Marchant lentement dans la salle, les pupilles observaient les élèves, ces ombres dansantes au milieu de la pièce. Parfois tu t'avançais vers une âme peuplant cette foule, repositionnant bras ou jambe, relevant le menton, les doigts indiquant de regarder droit devant. Parfois tu venais féliciter d'un sourire ou d'un pouce levé le travail parfaitement exécuté. La musique résonnant dans la pièce, tu bougeais parfois en rythme sans le vouloir, les lèvres murmurant des paroles. Puis la fin du cours arriva et tu libéras la petite troupe, les remerciant et les félicitant. L'esquisse fière tu les observais quitter ta salle, comme une mère fixer ses enfants partir pour leur premier jour d'école. Tu saluas les petits retardataires, ceux qui sortaient toujours en dernier. Et tu te retrouvas seule. L'esquisse s'estompant progressivement, tu laissas ton regard traîner autour de toi. Vide. C'était vide. Tu pris tes affaires après t'être changée, et tu te dirigeas vers la salle des professeurs. Ca ne te dérangeait pas de rester là mais tu trouvais le temps long. Les doigts tapotant la table devant toi tu plissas le nez, songeant, te perdant un peu plus dans tes pensées avant de te lever d'un bond, une mission dans le creux de l'âme. « Coucou c'est moi », annonças-tu joyeusement en arrivant dans la salle désirée, le sourire large aux lèvres et le regard pétillant. « Je t'ai manqué hein ? », tu lui offris une frimousse malicieuse tout en t'avançant vers lui. « Tu vas bien ? », demandas-tu en prenant une chaise, t'installant à ses côtés, les pupilles voyageant un peu partout. « Tu faisais quoi ? T'étais occupé ? J'étais en salle des prof et je m'ennuyais. Puis je me souvenus que t'étais là et je me suis dit que j'allais passer te voir pour te dire bonjour », en gros t'étais venue juste pour l'embêter. Tu lui offris tout de même un sourire innocent, le regard brillant. « Je peux t'aider à faire quelque chose ? », l'interrogeas-tu doucement, battant des cils telle une biche adorable.

Quelques lignes tracées presque parfaitement droites malgré la largeur du tableau certains avaient de grand regard illuminés, tandis que d'autres semblaient pâlir devant un être robotique comme tu l'étais. C'était donc ça, un prodige de la perspective. Quelqu'un qui comprenait des lignes incompréhensibles. Quelqu'un qui mélangeait avec une magie presque noire une créativité sans limite avec des mathématiques proprement exécutés. Un mélange sûrement impressionnant mais qui n'arrangeaient rien à cette tête d'un blasé qui était la tienne. Tu aimais ce que tu faisais, mais ton expression ne changeait que rarement lorsque tu donnais des cours. Sûrement plus détendue lorsqu'un élève réussissait ou quand tu dessinais. Des devoirs, tu voulais bien en donner, ça t'en ferait aussi mais le progrès passait par la pratique, alors tu les distribuait, comme du petit pain, dont les gens ne voulaient étrangement pas. La fin sonnant alors tu pris du temps pour t'asseoir, mettre au propre ta liste de choses à faire que tu aimais garder sur toi, et mettre à jour aussi souvent qu'il fallait. Un peu toqué sur les bords tu ne voulais aucune rature, exigent comme tu l'avais toujours été. Cet trait dépassant alors ta ligne, fait sous le coup de la surprise sera donc effacé plus tard. " Il n'y a que toi pour arrivée comme ça. " Et te faire raté ainsi. " Toi oui, la surprise qui vient avec ta présence non. Regarde tu m'as fait raté !! " Le doigt pointant l'erreur comme une gravité sans nom tandis qu'elle n'était que minime. "Sinon ça va et toi? Tu sembles en forme. " Peut être même que "forme" n'était pas suffisant vu le débit de parole. Yura était une boule d'énergie, une avec qui tu semblais en phase contrairement à ce qu'on pouvait penser. "Je mettais ma liste à jour rien de fou ... Tu peux effacer le tableau si tu veux. " Une chose de moins à faire; Le sourire satisfait pendant que tu réparais ton erreur. " Tu as encore des cours après ou tu as fini? " Prendre un café ou un thé avec elle remontrera peut être ton énergie drainée par tant de gens dans la même pièce. " Dis tu fonctionnes à quoi toi? " Question étrange mais réelle quand tu la voyais aussi énergique. Café, thé, matcha... DROGUE ?

