C’était dur, tout ces changements. J’avais travaillé dur depuis deux ans pour sauver notre frat, pour que les bleus  ne disparaisse pas totalement alors que c’était la toute première fraternité du campus. Tenir cette frat hors de l’eau alors qu’elle avait failli se noyer à cause de la crimson, el renouvelle essayer d’attirer de nouveau membres. Deux ans de galère et je voyais petit à petit notre dortoir se reconstruire. Et tout ça pour quoi? Pour que ça recommence. Des rumeurs, des réunions avec la directrice et les sponsors, des fouilles de dortoir, encore. J’avais l’impression de revivre ce moment d’il y a deux ans. Un vrai cauchemar pour moi. Puis le verdict était tombé. Les fraternité  actuelles allait être dissoute et de nouvelles allaient voir le jour, les élèves allaient être réparti différemment.
Au début, quand tout ce bordel avait recommencer, je ne faisais que me répéter une chose, que si cette frat n’existait plus, je ne voulais pas en intégrer d’autre. Que je n’avais plus la force pour tout ça. Au final je m’étais laissé tenté, simplement parce que l’une d’elle proposait des avantage super intéressant pour que je puisse peindre. Des locaux aménager pour ce genre d’activité, parfait pour moi. Alors j’y étais allé, me retrouvant chez les Baekje.
Mais la seule chose difficile n’était pas seulement ce gros changement, car tout ça avait amener un autre chamboulement dans mon quotidien. Cela faisait de long mois maintenant que je partageais ma chambre avec Sawyer et très souvent mon lit. Je m’étais habitué à sa présence, à entendre sa respiration lors de mes insomnies, à l’entendre et le sentir se glisser dans mon lit au milieu de la nuit. Me réveiller dans ses bras le matin. Et maintenant, on se retrouvait dans des fraternité différente. On avait chacun choisit et été dirigé vers celle qui nous correspondait le mieux, celle qui pourrait au mieux nous aidé dans ce que nous étudions et nous aimions. Mais la séparation était dur. J’avais vraiment le moral à zéro, heureusement que j’avais Bomi avec moi.

J’en faisait peut-être un peu trop, mais difficile de passer au dessus de ses émotions qui m’écrasaient à longueur de journée depuis cette fouille des dortoirs. Au fond, Sawyer et moi étions toujours ensemble, c’est juste que nous vivions à des endroits différents. Et ce jours là on avait décidé de se voir, d’aller au spa, Espérant que ça me changerait les idées. Je n’arrivais vraiment à rien ces temps, même pas à peindre.
Je l’attendais sagement devant le bâtiment, impatient de le voir et pourtant j’appréhendais le fait que nous n’allions pas rentrer ensemble à la fin de la journée.

C’était la suite logique des choses, et en toute honnêteté je devais bien admettre que je n’étais aucunement surpris de la tournure qu’avait pris la situation. Voilà des années que les étudiants s’entredéchiraient comme des barbares dans ces fraternités, sans même prendre en compte le ressenti des uns et des autres. Des années de gaspillage, de souillure ridicule, insensée et sans but. Pour être tout à fait honnête, j’étais presque content de voir cette mascarade se terminer.

Presque, oui, c’était bien le mot.

Ce presque tenait au simple fait que j’avais conscience de l’impact que ce changement considérable allait avoir pour mon petit ami, Namsun. Nous allions être séparés, vivre dans des fraternités différentes alors que nous nous étions habitués à partager la même chambre, voire le même lit. Autant dire que les choses n’étaient pas exactement aussi simples que je l’aurais souhaité. Il n’était hélas pas aussi rationnel que moi et voyait son jugement altéré par les mois qu’il avait passé à maintenir à flot un bateau à la dérive, pour ne pas dire un navire condamné qui avait déjà pris l’eau aux trois-quarts.

J’avais enfilé ma veste, peu confiant en la météo qu’il faisait, avant de rejoindre mon petit ami qui se trouvait devant le bâtiment.

« Bonjour Namsun. » Pas de petit surnom, non. Après tout, des étudiants circulaient sans cesse entre les différents bâtiments. « Comment tu te sens ? » avais-je néanmoins ajouté avec douceur.

