Malgré ses menaces, malgré les châtiments physiques, Yeosang ne semblait pas comprendre où se trouvait sa place. Il passait son temps à constamment provoquer King comme si c’était un jeu pour lui, comme si la vie de sa mère ne lui importait que peu. King se délectait de ces provocations même si elles devenaient de plus en plus récurrentes. Il pouvait néanmoins mettre une épée de Damoclès au-dessus de la vie de la mère du jeune homme qu’il hébergeait. Le voir le supplier d’épargner sa mère le remplissait de joie et il s’amusait à la menacer à la moindre occasion. Cependant, cette fois-ci, les menaces n’eurent pas spécialement d’effet. Yeosang avait une nouvelle fois voulu saper son autorité en ne lui faisant que de la viande en repas, sans aucun accompagnement. King s’en était pris à lui physiquement sans réellement d’impact. Il avait même une dernière fois utilisé la carte de sa mère pour voir que ça n’avait pas plus d’effet non plus. Alors, une nouvelle idée avait germé dans son esprit. Puisque les menaces ne fonctionnaient plus, il allait passer à la vitesse supérieure. Cette fois-ci, il allait appeler l’hôpital où la mère de Yeosang se trouvait pour mettre un terme à sa vie.

Avait-il des remords ? Aucun. Il n’avait plus l’âge de se soucier de l’avis et de la vie des gens. Il faisait ce que bon lui semblait quand il en avait envie. Et là, le plus jeune avait trop joué avec ses nerfs et sa patience pour que cela reste impuni. King avait donc attrapé son téléphone et avait appelé l’hôpital qui s’occupait de la mère de Yeosang. Il avait mis le haut parleur pour que ce dernier puisse tout entendre de ce qui se dirait. Un sourire mauvais s’afficha sur ses lèvres quand on lui passa le médecin et aussitôt, la réaction du fils de la malade arriva. Il le supplia de ne pas le faire, de raccrocher ce téléphone et qu’il ne ferait plus rien contre lui. Le sourire de King s’agrandit un peu plus à chaque supplication du jeune homme. Il pouvait voir les larmes s’accumuler au coin de ses yeux et il mit la conversation sur en suspens après avoir demandé au médecin de patienter. « Maintenant, tu comprends que peu importe ce que tu feras, tant qu’elle sera là, je serai toujours supérieur à toi… Alors rappelle-toi de ta place Yeosang. Parce que la prochaine fois, je n’hésiterai pas à la débrancher. » Un nouveau sourire encore plus mauvais prit possession de ses lèvres alors qu’il essuya l’un de ses yeux. « La prochaine fois, ce ne sera pas des paroles en l’air Yeosang… Maintenant, va faire en sorte de rattraper ta connerie. » King reprit l’appel et demanda des nouvelles de la mère du jeune homme autant pour passer pour quelqu’un de gentil et prévenant qui se souciait de la patiente que pour savoir combien de temps il devrait encore payer pour ses frais médicaux.

Tout contrôler, sa vie, la vie des autres et le futur, c'était ce que King faisait de mieux. Il avait la vie de certaines personnes dans les mains et il n'hésitait pas à l'utiliser pour menacer. Seulement, dernièrement, Yeosang avait oublié qu'il tenait la vie de sa mère entre ses doigts et qu'un seul appel de sa part pouvait la débrancher et le laisser totalement orphelin. Il le menaçait mais le plus jeune arrivait encore à faire en sorte de le défier, d'essayer de lui montrer qu'il n'avait plus peur de lui. Néanmoins, ce n'était pas sa peur qu'il voulait. Il savait très bien comment lui faire peur, comment l'avoir dans le creux de sa main. Non, il voulait le rendre totalement obéissant à lui. Cependant, ce n'était pas chose aisée parce qu'il ne cessait de défier son autorité qu'importe les menaces lancées sur sa mère. Alors, cette fois, King monta d'un cran et appela directement l'hôpital pour leur demander de débrancher la mère de Yeosang. Peut-être qu'ainsi il arrêterait d'utiliser chaque occasion qu'il avait pour tenter d'avoir le dessus sur lui. Cette fois, ce ne serait pas des paroles en l'air, mais de véritables actions.

