Il l’avait vu ce garçon. Celui qu’il avait déjà croisé plusieurs fois avec elle. Qui était-il vraiment ? Que faisait-elle avec lui ? Etait-ce… son petit ami ? Depuis quand elle s’affichait avec lui aux yeux de tous ? Depuis quand il n’était plus dans sa vie ? Et voilà qu’il était troublé le gosse. Le cœur meurtri, saignant d’une peine qu’il n’arrivait plus à maitriser. Il n’était pas resté pour la soirée, les regards de Mok, ses mots l’avaient percuté. Il avait foncé dans sa chambre. Comme un gosse qui avait besoin de retrouver son refuge. Mais il n’était à sa place nulle part ! Et il se détestait, au point d’avoir jeté ses affaires. D’avoir crié de rage ! Frustré, agacé, il s’énervait, se laissait même tomber sur ce lit. Sa tête entre ses mains, il fixait le vide… cette image d’elle et de lui… alors elle ne reviendra pas… et c’était cette constatation qui le déchirait le plus. Ses yeux s’embuaient… sans qu’il ne puisse y faire quoique ce soit. Cédant… une larme qui coulait sur ses joues, s’écrasant sur ce sol recouvert de ses dessins. De ces croquis d’elle en guerrière. Indépendante, si forte ! Pleine de courage… voilà la vie qu’il avait modelé pour elle. Et sa guerrière s’en était allée… sa mâchoire se crispe alors qu’il se baisse pour récupérer ces feuilles. Elle était si belle… si terrible. Elle ne pouvait pas le laisser tomber. Pas maintenant. Pas après tout ce qu’ils avaient vécus. Je n’ai plus rien… si tu ne reviens pas, je… j’en crèverais… et il le sait alors ses doigts froissent le papier. Et voilà que le gosse se laisse tomber contre son lit, enfouissant son visage dans ses mains pour se cacher d’une ombre qui vient l’engloutir. Et il pleure… encore, sans jamais s’arrêter… au point qu’il finit par s’épuiser et tomber de fatigue.

Elle s’était penchée vers lui avec l’idée folle de l’embrasser. Ses lèvres frôlants les siennes, Kitae se montrait patient avec elle … pourtant à la seconde où sa bouche se serait poser sur la sienne Mok se recule brusquement. Comme brûlée par l’image de Junho qui s’impose à elle. Il l’obsèderait toujours, pas vrai ? Une constatation amère et douloureuse. Mok savait qu’elle ne voulait pas tourner le dos à Junho. Elle savait qu’elle serait éprise de lui et qu’elle l’aimerait qu’importe la relation qu’elle se construit avec Kitae. Jun ho aura toujours cette place et c’était bien ça le problème. Car Mok continuait de ne penser qu’à lui à son réveil, pendant ses nuits blanches (car rien ne changeait. Ses nuits étaient toujours aussi longues et vides de sérénités.) Mok continuait de penser à lui, à ses absences, à ce vide qu’il l’avait obligé à supporter. Aussi malheureux que ça puisse être ces derniers mois Mok avait du se sevrer de la pire des façons à son absence. Il ne lui avait laissé aucun choix se perdant dans cette relation avec Sang Jae. Il l’aimait. Elle en était certaine car chaque fois qu’il parlait de lui son regard brillait … Mok avait cherché sur internet ce qu’était le poly amour et se demandait si Junho n’avait pas le cœur capable d’aimer plusieurs personnes à la fois … puis elle avait réalisé, s’était convaincu, qu’elle n’était dans le fond qu’un pilier auquel Junho s’était habituée. Elle était là et il ne craignait pas de la voir disparaître car c’était tout ce qu’elle lui avait promis depuis le début. Elle avait accepté Sunan, elle avait accepté Sang Jae. Elle avait accepté de souffrir tant qu’il lui portait son attention … puis els nuits se sont faites de plus en plus rares … Sang Jae de plus en plus possessif et Mok de plus en plus délaissé. Elle l’aimait mais comprenait qu’elle ne méritait pas ce qu’il lui infligeait. Ce n’est pas ainsi qu’on aime. Ce n’est pas ainsi qu’on aime quelqu’un … Kitae lui montre quelque chose de différent … elle ne prétends pas qu’il a des sentiments pour elle mais … il se montre présent, remarque les détails, la rassure … lui fait comprendre