Sa façon de formuler sa réponse avait au moins eu le don de te faire rire, détendant un peu tes muscles pendant quelques secondes. Même si la douleur était revenue. C'était épuisant de devoir gérer la douleur et ton expression. Tu te permettais de grimacer plus facilement ici alors qu'au travail tu tentais toujours de garder un visage impassible. Aujourd'hui avait été plus violent que d'habitude cependant, t'empêchant de réellement te concentrer sur les choses à faire et à dire. Tu te disais qu'il valait mieux rire de la situation que d'en pleurer. Peut-être les nerfs, aussi, te donnaient envie de rire alors que rien paraissait réellement drôle. Mais tu avais totalement raté l'interview et on avait dû décaler le programme à cause de toi. T'aimais pas ça. Tout était agencé pour être parfait, et optimisé au mieux – t'aimais pas décommander à la dernière minute même si, pour le coup, t'y pouvais pas grand chose. Et te tenir debout pour quelques photos aurait été un calvaire. Tu l'aurais fait, tu l'avais déjà fait et tu devras le faire encore cependant. « C'est peut-être pas ce que les agences diront », que tu soufflas, déjà agacée alors que personne te sermonner vraiment. « C'est peut-être pas non plus ce que les photographes diront », tu fis la moue, le nez plissé, vraiment mécontente de te faire sermonner par personne à part toi-même en cet instant. Mais t'entendais déjà les phrases types et clichées, celles que te donneraient envie de secouer des gens sans pour autant le faire. Tu soufflas une nouvelle fois. Tu clignas des paupières à ses paroles, lui lançant un regard perplexe. « Tu vas y aller ? Pour moi ? », tu te désignas bêtement du doigt, l'air de plus en plus penaud, la bouche finement ouverte sans une rétorque qui ne vint pas. A la place tu hochas simplement le visage, un « Merci » soulagé coulant naturellement sur tes lèvres. Et tu t'allongeas lentement, le souffle apaisé d'adopter cette position. Tu voulais plus te lever maintenant. « Promis », dis-tu, même si tu n'allais pas appeler. T'auras pas de problèmes. Normalement. T'espérais que non.

Mais tu te heurtas à ton premier souci : ta tenue. Quelques soupirs brûlèrent ta bouche. Tu voulais te changer, te rouler dans des habits confortables, et doux. T'avais l'impression d'être serrée dans tes habits et t'aimais pas ça. Tu ne bougeas pas pour autant, préférant rester couchée en attendant, fermant les yeux pour essayer de te détendre au maximum. Tu gesticulas un peu ici et là pour tenter de trouver la meilleure position. Puis tu devins immobile, bougeant que lorsque tu entendis Jang Woo revenir, rouvrant les paupières que lorsqu'il fut près de toi. Tu te redressas doucement, attrapant ce qu'il te donnait en le remerciant. Sans attendre tu pris le cachet, soufflant de soulagement une nouvelle fois. Tu fixas ensuite le sac, immobile, l'air perplexe. Les pupilles allant et venant entre le sac et Jang Woo, tu te pinças les lèvres. « T'as dévalisé toute la pharmacie ? », que tu lui demandas dans un rire discret après avoir regardé le contenu du sac. « C'est gentil, merci », tu tournas tes pupilles vers lui pour lui offrir un sourire avant de te lever, attrapant directement le sac. « Mieux vaut trop que pas assez comme on dit hein », plaisantas-tu, l'esquisse amusée mais réellement touchée par l'effort et le geste. Tu désignas ensuite les toilettes pour dire que tu y allais t'y rendant sans attendre. « Je suppose que t'as pas des habits de rechange pour moi non plus ? », que tu demandas en quittant la petite pièce, refermant la porte, retournant dans le salon. Tu paraissais vidée de toute énergie. « Je vais dormir je crois. Au réveil ce sera peut-être passé », tu t'installas sur le canapé, espérant pouvoir récupérer un peu pour être en forme et rentrer chez toi. « Encore merci. Pour les serviettes, et les tampons et les médicaments », tu te calas un peu plus confortablement, les pupilles déviant vers lui. Tu l'observas un instant, muette, avant qu'une petite esquisse vint flotter sur tes lèvres. « La pharmacienne t'a pas trouvé trop bizarre à prendre tout ça ? »

En toute franchise, Jang Woo n’avait que faire de ce que les agences diraient, de ce que les photographes et journalistes ajouteraient et c’était probablement le pourquoi, à aucun moment, il n’avait cherché à accuser la jeune femme. Lui s’en fichait qu’on puisse avoir une mauvaise image de lui, après tout ce n’était une nouveauté personne, l’acteur Han Jang Woo n’en faisait toujours qu’à sa tête. Hors, Hye In n’avait pas besoin de savoir tout ça, il ne comptait pas le lui préciser et ce, même si elle l’apprendrait certainement plus tard. Ce qui importait le plus à l’heure actuelle était son bien-être hors, évidemment que non, le garçon n’avait pensé que les raisons des douleurs de sa « petite amie » étaient à cause des problèmes féminins. Problèmes auxquels il ne pouvait guère compatir puisque lui n’avait jamais eu à subir cela néanmoins, en observant la jeune femme tout au long de l’interview, tout au long du trajet, et même en cet instant dans sa maison, il voyait bien que cela n’avait rien d’agréable. Le pourquoi d’ailleurs, malgré la gêne, il prit la décision de se rendre à la pharmacie ; il n’allait pas lui demander de le faire alors qu’elle était mal au point et que le simple fait de se lever semblait être un véritable calvaire. Surprenant de sa part probablement, oui, toutefois Jang Woo n’était pas aussi cruel que ce dont il laissait transparaître ; il était même beaucoup plus avenant que ce qu’il montrait et, peu importait ô combien il avait conscience du comment la situation serait embarrassante, il n’avait pas hésité une seule seconde à prendre les devants. En réalité, il n’y avait aucune honte à acheter des produits pour les règles, ce n’était pas comme s’il comptait s’en servir pour lui-même, il en achetait pour sa copine qui n’était pas en capacité de se déplacer. Sans relever les paroles de cette dernière, l’acteur quitta le logement, perdant beaucoup de temps à la pharmacie, la gêne le gagnant malgré lui à cause de tous ces regards posés sur lui pour, finalement, revenir une bonne vingtaine de minutes plus tard.

