« Aller on range ! C’est fini pour aujourd’hui. » Le coup de sifflet brisa le son apaisant de l’eau battue par les nageurs, un peu trop tôt sans doute, et les réclamations pleuvaient alors que le coach, inflexible marquait la fin de cet entrainement. « Ji Hyuk a une compétition, vous pouvez continuer de nager, mais vous devrez faire le ménage dans ce cas. » Il n’en fallut pas plus pour convaincre les quelques récalcitrants de quitter le navire alors que je restais figé sur place. « Seojoon ? » J’observais d’un œil distrait les sportifs quitter le bassin pour regagner les vestiaires et partir sur le champ, mais j’avais l’envie irrépressible, ou plutôt le besoin de vider mon esprit avec quelques longueurs de plus. « Je rangerais coach !  » Un claquement de langue pour toute réponse, et il quittait lui aussi les lieux. Me laissant ainsi seul avec mes pensées, je plongeais de nouveau dans le seul but d’anesthésier un subconscient qui me raillait bien trop ces derniers temps. J’entreprenais de ranger le matériel avant de profiter d’un moment de solitude, un dernier coup d’œil vers les retardataires qui fuyaient en courant de peur que le coach ne se ravise, mais ce que je n’avais pas prévu, c’est qu’il me faudrait partager la piscine avec une autre personne.

Dans le placard, je rangeais soigneusement le matériel ramassé, et si je ne pus voir la scène, j’entendais néanmoins le cri qui précéda ce qui semblait être une chute dans l’eau. Loin d’être inquiet, je savais mes camarades d’excellents nageurs, aussi je prenais tout mon temps pour quitter la pièce exigüe et finalement découvrir une silhouette immergée et qui ne semblait pas remonter. Merde… fut le seul mot qui me vint à l’esprit alors que je me précipitais sur le rebord pour plonger de nouveau. En quelques secondes, j’arrivais à son niveau et la hissais à la surface, glissant une main dans son dos et l’autre sous ses genoux. Si immergé je n’avais pas pris le temps de découvrir qui se noyait, une fois remontés, je ne pus masquer ma surprise. « Saehee ?!  » Là, dans mes bras, elle semblait terriblement vulnérable, le teint livide et une toux incontrôlable. « Est-ce que ça va ? Que… comment es-tu tombée ? »

@Choi Sae Hee
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Le dernier mot enfin taper sur l'ordinateur et tu fermais le dossier avec une satisfaction incommensurable. Accompagné de son amie la fatigue, fabriquant un duo qui n'apparaissaient qu'ensemble, comme pour te dissuader de chercher ce sentiment bien particulier ailleurs. Il ne venait qu'après des jours de travail, à creuser, à vérifier, à décider, prendre des décisions qui allaient pénaliser certains, soulager d'autres. Savoir choisir. Une responsabilité bien grande qui reposait sur tes épaules, mais tu te sentais prête. Et même si tu oubliais parfois, tu hésitais, ce genre de dossier clos, fermé te laissait imaginer un avenir dans ces bureaux. Tandis que ton coeur continuait de danser dans ces locaux particuliers. Ton regard se perdait mais ton esprit revenait tranquillement tandis que tes pas te dirigeaient vers un endroit connu, redouté, mais souvent fréquenté. Elias devait s'entraîner, et tu devais lui partager cette merveilleuse nouvelle de ce dossier clos.