qu’elle est unique … ne suis je pas unique pour toi Junho ? De quel droit détruisait il sa flamme jumelle ? Détruisant son coeur de la plus dévastatrice des façons. De quel droit ? Alors Mok avait fuit, paniquée, elle avait quitté les bras de Kitae et s’était réfugiée au seul endroit qui l’avait toujours rassuré : les bras de Junho. Mais ce soir loin d’apaiser son cœur elle allait laisser éclater sa douleur. Elle ouvre la porte parce qu’elle en avait toujours le droit. Serait il heureux de la voir ce soir ? Pendant une seconde tout serait comme avant. Deux amants détruits qui se retrouvent sous le couvert de la lune. Elle plonge son regard dans le sien et se fait frapper par la fureur et la douleur du garçons. Comme une vague qui l’engloutit Mok vacille. Il souffre. Et déjà là voilà prête à abandonner les armes mais l’image de Kitae souriant la bouscule. Tu mérites d’être aimé lui avait il dit un jour. Des mots lourds de sens, lui qui savait positiver sur tant de choses. « Pourquoi tu me fais ça ?! » gémit elle avant d’aviser le chaos ambiant dans la pièce. Sa rage il l’avait passé sur ses affaires quand elle la passait sur sa paume. « Est ce que tu as la moindre idée de ce que tu me fais ?! » ajoute t elle en se laissant tomber contre le battant de la porte qu’elle referme les plongeant alors dans leur bulle coupée du monde … faut-il que j’abandonne pour te laisser gagner ?

Il aurait pensé que s’assoupir aurait apaisé sa peine mais ça n’avait fait que la renforcer. Il soupira, restait encore longtemps assit. A observer ce bazar dans sa vie. Où était-elle désormais ? Avec lui ? Que faisaient-ils ? L’aimait-elle ? Tout était dénué de sens. Elle lui avait pourtant tenir à lui. Alors pourquoi partir ? Perdu, il est soudainement dévasté. Cette silhouette frêle qu’il espérait voir la voilà sous ses yeux. Pleine de rancœurs, de haine contre lui… souffre-t-elle ? Evidemment, il le sait. Et ses mots le perdre, un instant alors qu’il la regarde désemparé. Il est surprit. Tellement abasourdi qu’il croit rêver. Mais la voir s’essouffler aussi vite le rend malheureux. Elle n’a pas le droit de venir ici de lui crier sa rage. Alors qu’il pleure… pour elle. « Et toi alors ? Est-ce que t’as la moindre idée de ce que ça me fait ? » Oh qu’il est vile ce gosse. Trop cruel car elle sait. Plus que lui ce qu’il peut ressentir. Ne se souvient-il pas de cet abandon face à Sang Jae ? ne lui avais pas déjà inculqué le même châtiment ? « Tu veux quoi hein ? Je me suis excusé putain. Je pensais chaque mot dans ma lettre. » Et il pensait bêtement que ça suffisait. Mais elle l’avait encore rejeté. Il n’y comprenait plus rien le gosse. Il était perdu. Ce n’était pas aussi facile que ça. Pardonner… il en savait quelque chose. Alors à quoi jouait-il ? Parce-que avec elle tout avait toujours été facile. Parce qu’il avait su passer au-delà de sa rancœur pour lui ouvrir son cœur… « Je comprends pas Mok ! Pourquoi tu m’en veux tout le temps ? » C’est plein d’innocence qu’il disait ça. Trop sincère sûrement. De quoi la rendre folle ! « Tu ne vois pas que j’ai besoin de toi ?! » et de ses yeux encore rouge elle pouvait le deviner. Il détourne les yeux, tente de garder une assurance qu’il n’a pas. Mais il n’a pas vraiment crié. Parce qu’il n’est pas fâché contre elle… il a cette lueur triste pourtant. « Dis moi quoi faire… pour que tu reviennes… » il était presque suppliant le gosse

