Cela faisait plusieurs fois que Yeosang n’était pas là quand il rentrait le soir du travail. Jusqu’à maintenant, cela n’avait jamais dérangé King. En effet, la présence du jeune homme dans sa vie l’emmerdait plus qu’autre chose. Il n’était là que pour les tâches ménagères que le CEO ne voulait pas faire, notamment la cuisine mais également le ménage. Alors, qu’il ne soit pas là n’était pas quelque chose qui le préoccupait, tant que ce pour quoi il était chez lui était fait. D’ordinaire, c’était le cas. Les plats étaient prêts, la maison était immaculée comme il aimait et King n’avait rien à dire. Mais aujourd’hui, ce n’était pas le cas. Lorsque le plus vieux était rentré, tout était comme ce matin quand il avait quitté les lieux. Rien n’avait bougé. Il fronça les sourcils et se déchaussa avant de chercher dans les pièces le jeune homme. Il n’y avait personne. Son appartement était désert et sans savoir pourquoi, ça ne lui convenait pas. Lui qui avait l’habitude que tout soit fait à sa place, n’appréciait pas le fait que pour ne fois ce ne fut pas le cas. King se doutait de l’endroit où il se trouvait. Il avait eu un appel de l’hôpital quelques jours plus tôt, parce que l’état de la mère de Yeo se dégradait. C’était lui qui avait eu l’appel parce qu’il était celui qui payait les soins. Cependant, savoir ça ne l’avait même pas ébranlé. Il s’en moquait complètement. Mais ce n’était pas le cas de son fils et Yeosang passait sûrement plus de temps là-bas que chez lui.

Ça ne lui plaisait donc pas de se retrouver sans les choses pour lesquelles il faisait en sorte de débourser de l’argent pour essayer de sauver la mère du jeune homme. En colère, il se prépara rapidement quelque chose à manger parce qu’il avait faim et lorsqu’il eut finit de manger, rangea un peu l’appartement. Il n’aimait pas le désordre et là, c’était le bordel chez lui. King passa quelques minutes à faire le ménage et lorsqu’il eut fini, il se planta devant la porte et attendit que Yeo rentre. Il n’eut pas réellement longtemps à attendre avant que la porte ne s’ouvre, révélant la présence du plus jeune. King ne fit aucun bruit et ne signala même pas le fait qu’il était là. Il attendit patiemment que Yeosang se rende compte du fait qu’il n’était pas seul. Quand ce fut le cas, un sourire mauvais s’afficha sur ses lèvres. Oui il était là. Il soupira, serrant les dents en l’entendant mentir sur son retard. « Ne mens pas. » Son ordre claqua dans la pénombre et il se retint de le gifler pour ce mensonge éhonté. « Tu étais à l’hôpital ! Y a rien à faire. » Elle était vouée à mourir. C’était la triste réalité de la situation. King s’en moquait pas mal, mais ce n’était pas le cas de Yeosang. « Je ne paie pas ses frais médicaux pour que tu te la coules douce et que t’ailles la voir h24. »

King n’avait aucune compassion pour personne. Il ne se préoccupait que de lui-même et les autres passaient en second plan. S'il avait accepté que Yeosang vivent chez lui et de prendre en charge les frais médicaux de sa mère, c’était simplement pour avoir quelqu’un qui ferait le ménage, la cuisine et toutes les tâches ménagères à sa place. Il était maniaque mais détestait mettre la main à la patte quand il fallait nettoyer, sauf quand c’était dans son laboratoire où il faisait des expériences toutes plus horribles les unes que les autres. Mais ça, Yeosang n’avait pas besoin de nettoyer derrière lui. King le faisait tout seul. Cependant, en rentrant ce soir, il n’avait pas vu le ménage fait, ni même la cuisine. Ça l’avait mis en colère. C'était le contrat qu’ils avaient passé tous les deux. King payait et Yeo servait de bonne petite fée du logis. Seulement, ce n’était pas le cas là et quand il rentra, le plus vieux attendait de pieds fermes celui qu’il hébergeait gratuitement et à qui il donnait même de l’argent pour faire les achats dont il avait besoin sans qu’il n’ait à lui demander tout le temps. Le mensonge arriva donc avant même que King puisse dire quelque chose et les mots cinglants du chimiste emplirent la pièce. Il ne mâchait pas ses mots et surtout, encore une fois, ne montrait aucune pitié pour la femme qui avait un jour partagé sa couche. Un sourire mauvais s’afficha sur ses lèvres alors que Yeosang explosa. Il cherchait à se rebeller contre lui. King fit craquer ses jointures ainsi que sa nuque et son regarda continua d’être fixe sur le jeune homme, attendant de voir jusqu’où il allait aller.

