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if without you

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if without you | Lun 5 Avr - 14:04
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outfit - Les vacances avaient débuté sur le campus universitaire Yonsei et un vent de fraicheur y avait pris place. L’année dernière, il s’était dégoté un travail pour la journée en plus de celui qui lui prenait une partie de la nuit et sa deuxième année s’était déroulé plus souplement avec l’argent rentré dans ses poches en plus grande quantité durant ce mois. Cette année, il avait dû voir les choses différemment parce que ses études prenaient de plus en plus de place et qu’il y consacrait donc plus de temps. Cependant, son travail le soir au Digital Drunk ne suffisait pas et cela restait un problème. Il avait opté pour de l’intérimaire alors ses journées se retrouvaient de temps à autre charger tandis qu’il avait temps libre sur d’autres se profilant sous ses yeux. Il était fier du chemin qu’il avait réussi à parcourir seul depuis qu’il résidait à Séoul.
Aujourd’hui c’était le premier jour du printemps et il sourit en sortant du dortoir en ayant comme objectif pour la journée de s’acheter du matériel et éventuellement de se poser dans un parc pour travailler. Il se hissa dans un bus qui le mena jusqu’au centre ville de Séoul. L’université Yonsei était excentré de Séoul et il y avait en général de quoi satisfaire les besoins de chaque discipline pour les étudiants mais Séoul était plus vaste. Il savait qu’il y trouverait plus son bonheur et il connaissait les boutiques inconnues car perdues au fond de ruelles donnant sur des impasses. C’était principalement à Gangnam où elles pullulaient alors il se hâta ensuite de prendre le métro qui le rapprocherait le plus près de sa destination. Écouteurs aux oreilles, musique ensorcelant son être, il était ailleurs quand il bouscula quelqu’un.

« Ah ! Excu… sez… moi… »

Ce n’était pas leurs premières retrouvailles. L’autre jour, c’était lui qu’il avait vu et il savait que Chansol l’avait également vu. Sauf qu’il avait pris ses jambes à son cou et avait fui à toute vitesse. Ce prénom gravé au fer rouge sur sa peau, cet homme qui avait pourtant énormément changé. Lui et personne d’autre lui faisait face et il sentit une boule se formant dans sa gorge. Incapable de former le moindre mot, de bouger le moindre de ses membres. Il était tétanisé alors que son être hurlait jusqu’à n’en plus pouvoir. Quand il tendit la main vers lui pour l’aider à se redresser, il la chassa d’un geste sec et se débrouilla seul. Dégage.

@sun chansol
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Re: if without you | Lun 5 Avr - 15:14
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ootd | Peu importe le temps qui s'étire lorsque les prunelles, ravies, s'étendent dans les rues de la riche Gangnam. Non pas pour faire semblant de, mais uniquement dans le but d'acheter une nouvelle pochette pour son appareil photos, Chansol s'est rendu dans ce quartier. Aujourd'hui, malgré un entraînement avec l'équipe de volleyball dans la matinée, il a de la chance de ne pas travailler. Alors il en profite pour prendre le temps, appréciant cette belle journée de printemps qui lui donne envie de s'installer quelque part afin de s'adonner à sa passion pour la photographie. Parce que caché derrière un objectif, il est aisé d'être la personne que l'on désire être au fond de soi.
Immanquablement, cela lui fait penser à ce garçon dont il a croisé le regard, bien des jours plus tôt, et qu'il n'a pas pu rattraper. Il se demande encore s'il n'a pas eu des flashs de son adolescence, si la silhouette de ce jeune homme ne s'est découpée devant lui qu'à cause des remords qui le saisissent à la gorge. Pourtant, il est bien loin de ses surprises, Chansol, quand quelqu'un le bouscule sans faire exprès. Il chancelle quelques secondes avant de retrouver son équilibre, apercevant l'auteur de cet incident qui est tombé au sol. Son cœur manque un battement et il secoue à peine la tête lorsqu'il s'excuse. Evan.
D'instinct, Chansol se penche vers lui pour lui tendre une main afin de l'aider à se remettre debout ; mais il se fait repousser d'un coup. Chansol abandonne un soupir en glissant une main dans ses cheveux, laissant pourtant ses prunelles se perdre sur le jeune homme à ses côtés. De l'eau a coulé sous les ponts, et pourtant les voilà. Mais cette fois-ci, Chansol n'a pas envie qu'Evan s'échappe comme la fois précédente. Il n'a pas de raison de le faire, n'est-ce pas ? "Allons boire un café ensemble." Parce que les règles de politesse n'ont pas lieu d'exister entre eux, Chansol saisit doucement le bras de son aîné afin de l'attirer avec lui, les faisant traverser sur le trottoir à l'opposé.
La vérité est que le plus jeune a cessé de fuir - du moins, en ce qui concerne certaines situations. Et aujourd'hui, c'est peut-être une forme de destin qui les a réuni pour la seconde fois en si peu de temps. Ce serait dommage passer à côté et, à l'évidence, Chansol n'est plus le même que des années auparavant. Qu'en est-il d'Evan ?