Était-il sincère dans ses mots ? Ne comprenait-il vraiment pas ? Ou n’était-il pas capable de comprendre ? Était-il trop concentré sur ses propres sentiments pour réaliser tout le mal qu’il lui avait fait ? Mok pouvait continuer ainsi longuement à se noyer sous les questions. la surprise pouvait se lire sur son visage mais la fureur plus encore. Elle voudrait crier mais semblait avoir oublié comment faire. Les mots se perdaient dans sa gorge nouée alors qu’elle s'approchait de lui. Le gifler avait été sa première envie, sans savoir si c’était pour le faire taire ou pour le toucher. Depuis quand ses doigts n’avaient pas frôlé sa peau ? Elle qui avait pour habitude de se perdre sur son torse, de glisser ses doigts dans les cheveux de sa nuque, de parcourir son cou de baisers. Elle avait été privée de tant de contacts qu’elle avait cru devoir se sevrer de lui. En manque elle l’avait été, le cœur abîmé et le corps douloureux de son absence. Elle avait souffert, physiquement, de ne pas l’avoir près d’elle et toutes ces douleurs s’apparentaient à de la drogue dont le corps est privé. Tremblante de rage, Mok s’avance vers lui la mâchoire creusée tant elle la serrait. Enfant dévastée, elle s’arrêta à quelques centimètres de lui, sentant son souffle chaud s’écraser sur le sien. Un frisson lui parcourt l’échine, pendant une seconde elle se crut capable de flancher, mais l’image de Kitae s’impose à elle, comme un courage qu’elle se donne. “Sais-tu ce que c’est ?” demande-t-elle d’une voix plus calme qu’elle n’aurait cru pouvoir avoir. Ses doigts s’ouvrent alors lentement pour dévoiler sa paume abîmée, à nouveau meurtri. Elle s’était promis de ne jamais lui dire, de ne pas l’accabler de cette blessure qu'elle s’infligeait … “C’est toi qui m’annonce avoir rencontré quelqu’un. C’est toi qui m’annonce avoir couché avec Sang Jae. Ca, c’est toi qui me montre à quel point il te fait du bien …” une goutte de sang coule lentement le long de son poignet “Et tu sais pourquoi ça ne guérit pas depuis tout ce temps …?” dit-elle d’une voix basse, cassée par la douleur. Elle sort lentement sa lame de rasoir qu’elle gardait toujours sur elle, comme un secret honteux. tâchée de sang, elle la fait pourtant glisser entre ses doigts. “Parce qu’il y a eu toi en couple, toi amoureux, toi heureux, toi qui revenait, toi qui partait, toi qui me laissait encore, encore, encore, encore et encore ... “ d’un geste rapide, habile, d’un geste qu’elle ne maîtrisait que trop bien, elle enfonce la lame dans sa main, plus loin de que d’habitude, elle grimace à peine pourtant la douleur irradie dans sa paume. Elle souffre tellement et pourtant, c’est le minois levé plein d’affront qu’elle le fixe. Le sang coule de sa plaie alors qu’elle souffle “Tu pensais qu’une lettre suffirait …?” dit-elle les larmes aux yeux avec un sourire désabusé. Sa paume à vif, elle vient pourtant caresser la joue du garçon, le souillant de son sang malgré elle. l’odeur du fer n’était même plus un inconfort, bien au contraire … Elle pouvait suivre du regard cette goutte de sang qui glissait le long de son menton, ce menton qu’elle avait si souvent embrassé … “Tu ne réalises même pas que la seule chose que tu as répété encore et encore dans ta lettre c’est ta solitude … ta solitude qui te pèse … ce n’est pas moi qui te manque, ni toi qui m’aime … mais uniquement toi et ta solitude … compagne douloureuse, pas vrai …?” ses derniers mots douloureusement soufflés ne sont que l’échos de ces derniers mois … ça fait mal, n’est-ce pas ? A en couper le souffle …

Stupide gosses à se haïr et se détester. A se rendre fou, s’ignorer et se repousser. Alors que tous les avaient unis… il y avait cette légende. Celle qu’elle lui avait conté. Tu t’en souviens Mok ? demandait-il silencieusement. Alors qu’elle approchait ce regard vif, cette allure dangereuse. Il frémit à son souffle sur sa peau, mais il se braque en la voyant brusquement tendre cette main vers lui. Si abîmée… si vive elle aussi d’une douleur marquée sur sa peau. Il fronce les sourcils, déglutit, et se sent partir... un gosse fragile qui ne peut assumer cette douleur. La souffrance visible qu’il lui inflige. Il l’écoute pourtant, sa voix déjà lointaine. Il se sent pâlir… se morfond intérieurement. Je suis désolé… pensera-t-il naïvement. Mais son geste le glace… l’emporte dans cet ailleurs qui n’appartient qu’à eux. Et si un être