Penaud, le garçon l’était toujours bien qu’il s’attelait à moins le montrer, préférant retrouver ses grands airs qu’il arborait tout le temps. « Je ne savais pas quoi te prendre. Estime-toi déjà heureuse. » Non, il ne comptait pas se laisser déstabiliser par ce rire que Hye In affichait même si, en vérité, cela s’avérait assez compliqué. Ce n’était pas qu’elle le charmait mais qu’elle le perturbait à adopter une attitude pour laquelle lui n’avait pas l’habitude. Malgré lui, confus, sans pour autant défaire son expression, ses phalanges se perdirent à l’arrière de ses cheveux, les secouant doucement. « Je peux te passer des vêtements à moi ? » Proposa-t-il dans un haussement d’épaules, ignorant si cela lui convenait hors probablement que ce serait plus confortable que ce qu’elle portait actuellement. Alors que la jeune femme s’échappa quelques instants, Jang Woo se rendit dans son dressing afin d’en sortir un tee-shirt ainsi qu’un jogging, habits qui lui iraient certainement mille fois trop grands néanmoins l’acteur ne se soucia pas de ce détail. De retour au salon, sa « petite amie » ne se fit pas prier pour revenir non plus, expliquant qu’elle allait essayer de dormir avec l’espoir que les douleurs passent au réveil. Jang Woo acquiesça d’un simple mouvement de la tête avant de marquer à nouveau une pause « … » Était-elle réellement obligée de soulever encore le sujet ? A croire que Hye In le faisait exprès et qu’elle adorait le déstabiliser. « Non ça va. Les autres femmes de la pharmacie par contre, c’est une autre histoire… » Rien que d’y songeait lui donnait envie de les fusiller du regard, à se mêler de ce qui ne les concernait pas, comme s’il était un horrible pervers. Les coréens et les stéréotypes, on ne les refaisait pas. « Tiens. » Dit-il en lui déposant les vêtements qu’il tenait sur la table, avant de disparaître une nouvelle fois du salon. Il n’en revint que quelques instants plus tard avec un plaid dans une main, la bouillote mis un peu plus tôt au micro-onde dans l’autre ; tandis que Hye In était enfin prête à s’installer, il attrapa un coussin afin de l’aider à se mettre dans une position plus confortable, lui tendant ensuite la bouillote en silence. « C’est tout bon ? » L’interrogea-t-il d’une voix qui se voulait quelque peu grincheuse, mais qui ne l’était probablement pas en vérité, alors qu’il lui balançait la couverture légère sur le corps, sans l’once d’une délicatesse. Il ne fallait pas non plus abuser des bonnes choses.

On pouvait te voir comme un esprit libre – ne suivant les conseils et ordres des agences et autres instances qui pouvaient gérer tes contrats. Et pourtant, tu ne supportais pas l'idée de recevoir un commentaire de leur part. Gérer les planning était compliqué, tu le savais. Tout devoir bousculer à cause d'un souci ou un autre était toujours délicat et parfois insurmontable. Les problèmes de dernière minute pouvaient arriver ; mais tu n'aimais pas quand ça t'arrivait. Tout était prévu ainsi parce que tout fonctionnait ainsi pour tout le monde. Tu n'aimais pas déranger inutilement les autres. Que ce soit le staff de l'agence, les photographes, le manager de Jang Woo. Tout le monde était obligé de se torturer les méninges pour trouver un arrangement. Tu ne pouvais cependant pas nier que ça t'arrangeait d'être ici, loin des caméras ou appareils photos. Ca t'arrangeait d'être ici et de juste te poser sans être forcée de sourire ou de garder tes réponses les plus gentilles possibles. Au moins, ici tu pouvais te mettre à l'aise. T'étais pas chez toi donc tu restais encore sur la réserve mais tu t'installais au mieux, profitant du confort du canapé pour te détendre. Tu ne t'étais pas attendue à ce que Jang Woo aille à la pharmacie pour toi – encore moins qu'il revienne avec la bâtisse sous le bras. T'exagérais, évidemment. Mais l'attention était bien pensée, presque adorable. Sauf que ce mot n'allait pas dans la même phrase que « Jang Woo » – et tu te surpris à les associer, oubliant l'idée dans un rire. « J'en suis même honorée », répliquas-tu doucement dans un petit mouvement d'épaules, le sourire amusé. T'allais pas te plaindre, ou en pleurer, tu préférais en rire. La situation était presque irréelle, en soit. « Si ça te dérange pas je veux bien », au moins tu savais qu'en portant ses vêtements tu seras beaucoup plus à l'aise que dans les tiens actuellement. La chemise sous la veste te serrait, te donnant l'impression de suffoquer mais surtout de ne pas pouvoir oublier la douleur. Tu ne pourrais pas te reposer dans une telle tenue, en plus.