L'odeur du chlore venant alors chatouiller tes narines tu prenais garde comme jamais on ne te voyais craindre de marcher. Si ton meilleur ami se sentait comme un poisson dans l'eau, partageant cette passion avec cet homme, bien trop grand pour être utile, bien trop beau pour être intelligent, bien trop maladroit pour ravir ton coeur, tu ne pouvais en dire autant de toi. Tu la haïssais, ou plutôt tu la craignais plus que quiconque. Cette eau. Calme et dormante, se révélant meurtrière, agitée. Non tu ne savais pas nagée, et rien que de t'approcher pour y plonger ton regard envouté tu semblais frissonner de sa profondeur. Le corps relevé, les yeux scrutant la piscine tu saluais quelques nageurs que tu croisais déposant tes affaires sur les gradins pour chercher ton meilleur ami, qui te sembla voir au loin. Un erreur, une illusion, qui te fit perdre ton attention, quelques secondes, laissant une connaissance te pousser vers elle. Vile et maléfique elle t'entraînait dans ses bras.
Tu avais peur. Un sentiment qui paralysait tes membres, laissant pourtant ta bouche s'ouvrir dans un réflexe idiot. L'eau rentrait, tu pensais mourir. A petit feu. Tu te voyais finir ta vie à ce moment, aussi dramatique que cela semblait. C'était si idiot. Dans une panique certaine tu secouais tes membres sans grand résultat, ne trouvant repos qu'en sentant une présence, te remontant à la surface. Peu importe la personne. Peu importe qui il était, sa raison tu t'accrochait à lui comme jamais tu n'avais pu dépendre de quelqu'un. La toux te prenant tu rejetais cette eau étrangère le serrant simplement. Tu l'entendais mais incapable de répondre tu venais simplement le serrer plus encore. "Me lâche pas. "Une simple demande, tandis que ton corps se remettait, comprenait, reconnaissait, celui qui avait fait battre ton coeur avant de le lâcher au sol. Celui ci même que tu semblais éviter. " S'il te plait. "


@Lee Seo Joon
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Du regard, je balayais la pièce cherchant vainement la raison de sa présence et plus encore : celle qui l’avait poussé ainsi à s’enfoncer dans l’eau chlorée encore entièrement vêtue. Mais rien ne me vint. Ses bras s’étaient enroulés autour de mon cou et je sentais désormais ses muscles trembler et se contracter sous l’effort avant qu’elle ne resserre davantage son étreinte. La supplique filtra soudainement ses lèvres, déchirante, des mots qui achevèrent de me pincer le cœur tandis que je m’activais à la ramener vers le bord de la piscine. « Tout va bien, ici tu as pieds. » murmurais-je doucement. Fébrile, les soubresauts secouaient son corps trahissant la peur qu’elle ressentait, et c’est aussi instinctivement que je l’imitais en la maintenant contre moi. La tête cachée dans mon cou, son souffle caresser l’épiderme humide qui en frissonnait malgré lui, et si j’eus l’envie de la déposer pour qu’elle puisse ainsi reprendre son indépendance, je n’en fis rien. Au contraire, je la gardais jalousement dans mes bras, comme s’il s’agissait du seul instant auquel j’avais droit avant de reprendre le chemin du repenti. J’attendais calmement, que sa respiration retrouve sa régularité, que ses membres cessent de tressaillir, et qu’elle lève finalement les yeux vers moi.

Je plongeais mes perles dans les siennes et lui offris ou sourire timide, comme pour lui signifier qu’elle n’avait désormais plus rien à craindre, mais si mon intention première était de la rassurer, je me retrouvais pris au piège. De ses onyx encore brillant, de ses lèvres qui s’entrechoquaient et se fuyaient, de son ventre que je sentais se gonfler contre son jumeau, du velours de sa peau parsemé de quelques larmes volées au bassin qui l’avait fait otage… et de son t-shirt immaculée qui épousait sa silhouette sans ne plus rien en masquer. J’eus à peine le temps de deviner la dentelle sous le coton que je relevais brusquement le regard et le dardais vers un horizon invisible. « Est-ce que ça va ? » lâchais-je d’une voix incertaine.

@Choi Sae Hee
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La raison de ta présence semblait idiote, ta venue dans l'eau: une erreur qui aurait pu te couter cher. Tout ça pour quelques taquineries, pour un souffle de rire, un instant amèrement regretté et pourtant tu ne lui en voulais pas. Ta tête était trop ailleurs pour chercher celui qui avait ça, ton corps trop crispé pour te débattre, pour sentir une sorte de colère en toi. seule la peur y avait sa place. Tu le serrais, cet être qui t'avait sauvé, celui qui aurait le droit de te charrier sur ta peur, de te menacer de tout dévoiler, celui qui allait sûrement en profiter n'est ce pas? Sa voix apaisa cependant cette peur encore présente au creux de ton ventre, laissant tes muscles se détendre lentement, gardant une distance moindre avec lui. Te rappelant de ce premier jour où Elias et toi aviez fait une paire. Ce n'était pas Elias. Et sa voix voulait te montrer un homme que tu cherchais à éviter. Tu restas alors un instant, des minutes surement longues ainsi, à ignorer son identité, à l'imaginer, à enfin reprendre des forces pour relever la tête.