J’espérais vraiment que cette journée allait me changer les idées, que tout ça n’allait pas changer ma relation avec Sawyer. Car en dehors du fait de perdre la frat pour laquelle je m’étais battu si longtemps, j’avais peur de perdre celui que j’aimais en ne me retrouvant plus dans la même frat que lui. On s’était rapproché parce qu’on avait été forcé à se côtoyer, puis cette proximité c’était amplifiée, et on se voyait presque tout les soirs, toute les nuits. Mais maintenant, qu’est-ce qu’il allait se passer. On serait chacun dans un dortoir différent. Pour moi il était très compliqué de ne pas penser et me tracasser à propos de toutes ces choses.

Sawyer avait fini par me rejoindre, sa vue m’arrachant un sourire, malgré son bonjour trop formel à mon goût. Je savais qu’il n’aimait toujours pas vraiment qu’on se montre en public, parfois ça aussi ça me rendait triste, mais je respectais. Pourtant j’avais tellement envie de le serrer dans mes bras et de l’embrasser.

« Salut … tu m’as manqué »

Je l’avais dit assez bas, comme ça si quelqu’un passait pas loin il ne pourrait pas entendre. Je lui avait offert un petit sourire.

« Je fais aller comme je peux, mais c’est pas la grande forme, et toi alors comment tu vas ? »

C’était difficile de rester positif pour moi en ce moment, mais je faisais de mon mieux. Je me disais que c’était une période un peu difficile, mais que ça ne pouvait qu’aller mieux.

« On entre ?! »

Après tout, on était pas là pour rester devant la porte. Et puis ça n’allait pas non plus nous empêcher de parler.

Je ne m’étais jamais considéré comme quelqu’un de particulièrement chaleureux. Au contraire, j’aurais plutôt eu tendance à me désigner comme une personne relativement froide, pour ne pas dire glaciale. Mais cela ne me dérangeait pas. Me forcer à agir autrement envers les autres n’avait jamais fait partie de mes principes, et je devais bien avouer que je n’avais jamais eu forcément envie de rendre les choses plus faciles pour ceux qui m’entouraient. Namsun en avait fait les frais. Il était mon petit ami, c’était vrai, mais mon comportement n’était pas pour autant différent avec lui. Enfin… Il l’était, à bien des égards, mais je n’étais pas non plus l’opposé de moi-même. N’était-ce pas logique ?

« Toi aussi. »

Je lui avais rendu son sourire avant de l’écouter.

« Moi, ça va très bien. Je m’intègre bien chez les Silla. On a pas mal de projets, visiblement. »

Autant dire que cette fraternité me correspondait assez bien. Ils étaient assez calmes, très loin de la bande de bras cassés que j’avais pu supporter chez les Cheonglyongs… Mais encore une fois, je n’étais pas connu pour mon côté sympathique qui appréciait les autres.

« Pourquoi ça ne va pas ? Tu veux qu’on parle un peu avant d’entrer ? »

J’étais très mauvais pour l’émotionnel, je l’avais compris depuis des années déjà, mais je savais que mon petit allait mal sans être certain des raisons. Cela me rendait la tâche plus compliquée quand il était question de le réconforter.

Pourquoi ça n’allait pas ? Pour tellement de raison, mais j’allais bien devoir m’y faire. Beaucoup de choses avaient changé sur le campus, pour une suite meilleure évidement. Sauf que pour moi il était encore difficile de faire avec. Il me fallait du temps, et les changements, même s’ils avaient été annoncé avait tout de même été un peu brutaux.

« Non c’est rien, je dois juste m’habituer un peu, ça me passera. Puis je voulais qu’on se voit pour penser à autre chose »

Il avait la chance lui, de bien s’intégrer avec sa frat. Pourtant c’était moi le plus sociale de nous deux, mais j’étais plutôt rester dans mon coin pour le moment. Ma frat me correspondait aussi, je ne l’avais pas choisie pour rien, juste que, oui … il me fallait un peu de temps pour reprendre un rythme de vie avec ces nouveauté.