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Re: if without you | Lun 5 Avr - 15:40
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outfit - Tout son être se rappela. Les nombreux instants passés à se remettre de ses émotions car les larmes avaient tracé un passage brûlant sur ses joues de nombreuses fois auprès de lui. Au début, il les avait supplié, il l’avait imploré d’arrêter, prêt à tout pour exaucer tous ses souhaits. C’était comme parler à un mur et plus les jours s’étaient écoulés, plus les coups s’étaient faits plus durs. Plus ancrés. Quand il rentrait, il n’y avait personne pour lui demander ce qui s’était passé au lycée alors qu’il avait le visage défiguré et que la moitié du temps ses chemises étaient déchirées. Qu’est-ce qui avait été le pire tandis qu’il se faisait rage pour ne plus pleurer en mordant dans son oreiller et que la porte s’ouvrait avec finesse sur la silhouette fourbe de sa belle-mère ? Ses doigts qui… Non. Ce n’était pas le moment, même s’il se laissa entraîner jusqu’à ce café où on les installa à une table dans un coin parfaitement isolé.
Il l’observa. Chansol. Son prénom résonna dans son esprit et il fut surpris. Ses doigts tenaient cette carte avec fermeté mais ils tremblaient autant que les siens. Il continua à les fixer comme si c’était la seule chose à laquelle il puisse se raccrocher et croire que les années avaient effacé les querelles du passé. Quand son interlocuteur remarqua son comportement étrange, il déglutit et détourna le regard. Il croisa ses mains sur ses jambes et se retint de tout envoyer en l’air. Pourtant, c’était ce qui se déroulait inévitablement à l’intérieur de lui-même ; il se battait contre son envie de fuir une nouvelle fois et de se jeter sur lui pour lui rendre la pareille. À quoi l’un et l’autre lui servirait-il ? Quand le serveur vint prendre leur commande, il ne répondit pas parce qu’il s’était perdu dans un dédale infini où les sons et les bruits l’entourant n’étaient pas capable de l’atteindre.
Étonnamment, ce ne fut que lorsqu’on posa une tasse devant lui, la sonorité qu’elle émit alors qu’elle avait été posée avec délicatesse, qu’il revint à lui. Un thé à la mélisse avec une pointe de cannelle. Une plante pour calmer les nerfs. Il glissa ses longs et fins doigts autour et la porte à ses lèvres pour en boire une gorgée.

« Je crois que je ne te l’ai jamais dit. », dit-il le plus posément possible.

Il plongea son regard dans le sien et fut frappé de cette douleur qui, à l’évidence, le frappait autant que la sienne le faisait.

« Je te déteste, articula-t-il comme si sa gorge était asséchée, alors qu’est-ce que tu me veux ? »

Faire un effort, accepter de lui parler ; qu’est-ce que ça lui coûterait ? Il était là et il attendait qu’il lui réponde. Il avait été enjoué à l’idée de vivre dans le pays natal de son père et avait longtemps regretté de l’avoir suivi vu ce qu’était ensuite devenu sa vie. Il n’était pas guéri de ses années du lycée, il n’était pas guéri des attouchements de la nouvelle femme de son père, censée être droite et respectueuse. Le temps pansait les blessures mais il s’occupait des siennes seul alors cela se faisait lentement et maladroitement. Revoir un fantôme du passé ne l’aiderait pas plus à se libérer de ses remords.