Tu ne t'attendais pas à le voir lui, là. Cette voix ne t'avait donc pas trahi, te laissant voir celui que tu voulais voir. Ce même sourire qui venait te détendre, te laisser oublier l'espace d'une seconde l'endroit où tu te trouvais, la peur ressentie tantôt. Plongeant dans un abysse doux, des traits parfaitement dessinés, un sourire rassurant. Aucune parole ne fut prononcée durant un long moment, celui où tu te rendais compte qu'il était la personne te voyant vulnérable, celui qui te "sauvait" d'une noyade. Etait ce bon ou mauvais ? Tu n'avais pas plus d'intérêt aux yeux du nageur qu'il n'en avait eu pour toi. Lui, cet être profiteur qui avait usé de ses charmes. Peut être était-ce au tour de Seo Joon de t'ignorer, après quelques discussions. "Hein? Ah... heu oui. " Pas parfaitement bien, mais tu te sentais mieux prête à revenir au bord, à sortir de ton cauchemar. "Merci.. de m'avoir aidé. "Ton regard remontant doucement vers lui tu ne pouvais cacher cette gêne qui venait t'interrompre. Bien que tu tentais de la dissimuler par un geste simultané pour t'accrocher d'une main au bord, le toucher, malgré la chaleur du corps qui te portait, cette sensation extrêmement surprenante d'un moment de paix entre ses bras.


@Lee Seo Joon
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Même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais pu imaginer une pareille situation. Même dans mes songes les plus doux, je n’aurais pu inventer une telle proximité, celle qui me dévoilait bien plus qu’elle ne l’aurait dû… D’un regard que je ne voulais pourtant pas si curieux, ce fut un électrochoc qui me fit relever le menton et fixer l’autre bout de la pièce en lui laissant ainsi l’intimité nécessaire que mon corps ne voulait concéder. Alors là, près du bord à quelques mètres de l’échelle, je lui offrais de retrouver son calme, de récupérer sa respiration avant de fuir l’eau clair du bassin. Mais j’ignorais tout du mal qui la rongeait. Si j’avais pensé à une mauvaise chute, la véritable raison de sa détresse m’était inconnue aussi l’observais-je tenter de s’accrocher au rebord glissant. « Tu devrais peut être rester dans l’eau… juste le temps que j’aille te chercher de quoi te changer. » La panique inonda aussitôt ses perles, et j’en fus témoin malgré moi alors qu’elle tentait soudain de remonter sans pour autant y parvenir. Ses chaussures glissaient sur le carrelage du mur, ne lui permettant que de se retrouver encore immergée. Je ne comprenais pas la raison de cette terreur, mais je ne pouvais décemment pas y rester sourd. « Attends… Saehee calme toi, respires… » Un bras toujours enroulé sur sa taille, je lui intimais de plonger à nouveau ses perles dans les miennes. « Je vais te faire sortir, mais… regardes moi, d’accord ? Juste moi. » Avec douceur, je déposais ses mains sur mes épaules, et sans ciller, je reculais lentement pour me rapprocher de l’échelle. Face à moi, je découvrais une autre Saehee. Celle qui d’ordinaire paraissait sûre d’elle, souriante, forte, était soudain devenue vulnérable, fragile et si frêle. Une autre facette de l’étudiante dont je ne soupçonnais pas encore le pouvoir. Mon cœur souffrait de quelques ratés tandis que je soutenais son regard jusqu’à finalement déposer sa main sur le premier barreau.

