Un énorme sourire s'affiche sur mes lèvres quand je me rends compte que Lei est en train de craquer et que j'arrive à mes fins. Je fais même une danse de la joie quand ses lèvres confirment ce que je voulais entendre. Bon, il allait falloir que je commence sans lui mais la tâche me paraissait moins insurmontable maintenant que je savais que j'avais l'aide de mon meilleur ami.
Il savait comment me booster. J'avais tellement envie d'aller à ce karaoké avec lui qu'on aurait pu tout me demander aujourd'hui, même avaler une mygale vivante, que je l'aurais fait. Bien décidé, je m'avance vers les chaises où il y avait de nombreuses fringues posées dessus. Je commence à les prendre dans mes mains une par une mais là... j'ai un sérieux problème qui s'annonce.

Faisant une petite moue de gamin, je me tourne vers Lei et je l'interpelle alors qu'il a le nez plongé dans son placard. « Dis Lei... Euh... C'est à moi ça ? » Il allait vraiment me prendre pour un gros boulet qui ne savait même pas reconnaître ses affaires. Alors j'essayais de me justifier comme je pouvais... « On m'a tellement habitué à ne devoir porter qu'une seule fois un vêtement à cause des photos qu'on prendre de moi un peu n'importe où, que je sais plus trop ce qui est à moi... Tu m'as déjà vu avec ce truc sur le dos ? » J'avais peur de faire une connerie et d'embarquer les affaires de mes autres colocataires...

Quoi ? Attend il a dit quoi ? J'ai failli lâché ce que j'avais dans les mains. Mon visage a du passé de ça :bago: à ça  en une fraction de secondes. Parce que oui c'est une torture ce qu'il m'inflige là ! Ok je suis pas le plus expressif des deux mais j'avoue que j'aime bien quand on se retrouve dans notre chambre, seul tous les deux et qu'on peut se caler dans les bras l'un de l'autre. Non mais il va pas me faire ça ? Je le questionne du regard et je vois une lueur joueuse dans son regard, signe qu'il va attendre que je le réclame avant de revenir vers moi. Je te jure il me rend dingue ce mec. Il adore soit se faire désirer, soit me sauter dessus, il n'a pas de juste milieu à mon plus grand désespoir. Enfin pour l'instant j'ai pas envie d'entrer dans son jeu, j'ai pas du tout envie vu la pièce dans laquelle on est et l'état de celle-ci. D'ailleurs j'envisage pas vraiment de nettoyer ça à la brosse à dents mais visiblement lui oui.

In Tae, t'es pas sérieux ? C'est une blague hein ?

J'enfonce ma tête dans les épaules voyant qu'il ne plaisante pas et que je risque de m'en prendre une si je fais pas ce qu'il me dit. Heureusement j'ai pas hérité des toilettes à faire et franchement ça me va. Du coup je m'attèles à la tâche en lui exposant mes doutes. J'acquiesce lorsqu'il parle d'être à la rue. C'est bien ça qui me fait peur, les frais de logement à l'université sont bien moindre et je pourrais pas me payer un truc aussi décent, à moins de travailler jour et nuit. Quand il parle de m'embarquer, je m'arrête et je l'observe à traverse le miroir.

C'est vrai ?

Je peux pas caché mon ton enjoué, qui prend le pas sur ma surprise. Bizarrement j'ai presque envie que les dortoirs ferment pour pouvoir vivre avec lui…Non mais faut que j'arrête de rêver…C'est vrai que je sais qu'il a plus de moyens que moi, même il me laisserait pas vivre sous son toit sans rien payer, moi-même je pourrais pas et ça reviendrait forcément plus cher d'une chambre universitaire. Je redescend donc vite de mon petit nuage.

