A peine la portière ouverte, Toggo déboule de la voiture pour courir et aboyer comme un fou. Les deux heures de trajet ont été longues mais il les a bien supporté. Se Jun regarde le chien, un air satisfait sur le visage, quand Bomi entre dans son champ de vision. Il marque une pause. Leurs regards se croisent et il lui sourit.
C’est pour elle qu’ils ont fait cette route.
La veille, quand il a débarqué à l’auberge, il n’a pas su ignorer les traits gris de son amie. Sa joie pétillante effacée derrière une expression polie qui ne faisait pas si bonne figure. Pas dans son assiette. Se Jun lui avait vaguement posé la question sans chercher les détails. Ce simple fait était déjà inadmissible. Dans cette auberge, ils ne pouvaient pas être deux à ruminer. « Tu taff demain ? Si oui, prends ta journée. Et celle d’après. On met les voiles. » C’était ce qu’il avait simplement déclaré avant de se pointer le lendemain, peu après le déjeuner, dans une voiture qui n’était toujours pas la sienne. Dans le coffre, il avait fourré une tente dépliable et quelques affaires qu’on portait pour aller camper. Il avait bien précisé à Bomi de prendre Toggo. En fait, il avait même souligné dans un sms qu’il avait trouvé un coin parfait pour lui. En réalité, il était surtout tombé sur une pub pour un camping qui autorisait les chiens. Quelques photos l'avaient convaincues de réserver deux nuits dans ce cadre vert à quelques heures de Séoul.
Tandis qu’il sort les affaires de la voiture, les jetant sur leur emplacement protégé par les arbres, il glisse quelques coup d’oeil à sa camarade : est-ce que ça suffira pour elle ? Cette fameuse méthode de tout envoyer valser pour mieux se tirer et oublier… La méthode préférée de Kang Se Jun.

« T’aime bien ? » Qu’il finit par demander un peu plus tard en dézippant l’étui de la tente. Le cadre est sympa, à première vue. Il y a un peu de monde mais la plupart sont logés dans des mobile-home ou des tentes plus haut de gamme louées par le camping. Le site indique même qu’il y a une piscine. « Toggo il aime bien, lui. » Un jappement joyeux lui répond. La tente se déplie et il l’examine un instant comme si un détail lui échappait. Il l’a pris assez grande pour qu’ils ne roulent pas dessus pendant la nuit. Il n’y a plus qu’à dérouler les petits matelas. Une tente. Juste une. Quel est le problème ?

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Avoir le cœur en vrac et la tête ailleurs ne forment pas le meilleur mélange acidulé. Depuis quelques jours, la jeune femme est plutôt amère et peine à remplir ses missions au travail. Elle a beau faire des efforts pour rester professionnelle, les clients qui la connaissent sont pris au dépourvu en la voyant sous ce nouveau jour. Ahjumma s’est un peu inquiétée au départ avant de comprendre la cause de ses problèmes. A cet âge, seul un garçon peut être l’origine d’une telle situation. Cela passera avec le temps, disent-ils. Mais pour autant, Bomi reste perturbée : comment le temps est devenu si long ? Résignée, elle panse ses blessures avec lenteur et désarroi. Sa première vraie peine de coeur, c’est quelque chose à publier dans un journal. Devrait-elle s’offrir une hair therapy ? Après avoir jeté plusieurs coups d'œil à son reflet, c’est finalement une proposition inattendue qu’elle finit par accueillir. Son mensonge ne prend pas sur son nouvel ami : Kang Se Jun. Être tous les deux parents d’un animal les a rapprochés suffisamment pour s’offrir une escapade vers l’inconnu. Elle n’aurait pas pris le risque d’accepter dans le cas contraire.