" "

T'étais pas du genre trop énergique, incapable de rester en place cinq minutes. Tu aimais bouger, oui, mais tu pouvais aisément te poser dans un coin et attendre – chose qui pouvait en étonner plus d'un.e d'ailleurs. Pourtant aujourd'hui tu semblais avoir du mal à attendre là, et à ne rien faire. Tu avais du mal à te dire que t'allais simplement attendre que le temps passe. Dans l'absolu, tu le pouvais. Attendre. Mais t'avais pas envie – et c'était là une grande différence selon toi. Tu ne voulais pas passer ce temps-là seule, préférant la compagnie d'une personne à celle de la solitude. Tu ne voulais pas trop réfléchir, pas trop te perdre dans tes pensées décousues. D'où l'idée d'aller embêter l'un des professeurs du campus. Enfin non, tu n'embêtais pas : tu tenais compagnie, c'était différent. Pas vrai ? « Evidemment, qui d'autre ? », commentas-tu en haussant les épaules avant de sourire comme si tu étais l'innocence en personne, t'avançant vers lui tel un chat rusé. « Eh », fis-tu simplement dans une petite moue, te penchant pour observer ce qu'il venait de rater. « Oh ça va, ça s'efface », et si tout était aussi simple en réalité. Effacer pour recommencer ou juste pour oublier. « Ma surprise te fait autant plaisir que ma présence, ne mens pas », ton index vint appuyer sa joue, le regard brillant. « Ca va bien », t'étais pas plus en forme que d'habitude. Tu lui souris. « Effectivement », que tu commentas dans un souffle. « Je peux te cirer les pompes aussi si tu veux », ajoutas-tu en tournant le regard vers lui, les sourcils haussés. Il t'avait prise pour qui ? La femme de ménage ? Tu levas les yeux au ciel, un fin sourire aux lèvres, effaçant tout de même le tableau. « Tu me revaudras ça », articulas-tu en ayant fini, l'esquisse grande sur la bouche. « Non j'ai fini. Et toi ? », tu observas un instant la pièce, ses affaires. « Comment ça je tourne à quoi ? Je me drogue pas », tu ris quelque peu aux sous-entendus. « Si tu veux tout savoir... », commenças-tu, le sourire mutin, te penchant vers lui. « Jus de fruits. Essaie, tu verras. Et le sport, aussi », fis-tu après une brève réflexion. « D'ailleurs, quand est-ce que tu viens me voir dans ma salle ? Ca te tente d'apprendre une danse ? N'importe laquelle », bon, tu pouvais pas tout enseigner mais.. vous pouviez apprendre à deux. « Tu comptes rester ici ? », désignas la salle de l'index. « Il fait bon, on pourrait prendre l'air... non ? »

