Sonnette – son cerveau identifie lentement le son qui lui parvient aux oreilles, l'esprit trop concentré sur la dissertation de psychologie qu'il a sous les yeux. Depuis si longtemps d'ailleurs, que Beomho est quasiment sûr de voir les mots en double.  « Trentes secondeeeeeees, j'arrive. » – l'étudiant se dépêche d'enfiler un jogging pour ouvrir. Assis en tailleurs sur son canapé en boxer depuis tôt dans la matinée, il n'a pas encore levé le nez de ses papiers, bien motivé à finir son devoir d'ici la fin de la journée. C'est sans compter sur la petite perturbation qui l'attend. C'est avec un peu d'étonnement qu'il découvre son petit voisin sur la pas de sa porte. Beom croise régulièrement Lei avec sa nounou dans l'immeuble, et ils ont tous les deux pris l'habitude de s'échanger des bonbons dans le dos de celle-ci. Le grand brun jette un coup d'œil autour du garçon, étonné qu'il ne soit pas accompagné de sa nounou – ou de sa mère, bien que Beomho ne l'ait jamais croisée jusqu'alors. Madame Yang semble être une femme bien occupée. « Bah t'es tout seul, petit ours ? ». Le petit garçon hoche vivement la tête avant de lui expliquer que maman est en retard à cause de l'avion et nana ne voulait pas attendre plus longtemps. Choqué, outré même qu'on ait pu laisser cet enfant des plus choupis seul – Beom ne sait pas s'il doit insulter la babysitter d'avoir quitté ainsi son poste ou la mère de Lei pour avoir aussi mal choisi sa nourrice. Dans les deux cas, il ne peut pas laisser Lei seul, pas à son âge ; même si le bout de chou a l'air très mature pour son jeune âge. « Je– J'avais ce– » ; parce que oui, les études sont importantes, très importantes… mais qui peut résister au regard malheureux que lui lance ce petit bout de chou absolument adorable ? Certainement pas Beomho. Yujin lui dirait qu'il a le coeur trop tendre, et elle aurait probablement raison. Mais il sait aussi que sa meilleure amie l'aidera si jamais il ne parvient pas à finir son devoir en temps et en heure pour cause d' enfant abandonné. L'étudiant souffle discrétement avant de sourire au petit Lei. « Ça te dit de venir jouer chez moi en attendant ta maman ? » – il a de quoi faire à l'appartement de toute façon. Que ce soit des jeux qu'il confectionne de lui-même pour les petits ou des coloriages et puzzles en tout genre. Beomho a aussi largement de quoi nourrir dix enfants dans son frigo – il faut toujours être prêt à tout, autant à la fin du monde qu'au débarquement d'une colo de vacances dans son salon. « Je colle juste un post-it sur la porte pour qu'elle sache où te trouver, d'accord ? » car il espère que Madame Yang ne va pas trop tarder à rentrer. Et il se doute que l'absence de Lei risque d'inquiéter sa maman, qui espère le retrouver chez elle en compagnie de sa nourrice. Beomho espère qu'il parviendra à échanger deux mots avec la maman sur le comportement inacceptable de la babysitter. Un magnifique post-il bleu en forme d'étoile sur la porte de la famille Wang avec un petit mot indiquant la présence de Lei dans l'appartement voisin, Beombeom invite l'ourson à le suivre chez lui. Des cookies maison sur la petite table du salon, et deux yaourts à boire en accompagnement (oui, Beom aussi a le droit à son yaourt à boire à la vanille), l'étudiant propose au petit de choisir parmi les puzzles qu'il a sur son étagère. Il a l'espoir d'occuper Lei suffisamment longtemps pour pouvoir se repencher sur son devoir. Cependant, cet espoir s'envole bien vite quand, quelques minutes plus tard, son attention est plus focalisée sur le petit garçon que sur la psychologie enfantine. Il abandonne bien vite sa place sur le canapé pour rejoindre Lei au sol afin de l'aider avec son puzzle. Naturellement, Beom reprend ses habitudes de babysitter – appréciant la présence du petit autour que Lei semble apprécier la sienne.

Le vol est long, et pourtant la coiffure de Yulian demeure impeccable alors qu’elle épingle, pour la dernière fois du voyage, sa ceinture de sécurité.
4 minutes, c’est le temps qu’elle vient de passer à rassurer un passager qui pense que l’heure de faire le grand saut est arrivé.
3 heures et 37 minutes. C’est le retard avec lequel cet avion s’apprête à se poser sur le tarmac du sol de l’aéroport international d’Incheon.
Pourtant, à l’instant où le clic de sa ceinture retentit, l’hôtesse de l’air ne se fait pas vraiment de soucis.
Parce qu’elle a prévenu. A la limite du temps raisonnable, ou presque, qu’il y aurait du retard.
ça arrive, les imprévus dans son boulot.
Pas si souvent que ça selon elle. Mais déjà trop pour sa nourrice à priori.