normal aurait pris peur. Junho est resté figé… à attendre son châtiment. Il était prêt à le subir. A accomplir ce qu’on attendrait de lui… et pourtant, cette douceur mélancolique ne calmait pas son cœur. Un souvenir, d’une promesse affreuse entre eux. Silencieuse parfois… mais terriblement addictive. C’était lui… le gosse de ses cauchemars. Celui qui la briserait… et c’est dans une valse affreuse qu’il s’élance. Terrible enfant, qui ne comprend pas cette rage soudaine qui brûle sa peau. Si sa mâchoire se crispe, ce n’est pas de dégout. Mais de colère, alors qu’il se saisit de son poignet. « T’as pas le droit de te faire ça ! » pas parce-qu’il veut son bien « C’est moi !!! C’est moi qui devais te faire du mal ! C’est moi et moi seul !!! Tu t’en souviens ? » Et qu’il est étrange d’entendre cette mélodie ravageante. Si douloureuse… le gosse est perdu, mais terriblement perturbé. Je ne suis pas comme les autres. Parce-que lui… est un monstre. Il serre davantage son poignet, ne s’effraie pas de sentir son sang sur lui. L’odeur l’aguiche même, cruel démon attiré par sa souffrance. « C’est moi !!!! » hurle-t-il plus fort. Il s’attarde quelques instants, sur ce regard… sur cette silhouette qui le rend fou. Puis en la lâchant il s’éloigne, aliéné… « Pourquoi tu fais ça ?? Si je suis seul, c’est parce-que t’es pas là Mok ! » ça n’a rien à voir avec le reste. Pas Sang Jae… pas sa sœur… « C’est toi putain ! C’est toi qui m’a promis que tu m’abandonnerais pas. » et lui aussi… il serre les dents, cherche brusquement sur son bureau son cutter qu’il ouvre. Une lame tranchante elle aussi, qu’il dirige sur son propre poignet. « Reviens Mok ! » et c’est les yeux remplis de larmes qu’il la supplie… si elle se fait souffrir, alors lui aussi. Si elle se fait du mal alors lui aussi s’en fera… « Reviens, ou je te jure que je le fais !!!! » et plus rien ne l’effraie. Parce-que sa douleur est trop grande… alors il n’a que ça… ce chantage pour la faire revenir.

Enfant en plein désarroi. Ils ont appris à grandir ensemble, aujourd’hui tout paraissait fou. Seraient-ils capables de vivre l’un sans l’autre ? Non, de toute évidence. Mok le savait, de la façon la plus intime qui soit, elle était convaincue qu’ils crèveraient avant d’avoir pu essayer. Elle savait qu’elle ne pourrait jamais pleinement vivre sa vie s’il n’était pas avec elle à ses côtés. Parce qu’ils étaient destinés, ils se savaient unis pour la vie, pour celle-ci et toutes les autres. Celles d’avant, et celles qui viendront. Peut-être devraient-ils simplement mourir pour tout recommencer. A l’image, de Roméo et Juliette la mort ne semblait pas être si effrayante si l’être aimé n’était plus. Elle l’observe, souffrir sous ses yeux. L’assassinait-elle réellement ? Ou bien était-ce sa solitude. T’comprends pas, c’est toi ! c’est parce que tu n’es pas là. C’est vrai, elle avait toujours été là. Avec Sunan, avec Sang Jae, jamais Mok n’avait laissé pleinement sa place : elle avait été là, dans ses nuits, dans sa folie. Jamais elle n’avait failli à sa tâche, quand bien même elle en souffrait, elle avait soutenu son amant. Lui avait tenu la main, l’avait apaisé chaque fois qu’il avait sombré … Elle avait été là, dans l’ombre, de cette discrétion si salvatrice pour le garçon. Il l’avait usé à ne pas savoir se contenter d’elle. Et jamais, jamais il ne sera trop tard, mais Mok voulait qu’il réalise, qu’il comprenne. Elle allait tenir bon cette fois, car si elle voulait qu’il lui revienne, il fallait qu’il saisisse l’ampleur de la situation … et du mal qu’il lui infligeait encore et encore … Ce n’était pas juste ce sexe qu’il faisait avec Sang Jae, c’était ses sentiments qu’il éprouvait pour lui. Ce n’était pas juste cette obsession qu’il avait éprouvée pour sa sœur, c’était cette façon qu’il avait de faire d’elle l’élément principale de sa vie. Mok avait tenu bon depuis tant d’année et il était égoïste