Ce n’est pas que tu manquais d’énergie, ou que tu étais paresseux, mais tu économises salive et force pour faire ce qui te tenait à cœur, ou bien ton travail. Plutôt tranquille dans la forme, c'était là le pouvoir de l’artiste qui pouvait rester des heures à peindre sans s’ennuyer. Le dos en prenait un coup, ou bien les fesses souvent malmenées quand elles étaient posées sur une chaise trop longtemps. Mais c’était faisable. Hors ce jour une petite âme perdue avait décidé de ne pas te laisser finir ta journée comme elle avait commencé. Non pas qu’on aurait pu qualifier cela d’embêtement puisque tu l’appréciais, on aurait tout de même pas miser sur votre amitié de prime abord. " Personne c’est ce que je dis. " Et pourtant, même si le ton n’était pas le plus enjoué que la terre est portée, il était assez ensoleillé pour ceux qui te connaissait, sourire aux coins des lèvres. Enfin jusqu’à ce que tu réalises l’immense erreur qu’elle t’avait fait commettre, ouvrant de grands yeux quand elle balayait cela d’un revers de main. " Tu oses. " Au fond, tu n’étais pas énervé, ce n’était pas même grave, mais c’était drôle de le faire croire. Laissant alors le crayon pour un moment tu l’observais avec cette même tête blasée qui rendait bien souvent les gens fous. " Si Yura the Queen le dit alors bien sûr. " Il était beaucoup plus facile d’abdiquer, surtout quand l’autre avait réussi. Le rire dans la gorge tu ne pouvais t’empêcher de vouloir la taquiner encore plus suite à cette réponse. "Avec plaisir, j’en ai d’autres à la maison si tu t’ennuies. " Sans offense, puisqu’elle le faisait, d’effacer le tableau, tout en boudant comme une enfant. "TIens tu une liste des choses que je te dois ? Sinon tu finiras par oublier. " Et dire que tu l’aimais bien, vraiment spécial comme amour. "J’ai fini aussi je corrige juste deux trois trucs. " Comme ça tu n’en parlais plus, tu n’y pensais plus et l’esprit pourrait se libérer. Peut être même qu’un jour tu aurais cette énergie qu’elle dégageait. Ou pas. "Café, sucre, tout marche.. dis moi j’ai l’impression d’être une loque après avoir parlé pendant des heures. " Un vrai chamallow qui fondait d’une chaleur ardente. Le corps légèrement penché pour écouter ses recommandations secrètes tu hochas alors la tête prêt à essayer. " Hm sauf le sport, jus de fruit ok. Paies moi un jus de fruit. " le regard sérieux se levant sur elle tu cherchais là une affirmation. "Je me demande comment tu peux voir sur ma tête une once d’espoir pour la danse… " Elle avait un espoir assez grand, des rêves un peu fous. "Non on peut sortir de toute façon tu me dois un jus de fruit. " Pris d’un élan d’énergie tu te levais donc pour ranger un bureau presque vide. "Tu connais un bon endroit? " Le non n’était pas acceptable. Même non compris. " J’ai faim aussi. " C’était à croire qu’elle devenait ta mère à cet instant précis. " Quelqu’un a essayé de prendre mon stylo… avec lui. " La moue boudeuse tu avais toujours beaucoup de mal à partager, malgré la générosité qui brûlait en toi. Cet acte non respectueux t’étais resté en travers de la gorge.

" "

« C'est ce que je dis aussi », affirmas-tu dans un mouvement du visage. Dialogue de sourds, bonjour. Tu souris tout de même, contentée. « J'ose et même deux fois », rétorquas-tu, le sourcil levé dans un défi muet. Défi qui n'avait même pas lieu, en soit. « Bien sûr que je le dis et je le redis même. Je sais que ça te fait plaisir, je le vois dans tes yeux », tu agitas les doigts vers les dits yeux, l'esquisse plus fine et plus amusée aussi. Tu savais que tu dérangeais un peu. Mais sans trop déranger quand même. C'était quelque chose que tu aurais remarqué et même si Hailian paraissait blasé au possible tu savais que c'était qu'une façade et qu'il était content de te voir. Il était content de te voir hein ? Oui. T'en étais sûre. « Bof », commentas-tu simplement dans une grimace avant de rire. « Ouaip, tout est inscrit. Et t'en fais pas je risque pas d'oublier », t'oubliais pas quand on te devait quelque chose ni quand tu devais quelque chose, d'ailleurs. Qu'on ne pense pas que ce soit pas le cas, t'oubliais pas ce genre de choses... Plus ou moins. « D'accord », dis-tu comme une enfant sage, attendant que Papa termine « deux/trois trucs » pour le boulot, les lèvres finement pincées alors que tu le fixais. « Parce que t'es une loque. Accepte ta destinée », que tu dis, faussement compatissante, la main sur son épaule, taquine. « Non je sais pas. Ca dépend des choses je présume. Certains sont faits pour bouger tout le temps, d'autres non », tu haussas les épaules dans un air incertain. T'avais pas la science infuse. « Tente le café. Puis le sucre. Puis les deux. Tu verras bien », t'avais de bons conseils quand même. Parfois. « Pourquoi je devrais te payer un jus de fruits ? Ce serait plutôt à toi de me le payer, par galanterie », ronchonnas-tu, le nez plissé en secouant le visage. La galanterie se perdait de jour en jour c'était incroyable. « J'en vois pas », lâchas-tu, le visage le plus neutre possible. « Mais j'ai entendu que l'espoir faisait vivre donc... Peut-être que... », tu agitas un peu les doigts, comme si la magie en sortait pour éveiller chez lui un talent caché pour la danse. En soit peut-être que c'était le cas et qu'il ignorait lui-même ce talent. « Tu veux dire que tu m'en dois un », tu levas le pouce dans un sourire. « Il y a de bons endroits pas trop loin. Je vais t'y emmener. Tu mangeras un truc là-bas », tu ris quelque peu en levant les épaules, prête à partir. Tu clignas des paupières à ses mots suivants, l'observant un instant avant de froncer les sourcils, les mains sur les hanches. « Qui a donc osé ?? », dis-tu, ressemblant à une mère agacée qu'on ait osé piquer le stylo de son gosse. « Qu'il se dénonce s'il ose, j'irai le voir », tu agitas le doigt d'un air menaçant, mécontente. « Franchement ça se fait pas. Les jeunes de nos jours... », soufflas-tu dans un autre mouvement du visage. « C'est plus ce que c'était. Franchement. Inscris ton prénom sur le stylo. C'était ce que je faisais quand j'étais petite pour éviter qu'on me le pique », bon c'était surtout ta mère qui le faisait mais même principe. « Allez viens mon enfant, maman va s'occuper de toi », articulas-tu en lui faisant signe de te suivre, le rire dans la gorge, les doigts menaçant de pincer ses joues. Tu quittas l'endroit ensuite, l'emmenant avec toi dans un petit café du coin. Tu saluas directement les employé.e.s en arrivant. « T'as vu, maman a le bras tellement long qu'elle arrive à t'offrir la meilleure place du café », tu fis claquer tes doigts, désignant une table dans le coin. Et tu ris à ta propre bêtise en prenant place.