Une main sur la hanche, tu l'observas vaguement, retournant sur le canapé après un passage rapide aux toilettes. « Ca doit surprendre un homme avec autant de serviettes et de tampons dans les bras », articulas-tu dans un léger geste de la tête, retenant un rire rien qu'en imaginant la chose. C'était bien la seule où tu aurais voulu être avec lui. Tu pouffas discrètement néanmoins, levant les mains comme pour t'excuser en silence. Il avait fait tout ça pour toi, tout de même. « Merci », que tu dis, soufflant de soulagement de pouvoir retirer ces vêtements horribles. Tu allas te changer sans tarder, t'observant un instant dans un air confus. Tu retournas t'installer, remerciant encore l'acteur au passage, te calant le plus confortablement possible. Tu pris la bouillotte, le regard brillant comme si ton sauveur était arrivé – et tu serras l'objet sans attendre contre toi. « C'est tout bon », confirmas-tu, le regard un instant vers lui avant de souffler – contre le plaid et une mèche de tes cheveux. Tu lui lanças un air outré, avant de placer le plaid comme il le fallait, les sourcils froncés et l'air bougon. « Maintenant je bouge plus », tu serras un peu plus la bouillotte contre toi, soufflant de contentement. « Merci », murmuras-tu encore, fermant les yeux. « Ton t-shirt fait chemise de nuit, robe et plaid sur moi », tu ouvris un œil pour le regarder avant de pouffer discrètement et de refermer l’œil. « Je me repose un peu puis je rentre chez moi », articulas-tu dans un souffle lent, et épuisé. Et tu finis par t'endormir.
Au réveil, tu semblais perdue, les pupilles vaquant partout autour de toi alors que tu essayais de comprendre. « Jang Woo ? », marmonnas-tu, les sourcils froncés, te redressant quelque peu pour observer un peu mieux la pièce. « Je me suis endormie c'est ça ? », tu passas une main sur ton visage, chassant la fatigue, te recoiffant maladroitement.

Un haussement d’épaules fut tout ce que le garçon lui offrit, comme à chaque fois qu’il n’avait plus grand-chose à dire. Il n’avait pas spécialement envie de rentrer dans les détails ; oui, il était allé à la pharmacie, oui, il lui avait acheté toute une panoplie de produits pour les règles et non, il ne connaissait pas assez le sujet pour faire la sélection lui-même. Tout ce qu’il avait apporté, serviettes, tampons, compresses chauffantes, bouillotes, c’était des choses que la pharmacienne lui avait conseillées, il n’aurait jamais pu savoir cela de lui-même néanmoins il ne souhaitait pas particulièrement le préciser. Le plus important était que Hye In avait à présent tout ce dont elle avait besoin et lui espérait sincèrement que les cachets permettraient d’atténuer ses douleurs. Lui prêter des vêtements à lui ne le dérangeait pas, ce ne serait pas la première fois qu’elle lui piquait ses fringues de toute façon ; ne l’avait-elle déjà pas fait l’autre jour avec sa chemise ? Hors, la voir revenir et l’entendre lui parler encore et toujours de tampons et de serviettes avait réellement le don de le figer sur place. Cela ne se voyait peut-être pas extérieurement cependant son corps se tendait à chaque fois et le jeune homme avait toujours besoin de quelques secondes avant de chasser cette drôle de gêne qui l’accaparait. « Sûrement. » Renfrogné, Jang Woo ne put s’empêcher de l’être à cet instant, et il ne s’agissait même pas d’un masque qu’il portait ; il n’aimait pas se sentir embarrassé et il n’aimait pas être moqué non plus.

Ne désirant pas s’attarder éternellement dans cette conversation, il lui passa les habits qu’il avait préparé, la laissant aller se changer pendant que lui s’échappait dans la cuisine, en revenant quelques minutes plus tard avec la bouillote et le plaid entre les doigts. Et c’était justement pour retrouver un semblant de contenance, cesser de baisser les murs en face de la jeune femme, qu’il lui balança la couverture sans la moindre délicatesse. Comme il le répétait souvent, il ne fallait pas abuser des bonnes choses, l’acteur estimait en avoir déjà assez fait pour aujourd’hui. Le silence arpenta la pièce ensuite parce que lui n’avait aucune réponse à lui offrir, pas même lorsqu’elle le remercia, encore moins lorsqu’elle souleva son tee-shirt qui lui faisait office de chemise de nuit et qui lui provoquait de drôles de pensées dans son esprit. Des images d’une nuit passée, des images de deux corps qui s’entrelaçaient pour ne faire plus qu’un et qu’il ne parvenait pas tant à effacer, peu importait ô combien le garçon essayait. Parce que, quoi qu’il en disait, il avait apprécié et, oui, ce soir-là, il en avait été profondément attiré. Donc non, il ne voulait pas savoir exactement ce qu’elle portait, ni l’effet que cela lui procurait et il s’en voulait presque d’avoir ce genre de réflexions quand Hye In n’était pas bien.