de la part de Jun Ho de la faire tenir plus encore. Brisée, à bout de souffle, elle s’était accrochée. Encaissant les coups jusqu’à ne plus pouvoir se relever. Et là encore elle avait rampé. Couru après le garçon jusqu’à ce concerto. Achevée par tant de maladresse elle s’était sentie tomber dans le vide. Laisse-moi mourir si tu ne sais pas m’aimer. Voilà ce qu’elle avait eu envie de lui dire. Mais là encore il ne l’avait pas laisser faire … Alors à présent, il se tenait face à elle, la menaçant de s’ôter la vie si elle ne revenait pas. Avait-il fait ça à sa sœur ? Avait-il fait ça à Sang Jae ? Mok n’arrivait plus à se sentir unique à ses yeux. Le visage fermé elle s’avança jusqu’à lui doucement avant que la gifle ne résonne dans la pièce. Une gifle qui lui brûlait sa main valide. Elle le fixe remplie d’une fureur qu’il n’avait pu voir venir. « Comment oses-tu ? » siffle-t-elle. Comment osait-il lui voler la seule chose qu’elle possédait rien qu’à elle. Comment pouvait-il lui voler ce mal qu’elle se faisait et le retourner contre elle ? « Tu n’as pas le droit de me prendre ma douleur. De me voler la seule chose qui me soulage. Comment peux-tu la retourner contre moi ?! » Mok tremble encore plus, vacillant en croisant son regard. « FAIS LE » hurle-t-elle soudainement en lui jetant sa lame au visage. « ME DIRE QUE TU M’AIMES ET T’EPUISER A ME LE MONTRER C’EST TROP DIFFICILE POUR TOI ? » parce que voilà tout ce qu’elle méritait. Qu’il s’épuise à lui prouver son amour, comme elle l’avait fait ces derniers mois. « T’as même pas essayé ! » elle secoue la tête en le repoussant « T’as même pas essayé suffisamment fort ! » Dieu qu’elle le haïssait. Qu’elle détestait cette façon qu’il avait de lui renvoyer sa douleur sans prendre en compte celle de Mok. Tu n’essayes même pas de m’aimer … Mok éclate en sanglot en attrapant le visage de Jun Ho pour le forcer à la regarder. Sur sa bouche des traces de sang qu’elle tente vainement d’essuyer du bout de ses doigts tremblants. Et sa poigne se crispe malgré elle sur ce visage qu’elle veut tant aimer et tant détester à la fois …

Elle n’était que le reflet de ce qu’elle ressentait. Et pourtant malgré la douleur cette gifle n’était pas assez forte surement. Un moyen de le réveiller de le sortir de cette torpeur. Ce n’était pas une punition… car la vraie souffrance c’était de savoir qu’elle partirait. Que ce soir, elle était surement venue pour lui dire au revoir. Mais ça Junho se le refusait. Il resta silencieux, sans rien dire… ses larmes coulant sur ses joues. Il n’en pouvait plus. Se sentait désespéré… elle avait surement raison mais il était bien trop égoïste pour s’en rendre compte. Ce qui comptait c’était ce que lui ressentait… pas vrai ? Elle le lui faisait comprendre au final. Il fronça les sourcils, sa mâchoire crispée à nouveau… il ne savait plus si ses gestes le rendaient malheureux… mais il sentait sa peau frémir sous ses doigts. Tandis que ses yeux se perdaient sur elle. Et ces mots si beaux et à la fois si affreux… elle avait raison, mais il était si aveugle à cette détresse. La sienne l’emportait… il aurait pu tout abandonner. Lui céder cette vérité… mais il ne s’y résignait pas. « C’est toi qui a rien entendu Mok ! » lui disait-il alors qu’elle serrait ses doigts sur son visage. D’un geste, il posait sa main sur la sienne… presque délicat et pourtant son regard était sombre. Et si lui restait aveugle à sa peine, elle restait sourde… serrant ses doigts sur les siens, il attrapait sa main « Je n’ai pas à te le dire… » Disait-il d’une voix étrange. Lointaine et pourtant cassée… il soulevait son haut, plaquant subitement sa paume ensanglanté sur son cœur… et ce rythme si fou qu’elle avait l’habitude de taper… n’avait-elle jamais comprit ? S’approchant d’elle, il se collait… lui imposait sa présence… « C’est toi qui n’entends rien… » Elle avait besoin de le dire ? De l’entendre… mais