Vous n'alliez pas aller bien loin, pourtant ce n'est pas la subordination ou l'énervement qui se posait sur ton visage. Une simple expression d'un homme un peu perdu, un peu épuisé. "Ahhh si ça se voit alors que puis je faire ? "Le coin des lèvres se relevaient dans une vitesse étonnante pour repartir aussi vite, laissant cette moue neutre reprendre le dessus. En tant que mime tu aurais fait fureur. Par contre en humoriste on repassait clairement. L'humour semblant ne pas couler dans tes veines c'est avec barbarie que tu renvoyais chaque balle à ton amie. Heureusement que Yura savait, qu'elle te connaissait et ne s'en formalisait pas. "Quel dommage pour moi.. "C'était portant toi même qui proposait de l'inscrire, à croire que tu changeais de décision toutes les deux minutes. Ce qui ne changeait pas c'était cette envie de finir avec les copies désespérantes d'élèves peu concentré. Le stylo barrant pour corriger avec précision dans une rapidité presque robotique. Interrompue par une flèche en plein coeur, grimace au visage et paume sur le coeur tu sentais la douleur transpercer. " Quelle violence. " Loque. C'était pourtant vrai. Le regard remontant sur la personne faite pour bouger tu observais ensuite des muscles presque inexistants. "C'est génétique. "C'était scientifique. "Je suis un cobaye là.. " Tenter tout pour voir ce qui marchait. Vitamines, café, red bull et autre conneries du genre, peut être qu'un mélangea aurait raison de cette nonchalance qui pouvait passer pour un je-m'en-foutisme aigu. " Galanterie ? C'est toi qui a de l'énergie ça n'a rien à voir avec le sexe. Je suis pour l'égalité homme femme. " C'était vrai, mais surtout en ce moment, c'était arrangeant. Encore une fois le coin de tes lèvres se levait une seconde pour se rabaisser, le stylo prenant rapidement sa place dans ta trousse. "Ah c'est donc un rêve fou et improbable dont tu me parles. C'est déjà plus compréhensible qu'une réelle croyance en mes capacités. " Parce qu'on était tous très d'accord que ce n'était pas ton truc. Comme prêter tes affaires, ne les voir jamais revenir. Un sentiment enfantin et pourtant ancré qui te faisait garder tes affaires proche. " Tu te moques mais c'est très irrespectueux, et si c'était la dernière chose que j'avais eu de mes parents hein ? " Ce n'était qu'un style acheté un euro dans un supermarché mais imaginons. La moue encore présente tes doigts se serraient sur ton sac, les pas suivant ceux de ton amie. " Un prénom ou non ce n'est bon que si quelqu'un fait la police. " Mais tout le monde s'occupait de sa vie, personne ne cherchait à rétablir cette petite justice rapidement oubliée. Ainsi tu devrais l'oublier également. Les mains couvrant tes joues, les sourcils froncés comme un gosse pas content tu suivais pourtant ta mère du jour. Qui avait un bon spot il était vrai. Cependant tu ignorais cette envie de te prendre comme enfant là de suite. "Je suis bizarre ? " Un changement de sujet à 180 degrés mais les évènements semblaient te le crier. " Tu connais les gens ici ? " Le regard balayait l'endroit avec un intérêt non déguisé. L'ambiance était reposante, l'odeur du café venant chatouiller tes narines pour une sorte de réconfort. " Je vais prendre un matcha. " Pour changer, pour goûter, pour l'énergie qu'il procurait. " Quoi de nouveau pour toi ?" En attendant vos boissons tu ferais la conversation, une partie.


