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Kitten in the rain
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Kitten in the rain | Lun 22 Fév - 9:24 Citer EditerSupprimer
Liwei n’était pas très loin du Sheraton. A dire vrai, il le voyait même depuis l’endroit il se trouvait, ce qui était presque un exploit en soit vu qu’il tombait à présent des trombes d’eau… C’était survenu comme ça, sans crier gare… L’instant d’avant il n’y avait rien qu’un ciel peut-être bien un peu chargé mais sans plus et puis, celui d’après, un rideau d’eau s’était abattu sur la ville. Dire qu’il avait pensé qu’aller chercher ses clopes lui-même lui permettrait de se dégourdir un peu les jambes… Il avait l’impression, malgré son parapluie, que l’humidité réussissait quand même à s’infiltrer sous les couches de ses vêtements. Il portait un costume trois-pièce parce qu’il ne s’était pas changé après un entretient avec des journalistes… Et par-dessus un long trois-quarts sombre. Son écharpe bordeaux posées sur ses épaules, sans être enroulée autour de son cou et finalement des souliers de grand prix assortit à une paire de gant en cuire dont l’un grinçait légèrement contre la crosse en bois de son parapluie. Parce qu’il l’avait vu venir oui. Ou plutôt, il avait constaté ces derniers jours que ces averses tombaient sans prévenir et il s’en était prémunit.
Bref.
Liwei venait de s’arrêter sur un passage piéton, ne s’avançant pas trop pour éviter une éclaboussure quelconque. Il avait réussi à allumer un petit tube de nicotine et il la fumait paresseusement de sa main libre, l’esprit un peu ailleurs. Il aimait la pluie, il aimait l’orage… Mais il préférait observer l’un et l’autre depuis sa chambre d’hôtel. Il comptait d’ailleurs rapidement s’y appliquer une fois rentré. La météo capricieuse plaisait souvent à ses compagnons de toujours : morosité et blues.
Une ombre passe à côté de lui. Il y a un parfum subtil, un peu sucré. Il ne le reconnait pas mais ça fait dévier un instant son regard vers la silhouette fine. C’est fugace, mais Liwei peut lire une certaine forme de désarroi sur le visage délicat. Et tout pris qu’il semble être dans sa tête, le jeune homme ne voit même pas que le feu est rouge pour ce qui est des piétons. Alerte, Liwei voit aussi la voiture. Il réagit un peu à l’instinct, n’a pas le temps de crier, de dire quoi que se soit. D’ailleurs dans l’urgence il n’aurait même pas su quelle langue utiliser !
La cigarette à la pointe rougeoyante finit sa course dans une flaque d’eau en s’échappant de ses doigts… Et sa poigne vient se refermer sur l’épaule étroite du garçon plutôt. Avec force, Liwei tire ensuite en arrière l’inconnu presque au moment où la voiture passe en klaxonnant comme un fou, comme si le fait que le jeune homme n’ait pas vu la couleur du feu était une raison valable pour lui avoir presque roulé dessus !
Le cœur de Liwei bat un peu la chamade, pour tout dire ! Et le garçon, lui, il est au sol. Entre le surprise, l’appel d’air de la voiture, la chaussée glissante… Il aura glissé et à présent il gît assit par terre, dans une flaque, comme la cigarette. Avec retardement Liwei réalise qu’il n’a pas de parapluie. Il était détrempé et ses cheveux collaient son front et son visage.
« Bon sang… »
Il l’avait presque murmuré, dans son mandarin natal, encore un peu sous le choc lui-même. Il détourne le regard pour observer le feu piéton qui vient de passer au vert et un instant, il hésite. En fait, Liwei fait même quelques pas sur le passage, son ombre mangeant quelques lignes blanches avant qu’il ne s’arrête à nouveau, presque au milieu de la route. Derrière lui, le garçon s’est mit à pleurer. C’est léger. Le son de la pluie est-elle et les sanglots sont si discrets qu’il se demande même comment il a fait pour entendre la chanson de ses pleurs. Il perçoit quelques mots, rien de précis… Un merci peut être. Et puis à retardement, Liwei réalise qu’il lui a parlé en mandarin, ce garçon. C’était devenu rare au cours de ses voyages.
Liwei soupire… Et puis il revient finalement sur ses pas, assez proche pour protéger partiellement la silhouette malingre toujours assise par terre d’un bout de parapluie. Mais pas du vent ni du froid.
« Allez… »
Toujours dans cette langue qu’ils semblaient partager. Son timbre était un peu plus doux, un peu moins brusque, mais dénuée de tendresse car il était d’une extrême pudeur dans sa gestion de ses sentiments.
« Ne reste pas là comme ça. Tu vas attraper la mort. »
Il ne lui avait pas évité de passer sous une voiture pour qu’il crève d’une pneumonie dans quelques jours. Liwei tend une main gantée vers le jeune homme, qu’il s’en saisisse pour l’aider à se relever.
« Tu as besoin d’un taxi ? Tu habites à proximité ? »
Il n’était pas un bon samaritain d’ordinaire mais bon… Qui n’aurait pas eu pitié à sa place ? Il craignait un peu de le voir déambuler comme un fantôme à nouveau, sans main de fer sur son épaule pour lui éviter la lumière au bout du tunnel.
« Je m’appelle Liwei. Comment est-ce que tu t’appelles ? »
Et puis s’il relevait pour de bon la tête, il allait peut-être lui voir enfin les yeux, malgré la pluie, malgré les larmes, les cheveux…
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Re: Kitten in the rain | Lun 22 Fév - 14:09 Citer EditerSupprimer
Tenue | Pourquoi est ce que tu t'attires toujours des problèmes ? Est-ce que c'est à cause de ta démarche chaloupée, tes regards naïvement charmeurs ou tes paroles tendancieuses ? C'est surement un mélange de tout ça qui fait que tu es inapte à vivre en société. Tu découvres un monde que tu ne connais pas et dont les codes t'échappent. Ce n'est pas faute d'être intelligent, cependant tu as beau comprendre les lois les plus compliquées de la physique, tu ne saisis pas encore toutes les subtilités des relations humaines. Cela fait si longtemps que tu es un esclave sexuel que tu as oublié ce qu'est être un être humain. Tu ne te souviens même plus de ta vie d'avant, de ton enfant, avant que tu ne sois arraché à ce monde pour sombrer dans l'obscurité. Un médecin dirait que tu as occulté tout ça pour éviter de souffrir. C'est surement vrai et tu l'as si bien fait qu'aujourd'hui alors tu évolues à nouveau dans le monde normal, tu as l'impression de vivre un enfer. L'enfer que tu connais tu t'y es habitué tant si bien que tu es mieux à l'abri entre les murs de la maison close qu'ici, à te faire insulter parce que tu as bousculé ces types.
