Billettiste était un job étudiant que Sena appréciait. Bien sûr, ce n'était la carrière de la vie, loin d'une vocation pour la jeune chanteuse et compositrice. Mais elle se disait que rares pouvaient être les étudiants qui se trouvaient un emploi à temps-partiel aussi satisfaisant. Sociable mais introvertie, la métisse aimait que les vagues de monde qu'elle accueillait avec sourire éternel soit entre coupées de vide durant les séances de cinéma et de conversations calmes avec ses collègues. Puis la tranquillité qui régnait pendant les séances et les heures creuses lui permettaient de travailler un peu sur ses notes de cours ou de gribouiller quelques notes à droite à gauche. Sans même parler des réductions sur les places qu'ils avaient et de l'accès quasi libre aux popcorns, surtout les chocolats dans lesquels elle aimait tant se servir. Pour les horaires également, Sena n'était pas à plaindre, l'ensemble de son planning s'arrangeait entre 18h et 22h grand maximum lui donnant le temps d'organiser les autres grandes activités clés de sa vie. C’était pour cette raison qu’elle n’avait aucune bonne raison pour ne pas sourire à pleine dents lorsqu’un client venait lui demander conseil pour un fil ou bien prendre une place. Sena était connue pour ça parmi l’équipe ; être le soleil de l’équipe. Alors quand une figure arriva près d'elle alors que la jeune étudiante remplaçait des flyers sur les devantures des caisses, elle se retourna rapidement. Le jeune homme lui apparaissait familier, probablement un étudiant de yonsei mais avec les milliers de personnes qu’elle croisait entre les murs de son université, elle n’était pas trop sûre. « Bonjour, je peux faire quelque chose pour vous ? ». Le sourire lumineux, lui, est offert par la maison.

Quelle belle soirée. Une merveilleuse soirée, oui. Jisoo avait du mal à voir une journée comme mauvaise, de toute façon. Il était toujours de bonne humeur, toujours très inspiré, surtout à faire des conneries incroyables, et il n’avait absolument aucune peur du ridicule (ce qui, parfois, aurait pu être un terrible défaut, s’il n’avait pas réussi à se retrouver dans des situations assez drôles). Les situations les plus embarrassantes, c’était sûrement celles que monsieur Yoo Jisoo vivait quand il était… comment dire… Épris. Évidemment, le mot pouvait sembler ridiculement dramatique, mais Jisoo avait en effet la fâcheuse tendance à se s’éprendre de demoiselles qu’il rencontrait, alors qu’elles n’avaient probablement pas la moindre idée de qui il était et… Il agissait comme un de ces adolescents que les séries jeunesse dépeignaient si grotesquement : il perdait le contrôle de ses moyens. Il l’avait fait avec Hyeri, et de la même façon peu raisonnable, il avait dépensé beaucoup trop d’argent pour des billets de cinéma au cours des dernières semaines. Par beaucoup trop d’argent, on pouvait très bien dire toute la partie de son salaire qu’il ne consacrait ni à la nourriture, ni à son loyer de l’université. Quand il avait vu la fleur de ses songes occupée à placarder des affiches sur les caisses, il s’était senti pousser des ailes. Les ailes de l’inconscience, sans doute, car il était allé vers elle sans avoir la moindre idée de ce qu’il allait pouvoir lui demander, si bien que ce n’était qu’au moment où elle avait pris la parole, il s’était rendu compte de sa stupidité. « Bonjour, je… » Très malin, qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir demander. « Vous projetez des films intéressants ? » Non, Jisoo, c’est d’ailleurs pour ça qu’elle travaillait là et qu’elle passait son temps à placarder des affiches, parce que les films étaient inintéressants et ne valaient pas la peine d’être vus. Ah. Parfois, il aurait dû réfléchir plus longtemps.