Et la voici, en tant que passagère d’un conducteur bien souriant. C’est toujours aussi agréable de le voir initier les sourires, lui qui était un peu plus renfermé lors de leur rencontre. Maintenant, c’est à son tour d’être un peu sur la réserve. Oh bien sûr, elle est heureuse de pouvoir compter sur quelqu’un. Bien sûr qu’elle ne compte pas se plaindre tout le week-end. C’est juste que ce n’est plus forcément évident, ni naturel. Elle jette parfois un coup d'œil vers le chien, qui est également obnubilé par les paysages qui défilent. Il tire sa grande langue, glissant son museau dans la petite ouverture de la vitre pour prendre le grand air. L’image l’amuse tandis qu’ils finissent par partager un autre sentiment ensemble : le bonheur d’être enfin arrivé. Un sourire se dessine sur ses lèvres quand Bomi descend du véhicule, suivi d’un doggo. Celui-ci ne perd pas une seule seconde pour renifler tout ce qui se passe dans le coin. Elle caresse l’animal, le félicitant d’être resté sage pendant le trajet. Puis, son regard se pose sur Sejun, occupé à décharger la voiture. Une vraie petite famille si on les observe de loin… Pas vrai ? “ Je suis de son avis. Ça a l’air chouette comme endroit. “ Cette sortie n’est pas une mauvaise idée. Passant une main dans ses cheveux, elle le regarde installer la tente. “ Je ne savais pas que tu faisais du camping. Tu te débrouilles comme un petit chef. “ dit-elle d’un ton amusé, bien que sincère. Puis, elle libère Doggo, histoire de l’aider. Elle se demande si elle serait assez douée pour en installer une. Malheureusement, elle a beau chercher dans les affaires, elle ne trouve rien de plus. Il n’y a qu’une seule tente ? “ Oh. “ Au fond, où est le problème ? Elle a déjà dormi dans le même lit que son meilleur ami. Pas de quoi s’inquiéter, pas de quoi s’imaginer des trucs… Il ne faudrait pas penser que Sejun a fait exprès de ne prendre qu’une seule tente. Impossible. L’étudiante a déjà été victime de son imagination avec Hayden. Elle ne peut pas recommencer avec lui… Autant prendre les choses d’un ton léger, même si elle aurait clairement évité de prendre son pyjama Pokemon, histoire de ne pas passer pour une gamine. Hmpf. Trop tard, elle suppose. “ Il y a un problème ? Tu as besoin d’aide ? “ Elle se met à sa hauteur, prête à découvrir l’intérieur de la tente et d’évaluer le taux de proximité.


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Il lui répond d’un sourire et son regard s’attarde sur elle. Bomi a l’air d’apprécier l’endroit mais il la sent toujours dans la retenue. Il ne sait pas ce qui la chagrine et n’est pas certain de vouloir lui demander… Mais lui, ça l’emmerde de ne pas voir son sourire. L’étincelle crépitante qui le réchauffe les jours de pluie est devenue si timide. Peut-être, ici, saura-t-il la raviver… quoiqu’il n’est pas si prétentieux.
Toggo aboie joyeusement pour toi. Se Jun continue de préparer la tente… sa première contrairement à ce que les compliments de sa camarade pourrait faire croire : « Bah, j’en fais pas. C’est la première fois. » Doit-il être flatté ou bien Bomi doit-elle s’en inquiéter ? Les équipements sont assez simples d’utilisation. Aujourd’hui, on fait du bon matos. Et c’est pas son père qui lui aurait appris à camper… Se Jun était pas ce genre de môme, déjà à l’époque. Trainer dehors, oui, encore aujourd’hui - d’ailleurs, il est plutôt du genre à dormir à la belle étoile et c’est pas vraiment du camping… - mais il n’aimait que trop retrouver la sûreté de sa chambre, sa nintendo et ses pokemons. Mais il est manuel, ça doit aider. « Mais t’inquiètes, on s’envolera pas. » Il se tourne, lui offre un sourire mi confiant, mi amusé. Le camping est bien équipé… s’ils ont un problème, ils pourront toujours aller voir ailleurs… ou dormir dans la voiture.
Dormir. Ce sujet là, Se Jun ne s’en soucie probablement pas assez. Il y a deux sacs de couchages mais une tente. Où est le problème n’est-ce pas ? Il voit Bomi perplexe. A côté de lui, il l’observe évaluer la tête. « Non, t’inquiètes. » Il déplie leurs couchettes et l’étale dans le fond de la tente, sans les coller ni trop les éloigner. « On devrait pas avoir froid normalement » Le temps est correct, il l’a même vérifié ce matin. « Si jamais, j’ai un sweat dans la voiture. » Il n’était pas du genre prévoyant mais il se souvenait avoir enfourné diverses affaires dans son sac avant d’enlever Bomi.
Il se lève, fait un aller-retour à la voiture pour sortir le reste des affaires. Toggo a déjà vidé la moitié de sa gamelle d’eau, aussi il lui remplit et lui met quelques croquettes sur lesquelles il se jette : « Morfale. » s’amuse-t-il avant de faire signe à Bomi de le rejoindre : « Hey. Viens m’aider à accrocher le hamac ! » Non sans une esquisse un peu fier au coin des lèvres, il lui exhibe le petit bijou de détente qu’il a déniché : un hamac blanc dans lequel ils pourront se prélasser. Chacun leur tour. Se Jun n’avait pas songé qu’il n’y avait qu’une place… quoique… Il lui montre deux arbres, pas loin de la tente et lui tend un bout du hamac en gardant l’autre : « Y’a une piscine aussi. Si ça t’intéresse. »

