outfit ⏤ Il y a un nouveau numéro de téléphone dans ton répértoire, et si il déborde déjà d'infos de contact de demoiselles, celui-ci en particulier a des airs de Saint Graal. Et pour cause, il s'agit de celui de Minjoo. À vrai dire tu n'arrives toujours pas à croire qu'elle t'ai filé son numéro, tu es pratiquement certain que c'est un fake et que tu tomberas dans les messages d'une amie chargée de te faire tourner en bourrique. Même si tu n'imagines absolument pas la Silla faire ce genre de blague.

Mais outre la probabilité que ce numéro soit bien le sien ou non, tu as d'autres questionnements. Depuis cette soirée au barbecue, tu t'interroges sur les habitudes alimentaires de la demoiselle. Elle n'avait pas l'air particulièrement alarmée par les heures passées sans manger et tu devines que c'est chose courante pour elle. Tu admets, ça te turlupine. Et si elle venait à nouveau à s'écrouler ? Et si elle tombait sur pire que toi ? Rhaa mais pourquoi tu t'inquiètes de ça, vraiment ?

Il n'empêche que tu as fini une fois de plus dans l'atelier cuisine du club culinaire (après ses heures de fonctionnement évidemment, il ne faudrait surtout pas que quelqu'un te voie aux fourneaux, bye la crédibilité sinon), à te préparer tes prochains repas comme à ton habitude. Sauf que, c'est marrant, t'as eu la main plus lourde que d'habitude sur les ingrédients pendant tes courses. Ooh, bah ça alors, tu en as clairement pour deux personnes, tu ne parviendras pas à tout manger toi-même.

Et c'est comme ça que tu te retrouves à interroger Minjoo sur ses horaires puis, quand l'heure de la pause sonne, sur sa localisation. Ton sac isotherme sous le bras, tu checkes la photo qu'elle t'a envoyée pour tenter de comprendre où elle est, avant de simplement chercher son visage dans la foule. Tu finis par la repérer entourée de ses bouquins, tel que sur la photo... damn, c'était donc vraiment son numéro. Tu ne peux pas empêcher un sourire profondément satisfait de fleurir sur tes lèvres alors que tu t'approche, posant ton chargement sur un espace libre. « Le seul, l'unique. » Calme-toi, mon garçon.

Maths simples : pause du midi, une demoiselle à une table avec des livres mais aucune nourriture en vue... à coup sûr, elle zappe encore son repas. Bien. Tu commences donc à sortir tes boîtes, lui lançant un regard peu impressionné quand elle commence à se plaindre de ton agitation. « Ce que je fais ? » Tu ouvres l'une des boîtes au hasard, secouant sous son nez une splendide salade laab kai, laissant les arômes se diffuser. « Je m'assure que tu ne sautes pas de repas et que tu ne fasses pas un petit malaise comme la dernière fois, voilà ce que je fais. » Tu continues à vider ton sac (celui de nourriture, on précise) avant de faire un petit geste en direction de ses livres. « Allez, fais de la place, range tes bouquins dix minutes et sers-toi. » Tu t'installes face à elle, croisant les bras sur la table en l'observant, attendant qu'elle se décide. T'espères juste qu'elle n'avait pas d'autres plans prévus pour plus tard, tu auras l'air vachement con avec ton mini buffet sinon.

outfit ⏤ C'est quoi le problème de tes chevilles ? Elles sont parfaites comme elles sont. Si parfaites qu'elles en auraient fait chavirer plus d'un.e il y a plusieurs décennies. Cachez donc ces chevilles que je ne saurai voir, monsieur Prachaya. Étouffant tes blagues potaches dans ton esprit, tu te contentes de lui lancer un éclatant sourire. « Je t'assure que mes chevilles sont d'une taille tout à fait normale. »

Tu es donc en train d'étaler paisiblement ton buffet, la houspillant à moitié pour qu'elle range ses livres et profite d'une véritable pause dans sa journée. Et d'un bon repas. C'est pas que tu n'as pas foi en la nourriture servie sur le campus, loin de là, tu en connais la qualité, mais Minjoo n'a pas l'air du genre à se forcer à aller se prendre un truc au self ou dans l'une des multiples échoppes dispersées un peu partout. Et pour preuve... la voilà qui te secoue sous le nez une vulgaire barre énergétique et tu ne peux pas t'empêcher de fusiller l'immondice d'un regard profondément outré. « Si tu cherchais à me vexer, tu as trouvé la méthode la plus rapide, tu commentes avec acidité. » Tu attrapes la barre et la lance dans ton sac, avec un petit claquement de langue désapprobateur. Puis tu tiques sur ses mots, haussant un sourcil en l'observant, curieux. « J'ai une tête à faire des petits plats ? » Tu es curieux. Un peu sur la défensive, aussi. Faut dire que t'essaies de te tenir plutôt du côté bad boy, et ce n'est pas compatible avec l'option "cuisine des petits plats faits maison pour draguer". Nah. Vraiment pas compatible. Alors tu baisses les yeux sur les tupperwares que tu es en train d'ouvrir... certes, ce ne sont pas des boîtes de traiteur, on voit que c'est ta collection personnelle... mais de là à pouvoir dire que tu es le cuisiner ? Shit. C'était pas prévu, ça.

