@Kwon Sun HoTravailler sur un ordinateur pendant une journée entière. Aller dans des systèmes pour entrer, commander et faire des tas de trucs dont je ne sais pas ce qu’il fait. Ensuite, enregistrer les livres à emprunter, faire des retours et plus encore. Par la suite, il faut les ranger ses bouquins pour les prochains emprunts. Il fait ça depuis deux ans. Deux ans à rester devant cet ordinateur et ce silence ennuyeux. Aucune musique pour distraire ni de conversation qui pourrait le stimuler pendant un bref moment. Non, aucun. J’ignore comment il fait. À sa place, je serai en train de crier et de tout jeter au bout de mes bras. À bout de ce silence trop silencieux. Folle des bruits de page qui tourne et des cliquetis des portables qui se font aller de part et d’autre. Je serai folle à toucher cet ordinateur et faire des trucs administratifs. Je deviens folle en affichant mes toiles sur le réseau social de mon nom d’artiste. Je deviens folle lorsque je dois faire des téléphones pour m’inscrire à des expositions. Je suis tellement vieux jeu lorsque je dois faire quelque chose. Enfin, je crois que c’est dû à mon errance pendant que j’étais sans abri. Là où tout était primitif et qu’on devait survivre. Rien pour contacter quelque chose hormis notre voix. Depuis, je suis restée comme ça : old school. Je crains que je ne sois pas à la bonne époque.

Il va falloir que je me calme. J’arrête de parler, je cesse de m’exclamer pour tout et pour rien, mais voilà : c’est plus fort que moi. Déjà, lui bombarder de questions et de comprendre son métier, c’est pour tuer le temps. Je pourrais aller chez moi déposer mes livres, prendre une bonne douche et aller à ce restaurant tant attendu, mais non. Comme une idiote, j’attends avec lui et je le dérange de plus belle. Enfin, ça ne semble pas le déranger. Il répond, sourit et gentil comme il l’est ; il est beau. Je comprends pourquoi j’étais amoureuse – et encore, c’est mon premier amour – plus jeune. Il a cette aura qui m’attire de plus belle. Cette magie, cette brillance. Je suis un papillon attiré par cette lumière qui est la sienne. Aveuglée et me brûlant puisqu’il est trop chaud. Pardon pour le jeu de mots horribles. Je dois rester sage selon sa demande. Je le dois afin qu’il ne devienne pas cette vieille femme qui ne cesse de râler et de gronder les personnes qui font trop de bruits. Sun ho me le démontre en déposant son index sur ses sublimes lèvres. Il me faut des crayons et une feuille pour m’occuper. Aussitôt demander, aussitôt reçu. Je lui remercie en chuchotant avant de me tourner à cette occupation.

Pendant un bref instant. J’ai faim et mon ventre me le fait entendre. Je tente de m’excuser, mais il rétorque. Je me pince les lèvres en levant les mains. « Oui, oui monsieur le bibliothécaire. Pardon... » Chuchotais-je avant de faire une moue et de me tourner vers ma feuille. Je pourrais faire quoi ? Je lève mes yeux pour regarder, mais mes pupilles tombent toujours sur l’homme à mes côtés. Pourquoi pas ? Ça lui fera un souvenir. « D’accord chef. Je me tais, chef. » Je dépose mon propre doigt sur ma bouche afin de faire comme lui. Je me tais. Je vais être sage. Tout ça, d’un air déterminé. Je ne veux pas qu’on me bannisse de cette bibliothèque. J’ai un employé à faire de beaux yeux et à rattraper le temps perdu. Bon, j'ai reçu quelques “chut” de la part de certains étudiants, mais ce n’est pas grave. J’écoute monsieur ! Alors, le nez sur ma feuille, je fais quelques traits et je commence mon portrait. Je dépose ma tête sur ma main lorsque mon bras s’est accoudé sur le comptoir. Je dessine tranquillement en souriant bêtement. Dessinant ses traits en ne me souciant pas ce qui a autour. Il est beau autant en vrai que dans ce dessin. Je gribouille tout en essayant d’ignorer les plaintes de mon estomac. Bientôt, on va aller manger. Bientôt, nous allons parler de tout et de rien sans se soucier du silence. Refaire connaissance avec lui, m’amuser et qui sait, peut-être que mes sentiments pour lui vont revenir à grand pas.

@Lim Ha Rin C’était étrange de retrouver Ha Rin maintenant, après toutes ces années, néanmoins cela lui faisait plaisir de la revoir. Elle n’avait pas tant changé, fidèle à elle-même dans sa personnalité, hors physiquement, oui, elle était différente. Elle n’était plus cette adolescente d’autrefois, elle était devenue une jolie jeune femme, tout comme lui n’était plus ce petit gringalet timide, il faisait beaucoup plus homme désormais. Il n’était pas arrogant au point de se qualifier comme beau, toutefois il savait qu’il n’était pas non plus désagréable à regarder. Sa personnalité était peut-être ce qui pouvait le plus déranger, ou son passé à cause de la maladie qui l’avait touchée et qui pouvait récidiver à tout moment, parce que s’il était calme au travail, il était bien plus enthousiaste en dehors. Ha Rin parlait énormément, s’exclamait même parfois et lui fut contraint de la gronder gentiment, puisqu’il était primordial de ne pas faire de bruit au sein d’une bibliothèque. Si elle l’avait croisé en dehors, le garçon n’aurait jamais réagi de la même façon, probablement aurait-il été tout aussi enjoué qu’elle. Un trait de son caractère qu’elle n’avait pas connu à l’époque, et qu’elle serait sûrement surprise de découvrir aujourd’hui. Il était désolé de la réprimander, de l’empêcher de s’exprimer comme elle le voulait, néanmoins Ha Rin était censée savoir qu’ils ne se trouvaient pas dans le bon lieu pour ça.

Une esquisse se forma toutefois sur ses lèvres devant l’attitude de son amie puis, finalement, il put se concentrer dans ses tâches qu’il avait à terminer. Par moment, il détourna discrètement son regard pour voir ce qu’elle faisait avant de reporter son attention sur son travail. Les minutes s’écoulant, ils purent enfin quitter la bibliothèque, probablement au grand bonheur de la jeune femme mais même pour lui, qui avait hâte de prendre l’air puis se détendre autour d’un bon repas. Maintenant que Ha Rin était de retour dans son existence, il voulait sincèrement que tous les deux puissent renouer, garder contact et se redécouvrir. Les discussions avaient été animés, les numéros échangés et, à présent, ils étaient assez grands pour ne plus disparaître de la vie de l’autre, sans donner de nouvelles. Surtout à une telle époque où il y avait des milliers de façon pour échanger, ce qui n’était pas le cas auparavant. En plus, tous les deux travaillaient au même endroit donc leurs chances de se croiser régulièrement étaient plus plausibles que le contraire. Mais c’était tant mieux.