il n’y comprenait rien. Pour lui ça n’avait aucun sens… Je te l’ai déjà dit Mok… ce jour-là dans l’accident… mais ça n’a servi à rien. Tu t’es éloignée… tu m’as laissé quand même. Je n’ai pas à te le dire… parce-que tu devrais déjà le savoir… on est destiné… Alors pourquoi doutait-elle ? Il se sentait fragile, mais à la fois blessé… qu’elle en arrive là. A douter… à croire qu’il n’en était pas capable. Pensait-elle qu’il pouvait la détester ? « Je t’interdis de me haïr… » disait-il les dents serrées. Son cœur s’affolait sous sa paume, brûlant alors qu’il voyait ce regard si dur… comme si ce lien pourrait un jour se briser. Eux qui s’étaient promis… sous la lune de toujours être là… Plaquant un peu plus sa paume sur son torse « Ecoute-le !! » hurla-t-il comme si c’était un besoin vital. Il avait besoin qu’elle le fasse, qu’elle comprenne. Mais il était si effrayé à l’idée de la perdre. Elle pourrait le nier, ne pas comprendre… mais si il devait lui prouver c’était avec ça. ce geste… et subitement, il se jetait sur sa bouche. Parce-que si elle n’était pas capable d’entendre… alors il lui montrerait

Avait-il il raison ? Se fermait-Elle à lui parce qu’elle avait peur ? Peur qu’il puisse à nouveau la blesser malgré ses sentiments pour elle ? Puis soudain la jeune femme réalisa que l’amour ce n’était pas suffisant. Il l’aimait, de tout son être elle pouvait le sentir, mais ce n’était pas suffisant. Et cette constatation lui arracha un gémissement du cœur alors qu’il posait sa main délicate et ensanglantée sur son torse. Junho … elle vacille, ferme les yeux sous ce palpitant rageur. Il l’aime, à chacun de ses battements. A chacun de ses souffles. Elle laisse échapper un gémissement et sursaute alors qu’il hurle. Qu’il lui hurle d’entendre. Sa tête rentre dans ses épaules par réflexe et ses doigts se crispent sur sa peau. Entends le !! Elle ne fait que ça … l’entendre. L’entendre. L’entendre. Comme un battement sourd qui l’engloutit. Elle l’entend et se perd dans sa symphonie. Plus encore lorsque sa bouche entrechoque la sienne pour un baiser passionné. Un baiser remplit de peur. Maladroit. Douloureux. Elle n’a pas la force de le repousser. Ne veut pas la repousser. C’était la première fois qu’il s’énervait pour elle. Ce soir elle n’était ni Sunan, ni Sang Jae. Il n’était furieux pour personne d’autre qu’elle. Il n’était fiévreux pour personne d’autre qu’elle. Elle s’accroche à lui et réponds à son baiser avec la même fureur. La même maladresse. La même colère. Je t’interdis de me haïr lui avait il sifflé. Et si c’était trop tard Junho ? Sa main abîmée se perd sur son torse qu’elle avait si souvent embrassé et caresser. Son index frémissait en un rythme régulier, celui qu’il imposait à son coeur. Oh mon amour, dis moi comment on a pu en arriver là … Et parce qu’elle sait qu’elle se perdra si elle succombe ce soir Mok utilise le peu de force qui lui reste pour le repousser. Tremblante, elle le maintient à bout de bras. Elle blêmissait a vu d’œil alors que sa bouche d'ordinaire si pêche était écarlate. « Je voudrais … tellement … tellement croire que tu es prêt ... » elle porte ses doigts rougis de sang à sa bouche, toujours aussi délicate et belle enfant … elle recule d’un pas en chancelant et murmure « Junho … ouvre les yeux … si tu m’aimes assez alors tu comprendras … oui toi et moi on est destiné… mais tu n’as pas à me détruire pour t’en rendre compte … arrête … je t’en prie … arrête de me détruire …. » dit-elle dans un dernier sanglot. Elle avait disparu avant même que Sang Jae ne le quitte. Elle n’était restée que vague, éphémère à ses nuits … et pourtant … keep me safe. Une larme roule sur sa joue alors qu’elle ferme les yeux, enfant dévastée, Mok avait conscience de lui ôter le peu d’espoir qui lui restait. Mais il comprendrait un jour, elle s’en persuade. Il comprendrait et elle n’avait que cet espoir auquel se raccrocher.