Un simple hochement de tête et je lui signifiais que j’allais l’aider. En mettant son pied sur la première marche, en pressant une paume dans son dos pour la soutenir, simplement en étant là… Ce ne fut qu’une fois hors de l’eau qu’elle reprit enfin sa respiration. Effondrée sur le sol, je lui laissais quelques minutes. « Je reviens tout de suite. » Sans perdre une seconde, je filais au vestiaire et sortais de mon casier les vêtements de rechange qui, jusqu’à lors, ne m’avais jamais servi et attrapait plusieurs serviettes en retournant à son côté. Sur une chaise en plastique, j’abandonnais mes trouvailles pour aider la brune à se relever. Le souffle irrégulier, les tremblements incontrôlés… je prenais alors l’initiative de la soulever pour aller la déposer sur une autre chaise. L’eau qui ruisselait de ses vêtements et de ses longues mèches d’ébène me pinçait le cœur. Sur ses épaules, je jetais le tissu en éponge et l’y emmitouflais. « Je suppose que tu as piqué une tête sans prévoir de tenue de rechange ? » tentais-je. Une plaisanterie pour désamorcer la situation en lui présentant mes vêtements. « Ça sera peut-être un peu grand… » Ses lèvres bleuies par la peur me forcèrent à m’arrêter un instant et me poussèrent à m’installer face à elle non sans attraper une autre serviette dans le but de sécher les mèches qui barraient son visage. « Est-ce que ça va … ? »


@Choi Sae Hee
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C'était idiot. Digne des films que tu critiquais, digne des idiotes que tu ne pouvais devenir et pourtant. Un cliché si ancien qui te perdait. Plus rien n'existait pas même la transparence de ton haut, les courbes dévoilées, ses mains contre ta peau, rien excepté la peur qui venait tirailler tes entrailles et te faire perdre la tête. Alors tu restais attachée à lui, pendu à chacun de ses gestes, dépendante et perdue. S'il te laissait une chance de sortir de cette eau trompeuse tu ne pus la saisir. Glissant, haletant un instant. Ses bras semblaient être le meilleur réconfort, le plus sûr. Ses mots quant à eux venaient glacer ton sang, faisant réagir chaque muscle déjà fatigué de se battre mais toujours prêts à survivre, un instant de plus. Tu voulais monter, tu voulais sortir. Comme une phrase qui parvenait seulement et simplement dans ton cerveau la seule chose que tu pouvais encore penser. Mais rien ne marchait, tu n'y arrivais pas. Encore une fois tu n'arrivais pas à te sortir de cette situation pouvant perdre tout ce qui t'appartenait alors. C'est sa voix qui te sortait de ce blanc, voilant tes yeux d'un film qui t'angoissait. Ses pupilles guidant alors ton regard, ses mots calmant ton coeur tu semblais reprendre une respiration moins rapide, tu semblais lui faire confiance, tes dernières forces s'accrochant à lui. " Hm.. " La tête bougeant lentement dans un mouvement d'accord silencieux. De longues minutes où l'eau n'était plus ton ennemie, où elle travaillait avec celui qui avait su ravir plus qu'un sourire de ta part. Quelques minutes où le reste devenait absurde, transparent. Il était juste devant toi et tu le suivais, laissant ta fierté, ce besoin de contrôler, ta hargne de côté. Etre dépendante, une expérience encore méconnue.

