Tu n'aurais jamais pensé te laisser enivrer par le désir d'une telle façon. C'était un feu dont tu ne contrôlais rien, sa force te dépassant complètement. Pire, t'engloutissant. Tu n'avais rien fait pour le ralentir, rien fait pour l'arrêter. Suivant des besoins sans doute primaires dont tu n'aurais jamais soupçonné l'existence. A croire que la vie semblait toujours bornée à te prouver le contraire, tournant cette roue sans relâche juste pour t'observer dans un air triomphant. Tu ne savais plus qui avait gagné, qui avait perdu. Les flammes éteintes, la respiration calmée, c'était la réalité qui venait glisser dans te veines, cette vérité qui dansait devant tes pupilles ébahies alors que tu contemplais le vide alors que tes lèvres se pressaient l'une contre l'autre, pourchassant une chaleur perdue ; une ombre oubliée dans les flammes d'autrefois. Le chaos s'élevant dans tes pensées, comme une mélodie sourde d'un film, bourdonnant brusquement et férocement à tes tympans. Un rappel à l'ordre. Une mise en garde. Tu l'avais regardé, Jang Woo. Les pupilles contemplant ses mouvements sans que tu ne bouges avant d'égarer ton attention dans le vide d'une chambre inconnue. En silence, tu l'imitas, recouvrant ton corps nu, la chaleur totalement évaporée, plus aucune trace ne faisait frissonner ta peau, à part la fraîcheur de la pièce, de ton corps seul – et un peu perdu. Les pensées naviguant entre logique et interrogations, tu ne pouvais cependant rien formuler, gardant les lèvres closes comme si tu possédais en tes syllabes des trésors que tu ne voulais dévoiler. Il s'agissait surtout de questions dont tu préférais ignorer les réponses pour le moment. Dont tu n'étais même pas sûre de les vouloir, là, en cet instant.
Et ton esprit avait tourné. Encore et encore – dans une danse sans fin, au rythme endiablé, presque trop fou pour que tu parviennes à le suivre. Et ton esprit avait divagué, s'échappant dans un sommeil venu trop tard pour tout estomper.

La conscience regagnant ton être, tu tentais de repousser le moment d'ouvrir les yeux. D'abord convaincue d'être bercée dans un lieu familier, les événements de la veille revinrent en quelques minutes, agaçant ton palpitant. Tu te redressas, les prunelles perdues dans cette pièce que tu n'aurais jamais cru voir ainsi – à côté de Jang Woo que tu n'aurais jamais cru voir ainsi. Tu inspiras, prenant le temps de tout analyser. Calmement. Tu hochas le visage. Tu ne pouvais pas nier ce qu'il s'était passé. T'avais pas été sous l'influence de l'alcool – lui non plus. Tu devais affronter la chose en adulte. Responsable et mature – tu hurlas cependant en silence contre tes poings avant de souffler longuement, le cœur agité, les pupilles vagabondes et affolées. Tu restas ainsi un moment, observant simplement le vide, contemplant tout ce qu'il s'était passé. Et tu ne pouvais qu'accepter ce qu'il s'était passé. « Okay », que tu articulas sans qu'aucun son ne passe tes lèvres, jetant un regard vers l'homme endormi à tes côtés. Avec douceur, tu quittas le lit, frissonnant quand la fraîcheur vint enveloppée ton corps. Tu récupéras tes sous-vêtements, hésitant un instant – avant d'ouvrir l'armoire et de prendre la première chemise qui venait. Tu fis quelques pas à gauche, quelques pas à droite, peu familière avec l'endroit. Et ce n'était pas les événements de la veille qui allaient t'aider à te souvenir de tout puisque tu n'avais absolument rien retenu. Parvenant à quitter la chambre, tu refermas discrètement la porte, arpentant le couloir, les autres pièces, le salon, la cuisine – te perdant dans cette maison comme tu te perdais dans tes pensées. Voir les vêtements au sol ne faisaient que faire grimper la chaleur de tes joues, vêtements que tu préféras mettre en tas vulgairement dans un coin avant d'aller t'installer à la table de la cuisine. Et maintenant ?; que tu ne cessais de te demander. Devais-tu faire comme si de rien n'était ? Voulait-il faire comme si de rien n'était ? Voudrait-il en parler ? Voudrait-il oublier ? Et toi, que voulais-tu ?

Perdue dans tes questionnements sans fin tu t'étais levée pour attraper une tasse, t'installant à nouveau à table, les doigts encerclant l'objet – vide mais pourtant la fraîcheur de la porcelaine semblait te brûler les phalanges en cet instant.

La fin de soirée se termina sans un mot ni de l’un ni de l’autre. Perplexe sur ce qu’il venait de se passer, Jang Woo ne fut pas en mesure de prononcer quoi que ce soit ; seules ses pensées semblaient tournoyer avec folie dans sa tête, incapable de les taire jusqu’à ce que Morphée ne vienne le chercher. Exténué, pour sûr qu’il trouva le sommeil plus rapidement que sa partenaire et, pour une fois, ce n’était pas plus mal ; passer sa nuit à cogiter l’aurait définitivement agacé. Lorsqu’il ouvrit les yeux au matin suivant, les rayons du soleil traversant sa baie vitrée, éclairant ainsi toute la pièce, l’obligèrent à émerger et se réveiller après de longues minutes passées à grommeler. Parce qu’il n’avait pas envie de se lever, parce qu’il souhaiterait pouvoir dormir encore un peu, parce qu’il aimait le confort de son lit hors les souvenirs de la veille revenant l’attaquer à vive allure le motivèrent à cesser tout mouvement. Ses mains contre son oreiller, le garçon se redressa légèrement, jetant des coups d’œil autour de lui, son propre corps dénudé également, pour au bout du compte écarquiller ses pupilles. Donc, ils l’avaient réellement fait ? Bon sang, que leur était-il passé par la tête au juste ? Une question qui ne trouverait pas de réponse, une question que Jang Woo lui-même ne désirait pas obtenir mais une question qui le troublait malgré tout, accélérant les battements de son cœur en cette douce matinée, à cause des images de la veille qui hantaient à nouveau ses pensées. Il n’avait alors pas rêvé… Peu importait ô combien il essayait d’y réfléchir, il ne comprenait pas comment c’était possible, comment il pouvait changer à ce point et devenir une personne aussi passionnée. C’était déjà arrivé auparavant, oui. C’était ainsi que l’histoire avec son ex-petite amie avait commencé néanmoins, à la différence de hier soir, tous deux avaient bien bu ; ils n’étaient pas cent pourcents conscients de leurs actes, l’alcool réveillant des envies qu’ils n’assumaient sûrement pas sobres. Pourquoi avec Hye In cela s’était-il déroulé autrement ? A cause d’un maudit rôle, d’une fierté mal placée, qui les forçait à jouer encore et encore, un rôle qui le transformait certainement, un rôle d’un personnage qu’il aimerait réellement être parfois. Cette confiance, cette audace qu’il avait eue, ce n’était vraiment pas lui, et il ne savait plus s’il devait en avoir honte ou se sentir digne. C’était n’importe quoi, lui-même souhaitait hurler du ridicule de cette situation cependant, à la place, il opta pour une profonde expiration tandis qu’il s’asseyait au bord du lit.