En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, tu t'es retrouvé victime de leur courroux. Ils avaient peut être passé une sale journée, à moins que ce soit ton attitude aguicheuse qui les a mis hors d'eux. T'en sais rien, il y a tellement de choses que tu ignores sur cette société, ses moeurs, ses coutumes et bien sûr cette langue que tu maitrises mal. Finalement tu t'es retrouvé à fuir, à courir pour éviter de prendre des coups, parce que c'est qui allait arriver. Tu es parvenu à mettre de la distance entre eux et toi. A aucun moment tu t'es retourné pour savoir s'ils te suivaient. Vu la pluie, tu aurais dû te douter qu'ils n'avaient pas tenté. Pourtant ton cœur est paniqué et la seule chose que tu veux c'est te réfugier au Why Not et ne plus jamais sortir. C'est surement pathétique et pourtant, tu as tellement vécu dans un monde différent que l'adaptation au changement est compliqué et tu n'y vois aucun intérêt. Tu allais traverser quand une main t'as fermement attrapé, te faisant chuter lourdement dans une flaque. Tu étais déjà trempé, parce que tu cours sous la pluie sans parapluie, sans même ta capuche pour te protéger.
Pendant une fraction de secondes tu as cru que c'était eux, tes poursuivants, aussi tu t'es recroquevillé sur toi-même fermant les yeux, attendant le premier coup mais celui-ci ne vient pas et c'est quelque mots en ta langue natale qui te font réaliser que ce n'est pas les même personnes. Cette voix tu ne la connais pas. Oui tu es plutôt physionomiste, sans parler que tes clients donnent souvent de la voix, ce qui a aiguisé ta capacité à reconnaitre les gens grâce à leurs voix. Tu t'es permis d'ouvrir les yeux pour lever un regard perdu vers l'homme qui t'a arrêté. Tu ne sais d'ailleurs pas pourquoi, tu comprends lorsqu'il s'avance sur le passage piéton maintenant au vert. Est-ce qu'il vient de te sauver la vie ? Surement et cette constatation te serre le cœur. Tes pleurs reprennent mais cette fois ce n'est pas de peur mais bien de soulagement. Tu ne t'es toujours pas levé car ton cerveau doit analyser ta situation qui n'est pas florissante. Quelques mots, un remerciement, est sorti de ta bouche dans ta langue natale, entre deux sanglots. Toujours ton sac contre toi, tu es immobile, accablé par la dure réalité, tu n'es rien dans ce monde, rien de plus qu'un objet qui ne trouve pas sa place, un vulgaire valse ballotté qui a pour seul utilité d'être rempli, vide et à nouveau rempli.
Lorsque la pluie s'arrête au-dessus de toi, tu lèves légèrement les yeux pour les chaussures hors de prix de l'homme devant toi. Lentement tu laisses la tête vers lui alors qu'il t'adresse la parole. Tu comprends ce qu'il te dit et ce détail fait la différence. Depuis que tu es ici, tu as un problème de communication évident. Entendre ta langue natale te réchauffe le cœur alors même que tu es trempé jusqu'aux os. C'est surement pour ça que tu attrapes sa main tendue. Tu dois surement ressembler à un chien battu ou un chat de gouttières mal en point. Tes yeux se plongent instinctivement dans les siens, affichant un regard désespère, des pupilles dilatées par l'émotion et rougit par les larmes que tu as versés. A ses premières questions tu te contentes de secouer la tête, oubliant un instant qu'il parle ta langue. En effet tu es subjugué par son aura et cette main que tu serres. Une main tendue à travers un rideau de pluie que tu ne parviens pas à lâcher de peur d'être emporté dans la tempête. Quand il se présente, tu parviens enfin à ouvrir la bouche.
Je m'appelle YiHao. Je....
Tu te stoppes, réalisant que tu ne peux pas dire que tu vis dans une maison close. Tu ne peux pas non plus avouer que tu es un immigrant clandestin doublé d'un prostitué mineur. D'un coup tu réalises que c'est pire qu'il parle ta langue parce que tu as les mots pour t'exprimer et tu n'as pas le droit au risque de finir en prison ou pire, renvoyer en Chine. Tu as baissé la tête, honteux de ta situation, de toi et de tout ce que tu es. Tu as fini par rouvrir la bouche pour le remercier, relevant à nouveau tes yeux vers lui pour être sûr qu'il t'entende.
Merci....de m'avoir...sauver
Tu n'as toujours pas lâché sa main incapable de quitte ce point de chaleur. D'ailleurs tu trembles comme une feuille, ce qui te fait serrer un peu plus tes doigts, traversé par un frisson. Tu t'excuses dans un murmure accompagné d'un regard désolé.
J'ai froid...
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Re: Kitten in the rain | Mer 24 Fév - 15:39 Citer EditerSupprimer
S’il ne l’avait pas entendu sangloter ou murmurer quelques mots, Liwei aurait presque pu croire que ce garçon était muet. Il avait levé vers lui un regard encore mouillé et pas que de la pluie. Ses joues portaient quelques sillons que l’eau de la pluie n’avait pas rendus invisibles… Et à présent qu’il pouvait voir son joli regard en amande, il le découvrait d’un noir profond, comme de l’obsidienne. Peut-être qu’il avait le « type » chinois. Il n’aurait pas très bien su le dire. Mais c’était un joli minois avec des traits assez fins, comme sa silhouette aurait pu le laisser présager. Il était de toute évidence très jeune… Et ses airs plus délicats devaient retrancher quelques années encore à l’âge qu’on lui aurait donné au pifomètre.
Voilà qu’il ouvre enfin la bouche, qu’il se présente… Quelques mots hésitants… Il lui faut presque tendre l’oreille pour bien l’entendre.
« YiHao, donc. »
Comme pour avoir confirmation qu’il avait bien compris. Sa voix à lui était un peu plus sonnante et trébuchante. Plus assurée oui. Mais pour le reste de ses questions, YiHao semble vouloir botter en touche. Allons donc.