@sun chansol
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Re: if without you | Lun 5 Avr - 16:21
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ootd | Quand les souvenirs s'invitent dans la partie, le souffle en est coupé, bien plus que face au comportement de son interlocuteur. Aujourd'hui, Chansol lui propose, il le ne force pas ; cela ne prouve-t-il pas au moins en cela qu'il a changé ? Ses doigts sont fermement ancrés à cette carte des menus, des choix, des propositions. Peu importe la manière dont on le dit ; certaines personnes ne l'ont jamais. L'obligation s'étend devant eux et Chansol connaît ses torts, puissants et violents qui ont probablement laissé des marques sur le corps d'Evan. Parce qu'à cette époque, pourtant pas si éloignée que cela, Chansol n'a fait que reproduire l'unique modèle familial dans lequel il a trempé. Papa est mauvais, je le sais, mais je suis incapable d'être meilleur que lui. La frustration est intense quand les mots demeurent bloqués dans la gorge. Ce sont les poings qui frappent, méchants, malsains.

Je le vois, je le sais.
Je le sens, Evan.


Tout son corps est une tension unique, perdu dans ses propres mémoires qui sont sûrement aussi dévastatrices que celles dans lesquelles est perdu Chansol. Cependant, il ne peut pas lui en vouloir, il ne peut pas faire comme si rien ne s'était jamais passé. Parce que c'est faux. Oui, il l'a frappé, il l'a battu et il s'est acharné à lui pourrir l'existence pour la simple et unique raison qu'il s'est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Peut-être que cela aurait pu tomber sur n'importe qui d'autre, peut-être ; sauf que cela n'a pas été le cas. Chansol ne peut cependant pas dire qu'il a pris du plaisir à le violenter, non. Il déclarera plutôt que cela le soulageait. Se croire plus fort, se croire plus à la hauteur car à la maison il a passé de sales quart d'heure, le gamin fanfaron. Adulé et admiré à l'école, battu et renfermé chez soi. Il est bien trop aisé de se faire passer pour quelqu'un que l'on est pas.
Les cartes sont rendues au serveur et c'est Chansol qui donne la commande, offrant quelques minutes supplémentaires à son interlocuteur muré dans le silence. Ses propres prunelles en profitent pour le détailler, songeant qu'il l'aurait reconnu entre mille malgré les visages tuméfiés qu'il a pu lui faire arborer. Le blondinet joue avec ses doigts sur la table, les tordant, sans doute aussi mal à l'aise, mais les secondes s'égrènent jusqu'à ce que le serveur revienne et dépose les tasses sur la table. "Est-ce que ça te fait du bien de le dire aujourd'hui ?" Après tout ce temps, Evan aurait pu lui dire cela bien avant. Ses phalanges attrapent la petite cuillère, ajoutent un peu trop de sucre pour couvrir l'amertume de son café, ou de la situation. "Moi, je ne t'ai jamais détesté." Il se tait, mais il ne boit pas, pas tout de suite. "J'ai changé depuis l'époque du lycée, j'ai appris le volleyball et j'en suis tombé amoureux." Une passion dont sa soif est insatiable.
Sa main entoure de nouveau sa tasse fumante pour la porter à ses lèvres sans ajouter quoi que ce soit de plus. La balle est dans le camp de son camarade et Chansol n'a plus qu'à patienter. Lui, le garçon encore détesté ; mais Evan n'est pas le seul à le haïr. Les plaies sont béantes dans les iris de tout un chacun.