A l’entendre rire, l’acteur fronça les sourcils, offusqué sans l’être de la voir réagir de la sorte, elle n’était pas croyable et cela eut même don de le faire soupirer. Pas besoin de lui répondre, en quelques minutes après, sa « petite amie » avait déjà rejoint Morphée et, s’installant non loin d’elle sur le canapé, il l’observa pendant de longues secondes. Le souffle qui traversa ses lèvres à cet instant précis n’avait rien d’une offense, c’était du soulagement… Puisque, désormais endormie, Hye In semblait réellement plus apaisé et lui préférait la voir ainsi qu’en train de se tordre de douleurs, comme un peu plus tôt dans la journée. Finalement, il se leva afin de s’emparer d’un bouquin qu’il lisait en ce moment, de prendre ses lunettes qu’il posa sur son nez, avant de retourner s’allonger sur le divan, sur le bout du « L », à l’opposé de l’endroit où se reposait la jeune femme. Et lui-même ne se sentit pas partir, les paupières lourdes l’obligeant à lâcher son livre après une quinzaine de minutes, ce dernier s’écroulant contre son torse alors que la fatigue l’emportait. A croire que lui aussi était épuisé et cela n’avait rien d’étonnant lorsqu’on constatait l’angoisse vécu plutôt dans la journée à cause de l’inquiétude, la pression sur les épaules malgré lui et les actions qu’il avait dû entreprendre pour sa « copine ». Non, il n’avait rien d’affolant cependant c’était vrai également qu’il avait essayé de se presser pour faire au plus vite et que ça, en plus des tracas éprouvés, avait fait travailler son cœur qui était censé se reposer. Certainement la raison pour laquelle Jang Woo commença à s’endormir à son tour, bien que somnoler s’avérait probablement être plus adéquat dans sa situation. Sans avoir de notion du temps, il était partagé entre le rêve et la réalité, peut-être le pourquoi il réussissait à discerner les mouvements autour de lui et ses sons qui lui semblaient à la fois si proches et si lointains.

Seulement, il lui fallut un certain temps de réaliser ce qu’il se passait et que, non, cette voix qu’il entendait n’était pas dans son rêve mais près de lui, le forçant à se réveiller beaucoup trop vite, trop brusquement. Sans réfléchir, l’acteur se redressa rapidement, ses lunettes devant ses yeux s’écrasant entre ses jambes tandis que sa tête tournait à cause de son mouvement trop brutal… Ses cheveux étaient à eux-mêmes un véritable champ de bataille et le teint pâle de sa figure démontrait, une nouvelle fois, que Hye In n’avait pas été la seule à avoir trouvé le sommeil. « T’as dit quelque chose ? » La questionna-t-il tout en passant une main dans sa chevelure afin de se recoiffer, le regard en sa direction. A l’ouest, le jeune homme l’était complètement et cela se voyait sur chaque parcelle de son visage parce que, s’il n’était pas une personne matinale, il était également quelqu’un qui peinait à émerger une fois réveillé.

T'étais pas gênée, après tout, c'était humain. Enfin un souci naturel, pour dire les choses autrement. Ce n'était pas de ta faute si ça gênait les autres – les hommes – et qu'ils se mettaient dans des états pas possible quand le sujet était abordé. Tu avais aussi conscience que certaines femmes n'aimaient pas en parler et bien évidemment, tu respectais chaque choix, chaque envie. Tu n'irais jamais commenter le problème ouvertement, tu préférais exprimer les choses de manière plus détournée. Mais selon la personne face à toi tu pouvais te montrer plus ou moins compréhensive. Tout dépendait. L'avis de chacun était important, bien sûr, sauf quand il était ridicule et infondé. Sauf quand il se faisait au détriment d'une catégorie de personnes. Autrement, oui, chaque avis était important. Jang Woo n'avait rien commenté, que ce soit l'idée en elle-même ou simplement ta douleur et tu lui en étais reconnaissante. Tu n'aurais pas apprécié un commentaire déplacé sur ce que tu ressentais. Certains le faisaient pensant mieux savoir que toi qui subissais les crampes. Idiot hein ? Mais l'acteur n'avait rien dit, au contraire, il t'aidait. Chose qui te perturbait autant que ça t'arrangeait. Tu préférais te pencher vers la seconde option plutôt que de trop penser, laissant les réflexions pour plus tard. Au moins tu avais pu quitter le travail, t'installer sur un confortable canapé avec des médicaments et tout le nécessaire. L'image que tu t'étais faite de Jang Woo à la pharmacie, les bras chargés, n'allait pas te quitter de si tôt. Et sans doute que tu y repenseras un jour pour sourire. Pour le moment tu préférais te caler confortablement, dans des vêtements plus confortables que ceux que tu avais portés jusque là. Les habits de Jang Woo étaient bien trop grands pour toi – et c'était parfait. Tu te sentais à l'aise, capable de respirer convenablement. Tu allais pouvoir te détendre et te reposer un peu. Le manque de sommeil pouvait parfois rendre la douleur plus vive, et c'était peut-être le cas aujourd'hui. Alors une petite sieste ne ferait pas de mal pas vrai ? Juste quelques minutes, tout au plus. La bouillotte contre toi, ta position trouvée et l'esprit plus apaisé, tu pus t'endormir, oubliant les douleurs et le travail remis à plus tard. Tu allais sans doute devoir t'expliquer avec ton manager mais tant pis – pour le moment le plus important était que tu te reposes.