Ce qu’elle n’apprend qu’une fois le dernier passager de l’avion descendu.
Une fois son portable sorti du mode avion…
… une fois que le balai des incessantes vibrations débute.

La conversation est ouverte, les messages sont lus.
Du premier avertissement… je ne vais pas pouvoir attendre. Débrouillez vous autrement, comme si son employeur savait se téléporter depuis l’Europe.
Au c’est l’heure à laquelle j’étais supposée terminer, je rentre chez moi.. En passant par divers messages ambiance inquiétude sur lequel son pouce avait rapidement scrollé… laissant son rythme cardiaque s’accélerer.
Ok. Première chose. Garder son calme.
La nounou ne pouvait pas être réellement parti, personne ne faisait ça : laisser un gamin tout seul chez lui.
Deuxième chose. Le déni donc.
Troisième. Tentative de vérification, au cas où, en tentant d’appeler un voisin qui n’avait pas décroché son téléphone.

Malgré le déni, les pas s’accélérent dans les couloirs de l’aéroport.
La valise est récupérée à la va vite, les collègues à peine salués, et la porte de sa voiture claquée dans un stress qu’elle ne veut pas laisser paraître.
Parce qu’il apparait comme évident, qu’à l’heure actuelle, Lei se trouve avec sa nourrice, dans son appartement… et pas tout seul… abandonné… comme un gosse né sans amour.
Ouais…
Pourtant, juste au cas où, son pied écrase un poil plus la pédale de l’accélarateur.
Juste au cas où, quelques infractions au code de la route sont commises.
Sa coiffure n’est plus si impeccable quand elle ouvre la porte de l’immeuble où elle habite. Fait peu important à côté du post-it étoilé qu’elle découvre collé sur sa porte.

…
…
Il faut savoir être team verre d’eau à moitié plein.
…
D’un côté, Lei n’est pas tout seul.
…
Ok, de l’autre il est avec un inconnu, seul, chez lui…
Mais elle en connait peu des pervers, ou des dangereux psychopathes, qui signent leurs crimes préalablement d’un post-it étoilé.
…
A moins d’essayer de faire accuser le voisin avant d’embarquer un gamin loin de son domicile.
Mais cette pensée remplie de négativité, Yulian n’a pas le temps de l'avoir avant de frapper à la porte de l’appartement voisin, et ce n’est pas plus mal.

Le voisin qui vit à côté, elle ne croit pas vraiment le connaître.
Coup de vent dans les étages du coin, ce n’est pas étonnant. Elle n’a pas encore rencontré tout le monde, pourtant elle se souvient que le locataire précédent a déménagé il y a peu de temps.
Elle ne l’aimait pas beaucoup le locataire précédent. Un brin de jugement dans le regard, quelque chose pour lui dire que c’est réciproque.
Et pour ce qui est du nouveau ?
Physiquement, il n’a rien à voir avec le précédent. Niveau traits d’expressions non plus d’ailleurs. Et c’est plutôt rassurant, parce que l’ancien voisin, il avait les pupilles un peu perverses parfois.
Lui… comme ça… en quelques secondes, elle ne l’imagine pas en première page du journal pour un fait divers.

« Bonjour, je viens de trouver votre petit mot. » le petit mot, en étoile, qu’elle brandit dans sa présentation.
« Lei est là ? Bien là ? Hein ? »
Non parce qu’elle n’entend pas sa voix pousser un joyeux maman à l’écoute de sa sienne.
Un peu vexant quand on ne sait pas que le gamin est plongé dans un puzzle de toute sa concentration et qu’il vit actuellement sa meilleure vie pour cause de squattage chez l’un de ses voisins préférés.
Quand on ne sait pas… on se dit qu’on a peut-être perdu notre gamin.
Et puis on se dit, qu’à l’heure actuelle, en guise de première impression auprès du nouveau voisin, on passe pour la mère irresponsable, complètement larguée et que le costume d’hôtesse qui fait fantasmer certains hommes ne sera peut-être pas suffisant pour éviter le regard du jugement.
Alors on se prépare. Au cas où. En cas de procès sur la place publique. Des arguments, elle en a déjà des tas...
Même si, dans le fond, cette nounou, on aurait peut-être pu la choisir un peu mieux.

