La tranquillité d’une chambre à deux. Yuko était plus que ravi de voir que leur sponsor avait décidé de leur donner accès aux chambres en duo et plus qu’aux chambres à quatre lits. La jeune japonaise n’était clairement pas friande à l’idée de partager son espace vital avec tant de personne ; elle aurait adoré avant mais les choses avaient changé. Et si elle avait tenu le coup ces deux premiers mois, il était grand temps pour elle d’aller se terrer en solitaire ailleurs. Bien sûr, elle avait même pris le soin de choisir une chambre où elle serait pour le moment la seule habitante. Et ce n’était pas comme si elle était assez agréable pour que qui que ce soit choisisse volontairement de le rejoindre dans cette chambre plus tard. Et un peu de chance, elle serait seule dans cet espace jusqu’à son diplôme. Yuko y croyait qu’à moitié mais elle espérait très fort que ce serait le cas. Cette solitude qui lui tenait la main était plus que rassurante pour elle, bien plus que n’importe quel être humain – à l’exception de son fiancé. Et encore ces derniers temps… Elle n’était plus tout à fait sûre de sa relation avec ce dernier ; si elle pouvait appeler cela une relation. Elle n’éprouvait aucun amour pour lui mais une dépendance infinie à laquelle elle souhaitait s’accrocher infiniment ; son ancre à la mer en pleine tempête. Et elle avait de plus en plus l’impression que cette dépendance n’était pas réciproque. Penser à tout cela la fatiguait autant que de devoir partager son espace avec des semi-inconnues alors elle était contente de pouvoir se détacher d’un poids en installant ses affaires dans une pièce où elle serait seule. Yuko disposa avec soin sa collection d’appareils-photo sur les étagères murales qui couraient les murs, ainsi que tous ses livres, ses partitions de piano puis elle organisa vaguement son bureau. Alors que les cartons furent vidés, elle souffla de soulagement à l’idée d’avoir la pièce pour elle seul. La japonaise profita de cet instant de calme pour attraper sa nintendo switch et se posa sur son lit, le dos contre la tête de lit. La tranquillité, la tranquillité et juste la tranquillité.

Jinhee se sentait seule dans cette chambre de quatre. Somi était partie elle ne savait où, sûrement retrouver ses amis de lycée et Yuko l’avait quitté il y a quelques jours maintenant. Ça lui avait fait bizarre parce qu’elle s’était un peu faite à l’idée d’être de nouveau dans une fraternité avec des gens, et au final, les filles avec qui elles partageaient sa chambre ne restaient pas. Elle avait été pendant un temps gumiho pour être avec Yury et Damian, puis jeongal parce qu’elle avait suivi le dernier de la famille, laissant Yury seul chez les bleus. Puis quand Damian avait décidé de les quitter, elle avait encore une fois changé pour simplement être une étudiante. Elle l’avait été pendant des années et maintenant qu’elle devait s’investir à nouveau dans une fraternité, cela lui semblait bizarre. Elle n’avait plus l’habitude mais ce n’était pas désagréable. Sauf quand elle se retrouvait seule. Jinhee réfléchit à ce qu’elle pourrait faire. Elle pourrait aller dehors et dessiner, mais l’envie de le faire n’était pas là. Enfin si, mais elle n’allait pas chercher Declan pour qu’il lui serve de modèle. Elle l’avait déjà embêté parce qu’elle avait absolument voulu le remercier de lui avoir rendu son carnet. Enfin c’était sa secrétaire, très aimable d’ailleurs -ironie-, qui lui avait rendu, lui notifiant qu’il était bien trop occupé pour ramener lui-même ce genre de choses. Jinhee avait senti et même entendu le “torchon” qu’elle avait voulu dire. Jinhee avait été contente de récupérer son bien mais le comportement de l’autre lui restait en travers de la gorge. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle ne sentait pas cette femme. C’était rare que ça arrive parce que la jeune femme aimait tout le monde. Mais quelque chose chez la secrétaire de Declan ne lui plaisait pas. Mais elle n’avait rien dit parce qu’elle ne voulait pas faire de vagues. Il ne la connaissait pas et devait travailler avec cette femme depuis longtemps. Elle soupira en repensant à tout ça avant de se lever de son lit. La jeune femme avait décidé sur un coup de tête d’aller voir Yuko. Elle serait probablement dans sa chambre. C’était même sûr Elle alla donc frapper, attendant gentiment qu’elle vienne lui ouvrir.