Ce que tu fis probablement trop longtemps. Oops ? En même temps, t'avais pas été livrée avec un chronomètre intégré à la naissance – et peut-être bien que tu avais une tonne de sommeil à rattraper et que t'en avais profité. Baillant discrètement, tu te frottas les yeux, observant la pièce. Ca te rappelait vaguement une autre soirée. Vaguement. Puisque la douleur ressentie au bas ventre te ramena bien vite au présent. Le nez faiblement plissé, tu tournas ton attention vers Jang Woo, l'observant en silence. Tu détaillas longuement son visage, ses cheveux, sa posture. « Tu t'es endormi aussi c'est ça », dis-tu simplement, un sourire léger aux lèvres, hochant quelque peu la tête. Tu pouvais comprendre. Dans un souffle, tu retrouvas une position allongée, le regard sur le plafond. « Tu devrais te recoucher aussi », tu relevas faiblement la tête pour le voir. « T'as l'air à l'ouest. Sans te vexer », assuras-tu dans un sourire, reposant ta tête, t'étirant faiblement. « Tu l'as acheté où ton canapé, il est trop cool », marmonnas-tu dans un souffle contenté, te tournant, ramenant un peu tes jambes vers toi, t'enroulant dans le plaid, retenant une grimace. « Je crois que je vais juste continuer de dormir », ta paume passa sur ton ventre, tu soufflas – blasé, cette fois. « J'attends que la douleur passe un peu et j'irais chez moi », tu levas un peu le visage pour lui lancer un regard, t'assurant que ta présence ne dérange pas jusque là. Puis tu soupiras une nouvelle fois, la bouillotte dans tes bras. « J'aurais dû être un mec »

En toute honnêteté, Jang Woo ne s’était même pas vu partir. La fatigue l’avait accaparé beaucoup trop vite, avant qu’il n’eut le temps de la voir arriver ; à croire que lui aussi était plus exténué qu’il ne pensait, incapable de savoir pendant combien de temps il avait dormi. Sûrement même que si Hye In ne s’était pas réveillé, il persisterait à être plongé dans son sommeil, sans se soucier d’une voix qui appelait son prénom. Et comme toujours, que cela soit le matin ou après une courte sieste, il peinait toujours autant à émerger, la tête qu’il avait le démontrait d’ailleurs parfaitement. A cet instant précis, il n’avait rien de la dégaine d’une célébrité, il n’était qu’un simple être humain lambda qui n’était jamais vraiment matinal. Probablement que si on lui donnait l’opportunité de dormir toute la journée, il le ferait avec grand plaisir et ne rechignerait jamais sur cette option. Il adorait ça, dormir. Certes, comme le déclarait certains, il s’agissait d’une perte de temps, surtout pour quelqu’un comme lui qui n’avait pas toute la vie devant lui, néanmoins l’acteur s’en fichait. Il aimait pouvoir se reposer et juste ne rien faire parfois même si, paradoxalement, il aimerait être en mesure de faire tout un tas d’activités. Seulement il avait grandi avec une telle incapacité, ce n’était donc pas si difficile à comprendre qu’il avait une préférence pour flemmarder, lorsqu’on lui en offrait la possibilité.

« Hum. » Son lot de réponses s’avérait particulièrement court cependant, qu’on le pardonne, il lui fallait toujours un sacré bout de temps avant de revenir à la réalité. Se recoucher était une excellente idée, il hésita sérieusement à le faire, son regard s’égarant un instant sur le bas du canapé pour finalement se reprendre. Ce n’était pas le moment de dormir alors qu’il avait une malade en sa présence puis, surtout, il ne souhaitait pas que la jeune femme commence à se poser des questions à son sujet. Evidemment que Jang Woo se faisait trop de films, que rien ne laissait sous-entendre cette maladie qu’il portait et qu’il s’entêtait durement de garder cachée. « Je sais. » Répondit-il simplement, ses phalanges venant frotter ses petits yeux dans l’espoir de parvenir enfin à se réveiller. « Dans une boutique de meuble. » Non, vraiment ? Elle ne l’aurait jamais deviné. Hye In désirait sûrement connaître le nom de la dite boutique toutefois, pour sa défense, en plus d’être toujours un peu à l’ouest, il ne se souvenait plus. Cela faisait longtemps à présent puis c’était son manager qui avait fait toutes les démarches, lui n’avait fait que choisir le modèle sur internet. Et s’il était encore dans les vapes, la rétorque de sa « petite amie » l’obligea à se réveiller pour de bon. Combien de fois allait-elle lui ressasser qu’elle rentrerait lorsque la douleur serait passée ? Il n’était pas connaisseur sur les problèmes féminins mais, de ce qu’il savait, chez certaines femmes cela pouvait être extrêmement douloureux et même durer plusieurs jours. Et il ne parlait même pas de la mauvaise mine que Hye In arborait. « Tu vas le répéter encore pendant combien de temps ? » Soupira-t-il, c’était plus fort que lui de râler, sans daigner soulever la dernière réplique de la jeune femme. « Comme si t’étais vraiment capable de faire quoi que ce soit. » Sur ses dires, le garçon se leva tout en secouant sa tête, quelque peu désespéré par son comportement qui, d’une certaine manière, était vraiment irresponsable. Réfléchissait-elle avant de parler ? « Tais-toi et dors au lieu de dire des conneries. » Était-ce sa façon de lui dire qu’elle ne le dérangeait pas et qu’elle pouvait squatter chez lui tant qu’elle le voulait ? Peut-être bien. Lui et les mots, ce n’était pas une grande histoire d’amour même si, en vérité, si Jang Woo le voulait sincèrement, il pourrait se montrer beaucoup plus avenant et sympathique. Sauf qu’il ne le souhaitait pas, préférant garder ce masque parfaitement collé à sa peau.

