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Yi Gaeul
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Yi Gaeul | Lun 2 Mai 2022 - 22:35 Citer EditerSupprimer
- TW:
- Enfance difficile / Amputation / Christianisme conservateur
이가을
“It is not where you start but
how high you aim that matters for success.”
how high you aim that matters for success.”
Yi (=Prune selon wikipédia) Ga Eul (=automne) 32 ans, 03/07/1989*. Autumn pour ta correspondante anglaise, c'est le seul surnom que tu n'ai jamais eu ; sans compté Eonni ou Noona asiatique, sud-coréenne *Date d'anniversaire attribuée par ta famille d'accueil et le gouvernement, comprenant des chiffres symboliques du christianisme. Véritable dates et lieu de naissance inconnus. | IDENTITY CARD |
Il parait que... Le seul moment où elle n'est pas une jeune femme forte et indépendante, c'est lorsqu'elle fait les boutiques avec son frère. Il n'y a alors comme un comportement d'enfant qui resurgit, une euphorie juvénile incontrôlable. Elle a été embauchée à Yonsei uniquement grâce aux relations de sa paroisse ? Elle a une démarche... Bizarre, tu ne trouves pas ? Élevée par des chrétiens conservateurs, elle n'est pas ce qu'il y a de plus ouvert. Mais on peut toujours progresser. Elle pense que la Kpop porte la jeunesse sur une pente glissante : sexualisation des corps, idolâtrie, milieu malsain, etc. Bon courage à celui ou celle qui voudra défendre cette industrie face à elle ! :lonely: Lorsqu'on te demande de te résumé, en un mot, tu réponds famille. Les gens trouve ça beau, ils ne savent pas toute la complexité de ce mot. Elle voulait former les futurs adultes de demain, finalement elle formera les futurs adultes d'aujourd'hui. Son organisme encaisse mal l'alcool. Quelques verres et c'est Very Bad Trip ! Ça reste entre nous ? Yi Gaeul ne peut plus la perdre. Parce qu'elle l'a déjà perdue, tu vois, enfin je vais pas te faire un dessin ... ! Mais chuut, elle veut pas que ça se sache. | Dis nous qui tu es ! Ton rapport aux autres est paradoxale. Pendant longtemps ton monde s'est résumé à ta seule famille, alors tu étais mal à l'aise avec toute personne extérieure. Tu t'es construite dans la solitude, elle t'est familière. Alors tu la préfère à la foule. Tu n'iras donc pas vers les autres ; mais tu accueilleras ceux qui viennent à toi. Car se renfermer sur soi et n'accepter de voir personne, ce n'est pas socialement acceptable. Ce serait se complaire dans une solution de facilité et ce n'est pas toi. Tu as choisi de devenir quelqu'un, malgré tout ; de rester forte, quoi qu'il arrive. Hors de question de faillir. ******* Lorsqu'on vit ce que tu as vécu, lorsqu'on traverse ce que tu as traversé, lorsqu'on y survit, on ressort plus fort et plus fragile à la fois. Pour cacher cette fragilité, certains se concentrent sur leur force. ils deviennent athlètes ou écrivent des bouquins. D'autres jouent d'une image décontractée et extravertie. Ils sont tout sourire et décident de croquer la vie à pleine dents. D'autres encore la nient complètement. Refusant de se déclarer infirme, ils mènent une vie des plus banales. Tous ont une carapace taguée tout va bien, je suis fort et indépendant. Ce n'est pas un mensonge : tu es forte, tu es indépendante. Mais brandissant trop souvent cette phrase tel un bouclier, tu as oublié. Tu as le droit d'être plus. Deux mots ne pourront jamais te résumé à eux-seuls. Tu es un être humain, pas plus ou moins qu'un autre. Un être complexe, tantôt pleine d'énergie, tantôt fatiguée, tantôt lumineuse, tantôt boudeuse, tantôt ci, tantôt ça, ou tout à la fois. ******* La Vie, le Malin, le Destin, qu'importe le nom qu'on lui donne, il ne te connaît pas. Tu te battras, même si tu souffres, même si tu trébuches, qu'importe, tu continueras. Tu deviendras quelqu'un, avec l'aide de Dieu. |
Princesse De retour pour vous jouer de mauvais tours ♡ J'étais par là, d'aoùt 2020 à décembre 2021, et je reviens ENFIN !! Et ça fait du bien
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Re: Yi Gaeul | Lun 2 Mai 2022 - 22:37 Citer EditerSupprimer
Les gens se présentent souvent en donnant leur nom, leur âge et leur profession. Plus loin dans la conversation, pas très loin généralement, vient la question des origines sociales. C'est systématique, immuable, à chaque nouvelle rencontre, chaque présentation, chaque entretien.