Les heures durent des minutes – ou en tout cas, c’est que la plupart des gens auraient pensé en se retrouvant à garder de façon soudaine un petit garçon. Au contraire, dans le cas de Beomho, les heures durent des minutes en présence des enfants – et particulièrement en présence de celui-ci. Lei est adorable et incroyablement bien éduqué, si bien que l’étudiant se demande s’il n’est pas un peu avancé pour son âge. Toujours est-il que le petit garçon se trouve être bien plus intéressant que le devoir qu’il se doit de finir en temps et en heure. Regarder l’ourson se dépatouiller rapidement du premier puzzle le fascine, et ses obligations d’étudiants sont bien vites abandonnées face à son instinct de papa poule. Et s’il procrastine plusieurs heures en discutant de tout est de rien avec Lei, personne n’a besoin de le savoir – à part peut-être son professeur quand il lui faudra expliquer une dissertation rendue à la limite de la deadline et plutôt bâclée. Beom met de côté cette pensée pour trouver un nouveau puzzle pour ce mini-génie, avec une difficulté supérieure. Installée à côté de lui, l’étudiant l’observe s’essayer à construire un puzzle niveau adolescent ou adulte, avec beaucoup de patience. Jusqu’à la sonnette. Pour la seconde fois de la soirée. Cette fois, le brun se doute de ce qui l’attend derrière la porte : Madame Yang (ou une nounou pleine de remords). Beomho abandonne Lei à son puzzle, même s’il soupçonne le petit de ne même pas remarquer son absence, pour ouvrir la porte. Très vite, il se retrouve nez à nez avec son propre post-il et une série de questions auxquelles il n’a pas le question de répondre. « Bonsoir. ». Il récupère le post-it que Madame Yang lui colle sous le nez. Oh. Madame Yang est une très belle femme. Si Beomho n’avait pas son enfant dans son salon, il l’aurait probablement pris pour une étudiante. « Oui, on est en train de faire un puzzle. » - enfin, lui il fait rien du tout vu que Lei n’a absolument pas besoin de lui. Alors il s’écarte pour laisser la femme pénètre dans son appartement, elle souhaite probablement récupérer son petit. Même si celui-ci se réagit à peine à sa présence – trop absorbé par son jeu. « Hm, je ne sais pas s’il acceptera de partir sans le finir… » et ce serait presque dommage d’abandonner ainsi un tel avancement, Lei a bientôt fini. Enfin, Beomho suppose qu’il peut laisser l’ourson repartir chez lui avec le puzzle, ce n’est pas les puzzles qui manquent dans cet appartement. Son regard se pose à nouveau sur le garçon. « Il est très concentré dessus depuis une bonne heure. Ce qui est impressionnant pour son âge. » ; une observation qui lui trotte en tête depuis plusieurs heures déjà et que dans ses qualités d’enseignant en puissance, l’étudiant se sent obligé souligner. Lei n’est pas le premier petit garçon de cet âge que le brun garde, mais la plupart – en tout honnête – ont la concentration d’une moule et c’est normal. Le petit brun finit finalement par lever la tête le temps d’un instant, pour adresser un grand signe de main à la jeune femme aux côtés de Beomho. Cela dure un court instant avant qu’il ne se replonge dans son puzzle. Le moins gênant aurait été que le petit garçon se lève pour rejoindre sa mère et quitter l’appartement de l’étudiant pour rejoindre le leur. Mais non. Alors pour éviter de faire face         à un silence gênant, le babysitter s’éclaircit la gorge avant de tenter de faire la conversation, faute de savoir ce qu’il doit faire d’autre. « Il est venu sonner ici, si j’ai bien compris… Il était, hm, tout seul ? » - ou comment essayer de ne pas juger la situation. En soit, il n’est pas réellement dans le jugement ; tout le monde devait avoir ses raisons, il entend. Mais il tient tout de même à souligner la dangerosité de la situation. Et à comprendre comment cela a pu arriver. Avec le calme du petit garçon, Beomho arrive à se demander si c’est la première fois que cela arrive ou bien, si c’est monnaie-courante.

On inspire, on expire, et comment on s’encourage ?
En soufflant à notre reflet imaginaire qu’on n’est pas une si mauvaise mère.
C’est pas si mal pour la confiance et elle risque d’en avoir besoin maintenant.
Même si… quand on y pense, la fautive c’est la nourrice…
Qu’elle a recruté d’accord… mais tout le monde fait des erreurs !
Défense pas si mal que ça sur le fond, mais qui ne marchera jamais deux fois, alors gare à elle si elle la choisit pour son plaidoyer.
La défense n’a toutefois pas commencé. De politesse il faut d’abord faire preuve… avant de constater que son signe de main n’accorde pas tant d’attention que ça côté jeunesse.
Tant mieux non ?
C’est vrai… elle devrait remercier le destin d’avoir collé un voisin pas trop mal pour que Beom Ho puisse s’y réfugier. La situation pourrait être pire… mais faut croire qu’elle est née sous une bonne étoile. Du moins une pas trop mal. Pas aussi swaggy que celle du berger, mais pas mal brillante quand même.
Après tout, elle a donné naissance à la huitième merveille du Monde. Un petit garçon brillant et dingue de puzzle.