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Re: if without you | Lun 5 Avr - 16:52
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outfit - Seul. Toujours seul depuis cette entrée sur ce territoire. Aujourd’hui, il y avait des gens auxquels il tenait mais il se comptait sur les doigts de la main. Il avait du mal à se lier, à créer de nouvelles relations quand il voyait ce qu’au fil du temps cela avait donné. Plus de nouvelles de ses frères, plus aucune alors même qu’il souffrait dans cette pièce bien trop grande pour son petit corps à ses jeunes années. Il les avait appelé mais ils n’étaient pas venus à son secours. Dans cette famille, on lui avait appris la bonté mais pas la prétention. Débrouille-toi tout seul, chacun pour soi. Alors il avait noirci des milliers de pages sans être capable de s’arracher cette forme noirâtre qui s’engluait à son corps. Trop tard. Il n’avait plus qu’à chercher à faire de son mieux par ses propres moyens et il avait cru que ce mariage serait un fin échappatoire qui lui sortirait la tête hors de l’eau. Foutaises. Il pouvait bien le détester mais la personne qu’il haïssait le plus c’était sa propre personne.
C’était lui qu’il n’aimait pas parce que les années s’étaient tissées devant eux au gré du vent et avaient fait d’eux aujourd’hui de jeunes adultes plus muris. Il était pourtant resté ancrer dans le passé et ne songeait qu’à la manière dont il lui avait pourri la vie et à quel point il le détestait. Il continuait de fuir une charge trop lourde pour ses épaules alors qu’il suffirait d’y aller étape par étape pour se délester de ce poids une bonne fois pour toutes. Fuyait-il Chansol ? Il l’écoutait parler et sa première question le prit au dépourvu. Te sens-tu plus léger ? Sa main tenait avec force sa tasse dont il fixait le contenu sans réellement le faire. Malgré les années, Chansol était toujours capable de le mettre au pied du mur sans à avoir à claquer des doigts. Qui était le plus mal à l’aise des deux ? Il se détestait de ne pas avoir tout bonnement attendu qu’il prenne la parole au lieu de lui cracher à la figure des paroles d’antan. L’entendre en plus lui dire qu’il ne l’avait jamais détesté fut comme s’il le replongeait la tête la première dans l’eau. Il releva vers lui un regard courroucé et ouvrit la bouche pour lui répondre avec poigne mais il continua. Chansol continua de lui parler comme si cela était naturel.
Il lâcha sa tasse et regarda ce qui se passait à l’extérieur par la baie vitrée. Il avait l’occasion de lui prouver que lui aussi avait changé depuis le lycée et qu’il était désormais plus fort. Si seulement…!

« C’est bien, lui répondit-il, Au lieu de taper sur des personnes, tu tapes dans des ballons. Tu t’améliores. »

Cinglant. Il se mit à rire nerveusement et le regarda. Blessant. Son visage se crispa sous la douleur et il sentit des larmes venir se nicher au creux de ses yeux. Ce n’était pas ce qu’il souhaitait, il ne désirait pas être méchant moralement à l’inverse de lui qui l’avait été physiquement. Chansol avait eu de bonnes raisons d’agir comme il l’avait fait à son encontre, même si ce n’était pas pour autant qu’il aurait dû abattre violemment sa main sur lui. Quant à lui, il n’avait pas à essayer malhabilement de lui rendre la pareille parce que cela ne faisait que remuer le couteau dans la plaie.
Il attrapa fébrilement sa tasse et but. Il avait choisi ce thé pour lui alors que son état d’esprit était probablement pire que le sien. Il n’était pas à sa place mais il le percevait sur ses traits. De la tension à la honte.

