Le problème d’avoir un meilleur ami tout aussi occupé qu’elle, c’était qu’ils ne se voyaient jamais. Ils s’accordaient des moments de temps en temps, mais finalement, ils ne s’accordaient pas cent pourcent de leur attention car c’était souvent des révisions ensemble, ou toutes autres sortes de choses liées à leur cursus. Une fois encore, ils avaient réussi à trouver un moment à passer ensemble, mais ce n’était pas qu’une simple distraction : le salon de la médecine. Ainsi ils faisaient une pierre deux coups en passant du temps ensemble et en apprenant des choses qui les aideront pour leurs études et leur avenir. Comme à son habitude, Narae avait insisté pour qu’ils y aillent en moto préférant conduire plutôt que prendre la voiture du goguryeo. Pour ce court séjour la jeune femme avait laissé son chien entre les mains bienveillantes de Jia Xin, étant totalement sereine pour ce voyage jusqu’à Daegu. Elle adorait faire de la moto, et avec Dong Yul derrière elle, quoi de mieux, même si elle savait qu’il n’appréciait pas autant qu’elle, ce qui ne la dérangeait pas pour autant. Elle trouvait plus simple de se déplacer en moto, et aussi plus rapide qu’en voiture. Ils avaient déjà fait les deux tiers du chemin quand un bruit pas rassurant provenant du moteur fit prier Narae les cieux que ce n’était que son imagination. Pourtant, ce n’était pas le cas, et par sécurité elle s’arrêta sur le bas-côté. Alors que Dong Yul descendait de l’engin, elle essayait de la redémarrer, mais rien à faire. Narae ferma les yeux et soupira longuement. “Non, c’est juste une pause pipi.” répondit-elle sarcastiquement après avoir retiré son casque à son tour. Elle leva les yeux à la remarque de son meilleur ami. “Oui, et au début, personne n’avait cru Copernic quand il avait dit que la Terre tournait autour du soleil, pourtant c’est le cas.” répondit-elle, bornée. Les deux amis avaient un caractère bien trop similaire, et c’était à se demander parfois comment une telle amitié avait pu tenir. Mais l’étudiant avait raison, et comme si cette situation n’était pas suffisante, la pluie commença à tomber fortement. “Mets ton casque, ça te protégera.” fit-elle ironiquement. Mais ce n’était pas ça qui l’amuserait sûrement, et à vrai dire, si elle n’était pas aussi fière, elle aussi serait en train de pester. “J’te propose plusieurs options. A pieds, ou la dépanneuse.” A vrai dire, la pluie n’était pas un problème pour Narae qui s’inquiétait surtout pour sa moto. Attendre la dépanneuse sous la pluie ou faire plus d’une heure de trajet en poussant sa moto ne la dérangeait pas, mais vu la puissance et la taille de l’engin, ça allait être plus sportif qu’une séance de musculation.