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Étonnant d’être ici en sa compagnie. Si les deux comparses se sont beaucoup rapprochés pour l’éducation de leur enfant, Bomi n’aurait jamais pensé qu’il puisse préparer une telle surprise. Entre le trajet et les préparatifs, le garçon s’est donné beaucoup de peine. Elle ne sait pas vraiment comment, ni pourquoi elle mérite autant d’attention mais l’étudiante ne peut pas s’empêcher de se sentir touchée par ce geste. Elle n’aurait jamais imaginé qu’ils soient si proches ou peut-être qu’elle ne s’en ait jamais rendu compte jusqu’à présent. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres quand elle songe à le remercier. Toutefois, elle ne doit pas s’assurer qu’elle va trop vite en besogne. Mais comment ne pas lui faire confiance alors qu’il installe cette tente comme un petit chef ? Elle le complimente, voyant de la rapidité dans son exécution. Pour autant, Sejun relève une information capitale : il n’a jamais fait de camping. “ Alors tu fais partie de ces gens qui ont ce talent inné ? Impressionnant. “ Faut-il espérer que le vent ne soit pas trop fort ? Il ne faudrait pas que la tente se renverse en plein milieu de la nuit. Dans ce cas, ils pourront toujours trouver refuge dans son véhicule. Celui-ci est peut-être plus confortable que l’intérieur de cette demeure improvisée.  Ses yeux se posent de nouveau sur l’ouvrier, un air légèrement surpris. Avec sa plaisanterie, il a l’air de posséder une autre faculté : celle de lire dans ses pensées. Pour la santé de chacun, il faudrait mieux éviter. C’est juste que par moment, Bomi a des réflexions assez particulières à son égard. Est-ce vraiment sa faute quand Sejun a trouvé bon de ne prendre qu’une seule tente pour eux deux/trois ? Est-ce une astuce pour se rapprocher physiquement d’elle ? Bon sang, la pauvre essaye de prendre une bouffée d’air discrètement, afin de ne pas ressembler à un feu rouge. Le problème, c’est elle qui exagère. Alors, elle cherche à relativiser, à jouer à la personne nonchalante, à l’image du maître-chien. Elle finit par s’accroupir pour le surveiller. “ C’est confortable ? “ La coréenne profite de son aller-retour pour tapoter le duvet, histoire de se faire une idée sur sa prochaine nuit. Elle fait attention à ne rien salir avant d’être embauchée sur l’installation du hamac.

Elle se dirige vers lui, acceptant sa mission avec excitation. “ Oh mais tu as pensé à tout ! Trop bien ! “ Elle tient son bout du hamac, sage comme une image, en attendant ses directives pour les accomplir. Un vrai petit couple dont le monsieur est chargé du bricolage. Elle ? Elle semble jouer aux potiches. “ Je le savais… Tu m’avais dit de prévoir un maillot de bain. Après, je pensais que tu bluffais mais je t’ai écouté. Au cas où. “ Le chambrer après tous ses efforts ? Pas cool. Le truc, c’est que Bomi ne pouvait pas se permettre de lui manger dans la main tout le long du séjour. Elle devrait simplement profiter au lieu de se faire des films. “ Rassure-moi. Il y a des élections Miss et Mister Camping ? Je serais curieuse de te voir rouler des mécaniques. “ Bah voyons… Bomi pouffe de rire et bombe le torse pour se donner un air de mec viril. L’imitation est loupée mais le cœur y est. Heureusement que le ridicule ne tue pas. “ Je soutiendrais ta candidature. Je dirais que tu installes les hamacs comme personne. “ Elle s’amuse avec les cordes du hamac et une fois terminée, elle ajoute. “ Tu essayes en premier ? “ Elle lui tend la main au cas où il devrait se rattraper. Rien d’autre.