@sun chansol
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Re: if without you | Lun 5 Avr - 17:29
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ootd | Mais ça ne l'est pas, naturel. Cela ne l'est pas et ne le sera peut-être même jamais. Mais à quoi bon ? Doit-il ramper par terre en lui demandant de l'excuser comme le pauvre lâche qu'il n'a cessé d'être ? Doit-il s'agenouiller devant lui et l'implorer d'accepter ses excuses ? Cela n'aurait pas le moindre de sens. Parce que Chansol n'a pas à faire tout cela ; car cela n'excusera jamais le comportement qu'il a eu envers Evan, et envers d'autres personnes. Alors il se contente de le fixer et d'encaisser les paroles qu'il veut bien lui donner. Il les prend, Chansol, il les prend et les resasse durant quelques brèves secondes, faisant fi du monde qui les entoure. Quels regards porte-t-on sur leurs deux silhouettes épuisées alors qu'ils ont à peine plus de vingt ans ? Deux gamins fatigués qui se rebellent lentement. "Si ce n'est pas ce que tu veux entendre, tu peux partir." Il glisse de nouveau une main dans sa chevelure blonde avant d'ajouter : "Je ne te retiens pas, Evan." Seulement, est-ce là la vérité et l'unique vérité ?
Leurs deux existences ont été liées, mêlées, entrelacées, dans des circonstances compliquées alors, d'une façon ou d'une autre, ils seront toujours retenus. Pour les remords de Chansol, pour les regrets d'Evan. "Et puis, qui te dit que je ne tape plus sur personne ?" Pour attiser le feu, peut-être, pour le faire sortir de la petite zone de confort dans laquelle il semble être si chaudement installé, Evan. Ses lippes s'étirent en un demi-sourire alors qu'il se cache aussitôt derrière sa tasse dont l'amertume du café est de plus en plus cinglant. Si les paroles qu'il donne aujourd'hui à son camarade ne lui plaisent pas alors, oui, qu'il parte. Qu'il s'en aille comme il sait visiblement le faire. Qu'il s'en aille à tout jamais, avec ses propres questions, avec ses propres envies. D'ailleurs, ne meurt-il pas chaque jour d'avoir été incapable de lui faire face ?
Chansol déglutit une longue minute, son regard voguant de la salle, à l'extérieur, à son interlocuteur. Et maintenant, Evan ? Que doivent-ils faire de plus ? Tenter de reprendre le cours de leur vie comme si cette rencontre n'a jamais eu lieu ou bien croire en un avenir meilleur ? L'horloge tourne au-dessus de leurs têtes dans un tic tac effroyable. Vingt-et-un ans et déjà une bombe les surplombe. "Alors oui, oui, je m'améliore. J'essaie de devenir une meilleure personne et je sais que toi aussi." Tout le corps tendu d'Evan parle pour lui, ses doigts tremblant sur sa tasse, ses regards évasifs quand, pourtant, ils demeurent emplis d'une douleur incroyable. Chansol n'a jamais su les problèmes rencontrés sous le toit de la famille Choi, tout comme cette famille n'a jamais su les problèmes sous leur toit à eux - du moins le pense-t-il. Néanmoins, la lueur dans les prunelles adverses ne mentent pas.


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Re: if without you | Lun 5 Avr - 18:28
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outfit - Il n’attendait pas d’excuses. Sinon, il les lui aurait déjà demandées ou Chansol les lui aurait dites. Des excuses ne suffiraient pas à effacer tous leurs maux. « Leurs » maux parce qu’ils s’agissaient bien des leurs à tous les deux. Quand Evan souffrait de la violence scolaire et des attouchements maternels, Chansol subissait la brutalité paternelle. Il comprenait son comportement, il n’était pas sûr qu’il aurait mieux fait à son âge. On ne contrôlait pas sa destinée, encore moins à un âge comme le leur. Ils étaient dans la phase d’adolescence la plus dure à franchir comme obstacle et personne ne leur avait attrapé la main pour les aider à prendre le bon chemin. Pas même l’un et l’autre meurtris ensemble. Quand il le frappait, il ne faisait pas attention aux émotions peintes sur son visage, aux couleurs qui s’agitaient de nuances dans son regard. Il essayait de se défendre, il tentait de se protéger pour ne pas qu’on lui fasse encore plus mal que la fois précédente et ce n’était pas leurs prénoms qui retentissaient à ses oreilles avec colère. C’était le sien. Faible, horriblement faible. Si on le frappait, c’était parce qu’il l’avait mérité et le jour où il surprit son père le frappait, il comprit que c’était ce que pensait aussi Chansol.
Il se leva brusquement et faillit renverser sa tasse. Ses pupilles étaient plantées dans les siennes comme si elles désiraient le trancher à coups de lames. Il ne se rappelait pas avoir éprouvé autant de haine pour qui que ce soit si ce ne fut lui-même et ses poings se serrèrent contre son corps alors qu’il lui disait s’améliorer comme lui faisait de son mieux chaque jour. Ses larmes auraient pu couler à cet instant mais il se frotta rageusement le visage avec son bras et se retourna en s’entourant la taille comme pour se protéger. Il l’entendit se lever derrière lui et il eut peur un instant qu’il ne s’en aille alors il fit volte-face pour le découvrir plus près de lui.

« Arrête… », souffla-t-il.

Il se souvenait de son premier jour au lycée. Il l’avait aperçu de loin à la pause déjeuner. Source incontestable d’attraction. Un première année séducteur aux adorables fossettes. Il s’était dit qu’il avait envie de devenir son ami mais le jour d’après ses chaussures d’école disparaissaient. Son repas finissait par terre. Sa chaise avait disparu. Puis un coup fusa. Et ce ne fut plus que le chaos.