Ses yeux vaquèrent autour de lui, plus aucune trace de la jeune femme et Jang Woo ne put que s’interroger, se demander si elle avait pris la fuite ou si, actuellement, elle se trouvait toujours au sein de son logement. Dans un soupir, pas grandement motivé, il se leva toutefois, ramassant son sous-vêtement qui traînait au sol avant d’ouvrir la porte et passer sa tête dans le couloir, le boxer devant son entrejambe. Parce que, oui, maintenant que ses esprits étaient plus clairs, la gêne était revenue également ; Hye In avait déjà tout vu la veille, pourquoi s’embarrasser de quoi que ce soit ? L’acteur répondrait que c’était humain et que c’était instinctif. La jeune femme ne paraissait pas être dans les parages cependant, par précaution, il trotta quand même jusqu’à son dressing situé en face de sa chambre pour enfiler un caleçon propre et un tee-shirt simple de couleur blanche. Une part de lui espérait probablement être seul dans cette maison, et c’était le pourquoi le garçon prenait son temps à s’habiller, faisant également un détour dans la salle de bain où il abandonna son autre sous-vêtement dans le coffre à linge avant de se débarbouiller le visage d’eau fraîche. Ce n’était pas dramatique, ils n’avaient rien fait de mal, ils avaient juste répondu à leurs envies, voilà ce que Jang Woo tentait de se convaincre tandis qu’il s’aspergeait la figure, observant un bref instant son reflet dans le miroir.

Un coup de main dans les cheveux, afin de les replacer correctement, il quitta enfin la salle de bain pour reprendre le trajet inverse effectué la veille, repérant ainsi la pile de vêtements dans le coin. Une grimace se forma sur ses traits à cette constatation, Hye In n’était pas partie. Devait-il bien le prendre ? Certes, la fuite ne résoudrait rien de toute manière, qu’ils le désiraient ou non, ils seraient contraints de se revoir, ce n’était pas le moment d’être embarrassé pour une histoire de relations charnelles. De toute façon, avec ce masque qu’il portait depuis tant d’années, ce Jang Woo là n’agirait pas de manière aussi stupide, refusant de paraître faible devant quiconque. La raison pour laquelle, l’espace d’un instant, il ferma ses paupières pour se concentrer, pour chasser toutes ses drôles de pensées et reprendre cette expression arrogance qu’il arborait sans cesse. Comme attendu, la jeune femme se trouvait dans la cuisine, occupé à dieu ne savait quoi, hors tout ce que l’acteur retint fut la tenue qu’elle portait. Il la dévisagea de haut en bas, sans daigner prendre la peine de la saluer, avant d’ajouter de ce ton désagréable dont seul lui avait le secret « Maintenant tu piques mes chemises ? » C’était tout ce qu’il avait à dire en cet instant ? Vraiment ? Il secoua brièvement la tête tandis qu’il se dirigeait vers les placards, se saisissant à son tour d’une tasse. « Parce qu’on a couché ensemble tu crois que tu peux tout te permettre ? » Ils avaient réellement couché ensemble ?? Une pensée qui ne paraissait pas vouloir disparaître de son cerveau, qui se répétait sans cesse et qui contrastait tellement avec cet air trop confiant qu’il utilisait. Lui-même n’arrivait pas à croire, tout ceci ne faisait aucun sens.  

Les images de la veille ne semblaient pas vouloir quitter tes pensées, des flash des moments passés s'accumulant dans ton esprit. Et tu n'étais que spectatrice de ta propre vie, sentant l'ombre de paumes sur ta peau alors qu'il n'y avait que le tissu sur ses épaules. Une chaleur froide contre tes lèvres que le vide contre elle faisait brûler. Les yeux ouverts mais peut-être bien fermés alors que les questions, les réponses, les pensées, les conclusions dansaient de plus en plus rapidement. Il n'y avait cependant pas milles et une réponses, il n'y avait qu'une. Vous aviez passé la nuit ensemble, voilà tout. Peu importait comment tu revoyais les choses, peu importait les sensations, les émotions, c'était ce qu'il s'était passé. L'attirance. Le désir avait parlé. Peut-être était-ce justement à cause de toute cette tension entre vous à chaque fois. Peut-être était-ce à cause de ce jeu vous aviez instauré hier soir durant la soirée. Tu n'avais pas la cause exacte. Tu n'avais pas non plus le moment précis. Tu ne savais pas à quel moment tout avait changé. Tu ne savais pas à quel moment le jeu se transforma en désir. Tu sentais encore la chaleur de ses paumes contre ta peau, la douceur de ses gestes, éloignant l'idée d'un jeu qui avait trop duré. Ca n'avait plus été un jeu à partir du moment où vos lèvres s'étaient rencontrées. Tu te souvenais de cette pensée aussi ; vous n'étiez qu'humains. Peu importait ce qu'on disait de vous, comment on vous imaginait, comment on vous voyait. Vous n'étiez que des êtres faits de chaire et de sang. Et tu te perdais encore dans les images, les souvenirs. Tu te perdais encore dans les questions. Tu ne pouvais pas dire que tu n'avais pas voulu tout ça. Lui non plus.

