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(selyan) you turn me on
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Re: (selyan) you turn me on | Mar 25 Mai - 23:04 Citer EditerSupprimer
you turn me on
Et quand il ferme ses paupières, Reo, il revoit les clichés en noir et blanc des années brisées.
Les jambes s’équipent et s’installent, le cœur s’envole et l’âme s’échappe. Jeune homme qui tournoie sur la glace, corps élancé qui s’enivre des sensations décuplées. Ce ballet mouvant, en permanence. Qu’il est beau alors, l’adolescent sculpté. Qu’il est beau dans sa tenue de soirée, délicat sourire sur les lippes rosées. Et dans les gradins, il se jure, l’enfant souris, qu’il aperçoit encore le visage de son étoile perdue. Elle est là, battant des mains et scande son prénom pour l’encourager. Parce qu’il est le meilleur et qu’il brille pour elle sur la piste. Il en est persuadé, Reo, quand ses pieds dérapent et que sa cheville craque. Mauvaise réception. T’as tout cassé, gamin abîmé.
Face à Selyan, il se tait quand sa gorge est nouée et que ses doigts sont liés. Ce n’est que lorsqu’il le sent trembler, son interlocuteur, qu’il redresse son visage pour l’observer quelques secondes et le voir tituber jusqu’à son sac demeuré près du lit. Sa main se resserre sur le haut de son teeshirt, là où son cœur bat plus fort sous sa poitrine. Les douleurs sont de la partie pour cette soirée et il ne comprend pas, Reo, quelles sont celles qui hantent l’âme de l’être adoré. Parce que celui-ci, pour la première fois, dévoile sa faiblesse. Le mur s’est fissuré et l’eau commence à s’infiltrer. Il patauge, Selyan, mais Reo ne peut se résoudre à le laisser s’y noyer.
Il rejoint donc son cadet dans la chambre et ce dernier s’empare aussitôt de sa main après avoir juré. Reo sent son myocarde submerger. Il se mord violemment la lèvre inférieure pour retenir toutes ces satanés émotions qu’il voit multipliées dans les prunelles de son camarade. A-t-il seulement le droit de se tenir à ses côtés pour le voir sombrer ? Il ne sait pas quoi faire, le brun. Cette situation est inédite et il ne s’agit nullement d’une nuit conventionnelle. Selyan va-t-il le conjurer de partir ? Il n’en a pas envie, clairement pas.
Lentement, il se relève pour partir chercher un verre d’eau fraîche et une nouvelle serviette humidifiée pour tamponner le front et le cou du jeune homme. Crise d’asthme ? Tachycardie ? Tout fout le camp un jour où l’autre. « Selyan… » Ses gestes se stoppent et il se contente de serrer cette serviette immaculée entre ses doigts. « Tu n’as pas à te cacher avec moi. » Je veux tout voir, tout prendre de toi. Si je suis effrayé de moi, je ne le suis pas de toi. Son regard se plante avec tendresse dans le sien, cœur épris qui croyait prendre ; Reo, Selyan ne tombera jamais amoureux de toi. Et tant pis. Tant pis.
Reo veut juste que cet instant dure à l’infini. Gamin égoïste qui se languit de la peine d’autrui. Parce qu’il sait, dans le fond, que cette relation de sex friends n’est pas pour lui. Il n’est pas ainsi, Reo. Mais pour Selyan, rien que pour lui, il deviendrait n’importe qui du moment qu’il soit près de lui. « Si tu ne crois pas à la magie, laisse-moi juste te montrer quelque chose la prochaine fois qu’on se verra… Je t’emmènerais quelque part où la magie opère. » Où le féérique enivre les sens. Les cheveux en bataille de leurs ébats, les yeux rougis de l’alcool et des larmes retenues, Reo se penche doucement vers les lèvres de Selyan pour y déposer un léger baiser papillon, pas même appuyé.
L'ivresse emportera nos cœurs et nos âmes,
Dans un navire nommé infini.