« Tu n’as pas le droit de sortir ça aussi aisément, dit-il d’une voix tremblante, Parce que je sais. Je sais, Chansol. J’ai toujours su ! »

Pas besoin d’en dire plus. Il vit bien cette lueur qui passa dans son regard et baissa les yeux. Qui était au courant au lycée ? Qui croyait les bobards qu’il racontait à tout bout de champs ? Je me suis battu et j’ai gagné. Non, il ne s’était pas battu, non, il n’avait pas gagné. Il ne gagnerait jamais parce qu’il s’agissait d’un être qui l’avait peut-être rendu fier les premières années de sa vie avant de devenir son plus pire cauchemar. Personne pour lui dire que ce n’était pas de sa faute parce que ce n’était pas de sa faute. Personne pour le tirer de là comme il n’y avait eu personne pour Evan ; et sa mère ? Est-ce que sa mère subissait-elle les coups irréels de son père ? Il serra sa chemise entre ses mains moites.

« Celui a qui j’en veux, ce n’est que moi mais peut-être ne serait-ce pas arrivé si tu ne m’avais pas fait subir toutes ces brimades, lâcha-t-il, Pourquoi ? Parce que j’étais étranger ? Et cela aurait fait de moi une personne plus populaire que toi ? Parce que c’était derrière cette fichue popularité que tu te cachais. Tu m’as tout volé, déglutit-il, Tu m’as volé ces années de lycée à Jeju que j’ai toujours espéré unique. Alors, non. Je ne partirais pas quand bien même j’aurais peut-être souhaité entendre autre chose. »

Mais il était malgré tout content. Content qu’il essaie de devenir une meilleure personne. Parce qu’après avoir découvert que son géniteur le maltraitait, il les avait vues. Une à une, émotions comme couleurs. Douleur comme tristesse… Mais particulièrement cette détresse. Combien de fois avait-il voulu tendre la main vers lui pour lui dire que ça irait ? Lâche.

@sun chansol
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Re: if without you | Lun 5 Avr - 19:37
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ootd | Langue mauvaise, langue avariée. De vipère. N’est-ce pas ce qu’il est, Chansol ? N’est-ce pas ce qu’ils sont, tous les deux ? Alors, précipitées, ses mains en avant sur la tasse afin qu’elle ne soit pas renversée. Cela l’embêterait, de casser la faïence qu’il ne peut pas rembourser. Parce qu’il pense encore peut-être que les erreurs du passé peuvent l’être. Gamin effronté qui ne s’échappe pas aux paroles de l’adversaire, se redressant de toute sa hauteur, le surplombant de son mètre quatre-vingts dépassé. Il le fixe de ses prunelles brunes, avec le plus grand calme dont il peut faire preuve. Il laisse Evan sécréter son venin qu’il ne peut qu’entendre, une fois de plus. En revanche, à l’instant où il lui déclare savoir, sa façade tremble doucement. Ses phalanges s’enfoncent dans les poches de son pantalon, cachées, oubliées. Que sait-il vraiment ?
A-t-il été le témoin de l’une de ces scènes infâmes où son père l’a traité de moins que rien ? Où son père lui attrapait les cheveux pour le traîner par terre ? Ou bien d’une autre scène durant laquelle, par exemple, une ceinture est devenue une arme de violence sur son corps d’adolescent ? Evan a-t-il éventuellement entendu des paroles de la part de celui qui est encore son géniteur, la harcelant de tant d’injures qu’il en est devenu façonné ? Oui, dans le fond, que prétend-t-il savoir de toutes les douleurs qu’on lui a infligé ?  Elles sont bien trop nombreuses pour être comptées, pour être nommées, et personne n’a jamais su la vérité. A l’évidence, Chansol a toujours été un jeune homme un peu turbulent, à la recherche du regard des autres. Cela n’étonnait personne quand il déclarait s’être battu et avoir perdu. En fait, ce n’était pas si faux. Son père a toujours gagné contre lui, jusqu’à l’instant où le blond a choisi de venir étudier dans cette université, si loin de l’île de Jeju. Maman, pourquoi as-tu toujours fermé les yeux sur ceci ?
Alors Chansol s’avance un peu près encore de son camarade, se penchant à peine vers son visage, vers son oreille. « Si tu prétends savoir, alors pourquoi n’as-tu jamais rien fait ? » Son torse se redresse, droit, quand la douleur sourde semble irradier dans tout son dos en provenance de son omoplate. L’unique fois où sa mère a réagi. L’unique fois et probablement celle de trop. Si Evan était au courant de sa souffrance, n’a-t-il pas été encore plus égoïste en conservant cette information sans jamais la révéler ? Aurait-il pu sauver Chansol de cette situation malsaine ? Le cœur de ce dernier s’étreint sous sa poitrine quand il soutient toujours les iris de son aîné. Les humains sont foncièrement mauvais, mais certains d’entre eux dévoilent de la bonté ; malheureusement, ils ne font ni l’un ni l’autre partie de cette catégorie. Egocentriques en plus d’être égoïstes. La liste s’allonge à l’image des douleurs.
Tandis que des regards bien trop curieux se sont tournés dans leur direction, ils n’y prêtent pas attention. Evan se remet à lui expliquer, à tenter de comprendre et Chansol ne le coupe pas. Il l’écoute jusqu’au bout avant de hausser les épaules. « A ce que je vois, tu as pris du caractère. » Il le taquine sans forcément espérer quoi que ce soit en retour. Calmer le démon, au moins pour cet instant, parce qu’il remarque bien les larmes qu’il contient. Et plus que tout, Chansol sait qu’Evan déteste pleurer en public. « N’as-tu donc pas cessé de penser à moi durant toutes ces années ? Je ne mérite pas ta pitié, Evan. » D’un geste de la main, il l’invite à se rasseoir. Sur la table, les boissons ont refroidi et Chansol abandonne son regard à l’intérieur de la petite mousse éparpillée sur le dessus de son café. Tout parait si éphémère et cette rencontre, peut-être, le sera-t-elle tout autant.