Et tu te souvenais de cette pensée la veille aussi : tu ne fuirais pas. A quoi bon de toute façon ? Ce serait pire encore. Même si t'étais perturbée, même si t'étais perdue, même si t'étais prise de doutes, tu ne prendrais pas la fuite. Fuir ne servirait à rien à part remettre l'inévitable à plus part. Mais les questions continuaient de tourner, emmêlées à toutes ces sensations passées, ton esprit s'arrêtant parfois pour essayer de comprendre, savoir, analyser – voulant effacer les sensations vécues sans pour autant totalement les oublier. Sursautant faiblement au son de sa voix, tu redressas le visage, les yeux quelque peu écarquillés sous la surprise. Trop perdue dans tes pensées, tu n'avais rien entendu. Et t'aurais peut-être préféré ne rien entendre, tout compte fait. « T'aurais préféré que je me balade toute nue ? Tu préfères que je l'enlève ?», de ta main libre, tu désignas la chemise, ouvrant négligemment, agacée, les premiers boutons. Tu soufflas discrètement, calant ton dos contre le dossier de la chaise, les pupilles le contemplant. Finalement, il ne changeait pas. A quoi aurais-tu dû t'attendre ? Tu te mordis faiblement la lèvre avant de souffler à nouveau, les prunelles glissant vers le contenu de ta tasse. Qui était vide – et ça te surprenait un peu tant tu avais eu une sensation brûlante au bout des doigts quelques minutes plus tôt. « Tu es tellement charmant, je comprends pourquoi certaines fans m'envient », tu souris délicatement, le visage faiblement penché. Qu'il s'estime heureux que ta tasse soit vide – tes doigts se refermèrent sur l'objet, et il n'y avait plus que le froid pour te brûler la peau. Au moins il admettait ce qu'il s'était passé, c'était déjà ça. « On a couché ensemble », que tu articulas, les pupilles dans le vide un instant. Le prononcer était plus étrange que de le penser. Mais encore une fois, tu pouvais pas nier. « Et ce sont des choses qui arrivent. Je vais pas nier ce qu'il s'est passé, ni oublier. C'est arrivé, c'est arrivé. Et toi ? », même s'il t'agaçait, tu voulais son avis, et tu prendrais ses émotions en compte. Tu refusais de le mettre plus que mal pour une raison comme celle-ci. S'il te disait que vous deviez agir comme si rien ne s'était passé, tu le ferai – mais ça ne voulait pas dire que tu oublierais. « Est-ce que tu préfères faire comme s'il ne s'était rien passé ? Est-ce que tu préfères qu'on en parle plus ? Ou... je sais pas », la voix plus basse, à court d'idées, tu bougeas simplement les épaules, les lèvres finement pincées. « On peut en parler, aussi », si c'était ce qu'il voulait même si tu ne savais pas s'il y avait grand chose à dire à part que c'était arrivé parce que vous le vouliez. T'étais pas un monstre, ou insensible, et s'il voulait en parler, vous en parlerez.

Oui, il était horrible, Jang Woo en avait parfaitement conscience toutefois il ne s’imaginait pas agir autrement. Il ne savait plus vivre correctement sans ce masque d’arrogance collé à son visage et, non, il ne voulait pas que ce dont ils avaient partagé la veille puisse changer quoi que ce soit. Ils n’étaient rien, ils ne seraient rien à l’avenir non plus. Ce n’était pas parce qu’ils avaient cédé à toute cette tension, qu’ils s’étaient faits prendre à leur propre jeu, qu’ils étaient automatiquement plus proches. Hye In restait toujours sa petite amie factice, elle restait l’actrice principale qui avait partagé l’affiche d’un drama avec lui, pas plus, pas moins. Et c’était sûrement le pourquoi le jeune homme peinait à réaliser également, qu’il peinait à admettre à lui-même que, oui, ils l’avaient réellement fait. La gêne le dévorait de l’intérieur, les questions défilaient dans son cerveau sans qu’il ne puisse y répondre, incapable de comprendre comment, pourquoi, quand, à quel moment la situation avait dégénéré… Hors, on ne connaissait pas cette partie de sa personnalité, on ne connaissait que l’homme qui avait une confiance indéniable en sa personne, que cet homme hautain et dont on préférait plus souvent le voir avec la bouche fermée, ne supportant pas le flot d’ânerie qu’il était en mesure de déblatérer en quelques secondes à peine. Alors, en pénétrant à l’intérieur de la cuisine, c’était son rôle qu’il adoptait, le rôle de sa propre vie où il ne craignait personne, où il était le seul maître de son destin et tant pis, si on le détestait. L’amour, le véritable, il ne le cherchait plus depuis longtemps… Il préférait largement être haï pour ce qu’il n’était pas que rejeté pour celui qu’il était réellement. Et en un sens, c’était bien triste.

Son mug en main, l’acteur ne manqua donc pas de faire une réflexion, comme on attendait très certainement de lui lorsqu’on le connaissait ; il restait fidèle à ce personnage qu’il jouait depuis plus de dix ans désormais. Et il se retrouvait à présent bien bête, la question de sa vis-à-vis lui faisant marquer un bref instant de pause alors qu’il imaginait littéralement la description de ses paroles. Était-elle obligée de dire les choses de cette manière ? Elle lui faisait dire ce qu’il n’avait pas dit. « Non non » Se reprit-il, après avoir toussoté discrètement « Maintenant que tu l’as, tu peux la garder. » Haussant les épaules sur ses propos, son visage sans douce expression, il se tourna afin de faire d’allumer la bouilloire puis attrapa un sachet de thé vert, prêt à le déposer dans sa tasse lorsque l’eau aurait chauffé. « Je sais. » Ce n’était pas un compliment Jang Woo. Mais, ça aussi, il le savait. Cependant, c’était mieux de la provoquer en arborant cette esquisse faussement innocente tandis qu’il lui faisait face de plus bel. Ses doigts tapotaient fébrilement, lentement, sur la porcelaine vide, ayant toujours autant de mal à réaliser, même après que Hye In ne le dise à haute voix à son tour. Pourquoi il ne releva pas ? Parce qu’il n’en voyait pas l’intérêt, la réalité était déjà difficile à accepter, cela ne servait donc à rien de le répéter, encore et encore, que oui, ils avaient couché ensemble. Plus ils le disaient, plus le garçon le songeait, plus il commençait à l’accepter néanmoins il y avait toujours ce bout de son esprit qui persistait à s’interroger.

Sans bouger du comptoir sur lequel il s’appuyait, la tasse toujours tenue entre ses phalanges, l’eau qui bouillait dans la bouilloire, le garçon l’oublia à ce moment précis, égarant son regard vers la jeune femme qui reprenait la parole. Il ne la quitta pas des yeux à chaque mot qu’elle échappait, il l’écoutait avec sérieux et, même s’il ne l’afficha pas extérieurement, une part de lui se voulait surpris d’une telle réaction. A vrai dire, il ne savait pas réellement à quoi il s’attendait lorsqu’il avait ouvert les yeux ce matin toutefois, pour sûr que non, il ne s’attendait pas à ça. Hye In s’avérait plus compatissante et plus avenante que tout ce dont il pouvait imaginer, et c’était perturbant. « Je ne compte pas nier non plus. » Déclara alors simplement le jeune homme, dans un ton plus neutre et plus sérieux, peut-être même moins arrogant que ce qu’il aurait désiré. « Il s’est passé ce qu’il s’est passé, je ne vois pas vraiment l’intérêt de nier. Et faire comme si de rien n’était ne changera pas le fait que c’est arrivé. » C’était réellement arrivé ?  « Je ne sais même pas ce qu’on peut dire de plus dessus mais si tu veux en parler, je t’écoute. » Il accompagna ses paroles d’un signe de la main, un simple geste pour l’inciter à dire ce qu’elle avait sur le cœur, si c’était ce qu’elle souhaitait. Personnellement, lui ne pensait pas que cela changerait quelque chose d’en discuter éternellement ; comme il venait de le rétorquer, ça ne modifierait pas le passé et cela ne changeait pas non plus le fait que, à ce moment là, hier soir, tous deux s’étaient réellement désirés.  

