Avoir sa langue dans la poche n’est pas quelque chose que Makoto connaît, c’est un concept qui l’indiffère, qui peut même l’agacer. Il n’ira pas crier sur tous les toits ce qu’il pense de vous pour le fun mais si vous n’êtes pas prêt à entendre vos quatre vérités, vaut mieux rien ne lui demander, ou ne pas l’agacer. Cette franchise va de pair avec le fait que monsieur le professeur de physique soit complètement sans tact. Il est indifférent au fait qu’une critique puisse blesser, d’ailleurs c’est étrange, mais les compliments, c’pas très fréquent de sa part. Tout cela rejoint ça radicalité. Makoto est tranchant. C’est-à-dire, qu’il n’aime pas du tout douter et pour s’empêcher de tergiverser pendant mille ans, il prend une décision au hasard qu’il suivra jusqu’au bout, quitte à se foutre dans la merde parce que , pensez-vous bien, retourner en arrière c’est être faible. C’est un homme méfiant qui ne se laisse pas approcher comme cela. D’ailleurs, beaucoup de personne abandonnent l’idée quand ils s’aperçoivent qu’il ne parle pas tellement que ça. Il n’y a vraiment qu’avec son cercle proche d’amis qu’il peut parfois, je dis bien parfois, devenir pipelette. Peut-être un poil trop rationnel, il ne peut comprendre toute cette dévotion religieuse que possèdent certaines personnes, ne peut s’enjouer devant un tour de magie, ne croit pas aux esprits, bref, il n’est pas facilement choqué par ce genre de chose. Il n’est pas non plus très sensible à l’art. Il regarde des films, c’est divertissant, certes, écouter de la musique le distrait, c’peut-être même le seul art qu’il aime. Mais alors la peinture, ou la littérature qui ne touche pas au scientifique, ma foi, ça n’est pas qu’il ne veut pas mais ça rentre pas. Il en va de même avec la sculpture et tout le blabla artistique. Revenons-en à la faiblesse. C’est une notion que ne tolère pas le professeur. Pour lui, quand quelqu’un est faible c’est qu’il ne se donne pas les moyens, qu’il n’essaie pas assez. Voilà pourquoi il privilégiera toujours ceux qui travaillent dur et qui fournissent énormément d’effort. Dans sa tête, il est normal de se vanter de bons résultats s’ils sont mérités mais il est inconcevable de se plaindre d’avoir raté quelque chose sans y avoir mis son cœur. Il paraît, par ce bord-là, quelque peu supérieur et il ne s’en cache pas. Il n’aime pas les gens faible et s’il en côtoie, il ne les plaindra aucunement, c’est tant pis pour eux. On s’imagine qu’avec ce genre de vision du monde, Makoto soit né avec des facilités d’apprentissage, peut-être né surdoué. Il n’en est pas le cas. C’est juste un très bon bosseur, un très gros travailleur, doté d’une ambition hors-norme et d’une volonté à toute épreuve. Il n’abandonne pas comme ça, ça peut le rendre têtue, buté, chiant, relou, tout ce que vous voulez, mais il est comme ça le « p’tiot ». Parlons relationnel maintenant. Okay monsieur ne parle pas beaucoup, okay il est chiant… Y a pas tellement de mais en fait. Niveau amour, il est de ceux qui sont fidèles, qui ne trompent pas – parce que c’est faible voyez-vous et rappelons-nous bien, être faible c’est mal – mais c’est pas pour autant qu’il n’est pas un p’tit con. Exigeant, une fois que la relation ne lui plait, il jette la nana, sans vraiment trop de tact, en disant simplement ce qu’il pense, ça lui a bien évidement valu au moins autant de baffes que Jack Sparrow. La joue droite, la gauche, la boule droite, la gauche, le fion, tout y est passé, il en a eu des bobos, les filles sont pas tendres, croyez-moi. Autrement, quand il s’engage vraiment, le nippon devient protecteur et quelque peu maladroit. Il essaie, tant bien que mal, d’avoir un peu plus de tact que d’habitude mais voilà, il a pas beaucoup d’expérience dans la parole subtile. Aussi, il devient jaloux, son regard devient encore plus froid qu’à l’habitude et sa gueule d’enterrement refait surface encore plus figée qu’à l’habitude. C’est pas l’homme le plus