C’était bien sa veine ça, son deuxième bébé avait des problèmes, et pas au cours d’un trajet dans la capitale, sinon ça ne serait pas amusant, au beau milieu de nulle part c’était mieux. Les deux caractères similaires des meilleurs amis prenaient l’un et l’autre sur eux bien souvent, et si Dong Yul avait cédé pour la moto, c’était au tour de Narae de temporiser cette situation qui l’aurait profondément agacé en temps normal. Elle détestait la terre entière intérieurement, mais préféra être sarcastique pour cacher son agacement. Le goguryeo n’aidait d’ailleurs en rien à relativiser. D’un autre côté, elle pouvait le comprendre, une panne à une heure de la ville la plus proche et le temps qui faisait des siennes, rien ne jouait en leur faveur. “Ce n’est pas parce qu’on nous dit quelque chose que c’est forcément mieux ou vrai. Ta voiture aussi peut tomber en panne.” Mais au moins, ils auraient pu se mettre à l’abri, même si l’idée du casque ne restait pas si mauvaise. “Pardon, ça va abimer ton brushing beau gosse.” Le taquina-t-elle en retour, s’étirant malgré la pluie qui continuait de tomber. L’heure était venue de mettre ces deux cerveaux ingénieux en marche. Narae proposa, ce qui ne fut pas au goût de son meilleur ami. Elle soupira, exaspérée. “Et ça se dit un homme.” La jeune femme avait parfois l’impression de prendre plus de risques ou d’être plus téméraires que ce qui s’appelait le sexe fort. Même si ça avait été difficile, elle aurait été prête à pousser sa moto jusqu’à Daegu, du moins c’était ce qu’elle aurait fait si elle avait été seule. Appeler une dépanneuse ? Elle avait horreur de ces mécaniciens qui pensaient mieux s’y connaître et qui l’infantilisait comme si elle avait un jouet trop gros pour elle et qu’elle ferait mieux de retourner jouer aux Barbies. “Pas très éthique de tuer quelqu’un docteur Yi. Allons trouver un endroit où s’abriter, si t’en trouves un.” Mais avant ça, elle sortit un papier et un stylo qu’elle abrita de sa main libre pour écrire accroupie en prenant appui sur sa cuisse. Y a une localisation sur la moto alors si tu me la vole, je te trouve et je te tue. Et laissa le papier à un endroit sur la moto que la pluie n’atteignait pas. “Et toi aussi, si quelque chose arrive à ma moto, je te tue.” fit-elle en rangeant ses affaires dans son sac à dos. Les deux amis s’avancèrent sous la pluie, à la recherche d’un endroit où s’abriter, Narae secouant de temps à autre son t-shirt qui avait fait scandale auprès de son meilleur ami, ne trouvant pas agréable la sensation du tissu qui collait. “Tu sais que tu ressembles à une idole comme ça ? Non, même mieux, le mec dans les dramas que toutes les filles aiment mais lui va tomber amoureux de la fille qui se fait harceler ou un truc comme ça. Cela dit, ton histoire avec Liwei on dirait déjà un drama.” Elle secoua la tête, se disant qu’elle avait sûrement trop regardé les dramas où Yunho avait pu jouer. “Laisses tomber, mon cousin est bien mieux dans ce genre de rôle.” Mais c’était quand même ainsi qu’elle voyait Dong Yul.

Les deux étudiants n’avaient pas forcément pour habitude de se disputer, mais il était clair que les deux caractères francs ne leur laissaient rien passer. Par miracle, ils étaient toujours autant proches à chaque fois. En fait, elle aurait bien voulu s’énerver elle aussi contre la panne et la pluie, mais ça laisserait dire que Dong Yul eût raison, et même si c’était le cas, elle préférait lâcher ses nerfs en contredisant son meilleur ami. “Oh mais parce que tu crois que je contrôle la météo en plus ?” Parce que ça, elle ne l’avait pas prévu. En fait, elle n’avait tout simplement pas regardé les prévisions météo. La jeune femme indépendante était prête à faire le reste du chemin à pied, se fichant bien qu’elle en aurait pour plus d’une heure de route. Marcher, c’était bon pour la santé, et les deux étudiants en médecine le savait. Mais sous la pluie, c’était une autre à faire, et ses cheveux bruns commençaient déjà à se coller à son visage. “Mais ça se trouve la pluie va se calmer, c’est quoi cette réaction de citadin à pas vouloir marcher ? D’accord, y en a pour plus d’une heure, mais à pied ou à moto, t’es jamais content de toute façon.” Ce qui, en soit, n’était pas totalement tort. Elle émit un râle de frustration, comme à chaque fois qu’ils se disputaient. Parfois elle avait envie de lui mettre la tête dans l’eau et si ça continuait, ça allait être une flaque. Narae écrivit ensuite un mot qu’elle laissa sur sa moto, n’aimant pas spécialement de la laisser seule ici, en foudroyant du regard Dong Yul face à sa question comme s’il était débile. “Parce que tu crois que les pièces détachées ça ne se revend pas ? Ou qu’elle ne peut pas être volée pour être réparée ? Tu laisserais ta voiture toi, ouverte avec les clés sur le contact, si elle était en panne ?” Surtout que l’étudiante ne possédait pas une petite moto premier prix. Elle y tenait autant qu’à son chien et sa carrière. Ils se mirent en route, et sur le chemin elle ne put s’empêcher de commenter la situation, un léger rire lui échappant quand il parla de Li Wei. “Oh, sérieusement, Dong Yul, t’es pas si bête que ça quand même. La jeune fille timide qui tape dans l’œil du type qui ne s’intéresse à rien d’autres que ses études ? Cherches sur internet, j’suis sûre qu’il y a un drama là-dessus. Et je n’essaie pas de t’amadouer, mais je sais que tu m’aimes quand même.” Le taquina-t-elle en tapotant sa tête bien qu’il soit bien plus grand qu’elle, retrouvant quand il était avec lui, un peu de sa candeur qui lui avait été arrachée bien trop tôt. “Un abri de bus ? Mais ça veut dire qu’un bus passe par ici !” s’exclama-t-elle quand il se rapprochèrent de l’abri, nullement protégé. Trempée pour trempée, elle s’assit tout de même sur le banc qui était mouillé. “J’ai des anticorps super solide depuis que j’ai vécu en Russie, garde ta veste.” C’était vrai que depuis le temps, Narae n’avait plus la même résistance au froid, et que ses vêtements deviennent encore plus révélateurs la dérangeait nullement.