King sourit en voyant le jeune homme le supplier de ne rien faire à sa mère et il le regarda de haut, lui faisant comprendre qu'il n'était rien d'autre qu'un cafard sous sa chaussure. Il ne prit pas la peine de répondre aux mots qu'il prononça et le laissa retourner en cuisine avant de jouer au parfait fils de bonne famille pour prendre des nouvelles de sa mère. Ainsi, il conservait sa couverture de jeune homme bon sous toutes les coutures et généreux et en même temps, il s'informait sur l'état de santé pour savoir combien de temps il restait à la génitrice de Yeo pour les fais médicaux. Une fois qu'il su, le plus vieux promit de passer rapidement la voir et raccrocha en s'asseyant à table où Yeosang lui servit finalement un repas digne de ce nom. Il l'écouta et haussa les épaules. « Oui satisfait ! Et non y a rien d'autre. Tu peux retourner dans ta chambre vaquer à tes occupations. Et si tu veux savoir, ta mère a demandé à manger après ton départ. » Apparemment, elle ne se nourrissait pas correctement et l'équipe médicale avait été surprise de l'entendre vouloir s'alimenter. Si elle reprenait des forces, ça voulait dire qu'il allait devoir encore payer. Il grimaça à cette pensée. « Et elle a dit qu'elle était contente que tu viennes la voir. » Pourquoi King lui disait tout ça ? Il n'en savait rien, mais au moins comme ça il ne pouvait pas lui reprocher de retenir des infos dans son dos.

King avait toujours ce qu’il voulait, quand il le voulait et comme il le voulait. Personne ne pouvait aller à l’encontre de ce qu’il désirait, pas même ses propres parents. Ce n’était donc pas un chien errant comme Yeosang qui l’empêcherait d’atteindre son but. Il se retrouva donc au téléphone avec l’hôpital pour parler de l’état de santé de sa mère. Il n’avait qu’à dire un seul mot et ils la débrancheraient pour éviter qu’elle ne reste en vie alors qu’elle allait bientôt mourir. Yeo avait trop joué avec le feu et il avait fini par s’y brûler les ailes. Les menaces ne fonctionnant plus sur lui, King avait dû les mettre à exécution. Peut-être que le fait d’entendre la voix des médecins qui s’occupaient de sa mère, le remettrait à sa place. Et fort heureusement ce fut ce qui se passa. Un sourire triomphant et mauvais s’afficha sur ses lèvres et il prit des nouvelles de la mère. D’abord pour passer pour celui qui se souciait de la femme dont il payait les soins, mais également pour savoir combien de temps il devrait payer. Il avait accepté de payer simplement pour éviter d’avoir à prendre une autre femme de ménage. Yeosang remplissait ce poste à merveille et il n’avait pas forcément à le payer cher. Il passait également pour un homme bon qui se souciait de la santé de ses employés. Ce qui n’était pas vraiment le cas.

Le plus vieux arrêta la conversation quand il eut toutes les infos nécessaires et les transmit au plus jeune. Il n’avait aucune raison de le faire mais ce fut une légère récompense pour le fait qu’il avait rattrapé ses erreurs. C’était également une façon de lui montrer qu’il pouvait aussi se montrer agréable. Yeosang le remercia de lui avoir transmis et demanda à pouvoir aller la voir tous les jours. Il ne leur restait plus beaucoup de temps. Elle était mourante et donc finirait par lâcher son dernier souffle. King allait répondre quand Yeo reprit la parole pour lui montrer son laboratoire. « Pas besoin de nettoyer là-bas. T’as même l’interdiction de mettre les pieds dedans ! » Hors de question qu’il se retrouve à tenter de le sauver parce qu’il avait jouer avec les acides que contenait son labo. Il n’avait clairement pas envie de s'occuper de ça. « Par contre, tu peux aller la voir tous les jours… Tant que le repas est prêt quand je rentre. » Il releva les yeux de son assiette et posa son regard dans le sien. « Si tu veux passer une soirée avec elle, débrouille toi pour que je n’ai qu’à faire chauffer le plat quand je rentre… » King pointa alors ses baguettes vers le jeune homme. « Et si tu ne veux pas de représailles, assure toi de ne pas faire de la merde ! Je passe l’éponge pour cette fois… » Il sourit légèrement plus mauvais. « Mais il n’y aura pas de prochaine fois. Compris Yeosang ? »