Et pourtant. Devrais tu t'habituer? A dépendre de son regard, seul apaisement, de ses mains qui te tenaient, de sa voix qui calmait ton palpitant tout en le troublant? Ta main s'accrochait. Elle s'accrochait pour sortir de là, sans pour autant expliquer cette envie de rester. Ce fut le soulagement qui t'attendait au sol sur lequel tu te laissais tomber le crâne contre le carrelage froid. Comme un réveil brutal d'un rêve ou d'un cauchemar tu revoyais ces images presque semblables. Tes yeux levés vers le ciel contemplant la lumière trop forte, ta poitrine se soulevant trop rapidement, la force te quittant. Une douleur sourde que tu n'oubliais pas. Mais l'issue était en tout point différente, une chaleur venant alors te relever, pour abandonner l'idée. Tes propres pas ne répondant à aucun de tes ordres, tu perdais simplement le contrôle, celui que tu avais maintenu sans flancher, celui qui te gardait sur pied même lorsqu'un regard noir t'était adressé. Celui qui faisait de toi celle que tu étais. En ce moment plus rien ne te ressemblait pas même cette eau qui faisait trembler tes lèvres. Une blague, tu voulais en rire, tu voulais récompenser chaque effort qu'il faisait pour te ramener. L'envie de le lui dire forte, mais la peur paralysant chaque partie de ton corps, tu te retrouvais à trembler devant ses yeux afférés à te présenter le futur tissu qui couvrirait ta peau. Rien ne comptait à cet instant et pourtant, ses mots achevèrent ce masque que tu portais. Des larmes que tu retenais depuis des années dévalant sans s'arrêter, n'arrangeant aucunement ta respiration chaotique. Et si tu ne fis aucun geste pour les arrêter ou les sécher, c'est contre lui que tes bras revenaient se serrer. Plongeant une nouvelle fois contre lui, pourtant en sécurité mais loin de pouvoir le lâcher. Tu voulais le remercier. Peut être lui demander d'oublier. Mais rien, rien ne traversait tes lèvres excepté quelques plaintes incontrôlées. Durant de longues minutes tu te perdais ainsi, retrouvant pourtant cette Sae Hee si longtemps perdue.


@Lee Seo Joon
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Je l’avais rencontré forte, une présence imposante. Une confiance qu’elle balançait en pleine face de ceux qui osaient marcher sur ses plates-bandes. Je l’avais connu souriante et fière, rayonnante à la nuit tombée et vêtue d’une robe de bal. Je l’avais vu maîtriser ses émotions comme personne, sans ne jamais rien concéder à qui que ce soit. Je l’avais découvert puissante et tempétueuse, elle qui laissait planer derrière elle son aura de guerrière… celle qui, à cet instant, avait abandonné son armure brutalement. Dans des gestes les plus délicats, je m’affairais à sécher l’eau qui avait imbibé ses vêtements lorsque son front vint s’écraser contre le haut de mon torse dénudé. Une rude épreuve pour mon cœur qui s’affolait soudain, et j’espérais qu’elle ne se rendrait pas compte de son rythme endiablé. Pourquoi… ? Pourquoi chacune de nos rencontres étaient-elles ponctuées d’événements qui nous rapprochaient pour ensuite mieux nous éloigner ? Pourquoi fallait-il que je succombe un peu plus alors que je me refusais à devenir un nouveau fardeau dans son existence ? Pourquoi sa vulnérabilité me vrillait les tympans comme si chacun de ses hoquets paraissaient être hurlé au creux de mes oreilles ? Et comme pour me tenter davantage, ses bras s’enroulèrent autour de mon cou, emprisonnant à la fois le physique et le psychique pour ne plus être désormais qu’un amas de chair, un pantin désarticulé ne sachant plus comment se comporter. « Saehee … ? » tentais-je. Le cœur au bord des lèvres, je ne su parvenir à trouver les mots qui auraient pu la réconforter, et à mon tour, je l’enlaçais. J’écrouais sa taille d’une étreinte incontrôlée, une paume pressée contre son dos, et j’attendais… Le silence pour conversation et le bassin dont l’eau s’était endormie pour témoin, je me contentais de la garder jalousement contre moi, de la serrer comme si elle était sur le point de me quitter… À cette pensée, je ne pus m’empêcher de me railler intérieurement. Comme si elle t’appartenait…