Le fait qu'il se soit endormi te prouvait que lui aussi avait besoin de repos. A quel point étiez-vous occupés ces derniers temps ? Trop, sans doute. Entre les cours, les révisions, les tournages, les interview, les shooting... les répétitions, aussi. Tu allais bientôt devoir enregistrer les nouvelles chansons, suivre quelques shooting, enregistrer plusieurs émissions. C'était à en avoir le tournis – trop de choses se passaient et c'était presque rare d'avoir autant de repos à portée de mains. Tu l'avais voulu cependant et même si tu râlais parfois, ça ne t'empêchait pas d'adorer ton métier. Tu pourrais arrêter les cours pour te laisser plus de temps mais ce temps-là ne serait pas pour ton repos. Tu savais qu'il serait utilisé autrement, pour d'autres émissions ou tournages ici ou là. Et surtout, tu ne voulais pas baisser les bras. Prouver à celles et ceux qui avaient songé que tu ne pourrais pas gérer ta carrière et tes études que tu pouvais très bien le faire. Certes, tu avais du mal quelques fois. Mais avec un planning comme le vôtre c'était déjà un exploit de vous croiser à l'université. Heureusement les emplois du temps pouvaient s'organiser facilement. Sans doute que cela arrangeait un peu l'université d'avoir des noms comme les vôtres dans ses élèves – t'étais pas le genre à te vanter mais il fallait bien avouer que ça devait être joli sur le papier.

Tu clignas des paupières, les pupilles allant vers lui avant de se lever vers le plafond, bougeant à peine les bras. Tu te doutais bien qu'il avait pas acheté dans l'épicerie du coin. Tu aurais bien évidemment préféré le nom de l'enseigne et supposant qu'elle arriverait, tu patientas. Mais elle ne vint pas. Tu lui lanças un nouveau regard dans un air penaud avant de lever les épaules. Tu chercheras toi-même. Tu le prendras en photo avant de partir ou quelque chose du genre. Tu tueras le temps en traînant sur les sites de magasins du genre pour le retrouver. S'il était encore trouvable quelque part. « Je me doute bien », répondis-tu finalement dans un souffle léger, les lèvres faiblement pincées. Non pas parce que tu étais contrariée mais parce que tu retenais une nouvelle grimace. « Je le dirais jusqu'à ce que la douleur disparaisse », rétorquas-tu, les sourcils froncés, boudeuse. « Je suis parfaitement capable... juste que j'ai pas envie », grommelas-tu, lui jetant un bref regard avant de te caler plus confortablement. T'y pouvais rien si ça te faisait mal toutes les cinq minutes. Mais ça allait passer – ça passait toujours. « C'est pas la première fois que j'ai mes règles tu sais », vins-tu articuler. Le plus souvent tu supportais ça toute seule. Te redressant un peu tu affichas un air outré, les prunelles vers lui. « Je dis pas de conneries », tu te rallongeas, droite comme un piquet un instant, recroquevillée les secondes suivantes. « Si t'étais une femme, tu voudrais être un homme aussi », quel bonheur de vivre sans cette douleur. Tu gardas le silence ensuite, t’emmitouflant une nouvelle fois dans le plaid, le visage à moitié caché. « C'est quoi ta lessive ? Ca sent bon », marmonnas-tu, les yeux clos. « Et oui, je sais, tu l'as achetée dans un magasin, merci », lâchas-tu dans bref signe de la main, n'ouvrant toujours pas les yeux. Le silence aux lèvres, tu semblais t'être rendormie, la respiration calme et régulière. « Tu devrais te recoucher aussi un peu », conseillas-tu dans un chuchotement. « Tu ressemblais presque à un zombie tout à l'heure. Toujours sans te vexer. Mais t'as l'air d'avoir besoin de repos aussi », tu baillas discrètement, te tournant et te retournant jusqu'à trouver une bonne position, un souffle contenté aux lèvres. « Désolée si je me rendors. Réveille-moi quand tu voudras que je rentre... Et si tu dors pas, retrouve-moi le nom du magasin pour ton canapé », tu émis un faible son amusé, à moitié endormie.

Ce n’était pas de sa faute, Hye In ne lui avait pas demandé de préciser puis, même si elle l’avait fait, il ne se souvenait pas de la réponse. Pour cela, il faudrait qu’il cherche dans tous ses papiers afin de retrouver où il se l’était procuré ; peut-être que s’il interrogeait son manager, ce dernier avait encore la référence et une bien meilleure mémoire que lui. Et une nouvelle fois, pour sa défense, Jang Woo n’était pas complètement réveillé, la jeune femme n’avait pas précisé ce qu’elle souhaitait savoir, il ne pouvait pas le deviner. Sûrement le pourquoi au lieu de soulever le sujet de plus bel, il préféra simplement hausser les épaules. Ce qui le dérangeait plus que cette histoire de canapé fût de l’entendre répéter, encore et encore, qu’elle avait la ferme intention de rentrer alors que son état ne lui permettait pas. Était-elle inconsciente ? Certes, l’acteur comprenait qu’elle ne voulait pas lui demander de rester néanmoins, à aucun moment, il avait déclaré être dérangé par sa présence. Si cela avait été le cas, il l’aurait directement ramené chez elle en premier lieu, il n’aurait pas pris la peine de l’accompagner et la motiver à rester dans sa maison. Et l’écouter l’agaçait, il ne cherchait même pas à cacher cette irritation qui dessinait ses traits, parce qu’il n’aimait pas ce qu’il entendait. Non, il ne connaissait pas ses douleurs et, bien qu’il savait que ce n’était rien de grave, ce n’était pas très intelligent de vouloir partir dans de telles conditions. Croisant ses bras à son torse tandis que la jeune femme continuait à se justifier, lui la dévisagea de ses yeux sombres, toujours cette même expression accrochée à sa figure. « Je m’en fous, tu le sais ça ? » Car là n’était pas la question. « Si t’as si mal que ça, arrête de geindre et raconter n’importe quoi. » Ne lui avait-il pas ordonné de dormir quelques secondes plus tôt ? Cela serait visiblement mieux que l’écouter lui faire un exposé sur « pourquoi les règles ? » Il s’en fichait et savait que c’était douloureux. Il n’aurait pas reporté tout leur programme s’il n’avait pas remarqué ô combien sa « petite amie » souffrait. Il ne jugeait aucunement ses douleurs, ni même son envie de reposer, il lui reprochait ses paroles irréfléchies qu’elle échappait.