Tes origines sociales... Tu peux tenter de les cacher, parler de ton père et de ta mère sans tout dévoiler. Mais qu'importe, toi tu sais. Tu sais qu'on ne voulait pas de toi. Tu as d'ailleurs longtemps pensé que tu n'étais rien. Un œuf fissuré sur un rayon de supermarché. C'est l'image qui s'est imposée à toi. Qui de l’œuf ou de la poule est venue en premier ? Question stupide que les enfants ont parfois posée. Ta question à toi c'est d'où vient l’œuf ? D'où tu viens ? De quelle sorte de poulailler sordide la poule qui t'a pondue provient-elle pour que tu finisses abandonnée dans cette boîte. Ou était-ce le coq qui ne pouvait pas assumer son devoir, trop déplumé, ou bien désintéressé. La poule voulait-elle du coq ou est-il entré sans frapper, peut-être frappait-il de trop. L’œuf a-t-il au moins été couvé ? Même un peu, pas longtemps...
Petite, tu les as imaginés en coucou, puis en grenouille, tu as fait tout le bestiaire de ceux qui n'élèvent pas leurs petits. En grandissant tu as cessé, pas de te torturer non, seulement d'y voir des animaux plutôt que des humains.
C'était peut-être mieux quand ce n'était que des animaux, parce qu'à l'époque où ce n'était que des animaux, tu ne souffrais pas vraiment. Finalement tu te protégeais. Mais on finit tous par grandir, notre cerveau nous extirpe de l'enfance, notre corps nous propulse dans l'âge ingrat et plus rien ne nous protège. Toutes les émotions se bousculent, incontrôlables. Le barrage s’effondre : l'envie, la souffrance, la solitude, tout nous submerge. Et on devient à même de comprendre... On décrypte le regard de l'autre, on réalise notre place dans la société. Tu t'es sentie si minable, tellement minable. Pauvre petite, sans même un nom, dépourvue de généalogie. Même les mendiants en ont une, toi tu n'en avais pas.
Ces quelques années de ta vie, entre la naïveté de l'enfance et ta résolution à devenir quelqu'un, ces quelques années ont été abominables. Et même ce mot semble trop doux. La colère t'accompagnait constamment. Elle rugissait contre tes parents et les autres, ceux qui ont renoncé à ce titre, contre le gouvernement, contre tes frères et sœurs même, encore protégés dans leur monde d'enfant. Et finalement, elle te blessait surtout toi. Elle te dévorait. Peut-être que tu la laissais faire. Peut-être qu'en te sentant insignifiante et méprisable, tu l'autorisais à prendre possession de toi. Peut-être que tu pensais qu'il était juste que tu souffres ainsi. Qui étais-tu pour mériter autre chose après tout ? Rien, juste un œuf fissuré sur un rayon de supermarché, dont personne ne veut.
Heureusement, les moments de joie, de légèreté, te portaient quelquefois au-delà de toi-même et tu respirais un bref instant. Ces moments-là, ces moments-là étaient plus doux que le miel. Une oasis au milieu du désert. Tu les dois au petit chien que tu croisais sur le chemin de l'école, à quelques-unes de tes meilleures notes, à de rares fous rires entre amies, mais avant tout à ta tribu de dongsaeng.