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Très vite, un rictus relève le coin de ses lèvres. Un rire silencieux lui échappe, comme s’il n’était pas sûr de la réaction qu’il devrait avoir. Bomi le flatte. Il croit. Ou peut-être qu’elle le taquine. Mais elle l’a l’air sincère - et pas vraiment d’humeur à jouer aux emmerdeuses. Alors, son regard trouve le sien et il y a cette brève lueur flattée qui s’illumine dans ses yeux. Un scintillement trop sincère qui atteint le gamin derrière le masque de petit con. Ouai, ce compliment, ça lui fait grave plaisir en vrai. Alors, il hausse les épaules comme pour se donner l’air cool alors qu’il se sent juste bêtement timide.
C’est trop bête. Il ne se rend pas vraiment compte de son attitude et passe rapidement à autre chose. Mais un sentiment persiste : il est content d’être là avec elle. Même si Bomi a le moral dans les chaussettes, il ne fait clairement aucun effort pour lui tenir compagnie.
Son inspection l’amuse. Même si elle le complimente, il comprend qu’elle puisse émettre des doutes, surtout si elle n’a pas d'expérience de son côté. La tente ne s’envolera pas, encore moins quand ils seront deux à l’intérieur. Ce détail ne résonne toujours pas comme un problème dans sa tête. Plus simple, plus rapide, plus pratique.  « Bah teste, tu verras. » Il l’invite à essayer le couchage d’un signe de tête nonchalant. A vrai dire, lui aussi est curieux mais il imagine que ça fera l’affaire. Il l’a rejoint même un court instant, histoire de se faire une idée de leur espace pour la nuit. C’est pas le luxe mais ça fait l’affaire, qu’il songe. Aussi se vautre-t-il dans sa couchette : « C’est bon. Tu me rouleras pas dessus normalement. » Il lui tire la langue taquin. « C’est ta première fois, toi aussi ? » Le camping. Il comprendrait qu’elle soit nerveuse. Mais ça ira. La tente ne laissera entrer aucune bête et la douceur estivale devrait leur accorder une bonne nuit.

De nouveau à l’air libre, il s’emploie à monter le hamac. La seconde surprise de ce voyage. Se Jun ne cache pas son sourire en voyant que son accessoire lui plait : « Évidemment, j’suis le pro de l’escapade, qu’est-ce que tu crois ? » Ok, en général, les fugues sont plutôt roots avec lui. Le confort est une option… qu’il a tenu à ajouter pour Bomi. Uniquement parce que la demoiselle est triste !
Attachant le hamac de son côté, il finit par rejoindre Bomi pour s’assurer que son noeud est assez serré. Il tire sur la corde pendant qu’il lui répond : « J’avais deux critères : la piscine et les chiens autorisés. Fais trop chaud pour qu’on se prive de ça, non ? » En vérité, Se Jun n’avait pas vraiment l’occasion de se baigner l’été. Rare était les fois où il fuguait vers la mer et il ne lui venait pas vraiment à l’idée d’aller dans les piscines publiques en ville. Aussi, il avait sauté sur l’occasion en réservant ce camping. Offrant un hochement de tête satisfait pour le noeud de Bomi, il arque toutefois un sourcil à sa question sur les élections de Miss et Mister Camping. « … ça je t’avoue que c’était pas dans mes critères… » Il rit un peu. Rouler des mécaniques… C’était quoi ça ? « Bah… à moins que le thème ça soit un garage, j’suis pas sûr d’être favori…. Quoi que…. » Il prend une pose idiote en sortant les muscles. Bras plié, biceps contracté qui se dessine finement sur le bras découvert… Ok, Se Jun n’est clairement pas une bête de muscu. Il se trouve vite ridicule et s’arrête dans un rire gêné. « Alors si tu participes, je te soutiendrais en disant que t’es une bonne assistante hamac et que t’es pas si mauvaise sur Smash. » Pas meilleure que lui, bien sûr. Il lui tend la main pour serrer la sienne en guise de marché. Une idiotie parce qu’il ne compte pas vraiment participer à ce truc… Et Bomi, ce genre de chose l’intéresse-t-elle vraiment ? Il juge pas… Elle aurait ptet ses chances. Hum. Il ne pousse pas jusqu’à l’imaginer en maillot, se reconcentrant sur le hamac à tester. « Ok, je prends le premier quart ! » Un test Se Jun, pas une sieste.
Il tape dans la main altruiste de Bomi - parce qu’il n’a pas besoin d’aide le bonhomme ! - et se hisse dans la couchette suspendue. Il tangue un peu mais ne perd pas l’équilibre… et moins de dix secondes plus tard, il est allongé dans la plus confortable des positions. Il pousse un long soupir : « Wah ! Le pied ! Je bouge plus, c’est mort… » Dommage pour Bomi, elle aurait dû essayer en premier car à présent, elle n’était pas prête de déloger le garçon.