« Allez viens on entre, et c’est moi qui offre! »

Je l’avais trainé jusqu’à l’acceuil, ne lui laissant pas vraiment le choix. J’avais envie de me détendre un peu dans les bassins chaud tout en passant du temps avec lui. Bon je ne pourrais pas profiter pleinement, parce que nous ne serions pas seul et que je savais qu’il n’aimait pas trop être démonstratif en public. Pas grave ça n’allait pas m’empêcher de passer un bon moment.

« Dit, ça te dirait qu’on parte tout les deux, un weekend … un petit road trip ou aller quelque part dans un hotel sympa? »

Me demander de comprendre spontanément ce que Namsun ressentait, c’était assez compliqué. Je n’avais jamais été particulièrement impliqué chez les Cheonglyongs, à partir du moment où l’on m’avait fait comprendre que je n’avais pas l’étoffe d’un président en refusant de m’élire à l’époque. Je ne comprenais donc pas pourquoi on pouvait être aussi attaché à une organisation comme celle-là. En plus, vu tous les problèmes que la fraternité avait apportés, je ne pouvais vraiment pas me mettre à sa place.

« Je vois… J’espère que ça te passera rapidement. »

Pas dans le sens où il ne pouvait pas éprouver ces choses, mais bien parce que c’était triste pour lui. Je ne réalisais pas que ma façon de dire les choses pouvait être un peu boiteuse. De mon côté, en plus, la transition s’était opérée on ne peut plus simplement : j’étais passé d’un véritable désordre chaotique à une organisation parfaitement paisible avec des collègues tout aussi studieux que moi. Rien n’aurait pu me faire plus plaisir.

« D’accord ! »

Je l’avais suivi à l’intérieur avant de regarder autour de nous. L’endroit semblait calme, tout ce dont je pouvais avoir besoin. Tout ce dont on pouvait avoir besoin tous les deux, en vérité.

« Pourquoi pas. Tu avais une idée d’endroit spécifique ou c’est juste une idée comme ça ? »

Me passer, rapidement, oui j’espérais bien. Même si j’avais l’impression sur le moment que cette sensation de vide, cette déception de moi-même n’avais pas l’air de vouloir s’en aller. Mais ça allait bien finir par passer, n’est-ce pas?! …. Les mots de Sawyer ne me réconfortaient pas plus, après tout c’était ce que je me répétais à moi-même.  Mais, je ne lui en voulais pas, je savais bien qu’il ne saurait pas quoi dire et je ne voulais pas passer du temps pour entendre des mots encourageant sortir de sa bouche. Non je voulais juste passer un bon moment avec mon petit ami et penser à autre chose, en attendant que ça passe, me distraire me semblait la meilleure solution.

« J’espère aussi! Et je suis content d’être avec toi aujourd’hui »

Ça me manquait de ne pas le voir tout les jours, ça aussi je devais m’y habituer. Ça faisait beaucoup de changement en un coup. Et je m’en voulais de ne pas avoir été à la hauteur pour faire tenir les Cheonglyong. Mais je devais arrêter de penser au passé et aller de l’avant.
Rien en entrant dans le bâtiment, les odeurs et l’ambiance calme me faisaient un peu de bien. J’avais hâte de me poser dans l’eau chaude et profiter de me détendre.

« Juste une idée comme ça, prendre la voiture, se poser dans un endroit pour regarder le coucher de soleil les étoiles, je sais pas. Puis après soit l’hôtel, soit dormir dans la voiture, on installera un truc confortable dans le coffre, il est grand, t’en penses quoi? »

Une ballade, voir d’autre paysage, d’autre lieu. Loin de la Yonsei et de la ville, rien qu’un week-end, lui et moi, ça me ferait le plus grand bien j’en était persuadé.
J’avais payé l’entrée et on avait pu aller se changer avant d’entré dans le bâtiment principal.

« On va d’abord un peu dans le bassin principal? »

Pour après, j’avais réussi à payé un bassin privé.

Je n’étais pas très doué pour comprendre les autres. Par exemple, je devais bien admettre que je ne comprenais pas vraiment pourquoi Namsun se sentait tellement affecté par la dissolution des fraternités, alors que celles-ci causaient bien plus de problèmes qu’elles n’apportaient de bénéfices. Les nouvelles fraternités, elles, apportaient beaucoup d’avantages, sans parler des sponsors qui ne manquaient jamais une occasion d’améliorer la condition de vie des étudiants plus précarisés. Enfin, ce n’était que mon avis. Un avis que je trouvais raisonnable et sérieux.