Car contrairement à la majorité des enfants dans ta situation, tu n'étais pas dans un orphelinat. Toi tu as été placée dans une des premières familles d'accueil du pays. Un système encore minoritaire aujourd'hui. En échange d'une rémunération, certaines familles ouvrent leur maison à un ou plusieurs de ces enfants dont personne ne veut. Ta famille à toi, c'est même l'église qui l'a recommandée. Ta famille...
Au chaud, au sec et à l'abri du besoin. Même s'il te manquait ce petit quelque chose qui aurait fait d'eux tes parents, tu étais au chaud, au sec et à l'abri du besoin. Ils n'étaient pas maltraitant ; négligeant oui, c'est sûr. Parce qu'ils ne savaient pas sans doute, ou ne voulaient pas comprendre plutôt. Vous, toi et les autres, vous tous, vouliez simplement être aimés. Vraiment, honnêtement, passionnément. Aujourd'hui tu as grandi. Aujourd'hui tu les plains. Tu t'es imaginé à quoi avait ressemblé leur enfance, comment étaient leurs propres parents. Aujourd'hui tu as grandi, aujourd'hui tu les remercies.
Tu étais au chaud, au sec et à l'abri du besoin. Ils n'étaient pas maltraitant. Sans eux, jamais tu n'aurais connu aucun de tes frères et sœurs. Et qui sait si tu aurais été embauchée à Yonsei sans le réseau de l'église. Pourtant, tu n'as jamais pu te départir d'un certain ressentiment à leur égard : pourquoi ne pas t'avoir adopté ? Pourquoi ne pouvaient-ils voir plus loin qu'une bonne œuvre ? Après tout ce temps, étais-tu seulement différente du mendiant à qui il faut faire la charité ? N'étiez-vous vraiment qu'une source de revenus et de compassion chrétienne ?
Il te manque un bout de toi-même. Littéralement. C'est vraiment le destin qui se fiche de toi. Tu n'étais pas assez brisée ? Tu n'avais pas assez souffert à essayer de bricoler quelque chose d'une identité avec les morceaux dont tu disposais ? Non bien sûr ! Il fallait trancher dans le vif, faire correspondre ta psyché et ton physique. Oui, allons y, crachons lui au visage ! Pour qui elle se prend à vouloir être quelqu'un !? Elle n'est personne, il faudrait le lui rappeler ! Il faut briser ses rêves et ses espoirs, il faut briser son corps ! Arrachons-lui la peau, broyons-lui les os !
Si tu t'étais exprimée à cette époque, c'aurait été de cette façon. Tu aurais eu l'air d'une folle. Tu étais folle. Folle de colère, folle de chagrin, folle d'injustice, folle de désespoir... Tu pensais être fichue. Non, en fait au début tu ne pensais même plus. Tu étais là, sans être là ; emplie de cette colère d'adolescence dont tu pensais t'être défaite. Et puis tu es devenue apathique, absente, presque léthargique. C'est seulement après que tu t'es dis que tu étais fichue. La puissance de ce sentiment ! On ne peut pas le décrire, il faut le vivre. A vivre c'est une torture, insoutenable. C'est physique, c'est viscéral. Violent, insoutenable. Tellement insoutenable qu'on ne peut que combattre ou mourir. Un combat seule face à soi-même, extrêmement pénible.
Ça n'a pas été facile. D'abord, Il a fallu que tu regardes ton morceau de chair boursouflée et douloureux. Pour réapprendre à bouger, à marcher d'une autre façon, tu es allée chez le kiné. Il a fallu retirer ton pantalon. Il a fallu qu'il t'examine. Qu'il te touche. Entre les cuisses, sur les fesses, sur les hanches. Et cette douleur ! Ça fait mal, même avec la prothèse, c'est inconfortable. Il a fallu prendre un paquet de médicaments. Et rien y fait, tu la sens comme si elle était là. Elle brûle, elle est lourde même. Ça n'a pas été facile, ça ne s'est pas fait en un jour. C'est même encore délicat par moment. Mais tu as trouvé la force. Tu l'as créée. Elle vient de toi et uniquement de toi. Elle a forgé la femme que tu es. Et avec l'aide de Dieu, tu avances au quotidien.