tactile du monde. Bien sûr, il viendra réclamer quelques cajoleries mais pas au point de vous coller H24 et s’il vous aime vraiment, il ne vous refusera pas quelques demandes de tendresses non plus. En ce qui concerne l’amitié, le point sur la loyauté ne change pas. Une fois qu’on entre dans son cercle d’amis, c’est qu’on est certain de compter pour lui. Loyal jusqu’au bout, il peut même être prêt à se sacrifier pour l’un de ses potes. Néanmoins, s’il est capable de se donner à 100%  pour ses amis, le revers est tout aussi violent, il n’acceptera aucunement le mensonge, la trahison. Une fois qu’il vous a renié, il ne revient pas vers vous et si vous tentez de revenir, bonne chance, personne n’a encore réussi cet exploit. Il est aussi du genre à accepter des défis cons mais depuis qu’il est prof, on lui a gentiment demandé de se calmer. On connaît son ancienne réputation de cascadeur amateur relevant tous les défis et on aimerait éviter qu’un prof saute d’une rampe en vélo du haut d’un toit complètement à poil. Ajoutons enfin, que désormais qu’il est prof, c’est quand même un bon crevard de prof intransigeant qui aura tendance à chouchouter ceux qui travaillent durs et les jolies aux longues gambettes….
Et puis bon voilà quoi, on va pas s’faire chier à en rajouter, c’est suffisant pour le cerner, non ?

Oh mazatte, j'ai omis de préciser que damoiseau physicien est sportif! Mais soit, cela se voit, non?

Vingt-sept ans, comme ça, ça n’a l’air de rien et pourtant, c’est parfois étrange de se sentir si vieux dans un corps jeune. Makoto n’est pas du genre à repenser au passé à la moindre occasion qui s’offre à lui, néanmoins, il en ressent l’envie parfois. Il est né un jour de printemps, malgré le fait que son caractère soit celui d’un homme d’hiver. Peut-être avait-il fait, à l’époque, le bonheur de ses parents ? A vrai dire, il n’en sait trop rien, son père a décidé de rester secret sur ce passé qui leur est commun. Il se souvient, par contre, très bien du jour où sa mère, enfin sa génitrice, s’en est allée, sa petite sœur dans les bras, en rabaissant son père plus bas que terre, sans jamais revenir. Il s’en rappelle très bien aujourd’hui, maintenant qu’il a retrouvé cette petite sœur qui lui a ravivé la mémoire, mais durant toute sa jeunesse, le nippon s’enrageait à essayer de se souvenir concrètement : ce bébé existait-il vraiment ou n’était-il que pure invention ? Et son père qui ne répondait toujours pas à ses questions.
L’un des points noirs de sa jeunesse ? La danse classique. Sérieusement, quelle honte de pratiquer un sport aussi… féminin ! Enfin, sport, art, il ne fait pas la différence, il sait juste qu’il a détesté en faire. Il n’a avoué à personne qu’il en avait fait – hormis à sa meilleure amie qui a réussi à lui tirer les vers du nez alors qu’il était fort pompette – même pas à sa sœur (qui pratique la danse classique). Le seul moyen pour qu’elle soit au courant, c’est que père Aoki ait cafté. Ce père qui a longtemps et patiemment subit la colère de son fils. Ce fils qui le trouvait si faible, lui le danseur étoile qui avait accepté si pitoyablement de se faire minablement jeté par sa femme. C’est pour cela aussi, que Makoto a tant hais la danse. Néanmoins, il avait conclu un pacte avec son père, celui de pouvoir faire d’autres activités en parallèle. Et c’est là qu’il s’est découvert, très jeune, ses passions pour l’athlétisme et la construction d’engin en tout genre. Il pouvait lui arriver de jouer aux jeux vidéo, de draguer des filles, de mater du porno, de faire une partie de foot avec ses potes mais il devenait le gosse le plus heureux du monde  lorsqu’il pouvait tenter toutes sortes d’expériences physiques ou chimiques ou avec un tournevis en main à monter un p’tit robot. L’athlétisme dans tout ça, c’est une discipline qu’il adore regarder et pratiquer. Autant dire que la danse classique a peu à peu été délaissée sous le regard attristé et passif du père.