Bon, maintenant que tu y es... autant continuer, hein. Tu reprends ton étalage de bouffe sur la table, salivant déjà rien qu'aux parfums qui s'échappent. « Je m'en suis douté, tu réponds distraitement. Tu l'as systématiquement mis sur le côté au barbecue. » Quoi ? C'est évident que tu as observé ses habitudes alimentaires quand tu en as eu la possibilité, puisqu'elle t'a baladé des mois entier sur base de fausses suspicions d'allergies alimentaires.

Et la voilà qui referme ses livres, les mettant sur le côté. Amen. Tu lui tends une paire de baguettes en bois jetables, avant de t'installer. Tu n'as pas prévu d'assiettes ou quoi, tu espères que ça ne la dérangera pas de piocher dans les plats. C'est vrai que tu n'as pas réellement vu au-delà de l'idée de ramener un mini buffet, même les rares fois où tu trimballes de la bouffe avec ton groupe de potes, vous picorez tous dans le même contenant sans que ça ne pose le moindre problème. Tu attends donc qu'elle se serve en première avant de venir piocher dans le plat le plus proche. « Alors ? tu ne peux pas t'empêcher de la titiller. C'est mieux que ta barre de céréales, non ? » Tu n'accepteras pas de réponse négative. Tu en serais plus que vexé, même si tu n'as pas encore admis être celui qui a confectionné tout ça. « Ah ! Je crois que j'ai... mordu sur un piment. » Tu as failli dire "je crois que j'ai abusé sur le piment", ce qui t'aurait grillé. Enfin, plus que tu ne l'es déjà. Tu te lèves, déposant délicatement tes baguettes sur une serviette. « Je vais me prendre un verre d'eau à la fontaine. Tu veux quelque chose ? »

outfit ⏤ Elle te prend vraiment pour un teubé cosmique, c'est définitivement acté. Tu ne peux pas t'empêcher de sourire avec amusement quand elle t'explique l'expression, toujours aussi piquante que d'habitude. « Minjoo, tu sais que je suis en langues et lettres, hein ? Je connais l'expression, et mon ego va parfaitement bien. Mon ego, mes chevilles, mon melon, qu'importe comment tu préfères l'appeler. » Mais tu aimes bien son franc parler, la manière sarcastique dont elle t'explique les choses comme si tu étais le dernier des imbéciles.

Tu pensais être plus discret que ça, mais visiblement rien ne lui échappe et tu passes une main gênée dans ta chevelure. C'est sûr que même si tu es un très bon cuisiner, on voit que c'est du fait maison et pas à l'échelle "traiteur pro", ça a une allure authentique. « Ça ne fait pas étrange ? tu finis par demander. De te dire que c'est moi qui ait cuisiné ça ? » Faut dire que bad boy et petits plats, c'est pas tellement une association d'idées courante.

Tu la regardes commencer à piocher dans les plats, goûtant par ci par là le fruit de ton travail. Curieux quant à ses réactions, tu joues distraitement avec tes baguettes, bien plus concentré sur ses expressions faciales. Et quand elle te lâche un "c'est pas mal", tu éclates de rire. « Juste "pas mal" ? Je suppose que c'est déjà un grand compliment venant de ta part, pour quelque chose qui me concerne. » À vrai dire, tu avais surtout peur que rien de tout ça ne soit à son goût et que tu aies gâché tes efforts pour rien. Après, à partir du moment où elle t'a amené à un restaurant de grillades, il était plutôt safe de penser qu'elle n'est pas particulièrement fancy concernant sa nourriture.