Quand tu t'es sentie prête tu as repris tes études. Tu t'es longtemps dis que tu deviendrais enseignante : c'était le mieux que tu pouvais espérer étant données tes origines sociales. Mais ton petit frère, bien décidé à entamer un cursus de médecine, t'a prouvé le contraire. Tu lui as payé des cours dans les meilleurs hagwon avec l'argent sensé compenser ta jambe. Et il a réussi le bougre ! Il a été accepté à Yonsei ! Et avec une petite bourse !
Tu n'as alors plus hésité à viser le haut du panier dans ta discipline. Ta thèse a eu un écho relatif dans le petit monde des historiens, ce qui t'a permis de la faire traduire et publier en anglais. Tu as rédigé quelques articles dans des revues plus ou moins prestigieuses avant de te faire repérer par un éditeur souhaitant entamer une série d'ouvrages sur l'histoire du pays depuis le Samhan. En voyant ton registre de famille, il a finalement décidé de se passer de toi.
Ce fut le premier d'une longue liste. Ta jambe, au moins, tu peux la cacher, ton registre de famille tu ne peux pas. Légalement ils ont le droit de te le demander. Or ceux qui demandent ne sont généralement pas enclins à engager quelqu'un comme toi. Mais tu as continué, et mine de rien, tu t'es fait un petit nom dans le milieu. Pas grand chose, juste assez pour être citée en bibliographie d'articles importants. Mais tout de même, tu en gonflais de fierté. A côté tu donnais quelques cours particuliers de préparation au Suneung. Tu faisais aussi quelques remplacements. Après deux années de galère, ta plus grande réussite : ta thèse qui fini dans la bibliothèque d'Harvard. La vie prenait une saveur nouvelle. Enfin, enfin, tu pouvais enfin sincèrement remercier Dieu dans tes prières. Visiblement, il t'a entendu. Un beau matin, le Pasteur de la paroisse t'a contacté : on recherchait quelqu'un à Yonsei, un historien.
Nous voilà, deux ans plus tard. Tu t'es bien acclimatée. Les collègues sont sympas, les étudiants enthousiastes et le salaire est plus que décent. Tes dongsaeng font leur vie de leur côté, et même s'ils te manquent un peu, tu te réjouis pour eux. La vie te sourirait presque ?
Il ne manque qu'une chose peut-être, l'amour (et aussi la tolérance - parce que tu es un peu bigote - mais ça, vaut mieux pas te le dire).
It's my life...
It is not where you start but
how high you aim that matters for success
how high you aim that matters for success
- Petit résumé pour les flemmards :
L'histoire commence ainsi : une petite fille rencontre ses parents, mais ce ne sont pas ses parents. Elle vit là, avec eux, mais ce n'est pas sa maison. Tout ce qu'elle a, elle ne l'a pas. C'est juste une invitée, un peu particulière. Un jour, un enfant arrive, un autre invité, puis encore d'autres. Ils n'ont rien, mais ils n'ont rien ensemble ; en fait ils n'ont qu'eux. La petite fille qui n'avait rien rencontre sa famille et décide de tout lui donner. A l'adolescence, les regards, les murmures et les questions font grandir la colère. Elle devient tout et englouti l'enfant. Elle devient tout et dévore le cœur. La jeune fille sombre. Et puis, elle prend une résolution : changer la trajectoire de sa vie. Si elle n'est rien, si elle n'a rien, avec l'aide de Dieu, elle se fera quelqu'un. La jeune femme décide de devenir professeure des écoles. Elle repasse son suneung pour mettre toutes les chances de son côté. Elle est prise en science de l'éducation. Elle s'accroche et obtient son diplôme. Elle accède à la seconde partie de l'examen national. Son avenir est devant elle !
