Journée de merde comme disait les français. Ce n'est pas comme si c'était la première de cette semaine ou de ce mois-ci, enchaînant les rencontres malencontreuses. C'était comme un sort sur ta personne qui n'avait pourtant rien fait. Comme une malédiction, peut être qu'arrêter de regarder quelques séries fantastiques seraient de bon ton avec les idées sordides qui passaient dans ton petit crâne. Pourtant ce n'était pas faute d'avoir voulu rationnaliser tout ça, penser positif, même quand ton identité même fut bafouée plusieurs fois. Quand la peur de voir toute ta vie étalée sur le net prenait tes nuits. Certains diront que tu t'en sortais bien, semblant ne rien craindre et ne pas paniquer. Mais il t'avait fallut des mois pour comprendre, te rassurer, changer. Jusqu'à ton numéro, au cas où. Prévenant amis et familles de peur de les voir manipuler. C'était des nuits à imaginer le pire et des jours à les voir défiler. Ces filles qui n'avaient rien demander. Ton usurpateur était seul. Sûrement mal aimé et solitaire il avait dû trouvé en ton profil quelque chose d'attirant. Presque flatté, tu l'étais, si elles ne venaient pas te chercher clamant être ton amante, ta copine, ou juste une connaissance. Aucune d'elle n'était pourtant connue à tes yeux, servant ce même discours rébarbatif mais vrai.

Parfois tu t'en sortais bien, parfois moins. Et si on se basait sur une intuition, quel qu'elle soit, tu dirais qu'il fallait mieux se cacher que d'affronter cette femme aujourd'hui. Ton nom résonnant dans le magasin, c'était la chair de poule qui t'avait secoué, sachant maintenant que celui ci n'était signe que de rencontre malheureuse. Le corps réagissant plus vite que le cerveau c'est tes pas qui t'avaient mené plus loin. Fuyant au lieu d'affronter. Tu étais fort mais les limites avaient été dépassées. Le dos vouté pour rétrécir ta grande taille, tu te cachais derrières des manteaux comme un enfant pris en pleine fugue. Ce n'est qu'en regardant à ta droite que tu vis cette jeune femme te regarder. " Pardon.. " Les pas te faisant reculer quelque peu tu la laissais accéder aux produits que tu cachais avant de tiquer. " Je peux vous emprunter vos lunettes ? " Un petit signe vers les lunettes de soleil qu'elle avait sur elle, un sourire pour faire passer la demande.

"Oui s'il vous plait. " Etrange demande d'un pur inconnu qui semblait avoir commis un crime. Non tu ne trompais pas ta femme. Ni même ta copine. Ainsi elle ne te suivait pas pour t'attraper la main dans le sac. Un gang ? TRès peu pour toi. La raison était plus subtile encore et rendait sa croyance plus dure. " Oh promis je les chérirai comme la prunelle de mes yeux. " C'était une demande en mariage ou un emprunt ? Pas n'importe quel emprunt tout de même vu que vous ne vous connaissiez ni d'Eve ni d'Adam. Une sorte de rencontre étrange à raconter à ses amis en soirée. Un jour t'en rirais de toutes ces situations mais pas maintenant. Pas maintenant que ta vie était un bordel sans nom. Ou si, plutôt le tien. A croire que voler l'identité était un boulot à plein temps. "Alors c'est très simple.. " Ou pas. Pour le moment tu enfilais les lunettes ni vu ni connu. Le dos de nouveau droit ta taille laissait ta tête dépasser, comme une autruche. Autant dire que tu étais mal barré pour jouer à cache cache.

"On va dire que la vie parfois est dure et que je suis dans une situation complexe. " Un moment de silence, puis deux. C'était étrange dit comme ça non ? Comme si tu faisais quelque chose de mal. Tournant de nouveau ta tête vers elle tu venais reprendre quelques mots. " Enfin je suis pas méchant hein, j'ai rien fait. Mais j'ia besoin de passer inaperçu. " Ajoutais tu, t'enfonçant ou t'aidant. La femme passa à côté regardant dans votre direction tandis que tu regardais ...ce manteau tiens, qu'il était beau. La couleur, la matière... elle partait sans demander son reste, comme perdue d'avoir cru te voir. " Wahhhhh... " Le soupire accompagné d'une main sur ton coeur tu venais respirer normalement de nouveau. "J'ai peur qu'elle repasse. " Hors de question de lâcher les lunettes maintenant.