Ça pourrait être cool mais j'espère qu'on pourra rester là, c'est plus dans mon budget. D'ailleurs pourquoi t'es venu en dortoir ? T'as l'air d'avoir les moyens de te payer un appart…

Est-ce que je suis trop curieux ? Oui et c'est un vilain défaut mais en même temps il m'intrigue de plus en plus. Je ne sais presque rien de lui, à part qu'il dort beaucoup, qu'il prend au sérieux deux choses : le foot et le ménage. Il en sait plus sur moi que l'inverse, il a même rencontré mes sœurs et ma tante alors moi je ne sais rien de lui, de sa famille.

Est-ce que j'avais l'air de plaisanter ? Pourquoi Jag Eun ne me prenait jamais au sérieux lorsque je l'étais ? Il m'avait fait le même coup quand on s'était embrassé pour la première fois ou quand je lui tournais autour. Oui, j'étais sérieux. Ces chiottes allaient tellement briller que même Louis XIV serait jaloux de ne pas avoir posé son séant sur des toilettes aussi class' !!
Je comprenais que j'allais devoir me charger de ça mais c'est pas grave, je préférais que cette partie délicate du récurage à la brosse à dents ça soit moi qui la fasse. Je m'en occupais déjà dans notre chambre. D'ailleurs, il devait être bien content d'avoir la chambre la plus propre de la fac grâce à moi...

Je n'espérais pas devoir à déménager. C'est vrai que lorsque Jag Eun s'était pointé dans notre chambre avec sa méga poisse, j'avais sérieusement pensé à plier bagage à un moment. Surtout qu'il avait fini par me contaminer et qu'il m'était arrivé les pires trucs. Mon nez qui s'était pris pour un robinet et qui pissait le sang, je m'en souvenais. La chambre avait fini dans un état pire qu'une scène de crime.
Mais mon avis sur la question avait bien changé. Un passage dans un placard plus tard et un petit détour par la plage m'avaient définitivement fait rester dans notre chambre 4.1. A ses côtés. J'avais envie qu'il soit constamment avec moi et je m'emmerdais grave quand il devait partir bosser pour ses petits boulots ou partir chercher ses soeurs à l'école. Alors si on nous expulsait de notre dortoir, oui j'étais sérieux j'allais pas partir sans lui.
Il m'offrait un superbe sourire alors que je me retournais vers lui. La vie en coloc, c'était pas facile tous les jours avec lui, mais je ne pouvais plus me passer de sa présence. Et de sa chaleur sous mes draps.

« Parce que tu crois que je te ferais payer quelque chose ? Ton seul loyer à payer, ça sera de passer toutes les nuits avec moi. D'ailleurs dans notre appart', y aura qu'un seul lit, t'auras pas le choix. » Je me retournais à nouveau pour continuer mon nettoyage mais je m'arrêtais tout à coup en entendant sa question suivante.
Est-ce que... je devais lui dire la vérité ou continuer avec mes pirouettes pour esquiver ? Je passe nerveusement ma langue sur mes lèvres sèches et je recommence tout doucement à astiquer les chiottes avec ma brosse pour me donner un peu de temps. Il allait le remarquer que sa question m'avait troublé et il était trop tard pour utiliser de la poudre de perlimpinpin pour tenter de faire illusion comme d'habitude....

« C'est... ma psy qui m'a conseillé de vivre en communauté... » Heureusement que j'étais dos à lui, j'étais bien content de ne pas croiser son regard. Je n'aurais pas pu continuer sinon. « Je suis fils unique et j'ai pas grandi dans un environnement familial aimant, on va dire... Elle m'a dit que ça pourrait m'être bénéfique de vivre avec d'autres personnes qui ne me veulent pas du mal... Je pensais pas que ça allait fonctionner... Mais faut croire qu'elle avait raison... » J'avouais à demi-mot que j'étais content de vivre avec lui. Ses bras, c'était le tout premier environnement aimant que j'avais connu et c'était peut-être pour ça aussi que je m'accrochais autant à lui...

Non mais t'es sérieux ?