La dualité est plutôt amusante : Minjoo qui mange sereinement, et toi qui a presque les larmes aux yeux après avoir croqué sur un bout de piment. Tu t'échappes rapidement pour aller chercher un verre d'eau, que tu avales d'une traite à ton retour après avoir calmé le feu dans ta bouche avec une grosse cuillerée de riz. « Et bien, tu te sers généreusement pour un plat qui n'est que "pas mal", tu la taquine en voyant qu'elle n'as pas cessé de manger. Ça me fait plaisir que tu manges. Tu es du genre à sauter plus de repas que nécessaire, pas vrai ? » Ce n'est pas un reproche, juste une question. Tu es sincèrement curieux de connaître les origines de si mauvaises habitudes. « Est-ce que tu manges souvent ces... barres de céréales, à la place de prendre le temps d'un repas ? » Et après on s'étonne qu'elle s'écroule sur le chemin d'un resto. Tss tss. Comment tu veux draguer correctement quelqu'un qui vacille sur ses pieds, hein ? Tu n'es pas encore tombé aussi bas. Malicieux, tu te penches légèrement en avant, tes baguettes attrapant un aliment dans l'une des boîtes proche d'elle. « Promets-moi de te nourrir convenablement. Sinon je viendrai t'embêter tous les midis avec de la bouffe. » Et tu sais qu'elle n'a pas envie que ses potes la voient en ta compagnie. Enfin, tu penses. Même si elle est moins farouche face à toi qu'avant, il n'empêche que vous n'êtes pas amis, pas mêmes potes. Juste... tu es peut-être un peu moins "cafard emmerdant" à ses yeux, quelque chose comme ça. « Deal, ma belle ? »

outfit ⏤ « Je sèche, certes, mais je réussis mes examens, pardonne mon talent. » Ton talent. Oh la bonne blague. Tu sèches pour le persona que tu t'es créé, ce bad boy qui n'étudie pas et fuit la bibliothèque comme la peste, mais la vérité est que tu bûches dès que tout le monde a le dos tourné, trop culpabilisé à l'idée de rater une année. Tu ne peux pas faire ça à ta mère, elle qui a mis tant d'argent de côté toute sa vie pour t'offrir un "bel avenir" grâce à un diplôme.

Tu es presque soulagé qu'elle ne te pointe pas du doigt en se moquant. Ayant commencé à cuisiner très jeune pour soulager ta mère, tu ne comprenais pas pourquoi tes camarades se moquaient de toi ou disaient que tu avais une activité de fille : pour toi, c'était juste normal, une tâche comme une autre. Mais tu as vite compris la leçon, à l'époque, et tu n'en as plus jamais parlé. Les mots de Minjoo, par contre, apaise cette vieille acidité que tu as en toi à ce sujet, et un petit rire t'échappe. « Tu es vraiment unique. » Dans cette société où "la place de la femme" est encore un concept bien (trop) vivant, c'est une bouffée d'air frais.

Quand elle propose te te noter sur ta cuisine comme elle a noté le "trajet" de la dernière fois sur ton dos, tu lui réponds d'une grimace amusée. « Nah, ça ira. Laisse-moi continuer à croire que j'ai un talent dans au moins un domaine et que ma mère ne me dit pas que "c'est bon" depuis des années juste pour me faire plaisir. » Alors certes, il est arrivé que parfois elle te dise que la recette n'était pas très réussie, et pratiquement à chaque fois tu n'avais même pas besoin qu'elle le dise pour le savoir toi-même, le résultat étant alors souvent très hasardeux niveau goût, mais de manière générale ta mère n'a jamais réellement critiqué ta cuisine.

Alors que tu bois ton verre d'eau, tu t'arrête en plein geste à ses mots, laissant échapper un petit soupir dépité. Tu relèves le regard, le plongeant dans le sien. En temps normal, tu aurais probablement lâché un truc du genre "Il faut bien que tu sois en forme pour quand je t'emmènerai au septième ciel, mais c'est Minjoo et tu tiens à ta vie. « Minjoo, tu commences sur un ton plus ferme que d'habitude, plus sérieux par rapport à ton persona nonchalant. Tu penses vraiment que je serais encore là si mon but était de te mettre dans mon lit pour compléter une liste qui, je le répète, n'existe pas ? Tu me prends pour bien plus têtu que je ne le suis. » Tu admets que l'idée de l'avoir dans tes draps ne serait pas déplaisante, mais ce n'est pas ta motivation première. Et puis, sérieusement, elle pense toujours ça, presque un an après que tu aies commencé à lui tourner autour ? Personne ne tient aussi longtemps "juste" pour coucher avec quelqu'un, et certainement pas toi. « Je n'ai pas le droit de m'inquiéter pour la santé de quelqu'un avec qui j'aime traîner sans avoir d'arrière-pensées ? » Tu es porbablement maso pour arriver à dire un truc pareil sans sourciller alors que la plupart du temps tu te fais mettre à terre, aussi bien physiquement que verbalement, par ladite personne.