Codage par Libella - @jong selyan
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Re: (selyan) you turn me on | Ven 28 Mai - 13:57 Citer EditerSupprimer
outfit - Fichu corps, fichu maladie. Elle lui bousillait la vie depuis son enfance. Il s’en souvenait nettement du jour où il avait basculé en avant et c’était cogné la tête contre le carrelage de la cuisine de l’orphelinat. Il avait eu l’impression que quelqu’un lui comprimait la poitrine l’empêchant de respirer et la soeur paniquant à ses côtés à essayer de lui dire d’inspirer et d’expirer n’avait pas amélioré sa situation. On avait appelé les urgences et il s’était réveillé dans une chambre d’hôpital à apprendre que ça le poursuivrait toute sa vie. Ses rêves plein la tête s’étaient vus devenir irréalisables pour la plupart parce qu’un asthmatique ne pouvait pas se permettre de pousser son corps au-delà de ses limites. C’était néanmoins ce qu’il avait fait en continuant à s’améliorer en danse, en pratiquant du sport pour prendre soin de son corps et en partant faire son service militaire. Ce n’était pas une condition pour qu’on lui octroie l’obligation de le passer alors il ne s’était pas posé de questions quand il s’était enrolé. Il était nécessaire de le passer et c’était chose faite. Quel malin plaisir trouvait-il à vouloir y retourner ? Peut-être parce que là-bas les fantômes comme lui y trouveraient leur place. Il n’était pas un fantôme à proprement parler, il se désignait par ce mot de par sa condition d’orphelin. Pas de port d’attache, libre comme l’air. Ironie du sort. C’était toujours ceux à qui on l’offrait qui n’en voulait pas. C’était un poison incontrôlable.
Pris au dépourvu à la fin de cette soirée, il se sentait abandonné de toutes forces. Il avait envie de pleurer mais ça ne servait à rien. Comme le reste. Ces médicaments qui ne marchaient qu’à moitié, son corps qui le lâchait sans qu’il ne puisse rien y faire. Il n’avait qu’à attendre que ça passe et il ne faisait que ça. Attendre. Sauf que c’était ancré en lui. La maladie, la douleur, liés l’une à l’autre et l’engouffrent plus profondément chaque jour dans la peur de s’apercevoir qu’un jour tout était faux. Il se fichait bien d’avoir le droit au bonheur ou non, il souhaitait par contre que son entourage y ait le droit. Reo avait le droit au bonheur, pas à posséder constamment cette lueur dans ses yeux qui semblait l’emporter un peu plus à chaque rencontre. Il releva la tête à la fraîcheur à son front et dans son cou et ferma les yeux quand des lèvres capturèrent les siennes et que des vagues parurent balayer les sensations désagréables à l’intérieur de son corps.
« J’aimerais croire autant que tu puisses croire, lui répondit-il, Tu as toujours été étrange, Reo. Ici, il n’y a pas d’étoiles alors où est-ce que tu t’évades pour avoir toujours l’air d’être parmi elles ? »
Il rouvrit les yeux et les plongea dans les siens. Il glissa ses doigts dans ses cheveux et songea qu’il avait de la chance de l’avoir.
« Je suis malade, Reo, souffla-t-il, Et la magie ne pourra pas guérir l’asthme parce que c’est perpétuel. »
Son téléphone portable sonna. Il tourna la tête vers son sac, la tête bourdonnant, le souffle cependant moins saccadée. Il partit le récupérer et décrocha. Quoi ? Non, il ne viendrait pas, qu’ils se débrouillent sans lui. Il rit et raccrocha. Recroisa le regard désemparé de Reo et s’en voulut d’avoir lié sa vie à la sienne. Il regarda sa plaie et vit que le sang avait recommencé à couler. Il défit le pansement et songea qu’au fond la vie ne tenait qu’à un fil.
@khan reo
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Re: (selyan) you turn me on | Dim 30 Mai - 11:24 Citer EditerSupprimer
you turn me on
Souvent, Reo aimerait pouvoir promettre bien davantage qu’une unique soirée à Selyan. Cependant, sa peur le poursuit. Celle de se retrouver seul, celle de ne pas être capable d’avoir les épaules suffisamment larges pour soutenir la douleur de l’autre en plus de la sienne, celle de dévoiler qui il est vraiment. Car ses propres démons demeurent tapis au fond de lui, prêts à surgir à la moindre occasion qu’ils finiront bien par trouver. Reo n’est qu’une bombe à retardement dont les minutes s’égrènent si lentement. Il a déjà explosé, une fois, et les conséquences ont été désastreuses. Il n’a pas envie de faire subir cela à Selyan – quand bien même celui-ci accepterait de devenir plus que des nuits de sexe entre eux.
Avec tendresse, il continue d’éponger son front, son cou, voyant que cela lui fait du bien et lui permet de calmer peu à peu sa respiration. Ses lèvres finissent par se déposer sur les siennes, délicat sourire qui se trace sur celles-ci lorsque l’interrogation résonne dans l’immense chambre qui paraît les engloutir tous les deux. Ses propres prunelles se ferment à demi à la caresse offerte, visage qui vient instinctivement chercher un contact plus fort encore entre eux. « Je ne sais pas, Selyan. J’aime seulement me dire que si les étoiles brillent si fort, c’est parce qu’elles possèdent un espoir infaillible. » L’influence des cieux et des mers sur les sentiments, sur les sensations. Tout se décuple à l’infini quand Reo se tient près de son camarade. « Non, elle ne pourra pas le guérir… » Constat cruel mais bien réel.