Le coeur battant c’est délicatement que tu tendais les mains pour attraper la précieuse monture. Certes, la vérité était loin de celle prononcée mais dans ta tête il s’agissait d’un item très spécial qui devait être conservé avec beaucoup de soin. Incapable de voir le petit mensonge tu te perdais alors dans des réflexions afin de tourner proprement tes phrases. L’explication à donner n’était pas des plus faciles et demandait quelques ajustements. Clairement, on avait du mal à te croire sur parole. Cependant, elle t’aidait bien avec ses lunettes, redonnant à ta personne un peu de dignité et surtout ta vraie taille. Elle méritait donc bien une histoire un peu drôle.

Sauf que tu étais nul pour raconter les histoires, encore moins en étant peu précis et en laissant de côté toute ta vie pour la raconter à une inconnue. Ce qui donnait… un malentendu, encore et toujours. " Heu non pas du tout.. non.. c’est pas.. " Et pour laver ce malentendu, rien de tel que de remettre une couche de suspicion. Un moment de silence et un soupire accompagnant ses mots qui décrivaient littéralement que tu t’étais planté en beauté. "Oui ! " Affirmais tu, l’index pointé vers elle comme si vous étiez dans une émission populaire où le but était de deviner des réponses. Sauf qu’aucune d’entre elles n’était bonne. " Non, non pas du tout, c’est simple beaucoup plus simple. " Et pourtant tu n’avais pas expliqué simplement. Une ironie de la vie encore une fois. Alors elle prit les devants. Une bonne chose mais qui te fit t’interroger un petit moment afin de garder en mémoire chaque question. " Ah heu… " L’idée était bonne, l’exemple sympathique. "Enchanté Sun Hee, je m’appelle Woo Sik, je viens acheter des vêtements et je me cache d’une femme qui croit me connaître mais qui me connait pas. " Les yeux se fermant, tu couvrais dors et déjà ton visage. Non tu n’es pas un pervers ou un goujat de bas étage qui faisait du mal aux femmes. Mais l’expliquer reviendrait à raconter toute l’histoire. Ce qui était finalement… beaucoup plus simple. " Mais c’est pas vraiment moi qu’elle chercher parce qu’elle elle veut son copain de internet qui n’existe pas ! " oh…oh. CA c’était con.

Suspicieux, vous semblez l’être tous deux. Mais après tout, qui étiez vous pour juger l’un et l’autre ? Personne. En ce moment même ta vie était un désastre sans réel rationalité. Toi qui n'avais jamais eu de soucis tu te retrouvais à être poursuivi par des femmes inconnues qui pensaient te connaître. Alors voir qu’elle mentait était la dernière des priorités. Celle d’être pris pour un fou également. Comme relayer au second plan pour t’échapper à ton premier problème : la femme inconnue. Pas celle aux lunettes, l’autre madame. " Oui je suis sûr que non !" Tu t’étais sûrement perdu mais t’étais pas le méchant, ça c’était sûr. Et en ce moment là t’étais juste fatigué de devoir répondre pour un autre. Un vrai jeu de devinette qui devenait le trou que tu creusais pour mettre ton corps. Réellement rien allait en s’arrangeant et tu semblais plus préoccupé par cette femme qui ne t’avait même pas vu plutôt que celle qui pouvait t’emmener à la police. Tu irais bien leur faire coucou d’ailleurs histoire de les presser. " Voilà. C’est ça. " Les étoiles dans les yeux, tu étais ravi qu’elle puisse comprendre. Enfin, juste cette mini partie bien enterrée sous la suspicion. Toujours cordial par contre. Le nœud ne semblait pas se défaire et tu cherchais un moyen de te cacher tout en éclairant la lanterne de celle qui aurait pu te sauver. " Quoi ? Non personne stalke personne !" C’était presque sain tout ça. "Parce que j’en ai marre de le faire ! Regardez ma joue. " Que tu tendais, encore un peu rouge des autres claques que tu avais reçues ces derniers jours. Goujat sur internet, honnête dans la vraie vie, tu regrettais chaque pas dehors. Cela dit, elle n’avait pas tort. Même avec les lunettes tu ne passais pas inaperçu, malheureusement les chaises ou tabourets manquaient pour t’asseoir, le regard passant à droite et à gauche. Ignorant que la seule personne qui devait ne pas te voir avait fini par entrevoir ta silhouette. " Trop grand pour ma propre sécurité. Ok je sais que tout ça est super étrange… appelez les de toute façon ils sont au courant. " De quoi la mettre dans un doute ultime tandis que tu te déplaçais légèrement pour trouver de quoi asseoir tes fesses, les lunettes sur le nez. "Quoi ? Mais… non ! " Un long soupir s'échappant, tu cherchais alors tes mots. " Quelqu’un a pris mon identité sur internet et des sites de rencontres. Il se fait passer pour Woo Sik aka moi, avec ma photo mais ce n'est pas moi. Et ce goujat entretient des relations avec un tas de femmes… Et devinez qui les croise à longueur de journée ? " Le regard levé sur la confidente du jour, tu te pointais à l’aide de tes deux mains, désespéré. Et malgré la véracité des propos la femme qui s’était approché n’en crut pas un mot. ” C’est comme ça que tu dragues les autres filles ? “ Alors elle, tu ne l'avais pas vu venir. Elle était censée ne pas te reconnaître avec ces super lunettes. Au sol. Présentement. Grâce à l’immense claque qui avait résonné sûrement dans tout le magasin. Ah. C’était pour ça que tu cherchais à te cacher, de base. Non sans pester contre toi et avertir Sun Hee de ton comportement, elle retroussa chemin. "Ah… désolé… les lunettes. " Le verre avait décidé de sauter de la monture, rendant ta culpabilité plus grande.