Tu savais pas à quoi tu t'étais attendue comme premiers mots. Si tu t'étais attendue à des paroles plus posées ou des mots plus réfléchis. Peut-être t'étais-tu attendue à quelque chose de plus courtois, de plus mature peut-être. Mais au final pourquoi t'étais-tu attendue à autre chose ? Quelque part ça t'étonnait, et d'une autre part, tu n'étais pas surprise, juste un peu agacée, contrainte de souffler. La remarque n'était pas mauvaise dans un absolu, ça aurait pu être pire même. T'étais presque soulagée que ce soit que ça mais ce n'était pas non plus la meilleure remarque. Aurait-il préféré que tu ne sois plus là à son réveil ? La question tournait dans ton esprit mais tu n'allais pas la poser. Enfin, sans doute. Tu ne serais pas partie, pas de cette façon. Pas sans échanger quelques mots au moins. Parce que ça te semblait primordial d'en parler, de ne pas garder les lèvres fermées. Vous étiez adultes, vous deviez parler des choses au lieu de les laisser piquer de tous les côtés. Ca n'aurait servi à rien de partir alors qu'il dormait encore, remettant l'inévitable à la prochaine rencontre. Ca aurait été trop gênant et t'aurais même pas été sûre d'être capable de le regarder dans les yeux. Le malaise se serait vu, se serait senti et cela aurait éveillé bien plus de questions que tu n'avais de réponses. Il était hors de question que tu te retrouves dans une situation aussi embarrassante en sachant qu'elle aurait pu être évitée. C'était ce que tu faisais actuellement. Enfin tu essayais. Dans un nouveau souffle, tu refermas maladroitement les boutons de la chemise, inversement l'ordre, le premier se retrouvant sans rien – mais à dire vrai tu t'en fichais un peu pour le moment. Tu gardas une esquisse aux lèvres pour répondre à la sienne, afin de montrer à quel point tu étais chanceuse de l'avoir. Tu ne comprenais vraiment pas comment on pouvait t'envier. Tu ne comprenais pas avant, tu comprenais encore moins maintenant.

Tu préférais en parler que taire d'éventuelles questions. Tu en avais sans en avoir, connaissant la réponse pour certaines, ne voulant pas la savoir pour d'autres. Tu supposais que c'était mieux comme ça, d'en parler ouvertement. T'étais gênée, évidemment, car tu n'aurais jamais cru cela possible. Mais c'était fait maintenant et il était trop tard pour regretter de toute façon. Tu hochas simplement le visage à ses mots, les lèvres faiblement pincées, les doigts frôlant la tasse toujours vide devant toi. Tu ne savais même plus pourquoi tu l'avais prise. « J'ai rien à dire de plus », dis-tu dans un petit mouvement d'épaules. « C'était juste pour m'assurer que tu puisses dire tout ce que tu avais à dire », l'informas-tu doucement. Même si votre relation n'était pas au beau fixe, tu refusais de ne pas entendre ce qu'il avait à dire sur le sujet, ses préoccupations ou même ses questions. Tu aurais répondu à chacune d'elles, même si la gêne était présente. T'aurais pris le temps de penser à chaque réponse. « Ca ne change rien entre nous de toute façon », conclus-tu, les prunelles sur la tasse avant de les relever vers lui. Il était Jang Woo. Tu restais Hye In. Vous restiez ce faux couple dont les médias adoraient parler. Ca ne changeait rien sur le reste, sur votre travail, votre lien. Tout restait comme avant. « Je voulais juste mettre les choses à plat, en quelque sorte. Ca me paraissait important », que tu lui expliquas, les pupilles toujours vers lui, tentant de déceler une éventuelle gêne ou d'éventuelles questions qui ne voulaient pas être prononcées. Cela dit, s'il en avait, il les aurait posées. Tu supposais. « Ravie d'avoir pu discuter avec toi », dis-tu en te levant, jouant un peu avec la tasse avant de la déposer dans l'évier ne sachant trop quoi en faire. Pas besoin d'avoir une longue discussion, pas vrai ? L'échange avait suffit à te faire comprendre que vous pensiez la même chose, que vous acceptiez tous les deux ce qu'il s'était passé. « Je vais prendre une douche », l'informas-tu, le regard vers lui comme si tu attendais son accord. « Tente pas de me rejoindre, attends ton tour », que tu plaisantas dans un clin d’œil, le rire léger, avançant vers la porte de la cuisine. « Et merci pour la chemise mon cœur », tu lui envoyas un baiser en quittant la pièce, le sourire fin aux lèvres – ta façon de montrer que non, ça ne changeait rien. Que tu continuais de jouer ton rôle, tout comme lui. Tu étais gênée sans aucun doute. Encore perdue, totalement – la douceur de ses gestes ne semblait pas vouloir quitter ta peau. Mais ça passerait – tu supposais.

Sincèrement, Jang Woo avait beau y réfléchir, il ne saisissait toujours pas. Il ne comprenait pas comment cela avait pu autant dérapé entre eux, pourquoi il en restait perturbé et gêné aujourd’hui et pourquoi il se sentait ainsi. N’importe qui lui répondrait qu’il s’agissait d’une réaction normale, que c’était humain de prendre du plaisir, d’avoir apprécié et d’en être troublé à cause de tout cet amas d’émotions éprouvées la veille. Sauf qu’il n’aimait pas l’image que ça lui donnait, il n’aimait pas le fait qu’on puisse penser qu’il était ce genre de garçon capable de faire l’amour avec une femme, sans forcément éprouver de sentiments amoureux. Il n’y avait pas de quoi avoir honte cependant une partie de lui avait du mal à assumer son attitude à ce moment là mais aussi le fait d’en être déconcerté à cause de ces drôles de pensées qui arpentaient son esprit. Il comprenait le souhait de Hye In d’en parler, il le respectait également et c’était bien la raison pour laquelle il la laissa s’exprimer à son tour. Non, bien sûr que non, il ne regrettait pas ce qu’il s’était passé, il ne pouvait pas l’oublier non plus et il assumait cette nuit intime et passionnée qu’ils avaient partagé. Ce qu’il n’assumait pas était vraiment son propre comportement, ses propres émotions et, lorsqu’il y songeait, l’acteur ne se reconnaissait pas. Avait-il réellement agi uniquement à cause de ce rôle qu’il incarnait ? Bien qu’il voudrait se réconforter en contentant d’une telle excuse, au fond de lui, Jang Woo savait pertinemment que ce n’était pas entièrement le cas. Peut-être cela l’avait été au début, lorsqu’ils se chamaillaient et se titillaient, dans le simple espoir d’embêter l’autre puis le faire céder. Hors, au bout d’un moment, le jeu s’était dissipé, remplacé par une profonde tension, par des désirs inavoués, par une passion qu’il ne semblait se connaître jusqu’à présent et c’était ce qu’il comprenait le moins.