" "

« Je me suis levée ce matin et j'ai choisi la violence », que tu articulas lentement pour te donner un air énigmatique alors que tu souriais comme une idiote. « Bien sûr », affirmas-tu dans un mouvement de tête peu convaincue. « Si ça te rassure t'es le plus mignon des cobayes » que tu vins lui dire dans une esquisse, le pouce levé. T'étais pas sûre que ça le rassurait totalement mais un peu quand même. Tu proposais des solutions, à lui de tester et de voir si ça convenait à ses besoins ou non. « Mouais », tu poussas tes lèvres en avant, sceptique. « Tu devrais quand même m'inventer parce que je te propose des solutions au top », les solutions étaient pas si grandioses mais bon, fallait bien vendre la chose. Un peu. Essayer au moins. « Il faut croire en ses rêves. Ou ceux des autres. Crois en celui que tu veux en fait. Celui qui t'inspires le plus. Quel rêve t'inspires le plus là maintenant tout de suite ? », qu'il te dise pas que c'était le rêve de toi en train de lui payer un jus de fruits par contre. C'était pas un rêve, c'était juste un but à très court terme. T'humectant faiblement la lèvre inférieure, tu décalas tes pupilles vers lui, un souffle léger, les épaules basses. « Sérieux », que tu articulas. Il osait sérieusement dire ça ? « Tu l'as acheté au supermarché du coin, me mens pas », on jouait pas les sentiments ou avec les parents. Encore moins avec les deux. Tu plissas les yeux avant de mimer un air confus, l'observant un instant. « Les profs font la police. Un peu... Pas vraiment mais... t'as compris », t'étais pas sûre que de t'être comprise donc tu doutais qu'il t'ait compris. Mais détail. « Pourquoi tu me demandes ça ? », le questionnas-tu, les sourcils quelque peu levés, les pupilles sur lui. « Quelqu'un a dit que tu étais bizarre ? », tu l'interrogeas à nouveau, le visage basculé sur le côté avant d'aller t'installer. « A force de venir je commence à connaître les serveuses », tu bougeas les épaules dans un sourire satisfait. Tu commandas pour lui, et pour toi – un jus de fruits comme d'habitude. « Pas grand chose honnêtement. Les cours se passent bien, les élèves sont sages », tu ris quelque peu, les doigts tapotant la table avant de venir se poser sur tes cuisses. « Et toi quoi de nouveau ? Les cours ? Les ami.e.s ? Les amours ? Les emmerdes ? T'as prévu quoi de beau ce week-end ? », parler de tout et de rien te faisait du bien. Ca t'occupait. Et tu supposais que ça l'occupait aussi. « J'ai emmené mon meilleur ami faire du pilates la dernière fois. Ca te tente ? », tu lui offris une esquisse douce, trop peut-être, alors que tu papillonnais des cils.