S’il y avait bien un endroit dans lequel Yeosang avait interdiction de mettre les pieds, c’était bien dans le laboratoire de King. Il gardait bien trop de produits dangereux à l’intérieur et même quelques expériences. Il n’avait pas envie que le plus jeune trouve tout ça. Ça ne le regardait pas. C’était le jardin secret de King. Il n’avait pas le droit d’y entrer, comme lui n’entrait pas dans la chambre de Yeosang. Des règles tacites, mais qu’ils devaient tous les deux respecter. « Si tu as compris. » répondit-il, ne levant pas les yeux de son assiette. King espérait qu’il l’avait réellement compris parce qu’il ne le répèterait pas et qu’il n’hésiterait pas à faire du mal à sa mère s’il désobéissait. Cependant, il voulait bien lui donner plus de liberté, plus de temps pour aller voir sa mère. Le plus vieux avait beau être un monstre, il pouvait accorder ce droit à Yeo. Seulement, il lui fallait comprendre qu’il ne devrait plus jouer avec le feu. King pouvait se montrer “gentil” mais il ne fallait pas abuser de cette pseudo gentillesse. « Bien. » rajouta-t-il, pensant la conversation terminée.

Il se tut alors et commença à manger. Ce n’est que lorsqu’il entendit à nouveau la voix de Yeosang qu’il releva les yeux vers lui. Il s’inquiétait enfin de ce qu’il allait devenir à la mort de sa précieuse maman. « Tu ne me seras d’aucune utilité. » Enfin si, il pourrait continuer à vivre avec lui et à faire les tâches ménagères mais ce n’était sûrement pas dans les projets de Yeosang. Il souhaitait sûrement se barrer le plus vite possible. « Tu devras partir et trouver un moyen de payer toi-même tes études. » Parce qu’en plus des frais médicaux, il aidait le jeune homme comme il le pouvait en lui donnant de l’argent et en avançant de temps en temps ses frais scolaires. Une bonté d’âme qu’on ne lui avait jamais connu jusqu’à présent mais qui cachait un bien plus lourd secret sur l’exploitation du jeune homme en face de lui. « Pourquoi ? T’as quelque chose à m’offrir pour rester ? » Quelque chose qui n’avait pas effleuré l’esprit de King serait mieux.

King donnait des informations sur sa mère mais ce n’était pas réellement par gentillesse. C’était simplement une façon d’assouvir un peu plus sa domination sur Yeosang. C’était lui qui avait les informations et pas lui et il pouvait choisir de ne pas lui transmettre. Certes, le jeune homme n’avait qu’à se rendre à l’hôpital pour les apprendre, mais là, ils étaient ensemble et donc si le plus vieux avait choisi de se taire, Yeo n’aurait même pas été au courant. Donc en soit King lui faisait une faveur. Faveur qu’il espérait porte ses fruits pour le faire arrêter de faire le con. Après tout, il avait encore le pouvoir de vie et de mort sur sa mère et comme il venait de lui prouver, il n’hésiterait pas à l’utiliser. Il ne serait d’ailleurs pas celui qui mettrait fin à ses jours, mais juste le commanditeur. Heureusement, grâce à sa menace à peine voilée, Yeosang semblait avoir compris la leçon et ne recommencerait probablement pas de si tôt.

Il allait d’ailleurs laisser King seul quand il reprit la parole, laissant le plus vieux surpris. Il ne s’était pas réellement attendu à cette question, mais il savait qu’elle viendrait au bout d’un moment. Il lui répondit la vérité, qu’il n’aurait plus besoin de lui une fois que sa mère serait partie. Il le mettrait même probablement à la porte parce qu’il n’avait plus de raison de le garder. Pourtant, Yeosang ne semblait pas de cet avis et King l’écouta avant de se pencher, les coudes enfoncés dans la table et son menton contre ses doigts entrelacés. Il darda son regard noir sur le plus jeune et sourit mauvais. « Et qu’est-ce qui te fait penser que j’aurai besoin de toi ? Encore plus alors que tu ne sais absolument pas ce que je fais ? » Parce qu’il n’avait jamais parlé de son métier à Yeo. Il ne devait même pas savoir qu’il était un CEO. « Donne moi un argumentaire fourni et peut-être que je t’offrirai un poste dans mon entreprise… » Parce que le garder en tant qu’homme de ménage c’était totalement possible. Yeosang marquait un point en disant qu’il connaissait déjà tout ce que King voulait. Mais, il ne l’avouerait jamais.