Je sentais son ventre se gonfler et expirer l’air de manière erratique, une respiration irrégulière à laquelle se mêlaient des sanglots qui ne tarissaient pas. Des soubresauts marqués par de violents frissons, jusqu’à ce que finalement son souffle s’apaise. Il caressait mon cou avec une douceur qui me semblait presque trop familière, et j’éprouvais désormais la chaleur de ses soupires. Sans même s’en rendre compte, elle me mettait à rude épreuve. La confiance étiolée, la foi envolée, là où l’amour m’avait frappé, il ne restait plus que le goût amer et cendré d’un sentiment qui m’avait abandonné. Et pourtant… elle faisait renaître cette émotion, elle ravivait une flamme éteinte à laquelle j’avais l’irrépressible envie de me brûler... à quel prix ? Méritait-elle vraiment de souffrir de mon passé ? Je ne connaissais que trop bien la réponse à cette question qui m’arracha un soupire. Avec douceur, je l’éloignais et constatait les ravages de la peur qui me nouait l’estomac, et replaçais les quelques mèches en travers de son visage. Un sourire que je voulais amical, des gestes retenus, je m’évertuais de nouveau à faire cette gymnastique mentale, cette marche arrière émotionnelle qui ne prenait pas. « Tu devrais aller te changer, on va faire sécher tes vêtements. » L’index pointé vers le bureau vitré du coach, je lui désignais sans qu’elle ne le voit le radiateur que nous prenions régulièrement en otage, au grand damne de l’homme qui râlais chaque fois qu’il voyait les tissus s’y superposer. « Les vestiaires femmes sont là-bas, je t’attends à l’intérieur, d’accord ? » Pas un mot sur cet accident ou sur sa terreur, j’omettais volontairement cet épisode, juste pour pouvoir dresser le mur invisible que je m’acharnais à construire… et que mon cœur savait parfaitement démolir…

Je profitais de son absence pour cacher la chair dévoilée, comme si la pudicité pouvait me permettre de cacher aussi mes émotions. Mais c’était une bataille épique qui se jouait dans mon intellect, et il me suffit simplement de la voir revenir engloutie par mes vêtements pour qu’à nouveau, le myocarde ne se torde et se débatte. La simple vision qu’elle m’offrait écrasait, piétinait la volonté. Celle dans laquelle je mettais tous mes efforts… si bien qu’il me fallait désormais trouver une nouvelle stratégie pour continuer de lutter.



@Choi Sae Hee
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Les mots étaient de trop. incapables de sortir, perdus dans une immensité de sentiments qui se bagarraient une place trônante sur ton royaume. Etre faible n'était pas une option, la tête haute, le torse bombée, l'envie de se battre pour faire régner un semblant de liberté, de justice, mais aujourd'hui tout semblait bien loin. Trop loin. Un son d'une résonance presque trop éloignée pour l'entendre, les battements de ton coeur venant cogner contre tes tympans comme de véritables tambours. Etre seule en ce moment aurait été plus sécurisant, moins gênant, et pourtant tout ton corps réclamait sa présence. Allant même jusqu'à l'emprisonner, sans un mot. Son identité, sa voix, ses bras, tout avait un effet d'apaisement qui ne venaient que faire redoubler tes pleurs. Un courage trop longuement gardé, une envie de toute lâcher qui avait trop longtemps duré. Il était là, comme toutes les fois où tu souhaitais l'oublier. Il était là, droit comme un piquet quand ton esprit voulait le voir flancher, ignorant ses regards parlant. Ignorant bêtement ce qui lui traversait l'esprit, trop occupée à cacher tes sentiments. A le croire occupé par ses études, l'amour aux mains de demoiselles en détresse, délicates et demandantes. Mais aujourd'hui, tu remplissais ce rôle, t'autorisant à le garder, à réclamer son aide, d'un cri muet.

Une peur incontrôlable, une envie de tout oublier, mais ce souvenir qui revenait. Voilà à quoi cette eau ressemblait: une peur non dite, une faiblesse cachée. Tout comme le souffle de Seo Joon. Tout comme sa voix qui te sortait de cet état presque léthargique où seul ta respiration semblait avoir son mot à dire. Il avait ce pouvoir là, de toucher chaque faiblesse en toi, lui donnant les plein pouvoir de te détruite d'une poigne, d'un mot. Et c'est dans cette peur que tu ne confesseras rien, pas même l'envie de le revoir chaque jour qui passait. A la place tu l'écouteras, l'eau glissant sur ta peau mais tes joues sèches. Tu relèveras un regard incertain, sur ses lèvres bougeant dans une danse que tu peinais à comprendre, sur ses yeux inquiets qui prouvaient encore ce besoin d'aider. Mais si tu n'avais rien à offrir tu pris cependant son aide, ce jour simplement. Une visite interrompue de la pire des manières, et pourtant, tu ne pouvais nier la chaleur douce qui montait lorsque ton corps se collait au sien, quand, l'espace d'un instant, vous étiez plus proche que jamais tu n'avais été avec quelqu'un. Un regard vers la direction qu'il pointait se fut tout ce qu'il te fallut pour prendre ses affaires d'une poigne encore faible. Te redressant tu ne manquais pas de profiter de l'aide du futur médecin, oubliant même la notion d'indépendance. "Je.. je reviens. "Une promesse arrachée, de peur qu'il ne parte déjà.