Réussi : Le bus passe effectivement peu de temps après. Ils se dirigèrent dedans sans hésitation, persuadés d’être sortis d’affaire. Mais c’était sans compter sur cette pluie qui fit perdre le contrôle au chauffeur, et accidenter légèrement le bus, mais assez pour le mettre en panne.

Echec : Après une bonne demie heure, toujours pas de bus, et Dong Yul songe à tuer Narae.

Le cœur arraché, Narae dû se résoudre à laisser un petit mot amical à celui qui tenterait de voler sa luxueuse moto. Elle savait bien que ce n’était pas un morceau de papier qui retiendrait quiconque de la lui prendre si l’envie lui prenait, mais ce qu’elle savait en tout cas, c’était qu’elle n’avait pas menti. Elle avait bien mis un traceur sur l’engin, au cas où qu’un petit malin voudrait lui voler un jour. Si ça venait à arriver en ce jour pluvieux, elle ne mettrait pas longtemps à retrouver l’inconscient pour lui faire la peau. “Sauf que je peux réellement la retrouver si on me la vole. Je les préviens après tout, s’ils osent quand même, c’est à leurs risques et périls.” Ce séjour instructif commençait à vraiment virer au cauchemar. Entre la panne et la pluie, Dong Yul qui n’était pas du tout enclin à rendre la situation plus agréable, ils n’avaient pas des tonnes de solutions en se trouvant au milieu de nulle part. La future neurochirurgienne pestait intérieurement, hors de question de montrer à son meilleur ami qu’elle était d’accord avec chacune de ses paroles – sauf quand il remettait toute la faute sur elle. Ils marchèrent à la recherche d’un endroit où s’abriter, Narae n’ayant pas vraiment foi en cette idée. A la réponse du garçon, un léger sourire étira ses lèvres. Ils n’avaient jamais eu cette amitié à se prendre mutuellement dans les bras ou à se dire combien ils s’aimaient, mais elle savait qu’il mentait, ce qui l’amusait. “Mais oui, bien sûr.” Elle lui lâcha seulement un regard assassin quand il fut sarcastique à sa remarque sur le bus. Il lui donnait parfois des envies de meurtres, et ces deux mauvais caractères lâchaient clairement des ondes négatives qui devaient se ressentir jusqu’à Séoul. “Si je tombe malade, je peux me soigner seule de toute façon.” L’avantage des études de médecine, ou de travailler dans un hôpital. Dans le meilleur des cas elle aurait un rhume et n’utiliserait aucune médication, si elle attrapait la grippe, elle se ferait ausculter à l’hôpital. Ça donnera du travail à ses stagiaires d’ailleurs, un cas si simple. Simple, mais qui n’empêcherait pas de les faire stresser devant l’intransigeante Narae. Finalement, un bus arriva et ils purent monter dedans. Elle ne savait pas si c’était la journée qui était ainsi où si la réunion des deux meilleurs amis avait tendance à faire des étincelles, mais le bus se mit soudainement à dérailler et le chauffeur eut du mal à en reprendre le contrôle, secouant les quelques passagers. Heureusement rien de grave, mais la silla ne put s’empêcher de s’agripper à la main de Dong Yul, s’assurant en même temps que lui si lui-même n’avait rien. “Et toi ça va ?” demanda-t-elle un peu surprise par ce revirement de situation. Le bus ne redémarrait pas, mais c’était plus facile pour les conducteurs de contacter leur dépôt qu'elle aurait eu avec une remorque pour sa moto. “On ne se voit jamais et faut que ça arrive à ce moment-là. Le chauffeur fit une annonce comme quoi il y en aurait pour une petite heure, et la jeune femme soupira en appuyant sa tête contre le dossier. “Tu crois que c’est un message de l’univers pour nous empêcher d’aller à la conférence ? Je ne sais même pas si on y sera à l’heure.”