Bizarrement tu imaginais parfaitement bien ce scénario. Bizarre ou juste réaliste personne ne savait et ce n’était pas le but tandis que tu souriais doucement. " C’est gentil, je vais le mettre sur mon cv. " Cobaye mignon. C’était mieux que cobaye tout court. Une amitié très étrange à l’entendre ainsi, où chacun envoyait pic ou taquinerie à foison. Une vraie amitié en somme, qui n’avait rien à voir avec les pics lancés avec Sun Hee. " Ahh bon argument j’y penserai. " Si un jour tu devais avoir à l’inventer. Pris de court par sa question, tu te questionnais sérieusement sur la capacité de ses solutions. Peut être que finalement, ce n’était pas si grave de ne pas l’inventer. Bien sûr, c’était faux et tu le savais, t’ennuyant beaucoup trop lorsqu’elle n’était pas là. "Là je dirai … Rentrer chez moi m’allonger avec mes bébés. " Un rêve réaliste et réalisable. Que demandait le peuple ? Sinon tu en avais plusieurs, bien plus sérieux que toute cette conversation. Mais tu les gardais pour plus tard, presque secrètement, pour les voir se réaliser un jour. En attendant c’était mal de voler un stylo. Et quand bien même elle avait raison, ce qui amenait ton regard à se perdre sur le côté, tes lèvres lentement se tirer vers l’avant, tu voulais laisser ce doute planer. " J’ai dit imagine… " Il avait coûté moins de deux euros et tu pouvais aisément le remplacer mais là n’était pas la question. "J’ai pas compris. " La taquinais tu en reprenant ton sourire espiègle. Il en fallait quand même beaucoup pour te supporter. L’esprit souvent ailleurs, le regard fuyant tel un enfant peu sûr de lui. Parfois même c’était tes doigts qui venaient jouer avec tes vêtements pour t’exclure du cercle social l’espace d’un instant. " On me lance des regards qui me font comprendre que .. " Peut être que quelque chose clochait. Non c’était même sûr. Tu avais vu ton ex te fuir comme si tu étais le pire des mécréants. Chose dont elle n’avait pas tort. Alors aujourd’hui tu te demandais, même assis à cette table, le regard parcourant l’endroit pour apprendre à le connaître, pour le regarder réellement et t’en souvenir. Hochant la tête c’est ses questions qui te firent revenir à son visage, soudainement pris d’assaut sans connaître la raison. "Heuuu ..ça va. " Une réponse qui résumait tout ce qu’elle avait demandé non? Ou tu oubliais quelque chose. " Je prévois pas grand chose généralement je dois bosser. Sinon ça va.. le reste.. je crois. " Elle y mettait un doute qui n’avait aucun sens mais c'était le cas. Clignant rapidement des paupières dans un air surpris, tu cherchais une réponse. Une qui ne la ferait pas fuir, pas trop froide non plus. "Non. " C’était ton maximum. " Tu sais je suis plus à rester à la maison. Mais ton ami est … ouvert. " Ou bien juste sportif, quelque chose que tu n’étais pas. Une fois les jus arrivés, tu remercias la serveuse pour prendre enfin une gorgée du tien. "Hmmmm !! C’est bon. Et du coup toi ? Toutes les questions que tu m’as posé mais pour toi ! " Tu ne te souvenais plus des questions alors il était plus facile de sortir la carte “ reversed” que de commencer à énumérer.


" "