« C’est chouette ça. » c’est chouette ça ?
Les puzzles c’est chouette, Lei adore les puzzle. A la maison, il n’en n’a plus de nouveau à faire. Elle devrait peut-être songer à lui en offrir.
Elle se mord la lèvre une seconde, puis étudie “l’adversaire”.
Hum… plutôt charmeuse, victime de sa vie ou partir au front ?
Il n’a pas l’air sur le point de lui dire ses quatre vérités… alors observer et attendre « Je peux attendre un peu si ça ne vous ennuie pas. » son gamin, il l’a sans doute assez gardé comme ça, mais il le dit lui même… il est impressionnant pour son âge.
Alors oui, c’est le moment où, comme tout parent, elle prend l’air de la fierté « Lei est un enfant fantastique, beaucoup plus malin que les autres. » et adorable… mignon, trop craquant… ok, il a fugué chez le voisin mais…

… le regard qui a été jeté aux alentours ne semble pas éveiller de code rouge.
Elle ne le disputera pas. Ce serait con, maintenant qu’elle lui a sourit.
Elle lui rappellera juste ce truc sur les inconnus… même s’il n’a pas l’air d’avoir mal choisi le sien.
Pas d’animaux empaillés… ou de trophées de chasse.
Pas de poster imitation beauf… du visible, il n’y a rien à redire. Il a juste du goût comme sa maman pour les hommes.
…
Ok, elle veut bien admettre que son goût à elle est parfois à chier mais.
…
La question qui fâche vient interrompre le cours de ses pensées. Dommage, elle n’a fait que trois pas en direction de sa progéniture, encore trop loin pour prendre la fuite, mais elle se rapproche néanmoins de trois de plus tandis qu’elle répond « Normalement non. » évidemment, elle ne laisse pas son gamin tout seul pour plusieurs jours comme ça. Elle est une adulte responsable… elle est au moins une adulte « Mon vol a eu du retard, je suis hôtesse de l’air. J’ai prévenu sa nounou avant de décoller mais à priori… » à priori c’est qu’une conne ?
Pas de gros mot devant les enfants.
Mais le sourire, option charme, plus que désolée avec les petits yeux de la biche qui vient de réchapper au chasseur elle le fournit « Désolée pour tout ça. » du coup, on part sur la victime en détresse ?
Il a le rôle du héros, ça va de soi « Même si je suis soulagée de savoir qu’on a un si bon voisin, j’avoue. »

Oui, c’est vrai les puzzles c’est chouette. Ce n’est pas Beomho qui dira le contraire – pour être babysitter et futur éducateur, il faut forcément être doté d’une certaine attirance envers les assemblages de formes en tout genre et notamment les puzzles. Mais ce qui serait chouette aussi c’est que le petit Lei soit entrain de faire un puzzle chez lui avec la babysitter qui est en charge de sa garde. Mais maintenant qu’ils sont là à la regarder s’amuser, que faire ? Beomho n’a ni le cœur ni l’envie de le virer. Ou de virer sa maman. Alors il n’a pas trop le choix que d’accepter d’attendre. « Hm, non ça me dérange pas… » - est-il seulement à cela près ? Après tout, il a joué au héro en s’occupant d’un enfant presque inconnu… Il peut bien attendre avec la maman, le temps que ce petit ange décide qu’il est l’heure de rentrer chez lui. Ce n’est pas que cela dérange Beom plus que cela, Madame Yang a raison le petit garçon est malin et agréable, facile à garder. Raison pour laquelle l’étudiant ne comprend pas pourquoi Lei s’est retrouvé ainsi seule, que sa babysitter soit partie ainsi. Certes, le garçon semble s’en sortir seul et trouver de l’aide lorsqu’il a besoin – la preuve, il est venu sonner jusque chez le voisin – mais cela dérange le futur éducateur de savoir qu’un enfant de son âge puisse être seul, peu importe son niveau de maturité. L’erreur est humaine, et Beomho le conçoit totalement, il espère simplement que la situation d’aujourd’hui est exceptionnelle. Alors si un petit souffre de soulagement et un sourire lui échappe, quand Madame Yang le rassure que non Lei n’est pas abandonné chez lui de façon régulière, qui peut lui en vouloir ? Soulagé mais un peu outré face au comportement de la babysitter du petit ? Oui. L’étudiant n’est pas du genre à démonter le travail de ses collègues, il sait que ce n’est pas tous les jours facile pour tout le monde mais cette fois, il ne peut s’empêcher de réagir à voix haute. « Ce n’est pas professionnel de sa part, et ce n’est pas normal. Elle aurait dû trouver une solution alternative avant de partir et de le laisser seul. » ; Beomho n’est pas quelqu’un qui se prend au sérieux mais il sait l’être quand la situation s’y prête. Et laisser un enfant seul n’est pas un sujet à prendre à la légère à ses yeux. Si les petits yeux désolées de la jeune femme n’ont pas plus d’effet que cela sur lui, il ne veut surtout que sa voisin puisse penser qu’il l’accuse ou lui en veut pour quoique ce soit. La situation semble complètement indépendante de sa volonté et l’étudiant le comprend.  « Ne vous excusez pas. Elle aurait pu faire le tour des voisins, ce n’est pas très compliqué – la preuve, Lei l’a fait de lui-même. » - il finit tout de même par défroncer des sourcils pour offrir un sourire à Madame Yang histoire de la rassurer, et d’accepter son compliment. Peut-être bien que Lei et elle ont de la chance d’avoir un voisin qui aime les enfants, c’est vrai. Son regard se pose à nouveau sur le garçon qui est encore plongé sur son puzzle, ah le retour à la maison ce n’est pas pour tout de suite. Même si soudainement, Beomho se sent un peu à l’étroit dans son appartement. D’un bonhomme unique, ils sont passés à un bonhomme, un enfant et sa mère – sans que ce soit prévu. C’est dans ces moments-ci qu’il est heureux d’être organisé dans sa vie de tous les jours, les imprévus sonnent plus souvent à la porte qu’on pourrait le croire. Et peut-être est-il négatif (ou positif dans ce cas ?) mais son petit doigt lui dit que l’imprévu nommé Lei risque de tester les puzzles de son appartement plus d’une fois. Impuissant et gêné face au silence qui s’installe, il tente de meubler la conversation. « Vous voulez quelque chose à boire ? À manger ? » ; comment on parle à un adulte déjà ? Un fois de plus, le jeune homme se rend compte que s’il est naturel pour lui de communiquer avec les enfants, avec les adultes il perd un peu ses repères.