Ce qu’elle aimait dans la solitude ; c’était la sécurité. Être seule, c’était ne pas être jugée. Ne pas avoir peur des autres, ne pas faire peur aux autres. Ne pas sentir l’angoisse d’une foule, ou la force d’un silence pensant entre deux personnes. Ne pas sentir les effets des mots, des regards sur ses humeurs – sa tristesse, ses peurs mais surtout sa colère. Ne pas entendre les bruits, l’animation qui lui donnaient le tournis puis continuait de bourdonner dans sa tête pendant des heures, comme une prière infinie. La solitude, c’était s’abandonner au silence et au calme. Se laisser porter dans ses pensées. S’oublier dans ses rêves à demi-éteints, parfois déjà morts. Penser à demain mais surtout à hier, à son enfance et tous ces moments heureux qu’elle partageait lorsqu’elle était encore au japon. Ou bien ne penser à rien, se focaliser sur rien et tout à la fois en regardant courir son personnage fictif dans une herbe pixelisée mais incroyablement réaliste. La solitude ; c’était se retrouver avec elle-même et bien souvent avec sa paix intérieure, si bancale ces derniers mois. C’était pour cette raison que Yuko n’aimait pas qu’on perturbe ces instants de tranquillité, ces rares instants où elle se sentait bien dans sa peau, bien dans sa tête. Où la japonaise se sentait calme et non oppressée. Alors lorsque les coups contre sa porte retentir, elle ne put retenir un lourd soupire sans pour autant lever les yeux de sa console. L’étudiante hésita à répondre, peut-être qu’en faisant la morte alors la personne partirait. Mais elle était aussi intriguée par cette visite soudaine… « Je suis occupée, est-ce que c’est important ? » demanda-t-elle d’une voix volontairement blasée, désagréable comme elle savait si bien le faire. C’était peut-être Myungjin, et malgré tout, elle avait envie de le voir et l’observer, comprendre si ses doutes étaient fondés. Ou bien elle avait perdu quelque chose et une personne souhaitait lui rendre. Ainsi elle se leva en trainant les pieds comme une âme en peine jusqu’à la porte de sa chambre pour l’entrouvrir. Yuko y découvrit les grands yeux de Jinhee, son ancienne camarade de chambres. « Jinhee… Tu veux quelque chose ? ». Elle espérait sincèrement que cette visite soit express.

Seule avec ses pensées, Jinhee n’arrêtait pas de ressasser le passage de la secrétaire de Declan qui lui avait ramené son carnet. Elle lui avait clairement fait comprendre que ce n’était pas dans ses attributions et surtout que son patron avait bien trop de travail pour s’occuper de ce genre de choses. Pourtant, alors qu’elle avait expressément été le voir devant le dortoir des goguryeo, il ne lui avait pas paru aussi froid, pressé et occupé qu’elle l’avait laissé paraître. Il avait pris le temps de parler avec elle, d'échanger quelques mots et rien que d’y penser, le rouge s’installa sur les joues de Jinhee. Ça avait été la première fois qu’elle le voyait de si près et surtout qu’il se rendait compte qu’elle le dessinait depuis longtemps. La conversation avait été agréable et ils avaient décidé de se revoir pour qu’elle puisse lui donner le costume qu’elle était en train de faire pour lui. Seulement, là, elle n’avait pas réellement envie de le faire. Elle se sentait légèrement seule dans cette chambre et sur un coup de tête se leva pour aller frapper à la porte de la chambre de Yuko. La voix de cette dernière se fit entendre et un sourire amusé s’afficha sur les lèvres de Jinhee. Toujours aussi avenante et agréable à ce qu’elle entendait. Malheureusement pour la japonaise, ce n’était pas ça qui la ferait rebrousser chemin et la laisserait seule. Elle avait envie de passer du temps avec elle parce qu’elle l’appréciait et surtout, parce que malgré le fait qu’elle semblait vouloir être seule, ce n’était peut-être qu’une façade. La porte s’ouvrit alors sur la jeune femme et Jinhee garda son sourire alors qu’elle la salua. « J’ai vraiment besoin de quelque chose pour venir voir mon ancienne camarade de classe qui m’a lâchement abandonné ? » Jinhee rigolait bien sûr. Yuko avait tous les droits de désirer une chambre double pour être tranquille. « En vrai, je venais voir si tu allais bien et si tu avais besoin de quelque chose... » La jeune femme avait bien remarqué que la japonaise était presque constamment sur la défensive, comme si quelque chose ne lui allait pas. « Et peut-être t’inviter à aller manger un truc avec moi, si ça te dit ? » Jinhee n’avait que peu d’espoir qu’elle accepte, mais elle proposait quand même.