« Moi aussi. » avais-je répondu en un sourire.

Je n’avais pas perdu de temps avant de me diriger vers l’entrée du bâtiment, perdu dans mes pensées alors que j’écoutais ses propositions. Il n’avait pas l’air d’y avoir vraiment réfléchi. Si ça m’irritait un peu, je savais qu’il était comme ça. La majorité des gens ne réfléchissaient pas vraiment, avant de faire des propositions. Pourtant, expliquer un plan parfaitement conçu était tellement plus simple. On pouvait toujours l’ajuster par la suite.

« Que c’est vague, mais pourquoi pas. »

Après tout, je savais que Namsun n’y pouvait rien, s’il était comme ça. Nous avions toujours été différents. Il improvisait, et moi… Moi j’avais tendance à faire tout le contraire et à planifier chaque seconde d’un voyage.

« Ça me va. »

J’étais allé aux vestiaires pour me débarrasser de mes affaires et j’avais attendu Namsun à la sortie.

« Sinon, tes cours, ça va ? »

J’avais si peu de conversation que je m’inquiétais, parfois. Il devait me trouver tellement ennuyeux.

Notre relation semblait bien plus simple quand nous vivions ensemble. Parfois j’avais peur qu’elle soit trop fragile pour tenir à cette distance. Ou c’était peut-être simplement moi qui était devenu trop fragile depuis tout ces changement.
J’avais toujours été de nature joyeuse et super sociable. Mais maintenant, je me contentait de rester dans mon coin. Je ne m’étais même pas intégrer dans ma nouvelle frat. Je peinais même avec mes cours. Parce que les émotions jouent beaucoup sur l’art. Mais je ne devais pas trop penser à tout ça, pas pour le moment. J’avais envie de me changer les idées et de passer un moment sympa avec mon petit ami.

« Tu devrais pourtant être habitué à ça avec moi depuis les temps »

Mes idées de dernière minutes, sans plan précis. J’avais mon désordre organisé, ma petite vie pleine d’imprévu. Au fond on était tout de même vachement opposé lui et moi. C’était à parfois se demander ce qui avait bien pu nous lier autant.
Une fois changé on s’était rejoins pour se diriger et se poser dans l’un des bains.

« Ça va, tout ce qui est théorique du moins, j’ai pas trop de peine à me plonger dans les livres est apprendre »

Non ça au moins j’y allais tête la première, mais le reste.

« Les travaux pratique c’est plus compliqué. J’ai l’impression d’arriver à rien en ce moment …. Ça t’es déjà arrivé de regarder ce que tu faisais ou même te regarder dans le miroir et … de pas avoir l’impression de te reconnaitre? »

Namsun et moi, c’était plus que baiser. On n’avait jamais été limités par ce genre de choses. Du moins, c’est ce que j’aimais penser, quand je songeais à notre relation. Nous nous aimions, même si je n’étais pas très doué pour communiquer avec les autres et comprendre ce qu’ils attendaient de moi. Mais qu’importe, dans le fond, tant qu’il m’aimait, que je l’aimais, qu’on s’aimait l’un l’autre, aussi fort que c’était possible pour nous.

« C’est pas faux. »

J’avais l’habitude de son indécision, de son imprécision. Je l’aimais sans réserve, mais avec des conditions. Je savais qu’il n’était pas capable de comprendre les dédales de mon esprit, qu’il se perdait parfois dans ses propres raisonnements, mais ça ne le rendait pas moins aimable et intéressant. Je l’aimais, oui. Il le savait. Du moins, j’osais le croire.

« Non, jamais. C’est ce qui t’arrive ces derniers temps ? »

J’avais posé les yeux sur lui avant de réfléchir un moment et de froncer les sourcils.

« Tu as songé à voir un psychologue ? Cela me fait penser à de la dépersonnalisation. »

Mais je ne réalisais pas forcément que la conversation n’était pas voulue en ce sens. Reste que malgré moi, je m’inquiétais. Je voulais savoir comment les choses allaient se passer pour lui, à partir de maintenant.