Cela ne l’avait jamais dérangé d’être celle qui répondait aux questions des clients, ni d’être celle qu’on envoyait au front face aux clients un peu bizarre ou insistant, sachant qu’elle garderait sa gentillesse et sa patience en n’importe quelle circonstance. Que son sourire indélébile finirait par calmer n’importe qui et résoudre n’importe quel problème. C’était ce que pensait l’équipe en tout cas, et Sena aurait aimé que ce soit aussi simple dans la vie de tous les jours. Mais si cela marchait au cinéma, alors c’était déjà pas mal. Heureusement, aujourd’hui elle n’avait eu à faire à personne dans ce genre, et ce n’était pas le jeune homme qui tentait de lui adresser difficilement un bonjour qui allait entrer dans la catégorie des gens casse-pieds. La pauvre, il avait l’air si timide. Sena n’osait pas imaginer le courage que cela lui avait demandé pour qu’il réussisse à lui pose une telle question. Alors elle lui afficha un doux sourire, rassurant, presque celui qu’on offrait aux enfants au bord de la crise de larmes. « Je ne les ai pas tous vu, on en projette une vingtaine différents cette semaine, mais… Je suppose ? » déclara-t-elle d’un ton doux avant de déposer pour de bon ses flyers sur les plateformes. De ses pupilles pétillantes et d’un petit geste de la main, Sena incita le jeune étudiant à la suivre jusqu’au comptoir où elle pourrait l’aide grâce au logiciel du cinéma. Sur le chemin, elle en profita pour récupérer des gobelets abandonnés et des paquets de popcorns vides oubliés sur les tables pour les déposer dans la poubelle de tri. Parfois elle prenait même le temps de retrier elle-même les poubelles sous les yeux amusés de ses collègues. Un fois à son poste, elle s’empressa d’ouvrir son logiciel pour regarder la liste des films de la semaine. « Peut-être puis-je vous demander quel genre de film vous aimez bien ? Comme ça, on cherche ensemble le film qui vous conviendrait le mieux, ça vous convient ? » demanda-t-elle en indiquant au garçon qu’il pouvait se placer avec elle, du bon côté de l’écran. Les consignes de sécurité leur interdisaient de laisser un client pénétrer dans la zone employée, mais le jeune homme n’avait pas l’air capable de faire de mal à une mouche.

Comment aurait-on pu résumer la situation, à part en disant que cette dernière était absolument catastrophique et que Jisoo n’était clairement pas la personne la plus remplie de jugeotte que ce monde avait portée ? Ah. Il est clair que parler aux filles, ce n’était pas nécessairement son fort. Il essayait, mais avec une maladresse qui excédait à peu près tout ce qui existait à ce jour, et parfois… Parfois il avait d’amers regrets par rapport à la technique qu’il employait. À croire qu’il aurait eu besoin d’un mode d’emploi de la séduction, parfois, et que ce mode d’emploi, il n’aurait même pas été foutu de le mettre en application. « Oh… Okay, d’accord… » C’est là qu’il avait réalisé que son approche n’était pas la meilleure. Comme si les quelques secondes qui avaient précédé n’avaient pas été suffisantes pour ça. Le regard de l’étudiant s’était reposé sur les affiches, puis sur le visage de cette jeune femme. Ah. Elle était si belle. Il ne pouvait pas lui dire, pas vrai ? Si c’était pour commencer à balbutier comme un gamin qui n’avait jamais vu une femme, il préférait encore se taire et ruminer ce qu’il avait dit un peu plus tôt. Quel idiot. Mais il l’avait suivie bien docilement jusqu’au comptoir, toujours perdu dans ses pensées. « Ah… » Il n’y avait pas pensé, à cette question. « Oui, d’accord. Merci… » Elle était si gentille ! Un sourire était venu aux lèvres du jeune homme qui avait suivi la jeune femme malgré le panneau qui le lui interdisait, et il avait posé les yeux sur l’écran. « Les films historiques. » avait-il repris avec sérieux. « Ou la science-fiction… » Pourquoi ne pas lui dire qu’il regardait de tout, ce qui se rapprochait de la vérité ? Il n’en savait rien. Il était complètement perdu. « Et vous ? » Et il continuait de creuser, visiblement.

