Grandir avec deux frères n'est pas chose facile. Ils sont chiant, aiment tirer les cheveux, et c'est toujours la fille qui fait les conneries. Plus jeune je me laissais facilement marcher sur les pieds, un peu le bouc émissaire de mes frangins, je pleurais facilement dans les jupes de ma mère. Avec l'âge, le recule et tout ce qui va avec, je me suis forgé un caractère de feu. Je ne dis pas que je hurle à tout bout de champs, mais ils sont révolus les jours ou je fermais ma bouche et laissais couler. Je suis douce et gentille, tout comme je peux me révéler être très méchante et colérique. Je sais crier très fort, voir plus fort que les autres et je n'aime pas forcément que l'on me contredise. Avoir le dernier mot, c'est mon dada, je sais quoi dire pour emmerder le peuple et clouer le bec à plus d'un rigolo. Merci les fréros, merci les potos, je suis peut-être une vraie tigresse dans le fond. ▬ Trimbalée à droite à gauche par des parents en constant déplacement, j'ai garder ça dans mes habitudes. Je ne suis pas le genre de personne qui va passer sa vie le cul posé sur un canapé. J'aime bouger, faire trente mille chose en même temps et surtout ne pas rester chez moi à rien faire. Parfois certes, ça fait du bien mais c'est loin d'être pas tasse de thé. Je n'irais pas jusqu'à dire que je suis une pile électrique, mais plus dynamique. Je suis toujours la première à faire des conneries, à raconter des blagues ou à faire sourire rien que part ma présence. J'ai souvent été catégorisée comme «  la bonne copine à avoir sous le coude en cas de coup de mou. » J'avoue être assez souriante. Jamais on ne me verrais faire la tête sauf lorsque je m'énerve seulement la n'est pas la question.  Pas forcément démonstrative, il est très rare que j’évoque mes états d'âme ou que je fasse partager mes émotions. Je suis un petit soleil de poche en gros, j'aime sourire pour un rien et dégager de la bonne humeur. ▬ Le truc que tout le monde sait sur moi c'est que je passe mon temps avec des garçons. Je ne suis pas une garce ou une pupute arriviste, mais j'aime leur compagnie. J'ai parfois des réaction de mec, il peut m'arriver d'être un peu vulgaire mais dans la limite du raisonnable. Très loin du stéréotype de la fille coréenne toute mignonne, je suis énormément influencée par les USA de par mon style vestimentaire et la bouffe notamment – fast food est mon meilleur ami- en même temps j'y ai passé une grande partie de ma vie. Peut-être que dans le fond je peux impressionner. Je veux dire, je suis grande gueule et je m'affirme, ça n'enlève rien au fait que je suis quand même une fille au fond de moi. Alors oui je fait du skate et je joue aux jeux vidéos, mais à côté de ça, j'aime les films à l'eau de rose, pleurer devant d'ailleurs, le shopping et les chaussures à talon. Bon pour les talons c'est rare que j'en porte, mais quand je les dégaine ça à son petit effet.▬ Beaucoup on justement trop l'habitude de me considérer comme un garçon manqué de part mes fréquentation, mais ouais je suis bien une fille. Alors ok, je ne crois pas au prince charmant, mais j'aime plaire et surtout voir que je plaît. Je sais être câline et sensible comme beaucoup de filles de nos jours, je cache juste très bien mon jeu. Et en parlant de jeu, le poker .. Alala toute ma vie avec le piano. Je suis passé pro dans l'art du bluff et je les coiffe tous sur le poteau. Ce n'est pas pour l'argent que je joue, alors bien entendu ça compte, mais j'aime vraiment ça, tous les berner et leur faire croire ce que je veux. Je suis probablement une bonne menteuse, mais bon ça, c'est encore une autre histoire.

Quelqu'un un jour m'a dit que, tout le monde, même ceux se pensant saint d'esprit, devrait aller tôt ou tard suivre une thérapie. Je n'ai jamais pensé en avoir besoin, puis à mon arrivée en coréen j'y ai songé et m'y voilà enfin. La porte du cabinet s'ouvre devant moi et un homme d'une quarantaine d'année vient à ma rencontre. Je me lève le sourire aux lèvres et lui serre la main de façon chaleureuse. Il m'invite à entrer et je prend place sur la chaise destinée aux patient. Je me demande encore ce que je peux bien faire là, mais soit, pourquoi pas après. Fixant ses lunettes sur son nez, il me scrute un instant sous tous les angles avant de prendre la parole. «  Mademoiselle … Im c'est bien ça ? » Je hoche la tête en signe d'approbation. «  Dite moi donc quel bon vent vous amène dans mon bureau aujourd'hui. » Un faible rire m'échappe et je me demande bien quoi lui servir. Suis-je censée lui dire la vérité ? Autant faire ça de toute façon. «  Enfaite, quelqu'un m'a dit un jour que tout le monde avait besoin, au moins une fois dans sa vie, d'aller suivre une thérapie. Je suis à un moment crochet de ma vie, j'ai tout lâchée pour venir vivre ici. Je me suis donc dit que c'était aujourd'hui mon tour. » Je hausse les épaules négligemment. L'homme face à moi s'affale un peu plus dans son siège qui semble beaucoup plus confortable que le mien et je vois un rictus s'esquisser sur sa bouche gercée. Il