« Je comprends. » Que pouvait-il ajouter d’autre de toute façon ? Il avait exprimé sa manière de penser, Hye In venait d’en faire avant, ils pouvaient donc classer le sujet. « Non. » Le concernant en tout cas, cela ne changeait rien. Comme il le songeait déjà plus tôt, ils n’étaient rien pour l’autre, ils ne le seraient toujours pas à l’avenir. Bien qu’il se doutait que la jeune femme n’était pas une mauvaise personne, que s’il faisait des efforts, ils s’entendraient certainement, lui ne souhaitait pas se diriger sur ce terrain là. Qu’est-ce que cela lui avait apporté par le passé, hm ? C’était mieux ainsi. Les émotions qui l’habitaient, le garçon n’en laissa transparaître aucune, retrouvant bien vite cet air arrogant et sûr de lui alors que sa « petite amie » soulevait simplement que le sujet lui semblait important. Et elle avait probablement eu raison d’avoir voulu en parler ; cela aurait été pire s’ils avaient choisi de s’éviter, autant battre le fer quand il était encore chaud. A croire que Jang Woo était bien moins courageux qu’elle puisque, si les rôles avaient été inversés, certainement qu’il n’aurait pas su trouver la bravoure de l’affronter de bon matin. Sûrement même que le rôle qu’il se serait attribué aurait été beaucoup plus horrible que les paroles prononcées un peu plus tôt.

En silence, machinalement, il la suivit du regard, gardant sa propre tasse entre les doigts, sans pour autant la remplir d’eau. « Je sais que tu en mourrais d’envie mais je serais sage. » Lui répondit-il dans un sourire en coin, dissimulant toute gêne ressentie derrière ce masque factice qu’il portait si parfaitement. Franchement, à quoi pensait-elle en émettant une telle réflexion ? Le jeune homme ne put que souffler tandis qu’il balançait sa main dans le vent en sa direction, sous-entendant qu’il voulait qu’elle s’en aille et qu’elle lui fasse de l’air. Elle n’était pas croyable et bien plus coriace qu’il ne l’aurait imaginé. Presque et il la trouverait mignonne à agir de la sorte… Une pensée qui le fit immédiatement écarquiller les yeux avant de fixer l’entrée de la cuisine d’un regard outré, offensé lui-même par ce qu’il venait tout juste de songer. Il toussota, manquant limite de s’étouffer, avant de se décider enfin de s’emparer de sa bouilloire pour vider l’eau chaude dans son mug où ses feuilles de thé vert n’attendaient qu’à être infusées. Le déposant sur le comptoir, il ouvrit l’une des armoires situées le plus haut, pour se saisir de ses cachets du matin qu’il avala ensuite à l’aide d’un verre d’eau. Ce n’était qu’ensuite, il commença à sortir le nécessaire pour préparer son petit déjeuner, hésitant à en faire plus que d’habitude puisque, malgré tout, il n’était pas tout seul… Et si son côté agaçant lui disait de se débrouiller, l’autre lui soufflait à l’oreille que ça ne coûtait rien d’ajouter une part supplémentaire. Jang Woo préféra ne pas trop se prendre la tête et opta de lui laisser quelque chose également. Dans un soupir, se résignant à préparer pour deux, il s’attela à la tâche, s’arrêtant par moment afin de boire quelques gorgées de son thé pour reprendre ensuite à l’endroit où il s’était arrêté.

Œufs brouillés, légumes sautés accompagné d’un petit bol de soupe avec des d’autres légumes et du tofu, voilà ce que le garçon avait cuisiné. Parce qu’il devait toujours avoir une alimentation saine, il était obligé de faire attention donc ce qu’il mangeait n’était pas spécialement au goût des autres hors, si Hye In n’était pas contente, il ne la forçait pas à en prendre. Jus de fruit frais en main, uniquement pour lui – il ne fallait pas abuser des bonnes choses non plus – sa tasse de thé dans l’autre, il s’installa finalement à table, n’attendant pas le retour de la jeune femme pour commencer à manger. Toutefois, celle-ci fit son apparition quelques minutes plus tard cependant Jang Woo ne lui rétorqua aucun mot, se nourrissant tranquillement de ce qu’il avait préparé. Il ne lui était pas nécessaire de répliquer quoi que ce soit, son bol et son assiette se trouvait déjà sur la table, face à lui, elle pouvait donc faire ce qu’elle voulait. De toute manière, ils avaient l’habitude de ne pas tant se calculer, elle pouvait agir comme chez elle sans le moindre problème, ils l’avaient dit plus tôt, ce qu’il s’était passé la nuit dernière ne changeait rien à leur relation.

En avoir parlé était le plus important. Poser les questions si nécessaire – la franchise avant tout. Vous étiez des adultes capables de régler tout ça sans avoir besoin de passer par les silences gênants. Même s'ils l'étaient un peu et même si le réveil avait été plus que surprenant. T'avais été totalement consciente la nuit dernière, lui aussi. Pas besoin de chercher ou d'essayer. C'était comme ça. C'était arrivé parce que ça devait arriver et même si tu le voulais, tu ne trouverais pas d'autres raisons que celle-ci. Jang Woo ne niait pas non plus et la discussion était même plus sereine que tu ne l'aurais pensé. Au moins tout s'était bien passé, tu supposais. Rien ne changeait entre vous, et rien ne changeait pour vous. Vous étiez humains et c'était naturel. Vous n'alliez sans doute pas revenir là-dessus mais au moins le sujet a été discuté. Encore une fois, c'était le plus important de ton point de vue. Et c'était ce que tu avais voulu faire directement. Inutile de fuir ou de faire semblant. Inutile de repousser la chose à plus tard, ça aurait été pire encore et totalement puéril. T'admettais être immature, parfois mais t'étais de manière générale quelqu'un d'assez réfléchi. C'était fait, c'était passé. Voilà tout. « Good boy ~ » que tu chuchotas en riant discrètement, quittant la cuisine non sans tirer la langue un minimum avant. Oui, t'étais mature – mais tu dessinais là le fait que rien ne changeait. Que la taquinerait n'était jamais terminée, que oui ça te gênait mais que tu n'allais pas laisser tout ça te bouffer ou te faire changer de comportement. T'étais humaine, tu l'admettais sans jamais hésiter. T'avais des envies, des besoins et des rêves. T'avais des émotions et c'était ce qui faisait de toi, toi.
T'aimais pas te vanter, mais en plus, t'avais gagné une chemise.