Tu lui as jeté un regard blasé. Il se foute de toi, c'est pas possible autrement. Il sait même pas quels sont ses affaires. Il a du aussi oublier lequel est son placard vu qu'il pique tout le temps tes sweats. C'est donc pas ça qu'il en prend chaque fois un autre. Non mais comment tu n'es pas déjà devenu fou avec lui comme colocataire, peut-être parce que tu l'adores, plus tes pulls.

Min Jae, y a que toi qui laisse trainer tes affaires dans cette chambre, c'est forcément à toi. Et oui, tu l'as mis en début de semaine, met le à laver

Tu poses ta main sur le front désespéré par ton meilleur ami. Ah c'est un bon acteur, il fait tomber le cœur de toutes les filles mais si elles voyaient le bordel qu'il met, elles changeraient d'avis…ou elles seraient jalouse de sa garde-robe.

Je t'ai donné de mauvaise habitudes, tu vas te mettre à faire tes lessives. Peut être que comme tu feras la différence dans tes fringues et les miennes.

Heureusement il n'en est pas à prendre tes boxer. Tu termines la cuisine avant de revenir vers lui pour l'aider. Tu sors le panier de linge sale de la salle de bain pour qu'il y dépose tout ou presque. Tu te doutes qu'il ne doit pas savoir ce qu'il a pris ou pas. Non mais pas cette veste, ça passe pas à la machine ça, tu vas tuer la tissue. Tu t'y connais pas beaucoup en mode mais tu sais prendre soin du peu que tu as, justement parce que t'en as pas beaucoup.

Ah Min Jae, t'es pas croyable, tu le sais ça…mais c'est pour ça que je t'aime

Tu viens lui ébouriffer les cheveux comme un grand frère alors que tu t'attaques à passer le balais partout, finalement s'il met tout son bordel au sale, ça ira plus vite que prévu.

J'ai l'impression d'être comme un gosse face à sa mère et c'est un peu ce qu'il était pour moi Lei dans notre dortoir. Il me connaissait mieux que moi-même et pour preuve, il se souvenait de ce que j'avais pu porter en début de semaine alors que moi, je savais même pas la couleur de la paire de chaussettes que j'avais enfilée aujourd'hui.

« Toi et ta mémoire de disque dur, vous êtes les meilleurs, tu le sais ça ? » Tout content, je gardais le pull que je venais de lui montrer entre mes mains pour pouvoir ensuite le mettre au sale.

« Ca, c'est à moi... Ca aussi... Ca aussi... » J'enchainais les habits posés sur les chaises et.... « Bordel, t'as raison ! Tout est à moi !! JE SUIS BORDELIQUE COMME CA ET TU ME DIS RIEN ?   » C'était incroyable, je me souvenais même pas d'avoir posé tous ces trucs là et pourtant, fallait que je me rende à l'évidence, j'étais le pire de nous quatre....!

Je regarde Lei avec des larmes dans les yeux comme s'il venait de me donner la pire des punitions avec cette histoire de lessive que j'allais devoir faire... « Mais Lei... Je sais pas faire... Et si... Et si mes fringues virent au rose ? Et qu'elles rétrécissent ?  J'veux pas qu'on voit mon nombril hein !! »

Alors qu'il ramène le panier à linge sale pour que je dépose toutes les fringues retrouvées dans la chambre et qu'il me fait une déclaration, je plonge une nouvelle fois mes yeux de chat potté dans les siens : « Ca veut dire que tu vas m'aider hein ? Toi, les machines ça te connait.... Me laisse pas en galère avec des tee-shirt crop top roses   »

Quand il me répond, je m'arrête de frotter alors qu'un frisson me parcourt le dos. Attend, est-ce que j'ai bien entendu ? Est-ce qu'il me propose vraiment de payer le loyer en couchant avec lui ? Non mais je rêve. Je reste sans voix, choqué de son offre. D'abord on en est pas là, ok j'ai l'embrasse et on dort ensemble mais c'est tout ! Il m'a pris pour qui ? Si précédemment l'idée me semblait attirant, ça ne l'ai plus du tout et me flippe un peu que les dortoirs soient fermés parce que je serais vraiment à la rue. C'est pas ma tante qui m'hébergera et j'ai pas envie de….non rien que l'idée me dégoute. Heureusement il repend pour répondre à ma question, et quelle réponse.