En règle générale, Sena aidait des personnes dans la maturité de l’âge et même plus souvent des personnes âgées qui avaient du mal à avoir accès aux informations cherchées. Les lycéens et étudiants étaient plutôt du genre à chercher les données en ligne, et non à demander au personnel. Et surtout pas sur le film à voir, d’où la légère surprise de la jeune femme. Mais elle n’était pas mécontente pour autant, au contraire. Bien qu’elle ne soit pas une cinéphile de nature, les mois à travailler au cinéma de la ville lui avait permis de développer une certaine culture du film et une bonne capacité à identifier les besoins des clients. Alors malgré l’hésitation notable du garçon, Sena était convaincue de pouvoir lui apporter son aide ; il serait probablement moins perdu après cela. Elle laissa l’étudiant la suivre derrière le moniteur avant d’essayer de creuser un peu ses envies vidéographiques. À peine la première réponse de son client donnée, la métisse tapait déjà les mots sur son clavier avant de s’arrêter nette lorsque la seconde réponse vint. Ah. C’était un peu drastiquement opposé comme préférence… Pour autant, Sena ne se démonta pas, sa recherche sur le thème « historique » lancée, ses yeux commèrent à scanner les résultats. Le jeune homme la coupa dans son analyse ; sa question eut le don de la prendre de court. L’ancienne idole releva les yeux, pas vraiment sûre de savoir la réponse attendue. Ses lèvres s’ouvrir plusieurs fois pour se refermer sans jamais prononcer un traitre mot. Puis finalement, son sourire réapparut sur son visage ; le garçon souhaitait sûrement vérifier qu’elle saurait la conseiller correctement. « Hm, de tout ? J’aime bien la science-fiction, je trouve ça assez fascinant même si je n’y comprends pas grand-chose. » expliqua-t-elle honnêtement avant de reposer les pupilles sur son écran. Elle n’était pas vraiment de l’aider avec une telle réponse, encore de lui prouver sa légitimité en tant que conseillère cinématographique. « Oh ! J’ai Reminiscence en salle en ce moment, j’ai deux séances dans la soirée. Et bien, j’ai une rediffusion du classique Gravity ? ». En historique, elle n’avait pas grand-chose sous la main à proposer, ils avaient encore du mal à faire fonctionner les films historiques sur l’histoire de l’europe donc peu était diffusés au cinéma. Quant aux films historiques coréens, ils se faisaient de plus en plus rares aux profits des dramas avec les idole-acteurs.

Il n’y pouvait rien, si les filles le rendaient stupide. Oui, ça serait écrit sur sa tombe : Yoo Ji Soo, incapable de parler à une fille qui lui plaisait sans s’arracher la langue par maladresse. Et il recommençait aujourd’hui, évidemment, alors que cette fille aurait pu continuer à travailler tout à fait tranquillement, sans avoir à subir ses interruptions constantes, et, surtout, s’il n’avait pas été totalement incapable de lui donner des informations dignes de ce nom. Rien, absolument rien ne fonctionnait comme il le souhaitait. C’était là tout son drame : alors qu’il souhaitait devenir ingénieur, Jisoo possédait l’esprit d’un rêveur. Il n’était pas aussi rationnel qu’il aurait souhaité l’être. Il se laissait porter par des sentiments si éphémères que puissants, et quand il agissait, il se retrouvait très souvent dans des situations ennuyeuses.

Par chance, la jeune femme qui travaillait au cinéma semblait terriblement gentille. Par chance, ou par malchance, car cela n’arrangeait évidemment rien aux affaires de ce pauvre Jisoo qui avait reposé les yeux sur la jeune femme. « Ah… D’accord… » Il fallait peut-être arrêter d’être d’accord et d’opiner du chef comme s’il avait obtenu les clés aux mystères de l’univers. Peut-être, oui. Cela semblait un peu trop compliqué, dans l’immédiat. « Vous ne vous intéressez pas aux sciences, alors ? » C’était dommage. Les sciences, c’était la base de tout, à ses yeux à lui. Mais il pouvait comprendre que ça n’intéressait pas tout le monde. En plus, même si les choses avaient beaucoup changé au cours des dernières années, il y avait encore beaucoup plus d’hommes dans le milieu de l’ingénierie. « Oh ! Ça sera parfait ! » Et maintenant ? Maintenant, on rebroussait chemin pour rentrer chez soi et on revenait ce soir. Non ? « Vous l’avez déjà vu ? » Visiblement, non. Le pire, c’est sans doute que ça n’était pas une invitation déguisée. Non. Il était trop timide pour ça. Il n’aurait pas osé. Pas alors qu’il osait lui parler pour la première fois.