« Tu vis chez tes parents ? »
Il n’était pas du genre intrusif d’ordinaire… Mais s’il voulait ramener ce garçon chez lui, il fallait qu’il ai quelques informations… Appeler ses parents pouvait être une bonne idée également. A moins que…
« Tu es fugueur ? »
Si oui on touchait à quelque chose de beaucoup plus problématique… Mais autre suggestion, tandis qu’il scrute le visage d’albâtre pour percevoir une réaction qui lui indiquerait qu’il est plus ou moins sur la bonne voix :
« Tu es sans papier ? »
Il l’a peut être halluciné, mais il lui semble que le garçon a un peu rentré la tête dans ses épaules. Sans papiers alors ? Ce n’était peut-être qu’un frisson de plus dû au froid… Mais Liwei soupire, un peu agacé envers lui-même. Il n’était pas tellement du genre à faire l’aumône… Et encore moins à ramasser les chats errants on s’entend. Mais maintenant il était trop tard n’est-ce pas ? Il ne pouvait plus tourner les talons et laisser YiHao laissé à lui-même. Il avait parfois le cœur dur… Mais pas non plus à ce point, surtout lorsque le gamin grelotte en enfonçant une porte ouverte à propos du froid.
« Bon… »
Liwei réfléchit… Et finalement, il indique l’hôtel pas très loin.
« Viens, on va là-bas. Tu as besoin d’un endroit où prendre une douche et te changer pendant que tes vêtements sèchent. Où manger et dormir un peu aussi. »
Il n’allait pas lui donner son propre numéro de chambre… Parce que c’était un peu égoïste mais à ce stade il ne voulait pas non plus que le gamin revienne quémander plus tard. La générosité avait ses limites et on s’entend qu’il allait lui payer une nuit ou deux au Sheraton… C’était pas l’hôtel le plus minable de Séoul hein.
« Je dois avoir une chemise et un jean qui t’iront le temps que le reste sèche… »
Liwei a un regard pour le passage piéton. Après être redevenu rouge, il virait à nouveau au vert.
« Allez, dépêche-toi. »
Il avait ramené le parapluie sur sa tête à lui. Mais il n’y en avait que pour 2 ou 3 minutes de marche et ils seraient à bon port !
C’est d’ailleurs sincèrement le temps que ça leur prend. Le portier le salue en l’appelant d’un « Monsieur » et par son nom. Ici on s’occupait bien de lui… Et on filtrait ses invités, ce qui était un plus non négligeable. A la réception, Liwei se renseigne sur une chambre pour une personne qui serait encore dispo. Ce n’est pas la saison touristique ni rien… Alors ils ont de la chance. Il demande deux nuits, les fait ajouter sur sa note et une fois la carte en main, il pousse gentiment YiHao vers les ascenseurs, le prévenant :
« C’est un endroit très chic. Il ne faudra pas faire n’importe quoi, tu comprends ça je suppose ? »
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Re: Kitten in the rain | Mer 24 Fév - 20:44 Citer EditerSupprimer
Tenue | Sa voix te donne des frissons, est-ce que c'est parce qu'il a l'accent ton pays natal ? Peut-être et cela ne fait pas remonter de très bons souvenirs. Pourtant ces derniers sont balayés par son aura viril et son regard profond dans lequel tu te perds. Est-ce que c'est pour ça que tu t'accroches à lui ? T'en sais rien. Tu devrais le lâcher, tu devrais t'enfuir comme tu l'as toujours fait. C'est une mauvaise idée de rester. Il va encore t'arriver des bricoles. C'est d'ailleurs ce qui te passe lorsqu'il te questionne. Tu ne veux pas répondre et pourtant ton langage corporel doit parler pour toi. Tu te fouettes mentalement, ton patron va être en colère s'il apprend qu'une personne sait que tu es sans papier, enfin avec de faux papiers. Pour l'instant cela n'a pas vraiment d'importance, tu pourrais lui montrer des papiers, mais il pourrait trouver ça suspect. Tu préfères ne rien dire, le laissant se faire des idées. Encore une fois c'est un mauvais choix, si c'est un agent des forces de l'ordre, tu vas finir au commissariat. Tu l'as d'ailleurs lâché, te demandant s'il faut que tu te mettes à courir tout de suite. Seulement tu es tétanisé, de froid mais aussi en entendant sa voix. Quand il t'indique l'hôtel au coin de la rue, une vague de soulagement t'envahit en même temps que ton instinct revient au galop. Alors c'est ça qu'il veut comme paiement pour son sauvetage : une nuit avec toi. Quelqu'un de normal n'aurait surement jamais eu ce genre de pensées. Seulement tu es loin d'être comme tout le monde. Ta vie s'est toujours résumé à t'offrir aux gens, c'est ce que tu fais de mieux. A cet instant tu penses qu'il est ton nouveau client et tu te dois de le suivre et de satisfaire tous ses besoins.
Tu as acquiescé, tel un bon chien obéissant. Tu as beau être trempé, tu as balayé cette sensation, te vident de toutes émotions comme lorsque tu fais ton travail. C'est un mécanisme de protection instinctif que tu ne maitrises pas. Tu as appris à t'oublier et aujourd'hui tu ne te rends même plus compte quand tu passes en mode poupée gonflable. D'autant plus que ce client te propose une douche chaude et le couvert, c'est un luxe que tu n'as que rarement, aussi tu vas bien t'occuper de lui pour lui témoigner ta reconnaissance.
Pour l'heure tu as gardé le silence, lui emboitant le pas en silence. Lorsqu'il a demandé une chambre pour toi cela ne t'a pas choqué. Il a l'air d'être connu ici et il a surement peur que le réceptionniste se fasse des idées. Après tout cet hôtel n'a rien d'un motel, il te faut être prudent ici. D'ailleurs lorsqu'il te mentionne le standing de l'établissement, tu acquisses toujours sans un mot. C'est stupide, tu pourrais parler, pour une fois que ton client parle ta langue. Ce qui s'est avéré rare depuis que tu as atterri ici. Néanmoins ce n'est pas comme ça que tu dois utiliser ta bouche, autant garder ta salive, elle te sera utile plus tard. En arrivant à son étage tu le suis. Tu ne sais pas s'il t'a donné ta carte, ton pilote automatique s'est enclenché, laissant ton cerveau en mode veille. Tu le suis donc jusqu'à la porte de sa chambre. Tu as cru voir une lueur de surprise dans son visage, ceux à quoi tu as répondu par un sourire charmeur, avant de déposer tes mains sur son torse pour le pousser lentement et sensuellement à l'intérieur de la chambre. Tu as laissé tes mains glisser le long son costume trois pièces, lui offrant un regard séduisant en murmurant de ta voix la plus suave.
Maintenant qu'on est là, dit moi ce que tu veux que je te fasse....