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Sous les conseils de son ami, Bomi avance doucement dans la tente. C’est une expérience inédite qu’elle s’apprête à vivre. Ca lui semble étrange de dormir dans de telles conditions. Est-ce qu’il fera assez bon ? Est-ce que ça sera confortable ? A première vue, Sejun a tout prévu pour qu’ils puissent bien s’amuser ensemble. Elle en a besoin, de se laisser guider et mettre toutes ses pensées négatives de côté. Elle va devoir avancer, et si prendre du recul lui permet d’y arriver, alors elle ne compte pas faire son enquiquinante. L’étudiante est du genre coquette, toujours bien habillée et pourtant, elle n’a pas peur de s’ouvrir et reste naturelle. Bomi le regarde s’installer sur sa couchette et affiche un sourire amusé à sa remarque. “ Tu ne sais pas ? J’ai peut-être la bougeotte quand je dors. “ Le pauvre garçon ne devrait pas s’avancer aussi vite. Le risque nul n’existe pas. Il pourrait finir écrasé à tout moment.  Alors, à son tour, elle décide de lui tirer la langue. “ C’est ma première fois oui. “ Qu’elle va au camping, qu’elle dort avec un garçon dans une tente ?

De nouveau à l’extérieur, le garçon s’efforce à installer un hamac. Il a pris les choses au sérieux pour ce séjour. Bomi n’est pas vraiment surprise. Peut-être que le jeune homme est nonchalant par moment mais quand il a des attentes, il a l’air de s’arranger pour être satisfait. Elle se rappelle très bien le rôle essentiel qu’il a joué pour l’adoption de Doggo. Celui-ci est au paradis à la guesthouse, chéri par les visiteurs et la propriétaire des lieux. Et puis, il a ses petites promenades quotidiennes avec l’un de ses parents, ou les deux quand leurs emplois du temps respectifs leur permettaient de se voir. Entre les différentes occupations pour elle et le garage pour lui, ce n’est pas toujours évident de se faire une sortie à trois. Comme quoi, ce camping tombe à pic pour renouer les liens de cette famille plutôt atypique. Elle admire le spectacle de Sejun à son tour, qui est déterminé à montrer ses biceps. Il manque un peu de matière mais qu’importe, elle le trouve bien comme il est. Elle se met à rire. “ Pas si mauvaise ?  Tu commences à ouvrir les yeux, c’est bien. “ Il y a encore une marge de progression mais elle accepte de lui serrer la main. De toute façon, Bomi ne compte pas s’inscrire dans cette compétition des plus puériles. Elle préfère largement passer sa soirée à raconter des bêtises depuis ce hamac. A condition de se faire une place et apparemment c’est mal barré. Sa main tendue, pour proposer son aide, est rejetée par un high five des plus confiants. Et puis, Sejun se transforme en paresseux. “ Tu attends que je te fasse du vent là ou que je t’apporte un cocktail ? “ Il ne faudrait pas lui donner de mauvaises idées. “ Je pensais que tu devais t’occuper de moi et tu veux même pas me faire de la place … ? “ Elle se plaint avant que ses doigts malicieux dessinent de chatouiller le ventre de Sejun. “ On va voir si tu ne vas plus bouger. “  