Hélas... Elle se réveille à l'hôpital, diminuée. Elle a 23 ans. Les démons reviennent. Gaeul se noie à nouveau. Elle a l'impression d'être punie d'avoir voulu échapper à son statut. Mais rappelez-vous : « la petite fille qui n'avait rien rencontre sa famille et ils décident de tout se donner ». Alors, encore une fois, elle se relève. Parce que la Vie, le Malin, le Destin, qu'importe le nom qu'on lui donne, il ne la connaît pas. Elle se battra. Même si elle souffre, même si elle trébuche. Qu'importe, elle continuera. Elle se fera quelqu'un. Aujourd'hui, Gaeul est une femme, forte et indépendante. Elle enseigne l'histoire à Yonsei depuis bientôt 2 ans.
Les gens se présentent souvent en donnant leur nom, leur âge et leur profession. Plus loin dans la conversation, pas très loin généralement, vient la question des origines sociales. C'est systématique, immuable, à chaque nouvelle rencontre, chaque présentation, chaque entretien.
Tes origines sociales... Tu peux tenter de les cacher, parler de ton père et de ta mère sans tout dévoiler. Mais qu'importe, toi tu sais. Tu sais qu'on ne voulait pas de toi. Tu as d'ailleurs longtemps pensé que tu n'étais rien. Un œuf fissuré sur un rayon de supermarché. C'est l'image qui s'est imposée à toi. Qui de l’œuf ou de la poule est venue en premier ? Question stupide que les enfants ont parfois posée. Ta question à toi c'est d'où vient l’œuf ? D'où tu viens ? De quelle sorte de poulailler sordide la poule qui t'a pondue provient-elle pour que tu finisses abandonnée dans cette boîte. Ou était-ce le coq qui ne pouvait pas assumer son devoir, trop déplumé, ou bien désintéressé. La poule voulait-elle du coq ou est-il entré sans frapper, peut-être frappait-il de trop. L’œuf a-t-il au moins été couvé ? Même un peu, pas longtemps...
Petite, tu les as imaginés en coucou, puis en grenouille, tu as fait tout le bestiaire de ceux qui n'élèvent pas leurs petits. En grandissant tu as cessé, pas de te torturer non, seulement d'y voir des animaux plutôt que des humains.
C'était peut-être mieux quand ce n'était que des animaux, parce qu'à l'époque où ce n'était que des animaux, tu ne souffrais pas vraiment. Finalement tu te protégeais. Mais on finit tous par grandir, notre cerveau nous extirpe de l'enfance, notre corps nous propulse dans l'âge ingrat et plus rien ne nous protège. Toutes les émotions se bousculent, incontrôlables. Le barrage s’effondre : l'envie, la souffrance, la solitude, tout nous submerge. Et on devient à même de comprendre... On décrypte le regard de l'autre, on réalise notre place dans la société. Tu t'es sentie si minable, tellement minable. Pauvre petite, sans même un nom, dépourvue de généalogie. Même les mendiants en ont une, toi tu n'en avais pas.
Ces quelques années de ta vie, entre la naïveté de l'enfance et ta résolution à devenir quelqu'un, ces quelques années ont été abominables. Et même ce mot semble trop doux. La colère t'accompagnait constamment. Elle rugissait contre tes parents et les autres, ceux qui ont renoncé à ce titre, contre le gouvernement, contre tes frères et sœurs même, encore protégés dans leur monde d'enfant. Et finalement, elle te blessait surtout toi. Elle te dévorait. Peut-être que tu la laissais faire. Peut-être qu'en te sentant insignifiante et méprisable, tu l'autorisais à prendre possession de toi. Peut-être que tu pensais qu'il était juste que tu souffres ainsi. Qui étais-tu pour mériter autre chose après tout ? Rien, juste un œuf fissuré sur un rayon de supermarché, dont personne ne veut.
Heureusement, les moments de joie, de légèreté, te portaient quelquefois au-delà de toi-même et tu respirais un bref instant. Ces moments-là, ces moments-là étaient plus doux que le miel. Une oasis au milieu du désert. Tu les dois au petit chien que tu croisais sur le chemin de l'école, à quelques-unes de tes meilleures notes, à de rares fous rires entre amies, mais avant tout à ta tribu de dongsaeng.