Puis voilà que tu te prends une pichenette plutôt douloureuse, qui te fais lâcher une exclamation alors que tu frottes ton front endolori. « Mais tu fais une fixette sur mon activité sexuelle aujourd'hui, tu ne peux pas t'empêcher de râler. » En plus t'as touché à personne depuis belle lurette et tu admets que ça commence à te rendre grincheux. « Puis qu'est-ce qui te dit que je donne des surnoms à celles avec qui je couche ? Pourquoi ça ne serait pas réservé aux... » Tu t'interrompts, serrant les lèvres pour ne pas aller au bout de ta pensée. Qu'est-ce que tu allais bien dire comme connerie, hein ? Réservé aux gens que tu apprécies ? Comme si elle allait te croire. Comme si tu te croyais toi-même. Tu finis par soupirer, avalant une nouvelle bouchée pour te permettre de remettre de l'ordre dans tes pensées. « Juste... mange régulièrement, s'il te plaît. Et pas tes barres de céréales. Je n'aurai aucun scrupule à venir t'emmerder tous les midis si je vois que tu ne te nourris pas comme il faut. » C'est quoi l'adage, déjà ? An apple a day keeps the doctor Champagne away.

outfit ⏤ Tu secoues la tête, réellement amusé par les réponses et réactions de Minjoo. Bien sûr qu'elle est unique, quoi qu'elle en dise. Tu ne perdras cependant pas ta salive en tentant de la convaincre, tu t'épuiseras bien avant elle. Tu n'as certainement pas envie de te lancer dans une discussion sur le sexisme ou comment les activités dites "féminines" sont subitement récupérées par une majorité d'hommes dès qu'on les porte à un niveau plus nobles. La couture ? Un truc de bonnes femmes. La haute couture ? Oh, tiens, plein de mecs. La cuisine ? La place des femmes. La grande gastronomie ? Oh, des hommes, quelle surprise.

Un nouveau rire te secoue quand elle prétend que tu loupes une note positive en refusant d'être à nouveua passé au crible de ses commentaires. « Si c'est "mangeable", alors je n'espère pas plus que trois étoiles sur cinq. Je vise plus que ça, je veux directement les cinq étoiles. » Si peu d'égo, vraiment. Ceci dit, vu comment elle picore dans tout, tu es absolument certain que c'est bien plus que juste mangeable.

Pourquoi tu restes ? Bonne question. Tu es un peu dépité par son entêtement à croire que tu ne veux que coucher avec elle. Ce n'était même pas la raison pour laquelle tu l'as approchée à l"origine, bordel. Tu serres les lèvres, plus agacé que tu ne le devrais par la situation qui échappe à votre contrôle. « Peut-être parce que j'apprécie ta compagnie ? tu réponds sur le même ton. »

Abandonnant complètement tes baguettes, tu te laisses aller contre ta chaise, les bras croisés contre ton torse, clairement agacé. « Il faudra que tu me rappelles ces fameux moments où j'ai tenté de te mettre dans mon lit, parce que personnellement je ne me souviens d'aucun. » C'est la stricte vérité. Tu l'as certes titillée, ennuyée au-delà du raisonnable compte tenu les tartes que tu t'es déjà pris de sa part, mais à aucun moment tu ne te souviens lui avoir fait la moindre proposition graveleuse. « Je suis flirty, je l'admets, et je n'aurais pas dit non si tu m'avais donné l'opportunité de tenter quoi que ce soit, tu continues, mais je n'ai jamais... oh et puis merde. Laisse-moi dans ta liste des mecs qui ne pensent qu'à baiser, je n'ai pas envie de me battre avec toi, fais comme bon te semble. » Si c'est comme ça qu'elle a décidé de te considérer, et si presque un an à lui tourner autour sans avoir rien tenté en ce sens n'a pas suffit à lui en faire démordre... et bien tant pis. Tu acceptes ton étiquette.

Tu reprends tes baguettes, recommençant à manger, mais le coeur n'y est plus. Tu pensais partager un chouette moment avec Minjoo et voilà que tu te ramasses juste un mur dans les dents. Ceci dit, tu aurais dû t'y attendre, à un moment ou un autre. Tu devrais peut-être t'interroger sur les raisons pour lesquelles tu es autant piqué par la manière dont elle te voit. « Très bien. On se retrouvera ici tous les midis, dans ce cas. » Ça va sacrément creuser ton budget, ça, mais qu'importe. Tu admets que ça t'avait manqué de cuisiner pour quelqu'un, de partager un repas comme tu le faisais quotidiennement avec ta mère, avant de déménager à Séoul pour tes études. « C'est quoi ton plat préféré ? Et celui que tu détestes le plus ? » Quitte à être de corvée cuisine, autant en apprendre un peu plus sur ses goûts, non ?