Chemise que tu remis sur les épaules en quittant la salle de bain, passant tes phalanges dans tes cheveux mouillés et coiffés pour tenter de les replacer maladroitement. Tu te rendis dans la cuisine, surprise d'y découvrir un petit déjeuner. Pour toi. Tu restas un instant immobile, observant. T'aurais pourtant cru qu'il n'attendait qu'une chose, que tu t'en ailles. Hors il t'avait préparé un petit déjeuner. Agréablement surprise par l'attention, tu marquas tes lèvres d'un sourire sincère, t'installant à table, lui lançant un regard avant de commencer à manger. En silence, les pupilles s'égarant parfois dans sa direction, tu savouras la nourriture, ne lâchant que quelques mots pour dire que c'était délicieux et pour le remercier. Tu aidas à ranger après avoir terminé, car c'était la moindre des choses – et que même si l'idée de le laisser se débrouiller était tentante, t'étais pas non plus horrible à ce point. Tu fis simplement ce que tu pouvais, nettoyant, rangeant. Puis tu allas récupérer tes affaires, enfilant ta tenue de la veille – et la chemise, parce que tu comptais bien la garder, oui – le remerciant pour le tissu dans une esquisse malicieuse et pour le petit déjeuner avant de t'en aller.


T'aurais pas pensé te retrouver au même endroit quelques jours plus tard – chez Jang Woo. L'idée même te paraissait ridicule, comme une mauvaise blague à laquelle on te forçait à rire. Sauf que rien n'était drôle – c'était même plutôt douloureux. Chaque mouvement était une torture. Le bas de ton dos te faisait affreusement mal, tirant jusqu'au bout de tes jambes ou s'allongeant jusqu'à tes épaules. Tandis que le bas de ton ventre piquait – brûlait – te coupant presque le souffle tant la douleur était vive, t'obligeant à te courber. Tes paumes pressées contre ton ventre n'arrivaient pas à faire diminuer la douleur – tes doigts ici posés ne servaient même à rien en réalité. L'interview prévue ce matin avait été un calvaire sans nom. On t'avait fait remarquer ton teint pâle, et tu l'avais toi-même constaté dans le reflet du miroir. Tu avais affiché ton plus beau sourire – esquisse crispée quand la douleur cognait contre ta peau. Ca te faisait tellement mal que marcher avait été pénible, ensuite. Et ta tenue qui n'aidait pas. Tenue dans laquelle tu te sentais trop serrée, presque incapable de respirer. Tu voulais porter quelque chose de doux, de confortable. Tu voulais être à l'aise. Tu voulais être chez toi, dans ton lit. Tu voulais te reposer, un tissu chaud sur le ventre et le sommeil non loin. T'avais tellement mal que les mots avaient commencé à s'éteindre, refusant de quitter ta bouche. Tu avais fini par fermer les yeux, espérant que la douleur disparaisse. T'avais pas retenu la fine grimace boudeuse quand tu étais arrivée chez Jang Woo mais tu te contentais de suivre sagement. « Est-ce que je pourrais avoir quelque chose de chaud ? », que tu parvins à articuler dans une demande chuchotée, suppliant que la chaleur de la boisson puisse apaiser la tension dans tes muscles, ton ventre – ton corps. « S'il te plaît », vins-tu ajouter après une brève réflexion. C'était tout de même la moindre des choses – avant qu'une nouvelle grimace ne contorsionne les traits de ton visage. Et tu connaissais les maux qui te tombaient dessus. Tu savais. Tu connaissais ces douleurs, ces sensations. « Je suppose que t'as rien pour les règles chez toi ? », c'était une question sans en être alors, les doigts massant ta peau alors que tu soufflais, épuisée.

Jang Woo non plus ne pensait pas accueillir à nouveau Hye In chez lui en si peu de temps. Après tout, bien qu’ils avaient couché ensemble ce soir-là, cela ne changeait en rien leur relation et ce, même si les médias en avaient rajouté une couche à cause de ce baiser partagé au bal. En ce qui les concernait, rien n’était différent, ils avaient succombé à leurs désirs, ils avaient apprécié et si se faire à l’idée n’avait pas été si simple que ce que l’acteur laissait transparaître, il n’avait pas eu d’autres choix que de s’y résigner puis d’accepter les faits. Cependant, en dépit de tout, ils restaient deux êtres qui ne supportaient pas à la base ; Jang Woo restait ce garçon exécrable et chiant à longueur de journée qu’on souhaiterait pouvoir faire taire dés qu’il ouvrait la bouche pour émettre une mauvaise remarque ou pour râler. Pourtant, c’était ce même garçon qui décida d’embarquer la jeune femme chez lui aujourd’hui… Ce n’était pas pour le bien de l’image de leur couple, pour créer de nouvelles réactions auprès du public mais parce qu’il avait vu, pendant l’interview, ô combien Hye In n’était pas dans son assiette et que le manager de cette dernière semblait avoir tout à coup disparu. Lui ne s’était pas posé de question à cet instant précis parce que la santé d’une personne était censée être plus important que tout le reste et que, oui, au fond de lui, peut-être il s’inquiétait. Au diable l’interview, au diable la séance photo qui aurait dû normalement suivre, celle-ci devait être reporté ; il n’avait pas donné plus de raisons, prêt à payer les dommages s’il y en avait puisque ce genre d’évènement était le cadet de ses soucis à ce moment là. Demandant à son manager de s’occuper du problème, l’acteur s’était donc dirigé vers sa « petite amie » qui n’avait pas l’air d’aller mieux, lui indiquant de monter avec eux et qu’ils partaient. La conduire à son logement, évidemment qu’ils auraient pu le faire hors la vérité était que Jang Woo n’avait même pas réfléchi ; cela lui paraissait plus pratique de se rendre à sa maison, celle-ci ne se trouvait pas loin de l’endroit où ils étaient puis, surtout, au moins elle ne serait pas toute seule.