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Re: Kitten in the rain | Ven 26 Fév - 11:57 Citer EditerSupprimer
YiHao, pour tout dire, c’était pas mal contenté de suivre le mouv’. La seule chose qui permette à Liwei d’être certains qu’il comprenait bien ce qu’il lui disait, c’étaient ces quelques hochements de tête ou mouvements d’épaules. Et plus ça allait, plus Liwei se demandait s’il ne ferait pas mieux d’appeler la police. Personne ne cherchait ce gamin ? Il avait du mal à le croire. Mais il ne voulait pas non plus lui attirer plus de problèmes qu’il n’avait déjà l’air d’en avoir…
Au final, l’ascenseur les conduit au bon étage. Liwei a toujours la carte en main. YiHao, pour sa part, semble un peu déconnecté de la réalité à présent. C’était peut-être le choc thermique ou dieu sait quoi… Liwei était un observateur mais pas assez fin pour lire entre les lignes ni rien du genre. Il ignorait ce qui pouvait se passer dans la tête du garçon et dans les minutes qui allaient suivre, il allait comprendre à quel point il n’avait pas vu venir le train de ses pensées !
Liwei enfonce la carte magnétique dans le lecteur qui sert de serrure et tout en entrant dans la chambre (lui possédait une suite mais la générosité avait ses limites) il dépose la clef sur le meuble près de l’entrée, commençant :
« Je vais aller te chercher quelques vêtements secs. Tu n’auras qu’à les garder ou les laisser à l’accueil lorsque tu quitteras les… »
Il s’interrompt… Mais c’est une rare surprise qui l’avait coupé dans son élan. YiHao s’était à nouveau remis en marche, comme s’il s’était contenté d’une mise à jour ces dernières minutes et qu’il était à présent effectivement opérationnel. Abasourdit, Liwei s’était laissé repousser à l’intérieur de la chambre. La porte s’était refermée sur eux et il avait froncé les sourcils, incapable de réagir dans la seconde.
YiHao se montrait « mignon » comme on dit. Pas sexy, pas à ses yeux du moins… Être sexy, c’était autre chose que de se faire mignon. Liwei n’avait pas de problème avec les travailleurs du sexe et ceux qui faisaient appel à eux… Mais ce n’était pas sa tasse de thé. Il était un homme d’autres genre de relations…
Les traits de YiHao s’étaient détendus de manière factice. Il lui sortait à présent de jolis sourires et des regards de velours entraînés, sans nul doute. De petites mains s’aventurent sur son torse et Liwei peut même sentir, entre deux boutons de sa chemise, les doigts fins venir caresser sa peau. Ça l’électrise… Mais pas dans le bon sens. Ses mains à lui viennent saisir les poignets de l’autre chinois pour les retenir, les écartant de quelques centimètres.
« Pas ça, en tout cas. Arrête immédiatement. »
Et son ton était sans appel.
« Alors c’est ça que tu fais ? Tu te prostitue ? »
Sérieusement ? Il était un peu trop jeune à son avis pour ça… Mais Liwei n’allait pas entrer dans les détails. Il repousse pour de bon les mains du jeune homme, revenant ensuite lisser sa chemise et refermer un peu son manteau par-dessus, comme pour convaincre YiHao de ne pas retenter l’expérience.
« Tu as vraiment cru que je t’emmenais ici pour ça ? C'est bien ma chance. Ca m'apprendra à vouloir me montrer secourable. »
Ça le fâchait un peu, par principe. Donnait-il l’impression d’être ce genre d’homme ? Et après tout… Tout le monde pouvait être ce genre d’homme, probablement.
« En plus tu es encore détrempé. »
Quand bien même il aurait souhaité abuser de la situation, YiHao aurait quand même eu besoin d’une douche avant tout !
« Il n’y aura rien du genre. Tu vas aller prendre une douche, je vais revenir avec des vêtements, laisse la porte de la salle de bain entre-ouverte, je les déposerais sans regarder à l’entrée de celle-ci. »
Et il a un regard qui en dit long pour YiHao hein ! Il avait intérêt de mettre ces vêtements et pas de sortir en tenu d’Adam comme une fleur ! Quoi que tout paradoxe gardé, il serait peut-être plutôt passé pour une Eve.
« Je t’attendrais ici. On commandera quelque chose au room service… »
Il ne savait toujours pas si YiHao parlait coréen… Alors il prévoyait passer la commande pour lui, oui. Son regard s’attarde encore sur le garçon… Il espérait un peu qu’on ne l’aurait pas vu l’emmener dans une chambre d’hôtel à présent. Les rumeurs pouvaient aller vite, même s’il s’en fichait de manière générale.
Finalement Liwei revient prendre la carte magnétique avant de rouvrir la porte.
« Je reviens, fais ce que je t’ai dit. Et pas de bêtise, ok ? »
Et parce qu’il voulait en avoir le cœur net et l’entendre le dire, il répète :
« Ok ? »
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Re: Kitten in the rain | Sam 27 Fév - 20:17 Citer EditerSupprimer
Tenue | Tu n'écoutes pas ce qu'il te dit, de toute façon les vêtements vont rapidement tombés, les tiens comme les siens. Tu ne sais pas trop à quoi t'attendre, qu'est-ce qu'il va vouloir ? Comment ? Où ? Tu t'attends à tout lorsque tu es en face d'un nouveau client. Une partie de ton esprit redoute d'être seul avec lui. Lorsque tu es entres les murs de la maison close, tu as la sécurité d'être entouré et protégé. Ici c'est différent et la poupée gonflable, que tu es, pourrait bien être troué et laissé dans une benne à ordures. Malgré tout, tu t'exécutes, proposant tes services. Après tout il ne t'a pas amené ici pour tes beaux yeux...
Seulement sa réaction est inattendue. Il t'attrape les poignets fermement et tu frisonnes. Tu gardes un regard sensuel habitué à cacher tes émotions, seulement tu déchantes un peu lorsqu'il ouvre la bouche. Là tu comprends qu'il y a anguille sous roche. Est-ce qu'il ne veut pas de ça maintenant ou pas du tout ? Tu n'es pas sûr, cependant tu stoppes tout à son ordre, obéissant comme tu l'as toujours fait. Tu n'as pas baissé les yeux, gardant ta pupille dans la sienne, illuminée d'une lueur d'interrogation. Pourtant c'est lui qui te pose une question, à laquelle tu réponds par un signe affirmatif de tête. Tu n'as pas honte de l'avouer, même si tu devrais être plus méfiant à qui tu révèles ça. Ton patron ne serait peut-être pas d'accord. A nouveau tu hoches la tête à sa question suivante. C'est évident à tes yeux, sinon pourquoi t'aurait-il amené dans un hôtel ? Tu recules d'un pas en comprenant que tu t'es trompé et surtout en voyant son air vexé et dépité. Est-ce que tu as fait quelque chose de mal ? Tu aurais dû attendre d'être sec pour ça ? Tu ne sais pas trop s'il ne veut pas de toi ou s'il veut autre chose ? C'est bien la première fois que tu es perdu, ne sachant pas quoi faire face à un client. Parce que oui, c'est toujours un client pour toi ? Qu'est-ce qu'il peut être d'autre ? En réalité tu as du mal à considérer les gens comme autre chose ? Il n'y a rien dans ton vocabulaire pour les définir autrement.