J'ai pas remarqué qu'il a mis du temps à répondre, parce que j'étais trop surprit de sa première propositions. Par contre en entendant ses mots et le ton qu'il emploie je comprends qu'on touche un sujet sensible. Je l'ai observé, toujours dans le miroir, pour éviter de le mettre mal à l'aise. Ce que j'ai vu m'as brisé le cœur, d'autant plus avec la suite de ses paroles. Si j'ai pas toujours eu de la chance dans ta vie, je peux pas dire que ta famille n'étaient pas aimante. Oh mon père n'a pas toujours été tendre, j'ai pris des gifles de sa part et il était plutôt sévère mais je sais qu'il m'aimait, comme ta mère. Malheureusement ils sont partis trop tôt. Pourtant à cet instant je me sens chanceux comparé à lui et c'est pas peu dire. Je comprends qu'il parle de moi et de notre colocation sur la fin et je me sens encore plus touché. J'ai voulu abandonné mon poste pour le rejoindre et le prend dans mes bras mais je me suis retenu. Parce qu'il a surement pas besoin ma pitié et que c'est clairement pas l'endroit pour se faire des démonstrations d'affection.

Je suis désolé In Tae, je savais pas. J'en ai vu une fois, qui a dit à mes parents de mon cas méritait beaucoup de séances….Bien sûr on avait pas les moyens alors j'ai fait sans…Enfin je suis content que tu t'es suivie les conseils de ta psy.

Je sais pas trop pourquoi je lui confie ça. J'ai pas trop envie de le questionner sur ce qu'il vient de me dire. J'imagine que ça doit pas être facile pour lui d'en parler. Je sais pas vraiment ce qu'il veut dire quand il parle de personne qui lui veulent du mal. Pourtant dans une moindre mesure j'ai connu ça aussi. Chez moi ça s'apparente plus à du harcèlement scolaire, ce qui est d'ailleurs toujours le cas mais ça je vais éviter de lui dire. Pourtant sans le vouloir ma tirade en dit peut être trop.

Je connais les personnes mal intentionnés et c'est ce dont j'avais peur en venant ici. Heureusement je suis tombé sur toi. On s'est bien trouvé finalement