Au moins, Hye In se rallongeait, il s’agissait d’un bon début. Mais, tandis qu’il s’apprêtait à disparaître autre part, il interrompit tout élan à sa question. D’abord son canapé, maintenant elle s’intéressait à sa lessive ? « Tu ne veux pas toute ma maison aussi tant que t’y es ? » Cependant, contrairement à son divan, il connaissait le produit qu’il utilisait pour laver ses vêtements – personne ne le faisait à sa place – donc il lui fit part de la part, sans ajouter plus de détails. « Avant de t’inquiéter pour moi, inquiète-toi d’abord pour toi, hm ? » Non, il n’était nullement vexé pour la comparaison au zombie puisque, effectivement, c’était ce qui arrivait lorsque le teint de son visage était plus pâle qu’à son habitude, ou sans toute cette tonne de maquillage. « Tu ne veux pas rentrer maintenant ? » Râla finalement le garçon, ne saisissant réellement pas pourquoi sa « petite amie » insistait autant là-dessus. « Non parce que tu as vraiment l’air obstiné à vouloir raconter des conneries donc, vas-y, tu devrais rentrer. » Des paroles qui n’attendaient aucune réponse, puisqu’elles étaient en réalité pleines d’ironie malgré l’agacement et ce ton désagréable que l’acteur employait. Le pourquoi d’ailleurs il ne lui laissa pas l’opportunité de dire quoi que ce soit, enchérissant aussitôt « T’es vraiment chiante. » Ce n’était pas une nouveauté, encore moins sorti de sa bouche à lui. « Si je voulais que tu rentres, tu crois je me serais fait chier à te ramener ici ? » Ce n’était pas comme si elle n’avait jamais dormi chez lui après tout, bien que à ce propos Jang Woo éprouvait toujours autant de mal à réaliser ce qu’il s’était passé cette nuit là. « Tu ne me déranges pas donc arrête de me saouler et dors. » Lui aussi, combien de fois allait-il devoir le répéter ?

« On m'entend à peine », maugréas-tu dans une grimace boudeuse. S'il voulait que tu te plaignes, tu pouvais le faire. Ce serait loin de ce niveau et loin de ce qu'il appelait geindre. T'étais même plutôt silencieuse, ayant juste l'habitude de râler dans tes pensées quand la douleur te prenait. T'avais pas réellement l'habitude de l'extérioriser. La plupart du temps tu gardais tout pour toi puisque la plupart du temps, quand ça arrivait, t'étais en plein travail. Et tu te voyais mal t'excuser pour aller libérer la douleur dans un cri plus loin. Surtout que personne ne voudrait entendre ça venant de la part d'une femme encore moins d'une idole. Pourtant c'était humain, et avoir mal aussi. Pourtant jamais on t'entendait réellement te plaindre. Là, ce n'était rien. Ce n'était même pas égal à la douleur – tu devrais crier pour ça. Alors oui, vraiment, on t'entendait à peine. « Et je raconte toujours pas n'importe quoi », que tu rajoutas dans un souffle. Tes mots avaient du sens, c'était juste lui qui les comprenait pas. Tu soufflas à nouveau – il t'agaçait. C'était mieux quand tu dormais. Ou qu'il dormait. C'était sans doute pour ça que tu devrais dormir encore. Sans doute pour ça qu'il te conseillait de dormir, aussi. Parce que lui devait trouver que c'était mieux quand aucun de vous ne parlait.

Libérant un léger son, tu fis mine d'y songer, une fine esquisse aux lèvres. « Si tu insistes, je dis pas non », lâchas-tu agitant vaguement les doigts. « Mais juste la maison », précisas-tu. Il avait pas besoin de rester, la maison te suffirait. Tu te doutais bien qu'il ne le ferait pas cela dit et tu disais ça en plaisantant, évidemment. Ton logement te convenait parfaitement. La seule chose que tu voulais c'était son canapé, à bien y réfléchir. Et la marque de sa lessive – pas toute sa maison. « Au final non, je te la laisse. Je prends juste le canapé », et tu t'étiras brièvement tel un chat, comme si tu stipulais là que tu ne bougeras plus. C'était bien trop confortable. Tu fis un peu la moue. « Bien chef », que tu susurras. Ce n'était pas l'amour fou entre vous mais t'en étais pas au point de ne pas t'inquiéter non plus. Votre métier était prenant, et épuisant. « … Mais oublie pas de te reposer », vins-tu ajouter dans une esquisse malicieuse avant de pouffer. « On change de discours étrangement », commentas-tu, pas réellement perturbée. « Oui oui oui », fredonnas-tu dans un son amusé, ne bougeant pas pour autant. Tu voulais juste t'assurer que ta présence ne le gênait pas. « C'est mon deuxième prénom, remercie mes parents quand tu les croiseras », que tu répondis doucement, les pupilles vers lui avant que tu ne fermes les paupières, un sourire aux lèvres, amusée. « On sait jamais », tu bougeas les épaules. Après tout, il aurait pu te ramener ici pour te laisser rentrer chez toi ensuite. « Arrête de râler et dors toi aussi », vins-tu ajouter après un long silence, les lèvres mettant plus de temps à bouger que tes pensées ne filaient. Tu soufflas lentement, disparaissant presque sous le plaid, t'endormant une nouvelle fois.