Car contrairement à la majorité des enfants dans ta situation, tu n'étais pas dans un orphelinat. Toi tu as été placée dans une des premières familles d'accueil du pays. Un système encore minoritaire aujourd'hui. En échange d'une rémunération, certaines familles ouvrent leur maison à un ou plusieurs de ces enfants dont personne ne veut. Ta famille à toi, c'est même l'église qui l'a recommandée. Ta famille...
Au chaud, au sec et à l'abri du besoin. Même s'il te manquait ce petit quelque chose qui aurait fait d'eux tes parents, tu étais au chaud, au sec et à l'abri du besoin. Ils n'étaient pas maltraitant ; négligeant oui, c'est sûr. Parce qu'ils ne savaient pas sans doute, ou ne voulaient pas comprendre plutôt. Vous, toi et les autres, vous tous, vouliez simplement être aimés. Vraiment, honnêtement, passionnément. Aujourd'hui tu as grandi. Aujourd'hui tu les plains. Tu t'es imaginé à quoi avait ressemblé leur enfance, comment étaient leurs propres parents. Aujourd'hui tu as grandi, aujourd'hui tu les remercies.
Tu étais au chaud, au sec et à l'abri du besoin. Ils n'étaient pas maltraitant. Sans eux, jamais tu n'aurais connu aucun de tes frères et sœurs. Et qui sait si tu aurais été embauchée à Yonsei sans le réseau de l'église. Pourtant, tu n'as jamais pu te départir d'un certain ressentiment à leur égard : pourquoi ne pas t'avoir adopté ? Pourquoi ne pouvaient-ils voir plus loin qu'une bonne œuvre ? Après tout ce temps, étais-tu seulement différente du mendiant à qui il faut faire la charité ? N'étiez-vous vraiment qu'une source de revenus et de compassion chrétienne ?
Il te manque un bout de toi-même. Littéralement. C'est vraiment le destin qui se fiche de toi. Tu n'étais pas assez brisée ? Tu n'avais pas assez souffert à essayer de bricoler quelque chose d'une identité avec les morceaux dont tu disposais ? Non bien sûr ! Il fallait trancher dans le vif, faire correspondre ta psyché et ton physique. Oui, allons y, crachons lui au visage ! Pour qui elle se prend à vouloir être quelqu'un !? Elle n'est personne, il faudrait le lui rappeler ! Il faut briser ses rêves et ses espoirs, il faut briser son corps ! Arrachons-lui la peau, broyons-lui les os !
Si tu t'étais exprimée à cette époque, c'aurait été de cette façon. Tu aurais eu l'air d'une folle. Tu étais folle. Folle de colère, folle de chagrin, folle d'injustice, folle de désespoir... Tu pensais être fichue. Non, en fait au début tu ne pensais même plus. Tu étais là, sans être là ; emplie de cette colère d'adolescence dont tu pensais t'être défaite. Et puis tu es devenue apathique, absente, presque léthargique. C'est seulement après que tu t'es dis que tu étais fichue. La puissance de ce sentiment ! On ne peut pas le décrire, il faut le vivre. A vivre c'est une torture, insoutenable. C'est physique, c'est viscéral. Violent, insoutenable. Tellement insoutenable qu'on ne peut que combattre ou mourir. Un combat seule face à soi-même, extrêmement pénible.
Ça n'a pas été facile. D'abord, Il a fallu que tu regardes ton morceau de chair boursouflée et douloureux. Pour réapprendre à bouger, à marcher d'une autre façon, tu es allée chez le kiné. Il a fallu retirer ton pantalon. Il a fallu qu'il t'examine. Qu'il te touche. Entre les cuisses, sur les fesses, sur les hanches. Et cette douleur ! Ça fait mal, même avec la prothèse, c'est inconfortable. Il a fallu prendre un paquet de médicaments. Et rien y fait, tu la sens comme si elle était là. Elle brûle, elle est lourde même. Ça n'a pas été facile, ça ne s'est pas fait en un jour. C'est même encore délicat par moment. Mais tu as trouvé la force. Tu l'as créée. Elle vient de toi et uniquement de toi. Elle a forgé la femme que tu es. Et avec l'aide de Dieu, tu avances au quotidien.