La koryo avait bien compris avec le temps que Yuko n’était pas quelqu’un qui supportait les autres personnes. Jinhee pouvait le comprendre dans une certaine mesure parce qu’elle-même était plutôt sociale même s’il lui arrivait d’être timide. Cependant, ce n’était pas de la timidité qu’elle ressentait chez la japonaise, mais plus le besoin d’être seule. Jinhee ne savait pas ce qui lui était arrivé parce qu’elle n’avait pas posé de questions malgré la curiosité qui lui brûlait les lèvres. Seulement, elle n’avait pas envie d’empiéter sur la vie privée de la jeune femme même si c’était un peu ce qu’elle faisait en venant la déranger dans sa chambre. Mais Jinhee avait envie d’être amie avec elle et ce même si Yuko semblait complètement hermétique à cette idée. Elle n’allait malheureusement pas renoncer si facilement, qu’importe comment elle était reçue par la japonaise. Alors elle frappa à sa porte, attendant de voir à quelle sauce elle serait mangée. Apparemment, la jeune femme n’était pas très enchantée de voire son ancienne colocataire et Jinhee haussa les épaules. Elle n’allait pas faire demi-tour maintenant. Elle tenta d’alléger l’atmosphère mais le ton neutre que Yuko utilisa la refroidit quelque peu. Cependant, ce n’était pas assez pour la faire fuir, ça ne le serait jamais d’ailleurs et Jinhee proposa à sa camarade de sortir avec elle et d’aller manger. La japonaise refusa et un discret soupir s’échappa des lèvres de la fille Chu tandis qu’elle entra dans la chambre sans y être invitée alors que la propriétaire retournait sur son lit. Une nouvelle fois, elle haussa les épaules et décida de changer de tactique avec Yuko. « Il n’y a rien qui justifie. Je me suis juste dit que tu avais peut-être faim. J’avais faim personnellement et j’avais pas forcément envie d’être seule... » Jinhee avait utilisé la langue natale de la jeune femme en face d’elle, c’est à dire le japonais. Elle n’avait su le parler que très récemment, malgré le côté japonais de sa mère. Mais comme ses oncles et tantes ainsi que ses cousins savaient parler coréen, Jinhee ne l’avait appris que lorsqu’elle s’était mise en couple avec Nagisa pour lui dire des mots doux dans sa langue natale et au final, elle avait continué de l’apprendre demandant à Akiko, sa cousine, de l’aider pour le parler correctement. Maintenant, Jinhee pouvait le parler naturellement. Elle n’était pas totalement bilingue mais elle se débrouillait plutôt bien. « Si je te dis que je te l’offre, tu viens ? » Encore une fois c’était un stratagème, mais peut-être que lui parler en japonais lui montrerait qu’elle n’était pas seule. Yuko accepterait-elle ? Elle n’était pas sûre mais bon, au moins elle aurait essayé.