Le procès tarde à venir.
Lei a le droit de terminer son puzzle et elle se demande si elle peut calmer l’avocate de la défense qui sommeille en elle.
Il n’a pas l’air de vouloir prendre le rôle du procureur.
Méfiance. Elle sait. Il faut toujours garder la vigilance au maximum avec l’être humain, davantage encore quand on ne l’a pas fait tomber sous son charme.
Concept d’auto défense un brin étrange mais assimilé depuis de trop nombreuses années pour ne pas devenir son mode de fonctionnement par défaut.
Les techniques ont d’ailleurs sans doute contribué à leur survie.
Malheureusement, elles ne marchent pas vraiment sur les baby-sitter qui ont en horreur les heures supplémentaires imprévues.
« ça je suis bien d’accord ! » … alors du coup, maintenant, la conversation se transforme en chargeons la démissionnaire... qu’elle ne virera pas pour autant malgré tout dans un futur proche. Faut dire que, pour sa défense, trouver une nourrice quand on est hôtesse de l’air, ce n’est pas si évident que ça « ça me révolte ! Lei est un enfant adorable, je ne dis pas que ce n’était pas un service que je lui demandais, mais tout de même, on n’a pas idée de laisser un enfant tout seul. » une honte, un scandale. Qu’elle soit prête à subir ses remontrances la prochaine fois… puis quelques suppliques… pour qu’elle accepte de rester pour son prochain vol.
Triste vie, on ne peut même plus jouer aux patronnes en manque de bon personnel de nos jours.

Mais pour l’heure, ça n’a pas réellement d’importance. Le gentil - et séduisant - voisin a l’air d’abonder dans son sens.
Soulagée de ne pas avoir à sortir plus d’actes pour sa défense, elle hoche la tête et se permet de donner ses congés à cette fameuse avocate.
« Un café ce sera parfait merci. » même deux après un vol, mais un premier c’est déjà pas mal. Bien que dans un sourire elle ajoute « Le foyer Yang ne sera pas en invasion du vôtre, ce serait plutôt mon rôle étant donné votre niveau d’héroïsme. » ou de séduction sur enfants. ça, elle le verra bien rien qu’aujourd’hui quand Lei consentira enfin à regagner son foyer une fois son oeuvre achevée. Beom Ho par ci, Beom Ho par là, un véritable coup de foudre « Mais je trouverai bien de quoi saluer cet acte de bravoure. » le sourire reste accroché et elle se permet de lancer la conversation. Riche idée, ça elle le saura plus tard, quand elle comprendra qu’il faut avoir moins de 15 ans pour ne pas être source de malaisance pour le voisin « Du coup, je ne crois pas qu’on ait fait les choses très officiellement étant donné le faible kilométrage qui sépare nos lieux de vies mais. Yang Yulian, mère de l’as des puzzle, hôtesse de l’air qui emploie pas franchement la meilleure nounou, et vole un café pour remercier le nouveau voisin qu’elle a de la chance d’avoir. En gros. C’est un peu tôt pour s’échanger les couleurs favorites même si je suis sûre que Lei vous a déjà confié la sienne. » ceci dit, ils ont de la chance, elle parle assez pour deux.