Dans ce baiser il y voyait un doux espoir. Une urgence à laquelle ils succombaient… Vois comme je tiens à toi Mok. Sens comme je t’aime… de cet amour véritable. De celui qui vous prend aux tripes et vous saccage la raison. Je pourrais devenir fou pour toi… s’il ne l’était pas déjà. Si il n’avait pas déjà sombré… et si finalement la plus belle preuve d’amour c’était de s’en sortir. De devenir cet être de lumière… serait-elle prête pour lui ? Il vacille, tremble tant il craint de la perdre ce soir. Jamais il n’avait connu une pareille angoisse. Sunan ce n’était rien… Sang Jae… ça ne comptait plus. Dans ses bras il voulait se perdre. Contre sa bouche, il voulait crever… Malgré lui ses perles salées roulaient sur ses joues. Et quand il sentait cette main le repousser, tout s’assombrissait. Un bruit sourd, celui de son cœur qui se brisait… Il n’avait pas la force de parler. Tout ce qu’il voyait c’est qu’elle ne voulait pas de lui. Pas aujourd’hui… et demain ? Pourrait-elle changer d’avis. Tu vois !! Ça ne suffit pas. Parce-que l’amour n’est pas suffisant n’est-ce pas ? Dans cette souffrance si dévastatrice. Une angoisse le prend encore, alors qu’il la regarde. Un frisson lui parcours la peau… si doux poison qui parcours ses veines désormais… combien de temps prendra-t-il avant de le consumer ? « Mok… » Murmure-t-il. Le regard perdu, prit d’effroi. « Ne… fais pas ça… » Ne me laisse pas. « C’est pas… ce que je voulais. Tu le sais… » Bien sûr qu’elle le sait. Et il déglutit, sa vue se brouille sous ses larmes. Et pourtant, il sait qu’il ne voit qu’elle… ce soir il n’y aura que la lune encore témoin de leur relation. Il sait qu’il devait s’éloigner mais il n’y parvient pas. Se jetant presque sur elle « Je t’en supplie Mok ! Ne fais pas ça ! Ne pars pas. » et il a l’air soudainement pitoyable. A forcer cette étreinte. A venir caresser son visage si parfait. « Tu le sais putain ! Ne fais pas semblant ! » De croire que tout s’arrangera. Ça sera pire… Et il attrape sa main dans un geste désespéré. La plaque contre sa joue… « Apprends-moi… » la suppliait-il désemparé. Puis se saisissant de son visage entre ses mains, il la regardait ne sachant plus si elle était déjà trop loin pour lui. Comment lui faire comprendre qu’il pourrait changer. Mais il n’en savait rien lui-même... « C’est toi que je vois… » Plus les autres. Et ça fait si longtemps en réalité… « T’es la seule à pouvoir vaincre mes démons… j’y arrive pas sans toi… » la guerrière de son cœur. Celle qui mènerait les batailles à ses côtés. Il n’était qu’un compagnon… de galère surement. Mais tous ses mots avaient l’air d’être sourd. De l’éloigner davantage… que faire pour la ramener il se sentait démuni. A bout de souffle, alors qu’il pleurait un peu plus. Sans savoir quoi dire, il se laissait tomber à ses pieds. Passant ses bras autour de ses hanches, il posait sa tête sur son ventre… suppliant son pardon « Je t’en supplie… aime moi wo de ai… »

Cruel amant. Mais Dieu qu’elle l’aime. Elle pourrait donner sa vie pour lui. Sa supplique lui déchire le cœur et elle pourrait tout lui accorder aujourd’hui. Son amant à genou devant elle, suppliant. Elle le regarder se détruire devant elle. S’écrouler sans avoir la force de tenir debout. Wo de ai … ses larmes roulent de plus belle. Quelle attaque déchirante. Comment osait il ? Lui crier son amour quand tout était saccagé. Était-il trop tard ? Non, jamais, ça ne serait jamais trop tard. Elle caressa ses cheveux tendrement en retenant un nouvel hoquet de sanglots. Ses mots l’assassinent. Mais il le sait, pas vrai ? Il sait qu’il appuie là où ça fait mal. Il sait qu’elle l’aime. Quelle l’aime plus que tout … mais Mok n’a jamais agis