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Re: if without you | Lun 5 Avr - 21:02
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outfit - Il était fier. Oui, il était fier de ce qu’il avait réalisé depuis son arrivée sur Séoul et il ne cessait d’essayer de s’améliorer en tant qu’être humain. Il en était venu à se dire qu’il ne répondait peut-être pas assez aux attentes de ses interlocuteurs et souhaitant toujours frôler la perfection, il avait fourni les efforts nécessaires pour devenir une meilleure personne. Ne s’était-il pas oublié ? Il avait toujours possédé cette ténacité inébranlable mais elle était devenue bancale lors de son lycée. Chansol n’était pas le principal fautif mais il était une pièce du puzzle qui ne s’encastrait que trop bien avec les autres. Il avait perdu confiance en lui, il avait même perdu confiance en ce que signifiait l’existence. Lui, plein d’assurance, souriant et empli de joie, était comme passé de l’autre côté de la trappe.
Et cette fierté n’était plus qu’un mauvais reflet de lui-même. Il n’aimait pas se lever le matin parce qu’il était terrifié à l’idée qu’on ait pu le retrouver dans son sommeil. Ses nuits n’étaient pas calmes à cause de ce poids qui le hantait bien que délesté et il avait des sueurs froides quand ses yeux s’ouvraient dans cette nouvelle ville où il avait peur de réitérer les mêmes erreurs. Ce n’était pas entièrement de sa faute, on avait profité de sa faiblesse de le savoir démuni d’armes à peine fut-il sorti du lycée mais n’avait-on pensé un instant qu’il puisse avoir assez de courage pour s’évanouir dans la nature. Il était plus lâche que fier et c’était pour cette raison qu’il avait du mal à faire face à Chansol. Quand bien même endurait-il des traitements impossibles à décrire avec des mots, il n’avait pas bougé le petit doigt pour Chansol. Ses mots le percutèrent de plein fouet alors qu’il sentait son souffle chaud contre son oreille. Malgré cela, Chansol lui aussi vivait aujourd’hui et faisait de son mieux. Il ne sut pas quoi lui répondre et se réinstalla face à lui.

« Ne crois pas être le centre de la terre, lui dit-il, Mes années lycées n’ont pas tourné qu’autour de toi. J’ai eu d’autres problèmes, c’est juste que tu en as fait parti. Et quelle aurait été la solution ? »

Il ancra son regard au sien et croisa ses jambes en remettant une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Il prit une grande inspiration et expira longuement.