ajuste ses lunettes avant de lancer. «  Très bien, alors parlez moi de vous. » Je me redresse un peu, posant mes coudes sur son bureau. Ce n'est pas très polis, mais autant se mettre à l'aise. «  Je m'appelle Cheyenne et je viens d'avoir 20 ans. » Je m'arrête et le regarde, attendant la question suivante. «  Mais encore ? » je soupire faiblement tout en passant une main dans mes cheveux court. «  J'ai grandie avec mes deux parents ainsi que deux frères. Je suis née au USA, dans un petit bled perdu dans le texas. J'y ai pas passé un long moment cela dit. J'ai eu une enfance plutôt normal, j'veux dire, j'ai jamais manqué de rien et j'ai vu du pays. Oui le travail de mon père nécessitait pas mal de déplacement, du coup je peux me venter de connaître l'Amérique du nord comme ma poche. Y'a pas d’événement qui a spécialement marqué ma vie, encore une fois j'ai eu une enfance basique. » Tandis que je parlais, je le voyais noter des petits mots sur sa feuille, est-ce vraiment nécessaire ? «  Et votre relation avec vos parents ? Et vos frères ? » Un faible sourire s'accroche à mes lèvres, je crois qu'ils commencent un peu à me manquer. «  Mes frères c'est un peu toute ma vie. Ils m'ont martyrisé lorsque j'étais plus petite. J'étais la dernière et une fille en plus de ça vous imaginez. Mais j'ai toujours eu de très bon rapport que ce soit avec l'un ou l'autre. Je crois qu'actuellement c'est ceux qui me manquent le plus, bien plus que mes parents étrangement. Ils me protégeaient et je n'avais peut de rien car je savais qu'ils étaient toujours quelque part à me guetter. Je trouvais ça étouffant par le passé, aujourd'hui je les cherche à tous les coins de rues, mais ils ne sont pas là malheureusement. » Je soupire. «  Mon père, il a eut l'image d'un paternel, pas très démonstratif, mais autoritaire. Il me faisait d'ailleurs un peu peur et le son de sa voix suffisait à me faire trembler. Il n'était pas violent, mais apprécier la tranquillité. Souvent je me suis demandé pourquoi il avait eut 3 enfants si c'était pour leur empêcher de s'épanouir convenablement. De toute façon il n'était pas très présent en soit, la figure de l'autorité, c'est l'image qu'il a à mes yeux. Mais il reste mon père malgré tout. Quant à ma mère, j'étais sa petite princesse je crois. Son unique fille, on a une relation très fusionnelle toutes les deux. Elle m'a donné l'amour du piano et n'a jamais su me contredire ni même me froisser. Elle allait toujours dans mon sens et j'en ai peut-être joué à une époque. Ca énervait d'ailleurs pas mal les trois autres, mais tant pis. Si maman disait oui alors le reste je m'en fichait. Elle aussi elle me manque énormément. Parfois je l'appel pour simplement entendre le son de sa voix cristalline, pour qu'elle me dise que je lui manque et qu'elle m'aime. » Un sourire triste prend place sur mes lèvres pincées. Oui ils me manquent beaucoup trop. « Pourquoi avoir décidé de tout plaquer si vous ressentez  le besoin de leur présence à ce point mademoiselle Im ? » Je m'affale à mon tour dans mon siège, laissant mes ongles taper la mesure sur la table en marbre «  J'étais entrain d’étouffer, j'avais besoin de m'en aller ailleurs de voir un nouveau monde et de m'épanouir seule. Mon père n'a pas apprécier que j'arrête les études à l'époque, il me voyait en faire de longue et avoir un bon job plus tard. Et j'avoue que ma décision à un peu foutu le bordel au sein de notre famille si confortable. Alors j'ai préféré m'en aller. Pourtant vous voyez, aujourd'hui je retourne à la fac. Je crois que j'avais vraiment besoin de voler de mes propres ailes pour m'épanouir. Peut-être qu'un jour je retournerais à Miami, mais même pour les vacances je n'en ai pas envie. Ils ont beau me manquer énormément, je pense qu'ils sont mieux sans moi vous voyez ? J'ai un peu l'impression d'être le boulet de ma famille, le vilain petit canard qui a décidé de n'en faire qu'à sa tête, mais je ne suis pas comme eux. J'aspire à une vie trépidante qui m'apportera de la surprise. Je ne veux pas d'une existence bien rangée et sans éclats. » Il se redresse enfin et m'offre un sourire bienveillant, me mettant en confiance. «  Alors pourquoi la corée Cheyenne ? Pourquoi Seoul ? » «  J'ai un oncle ici, des amis chez qui j'ai vécu quelques mois à mon arrivée et des cousins aussi. Et puis il y Insu et shin, des amis de longue date maintenant. Je suis originaire d'ici et y'a quatre ans jour pour jour c'était la première fois que j'y mettais les pieds. Je ne regrette rien, la vie n'est pas la même que de l'autre côte du pacifique mais je m'y plait et je crois que je ne reviendrais en arrière pour rien au monde. Je vis de petits boulots, mais je m'en sors bien. Mon père m'a coupé les vivres le jours ou je lui ai annoncé mon départ, mais ma mère continue de m'envoyer un peu d'argent tous les mois. Je crois qu’enfaîte je n'ai jamais été aussi bien que désormais, je vol seule sans l'aide de personne et je me sens enfin libre de ma personne et quelqu'un surtout alors oui, ça fait du bien. »