Les deux adultes peuvent s’attarder encore un moment sur la situation, car le petit brun ne compte pas lâcher son puzzle de sitôt. Beomho comprend quelque part ; il n’aime pas non plus les choses inachevées. Comme son devoir de philosophie qui l’attend, et en même temps, il en a des  dizaines de projets non-finis qui trainent dans ses placards… Couture, crochet, lego. C’est peut-être cela que l’étudiant aurait dû donner à faire à Lei : les fleurs en lego qu’il a acheté il y a trois mois et qu’il n’a jamais eu le courage de finir, plutôt qu’un puzzle qui  été fait et défait plus d’une centaine de fois. Vu la concentration du garçon, lui aurait eu la patience de les finir ces fichues fleurs en plastique. Peut-être une prochaine fois, il y pensera. Même s’il espère qu’il n’y aura pas de prochaine fois. La babysitter n’osera tout de même pas faire le coup deux fois, si ? Non, elle devait forcément avoir une urgence pour abandonner ainsi un jeune enfant. Ce qui n’excuse absolument pas son comportement, il y avait bien une solution à trouver. Le porte d’appartement d’à côté, notamment. « Hm, surtout qu’en étant dans l’avion, vous n’aviez pas de moyen de trouver une solution alternative… ». Autre que compter sur les heures supplémentaires d’une babysitter bienveillante. Beomho n’a pas envie de s’aventurer sur la question du père du petit garçon ; il ne veut pas être indélicat. Après tout, il ne l’a jamais vu ou croisé avant, et les raisons à cela ne le regarde absolument pas. Même si la question lui titille les lèvres – il la gardera pour lui. Disons qu’ils ne se connaissent pas assez pour que le grand brun laisse la mère de famille découvrir son côté intrusif. Ils ne se connaissent même pas du tout, si ce n’est quelques bonjours échangés au détour de leur couloir en moquette. Depuis son emménagement, l’étudiant n’a pas vraiment eu l’occasion de rencontrer le voisinage (si ce n’est la petite vieille du dessus qui lui demande de l’aide pour des trucs aléatoires et inutiles mais pour lesquels il n’a pas le cœur de dire non). Il faut s’avouer qu’il n’est pas le plus doué pour les premières rencontres, étonnant pour un gars que tout le monde adore à la fac et qui n’a aucun mal à se faire des amis. À croire que son côté extraverti est sélectif au contexte. L’exemple même est cette pathétique tentative de communication ; heureusement, madame Yang semble plus à l’aise avec cette situation étrange que lui. Alors qu’il s’occupe la préparation d’un café filtre de la plus haute qualité, ses oreilles essaient d’obstruer les éloges de son invité surprise – il ne sait pas si on peut parler d’héroïsme ou de bravoure, mais peut-être bien de simple civisme. S’il est surpris de voir Madama Yang continue dans sa volée, il ne mouche pas et se concentre sur les gouttes de café qui tombent une à une.« Ah, non. Il n’a pas parlé de sa couleur favorite. » ; oui, parce que c’est la principale information qu’il est parvenue à enregistrer sur cette longue tirade. Beomho affiche un petit sourire, car il s’agit du genre de chose qu’il se sent capable de partager à tout le monde, même à l’inconnue de la porte voisine. « La mienne c’est le bleu mais le jaune c’est joli aussi. Et vous ? » . Parce que c’est important comme donnée d’entrée pour comprendre et analyser quelqu’un, c’est son professeur de philo qui leur a dit. Et l’étudiant est plutôt d’accord. Typiquement, il ne pourra jamais être proche de quelqu’un dont la couleur favorite est le noir. Déjà parce que le noir n’est pas une couleur mais aussi parce que cela va à l’encontre de son jaune soleil. Lorsque la tasse de café de la mère de famille est enfin prête, le brun lui apporte délicatement avec un petit sourire, et à ce moment-ci, il réalise qu’il n’a pas donné le minimum syndical de réponse à la conversation lancée. « Ah, Lee Beomho, étudiant en sciences de l’éducation. Je garde aussi des petits en job étudiant. Enchanté. » - il tend la main alors que celles de la jeune femme sont maintenant occupées par la tasse de café chaude. Un peu idiot mais très gentil – ces amis le définissent parfois ainsi. Madama Yang a fait un pas, logiquement c’est à son tour de faire le second. Oui, voilà. C’est comme ça qu’on communique avec des adultes. « Euh, hm… Vous êtes hôtesse sur des vols courts ou longs ? » ou un demi-pas peut-être que ça suffit, non ?

C’est vrai. Il a raison.
Pourquoi chercher un avocat ?
Celui qui pourrait l’accuser est en train de la défendre.
Alors Madame hoche la tête, prend un air auto compatissant et manque presque de lui dire qu’il est vrai qu’elle n’a pas la vie facile tous les jours.
On respire Yulian, ton procès n’est pas pour aujourd’hui.
Elle se détend même carrément au point d’aller vers le café partagé.
Et elle a presque l’impression de vivre la vie normale d’une mère de famille.
Elle va parler de Lei, il va s’extasier parce que c’est la créature la plus parfaite sur cette Terre. Et le temps d’une boisson chaude partagée, elle aura l’image d’une meilleure mère.
Ne nous emballons pas non plus.
« Le bleu. Comme vous. Il l’associe aux poissons. Il pourrait avoir un aquarium en chambre idéale. Sauf qu’il n’a pas de branchies pour respirer. » presque à ça de devenir meilleurs amis « Pour moi c’est le violet, du coup il vous dira sans doute que vous avez meilleur goût que sa mère. » en même temps, le voisin s’apprête à prendre les traits de son homme idéal, le voisin parfait, le super héros dont il parlera pendant de longues minutes au cours du récit de ses journées. Qu’il aime le bleu n’est qu’un petit plus sur la balance de l’amour de Lei.