Malgré le peu de temps écoulé depuis la création de la fraternité, aucun koryo n'était étranger au caractère froid de la jeune japonaise et à la solitude qu'elle cherchait volontairement. Même après des mois parmi les koryos, elle se sentait étrangère dans tout cela, elle ne se sentait pas plus chez elle que chez les sangos avant. Ce n'était pas comme si elle pouvait se plaindre de cette situation, puisqu'en plus de faire aucun effort, Yuko cherchait justement à s'éloigner autant que possible des autres. Alors quand la voix de Jinhee s'éleva de nouveau dans la chambre, elle nota le changement de langue instantanément – sa langue natale. Cela faisait si longtemps que personne ne lui avait parlé en japonais. Malgré la résistance évidente de la jeune femme, elle offrit un petit sourire à son ancienne colocataire. « C’est rare de t’entendre parler le japonais… » dit-elle doucement dans la même langue en relevant les yeux vers la jolie brune. Si rare que Yuko se surprenait à vouloir écouter le léger accent de Jinhee encore et encore. L'entendre parler sur ce ton fluet qui donnait un joli relief à la langue du pays du soleil-levant. « Cela me rappelle un peu la maison. ». Et la voix si mélodieuse de sa grand-mère plus précisément, un bon souvenir de son enfant – quelque chose de cher au cœur de Yuko. Nostalgique de ces moments sur les terres de sa jeunesse, la japonaise se perdit dans quelques bribes de mémoires. Puis la voix de Jinhee la sortit de ce flux de pensées, insistant de nouveau en japonais. Passant une main dans ses longs cheveux châtains, l'étudiante en anthropologie soupira avant d'hocher la tête. Ce n'était pas la proposition de sa camarade de tout payer qui la forçait à accepter mais plutôt l'attendrissement dans son cœur suite à ces quelques mots à la résonance familière. « Je n’avais pas spécialement faim mais si tu insistes, je peux t’accompagner. ». Sur ces paroles, la japonais se leva de son lit pour indiquer à Jinhee qu'elle allait vraiment venir avec elle. Sa console abandonnée sur ses draps, la jeune femme attrapa un grand pull dans son armoire et une paire de bottines qu'elle enfilerait avant de quitter le dortoir. Récupérant son sac à main sur sa chaise de bureau, elle se tourna vers sa camarade. « Tu souhaites aller quelque part en particulier ?... Hm, je ne suis pas très à l’aise… » commença-t-elle en coréen avant de se stopper pour faire des petits gestes pour indiquer de quoi elle parlait. Pas qu'elle ne trouvait pas les termes en coréen, mais Yuko n'aimait pas spécialement raconter sa vie et ses insécurités avec n'importe quoi. La lanière de son sac en cuir autour de son épaule fut bien vite coincée fermement entre ses phalanges. « Dehors. Avec la foule. » reprit-elle en japonais cette fois, comme si c'était plus facile pour elle, plus sécurisant de communiquer dans sa langue d'origine.

Elle se doutait qu’elle se ferait rejeter. Ce n’était pas la première fois que Yuko refusait de sortir prendre l’air avec elle ou même de simplement passer du temps avec elle. Jinhee ne comprenait pas réellement les raisons qui la poussaient à le faire, mais elle souhaitait plus que tout être là pour la japonaise, lui faire savoir qu’elle n’était pas seule, qu’elle pouvait avoir des amis, des gens sur qui compter. Cependant, c’était compliqué parce qu’à chaque fois qu’elle proposait quelque chose, la jeune femme se prenait des nons et repartait bredouille. Seulement, cette fois-ci, elle n’avait pas envie de repartir dans sa chambre sans avoir fait sortir Yuko de la sienne. Alors, Jinhee utilisa une technique dont elle n’était pas réellement fière. Elle parla dans la langue natale de la jeune femme espérant que ça lui donnerait envie de passer du temps avec elle. Son japonais n’était pas aussi courant que le sien, mais sa famille maternelle lui avait donné des cours pour qu’elle puisse communiquer avec ceux restés au Japon. Ainsi, elle pouvait communiquer avec Yuko qui sembla apprécier l’attention parce qu’un sourire s’afficha sur ses lèvres. Sourire que lui rendit Jinhee avant de le laisser s’agrandir en entendant ses mots. « Je l’utilise très peu. Ce n’est malheureusement pas ma langue natale et ma famille maternelle m’a reproché de nombreuses fois de ne pas être bilingue alors que je suis à moitié japonaise. » Jinhee n’avait pas honte de dire qu’elle n’était pas douée pour la langue et encore moins devant une japonaise. De toute façon, elle avait un accent qui s’entendait et ne pouvait malheureusement rien y faire tant qu’elle ne le pratiquait pas. La jeune femme se