Il l’observa se calmer et son sourire moqueur et mauvais resta sur ses lèvres alors qu’il l’écouta et il se mit à rire. « Tu crois vraiment que passer du temps avec elle, changera quelque chose. Elle est mourante, même presque morte. Je suis même pas sûr qu’elle sache que t’es là. Alors que tu sois à ses côtés ou non, ça changera pas grand-chose non ? » Il continua de laisser son rire s’échapper de ses lèvres avant de se rapprocher de lui, l’obligeant à se reculer jusqu’à ce que son dos rencontre un mur. « Je ne paie ses frais médicaux que parce que tu fais la bonne. Le reste je m’en contre fous. Encore un coup comme ça et tu peux lui dire adieu. » King était capable d’appeler dans la journée et demander à ce qu’on retire les machines qui l’aidaient à vivre ou même à ce qu’on lui injecte une substance pour arrêter son cœur. Il était même capable de le faire lui-même si Yeosang commençait à trop prendre ses aises. « Je me suis bien fait comprendre ? » se sentit-il obligé de lui demander, alors que son sourire s’effaça et que son regard se fit plus noir encore.

Aux yeux de beaucoup de personnes qui connaissaient sa véritable personnalité, King était un monstre. Il ne se souciait de rien ni de personne à part sa propre personne et son comportement envers Yeosang en était la preuve. Il se moquait totalement que sa mère soit mourante, encore plus qu’il souffre de la voir dans cet état. Il ne payait ses frais médicaux que parce qu’il avait pris la place de sa mère en tant que femme à tout faire. La seule chose qu’il n’avait pas reprise, c’était la place qu’elle avait eu de temps en temps dans son lit. King n’était pas trop branché gamin et Yeo l’était clairement. Il ne se souciait donc pas des états d’âmes du jeune homme, passant pour le monstre qu’il était réellement. Il n’avait pas à se cacher avec lui. Cependant, pour ceux qui avaient une image faussée de lui, il était le fils parfait, le bon garçon de bonne famille qui s’occupait d’un presque orphelin et l’aidait parce qu’il en avait besoin. Le chimiste se foutait bien de ce qu’on pensait de lui, mais il devait avouer que ça avait du bon parce que l’entourage de ses parents était au courant et il passait presque pour un saint à leurs yeux, facilitant ainsi ses futures relations avec eux quand il reprendrait officiellement l’entreprise pharmaceutique familiale.

Mais pour le moment, il se battait presque avec Yeosang, lui montrant qu’ici, il n’avait pas le pouvoir. Il était sous le contrôle du plus vieux et encore plus alors qu’il avait droit de vie et de mort sur sa mère. C’était lui sur les papiers de l’hôpital qui était responsable du branchement des machines, mais également de son traitement. Un mot de King et elle pouvait mourir à tout instant. « Pour le moment… Elle est vivante. Mais elle est plus proche de la fin que du début. » Les mots sortaient sans filtre, sans humanité et sans chaleur. Il ne faisait qu’émettre des faits, que cela plaise ou non au plus jeune. King lui rappela donc la raison pour laquelle il payait les frais médicaux exorbitants de sa mère et sourit quand Yeosang comprit. Il savait que ce dernier n’était pas d’accord avec ce qu’il disait et qu’intérieurement, il bouillonnait d’envie de le frapper, de l’insulter. Cependant, il savait que s’il faisait ça, il pouvait dire au revoir à sa maman chérie. Heureusement, il ne dit rien de plus et le sourire mauvais de King ne s’effaça pas de ses lèvres alors que malgré qu’il ne dise pas ce qu’il pensait, le défi se lisait dans ses yeux. Sa question le fit rire jaune. « C’est pour ça que t’es là non ? Alors pourquoi tu continues de poser des questions connes. » King désigna la cuisine. « Dépêche toi. » C’était un ordre plus qu’une réelle demande. « Et t’as intérêt à utiliser de la viande. Hors de question que je bouffe ton tofu dégueulasse. »

King avait du mal à se contrôler quand Yeosang était dans les parages. Il avait envie de l’étrangler et ne pas le lâcher jusqu’à ce qu’il n’ait plus aucun signe de vie en lui. Cependant, si c’était plus facile avec les cibles du gang, s’il venait à faire la même chose avec le jeune homme, il ne trouverait pas d’excuses valables pour cacher le corps et il deviendrait le premier suspect de l’affaire. Alors, il se mordait l’intérieur de la joue, tentant tant bien que mal de ne pas lui sauter dessus pour finir sa vie. À la place, il menaçait sa mère et ça avait l’air de bien fonctionner pour le moment. Le sourire mauvais qui s’affichait sur ses lèvres en était la preuve. King tenait le plus jeune par les sentiments et il voyait bien que ça l’emmerdait. Lui se délectait des regards féroces et désespérés qu’il lui envoyait à chaque fois qu’il parl ait de la fin de sa mère. Il rit en entendant les paroles de Yeosang. Il les avait marmonnés dans sa barbe inexistante et ça le faisait rire. Avait-il seulement conscience de qui il avait sous les yeux ? Savait-il qu’il n’aurait aucun scrupule à le tuer, faisant passer ça pour un accident ? Apparemment pas vraiment. King laissa donc couler et ordonna à Yeo de lui faire à manger. « Fais attention à ce que tu dis. » lança-t-il, le menaçant encore une fois de sa voix sourde. La prochaine fois ce ne serait pas des menaces. Il agirait.

