C’est fini… c’est tout ce qui résonnait dans sa tête, et c’est tout son être entier qui se mettait à trembler. J’ai froid Mok… sans toi je n’y arriverais pas. Il aurait beau lui dire la supplier, voilà que la guerrière rendaient les armes. Se sacrifiant elle-même pour qu’il se batte… pour qu’il poursuivre sa route sans elle. Et il pleurait, sans pouvoir l’arrêter... son regard perdu dans le sien. Peu importe ce qu’ils se diraient. La douleur le tuerait. Ce soir la Lune est cruelle… pensera-t-il, alors qu’il s’égarait. Et son sourire ne serait plus qu’un souvenir. Sa peau contre la sienne… il n’avait plus la force de rien. Pas même de parler. Parce-que il était au sol… elle n’avait plus qu’à l’achever. Mais elle n’y ferait rien. Et c’était pire que d’être tombé agonisant… il aurait aimé qu’elle plante cette lame dans son cœur. Qu’elle lui rende sa liberté… c’est moins dur de crever, que de te voir partir… Et il l’aime sa douce amante. Son secret… le plus terrible finalement. Cette vie n’était-elle donc pas faite pour eux ? Il baissa les yeux… pleurant, se foutant d’être minable face à elle. Il aurait aimé avoir la force de la retenir. Mais il avait compris ses mots. Le poids qui pesait sur eux… On ne sera jamais heureux… et il se sentait sombrer. Tomber davantage. Cette bouche contre la sienne, n’était qu’une blessure qu’elle lui faisait. Une plaie qui ne se refermerait jamais… Achève-moi !!! Lui criait ses yeux mais elle n’en fera rien. Et c’est la pire des fins pour cette histoire… voir l’ombre de celle qu’il désire lui tourner le dos. Jamais il n’avait eu une telle angoisse, une telle crainte. La douleur est prenante… aveuglante. Et quand la porte se referme, il s’est précipité vers elle. Frappant le battant en criant son nom… « Mok !! » je t’aime… mais ça ne suffira pas à la retenir. Il n’y a plus rien… qu’un vide immense qu’elle laisse. Il s’écroule, ne retient plus ses jambes… et cette odeur de sang finit par l’écœurer. Il en pleure tellement, à s’en rendre malade. Ne plus pouvoir respirer… reviens… suppliera-t-il encore face à ces dessins. Face à tout ce qui lui resterait d’elle… une image… qu’il n’osera façonner… il n’avait pas encore le courage d’attraper cette lame qu’elle lui avait donné. Son cœur saignait trop… pour ça… peut-être trouvera-t-il le courage de se battre. De le faire pour elle… pour la retrouver dans cet autre univers qui les attendrait…

A peine le battant refermé qu’elle pouvait l’entendre se jeter contre lui et hurler son prénom. un coup de poignard en plein cœur, qu’elle ne supporte pas. Mok savait qu’une fois encore, elle faisait ce qu’il fallait, tout du moins elle s’en persuadait. Elle l’avait aidé à avancer à chaque étape de sa vie, ce soir encore elle voulait le pousser à se surpasser. Mais peut-être qu’elle aurait simplement dû l’aimer … l’aimer et prendre ce qu’il avait à offrir. Elle éclate en sanglot silencieusement alors qu’elle l’entend pleurer derrière la porte. Au bout du couloir une porte s’ouvre. un silence qu’elle hait plus que tout. elle l’écoute, l’entend gémir son prénom et sa peine. elle ne part pas. reste près de lui sans qu’il ne puisse le deviner. je ne serais jamais loin … se promettait-elle. Mais comment pourrait-elle apprendre à aimer si elle restait dans l’ombre. Il fallait qu’elle apprenne à accepter le soleil, qu’elle cesse d’en avoir peur … Elle donnait à la lune, la plus cruelle des manières, mais ce soir, elle … avait fait l’acte le plus héroïque qu’elle eut été donnée de faire en cette vie … pardonne moi mon amour … Il leur faudrait du temps, des erreurs et beaucoup, beaucoup de patience pour apprendre à se remettre debout … Mok ramène ses jambes contre elle et se déteste, se hait tant … Son téléphone vibre. quelques appels, des sms … Kitae s’inquiète, voudrait savoir si elle va bien, si elle est bien rentrée, lui dit qu’il a passé une bonne journée avec elle, qu’il a aimé pouvoir passer du temps avec elle en dehors du studio. Qu’elle n’avait pas à s’en faire surtout … qu’il ne lui en voulait pas. qu’il prendrait son temps s’il le fallait. mais c’était beaucoup trop tôt. trop tôt pour qu’elle puisse accepter ne serait-ce que l’idée de penser à un autre que Junho … Alors elle reste derrière cette porte, consciente que son amant souffre le martyr. Elle voudrait lui ôter sa peine mais n’en est que l’unique responsable. Elle s’épuise, vide ces larmes qu’elle pensait ne plus avoir après avoir tant pleuré pour lui, à cause de lui. Mais sa peine est à l’image de son amour pour lui, sans fond, intarissable. Elle n’a pas conscience des heures qui passent et ne sait plus vraiment comment elle a fait pour rejoindre son lit, mais ce qui est certain, c’est que la couette semblait être le seul refuge capable de la protéger. Emmitouflée dans un pull de Junho qu’elle a passé pour ne plus ressentir ce vide affolant dans sa poitrine, elle se perd dans un monde rempli de son absence. cette fois c’était certain. il ne reviendrait pas. parce qu’elle s’en était assurée. Mok en avait la nausée. La nausée. une vie vide de sa présence. Voilà ce qui l'attend demain, quand elle devra ouvrir les yeux et reprendre le cours de sa vie. cette agonie lancinante qui lui retourne le cœur, elle sombre, fiévreuse espérant ne plus jamais devoir ouvrir les yeux …. Pouvait-on sauter quelques chapitres et rejoindre le dernier, celui du happy end ? Parce qu’ils l’auront, pas vrai ? Leur fin heureuse, ils l’auront …? Elle voulait y croire … parce que quelque part, c’était la seule chose qui l’aidait encore à tenir debout. alors jusque là … c’est ce qu’elle fera : tenir debout.