Un moment de répit après des pas lents et lourds, un banc que tu accueillais avec soulagement pour prendre de longues respirations, chaque image revenant en tête. Le passé venant se mêler à un présent encore trop violent. La peur de finir dans cette eau si tranquille balayée par des images plus plaisantes, une peau que tu découvrais sans la voir, empourprant alors tes joues. Il t'avait fallu un long moment pour t'habiller, le corps balayé de cette eau traitresse. Et la lucidité revenait doucement, ta main venant frapper ton front dans des brimades contre toi même. "idiote. " la honte aux joues, le coeur palpitant tu revenait cependant, lentement, là où tout avait dérapé. Les vêtements larges faisaient monter un parfum doux et réconfortant qu'il dégageait si bien. Une chaleur qui te plaisait mais te rendait plus timide devant les yeux de ton sauveur. "Merci. " Pour tout. "Je suis désolée.. de cet épisode. " Honteuse faiblesse que tu avais. Personnage encore un peu perdu dans cette étendue toujours calme. Vêtements en main tu allais donc dans ce bureau privé pour poser les tissus trempés espérant qu'ils sèchent rapidement, juste pour t'éviter ce silence d'un mutisme qui te prenait.

@Lee Seo Joon
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N’avais-je pas pensé à l’effet que de simples vêtements pouvaient avoir ? Une réflexion stupide, et qui pourtant me poussait encore un peu plus dans mes retranchements… comment tenir cette promesse que je m’étais fait et qui menaçait un peu plus chaque jour d’imploser. Le bas du pantalon retroussé, le t-shirt flottant et masquant sa silhouette qu’une soirée avait vu graver dans ma mémoire… il m’était presque impossible de détourner le regard. Ce ne sont que des vêtements… juste des morceaux de tissus... tentais-je de me convaincre, en vain. Les bras chargés de ses affaires trempées, j’en attrapais une partie que j’installais avec son aide sur le large radiateur en même temps que la gratitude accablée filtrait ses pulpeuses. Pourquoi ? Qu’y avait-il de si honteux dans cet accident pour qu’elle fixe désormais le sol en ne m’offrant que son profil prostré ? Fallait-il riposter ? Réconforter ? Ou simplement la laisser reprendre pied ? L’incertitude et l’incompréhension  me poussèrent à réagir et ainsi placer une chaise juste à côté du chauffage. Mais je ne m’asseyais à mon tour qu’après avoir préparé un chocolat chaud… une nouvelle fois avec le matériel du coach. « Ça devrait te faire du bien. » Le bras tendu, j’insistais d’une moue que je voulais bienveillante avant de prendre place à mon tour. C’était le moment parfait pour entamer la conversation, apprendre un peu plus à la connaître et sans doute la rassurer sur ce passage particulièrement difficile pour elle… mais comme à mon habitude, je me complaisais dans un mutisme embarrassé. En évitant soigneusement de croiser son regard ou même de l’effleurer par inadvertance… je me sentais ridicule et minuscule.

« Que… » lâchais-je d’une voix rauque. « … je peux te raccompagner si tu veux… quand tu seras prête bien sûr. » Les mots me faisaient l’effet d’une montagne impossible à escalader. Une simple phrase pour laquelle je luttais intérieurement alors que l’image de sa détresse et la sensation de son corps contre le mien me paralysaient encore. Et si je pensais savoir maîtriser la curiosité, sa muselière ne semblait alors plus suffire. « Tu… » hésitais-je. « Tu ne sais pas nager ? » Elle fut finalement lâchée, la question qui me brûlait les lèvres. Et je me sentais bien idiot de l’avoir ainsi posée. Ne savait-elle vraiment pas ? Ou avait-elle été victime d’une blessure, d’une crampe ? N’importe quelle raison qui aurait pu l’empêcher de remonter à la surface et s’extirper ainsi du calme du bassin. Je dominais l’eau, j’en avais fait mon terrain de jeu et le lieu dans lequel j’extériorisais toutes les émotions habituellement gardées sous silence, si bien que savoir nager me paraissait être d’une logique implacable, presque comme mettre un pied devant l’autre pour marcher, ou simplement respirer.