Et la première chose que tu dis en te réveillant à nouveau, plus tard fut « Ton canapé est vraiment trop cool », tu te frottas les yeux, t'étirant longuement avant de t'asseoir, passant maladroitement une main sur ton ventre. Les sourcils quelque peu froncés, tu analysais tes environs, sachant où tu étais cette fois – mais voulant savoir où était Jang Woo. « J'ai jamais aussi bien dormi que sur ce canapé. Où est l'annonce que je laisse un avis et une note », que tu dis, tes paumes testant le confort des autres coussins alors qu'un sourire léger décorait tes lèvres.

Tous les deux ne se comprenaient pas, c’était à se demander s’ils se comprendraient un jour. Hors, avec leur caractère respectif, cela n’avait rien de très étonnant… Jang Woo ne pouvait pas lui en vouloir de s’agacer, quand lui-même s’adresser à elle de la sorte. Mais cela l’énervait de l’écouter lui dire y arriver, alors que visible, non, elle n’y arriverait pas. D’une certaine façon, oui, il était en mesure de saisir son envie de ne pas se reposer sur lui, de ne pas vouloir paraître faible, hors il n’y avait aucun mal à ne pas être en forme et l’assumer. Elle n’était plus au travail, elle n’avait plus aucune obligation et lui n’émettrait aucune représailles si elle disait ne pas se sentir bien. Sa manière de l’expliquer n’était pas la meilleure, à dire vrai il ne lui donnait aucune explication si ce n’était de s’emporter, à cause des bêtises que Hye In rétorquait. L’envie de lui répéter que « si, elle racontait toujours n’importe quoi » était forte, cependant l’acteur préféra ne pas se lancer dans ce genre d’enfantillage. Il ne souhaitait pas lui exprimer le fin fond de sa pensée, ni lui montrer que, peut-être, il se faisait du souci en réalité. Parler de sa maison n’était sûrement pas une si mauvaise idée au bout du compte, même s’il n’avait aucunement l’intention de la lui donner. Il avait beaucoup trop investi dans ce bien immobilier pour le jeter par les fenêtres, comme si de rien n’était. Sa maison était le résultat d’un travail acharné, d’une détermination et sa volonté à ne pas laisser la vie l’emporter.

Plutôt que lui répondre, Jang Woo secoua vivement sa tête, quelque peu blasé – mais peut-être un peu amusé dans le fond – par son insistance sur son canapé. Il ne releva pas l’attention qu’elle lui portait, même s’il la notait certainement dans un coin de son esprit, et finit par s’énerver de plus bel, non pas sans se montrer particulièrement ironique. Oui, la jeune femme était chiante, parce qu’il fallait tout lui dire pour qu’elle comprenne, et elle le fatiguait. « Tais-toi. » Furent les seules paroles prononcées par le garçon, alors que sa « petite amie » rejoignait Morphée de nouveau. Dormir, probablement qu’il aurait pu le faire, cependant il n’en ressentait plus spécialement l’envie ; les émotions à chaud l’empêchant sûrement de pouvoir se poser tranquillement. A la place, il jeta un coup d’œil à l’heure pour, finalement, se rendre dans la cuisine et se prendre un verre d’eau. Calé ensuite sur une chaise, il regarda les différents conseils sur le net, afin de savoir quoi commander pour le repas du soir. Jang Woo n’avait pas la moindre idée du combien de temps il s’était perdu, à lire tout un tas d’articles sur le web, au point de ne plus savoir tout ce qu’il avait lu. Il fallait dire qu’il y avait tellement d’informations. Finalement il opta pour du bulgogi, du japchae et divers accompagnements qui ne poseraient, normalement, pas de problème à la malade qui se reposait.

La commande passée, il s’attela à laver le peu de vaisselle présente dans l’évier, avant de retourner au salon et se caler confortablement sur son bout de divan, ses lunettes de nouveau devant ses yeux. Ce n’était qu’après de longues minutes que Hye In émergea enfin, pour parler de plus bel de la qualité de son canapé. Il allait sérieusement finir par lui en acheter un, à force de l’entendre parler, et pourtant il était loin d’être une personne à l’achat compulsif. « J’ai l’impression que ça va être dur pour toi de t’en passer. » Malgré lui, il ne pouvait s’empêcher de la taquiner. Et pile à ce moment là, la sonnerie de l’entrée retentit, signe que le livreur venait d’arriver. Sans se faire prier, l’acteur s’en alla récupérer sa commande avant d’indiquer à la jeune femme de venir à table, si elle se sentait un peu mieux. Le repas se déroula étrangement dans le calme, non pas sans quelques chamailleries, hors ce que Jang Woo constatait était que la jeune femme avait une bien meilleure mine. Certainement le pourquoi elle choisit de rentrer après le dîner, et que lui ne la retint pas. Il restait inquiet, malgré lui, oui, cependant si elle disait allait mieux, il voulait lui faire confiance et ne pas se montrer trop insistant. Cela serait étrange de toute manière, donc autant la laisser faire ce qu’elle voulait, sans changer la personne qu’il était en sa présence.