leva alors après lui avoir assuré qu’elle viendrait avec elle. La stupeur, ainsi que la surprise, se lurent sur le visage de Jinhee qui la regarda prendre ses affaires, la bouche ouverte comme un poisson hors de l’eau qui chercherait à respirer. Elle ne s’était réellement pas attendu à une réponse positive de Yuko et quand cette dernière reprit la parole en coréen, elle retourna sur terre et ferma la bouche. Jinhee fronça les sourcils essayant de comprendre où elle voulait en venir et quand le japonais refit surface, un sourire tendre se glissa sur ses lippes, alors qu’elle lui répondit dans la même langue. « On peut continuer dans ta langue natale Yuko. Je vais juste chercher un peu plus mes mots si c’est quelque chose de particulier. Mais je me débrouille bien et tu seras plus à l’aise avec non ? » Parce que si elle n’était pas à l’aise avec la foule et les gens, peut-être que de communiquer avec quelqu’un qui parlait sa langue serait mieux. « Sinon, je connais un petit salon de thé où il n’y a généralement que peu de monde… Il y a souvent que deux ou trois personnes en plus du personnel. Ça te conviendrait ? » Si ce n’était pas le cas, la jeune femme avait d’autres endroits à lui proposer. « Ou alors, il y en a un, légèrement plus fréquenté avec des chats. Celui qui te convient le mieux. » Elle lui imposait déjà la sortie, elle n’allait pas imposer le lieu. Là où Yuko se sentirait le mieux serait l’endroit où elles iraient. Le but de cette sortie n’était pas de mettre mal sa camarade, mais d’apprendre à la connaitre et devenir amie avec elle.

Cette langue était comme une arche en pleine tempête, rentrer chez ses grands-parents quelques semaines ne suffisait plus à son calme intérieur – plus depuis l’accident en tout cas. Surtout quand ces périodes biannuelles tournaient au fiaco au moment où le reste de sa famille décidait de se pointer. Seuls ses grands parents lui offraient des maigres sourires avant de la laisser pleurer entre leurs bras lui chuchotant des mots d’une voix douce qui lui au quotidien. Une voix douce, comme celle de Jinhee. Alors peut-être que Yuko se laissait attendrir par la jeune femme, plus facilement qu’elle n’aurait du mais ses mots prononcés en japonais comblait un vide dans le cœur de la jeune femme, et elle pouvait bien offrir un peu de son temps pour remercier son ancienne colocataire pour cela. La japonaise hocha simplement la tête quand sa camarade lui expliqua qu’elle l’utilisait très peu malgré ses origines mixtes. Sa situation ressemblait à celle de Yuko ; sans son fiancé coréen, la jeune fille n’aurait jamais appris la langue malgré sa mère coréenne, mais au moins personne ne lui avait jamais reproché. Et si elle avait une facilité déconcertante à apprendre les langues, elle comprenait que ce n’était pas le cas de tout le monde. Puis malgré l’accent audible de Jinhee, Yuko trouvait que son japonais n’était pas si mauvais que cela, probablement un manque de pratique tout au plus. Alors le cœur un peu attendri, elle accepta d’accompagner son ancienne colocataire à la plus grande surprise de celle-ci – Yuko le lit sur son visage – à priori convaincue que la plus âgée allait refuser définitivement cette sortie. Tout de même, la japonaise lui exprime ses réticences concernant leur promenade à l’air frais. « Hm, je veux bien. Tu sais, je pense que tu manques juste d’entrainement avec ton japonais. » répondit-elle en japonais, rassurée que Jinhee comprenne que c’était plus facile pour elle en japonais qu’en coréen. Yuko se sentirait à la maison juste le temps d’une sortie entre connaissances, entre amies si elle osait les considérer ainsi. « Je préfère le premier si ça te convient ?... En plus d’être mal à l’aise avec le monde, je suis plutôt team chien. » tenta-t-elle avec un semblant de sourire, alors qu’elle resserrait sa veste autour d’elle. Elle s’approcha alors de la plus jeune sans pour autant la toucher – il n’y avait qu’avec Myungjin qu’elle était suffisamment à l’aise pour cela. D’un geste de la main, elle incita la jeune femme à se diriger vers la sortie. « Jinhee… Je suis désolée pour l’accueil, tu sais que je suis bien toute seule dans ma chambre… Mais si tu veux venir jouer avec moi de temps en temps, je ne dirai pas non. ». Enfin, elle se forcera à ne pas dire non plutôt. Yuko imaginait que si Jinhee et elle se retrouvaient à jouer en silence dans sa chambre alors cela serait un moment positif pour elle mais elle doutait que la coréenne soit le genre à réussir à rester assise pour des jeux vidéos – mais elle pouvait toujours proposer.

