C'était quoi ce branle-bas de combat là ? A peine arrivé au dortoir qu'on me mettait un balai entre les mains alors que je n'avais qu'une envie après avoir passé la nuit sur les plateaux de tournage et c'était d'aller dormir... Il se passait quoi encore à la fac ? J'étais passé devant le dortoir des Pyo avant d'arriver dans le mien et j'en avais vu quelques uns avec des seaux et des serpillères en train d'astiquer comme des malades. Ici aussi c'était le cas ?

« Il se passe quoi ? C'est le gros ménage de printemps ou quoi ? »

J'étais crevé et y avait beaucoup trop d'activité pour moi autour de moi. Le dortoir des colibris ressemblait à une vraie ruche. Je me suis posé quelques instants, les mains et la tête appuyées sur le manche de mon balai. Décidément, on m'aura tout fait faire, ici.

Je commençais à frotter le sol du salon commun sans grande conviction. La tâche était immense, y avait vraiment beaucoup de bordéliques dans nos rangs. Mais à choisir, je préférais laver le sol que de ranger le bordel que tout le monde avait laissé sur les tables, les chaises et les canapés.

Je ne comprenais pas trop cette histoire subite de dortoir qu'on devait ranger, je débarquais un peu de la planète Mars ce matin. C'est après moi qu'on en avait ? Il faut dire que j'étais le genre à m'étaler, je laissais trainer mes affaires partout et je râlais à chaque fois parce que je ne retrouvais jamais rien.
J'esquivais les tâches ménagères habituellement mais je voyais tous les étudiants du dortoir mettre la main à la pâte et je ne voulais pas paraître, pour une fois, mal élevé. De ce que je voyais, c'était tout le monde qui était concerné par cette histoire de rangement.

Je m'étais décidé à donner un coup de main au salon, histoire de récupérer au passage toutes mes affaires. Je cherchais des yeux mon coloc, Yi Hao, mais il n'avait pas l'air d'être là. Il était peut-être encore en train de dormir. Ou pas encore rentré de sa nuit. Je ne savais pas ce qu'il faisait de ses nuits mais il sortait de plus en plus souvent et… je m'inquiétais un peu pour lui.

Je chassais mes idées en tentant de répondre à Min Jae qui avait l'air aussi motivé que moi à devoir nettoyer notre dortoir un dimanche.

« J'en sais pas plus que toi sur ce qui se passe… Tu crois qu'on va devoir aussi ranger nos chambres ? »

Si c'était le cas, j'étais dans la merde parce que j'avais foutu un sacré foutoir autour de mon lit et dans la salle de bain.

Plus vite je m'y mettais, plus vite j'aurais fini et plus vite j'allais pouvoir aller rejoindre mon lit. Heureusement que le balai était là pour me soutenir parce que sinon je crois que je me serais écroulé par terre et que je me serais endormi à même le sol.

J'étais rejoint au salon par Shin Ji qui commençait à ranger le chaos engendré par les beolsae. Je ne le connaissais pas personnellement, on ne s'était même jamais adressé la parole jusqu'à aujourd'hui mais je savais qui il était : il était le colocataire de Yi Hao et, hummm.... j'avais un peu regardé qui étaient ses fréquentations à la fac et au dortoir afin que notre petit secret ne s'ébruite pas...

Je m'arrête tout à coup lorsque j'entends la question que Shin Ji m'adresse directement.

« Sérieux....? Mais... on va en avoir jusqu'à la St Glinglin avec ce nettoyage...! Je sais pas comment ça se passe dans ta chambre mais la nôtre, c'est Tchernobyl couplé à Bagdad...! »

Si c'était vrai, c'était la pire news de la journée... j'allais jamais pouvoir dormir !   Légèrement énervé par cette nouvelle, j'astiquais à fond le sol avec mon balai.

« Tu vas partir oui, saleté de tache ! »

Au moins, ça m'avait redonné un coup de fouet.

T'as passé une partie de la nuit à coder et le réveil est difficile. T'as qu'une envie c'est de rester au lit mais c'est ton ventre qui te pousse à te lever. Si d'habitude tu gardes toujours un truc à manger dans ta chambre Min Jae a vidé les stocks. Tant pis tu vas être obligé de pointer ton nez dans les parties communes, ce que tu évites en général. En arrivant en bas, tu vois ton colocataire et un étudiant que tu connais pas. Tu fronces les sourcils en entendant leurs paroles, visiblement c'est journée grand ménage et ça t'enchante pas. T'avais prévu d'autres trucs mais t'es certain que ton colocataire va pas te laisser s'enfuir comme la dernière fois. Tu salues la petite troupe d'un signe de tête en te dirigeant vers la cuisine, parce qu'il faut que tu avales un truc avant de commencer.

Si t'étais moins bordélique on en serait pas là…

Tu lances un regard accusateur à Min Jae, parce que c'est bien sa faute si la chambre ressemble à un champ de bataille. Ouais t'es comme ça pas super agréable dés le matin. Enfin ton colocataire te connait et tu sais qu'il ne le prendra pas mal. Après avoir bu un verre de jus d'orange, tu décides de d'y mettre parce que tu ne pourras clairement rien avaler tranquille vu toute l'agitation qui règne ici. Visiblement ils n'ont pas besoin d'aide avec les balais, enfin ils ont pas l'air super efficace mais bon un humain est forcément moins productif qu'un ordinateur. Tu décides de les laisser faire avec le sol et tu t'attaques à la vaisselle, organisant d'abord le tout en tirant les verres, les assiettes et autres trucs.

Je l'avais eue cette fichue tache, non mais ! Je continuais mon petit tour du salon en compagnie du balai, de ma serpillère et de mon seau, bien décidé à éliminer chaque trace sur le sol. Mon visage s'illumina lorsque je vis apparaître dans l'entrée de la pièce la bouille nettement moins lumineuse de mon colocataire qui venait sans doute de se réveiller, vu sa mine enjouée. Tout de suite mon sourire disparut lorsque j'entendis la gentille remarque de Lei à mon encontre.

Je lui lançais un magnifique « Gnagnagna…. » en guise de réponse tout en lui tirant la langue. C'est vrai que j'étais un peu bordélique mais ce n'était pas ma faute, j'avais trop d'affaires et pas assez de place pour tout ranger alors c'est vrai que j'avais tendance à déborder un peu chez les autres et à en laisser partout…
Lorsque je le vis quitter la pièce et me laisser en plan avec mes grimaces, je ne pouvais pas faire autrement que ce que je faisais d'habitude dès que Lei était dans les parages : j'abandonnais tout pour aller le rejoindre.
Malgré son côté anti-social et bougon qu'il essayait de se donner, je savais qu'il y avait un petit chamallow qui se cachait là-dessous. Depuis qu'on se connaissait, j'avais jamais réussi à lui faire la gueule. Et c'est pas aujourd'hui que ça allait commencer. Malgré ses airs de je m'en foutiste, il n'y avait pas plus attentionné que Lei. La preuve, personne ne lui avait rien demandé et il était en train de se taper la vaisselle de tout le monde.

« Tu laves, j'essuie ! » lui dis-je de ma voix enjouée en attrapant un torchon. Je l'avais torsadé pour donner un bon coup sur les fesses de mon colocataire adoré. « Ca, c'est pour avoir dit que j'étais bordélique ! »