Lentement, Reo se remet debout et tend une main à son amant de toutes ces nuits infernales, mais la sonnerie du téléphone de ce dernier résonne. Ses doigts battent dans le vide et son cœur s’étreint quand ses dents viennent mordre sa lippe inférieure. L’éternel recommencement. Selyan lui échappera toujours, n’est-ce pas ? Alors ouvre les yeux, Reo, et cesse de vouloir ressembler à ces étoiles que tu admires tant. Leurs regards se croisent de nouveau quand Selyan raccroche et les iris coulent sur cette plaie dont l’ichor a souillé le bandage. L’alcool n’a manifestement pas aidé à la cicatrisation. Reo retourne déposer la serviette dans la salle de bain pour fouiller dans le placard et y dénicher de quoi désinfecter la blessure.
Il fait signe à Selyan de le suivre jusque sur la terrasse où ils peuvent s’installer sur une sorte de balancelle. L’air frais les submerge une seconde avant que Reo ne frissonne et s’agenouille devant le bras de Selyan pour le soigner doucement. « Qui c’était, au téléphone ? » Question en l’air qu’il ne peut contenir, quelque part ravie que son ami ait décommandé pour rester à ses côtés. Une douce chaleur égoïste s’installe sur ses joues avant qu’il ne reprenne la parole. « Je pense que la magie peut tout embellir. » Il ne parle pas d’illusions, mais bien de magie. Celle qui est la plus simple à faire et qui ne nécessite que peu de matériel. La plaie nettoyée, Reo déchire une lanière de son teeshirt pour le nouer autour de l’avant-bras de Selyan, surmontant ce bandage de fortune d’un petit nœud délicat.
Cela fait, il s’avance à la rambarde du balcon pour tendre le bras vers l’astre lunaire. « Ce soir, elle éclaire notre solitude et notre souffrance. On peut imaginer tout ce qu’on désire ! Elle est si belle. » Il se retourne, le dos appuyé contre la balustrade, pour offrir un nouveau sourire à son interlocuteur. A l’intérieur, pourtant, il a envie de hurler. Pardonne-moi de ne pas être plus courageux, Selyan.
Codage par Libella - @jong selyan
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Re: (selyan) you turn me on | Mar 15 Juin - 16:26 Citer EditerSupprimer
outfit - Le corps en détresse, il entraînait les autres comme il se laissait trainer. Et il se laissait plus trainer qu’il entrainait. C’était comme un effet d’optique, ça donnait plus l’impression que l’inverse se produisait. Leurre incomparable. Cependant, entre Reo et lui, il se demandait qui entraînait le plus l’autre dans ses déboires. Il n’était pas une bonne personne pour Reo et peut-être que lui non-plus ne l’était pas pour lui. Tous les deux, ils entretenaient une relation toxique dans laquelle ils croyaient y trouver un refuge. Un refuge mal fichu comme leurs âmes pourries. Tôt ou tard, ça prendrait un tournant inattendu et il restait persuadé que ni l’un ni l’autre n’étaient prêts aux conséquences que ça engendrerait.
« Toi, tu es beau, lui dit-il pour toute réponse à ses mots, la magie, elle, n’est qu’illusion. Je veux bien croire qu’on puisse tout imaginer mais je préfère m’accrocher au réel et avoir les deux pieds sur terre. »
Rêver, très peu pour lui. À quoi est-ce que ça lui servirait ? J’ai rêvé que j’avais des parents. J’ai rêvé que j’avais une famille. J’ai rêvé que j’avais un port d’attache. Ça n’arrivera pas parce que ce n’était justement que des rêves, éphémères, envolés à la moindre brise d’air. On lui avait tout enlevé à peine l’enfance entamée, il n’avait plus espérer quoi que ce soit dès l’instant où ses pieds avaient foulé le seuil de l’orphelinat. Se plonger dans l’imaginaire n’était pas pour lui, c’était pour ceux qui avaient le courage de se confronter à la réalité après y avoir passé des heures.
Il rejoignit Reo et l’enlaça par derrière. Il enfouit sa tête au creux de son cou et mordilla sa peau. C’était la toute première fois qu’ils parlaient tous les deux. Qu’ils évoquaient un peu leurs craintes, leurs peurs. La sensation qui le parcourut fut étrange et le fait d’avoir songé que cela tournerait mal un jour lui fut confirmer lorsqu’il sentit quelque chose se briser. Rien n’était éternel. Il se détacha de lui et l’entraîna jusqu’au lit pour qu’ils puissent retrouver le sommeil. Demain serait un autre jour et peut-être que la prochaine rencontre n’en sera que meilleure.
@khan reo
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