Jinhee n'avait pas réellement honte d'utiliser le japonais pour amadouer Yuko. Elle s'était simplement dit que lui parler dans sa langue natale, lui conviendrait peut-être mieux et l'aiderait à se détendre. Elle savait que la jeune femme n'était pas coréenne et donc que la langue coréenne était un obstacle de plus pour la jeune femme à surmonter. Ce n'était jamais facile de s'exprimer dans une langue qui n'était pas la sienne. La koryo s'en rendait compte alors qu'elle se mit à parler japonais. Elle pouvait totalement tenir une conversation basique mais si c'était plus spécifique, elle se mettrait à bégayer et chercherait plus ses mots. Néanmoins, Jinhee proposa à son ancienne colocataire de rester dans sa langue natale pour leur petite escapade à l'extérieur. Cela permettrait à Yuko de se détendre, du moins, la coréenne l'espérait, et d'ainsi passer un meilleur moment. « Ils me disent tous que je dois m’entraîner... Mais en réalité, j'ai pas vraiment l'occasion de le faire. On s'appelle pas assez souvent, ou je passe pas assez de temps avec mes cousins pour bien maîtriser cette langue. » Jinhee ne tenta pas sa chance jusqu'à lui demander de la parler avec elle. Cela voudrait dire qu'elles devraient passer du temps ensemble et elle se doutait que Yuko n'était pas forcément à l'aise avec cette idée. Elle avait déjà suffisamment usé de sa chance avec le changement de langue. Elle n'allait pas en demander plus. Surtout que la jeune femme avait accepté de sortir de sa chambre et du dortoir. Jinhee lui proposa deux options et elle choisit la première. « On fait en fonction de toi Yuko et ça me convient parfaitement. Oh team chien... Une raison particulière pour ça ? » Elle pouvait très bien ne pas aimer les chats ou alors vouer un très grand amour aux chiens. Mais Jinhee était contente d'apprendre quelque chose sur elle. Ça lui faisait plaisir. Elle avait l'impression que la japonaise s'ouvrait un peu à elle, même si ce n'était pas une information capitale. Les deux jeunes femmes se dirigèrent vers la sortie et la future styliste se retourna vers son ancienne colocataire pour la regarder avec un sourire tendre. « Avec plaisir ! Je joue pas forcément énormément aux jeux vidéo, mais j'aime beaucoup Animal Crossing... Et toi ? T'as des jeux préférés ? » Encore une information de plus qu'elle mit dans un coin de sa tête. Yuko aimait les jeux. Elle l'avait déjà vu jouer, mais n'avait jamais réellement prêté attention aux jeux qu'elle utilisait. « Après, je suis plus dessin... Mais je pense que tu l'as sûrement remarqué vu la quantité de matériel que j'ai. » La côté de la chambre de Jinhee était toujours impeccablement rangé parce qu'elle était un peu trop maniaque mais un simple coup d’œil et on pouvait ce qu'elle faisait comme études et les hobby qu'elle avait. « A part tes cours et les jeux vidéo... Tu aimes quoi d'autre dans la vie ? » demanda-t-elle dans l'entrée du dortoir, alors qu'elle mettait ses chaussures pour sortir.