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« Au pire on fera un smash irl sous la tente. » Il sourit, hausse les épaules. Pauvre fou innocent. Il ne prend clairement pas la mesure de ses mots. Lui se dit qu’il sera facile de repousser Bomi, qu’elle n’est pas bien lourde et que si elle empiète sur son territoire, il pourra toujours la faire rouler à l’autre bout de la tente. L’image le fait même rire et sans arrière-pensée. Tout comme cette histoire de première fois. Se Jun hoche la tête, un vague rictus au coin des lèvres et passe ses bras derrière sa tête, l’air songeur : « Bah, c’est cool. Faut une première fois à tout. Et j’pense ça va être bien. » Le camping. Dormir avec une fille. Tout ça.

Le séjour ici sera léger. Se Jun se le promet. Que ce soit pour elle ou pour lui, partir un peu loin de tout leur fera du bien. Alors il y a mis les moyens. Que ce soit pour la tente ou le hamac. Le ton est insouciant et les sourires ne quittent pas les lèvres. Mais les taquineries sont toujours de la partie. « Oui oui, doucement Bomyleth. J’suis quand même meilleur que toi. » Il est un enfant pénible qui s’accapare le précieux hamac. Après tout, Bomi lui a laissé la place… Mais voilà qu’il se balance et la nargue. Il ne manque plus qu’une casquette sur son visage et il est sûr de partir pour une sacrée sieste… Ou un cocktail ?
Il lui adresse un regard amusé : « Tu serais un ange. Un coca, ça suffira. » et toi t’es un sale gosse, Se Jun. Il ricane dans son hamac mais Bomi manque presque de le faire culpabiliser quand elle sort l’argument du réconfort. Il lui décroche une moue et finit par grommeler : « Cette strat’ marche pas sur moi, Bomyleth… » Un peu quand même. Car le voilà déstabilisé alors qu’elle passe à l’offensive. C’était un piège ! « Ah ! Non ! Je vais tomber, idiote ! » Il râle, tente de lui retenir les mains, tangue dans le hamac en se tortillant. Son coeur s’emballe à 1000 battements par minutes mais il se refuse de supplier pour sa mercie. De son côté, Doggo perçoit l’agitation et aboie dans leur direction avant de les rejoindre, courant dans les jambes de Bomi et sous le hamac. Il aboie et Se Jun crie : « Tricheuse ! Tricheuse ! » Et c’est ce qui s’appelle se foutre de la gueule du monde.
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“ A force de le répéter, tu vas finir par t’en convaincre. “ L’élève dépassera un jour le maître et à ce moment-là, Sejun a tout intérêt d’être honnête envers lui-même. Mais dans de telles circonstances, il serait capable de prendre tous les mérites sous prétexte d’avoir été un adversaire et un coach à la hauteur. Bomi compte bien se débrouiller toute seule pour lui en boucher un coin. Le prendre par surprise… C’est tout le mal qu’elle se souhaite tandis que Sejun prend place sur la nouvelle installation. Apparemment, le confort est de mise. Le garçon se balance, se berce tranquillement alors que deux de ses comparses sont juste témoins de son petit bonheur personnel. N’est-elle pas censée être la star du séjour ? Bomi n’a pas fait ce trajet pour se contenter de servir un coca. Autant rester au travail dans ce cas. Et elle ne tarde pas à se plaindre directement au principal concerné. C’est par surprise qu’elle décide de le chatouiller au ventre, voulant perturber la tranquillité du garçon au hamac. “ C’est qui qui tu traites d’idiote ? “ Les chatouilles de Bomi augmentent la cadence pour ne lui laisser aucun répit. Elle doit bien se venger pour cette petite insulte. Pour autant, la demoiselle est loin d’être traumatisée et pouffe de rire quand elle voit son ami se tortiller dans tous les sens. Doggo, devant tant d’excitation, décide de se joindre à la fête. “ Vous êtes pris au piège, Mr Kang. Vous n’avez qu’un seul mot à dire pour que je vous laisse la vie sauve. “ Pitié ? C’est exactement au mot auquel elle pense. Toutefois, Sejun ne serait pas du genre à céder à ses caprices. Ça fait longtemps qu’elle l’a compris. “ T’as vu Doggo ! Papa préfère faire la sieste au lieu de se promener vers nous ! Crie-lui dessus. “ Bomi s’amuse aussi avec le chien qui aboie de plus en plus fort. Heureusement qu’ils n’ont pas de voisins, surtout qu’à force d’exciter l’animal, celui-ci se met à bondir sur sa maîtresse. Peut-être que le chien était jaloux de voir que l’attention de cette dernière se concentrait sur Sejun. Allez savoir… Et finalement, Doggo obtient gain de cause ou sauve son père du coup de grâce. La demoiselle abandonne sa première quête et se met à courir avant d’être suivie par l’animal. De quoi se détendre les jambes après toute cette route. Tant pis si le chauffeur a besoin d’une sieste pour se remettre de ses émotions !