Quand il t'explique la suite du programme, tu restes sans voix. Ton cerveau est entrain de redémarrer, mais tu as l'impression qu'il y a une erreur de lancement. Il ne veut rien, mais te demande de laisser la porte ouverte ? Il va rester là sans rien attendre de toi ? Tu as l'impression qu'il se contre dit dans chaque phrase et tu ne sais pas comment tu dois le prendre. Est-ce que tu dois te montrer insistant pour qu'il cède à ses pulsions cachées ? Est-ce qu'il ne veut rien entendre ? Pourquoi est-ce que tu es là dans ce cas ? C'est beaucoup trop flou pour toi ? C'est surement pour ça que tu es inadapté à évoluer en société. Incapable de comprendre une situation normale, tes automatismes refont toujours surface sans que tu n'arrives à t'en détacher. Tu l'observes s'éloigner de toi pour sortir. A sa question, tu acquisses, bien sûr que tu feras tout ce qu'il te dit, c'est d'ailleurs la seule chose que tu sais faire : suivre un ordre. Cependant tu comprends qu'il attend une réponse claire. C'est vrai que tu n'es pas du genre à ouvrir la bouche, ce qui est idiot vu qu'il parle ta langue, tu n'aurais aucun mal à communiquer. Oh tu parles un peu le coréen, mais tu es plus à l'aise dans ta langue natale.
Ok, je ferais tout ce que tu me demandes.
Tu l'observes partir et il te faut quelques secondes pour réaliser la situation dans laquelle tu es, trempé, fatigué et affamé. Il n'y a pas de vent et pourtant un frisson te parcourt le dos et te fait bouger. Il t'a dit à la douche, alors tu y vas. Oui sans cela tu serais surement resté là, à trembler comme une feuille en attendant son retour. Tu n'as pas mis longtemps à ôter tes vêtements, les étendant comme tu peux dans cette salle de bain d'appoint. L'eau chaude te fait du bien, tu oublies même ou tu es. Aussi tu sursautes en le voyant du coin de l'œil. Pendant un instant tu l'observes sans être gêné d'exposer ton corps légèrement marqué par ton travail. Oh les cicatrices les plus vieilles commencent à disparaitre. Depuis que tu es là les clients sont moins violents et tu ne te fais plus battre, aussi tu as meilleur allure qu'il y a quelques mois.
Tu te demandes s'il va te rejoindre, s'il va venir profiter de toi. Tu attends sans un mot, sans un geste, affichant simplement un regard soumis. En le voyant quitter la pièce tes yeux s'arrondissent, est-ce qui ne va pas chez lui pour qu'il refuse ? A moins que ce soit ton cerveau qui ne tourne pas rond ? Tu ne comprends pas ce qu'il veut et ça te perturbe, en sortant de la douche, tu as enfilé les affaires qu'il a déposées pour toi. Ce n'est pas la première fois que tu portes les vêtements de quelqu'un d'autres et ça ne te dérange pas. En t'observant dans le miroir, tu essayes de savoir comment réagir ? Qu'est-ce que tu dois faire ? Qu'est-ce que tu dois dire ? Un tas de questions se mêle dans ta tête, tant et si bien que tu es surement resté là immobile plusieurs minutes. C'est en entendant un raclement de gorge par la porte encore entre-ouverte que tu comprends qu'il est toujours là et qu'il attend. Alors tu le rejoins, la démarche efféminée parce que tu ne sais pas faire autrement, mais contrairement à précédemment celle-ci est plus lent, presque abattu.
Pourquoi est-ce que tu ne veux pas de moi ? Je ne suis pas à ton gout ? Qu'est-ce que tu attends de moi ? Pourquoi tu m'as amené dans cette chambre ? Qu'est-ce que je dois faire alors ? Qu'est-ce que je suis censé être ?
Pour une fois, tu peux exprimer toutes tes questions, tu ne cherches pas tes mots. Si au départ le sujet était réellement focalisé sur lui, ta dernière question est plus profond que ça. Sans t'en rendre compte, tu t'es approché de lui, sans le toucher, mais ton regard s'est planté dans le sien, espérant réellement une réponse, une explication. Pourquoi tu as la capacité à résoudre des problèmes mathématiques complexes alors que tu ne comprends rien à la vie ? Pourquoi tu as perdu cette capacité à être un être humain ?
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Re: Kitten in the rain | Lun 1 Mar - 14:05 Citer EditerSupprimer
Liwei voit bien qu’il y a une confusion grandissante chez YiHao. Mais il n’avait ni le temps ni l’envie de rentrer parfaitement dans les détails à ce moment précis. Il avait toujours été un homme de peu de mots au-delà de ses bouquins qui en comptaient plein. Peut-être que l’un était la cause de l’autre d’ailleurs. Ça aurait été un chouette sujet de débat et de recherche sur le canapé d’un psy. Mais bref, là n’était pas vraiment le sujet. Liwei était remonté à sa propre chambre. Il avait tiré de son dressing des sous-vêtements, une chemise, un pantalon… Une paire de chaussette aussi et des baskets qui feraient l’affaire en attendant que YiHao se trouve mieux ou ne puisse remettre ses propres affaires.
Comme promis il avait ensuite quitté sa suite pour aller à la chambre nouvellement louée. Là il avait légèrement frappé à la porte et puisqu’aucun son ne lui était parvenu, il avait pris ça pour un accord. Liwei n’avait pas, tel qu’il l’avait dit, tourné le moindre regard vers la douche, se contentant de déposer les vêtements près de l’évier et les chaussures par terre. Ici, YiHao n’avait peut-être pas besoin de les enfiler tout de suite. Il avait attendu ensuite. Et quand l’eau avait cessé de couler, il s’était attendu à entendre le moindre bruit de mouvement ou quoi… Mais pendant plusieurs longues minutes il n’y avait rien eu. Le romancier avait rappelé sa présence d’un éclaircissement de voix et lorsqu’il avait entendu qu’à l’intérieur de la petite salle d’eau on s’était activé à nouveau, il s’était éloigné de la porte.