Sena se souvenait encore de la souffrance lorsqu’il fallait rendre les devoirs de maths et de physique au lycée, la période où en plus elle était trainee. Une torture bien pire que les dix heures d’entrainement intensif en chant et danse par jour. « Oh si, si. Je n’ai juste pas la fibre scientifique malheureusement… Les chiffres, les lettres grecs dans les formules, tout ça reste un grand mystère pour moi. » expliqua-t-elle avec une légère grimace sur les lèvres. Les matières scientifiques avaient toujours été un véritable casse-tête pour elle, peu importe combien elle trouvait cela impressionnant, fascinant et que l’envie de comprendre l’animait. « Mais je trouve tout cela absolument fascinant ! Probablement, parce que je n’y comprends pas grand-chose… Pour moi, tout a l’air magique si je puis dire ? ». Sena était tombée du côté artistique, musical voire même littéraire et social, mais bien loin des sciences dures. Et elle avait fini par accepter que toute une partie du monde resterait un mystère incompréhensif pour elle, on ne pouvait pas être bon partout. La jeune chanteuse continuerait d’observer cela avec des étoiles dans ses yeux naïfs et ignorants. Après sa petite recherche qui fut plutôt fructueuse dans le thème science-fiction, elle était fière de proposer ses options au jeune homme avec le sourire. La réponse ne fut pas celle attendue, Sena ouvrit de grands yeux lorsqu’elle perdait en couleur sur son visage. « Reminiscence ? Euh non ? » répondit-elle dans un mélange d’incompréhension et d’appréhension. Pendant trois secondes, elle se demanda si la question du garçon était une invitation ou si c’était une façon de lui dire qu’il ne lui faisait pas confiance. Et c’était forcément la seconde option car il s’agissait d’un client. « Je suis désolée de vous suggérer un film que je n’ai pas vu… Vous devez douter de mes compétences en tant que conseillère, mais je vous promets que toutes les critiques sont bonnes. » ajouta-t-elle rapidement d’une voix plus aiguë qu’à son habitude. Sena ne sent incroyablement bête à cet instant, mais ce n’est pas comme si elle pouvait voir tous les films qui passaient dans les salles, ce n’était ni physiquement, ni financièrement possible après tout. Pourtant, elle a quand même l’impression d’avoir fait une erreur. « J’ai vu Gravity si cela vous rassure ? Je peux vous affirmer que c’est un bon film. » ajouta-t-elle comme pour sauver les meubles suite à une bêtise qu’elle n’est pas sûre d’avoir fait. Nerveusement, elle attrapa sa lèvre inférieure entre ses dents avant de s’incliner pour s’excuser dans un murmure à peine audible.

Non, s’adresser à une parfaite inconnue comme si elle était la dernière merveille du monde, ce n’était pas nécessairement la chose qu’il aurait dû faire, mais Jisoo avait toujours eu beaucoup de mal à comprendre comment fonctionnaient les autres, et surtout, comment il aurait dû fonctionner lui-même. Il avait toujours été un peu mal adapté à la société. Mais il faisait de son mieux, et pour cela, on espérait le voir bénéficier d’un peu de compassion. Au moins, il n’allait pas agresser les gens ou leur crier dans la rue qu’ils étaient bons. « Ah oui, je vois… Je crois que c’est un peu pareil pour tout le monde. » avait-il répondu en un rire, avant de reposer les yeux sur la jeune femme qui se trouvait devant lui. « Enfin, à part les scientifiques, du coup… Et peut-être les grecs. » Merci pour ce commentaire vraiment utile et bénéfique, Jisoo, tout le monde appréciait beaucoup cette contribution. « C’est un peu de la magie, quand on y pense… » L’alchimie avait souvent été vue comme une forme de magie, non ? Peut-être n’était-ce que dans sa tête. Il avait ri bêtement à cette pensée. « Dans le temps ils avaient envie de changer des matériaux en or… » Bien bien, la conversation était de plus en plus intéressante, ma parole… Puis, voilà qu’il s’était encore une fois engagé sur la pente douloureuse du malaise, avec quelques questions qui ne venaient que l’enfoncer comme dans un sable mouvant particulièrement dangereux. « Hm… Je voulais… Enfin… C’est plutôt que je voulais savoir… Si ça vous intéressait ? » Elle allait dire non. À tous les coups, elle allait dire non. Jisoo se sentait profondément mal à l’aise à l’idée même d’avoir proposé l’idée, maintenant. Mais il était trop tard pour faire demi-tour, pas vrai ?