Tout le long du trajet, le garçon jeta des coups d’œil discret en sa direction, sans jamais prononcer le moindre mot, puis une fois arrivée, il l’aida à avancer jusqu’à l’intérieur, non pas sans avoir fait signe à son manager qu’il pouvait s’en aller. Bien sûr que non, le jeune homme n’avait aucune idée de ce qui arrivait à sa « petite amie » et il espérait qu’il ne s’agissait pas de quelque chose de grave. Il avait beau être quelqu’un lourd et arrogant, il n’avait jamais désiré du mal à son entourage et, en réalité, Jang Woo s’avérait être une personne beaucoup plus avenante qu’il ne le montrait. Hye In en avait certainement été la première témoin l’autre soir alors que, dans la passion de l’instant, les caresses sur sa peau, ses lèvres contres les siennes, tous les masques s’étaient envolés, dévoilant leurs émotions les plus profondes et ceux qu’ils étaient réellement. Et pour aujourd’hui, oui, il se faisait sincèrement du souci pour elle-même si, une nouvelle fois, l’acteur ne l’exprimait pas spécialement extérieurement. « Si tu veux. » De ce côté-là, la jeune femme avait de la chance puisque, ayant lui-même des problèmes de santé, Jang Woo avait toute sorte de boissons et tisane efficaces pour tout type de maladie et douleurs. La laissant s’installer au salon, lui partit donc dans la cuisine afin de lui préparer une infusion à la camomille et d’en revenir une fois, quelques minutes plus tard, une grande tasse en main, de l’eau bouillante puis le sachet à l’intérieur. De retour dans la pièce, il déposa l’objet sur la table face au canapé, lui conseillant d’attendre un peu que ça refroidisse. La suite toutefois le jeune homme ne l’avait clairement pas vu venir… Soudainement, ce fut comme si le temps s’était arrêté tant, bêtement, il se figea sur place tout en la regardant d’une expression pleine de confusion. « … » En toute franchise, parmi toutes les choses auxquelles l’acteur avait pu imaginer, il s’était attendu à tout sauf à ça. Ce n’était rien de choquant en soit, c’était même la nature en vérité, néanmoins personne ne pouvait lui empêcher de trouver le sujet quelque peu gênant. « Non ? » Qu’était-il censé répondre d’autres ? Pourquoi aurait-il quelque chose pour les règles chez lui ? Et malgré sa réponse, peu sûr de ce qu’il déclarait tant la question le prenait de cours, il gardait cet air penaud accroché à sa figure. Etaient-ils devenus proches à ce point ? « Il te faut quoi ? » Evidemment qu’il savait ce qu’utiliser les femmes pour les problèmes féminins, même s’il n’avait jamais eu réellement à gérer un tel problème jusqu’à présent, hors il ignorait ce dont Hye In avait besoin… Cela pouvait être des médicaments comme autre chose et, dans les deux cas, Jang Woo n’avait ni l’un ni l’autre.

Vraiment, c'était bien ta chance. Ton estomac se tordait dans tous les sens et peu importait la pression que tu venais y appliquer ça ne changeait rien. Ca avait été durant l'interview, t'avais été incapable de bouger, gardant les dents serrés pour éviter de jurer brusquement quand les crampes devenaient plus virulentes. T'aimais pas ce moment, encore moins quand ça arrivait au travail. Quelques souffles t'avaient échappé, pour espérer faire passer la douleur, mais ça non plus, ça n'avait pas fonctionné. Rien ne semblait vouloir fonctionner et tu ne voulais qu'une chose : rentrer. Rentrer, t'allonger, dormir. Oublier la douleur, ce mal qui faisait brûler ton corps, qui te donnait la nausée, l'envie de te taper la tête contre le mur. Rien ne fonctionnait et tu galérais à tenir droite ou à faire mine que tout allait bien. Tu sentais tes forces diminuer en même temps que la tension dans tes muscles augmentaient. Vraiment, c'était bien ta chance. Encore plus quand tu te retrouvas dans la voiture vers le domicile de Jang Woo. T'avais pas cherché à dire quoi que ce soit, à dire que tu voulais rentrer. Tu te laissais juste guider, la douleur trop prononcée pour réussir à articuler quelque chose. Et quand tu le pouvais, t'étais juste épuisée que tu laissais simplement le temps et le paysage défiler.

Et ça ne changeait rien à ton envie de t'allonger et de te détendre. Tu voulais tout simplement ne rien faire. Juste attendre, enroulée dans un plaid, que la douleur se dissipe. Tu voulais juste regarder quelque chose à la télé qui te changerait les idées – mais rien de trop triste ou de trop agaçant. Quelque chose de léger qui te permettrait d'oublier la douleur. D'essayer. Mais t'étais pas chez toi, t'avais pas ton lit, tes couvertures, ton coussin. T'avais pas ta bouillotte, élément important, à plaquer contre ton ventre pour espérer aider. T'étais chez Jang Woo et l'idée te détendait autant qu'elle te stressait en réalité. T'étais étonnée qu'il t'ait emmené là mais tu ne le questionnas pas à ce sujet. Encore une fois, il te paraissait doux – mais son visage n'affichait pas grand chose. Comme la dernière fois que vous aviez passé ensemble. Ses gestes avaient été si doux que t'en avais été chamboulé. Au réveil ça n'avait plus été le cas – mais tu n'oubliais pas. Ta peau non plus. « Merci », que tu soufflas, inspirant longuement, ta paume contre le ventre. Tu patientas sagement, sans rien faire, sans rien dire. Quelques grimaces se formaient et se déformaient sur ton visage jusqu'à ce que tu ne lâches la question. Le pauvre. Tu supposais qu'il ne s'était pas réellement attendu à ça. « Non ? Tu sais pas ? », tu ris quelque peu, grimaçant au final. Tu levas les pupilles vers lui, coupable et désolée, la douleur visible dans les traits de ta frimousse. « Un peu tout », vu qu'il n'avait rien ici. « Des serviettes, des médicaments contre les règles douloureuses », commenças-tu à articuler. « Ou des tampons, comme tu préfères », tu bougeas mollement les épaules, un regard larmoyant vers lui. « Ca fait mal », t'aimais pas être comme ça. T'aimais pas te montrer comme ça. Mais c'était vraiment douloureux. Tu fermas les yeux, basculant la tête en arrière. « T'as de la chance d'être un homme. J'aurais dû être un homme », que tu marmonnas, boudeuse, le nez retroussé. « Il y a une pharmacie pas loin ? », demandas-tu, rouvrant les paupières, soufflant en te redressant comme si tu comptais y aller mais te lever était compliqué. La main sur le bas du dos, tu soufflas à nouveau. « Désolée. A cause de moi on a dû reporter les photos et l'interview... », tu baissas les épaules. L'interview avait été un désastre pas vrai ?