Si elle pensait avoir vécu des situations étranges auparavant tu venais redresser le niveau toujours plus haut partageant jusqu'à ton histoire. Dans des résumés trop courts pour être compris et trop longs pour innocentés, tu venais t'enterrer vivant en tentant de respirer. Une vraie histoire d'horreur qui pesait sur toi depuis trop longtemps. " Bien sûr ! " Pourquoi tu dirais le contraire en même temps ? Personne ne suivait personne mais présentement tu fuyais celle qui pouvait te repérer. Une autre gifle et tu allais sûrement finir en dépression. Désespéré tu attendais d'une inconnue qu'elle prenne ton parti, une mauvaise stratégie quand tu pouvais être le coupable à ses yeux. Surtout que tu semblais t'enfoncer, finissant alors par pincer tes lèvres abasourdis de cette accusation. C'était le pompon que de passer pour le méchant tandis que tu faisais toujours au mieux. Est-ce que c'était étonnant ? Pas vraiment, tu avais cette habitude qui prenait de l'amplitude, celle de s'excuser sans comprendre le mal qu'on avait causé. Apaiser le cœur des autres en tordant le sien. " Ah.. pourquoi je viendrai vers vous en sachant que vous pouvez me dénoncer à la police et me ramener à la case départ ? " Mais au fond, tu en voulais encore. Tu voulais laver ton nom, et ton visage des réseaux, tu voulais te faire oublier pour regagner ta paix. "Il l'a sûrement fait, mais je ne suis pas au courant pour elles. Je ne sais pas s'il est sur Séoul non plus. " Le pays était grand, les possibilités presque infinies, tu te désespérais rien que d'y penser. "Oui sauf que c'est long car il faut pouvoir remonter jusqu'à lui, c'est pas comme si j'avais son nom. " Et quand tu tapais du poing pour avoir des résultats, on t'expliquait gentiment que les procédures étaient longues, mais à respecter. Chose qu'on oublier de faire en ta présence. Cette claque le prouvant encore et toujours, les yeux fermés l'espace de quelques secondes. Il en fallait beaucoup pour t'énerver mais tu semblais être sur cette tranchement délicate et fine du bord du gouffre. Tu t'en voulais, d'avoir entrainé une autre personne dans cette galère, d'autant plus que ses lunettes venaient de sauter sous ses yeux, mais tu sentais ton coeur tambouriner d'une colère sourde. " Si je pouvais tous les fermer je le ferai. Mais je n'ai aucun contrôle sur les comptes et dès que j'en fais fermer un, un autre reviens. Mais je vous demande pas de tout comprendre c'est déjà gentil.. " Commençais tu en désignant les lunettes. Elle même se sentait sûrement désolée pour toi vu cette excuse légère prononcer sûrement dans un lot de consolation. " C'est moi.. je peux les réparer. Je vous les ramène plus tard. " Un long soupire t'échappe alors, les mains venant prendre ton crâne entre elles. " Je suis même pas libre sentimentalement parlant. " Devait on ajouter que tu étais complètement sous le charme d'un homme ? Ah il devait l'ignorer ce trou du cul qui s'amusait avec ton joli minois. "Je suis pas connu, pas réellement beau, pas influenceur. Y a rien à prendre pourquoi moi ? " Ce n'était clairement pas comme ça qu'ils allaient avoir l'argent de ton père. Alors pourquoi ?