C'était un rêve plutôt plausible et réalisable mais un rêve quand même. Et tu ne jugeais pas. Après tout chaque personne avait un rêve différent, allant à une échelle plus ou moins différente aussi. « Okay j'imagine », tu gardas le silence à peine une seconde avant de secouer le visage car non t'y arrivais pas. Pas pour ça. Pourtant tu avais beaucoup d'imagination. Tu lui tiras la langue alors, seule réponse que tu trouvas. Mais le sourire revint rapidement car c'était là votre façon de communiquer après tout. « Oh tu sais les regards... ils peuvent dire beaucoup et rien à la fois », tu bougeas une nouvelle fois les épaules, la frimousse un brin songeuse. « Le meilleur conseil que je puisse te donner c'est de ne pas y faire attention. Mais je sais, plus facile à dire qu'à faire. Sauf que .. tu t'en fous quand même », un conseil formulé à la Yura. « Tu pourrais les regarder de la même façon. Ca leur donnera une leçon », un second conseil formulé à ta façon. Et tu souris, innocente et pure. T'avais d'autres idées mais tu allais les garder pour toi – briser les genoux pour un regard de travers n'était pas une excuse, certes mais parfois... Un petit « Mouais » et tu soufflas discrètement. « Tu crois ? Donc t'es pas sûr ? », tu plissas les yeux. Ca voulait dire quoi, exactement ? « T'es pas drôle », que tu soupiras, les épaules basses. « Ouvert oui mais pas très souple. C'était drôle », confias-tu dans une esquisse malicieuse, le regard brillant. « On peut faire du pilates à la maison. Je peux te montrer si tu veux », t'insistais dis donc. Tu fis mine de réfléchir, l'index sur le menton, tentant de feindre un air mystérieux mais pas trop. « Ca va », que tu repris ses mots, tournant le regard vers lui dans un sourire grandissant. « Les ami.e.s vont bien, les amours se planquent possiblement à la cave. Les emmerdes font bien chier mais je les gère pas trop mal. Je trouve », mais c'était ton point de vue. Tu gérais pas les emmerdes, pas certaines du moins. « Et je comptais probablement aller courir ce week-end s'il fait beau ou sinon aller à la piscine. Peut-être aller au cinéma aussi, pourquoi pas, ça fait longtemps », que tu répondis avec le sourire. « On pourrait aller au cinéma », que tu proposas en levant les épaules. Cinéma puis aller faire un petit tour au parc. Ou dans un petit café. Ou même faire du yoga. T'étais pas fermée aux propositions ... même si t'étais pas sûre qu'il ait envie de faire du yoga. « Ou alors je t'invite à la maison, soirée pizza et films », ça t'aimais bien aussi.  

Si vous n’étiez pas amis, vous seriez sûrement à vous tirer dans les pattes, comme avec Sun Hee. A croire que ta personnalité était difficile à cerner et aimer. Heureusement Amara avait ce pouvoir d’être tout aussi frustrante, te faisant abandonner cette idée d’image. Et pourtant elle savait te conseiller, être à tes côtés au lieu de te pointer du doigt. " je crois que mon regard est déjà assez méchant comme ça .. " Tu n’allais pas te mettre à dos la terre entière tout de même. Quand bien même tu sentais leur désaccord avec ta personne même. Enfin, ce n’était pas comme si tu t’attendais à plaire à tout le monde, ni même que tu le cherchais. " Tu me mets le doute. " Ajoutais tu, doutant encore. Par contre tu étais sûr de ne pas vouloir tenter le pilate, ou tout autre activité semblable. " Je suis pas drôle mais tu te moques de ton ami tiens regarde. " Que tu osais, l’index pointé vers son sourire. Ce n’était pas méchant, tu le savais, mais tout était bon pour sauver ta peau. " J’ai une tête à faire du pilate à la maison ? " Il n’y avait pas de tête mais tu n’avais clairement pas envie. Et en même temps de faire du sport ce n’était pas vraiment une option, plus un besoin vital. Ton cardio devait être effrayant. Pas comme le sien, qui était déjà présent pour répondre une phrase si longue en une fois. Complet avec une bonne mémoire en plus. " Pourquoi tu me proposes pas des activités comme ça ? C’est beaucoup plus normal. " Beaucoup plus accessible pour ta personne peu tournée vers le non conventionnel. Le cinéma semblait déjà beaucoup plus intéressant. Un instant de réflexion, le regard perdu devant toi et tu venais claquer des doigts. " Ok on peut faire ça. Soirée à la maison, je t’autorise même à me montrer le pilate. Sait on jamais ça me permettra peut-être d’être créatif. " Avoir la tête à l’envers pouvait apporter de nouvelles possibilités. " Aller on y va ? " Pas faire la soirée mais manger. " Ça te dit de manger italien ? J’ai vu des pâtes qui ont l’air vraiment délicieuses. " C’était clairement un plat qui te trottait dans la tête depuis quelques jours. Tu saurais donc sur l’occasion pour y goûter, le sourire grand et les yeux innocents. " Ça te dit ? " Et sinon tu les mangerais ce soir, tu avais déjà trop attendu.


" "