Dans le fond, certainement que si Jang Woo savait, il comprendrait que la jeune femme puisse être dérangée de ne pas se trouver chez elle. Sauf que lui ne se voyait pas laisser une personne malade toute seule et, bien qu’il aurait pu rester avec elle au logement d’Hye In, rien ne disait qu’elle l’aurait autorisé ; de toute manière, en choisissant cette destination, l’acteur n’avait même pas réfléchi, il s’était contenté d’agir rapidement, quitter les lieux afin de pouvoir l’emmener quelque part où elle pourrait se reposer. Voilà comment tous deux avaient atterri à sa maison, comment il l’avait laissée s’installer au salon pendant qu’il lui préparait une boisson chaude et comment la jeune femme parvint à le rendre penaud avec une simple question. Non, le garçon ne s’attendait pas à ça et il ne sut guère comment réagir, immobile et figé durant de longues secondes avant de lui répondre enfin. Il ignorait ce que sa « petite amie » désignait par « ne rien avoir pour les règles » cependant il doutait avoir quoi que ce soit et la confusion le fut répondre sous le ton de l’interrogation. Jang Woo savait pourtant qu’il n’avait aucun produit féminin chez lui seulement c’était à croire que le malaise parlait pour lui. Le point positif était que, au moins, sa réaction eut don de la faire rire un bref instant même si la douleur la rappela à l’ordre quelques secondes plus tard. « Non, je n’ai rien. » Lui rétorqua-t-il finalement dans un léger mouvement d’épaules, lui demandant toutefois sur ce qu’elle avait besoin. S’il n’avait pas, il pouvait toujours aller en chercher si c’était réellement nécessaire ; non pas que l’idée lui plaisait toutefois Hye In était clairement mal en point, il n’allait pas lui dire de se débrouiller, ce serait mal venu. Hors, aux réponses de cette dernière, le jeune homme marqua de plus bel un instant de pause, non pas parce qu’il était embêté à l’idée de devoir acheter tout ça – quoi que peut-être un peu – mais parce qu’il n’aurait jamais cru avoir ce genre de conversations avec elle un jour. « … » A nouveau, il laissa planer plusieurs secondes avant d’enchérir dans un « Ce n’est pas moi qui suis censé avoir des préférences. » Elle avait déclaré comme il préférait, ce qui l’avait bien sûr rendu beaucoup plus confus, ne saisissant pas ce que la demoiselle souhaitait sous-entendre par ses propos.

La peine que l’acteur lisait dans les yeux de la jeune femme lui faisait sincèrement mal au cœur, toujours plus qu’il ne l’affichait sur son visage, alors qu’il ne relevait aucune de ses remarques ; pas même lorsqu’elle l’interrogea sur la présence d’une pharmacie dans le coin, visiblement prête à y aller dans sa condition. « L’interview et les photos peuvent attendre. » Se contenta de répliquer le garçon posément, bien que dans son ton pouvait transparaître un soupçon d’indifférence ; en réalité, par ses paroles, c’était façon de lui dire de ne pas s’en faire et qu’il ne lui en voulait pas. « Allonge-toi si tu le souhaites. Je reviens. » Et avant même de lui donner l’opportunité de rétorquer quoi que ce soit, Jang Woo ajouta « S’il y a un problème, appelle-moi. » Par problème, il parlait bien évidemment de la santé de sa « petite amie », si jamais celle-ci se sentait trop mal et ce, même s’il ne pourrait sûrement pas y faire grand-chose. Sans un mot de plus, après s’être emparé de sa veste, avoir positionné masque et casquette sur la tête, il quitta finalement sa maison, direction la pharmacie. Qu’est-ce que Hye In avait demandé déjà ? Des serviettes, tampons et médicaments contre les règles douloureuses. Ce n’était pas compliqué à se souvenir mais, par précaution, le jeune homme se répéta la liste à plusieurs reprises dans ses pensées.

Heureusement, la pharmacie se trouvait qu’à cinq minutes à pied de chez lui et il arriva donc rapidement sur les lieux. Son premier réflexe en pénétrant à l’intérieur fut d’abaisser un peu plus sa casquette afin de dissimuler son visage, détestant avoir toute l’attention alors que son principal désir actuellement était d’être tranquille et se dépêcher de rentrer à la maison. Le problème ensuite ne fut pas de trouver ce dont sa « petite amie » avait besoin mais de ne pas se formaliser de tous ses regards déconcertants posés sur lui. En même temps, il était le seul homme dans le rayon parmi trois femmes et il lisait avec attention ce qu’indiquait chaque paquet devant lui. On ne le fixait pas parce qu’il était acteur mais parce qu’il était un garçon et que, sûrement, on le prenait pour un drôle de pervers ou fétichiste… Il fallait dire qu’en Corée où l’intimité et la discrétion régnait en maître, c’était certainement rare de croiser un homme acheté des serviettes hygiéniques pour sa copine. Et pourtant lui ne comprenait pas pourquoi c’était si surprenant cependant, certes, ça ne l’empêchait pas d’être mal à l’aise par cette situation. De dos, il sentait tout ses regards sur lui et, bêtement, sur l’instant, il n’osait pas bouger. Toutefois, abaissant un peu plus sa casquette, il se reprit et décida de ne pas s’en formaliser puis reporta son attention sur les différents produits, ignorant clairement ce qu’il était censé prendre. Pourquoi y avait-il trente-six-mille sortes aussi ? Etait-ce impossible de se contenter de la simplicité ?

Finalement, ne sachant pas trop ce qui était le mieux, oui, il opta pour le plus simple et décida d’acheter tampons et serviettes parce que, non, il n’était pas celui qui avait des préférences. A la caisse, Jang Woo questionna la pharmacienne pour les médicaments mais également sur des conseils plus naturels pour aider à atténuer la douleur. Contrairement aux autres femmes précédemment, l’employée parut plus touchée par sa dévotion et le conseilla avec professionnalisme. Voilà comment le jeune homme sortit de l’endroit avec serviettes hygiéniques, tampons, comprimés, une bouillote et des compresses chaudes dans son sac en plastique. Un soupir traversa la commissure de ses lèvres tandis qu’il retrouvait l’extérieur, le cœur battant plus vite qu’à l’accoutumé – la gêne était bel et bien présente au bout du compte – avant de retourner chez lui en essayant de se dépêcher. A son arrivée, une fois déchaussée et démasquée, il s’en alla directement dans la cuisine où il fit chauffer la bouillote, préparant ensuite un verre d’eau et un cachet. Le sac accroché à son poignet, il rejoignit sa « petite amie » à présent allongée sur le canapé. « Tiens. » Déclara-t-il en lui donnant le récipient accompagné du médicament, déposant ensuite le sac su la table. « Je ne savais pas ce que tu voulais donc j’ai pris plusieurs trucs. » Alors non, il n’avait pas dévalisé la pharmacie, il avait acheté le nécessaire mais ignorant tous des préférences de la jeune femme, ne souhaitant probablement pas les savoir, c’était mieux de la laisser choisir.