D’une main il avait attrapé la carte du room service qu’il commençait à bien connaître depuis le temps. Il avait chassé de son esprit cette soumission étrangère que YiHao lui avait concédé. Il n’était pas dans ce délire et YiHao, tout bon professionnel qu’il soit sans doute, n’avait visiblement qu’une corde à son arc pour plaire. Elle n’était pas mauvaise : il était mignon. Mais pas adapté à tous les hommes. Et quand bien même : Liwei avait une relation au sexe plus sentimentale qu’il ne pouvait en donner l’air. Il n’était pas là question d’amour avec un grand A. Mais pas d’argent non plus, disons.
Finalement YiHao apparaît à nouveau dans la pièce. Les vêtements étaient peut-être un peu grands au niveau de la longueur des bras ou des jambes… Mais il ne flottait pas dedans non plus. Il faut dire que l’air de pas y toucher, le gamin portait une chemise sur mesure pour lui hein. Le jean était d’un modèle déjà plus standard.
Une question lui fait relever la tête de la carte tandis que l’autre chinois s’approche, posant une question très directe qui n’émeut pas beaucoup un Liwei habitué à cette méthode de dialogue puisque c’était aussi souvent la sienne !
« On ne se connait pas. Et tu n’es pas mon genre. Mignon certainement. Mais pas ce que je cherche dans ma vie. »
A question directe, réponse directe. Non, YiHao, aussi mignon soit-il, n’était pas son genre. Trop jeune, trop soumis, trop dans l’attente, trop délavé par la vie aussi. C’était un mélange de plein de choses. Même s’il avait voulu ignorer tout ça, s’il avait profité de cette situation, Liwei se serait laissé une mauvaise image de lui-même. Et il n’était pas autodestructeur, ni en faits, ni en perspectives.
« Je n’attend rien. Pour être honnête je me donne bonne conscience en ne te laissant pas pleurer assit par terre sur le bord de la route. »
Même lui avait une conscience et elle se serait immanquablement rappelée à lui.
« J’ignorais que tu jouais les entraîneuses jusqu’à maintenant. Alors ce n’était vraiment pas le but de cette invitation. »
Quant au reste :
« Ce que tu dois faire ? Manger, prendre du repos, faire le point sur ta vie ou le poirier pendant 6h si ça te chante, qu’est-ce que tu veux que je te dise ? La chambre est à toi pour cette nuit, demain toute la journée et la nuit suivante. Ensuite, tu devras partir. Et on ne se devra toujours rien. Et puis si finalement tu veux partir même ce soir ou demain, rien ne t’en empêche, sens toi libre. »
Aussi simple que ça. Il voulait bien comprendre que dans le monde de YiHao ça ne fonctionnait pas toujours comme ça. Jamais même probablement. Mais Liwei n’appartenait pas à son monde et il suivait ses propres règles, probablement plus saines que celle de son jeune compagnon.
« Je ne suis pas là pour juger ce que tu fais. Je n’en ai pas envie. Je désapprouve mais ça n’a aucun sens que je te le dise : je ne te ferais pas changer, n’est-ce pas ? »
Avait-il seulement le droit d’essayer ?
« Sois ce que tu veux. Ou disons plutôt « qui » tu veux histoire de te rendre un peu de dignité humaine. Tant que tu gardes tes vêtements sur toi et tes mains loin des miens en tout cas. »
Il montre alors le menu, se renseignant comme si c’était la continuité normale de cette conversation :
« Tu as faim ? Tu lis le coréen et/ou l’anglais ? »
Le menu était uniquement dans ces deux langues.
« Sinon je vais traduire. »
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Re: Kitten in the rain | Dim 14 Mar - 16:30 Citer EditerSupprimer
Tenue | Tu écoutes sa réponse, comme si c'était important. A tes yeux ça l'est, tu veux comprendre. Visiblement il a de l'argent, assez pour loger dans un hôtel assez luxueux, payer une deuxième chambre, sans parler de la chemise que tu portes. Tu sais reconnaitre l'argent quand tu le vois et dans ton monde celui-ci est synonyme de vice et luxure. Pourtant lui a l'air différent, il admette ton côté mignon mais attend autre chose du sexe. Est-ce qu'il attend l'amour ? Tu n'en sais rien, c'est un concept que tu ne comprends pas. Tu n'as pas bougé d'un poil, l'observant alors qu'il répond à tes questions. Il n'attend rien de toi ? Tu n'y crois pas et pourtant il ne te demande rien, ni faveurs, ni argent, ni rien du tout…enfin pour l'instant.
Lorsqu'il t'énumère ce que tu dois faire tu acquisses jusqu'à ce qu'il parle de faire le poirier. Tu comprends alors qu'il se fiche bien de ce que tu fais et cela t'arrache un frisson. Tu recules même d'un pas en fronçant les sourcils. Personne n'a jamais été aussi indifférent et à la fois gentil, cela cache forcement quelques choses. Au mot libre, tes yeux s'arrondissent alors que tu baisses les yeux. Soo Jung t'a déjà dit ça : tu es libre en dehors de tes heures de travail. Tu fais ce que tu veux. Trouve toi une occupation. C'est pour ça que tu es allé à l'université et que tu t'y es finalement inscrit. Tu n'as aucune passion, pas de rêve ou d'envie. La seule chose qui t'intéresse c'est apprendre. A côté de ça, tu n'aspires à rien, parce qu'on t'a toujours brimé et que tu ne sais réfléchir par toi-même, ou du moins pour toi-même.
Je…je ne sais pas faire autrement.
Tu as relevé les yeux vers lui pour lui répondre. Tu ne comprends pas pourquoi il désapprouve, c'est un métier comme un autre, tu ne vais pas le mal. Peut-être parce que tu ne vois plus le mal nulle part, aveuglé par ce que tu as déjà vu. Au mot dignité, tu te mords la lèvre. Tu connais la définition de ce mot et pourtant tu n'arrives pas à l'appliquer à toi. Cela fait longtemps que tu ne te considères plus comme un être humain. Le lavage de cerveau subi étant jeune à laisser des séquelles irréparables, détruisant ta personnalité et te vidant de ton essence humaine. C'est ce qui fait d'aujourd'hui, tu as autant de difficulté à l'intégrer n'importe où tu vas. Tu comprends qu'il ne veut que tu le touches, tu acquisses en silence, ne sachant pas réellement quoi répondre à la liberté qu'il t'offre et au conseil qu'il t'offre.
Désolé….