Il n'y avait que ma psy qui connaissait tout ou presque de moi. Je ne sais pas pourquoi je me suis épanché tout à coup comme ça sur ma vie auprès de Jag Eun... Peut-être parce que je ne lui avais jamais rien dit de vraiment personnel sur moi.... J'évitais souvent les questions trop directes sur ma vie, mon passé, sur pourquoi j'étais un gros connard... La réponse se résumait en une seule chose : ma famille compliquée. Ca n'avait jamais été un cadeau de vivre avec le nom de "Doo", j'en payais encore le prix aujourd'hui. J'avais l'esprit complètement flingué et je ne savais pas moi-même de quoi je pouvais être capable...
Ca faisait des semaines que je n'avais pas participé à une séance de psy et bizarrement, alors que ça me saoulait à chaque fois d'y aller, là aujourd'hui ça me manquait. Je n'avais personne à qui déballer mon sac et raconter mes peurs. Même si ma vie avait pris un tournant beaucoup plus tranquille depuis que j'étais arrivé sur Séoul, il y avait des moments où toutes mes angoisses me revenaient comme un boomerang en pleine gueule. J'avais heureusement pu esquiver de montrer mes différentes crises à Jag Eun. Quand il est là avec moi, il faut dire que j'ai rarement le temps de penser à mes démons. Mais dès qu'il était absent et que je savais qu'il n'allait pas rentrer avant plusieurs heures, mon cerveau réfléchissait à plein régime et ça finissait toujours mal. Mes crises étaient aussi violentes que lorsque j'avais quitté Daejeon et ma pire crainte aujourd'hui, c'était que Jag Eun assiste à ça. Ma frénésie du nettoyage, elle venait de là, de mes crises. Et quand j'étais incapable de me stopper, c'est là que  mon cerveau partait en couilles et que je finissais par me faire du mal... Littéralement. C'était la seule solution pour moi pour pouvoir m'arrêter...
J'ai peur de sa réaction face à mes paroles. Même s'il se doutait que j'étais pas un mec très net vu ma façon de réagir parfois. Mais j'avais peur qu'il me catalogue parce que je consultais une psy. Les gens aimaient faire des raccourcis débiles : si tu vas voir un psy, c'est parce que t'es débile justement. Nan, j'étais juste malade dans ma tête et je devais me soigner. Mais ça prenait un temps fou et ça commençait à ma fatiguer malgré les améliorations de ces dernières semaines...
J'ai envie de me retourner quand il m'avoue avoir consulté lui aussi mais j'ai toujours cette frousse de lui faire face...Et je voulais entendre tout ce qu'il avait à dire avant de juger s'il était bon ou non que je me retourne vers lui.
Et ses mots... Ses mots... Ils ont eu le don de faire vriller quelque chose dans ma cervelle... Je lui avais répété plusieurs fois, je l'avais prévenu de ce qui l'attendait à rester près de moi et à me côtoyer mais j'avais la conviction maintenant qu'il ne se rendait pas compte de la gravité. Encore une fois il ne m'avait pas pris au sérieux... Je laisse tomber la brosse de mes mains avant de retirer violemment mes gants. Mon regard triste jusqu'alors prend une lueur de colère et je me retourne enfin vers lui, m'approchant de sa frêle silhouette.

« Non Jag Eun.... Me dis pas des choses comme ça... Je te l'ai dit plus d'une fois que tu devais t'éloigner de moi, pourquoi... Pourquoi tu m'as pas écouté ? Pourquoi tu fuis pas ? JE suis une personne mal intentionnée ! JE suis la pire personne que tu pouvais rencontrer ! T'as oublié que je t'ai dit que j'étais le pire poison possible ? C'est vrai...! Tout ce que tu vas gagner, c'est que je te fasse du mal ! Parce que c'est comme ça que ça se termine pour toutes les personnes qui me côtoient...! Alors pars tant qu'il est encore temps, fuis-moi tant que je t'en laisse encore l'occasion... Parce que si je te lie à moi, je te laisserais jamais partir et tu vas finir par me détester... Et je veux pas te faire de mal... C'est.... comme ça que ça va se terminer pour toi et moi si tu restes... Alors va t'en.... Fuis-moi... Hais-moi comme je le mérite.... Je mérite pas que tu t'attaches à moi, tu mérites pas que je te fasse subir tout ça.... » Plus j'avais parlé et plus j'avais senti mes démangeaisons me reprendre... Pile à l'endroit où mes cicatrices n'avaient pas guéries, juste au niveau de mon poignet.... Alors je m'étais gratté jusqu'au sang parce que c'était la seule chose qui me soulageait. A bout de nerfs, je venais de mettre genoux à terre et mes doigts continuaient cette lente agonie qui me tuait à petit feu... Ce que je craignais depuis le début était en train de se passer. J'étais en pleine crise et Jag Eun allait voir le monstre que j'étais réellement...

Tu prends sa réflexion comme un compliment en pouffant de rire. C'est vrai que t'as de la mémoire enfin c'est quand même un minimum de savoir ce que t'as mis dans la semaine. T'es loin des clichés du geek, qui change jamais de sweats mais quand même, tu te rappelles de ce que tu as porté. Enfin visiblement c'est pas le cas de tout le monde.