que pour une chose : la survie du garçon. Aujourd’hui elle réalisait que jamais elle n’avait su le faire vivre. Elle n’avait réussi qu’à le faire survivre … avait-elle bien fait de lui ouvrir sur les sentiments qu’il éprouvait pour sa sœur ? Que ce soit une obsession malsaine ou un tabou. Avait-elle fait bien de le pousser à l’assumer. A le dire. A le vivre ? Avait-elle bien fait de le laisser se découvrir dans les bras de Sang Jae ? Avait-elle bien fait de toujours suivre son jeu. De lui offrir cette folie qu’elle pensait salvatrice … aujourd’hui nous n’avions qu’un homme brisé, abandonné de tous. Même d’elle ? Jamais elle ne pourrait et pourtant elle compris après s’être posée tant de questions qu’elle était la seule responsable de sa détresse … elle l’avait toujours poussé à croire que s’il devenait lui il serait plus fort. Mais il s’était écorché corps et âme pour en arriver là aujourd’hui. Mok ne réalisait pas à quel point Sunan et Sang Jae ne voulaient plus rien dire maintenant qu’elle était pleinement là. Mok continuait de croire qu’elle passerait toujours après eux quand bien même il lui assurait devenir sa priorité … elle qui avait si longtemps cru qu’elle ne pouvait plus espérer au risque de perdre sa vie … elle gémissait en silence, ses mains se perdant dans les cheveux de son amant. Elle le serre contre lui, son ventre se creusant malgré elle au rythme de ses sanglots. Elle crispe sa poigne quelques instants avant de s’accroupir. Sa guerrière s’agenouillant devant lui. Attrapant son visage délicatement, elle cherche son regard. Amants en piteux état. A trop s’aimer on implose. Caressant sa joue comme pour le nettoyer du sang qui avait taché sa joue elle ne cesse de faire tourner sa phrase t'es la seule à pouvoir vaincre mes démons. Peut-être qu’il était là le problème ? Elle était là seule à porter les armes pour lui quand il abandonnait. Tout paraissait logique. Elle qui l’avait si longuement protégé. Finalement Mok compris qu’elle n’avait jamais failli à sa mission. Bien au contraire. Elle l’avait toujours tenu à bout de bras et chaque fois qu’il trébuchait elle avait saisit sa main. L’avait elle trop couvé ? Son homme. Son amour. L’avait elle empêché de sombrer ? Maintenant elle devrait faire pire encore … elle devrait lui apprendre à vivre … Sa démone déposait les armes devant lui … comme une offrande. D’un geste délicat elle lui offrait son épée, sa vie. Elle se sacrifiait. Voilà ce qu’elle faisait. Elle sacrifiait sa vie pour qu’il apprenne à vivre la sienne. Il fallait qu’elle le quitte pour qu’il devienne qui il devait être. « n’oublie jamais que je t’ai aimé des le premier jour et que je t’aimerais jusqu’à mon dernier souffle car ainsi s’aiment les flammes jumelles ... » murmure t elle en chinois, comme une citation du coeur. Puis lui souffle en coréen « il est temps Junho … que tu apprennes à t’aimer. » et c’était tellement fou, tellement incongru comme réponse … elle tentait vainement d’essuyer ses larmes mais chaque fois qu’elle les effaçait d’autres survenaient plus nombreuses encore. Elle peine à contenir sa détresse « tue les … tue les pour toi … » gémit elle. Tue tes démons pour devenir plus fort …. Je serais ton ombre. Celle que tu ne percevras plus mais qui sera la pour toi … et ma vie en sacrifice que je t’offre … prends la pour vivre. Vis. Pour nous. Pour que notre prochaine vie soit la plus belle de toute. La plus belle de toute mon amour je te le promets … « tu peux apprendre … tu peux apprendre seul … à être fort ... » souffle t elle en venant déposer ses lèvres contre les siennes. Soit fort … puis elle se relève sans savoir où elle trouve le courage … titubant jusqu’à la porte.