Le chimiste laissa donc Yeosang investir la cuisine après lui avoir ordonné de ne pas enlever la viande de ses plats. Il n’avait pas le même régime alimentaire que le plus jeune. King ne pouvait pas se passer de viande alors que le gosse qu’il avait recueilli chez lui ne souhaitait pas manger ne serait-ce qu’un bout de produit venant d’un animal. L’ancien étudiant ne le forçait pas, tant qu’il ne lui faisait pas de plats à base de tofu et tous ces légumes et graines. King attendit un peu plus d’une heure avant que le plus jeune n’arrive avec les plats et un sourire bien plus mauvais qu’auparavant s’afficha sur ses lèvres. « Tu te fous de moi j’espère. » Il s’approcha du jeune homme et attrapa son col pour le plaquer contre un mur avec violence. « Je ne pense pas que tu aies envie de jouer avec moi Yeosang. » De sa main libre, il lui asséna un coup de poing dans l’estomac. « T’as pas bien compris à qui tu as à faire. Mais je vais te rafraîchir la mémoire. » King lui fit relever le regard vers lui. « Je suis celui qui a le droit de vie et de mort sur ta mère ! Je suis celui qui a un droit de vie et de mort sur toi aussi tant qu’elle est en vie… Je peux très bien te jeter dehors et la faire débrancher… Crois moi t’as pas envie d’aller jusque là. »

Attendant, presque patiemment que Yeosang finisse de lui préparer à manger, King en profita pour vaquer à ses occupations. Il alla dans son laboratoire et rangea quelques uns de ses produits dangereux repensant à la raison qui l’avait poussé à prendre le plus jeune sous son toit et à accepter de payer pour les frais médicaux de sa mère. Elle avait été un bon coup l’espace de quelques fois, mais en vérité, il ne la connaissait pas tant que ça. Elle faisait juste le ménage chez ses parents. Alors, pourquoi avait-il eu cet élan de bonté envers Yeosang ? Enfin du moins c’était ce que les gens pensaient. Qu’il avait été gentil et avait eu le cœur sur la main pour les aider. En définitive, ce n’était pas réellement le cas. Il ne l’avait fait que parce qu’il avait vu le potentiel de Yeo à remplacer sa mère mais cette fois-ci chez lui. Ce serait mentir que de nier le fait qu’il avait également vu la possibilité d’utiliser son corps comme il l’avait fait avec sa génitrice. Seulement, après l’avoir vu chez lui autant de temps, il s’était détourné de cette idée. Ça ne l’intéressait plus du tout maintenant. Le faire souffrir, autant physiquement que mentalement en parlant de sa mère, était bien plus drôle pour lui. Yeosang était plus doué pour les tâches ménagères.

Après une heure à patienter, il fut appelé pour manger mais ce qu’il découvrit le mit dans une rage noire. Dans son assiette, il n'y avait que de la viande. Le plus jeune s’amusait à tenter de faire sortir King de ses gongs et il y parvint sans souci à ce moment-là. Il l’attrapa alors par le col et le plaqua sans ménagement contre le mur. Lui faisait-il mal ? Il s’en moquait totalement. Il lui asséna même un coup dans l’estomac, le menaçant encore et encore de débrancher sa mère. C’était la seule et unique menace qui le faisait obéir. Seulement, comme elle restait au stade de la simple menace, Yeosang ne le prenait plus au sérieux et le plat qu’il lui avait cuisiné en était la preuve. King le laissa reprendre son souffle, contrôlant son envie de lui refaire le portrait. Il en avait pourtant envie, énormément même. Cependant, une fois de plus l’étudiant le chercha et un sourire mauvais s’afficha sur ses lèvres. « Tu te fous de moi ? Qu’est-ce que t’as fait ? » King ne devrait pas réagir à ce qu’il disait, mais c’était plus fort que lui. Ça l’énervait encore plus. « Ta mère m’a fait quelque chose. Elle a engendré une merde comme toi. » cracha-t-il alors qu’il se releva pour le provoquer encore une fois le plus vieux laissa un rire mauvais s’échapper de ses lèvres. « Je vois que les menaces ne sont plus efficaces ! Très bien, on va passer à la vitesse supérieure. » Le laissant dans le salon, King attrapa son téléphone et composa le numéro de l’hôpital mettant sur haut parleur pour que Yeosang puisse bien entendre ce qu’il avait à dire. « Passez moi le docteur Jang qui s’occupe de Madame Chae s’il vous plait. » Son regard était planté dans celui de Yeosang. Il jouait trop avec le feu, il allait lui faire passer l’envie de le faire sous peine de se brûler les ailes.