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L’attaque est violente, sans pitié. Les cris devraient alerter la populace. Des cris d’agonie auxquelles se mêlent les aboiements furieux d’un molosse enragé.
Ouai. On aurait beau romancer le tableau, la scène n’en ressemble pas moins à une chamaillerie de gosses. Le seul danger, c’est ce hamac qui se balance dangereusement alors que Sejun tente d’esquiver, en vain, les chatouilles de Bomi. Il jure, tente de lui attraper les mains qui lui échappent sans cesse. « Bomi ! » supplie-t-il. Supplier ? La fierté reprend le dessus quand elle ose tenter de lui faire prononcer le mot interdit. Dans sa détresse, il lui lance un regard outré, orgueilleux et il hurle : « Jamais !! » Pour l’honneur ? Quelle valeur stupide. Il éclate de rire et on ne sait pas trop si les larmes qui montent sont euphoriques ou douloureuses. A ce chaos s’ajoute Doggo qui aboie et saute. Le chien manque de renverser un peu plus le hamac et les mots de Bomi sonnent désormais comme une prophétie : il est pris au piège. Capituler, il doit. Il y pense. Mais sa fierté l’empêche de le faire à temps et c’est finalement Bomi qui applique la sentence et le laisse seul, sans chien et sans amour. « Hé ! Revenez ! » Qu’il lance en les voyant s’éloigner. Sa moue se transforme en grimace quand, en voulant se redresser pour s’extirper du hamac, ce dernier se retourne et l’éjecte droit au sol comme l’ultime punition. Il jure, le cul en l’air, la tête dans la terre. Le ridicule ne tue pas mais il amoche sévère. Il espère que Bomi ne l’a pas vu….
Tant bien que mal, le mécanicien se redresse et jauge sa situation. Sa partenaire se fait poursuivre par un fauve. Sejun sourit, oubliant sa chute. La tristesse ne teint plus les traits de Bomi… Ma foi, les vacances commencent bien.

Quelques minutes plus tard, le dompteur de hamac rejoint la guerrière et le loup. Ses cheveux sont ébouriffés par la bataille précédente mais il ne s’en soucie pas. Dans ses mains, deux emballages légèrement humides ; il en tend un à Bomi : « Tiens. En signe de paix. » Une glace à l’eau, acheter à la va vite au convenient store avant de partir ce matin. Il ouvre la sienne, enfourne le bout dans sa bouche pour se laisser les mains libres et passer la laisse à un Doggo finalement calmé. Lui aussi avait besoin de courir après le trajet. « Ca te dit de faire un tour du camping ? On ira repérer la piscine… » Il marque une pause puis d’un petit sourire ajoute : « Je te laisserais le hamac au retour. »