« Merci. » entre ses mains, elle laisse la tasse réchauffer sa peau. Lee Beomho, un joli nom pour un voisin. Rapidement, elle se libère une main pour lui tendre, le sourire aux lèvres «Enchantée. Pour moi vous resterez un super héros mais je promets de ne pas révéler votre couverture. » trop aimable.
Il a un petit côté maladroit le super héros non ?
Son humanité qui ressort sans doute. « Longs malheureusement. Mais ça rapporte mieux et j’élève Lei toute seule. » est-ce qu’on veut lui parler de ses soucis ou adopter l’image de la voisine cool ?
Vu sa nourrice, il est évident qu’elle ne peut pas obtenir le deuxième rôle à ses yeux « Lei aura une belle collection de souvenirs du monde avec les années, mais c’est pas si évident de le laisser seul. » et pourtant elle le fait. Alors assez de culpabilité exprimée « Mais dans mon malheur de recrutement j’ai de la chance, Lei tombe sur le voisin idéal à priori. » elle se demande son âge, 24-25 sans doute. A force de croiser des gens, c’est un art de voyance qu’elle ne pratique pas si mal.

Piégés dans 40m². C’est petit, même si c’est cozy. Beomho a toujours été un peu mitigé sur les inconnus ; mi-figue, mi-raisin quoi. Un coup, il trouve ça cool de rencontrer de nouvelles personnes et n’a aucun mal à engager une conversation passionnante. Un coup, les humains (lire ici les adultes) lui filent de l’anxiété à foison et l’étudiant se voit incapable de communiquer comme quelqu’un de normal. Ambiverti, comme dirait Yuyu. Cela-dit, Madame Yang est sa voisine ; il est nécessaire de se dire qu’elle n’est pas tout à fait une inconnue et de façon générale, il est assuré d’être ami avec ses voisins qu’ennemis. Mais la charmante femme reste une adulte, probablement plus âgé que lui avec un enfant dans la fleur de l’âge, avec probablement des sujets de conversation d’adulte que lui, adulte en puissance, ne maitrise pas encore. C’est même certain. « Oh, oh ! Il a raison les poissons c’est vraiment fascinant ! » - voilà, la triste réalité c’est que l’étudiant maitrise uniquement les sujets de conversation d’enfants. L’enthousiasme face à des choses élémentaires, enfantines. « Pour les enfants je veux dire, respirer sous l’océan, l’immensité de l’océan, tout ça tout ça. » ; mais il est encore un enfant, qui peut lui en vouloir ? « Mais j’aime bien les poissons quand même, bien sûr. Et le violet, c’est très beau ! ». Un jour, il prendra des cours de conversation 101 – rien que pour pouvoir échanger avec les parents de ses futurs élèves. En attendant, Beomho se rattache à ce qu’il connait. « Intuition, magie, indépendance, créativité mais c’est aussi un peu nostalgique comme couleur… » - à croire qu’il connait la signification du violet donné par google par cœur… Bien sûr que non, enfin si… peut-être. Ce n’est pas sa faute si la petite qu’il garde a eu une fascination bizarre sur la signification des couleurs pendant un mois. Un mois dont il garde encore des séquelles à priori.

Elle a un joli sourire, Madame Yang ; le même que son fils c’est certain. « Ahah, je n’ai vraiment pas fait grand-chose… C’est Lei qui est venu me chercher. » ; véridique, le seul truc qu’il a fait c’est de ne pas lui refermer la porte au nez. Et Beomho croit suffisamment en l’humanité pour se dire que personne dans cet immeuble n’aurait osé faire une telle chose. (Sauf peut-être la vieille du 1er avec son caniche harnieux, elle, elle en veut trop à la vie pour autoriser un enfant à pénétrer dans son appartement et ce n’est pas plus mal…). « Et comme vous voyez, ce ne sont pas les puzzles qui manquent ici. ». Le jeune homme a même un peu honte de la quantité, en plus des jeux de société 4 ans et plus, qui encombre son salon. Le babysitter n’est pas sûr que ce soit digne d’un super héro, peut-être d’un super babysitter à la limite… Un peu gêné du sous-entendu de sa voisine, il change de sujet ; faire connaissance, bien tant que mal. Plutôt mal d’ailleurs, et de façon maladroite. « Oh, je vois. C’est sa nourrice qui reste avec lui et gérer son emploi du temps quand vous êtes absente plusieurs jours alors ? ». Beom a un petit espoir que ce ne soit pas la même babysitter que celle qui a abandonné Lei à son sort ce soir, mais l’espoir est vain. Malheur de recrutement et incompétences de beaucoup de ses confrères et consœurs, pas facile de trouver la bonne personne pour un job de cette ampleur. « Oh je sais pas si je suis le voisin idéal… C’est normal de l’avoir accueilli… Puis j’aime bien les enfants, enfin c’est mon métier je veux dire et mon futur métier aussi, donc… » rougit-il en occupant ses pupilles avec le puzzle du petit garçon. Beomho l’aurait fait pour n’importe quel enfant, même s’il faut dire que Lei est particulièrement agréable. « Il est vraiment adorable et calme, il ne m’a pas du tout dérangé. ». Beomho aurait eu à faire à une gamin manquant d’éducation, il n’aurait peut-être pas été aussi gentil et compréhensible avec sa voisine. La fatigue aurait sûrement pris le dessus sur l’amour pour les petits. Il relève enfin les yeux de Lei pour offrir un nouveau sourire à Madame Yang, et sa bouche s’ouvre plus vite que prévu. « Hm, vous voulez faire un puzzle aussi ? ». Ah. Il est donc défectueux à ce point-ci. Beomho espère que cette conversation hasardeuse restera encore la mère de famille et lui… « Je veux dire… Hm, j’ai des puzzles adultes si vous voulez patienter avec Lei. Ou peut-être que vous préférez autre chose… Il y a la télévision aussi. » - et oui, il parle bel et bien de cet écran des années 2000 qui a fait son temps et qui n’attend que de lâcher son dernier souffle. Alors il est peut-être temps d’arrêter de s’humilier… Il joue avec ses mains avant d’avoir une idée lumineuse pour occuper madame Yang et s’éclipser d’une conversation gênante. « Oh, vous avez eu le temps de manger ? Je peux vous faire quelque chose en attendant qu’il termine si vous voulez. ». Pitié pour l’amour des ciels, qu’elle dise oui. Cuisine il sait faire, pas de risque de rappeler une nouvelle fois qu’il a le même âge mental que Lei.

