’épaule. Me mettant à rire, je ne prenais pas mal sa réflexion. J’avais presque envie de lui dire qu’elle avait raison. Qu’elle ne laisse jamais un garçon lui voler ce sourire… mais je n’avais pas l’impression d’être légitime pour dire ça. Peut-être parce-que Rin avait l’air de savoir se défendre seule ? Elle était différente de mes amies habituelles. Moins, frêle, moins douce peut-être aussi… si je disais que je la voyais comme un pote est-ce c’était dégradant pour elle ? Je n’en savais rien. Et je préférais taire ce commentaire. Laissant juste un sourire s’emparer de mes lèvres à ses remarques. Mais sa question me stoppait… j’aurais dut m’en douter. Qu’elle me demanderait… et je ne savais pas si l’idée me faisait du mal ou si je devais accepter cette absence. Avait-elle remarqué cette déco chez moi et ces affaires ? Souriant tristement « ça ne risque plus d’arriver. » et j’avais bien dit plus... et ça me faisait bizarre de le dire à voix haute. J’avais l’impression que ça rendait… son absence réelle… je ne voulais pas m’attarder sur le sujet. Alors je préférais relever les yeux vers elle. « Alors y’a aucun mal à ce que je vienne… te retirer cette petite miette ? » et je disais ça, en venant lui enlever au bord de sa lèvre. Souriant, amusé… Je me reculais, avant de lui montrer ma main « Tu vois ça ? » j’avais une cicatrice, et plusieurs petites sur mes doigts. « C’est la faute à un petit ami jaloux. » et je riais, parce qu’il fallait mieux en rire qu’en pleurer. « C’est pas si drôle en fait. Il m’a déboité l’épaule, et cassé plusieurs os de la main… j’ai flippé parce-que je pensais que je ne pourrais plus jouer de la guitare… » mais j’en parlais d’une façon si détachée. « Parfois j’ai encore mal... » Mais je ne le disais à personne. Si je faisais trop d’effort avec mon bras ça me tirait… mais je ne m’en plaignais pas. Peut-être parce-que j’avais peur que Sawan se sente encore responsable… je ne voulais pas plomber l’ambiance alors, je lâchais un rire « Tu vois quand je te dis que j’ai peur des petits amis jaloux. » cela dit Hwan était un fou. Je me daemandais encore comment elle pouvait être amoureuse de lui. 

Tu es soulagée qu'il ne prenne pas mal ta réflexion. Comme souvent tu parles avant de réfléchir, comme lorsque tu lui retournes involontairement la question. Pendant une fraction de seconde tu te sens mal. Sa réponse te laisse encore plus de question. A qui appartient les affaires dans le carton que tu as vu à l'entrée ? Est-ce qu'il vivait avec quelqu'un ? Surement et cette personne est parti visiblement. Tu ne veux pas tirer tes propres conclusions et pourtant le puzzle se met en place. Il te manque toujours des pièces, est-ce que c'est elle…ou lui…Tu ne jugerais pas s'il t'avouait aimer les hommes. En réalité tu te moques des mœurs de la société. Tu ne t'es jamais plié aux dogmes, refusant d'accepter que d'être enfermer dans une case, parce que tu es une fille, coincé dans la classe basse de la société. Tu as toujours lutté pour être toi, qu'importe les obstacles que tu présentes la vie. C'est d'ailleurs ce que tu essayes de lui transmettre lorsqu'il lève les yeux vers toi. Tu affiches un sourire tendre, compatissant même si tu ne connais pas toute l'histoire. Encore une fois tu te sens proche de lui, comme si tu pouvais ressentir le vide qi règne dans son cœur à cause de l'amour. Cette absence d'affection est surement un peu différente pour toi, car tu n'as jamais été aimé, enfin par une personne extérieur à ta famille. Tu n'as jamais eu de petit ami officiellement. Tu t'es toujours entiché de garçons qui ne s'intéressaient pas à toi, surement parce qu'au fond tu rêvais du grand amour, celui avec un grand A et aucun n'a répondu à tes attentes. D'ailleurs lorsqu'il reprend en enlevant une miette au coin de ta bouche, ton cœur s'accélère sans que tu ne puisses le contrôler. Pourquoi est-ce que tu te sens brulante d'un coup ? Peut-être parce que la scène que tu vis est digne d'un drama. Juste lui et toi, dans ce studio et cet geste affectueux. Tu esquisses un sourire, espérant cacher ton trouble. Tu baisses d'ailleurs les yeux sur sa main, heureuse de pouvoir cacher tes joues rosies.

Lui rit mais toi tu lui attrapes la main, passant tes doigts sur les cicatrices avec le cœur lourd. Tu réalises que l'amour peut faire mal. Oh tu l'as bien vu à la télévision mais c'est la première fois que tu le constates de tes propres yeux et tu as l'impression de ressentir la douleur dont il parle lorsqu'il avoue que cela fait encore mal parfois.

Qui est le salo qui t'a fait ça ? Il mériterait qu'on lui coupe les couilles ! Je déteste ce genre de mecs !

Tu t'énerves toute seule, levant un regard vers lui remplit de colère. Tu t'emportes un peu, ne te rendant pas compte que cette colère est aussi diriger vers l'amour, cette amour que tu attends désespérément mais qui ne vient pas, cet amour parfait que la société vous vend alors qu'il n'y a rien de plus douloureux que ce sentiment et ça tu en sais quelque chose même si tes expériences n'ont rien à voir avec celle d'Il Kyang. Une fois de plus tu empruntes tes mots à quelqu'un d'autres, une chanteuse que tu apprécies

Nous devrions seulement aimer. Pas tomber amoureux. Parce que tout ce qui tombe se brise. Tu n'es pas d'accord.