Pendant que tu termines de passer le balais, tu le vois récupéré toutes ses affaires, qui pour la plupart sont sur sa chaise ou la tienne. Tu secours la tête lorsqu'il se met à hurler que tu devrais lui faire la morale plus souvent.

Hey je suis pas ta mère et me cris pas dessus d'abord !

Bon c'est vrai que t'es un peu sa mère sur certains points, bien déjà c'est toi qui fait ses lessives. Pourquoi tu t'es mis à faire ça ? Simplement parce que t'en avais marre d'avoir une tonne de t-shirt sur ta chaise. D'ailleurs faut que ça s'arrête, il est assez grand pour se débrouiller et il a raison c'est pas l'aide que de l'assister. Alors tu lui annonces le poteau rose, à partir de maintenant il va falloir qu'il se débrouille, ceux à quoi il panique et réplique pleins de bêtises. Tu ris en l'imaginant avec un t-shirt trop petit ou un truc rose.

Mais non c'est pas si compliqué.

A nouveau il te fait le coup de la moue mignonne et tu lèves les yeux au ciel.

Je te montrerais mais tu vas t'en sortir avec une machine à laver, y a pas tant que bouton que ça tu verras.

Et tu mens pas, si certains machine à laver peuvent être des aliènes, celle de l'université ressemble plus à celle des laveries automatique avec trois programmes au maximum.

Bon fait un tour dans la salle de bain, je termine ici et on y va ok ?

Sur certains aspects, j'étais encore vraiment un gosse et je mettais souvent ça sur le coup de ne pas avoir eu d'enfance et d'adolescence. Maintenant que j'étais arrivé à l'âge adulte et que je n'avais plus ma tante derrière moi à me rabâcher les oreilles de me comporter comme un adulte, je rattrapais le temps perdu en faisant le gamin. C'était Lei qui était le plus à plaindre de la situation parce que c'était lui qui devait me supporter le plus souvent. Mais il avait la patience d'un ange, même si parfois il aimait me tacle. Mais bon, c'est pas grave, j'aimais ça quand il faisait son gros nounours mal léché et que j'en prenais pour mon grade : il était le seul à me dire les choses comme je le méritais et qui ne me regardait pas comme une star. Il était ma bouffée d'oxygène dans ma vie et j'avais bien du mal à ne pas le coller pour toutes ces raisons.
Je savais déjà pas gérer mes onglets sur une fenêtre internet et là il voulait que j'arrive à me débrouiller avec les boutons et les programmes compliqués d'une machine à laver. J'avais vraiment peur de finir avec le ventre à l'air et j'étais rassuré qu'il me donne un coup de main une nouvelle fois. Qu'est-ce que je ferais sans lui dans ma vie ?  

« Ok ! » Tout content de savoir que mon meilleur pote n'allait pas me lâcher et que j'allais apprendre de nouvelles choses, je partais tout content vers la salle de bain où je récupérais toutes mes affaires qui traînaient de partout, j'avais même réussi à mettre un de mes pantalons sur la tringle à rideau quoi (Min Jae hashtag le pro de l'impossible rendu possible...) ... Bref, les bras chargés de vêtements, je retourne dans la chambre où je mets tout mon bardas dans le panier à linge, qui, forcément, dégueule. Mais au moins, tout le bordel était rangé et c'était une sacrée bonne chose de faite.

« Allez, mets ta veste, tu m'expliqueras le fonctionnement de la machine à laver demain.... Là, y a un karaoké de tous les diables qui nous attend....! » On avait bien mérité d'aller se détendre après tout le rangement qu'on venait de se taper dans tout le dortoir. Je sautillais tout en tapotant sur les épaules de Lei avant de le pousser vers la porte pour partir plus vite. Une fois dans le couloir, je ne pouvais pas m'empêcher de le prendre par l'épaule et de lui donner un petit aperçu de tout mon talent artistique... « Un beau jour ou peut-être une nuiiiiiit. Près d'un Lei, je m'étais endormiiiiiiiiii »