Désolé d'être toi, d'être si apathie, aussi éteint et vide. Qui être c'est bien ça la question que tu te poses et pour l'instant tu n'as pas de réponses. Tu es simplement un étudiant en chimique physique le jour et un prostitué la nuit. Tu n'envisages pas l'avenir, tu ne te vois pas faire autre chose. Tu ne fais pas études pour changer de travail, tu le vois pas aussi loin, peut-être parce qu'on t'a privé de libre arbitre depuis trop longtemps. D'ailleurs c'est compliqué lorsqu'il te présente le menu. Tu comprends qu'il veut que tu choisis, seulement tu ne sais pas quoi prendre. Tu lèves un regard vers lui, acquiesçant signe que le souci n'est pas la langue. Tu te tords les doigts en te demandant ce que tu as le droit de prendre et surtout ce qui te fait envie.
Qu'est-ce que tu prends ?
Peut-être que ça t'aidera dans ton choix. Au fond tu as envie de répondre pareil que lui, seulement tu as l'impression qu'il te trouverait pathétique. Bon c'est surement déjà le cas, malgré tout tu te creuses la tête et tu parcours à nouveau le menu. Après un nouveau silence, tu parviens à articuler sans trop de confiance au début.
Je voudrais…je veux…je veux du poulet...
Tu relevés les yeux vers lui avec un sourire comme un gamin heureux qui n'a pas encore déballer son cadeau de Noel. Au fond c'est réellement ce que tu es, ce n'est que très récent que tu es obligé de faire des choix et c'est encore une étape difficile. Lorsqu'il n'y a personne c'est plus simple, mais face à un public, à lui, tu as le sentiment de devoir jouer un rôle. Pour autant tu es parvenu à t'en détacher pour faire un choix. Tu n'es pas réellement à l'aise, comme si tu attendais son approbation sur ton choix. Bien sur celle-ci ne vient pas et tu restes silencieux le temps qu'il commande. Tu as hésité à t'asseoir sur le lit, ce que tu as fini par faire après quelques secondes. Pour rompre le silence, tu as reprit, peu confiance.
Liwei….est-ce…..est-ce que tu vis dans cet hôtel ?
Tu te tortilles les doigts en lui posant la question. C'est assez indiscret et en même temps tu es un peu curieux. Est-ce que c'est un actionnaire chinois en voyage d'affaire ? Est-ce qu'il est simplement en déplacement à Séoul ? En général tu ne t'intéresses pas à tes clients, cependant il n'en est pas un et tu te demandes encore pourquoi il t'a récupéré.
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Re: Kitten in the rain | Mar 16 Mar - 10:08 Citer EditerSupprimer
Liwei ne peut pas manquer l’assortiment rapide de sentiments qui passe dans les yeux de YiHao jusqu’à lui déborder sur tout le visage. Mais il ne dit rien, parce que pour être honnête il n’était pas non plus un lecteur adroit de ce genre de chose… Mais il percevait quand même l’aspect négatif de toutes ces préoccupations qui se mettaient à tourmenter l’autre chinois… Et c’était difficile pour lui qui n’avait pas connu de vraie misère malgré le milieu très modeste dont il venait d’imaginer le chemin de penser du jeune homme. Essayer de faire comme s’il pouvait comprendre aurait été inapproprié.
« Ou alors tu choisis de ne pas faire autrement. »
C’était une demie critique. Parce que Liwei savait pour lui-même abuser parfois un peu de ce principe qu’il était plus facile de se laisser porter par le courant que de se battre contre lui pour le remonter. Mais lui, au moins, en avait conscience et assumait ce défaut de sa personnalité qu’il partageait avec une grande partie de l’humanité pour tout dire ! Ok, c'était un peu cruel, parce que ses difficultés n'étaient pas celles de YiHao. Mais il ne lui demandait pas de changer de vie... Juste de reconnaître le problème de sa situation. La lucidité était une qualité à son avis.
« Je ne cherche pas à te bousculer. Mais clairement ma pitié ne t’aiderait pas. »
Sa méchanceté non plus évidemment. Mais si Liwei n’était pas un saint, il n’était pas le diable non plus.
« Ne me regarde pas comme ça. »
Comme s’il ne comprenait pas ce qu’il disait. Le fond ou la forme.
« Si tu es heureux c’est toi qui as raison. »
Sinon, il devait lui-même être plus proche de la vérité non ? Quoi qu’il en soit :
« Ne me baratine pas sur ton bonheur, ok ? Pas alors que tu as failli passer sous une voiture et que tu es resté pleuré assit par terre. »
Pas qu’il pensait sincèrement que YiHao avait tenté de se suicider… Mais après tout, peut-être ? Consciemment ou pas, allez savoir. A ce stade ils étaient une énigme l’un pour l’autre sans doute.
Au mot d’excuse, Liwei hausse négligemment les épaules, sans plus s’y attarder. Il avait de la chance, le p’tit, qu’il n’ai pas carrément été insulté par son attitude. Qu’il ne l’ait finalement pas mis dehors parce que ça avait été drôlement présumer de sa sexualité ! Mais bon, Liwei voyait la détresse avant une quelconque envie de mal faire. Et même, au contraire, il avait « cru » bien faire.
« Peu importe. »
Quant à ce qu’il comptait prendre, il y a méprise et du coup Liwei souligne :
« Je ne vais pas manger avec toi. J’ai un déjeuner d’affaires tout à l’heure. »
Il irait juste vérifier dans sa suite qu’il était toujours présentable et puis il ferait appeler un taxi pour l’y conduire. Rien qui urgeait encore vraiment en tout cas. Et puis de toute façon, parce qu’il commençait doucement mais sûrement à comprendre comment le garçon fonctionnait :
« Et puis si tu n’aimes pas ce que je prends, tu auras l’air bête. »
Autant appeler un chat un chat et YiHao devait commencer à comprendre comment il fonctionnait, lui aussi ! Finalement l’autre chinois détermine ce qu’il veut… Ou du moins le type de viande !
« A la bonne heure. »
Liwei décroche le téléphone, suggérant :
« Je vais choisir quelque chose au poulet, qu’on n’y passe pas la journée. Mais pour tes autres repas, il faudra te débrouiller, ok ? »
YiHao avait fait le minimum syndical en choisissant le poulet… Mais Liwei n’allait pas le forcer à se rendre malade en choisissant tout, si c’était trop difficile. Les changements, ça devait toujours venir par touche, pas brusquement.