Après réflexion, Sena n’était pas sûre que comprendre plus cet échange étrange qu’elle ne comprenait les sciences. Mais elle garda cette pensée pour elle, se laissant porter par un grand sourire qu’elle partagea sans retenu avec son client, quand il lui annonça que les sciences avaient bien un peu de magie en elles. Et si elle n’était pas sûre que les scientifiques apprécient qu’on qualifie leur dur travail de magique, elle ne pouvait pas nier que l’idée de voir de la magie un peu partout lui plaisait. « Et c’est bien dommage que cette magie là ne fonctionne toujours pas ! » enchérit-elle en imaginant combien la formule magique pour transporter des matériaux en or lui serait utile à l’heure actuelle pour se dépatouiller de tous ses problèmes. Comprenant les demandes du garçon de travers – pas qu’elles étaient claires de toute façon – elle s’empressa de s’excuser pensant un instant faire mal son travail avec ses clients. Elle qui était toujours si professionnelle. Sena essaya une dernière fois de sauver les meubles avant de s’excuser à nouveau. La réaction retour ne fut pas celle qu’elle attendait – pas d’insultes, pas de cris, pas de déception – juste une nouvelle question, une gêne évidente. Relevant la tête, ses yeux grands ouverts sur la surprise le fixèrent curieusement. « De ? ». Intéresser par quoi au juste ? Elle n’était vraiment pas sûre de comprendre la question. « Voir le film ? » tenta-t-elle en clignant des paupières plusieurs fois tout en essayant d’analyser les moindres changements d’expressions sur le visage du garçon. « Vous voulez que je vienne voir le film avec vous ? » question suivant d’un index qu’elle pointa en sa direction en plus de son air perdu qui dominait sur son visage. C’était bien la première fois qu’on lui faisait une telle demande, et elle était curieuse du pourquoi, du comment. « Je suppose ? ». Peut-être que l’étudiant avait besoin qu’elle lui confirme que le film était assez bien pour qu’elle le voit elle aussi. « Je finis dans une demi-heure, si vous avez la patience ? » proposa-t-elle parce que la satisfaction client avant tout, puis elle n’aimait vraiment pas décevoir les autres. Et le jeune homme ne semblait pas accompagner, il avait peut-être besoin d’un peu de compagnie.

Il était peut-être un peu bizarre, c’était vrai. Jisoo n’avait jamais prétendu être dans la norme, de toute façon. Mais il aimait bien se dire que la magie résidait en chacun, qu’il y avait quelque chose de puissant dans l’univers et que certaines personnes étaient capables de s’en saisir… Mais il allait peut-être un peu loin. C’était sans doute pour ça que ses notes n’étaient pas les meilleures, en dépit du travail acharné qu’il fournissait ? Il n’en savait rien, et il ne cherchait pas plus loin : tant qu’il apprenait et qu’il progressait, il était heureux, et ça lui donnait toujours plus matière pour inventer ! « C’est bien vrai ! » Hahaha… Il aurait aimé avoir de l’argent sans travailler, lui aussi, mais il ne savait pas ce qu’il en aurait fait. Peut-être qu’il aurait donné cet argent à l’association avec laquelle il travaillait ? La question se posait, en tout cas. « Je… Oui. » Oui, qu’elle vienne voir le film avec lui. « Oui. » Très loquace, vraiment, il s’améliorait de minute en minute. Jisoo avait pincé les lèvres et reposé les yeux sur Sena. Un sourire avait fleuri à ses lèvres quand elle avait repris la parole. « Oui, tout à fait, je peux attendre ! » Et vivre le moment le plus gênant de l’histoire de Séoul, très certainement, mais c’était une chose dont il avait l’habitude. Puis, dans le fond, il lui avait proposé, mais elle pouvait tout à fait dire non. Il devait vraiment apprendre à contrôler sa spontanéité, ou certaines personnes allaient le fuir en courant.