@Choi Sae Hee
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La manœuvre était délicate. Pas seulement pour te garder sèche alors que tu transportais tes vêtements humides mais aussi et surtout pour ne pas croiser son regard. L'imprévu était humain, la peur également, mais tu refusais d'y voir la pitié dans son regard, te retrouvant bêtement devant lui. Il t'aidait, encore une fois, doté d'une gentillesse qui aura eu raison de tes propres sentiments, de cette armure contre ton grès qui éloignait chaque personne qui voulait s'y glisser. Pas qu'il y avait monde, mais parfois, la normalité venait offrir quelques attentes trop élevées. La chaleur qui allait s'occuper de tes vêtements avait pour même but de te réchauffer, corps légèrement tremblant de temps d'émotions incontrôlables. C'était la mort qui t'avait attendu plusieurs fois, au fond de l'eau, et jamais tu n'en sembler vraiment guérir, observant cette brillante silencieuse, mère de tout. Le regard se retrouvant de nouveau sur ce grand nageur, qui avait appris à la dompter, à l'aimer, serait il capable même de puiser dans sa force pour te laisser entrer dans sa vie? Aussi tranchante étais tu, aussi solitaire? La tasse fumante venait réchauffer tes mains qui l'entouraient presque jalousement. "Merci. " C'était tout ce que tu pouvais dire. Tout ce que ton corps voulait même avouer, honteuse. Une atmosphère pesante régnant alors tandis que chacun se perdait dans ses propres pensées, une gorgée réchauffant ta gorge, le soupire s'échappant.

Les questions, elles allaient pleuvoir. Elles commençaient déjà, du moins c'est ce que tu pensais avant qu'il ne parle de te raccompagner, éloignant le sujet brûlant du moment. La lèvre pincée ce fut simplement les mouvements de ta tête qui répondaient pour offrir une affirmation, le regard perdu dans un liquide marron qui te rappelait l'enfance. Mais la curiosité n'en finissait pas, et les question arrivèrent. Etrangement calme, ce fut sûrement le ton employé qui te permis de simplement te relaxer. La réponse n'était pas des plus facile, dévoilant ainsi ta plus grande faiblesse, mais l'homme qui venait de te sauver de celle ci méritait une réponse. C'est le regard perdu l'espace d'un instant que les mots revenaient lentement brisant un silence lourd. " Non.. je n'aime pas l'eau. " Non pas que l'élément t'était détestable dans tous ces aspects mais l'étendu d'eau était de trop. " J'ai failli me noyé plus petite. Histoire classique... des amis m'ont poussé et j'ai juste coulé. Je me suis réveillée à l'hôpital. " C'était tout ce que tu te rappelais. Ce calme qui t'entourait, si calme, trop calme. L'inquiétude emplissant tes poumons, t'avais voulu crié, mais qui t'entendrais sous l'eau? Alors t'avais juste abandonné. Finalement le destin avait eu pitié de toi te ramenant chez toi. La marque a vie dans la mémoire, mais l'air féroce. " Idiot hein? " D'avoir peur maintenant. De frôler la mort quand tu te perdais. Débile. Lui qui nageait comme il marchait. " J'apprécierai que tu le gardes pour toi. Elias le sait déjà, et c'est bien assez." Vulnérable. Tu détestais ce sentiment, et pourtant, devant Seo Joon il semblait que cette barrière disparaissait peu à peu, laissant une chaleur douce la remplacer. Un sentiment agréable de compter, de ne plus être sur ses gardes, laisser les autres prendre soin d'une personne qui se négligeait bien trop.

@Lee Seo Joon
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