« Qu’est-ce que ça aurait changé que je fasse quelque chose ?, murmura-t-il presque en fixant un point dans le vide, Est-ce que cela te faisait-il au moins du bien quand tu me frappais ? »

Il était bien placé pour le savoir qu’il n’était pas facile de parler de ses problèmes. De toute façon, à cause de lui, il n’avait eu aucun ami au lycée, il n’avait que lui pour espérer survivre. Il s’était dit plusieurs fois que cette mauvaise période passerait et qu’il n’en ressortirait que meilleur puisqu’on se forgeait avec les expériences. Il avait espéré que cette colère vis-à-vis de lui ne le consume pas mais, au final, il était mauvais avec lui alors que Chansol ne le méritait pas plus que quiconque. Et lui, méritait-il d’essayer de s’ôter la vie ?

@sun chansol
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Re: if without you | Lun 5 Avr - 21:57
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ootd | Pourtant il l’est, Chansol, le centre du monde. Il est le centre de son monde, celui qui gravite avec violence tout autour de lui. Parce qu’on a de cesse d’avoir les yeux rivés sur lui. Chansol doit être le meilleur en volleyball, Chansol doit avoir les meilleurs notes, Chansol doit attraper la plus belles des filles quand bien même ses prunelles s’égarent sur les courbes des hommes. Chansol est le fils de son père, de ce père qui le bat, et qui le cherche à chaque fois qu’il rentre à la maison en tremblant. Parce que les sourires s’éteignent sur le pas de la porte, une fois que tous les copains sont partis. Parce que papa n’a pas peur de l’attendre, pourtant, assis sur son lit, les poings serrés. Mauvais fils, mauvais père.
Alors qu’ils se rassoient, enfin, les regards se reportent sur les assiettes, les conversations reprennent. Chansol a-t-il arrêté le feu qu’il a malgré lui fait s’animer ? Son regard retrouve celui de son interlocuteur. Il n’a plus envie de boire ce café froid, qui n’a pas plus de sens que son existence. Ses prunelles se perdent, reviennent, s’étonnent une seconde sous les interrogations d’Evan. Il le fixe, interdit. Comment connaître les réponses à sa question quand il est incapable de résoudre ses propres ennuis ? « Je n’en sais rien, Evan. » Il laisse ses jambes s’étendre sous la table en bois, repoussant d’un geste la tasse sur le côté.
« Peut-être que cela aurait tout changé, qui sait ? Ou rien du tout. Je crois que je n’ai plus envie de vivre dans le passé aujourd’hui. » Parce qu’avec des « si » on pourrait refaire le monde entier. Et si la maltraitance qu’il a subie avait été dénoncée ? Aurait-il été placé dans un autre foyer ? Aurait-il perdu tous ses amis ? Serait-il devenu une personne « bonne » ? Ou au contraire, est-ce que les choses n’auraient-elles pas été encore pires ? Il passe une main dans sa chevelure blonde, ses doigts jouant avec les petits sachets de sucre disposés non loin. « A chaque fois que je t’ai frappé, j’ai cru que je deviendrais plus fort. » Et Evan devine avec aisance la suite de sa phrase, ses maux qu’il continue de taire au plus profond de son âme. Il n’est probablement pas plus fort aujourd’hui qu’il ne l’était auparavant ; il a juste pris la fuite, en espérant ne jamais retrouver son père. Malheureusement, il sait que sa petite sœur est encore là-bas et cette pensée étreint son myocarde.
Il abandonne un soupir. « Evan, si tu savais tout ça et que tu n’as jamais rien dit, est-ce que… Est-ce qu’au fond de toi tu t’es dit que c’était bien fait pour moi ? » Que ce n’était que justice rendue. Chansol le frappait et son père, en retour, n’arrêtait pas de lui rendre des coups. Néanmoins, ce n’est pas parce qu’il parvient à en discuter avec son interlocuteur à ce moment que toutes les plaies sont fermées, bien au contraire. Elles crachent leur peine à la vue et aux sus du brun qui lui fait face sans qu’il ne les cache. Voit-il cependant, Evan, que l’étudiant qu’il a devant lui a changé ? Comprend-t-il qu’il s’en veut et qu’il n’est pas assez fort pour lui offrir ses excuses ? Après tout, Chansol se demande s’il lui doit davantage que cette conversation. Les fantômes du passé ne sont jamais évidents à surmonter, encore moins lorsqu’ils se matérialisent sous les yeux.


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