… il est… mignon ?
C’est l’adjectif qui lui vient quand elle l’écoute parler.
Sans que ce soit péjoratif, plus dans le sens attendrissant qu’idiot ?
D’accord, elle pense aussi, une fraction de seconde ou deux, que finalement c’est un peu comme récupérer Lei chez un copain.
Elle comprend qu’il doit bien matcher avec les enfants.
Elle devine, vu son discours, que le modèle qui porte le même nom qu’elle ne fera que parler de lui ce soir en rentrant. Mais elle ne se doute pas encore que ce sera au point où l’enfant pourra se dire convaincu d’avoir rencontré une âme soeur dans sa vie.
Rude sera la concurrence pour les futures rencontres de sa vie, rencontres qui auront peut-être le droit à des “oui mais Beom Ho”.
« Si un jour je trouve le tant espéré kit branchies, j’en prends un deuxième pour vous c’est ça ? » ne vient-il pas de préciser pour les enfants ? Oh si, mais n’y avait-il pas une petite pointe d’envie ? « C’est vrai qu’à choisir, je préfère recevoir mon hibou au kit des fonds-marins même si je ne voyage pas encore en balai. » analyse classique mais pas si fausse dans ce cas même si elle se défendrait peut-être d’être nostalgique à l’accès.

Sa tête se secoue ensuite.
Evidemment qu’il reste un super héros.
Évidemment que c’est plus qu’un pas grand chose.
Sans compter le bonheur évident de son fils… d’un abandon, le hasard lui a donné un bon moment et quelques puzzles «Il m’a bien semblé. » un sourire de plus, il surpasse sans mal dans le registre la collection de Lei à la maison. De quoi lui donner envie de faire des emprunts sans doute « Oui, malheureusement il n’a pas de mamie à exploiter dans le coin. » pas de grands-parents tout court d’ailleurs. Mais oublions les sujets trop personnels pour les débuts et concentrons nous plutôt sur le divin enfant et les propositions de casse-tête.
« ça ne va pas toujours en pack à priori…. » il n’y a qu’à voir sa nounou… le niveau d’attachement ne doit pas être énorme pour la planter en laissant Lei tout seul à la maison « Alors si, j’ai de la chance qu’il ait frappé à la porte de quelqu’un qui sait y faire avec les enfants. Même si je comprends que rencontrer mon fils est un immense honneur. Du coup, de rien, j’imagine. » plaisanterie, ou pas, son fils devrait appeler l’amour du monde entier.

Et puis c’est la grande première.
C’est en tout cas celle où un homme lui propose de faire un puzzle.
Un instant, tasse en mais, elle l’étudie du regard, puis ses lèvres s’étirent.  Il ne plaisante pas. Ou le malaise le fait débiter.
« Pourquoi pas ? J’suis pas mauvaise, j’ai été à bonne école. » vraiment ? Une fête de voisinage improvisée qui part en soirée jeux de société. Et pourquoi pas déclencher une guerre en lançant un uno ?
« Vous embêtez pas, j’ai mangé dans l’avion. » encore un truc bourré de conservateurs sans doute …
Qu’importe, ne relançons pas cette bataille.
Voilà en tout cas comment, tasse en main, elle finit assise par terre, au salon, loin de son fils à annoncer « Je vous laisse choisir le thème. » à côté, Lei relève les yeux un instant, il essaie de comprendre, puis finit par le faire « Vous allez faire un puzzle aussi ? » heureux gamin qui reprend le sien avec la sensation de faire partie d’un gang de rebelles qui assemble des pièces.