A l’école, du moins en cours, c’était pas un cancre mais un très bon élève, efficace, rapide et travailleur. Ne le traitez pas de lèche-cul, il ne supportait pas d’être favorisé, s’il avait de bonnes notes, c’est parce qu’il les méritait, voilà tout. Les profs ont souvent été étonnés de devoir tout de même coller Makoto parce que celui-ci avait décidé de lâcher des grenouilles dans le bâtiment, ou parce qu’on l’avait arrêté de peu avant qu’il ne saute du troisième étage accroché à un drap lui-même accroché à une poutre. Il aurait pu être schizophrène, masochiste, fou, mal dans sa peau. Mais non, il n’en était rien. « Ben j’allais pas me défiler alors qu’on m’a mis au défi. » Finalement, il a quand même réitéré et monsieur a réussi à se péter la cheville et le poignet parce que le drap avait… craqué. Grâce à cette stupide attirance pour l’aventure, monsieur l’intrépide fou était tout de même fort populaire auprès de la gente féminine et ma foi, il n’est pas comme ça, il ne refuse pas une demoiselle en mal d’amour. Seulement, lui il ne comblait pas ce mal, il remplissait simplement le creux entre leurs cuisses. Il ne les trompait pas mais ses manières de rompre étaient si radicales qu’on lui octroya une réputation de badboy – qu’il ne comprenait pas forcément.
Enfin bref, c’est que papa Aoki, si inquiet de voir son fils à ce comportement radical et tranchant, l’envoya consulter plusieurs psy, psy que Aoki fils envoyait bouler bien méchamment et ces consultations ne firent qu’augmenter la colère du fils envers le père. De plus, comment voulez-vous que le fils prenne au sérieux les relations sentimentales si le père mène une vie amoureuse instable remplie d’échec ? Puis il a fallu que monsieur Aoki premier du nom veuille déménager en Corée du sud à l’entrée au lycée de Makoto. Nouveau monde pour lui qui était bien habitué à sa vie nipponne. Il avait un bon niveau de coréen, pas transcendant, mais assez pour demander son chemin à un passant, ça se résumait à ça. Lui, le bon élève fut soudainement relégué aux derniers de la classe. Néanmoins, la rage d’être un perdant, il ne mit pas longtemps à revenir sur le haut du classement et à se tisser de nouveaux liens. Certes, certains de ses amis japonais lui manquaient mais il commençait peu à peu à s’habituer à la vie coréenne, notamment grâce à cette demoiselle qui possédait un intérêt antinomique au sien : la littérature et les langues,mais celle qui est devenue rapidement sa meilleure amie, la seule qui le connaisse vraiment d’ailleurs. Il a réussi à supporter encore quelques années la danse classique mais à sa majorité, ras-le-bol, il a annoncé sans tourner autour du pot à son padre qu’il arrêtait, d’où une belle dispute a suivie.  
C’est en étudiant à la fac, la physique et la technologie, qu’il a rencontré sa sœur, le monde est petit n’est-ce pas ? Vers la fin de son doctorat, il s’en est allé environ deux ans, deux ans et demi  au Japon où il a enseigné les maths dans un lycée de la capitale et où sa soeur l'a rejoint, lui et son père, un peu plus tard. Autant vous dire que c’était assez mouvementé. Il est revenu il y a quelques mois maintenant et a décidé d’accepter une offre d’enseignant chercheur physicien à Yonsei, poste qu’il a réussi à choper notamment par la recommandation de sa meilleure amie qui y est prof de littérature et culture anglaise/américaine. Voilà.