Il les voit, son air farouche et sa moue boudeuse. Se Jun sourit. Une étincelle mutine dans le regard et l’amusement aux coins des lèvres. C’est vrai qu’elle ne sourit pas à cet instant, mais il a déjà la sensation que ses yeux sont moins voilés. Tant mieux. Cette évasion vaut le coup, il le pense. Alors, même si la glace à l’eau lui échappe, il lance avec taquinerie :  « Si t’es pas contente, je mange les deux. » Mais lui est bien content qu’elle mange la sienne.
Glace en bouche, il termine de mettre la laisse à Doggo et se redresse. Cette fois, c’est lui qui lui adresse une moue :  « Pourquoi ? C’est pas drôle si je suis pas dedans ? » Il retient un rire, sans se rendre compte du sous-entendu qu’il laisse planer. Pourtant, partager le hamac avec Bomi, ça ne lui semble pas être une mauvaise idée. Tout comme il ne voit aucun mal dans le fait de dormir sous la même tente.

Ensemble, ils arpentent le camping. Chouette endroit pour un truc qu’il a réservé en dix minutes. Au moins, sa partenaire n’a pas l’air déçu pour l’instant. Doggo est sage, tire sur la laisse quand ils rencontrent les autres vacanciers parce qu’il crève envie de submerger le monde le son amour pur de chien.  « Oh. Cool. » Il se penche sur l’affiche et détaille le nom des artistes qui ne lui parlent pas non plus… Dommage, il aurait trouvé ça drôle de croiser Seorina ici. Mais peut-être qu’elle est trop fab pour ce genre d’endroit.
Son regard glisse à nouveau sur Bomi et il hoche doucement la tête, toujours ce petit sourire discret au coin de la bouche :  « T’es comme ça, toi ? Opportuniste jusqu’au bout des ongles. » Il ricane et lui ébouriffe les cheveux, d’un geste peut-être trop naturel :  « T’as pas tort. Faut se faire de la thune où on peut… Mais ouai, on écoutera ce soir. » Si ça lui fait plaisir. Ouai. Ils sont là pour ça.
Ils poursuivent le chemin et avant que Se Jun ne puisse repérer le panneau indiquant la piscine, Bomi l’interpelle et il se retrouve avec son téléphone en main. La prendre en photo ? Il la considère quelques secondes, distrait… puis lui cède la laisse :  « Tiens le bien, » lui recommande-t-il en sentant la frénésie du chien, trop heureux de renifler toutes ces nouvelles odeurs. Il laisse ainsi Bomi se placer, recule de quelques pas et place les deux sujets dans le téléphone. Le cadre est sympa… Son attention se porte sur elle, au milieu. C’est drôle… quelque chose chatouille son esprit. Un sentiment qu’il ne saisit pas tout de suite tandis qu’il se concentre sur ce sourire d’habillage en capturant son premier cliché…. avant le drame.  « Ah…! » La seconde photo a parfaitement saisi le vol. Flagrant délit ! C’est le moment d’aller aider Bomi mais… il prend encore deux photos car la tête de son amie est trop parfaite. Il la rejoint, non sans un petit rire :  « Dis donc, voyou ! On agresse pas les honnêtes dames comme ça… » Il reprend la laisse de Doggo et tente de reprendre un morceau de glace de la gueule du chien, en vain.  « Bravo… T’en as partout… » Il soupire, sauve sa glace qui est devenue la nouvelle cible et … regarde la pauvre Bomi qui n’en a plus.  « Désolé, faut refaire toute son éducation. » Il considère sa glace bien entamée et hausse les épaules :  « Il reste de la mienne si tu veux… Mais j’suis sûr que y’a un magasin dans le camping. Je t’en reprendrais une autre. Ou plusieurs même. » Faut pas que Bomi soit triste…
Il lui rend son téléphone et sa main fouille sa poche :  « J’ai une sucette, si tu veux ? » Evidemment qu’il a une sucette… il a toujours une sucette…
En attendant, ils reprennent leur chemin à travers le camping et Se Jun attire son attention sur le panneau indiquant la piscine :  « C’est par là. Ca ferme tôt…» Et vu le brouhaha qu’il entend, elle est blindée à cette heure-ci. Hum.


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