Je n’aurais pas pensé qu’elle réagirait de cette façon. Ses mots me faisaient sourire, alors que je l’observais s’agacer. Sa réaction était presque mignonne en réalité. « Ah tu crois ? » lui demandais-je amusé. Je préférais rire de tout ça aujourd’hui. Et pour être honnête j’étais plus à l’aise à l’idée se soit éloigné de moi. Sa jalousie envers moi était presque maladive… ce type était un dingue. Les médecins me l’avait bien dit que si il avait eu envie de me tuer c’est qu’il aurait fait. Avoir appris qu’il était membre d’un clan m’avait affecté. Je veux dire… Sawan méritait une vie meilleure que celle-là. Mais l’amour… l’amour rend aveugle. L’amour ça vous rend plus faible aussi… et Rin avait brusquement raison. Ses mots faisaient échos à mes pensées… ça faisait mal. Trop pour dire que c’était beau. Seulement aimer… j’aurais aimé que ça soit aussi facile que ça. Un petit sourire triste aux lèvres, je lui disais « Tu as raison… c’est pas si drôle de tomber amoureux… » Ça n’avait rien à voir avec ces films. Le savait-elle ? J’avais l’impression que oui. Qu’elle pouvait en parler ainsi parce qu’elle avait déjà connu des déceptions. Moi ? Oh j’étais dévasté… à bout. J’avais tout perdu… seulement parce-que certains êtres me manquaient terriblement. « Ça rend égoïste… tu ne trouves pas ? » je trouvais ça destructeurs. Quand on aimait on ne voyait plus que l’autre… plus rien autour. Depuis que Ye Won était parti je me sentais seul. Terriblement seul… comme si il n’y avait plus personne qui gravitait à mes côtés. Mais c’était faux je le savais. Mais sans elle… je n’étais plus vraiment moi. Pourtant notre relation n’avait rien de beau. Avant oui… mais je savais qu’on allait droit dans le mur. Qu’on finirait par se faire encore plus mal. Je n’étais pas prêt à l’admettre réellement. Kitae avait beau me le répéter... moi je voulais juste qu’elle revienne. Lui souriant doucement, je me redressais. Déposant mon café, avant de l’inviter à se lever pour venir avec moi « Viens, je vais te montrer un truc. » et je n’avais pas l’air si triste. Pourtant au fond j’étais dévasté… penser à Ye Won me collait la nausée. Mais je tentais de rester dans cette réalité qui m’entourait. L’emmenant avec moi jusqu’à ma cuisine. Souriant « Je te présente Kitae. Lui c’est mon meilleur ami, on se connait depuis qu’on a quatorze ans. Un vrai coup de foudre amical et musical. C’est lui qui fait parti de mon groupe. » je lui montais la photo de mon meilleur ami et moi. Je ne savais pas pourquoi je faisais ça… peut-être pour lui montrer… ma vie. « Là c’est Jae. Un ami d’enfance à Kitae et moi. Il a fait ses études à l’étranger et il est revenu vivre à Busan depuis quelques mois. Il est artiste. » Jae était mon plus vieil ami avec Kitae. Tous les trois avions passés de sacrés moments. Il n’y avait plus… aucune trace de Min dans ma vie. Et j’étais un peu triste à cette idée. Mais il avait clairement choisit son clan depuis longtemps. Ye Won était sa meilleure amie… je ne comptais plus à ses yeux. Ça me faisait de la peine de penser à lui, à tous ces instants qu’on avait partagés. Il m’avait toujours suivis lui aussi… et c’était grâce à lui que j’avais rencontré Ye Won… Une petite moue triste sur le visage, je changeais rapidement de photo pour lui montrer une superbe fille. « Et elle Sawan ! » elle était beaucoup trop parfaite et notre relation trop fusionnelle pour que mon ex l’accepte. « C’est ma meilleure amie. En fait… je la considère comme mon âme sœur. » Mais rien à voir avec l’amour. Je  n’avais jamais pensé que les âmes sœurs étaient destinées à s’aimer d’amour. Pourrait-elle le comprendre ? Je ne voulais pas qu’elle se méprendre… « C’est elle qui a le petit ami jaloux. » et je me mis à rire. « Elle est partie vivre aux USA avec lui. » et ça me rendait triste. Mais Sawan me gardait dans sa vie. Même à distance… alors je ne pouvais qu’accepter. Puis je lui en montrais une autre « ça c’est Srey. ma belle-sœur… » et puis celle que je préférais le plus surement… celle de Yohan et moi… « Et lui c’est mon frère… » Et la ressemblance était si troublante. « En réalité quand je dis que je me sens seul… c’est pas tellement vrai… » Mais Yohan me manquait tellement. Et Ye Won aussi… alors ça me paraissait trop dur de continuer sans eux. C’était idiot, je le voyais bien. Le nombre de messages que je recevais sur mon téléphone. De gens qui s’inquiétaient pour moi. Il y avait aussi Young Min, Yoo Mi… tous les deux étaient présents pour moi. Mais je pensais ne pas mériter cette attention… J’étais persuadé que Rin me comprendrait. Qu’elle aussi malgré le soutien de sa famille elle se sentait juste livrée à elle-même. Me tournant vers elle… « Peut-être que tu les rencontreras tous un jour… » quand j’aurais envie de parler de toi. Quand j’aurais envie de leur montrer que tu existes… m’en voudrait-elle de savoir que je gardais ça pour moi ? Comme si parlait d’elle la rendrait plus réelle… mais j’aimais ces instants rien qu’à nous.