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Une scène de torture se présente en cette première journée de vacances. Compte tenu de la réaction de la victime, on pourrait croire que Bomi n’est pas à son premier coup d’essai pour infliger de telles chatouilles. Est-ce qu’elle connaît si bien les endroits sensibles de son ami ou le jeune homme n’est pas très original ? “ On se rappelle enfin de mon prénom ? “ Comme quoi, la ridiculiser avec un surnom affectif n’est pas évident à prononcer quand il est en désavantage. Elle compte bien en profiter pour obtenir satisfaction mais son orgueil est bien trop fort pour être abattu si rapidement. Si c’est un jeu de patience, Bomi continue d’avoir toutes les chances de son côté. Comment pourrait-il se venger alors que le hamac ressemble à un filet de pêche ? Et à le voir gesticuler ainsi, les meilleurs pêcheurs de la côte diront que c’est une bonne prise. Enfin, il ne faudrait pas comparer Sejun à un poisson, au risque de blesser une nouvelle fois sa fierté. Pourtant, Bomi serait d’avis de dire qu’il est loin de ressembler à un thon. Doggo décide de se ramener pour une intervention plus crédible que la pensée précédente. L’agitation de ses deux maîtres inspire le dernier du trio à montrer toute son excitation. Comment lui en vouloir ? L’animal est resté calme pendant tout le trajet, lui aussi, il a besoin de se défouler. C’est bien pour cette raison que Bomi finit par lâcher Sejun, n’arrivant pas à utiliser ce hamac comme scène de crime. La demoiselle se met à courir avec un chien à ses trousses. S’il veut faire bande à part, qu’il le fasse… Cet idiot aurait pu lui laisser une petite place, après tout… Et en lui tournant le dos, c’est finalement elle l’idiote, qui a manqué le saint-graal : la chute de Sejunnie. Dommage…

Quelques minutes plus tard, c’est une Bomi essoufflée qui retrouve son camarade. Elle fait mine de le regarder du coin de l'œil, voulant jouer les grandes avant de céder aux caprices de la gourmandise. “ Si tu penses pouvoir m’acheter avec de la nourriture, tu te trompes. “ dit-elle alors qu’elle a déjà récupéré sa glace. Deux vrais enfants. Comment peuvent-ils être parents avec une telle mentalité ? Pour autant, Sejun est le seul à avoir la présence d’esprit de sortir la laisse. C’est essentiel si Bomi accepte de faire le tour du camping, chose qu’elle finit par faire. Pourquoi dirait-elle non ? Il faut bien découvrir les lieux, surtout si le hamac fait partie du domaine privé de Monsieur. “ Hmm, je ne sais pas. Il n’aura pas la même saveur. “ Quel est le sous-entendu au juste ? De ne pas avoir gagné le premier duel ? De ne pas avoir pu profiter d’une petite proximité avec Sejun ? Elle affiche un léger sourire en coin tandis qu’ils avancent tranquillement vers le centre du camping où se trouve le cœur des activités. Elle repère une affiche avec la programmation des jours à suivre. “ Oh t’as vu ? Ils ont prévu un petit festival de musique. Bon, je ne connais aucun artiste mais ça peut être amusant. “ De toute façon, il n’y a pas l’air d’avoir énormément de choses autour. Autant jouer le jeu après ce séjour inattendu ? Elle dégaine son téléphone pour prendre la liste des artistes en photo. “ On aura qu’à les écouter ce soir en se faisant un petit barbecue ? Imagine s’ils deviennent populaires, on pourrait revendre leur autographe sur ebay. “ Quel rat ! Quelle idée de penser ainsi ! En attendant, la piscine n’a pas encore été repérée par l’équipe de choc. Pour l’instant, ils profitent d’une belle décoration extérieure, ce qui inspire la jeune femme à prendre une photo souvenir. Son téléphone toujours en mains, elle arrête de filmer Doggo et laisse son téléphone à Sejun. L’endroit ne manque pas de charme, et l’écriteau avec le nom du camping est un appel à la pause. “ Prends moi en photo avec Doggo. “ Elle se baisse pour être à la hauteur de l’animal, négligeant sa glace… Contrairement à l’animal qui décide de lécher cette dernière allégrement. La mine déconfite de Bomi risque de finir dans les annales. “ Mais Doggo !!! “ Elle pouffe de rire finalement devant sa propre bêtise. “ Je crois que lui aussi voulait de la glace. “ Néanmoins, elle se permet de faire une petite remarque à Doggo sur son éducation à revoir… Mais, un chien reste un chien, pas vrai ?


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