Quand tu t'es sentie prête tu as repris tes études. Tu t'es longtemps dis que tu deviendrais enseignante : c'était le mieux que tu pouvais espérer étant données tes origines sociales. Mais ton petit frère, bien décidé à entamer un cursus de médecine, t'a prouvé le contraire. Tu lui as payé des cours dans les meilleurs hagwon avec l'argent sensé compenser ta jambe. Et il a réussi le bougre ! Il a été accepté à Yonsei ! Et avec une petite bourse !
Tu n'as alors plus hésité à viser le haut du panier dans ta discipline. Ta thèse a eu un écho relatif dans le petit monde des historiens, ce qui t'a permis de la faire traduire et publier en anglais. Tu as rédigé quelques articles dans des revues plus ou moins prestigieuses avant de te faire repérer par un éditeur souhaitant entamer une série d'ouvrages sur l'histoire du pays depuis le Samhan. En voyant ton registre de famille, il a finalement décidé de se passer de toi.
Ce fut le premier d'une longue liste. Ta jambe, au moins, tu peux la cacher, ton registre de famille tu ne peux pas. Légalement ils ont le droit de te le demander. Or ceux qui demandent ne sont généralement pas enclins à engager quelqu'un comme toi. Mais tu as continué, et mine de rien, tu t'es fait un petit nom dans le milieu. Pas grand chose, juste assez pour être citée en bibliographie d'articles importants. Mais tout de même, tu en gonflais de fierté. A côté tu donnais quelques cours particuliers de préparation au Suneung. Tu faisais aussi quelques remplacements. Après deux années de galère, ta plus grande réussite : ta thèse qui fini dans la bibliothèque d'Harvard. La vie prenait une saveur nouvelle. Enfin, enfin, tu pouvais enfin sincèrement remercier Dieu dans tes prières. Visiblement, il t'a entendu. Un beau matin, le Pasteur de la paroisse t'a contacté : on recherchait quelqu'un à Yonsei, un historien.
Nous voilà, deux ans plus tard. Tu t'es bien acclimatée. Les collègues sont sympas, les étudiants enthousiastes et le salaire est plus que décent. Tes dongsaeng font leur vie de leur côté, et même s'ils te manquent un peu, tu te réjouis pour eux. La vie te sourirait presque ?
Il ne manque qu'une chose peut-être, l'amour (et aussi la tolérance - parce que tu es un peu bigote - mais ça, vaut mieux pas te le dire).
Nah Jae Seong
★★★★★ LEGENDARY SHAKER (MODO)
Pseudo : kerushirei / she.
Célébrité : jung jin young.
Crédits : jae (ava) & ?? (signa).
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Re: Yi Gaeul | Lun 2 Mai 2022 - 23:00 Citer EditerSupprimer
Rebienvenue par ici
Ca fait toujours plaisir de voir revenir des gens sur shake
En tout cas, ta nénette m'a vraiment l'air intéressante
Et puis, je suis tellement curieuse de savoir quelle bouille tu vas choisir
J'vais grave stalker ton profil jusqu'à ce que tu mettes un vava
Ca fait toujours plaisir de voir revenir des gens sur shake
En tout cas, ta nénette m'a vraiment l'air intéressante
Et puis, je suis tellement curieuse de savoir quelle bouille tu vas choisir
J'vais grave stalker ton profil jusqu'à ce que tu mettes un vava
Invité
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Re: Yi Gaeul | Lun 2 Mai 2022 - 23:18 Citer EditerSupprimer
comme a dit kerushirei, j'vais stalker ton profil jusqu'à ce que tu mettes une bouille.
ton personnage m'a l'air fort intéressant, devrais-je cacher baekji de gaeul ?
rebienvenue sur le forum et courage pour la rédaction de ta fiche.
