Sa main repousse le gobelet déjà présenté à de trop nombreuses reprises et son regard s'ancre, lame tranchante dans les orbes dilatées de cet autre étudiant. — Va te faire. Ton truc j'en veux pas plus maintenant que j'en voulais pas tout à l'heure mais t'as l'air trop con pour capter les signes subtiles. Ma politesse a des limites alors ouvre grand tes oreilles et va te faire foutre. Le sourire à ses lèvres indique ce qu'elle redoutait ; il ne compte pas abandonner et sa lourdeur à la limite de l'indécence l'irrite. Avant qu'elle n'ait l'occasion d'en dire plus, un autre gars s'ajoute à l'équation. Suzu n'a pas le temps de soupirer car elle ne décèle que sa main posée sur l'épaule de son camarade dans l'obscurité et les lumières tamisées ; elle entend sa voix qui durcit le ton par dessus la musique et les basses assourdissantes et bien malgré elle, n'en perd pas une miette. — Mec on bouge de là y'a les putains de flics qui vont débarquer. Et maintenant qu'il le dit, qu'elle remarque les quelques personnes qui se fondent dans l'obscurité pour se tailler sans laisser de trace au milieu des autres, ça percute dans son crâne qu'elle doit récupérer Dambi tout de suite et se tirer avant qu'on ait le temps de les embarquer. Elle se lève, se fraye un chemin parmi les corps déchaînés. La dernière fois qu'elle l'a vue, c'était sur la piste de danse avec deux autres filles dont les visages lui échappaient et elle avait alors préféré décliner la proposition. — Dambi. Lorsqu'elle la trouve [accompagnée toujours de ses nouvelles copines] sa main la tire du cortège par le bras et ses lèvres viennent se glisser à son oreille pour la mettre au courant. — Les flics arrivent, faut dégager de là tout de suite. Parce qu'elles avaient beau ne rien faire d'illégal elles, leur seule présence à cette petite fête risquerait d'entacher leurs dossiers d'une façon que rien ne pourrait possiblement rattraper. Son regard sombre croise alors celui de son amie puis se pose sur les deux filles restées en retrait. — Tu choisis de leur dire ou non. Peu importe sa décision, il faudrait qu'elles regagnent une sortie de secours pour devancer les forces de l'ordre.

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Dans la précipitation, sa silhouette se heurte à d'autres et son joli top blanc en fait les frais. Elle hisse de surprise, couine d'agacement jusqu'à maudire ce foutu mélange d'alcool et de soda qui colle à sa peau. — Dam! Dambi, attends deux secondes putain! Elle tire sur son bras pour attirer l'attention de son amie et la forcer à marquer un temps de pause. Son autre bras ruisselle du cocktail étranger et elle en laisse échapper un râle de dégoût en secouant sa main pour se débarrasser de l'excédent. — La sortie de secours, vraiment ? C'est idiot. Elle ne peut s'empêcher de penser au fond que si la sécurité devait débarquer de quelque part, les entrées principales et issues de secours seraient les premiers points de chute pour cercler la masse. Avec la tonne de stupéfiants et autres produits dont elle ne soupçonnait probablement même pas la présence ici, un faux pas risquerait de leur coûter cher. — Viens avec moi. Elle a une idée, bonne, elle aurait été incapable de le dire pour l'instant mais elle avait remarqué quelque chose pendant que la plus âgée les tirait dans leur cavalcade : une porte à la dérobée, située juste derrière le bar et un peu en retrait. En trompe-l'oeil invisible à première vue et puis, elle avait vu un gars s'y engouffrer, puis deux et étrangement, tous donnaient l'impression d'avoir à fuir. — Par-là ! dépêche-toi Elle passe sous le comptoir du bar, tirant Dambi avec elle et cherchant l'échappatoire de ses mains curieuses qui tapotent le mur jusqu'à trouver la clenche. Ses yeux s'écarquillent. — Je sais pas où ça mène. 50% on s'en sort, 50% on est dans les emmerdes. T'es in? Elle pose la question. Tu parles qu'elles sont in! Si ce chemin doit mener quelque part, il y a plus de chances que les flics ne le sachent même pas. — On y va. La porte s'entrouvre de quelques centimètres, la musicienne y engouffre son amie et la porte se referme aussitôt derrière elles. Sombre et silencieux. — Meuf j'ai mal au crâne, waaaah... ça résonne en prime.

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Son dos heurte la porte avec soulagement et sous ses doigts tremblotants d'appréhension, d'adrénaline aussi, le cœur bat à tout rompre dans sa poitrine. Sa main libre cherche dans les confins de la pochette enserrée à sa silhouette le téléphone qu'elle se souvient avoir chargé à titre de précaution avant de sortir. Son visage pourtant n'affiche guère de moue plus fière que son amie lorsqu'elle en allume l'écran pour enclencher sans plus attendre la fonction de lampe poche. — Ouais. 'Fin... à moitié, quoi. Les épaules s'affaissent  tandis qu'elle se redresse pour se décoller du mur. — J'ai d'la batterie mais là tu vois, j'capte r niveau signal dans c't'endroit pourri. Et c'est con, parce que ça les aurait bien aidé le coup de fil à un ami pour les récupérer en bagnole et déguerpir sans plus tarder dès que ce tunnel un peu glauque aura décidé de les recracher… dans un coin pas trop paumé de la ville, si possible. — Bref. On avait dit qu'on restait ensemble. Tes nouvelles besties étaient pas assez cool pour que vous terminiez la soirée ensemble au poste de police ? Elle lève les yeux au ciel dans un rictus amusé, passant devant Dambi pour la chahuter un peu d'un choc contre son épaule et orienter la lumière vers l'extrémité du long couloir obscur. — T'as peur ? L'éclat de son téléphone illumine faiblement son visage, mais suffisamment pour révéler son expression provocante, la nonchalance assumée de son visage en contraste avec ses sourcils réhaussés, qui font des vagues comme pour venir titiller et brusquer la témérité de son aînée.

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