Lumières éteintes, je m’élance de nouveau vers la liberté que je ressens chaque soir. J’inspire et j’expire. Je ne devrais pas être là. Tout le monde est rentré, mais moi, je suis toujours au rendez-vous à la même heure que les jours précédents. Les pas s’enchaînent, je ne contrôle pas mon corps à ce stade. Je suis marionnette de mes émotions. Elles me guident vers ce qui me semble être un sentiment de liberté… La mélodie embrasse mes tympans. Je ne fais qu’un avec la légèreté, j’embrasse mes insécurités - je pointe du doigt le coupable. Moi-même. Mon corps se dandine comme un serpent, mon regard se fait lointain ; je n’ai aucunes audiences, mais je me donne à fond comme si j’étais sur scène et que les personnes me regardant ne sont uniquement que mes parents.

Un sourire m’échappe. Je me moque bel et bien du malheur de mes parents - je n’en pense pas qu’ils le méritent, mais ils l’ont cherchés. Je suis en haut de la pyramide, mais si seulement je pouvais arrêter de mentir… J’ai toujours aimé jouer avec le feu. J’ai des secrets que je ne peux pas dévoiler au risque de me faire descendre dans le néant de l’industrie. Je me sens libre quand personne ne me regarde, je ne ressens pas ce goût amer sur le bout de ma langue quand personne ne me regarde. Je n’ai pas l’impression d’être le plus gros mensonge du siècle, quand je suis seul. La danse m’aide à oublier ; mes pas se précipitent, mes mains tentent d’attraper quelque chose… Mais quoi ? Une mélancolie s’installe en moi. Je me rappelle encore de ces rires moqueurs qui s'attaquaient à moi, alors que je faisais confiance à ce qui me semblait être une famille. C’est là que je me suis senti trahi. Je connaissais leurs tendances mesquines, mais je ne pensais pas que c’était à ce point… Trahir un membre de famille, un humain qui n’est que le fruit de leur fusion - c’était si facile que ça ? Encore aujourd’hui, je ne comprends pas les motivations qui les ont poussés à me renier. Je n’étais pas la fille qu’ils ont voulus, mais être si cruel n’était pas humain ; je pouvais être le fils qu’ils ne pensaient pas avoir besoin, mais qu’ils auraient pu chérir. Evidemment. Ça ne pouvait pas être aussi facile que ça. Je ne peux que tenir ma tête haute, j’ai épargné de longues années de souffrances aux deux côtés en disparaissant de leurs vies. Je n’existe plus. Je ne suis plus leur enfant. Je suis une personne qu'aucune famille ne réclame. Je suis un flocon de neige solitaire. Je suis Han Baek Ji, membre du groupe 5eason et je ne suis personne d’autre.

Le temps passe, la mélodie finit son temps de vie et me laisse chercher de l’air. Trempé jusqu’à la moelle, je passe une main dans mes cheveux mouillés par la sueur de ma passion. Je prends le temps de boire une gorgée d’eau avant de lancer une autre mélodie - j’ai encore le temps avant qu’il ne soit trois heures du matin. Je te tiens, liberté. Tu ne m’échapperas pas, cette fois-ci. Je me regarde dans le grand miroir, je ressembles à ce que j’ai toujours voulu ressembler. Je suis enfin moi-même, si j’en oublie quelques détails… La chanson s’élance, je dois danser…

Danse, danse, danse, dan-

La douceur d’un sourire vient s’emparer de mes lèvres, tandis que je me retourne vers l’un de mes grand frères. J’annonce que je ne faisais que m’entraîner et que je n’allais pas tarder à rentrer - mensonge. Son visage n’indique qu’une stupéfaction mélangée à de l’incompréhension.

Je le regarde longuement avant d’hocher la tête… Décidément. Tu as de la chance, Liberté… J’éteins l’ordinateur qui émet la musique avant de prendre mes affaires et de le rejoindre. Je continue de sourire alors qu’on quitte l’agence, ce n’était peut-être pas mes rêves quand j’étais qu’un bambin qui n’arrivait même pas à mettre un pied devant l’autre… Je ne sais pas ce que le destin me réserve… Mais, je suis heureux actuellement et c’est ce qui compte.