Ça sonne… Et Liwei coince le combiné entre son oreille et son épaule, menu entre les mains, tandis qu’une nouvelle question tombe du jeune homme assis sur le lit. Il ouvre la bouche pour lui répondre mais on décroche au même moment et Liwei se concentre donc sur le room service un bref instant. Il commande un plat -à base de poulet donc !-, demandant une portion double, d’un truc assez typique… Et un peu de kimchi à côté, demandant s’ils pouvaient ne pas trop l’épicer, au cas où… Finalement un dessert chocolaté au cœur coulant à souhait, pour la gourmandise. Lorsqu’il raccroche, il explique :
« Quelqu’un va venir frapper pour t’apporter ton plateau. Il faudra que tu lui ouvre. Tu ne lui dois rien. »
Il préférait prévenir, vu comme YiHao avait l’habitude de payer ses créanciers visiblement ! Et pour en revenir à sa question :
« Oui, j’habite ici. »
Après un instant il se doute que ça faisait court comme réponse et que la question attendait un peu plus de développement disons.
« Je ne viens souvent en Corée que pour des vacances. Enfin plus ou moins. Pas uniquement mais en grande partie. Et j’aime bien cet hôtel. »
Il avait fait ce choix de rester ici pour ne s’occuper de rien plutôt que de se chercher un bien immobilier. Bonne ou mauvaise idée, c’était pour le moment encore difficile à déterminer.
« Je suis écrivain. »
Pour information. Parce qu’il ne l’avait pas dit et qu’il supposait que ça pouvait être bien de justifier un peu son train de vie.
« Et ça marche bien pour moi. »
En même temps, l’endroit où ils étaient tendait à le prouver.
« Tu sais lire ? »
Il n’aurait pas été surpris que ce ne soit pas le cas. Parce que YiHao ne semblait pas savoir grand-chose et que la misère qui l’avait poussé de la Chine à la Corée ne lui avait peut-être pas permis l’enseignement. Comment aurait-il pu savoir qu’il était étudiant et doué dans son domaine ?
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Re: Kitten in the rain | Sam 20 Mar - 22:51 Citer EditerSupprimer
@Huang Liwei
Tenue | C'est surement la première fois que tu parles avec quelqu'un qui comprend ta langue natale. Plus que cela, c'est la première fois que quelqu'un te parle réellement, sans filtre, sans arrière-pensée, sans agressivité, ni hypocrisie. Enfin c'est l'impression que tu as face à la franchise que tu te prends de plein fouet au visage. Une partie de toi à envie d'ouvrir la bouche, d'explique ce que tu ressens ou ce que tu ne ressens pas. Tu ne connais rien du bonheur, tu ne sais pas ce qui rend heureux, ce qui te rend heureux. C'est un concept absent de ta vie, comme la dignité. Tu as perdu certaines choses en chemin. Une partie de toi est morte en même temps que ton innocence et tu ne sais pas réellement si un jour tu comprendras le mot heureux. Le pire dans tout ça c'est que tu n'es pas certain d'en avoir envie. Est-ce à cause de la peur ? Tu as déjà lu quelque part que le bonheur fait peur, alors c'est ça, il est plus simple de vivre dans la souffrance parce que c'est quelque chose que tu connais, que tu maitrises. Tu as trop de questions en tête et tes lèvres s'entre-ouvrent, car pour une fois tu peux t'exprimer.
Qu'est-ce que c'est le bonheur ? Est-ce que c'est quand on est heureux ? Qu'est-ce qui te rend heureux toi ?
Malheureusement la conversation change quand Liwei lâche peu importe. Peut-être qu'il n'a pas le temps, ni même l'envie d'essayer de te comprendre. Aussi tu l'écoutes t'expliquer qu'il ne mangera pas avec toi. Tu le comprends, il a surement mieux à faire. Tu t'estimes déjà chanceux qu'il t'offre à manger. En réalité tu as les moyens de t'offrir un repas. Tu ne roules pas sur l'or mais la prostitution paye, enfin ici. Avant tu ne touchais rien du tout, tu as eu ton premier salaire grâce à ton nouveau patron. Tu n'as d'ailleurs pas su quoi en faire. Tu ne peux pas avoir de compte en banque, ni de carte bancaire, aussi c'est lui qui garde ton argent. Comme tu ne demandes rien, il te donne de l'argent de poche en te poussant à lui faire savoir si tu veux plus de liquide. Cela ne te semble pas nécessaire, car tu ne sais pas quoi en faire. C'est peut-être pour ça que Liwei te prend presque pour un sans-abri. Quoi qu'il en soit, tu parviens à faire un choix, comprenant que tu n'auras pas d'aide de son côté. Tu le laisses ensuite gérer, appréciant de ne pas avoir à faire plus. Tu acquisses lorsqu'il parle des prochains repas. Tu ne risques pas de prendre d'autres repas ici. En réalité tu es même sûr de ne pas passer la nuit ici, après tout tu as du travail qui t'attend.
Tu es gêné de le questionner et heureusement vous êtes coupés par la réponse du roomservice. Tu esquisses un sourire furtif en l'écoutant commander. En effet tu aimes ce qu'il a pris, chocolat compris, tu as toujours été plus sucré que salé, seulement tu n'as jamais eu l'occasion d'en profiter. En général tu n'avais pas de desserts, encore aujourd'hui tu n'as pas l'habitude d'en prendre. Tu te perds dans tes pensées un instant à la recherche d'un souvenir avec le chocolat, sans succès, car cela remonte à trop loin, surement ton enfant dont tu as occulté tous les souvenirs. Il te sort de tes pensées en t'expliquant la suite du programme. Tu fais oui de la tête, indiquant que tu comprends que tu ne dois rien faire, ou rien dire à la personne qui t'apportera à manger.
Lorsqu'il te répond, tu l'écoutes, curieux d'en apprendre plus. C'est rare que tu ais des conversations normales, aussi tu ne sais pas réellement quoi penser de ce qu'il te raconte. Par contre lorsqu'il annonce qu'il est écrivain, tes yeux s'arrondissent d'intérêt. Tu as un tas de questions, parce qu'il doit être un acteur chinois et peut être que tu as déjà lu des livres de lui. Bon en réalité même si tu as toujours aimé lire, tu as eu une bibliothèque limitée. Tu as du lire et relire plusieurs fois les même livres car dans ton ancienne vie tu n'avais pas tout ce que tu voulais. Tu as eu parfois des cadeaux pour bonne conduite et généralement c'était un nouveau livre, tu n'étais pas très compliqué. A sa question, tu fais oui de la tête, pas franchement offensé.
J'aime lire, c'est la seule chose que je pourrais faire avant.....Qu'est-ce que tu écris comme livre ?
@Huang Liwei
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