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Re: Yi Gaeul | Mar 3 Mai 2022 - 5:30 Citer EditerSupprimer
comme mes camarades du dessus, je suis à l’affût ce suspens autour de ton FC omg
rebienvenue a toi et bon courage pour ta fiche
n’hésite pas si tu as là moindre question :luv5:
rebienvenue a toi et bon courage pour ta fiche
n’hésite pas si tu as là moindre question :luv5:
Lee Seo Joon
☆☆☆ FIRST WIN SHAKER
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Re: Yi Gaeul | Mar 3 Mai 2022 - 8:44 Citer EditerSupprimer
NOONA !!!!!
Je suis vraiment trop contente que tu reviennes !! Seojoon a bien besoin de sa grande soeur
Vite vite vite que tu sois validée et qu'on rp, parce qu'il a besoin de se confier
Welcome back
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©️crackintime
Je suis vraiment trop contente que tu reviennes !! Seojoon a bien besoin de sa grande soeur
Vite vite vite que tu sois validée et qu'on rp, parce qu'il a besoin de se confier
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Re: Yi Gaeul | Mar 3 Mai 2022 - 10:40 Citer EditerSupprimer
Rebienvenue !!
Ravie de voir que tu as retrouvé le temps/la motivation/la forme, enfin le petit truc qui faisait que tu avais fini par prendre la décision de partir !
Je trouve toujours ce côté très traditionnel des coréens chrétiens hyper intéressant à jouer (bien que j'en suis incapable parce qu'en vrai ça me rend dingue ) mais du coup, je pense que ça peut faire des étincelles monumentales avec mon petit Young Won. Il est hyper peace, mais il a du mal avec la fermeture d'esprit et la bigoterie, je pense qu'on pourra se trouver un truc intéressant !
Bref ! Courage pour ta fiche mais je crois que t'as fini ! Donc juste welcome back !
________________________________
Ravie de voir que tu as retrouvé le temps/la motivation/la forme, enfin le petit truc qui faisait que tu avais fini par prendre la décision de partir !
Je trouve toujours ce côté très traditionnel des coréens chrétiens hyper intéressant à jouer (bien que j'en suis incapable parce qu'en vrai ça me rend dingue ) mais du coup, je pense que ça peut faire des étincelles monumentales avec mon petit Young Won. Il est hyper peace, mais il a du mal avec la fermeture d'esprit et la bigoterie, je pense qu'on pourra se trouver un truc intéressant !
Bref ! Courage pour ta fiche mais je crois que t'as fini ! Donc juste welcome back !
Sky & earth are overturned trapped in the silence |
Kang Tae Ran
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Pseudo : little liars (audrey), she/her.
Célébrité : kim chaehyun (kep1er).
Crédits : moonlight (ava)
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Re: Yi Gaeul | Mar 3 Mai 2022 - 10:53 Citer EditerSupprimer
c'est super de te revoir parmi nous, je le redis
on aime les retours ici
le personnage de gaeul est toujours aussi intéressant
(re)bienvenue à la maison
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underco
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le personnage de gaeul est toujours aussi intéressant
(re)bienvenue à la maison
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Re: Yi Gaeul | Mar 3 Mai 2022 - 11:29 Citer EditerSupprimer
Rebienvenue par ici
Les retours, ça fait toujours plaisir
________________________________
Les retours, ça fait toujours plaisir
❝ wild beasts wearing human skins❞ you were not born of stardust, darling, stardust was born from you, it’s why the stars feel your sorrow and aching heart, they are the fragments of your lost soul, scattered across an endless galaxy, but don’t be afraid, darling, maybe life has broken you, but it can never destroy you.
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Re: Yi Gaeul | Mar 3 Mai 2022 - 12:12 Citer EditerSupprimer
REbienvenue par ici !! Quel plaisir de te voir de nouveau là **
Amuses toi bien j'ai hâte de voir le choix omg .. MAIS QUEL SUSPENS xD
Vite vite la révélation
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