Je ne connaissais pas leur histoire, mais j’avais pu en saisir les grandes lignes. Loin d’être altruiste, je me découvrais alors un côté chevalier servant en venant secourir Minah. Face à un homme visiblement plus jeune et terriblement mal à l’aise, j’affichais un sourire plus large. Sans un mot, je le mettais au défi, de quoi ? Je n’en avais aucune idée, mais la situation paraissait bien trop dramatique pour ce qu’elle était réellement. Il avait couché avec une femme mariée, et alors ? Je me retenais de pouffer à la simple pensée que s’il était à ce point mal à l’aise avec ses actes, il était alors bien trop fragile. Était-ce mon quotidien dénué d’émotions qui m’avait rendu ainsi acerbe ? Sans doute, et je me moquais des bruits de couloir à mon sujet, un poids qui pesait visiblement encore sur ses épaules. D’un bras enroulé autour de la taille de Minah, je soutenais son regard qu’il riva finalement sur la brune à son côté. J’en connais un qui va devoir s’expliquer... raillais-je silencieusement. Je portais à nouveau mon attention sur l’infirmière peu encline à prolonger cet interlude digne des plus grands soaps opéra. « Bien sûr. » affirmais-je. « Docteur Lee...Mademoiselle... ce fut un plaisir. À une prochaine fois peut être ! » Et sans plus attendre, je tirais sur la main que Minah avait glissé dans la mienne, un geste qui me confortait davantage dans ma décision.  

Je la laissais me guider dans le labyrinthe qu’était l’hôpital jusqu’aux vestiaires dont elle poussa la porte. Je lui embrayais le pas sans une once de gêne et passais et entrait à sa suite. « Prête pour aujourd’hui ? »

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Cette journée était un enfer, pourtant destinée à un peu de tranquillité tu te retrouvais avec l'esprit brouillé, pire encore. Tu pouvais sentir ton coeur battre à tout rompre pour la pire des raisons, celui-ci se serrant tendant que ton esprit ne faisait que tourner en boucle des images inventées. Crées de toutes pièces et pourtant si vraie devant tes yeux. La peur dans les veine, tu sentais chaque pulsation trop proche de ton oreille, rendant la réflexion plus complexe. L'attitude qu'il t'offrait n'aidait en rien cette machine infernale qui s'était mise en route. Elle non plus finalement. Non rien allait. Tu concluais donc qu'il te fallait du temps. Du temps en tête à tête avec Seo Joon histoire de comprendre, d'essayer. Ton histoire n'était pas publique, encore moins récréative, et même si la principale concernée semblait présente, tu voulais cette confrontation à deux.

Tout était prêt pour te voir quitter les lieux avec Seo Joon quand un énième personnage entra en scène déroulant sous tes yeux, une mise en scène presque humoristique. Passant de drama à une comédie tu observais l'homme qui semblait bien trop joyeux dans cette atmosphère pourtant pesante et noire. Il avait l'air de connaître du monde, du moins le personnel de l'hôpital. Le surnom pour Minah te fit pencher un peu la tête intriguée. Il était le nouveau copain ? Était il au courant ? Encore une fois les questions se bousculaient et devenaient impossible à contenir dans cette petite boîte qui était ton crâne. La situation glissant peu à peu dans une bousculade de questions. Et alors que tout semblait stagner ils décidèrent de partir vous laissant dans un silence pesant, face à vous même. Ton regard se tourna vers celui qui partageait ta vie mais qui gardait quelques secrets.

Ton regard sur la silhouette de ton petit ami, tu l'observais déposer le dossier et revenir. " On y va ? " Demandais je avant de reprendre une marche assurée mais clairement ennuyée. Si à l'extérieur rien ne semblait paraître je pouvais sentir mon corps trembler légèrement de peur. La vérité tu la cherchait et pourtant, elle te laissait le souffle court, la poitrine serrée. Quelques pas plus tard, un chemin interminable, long et court à la fois. Le silence planant comme une épée de Damoclès prête à s'effondrer. Tu soupires un peu prenant place sur un banc du parc qui bordait l'hôpital. La gorge se serre dans une attente interminable. Tu tentes de retrouver tes mots, tes interrogations, mais tu sens ta tête lourde, tout tournant légèrement. " Je te laisse m'expliquer. " Fut la seule chose que tu réussiras à dire, attendant simplement la suite. Et plus les minutes défilent, plus tu sens ta tête devenir brouillon.

" "
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J’éprouvais le poids de la culpabilité… J’avais trainé ces mensonges par omission depuis tellement de temps que je redoutais la réaction de Saehee. Et son regard à cet instant trahissait exactement tout ce que je m’étais promis de ne jamais lui infliger. N’étais-je bon qu’à semer le chaos partout où je passais ? Combien de relations allais-je saboter avant de comprendre que je ne méritais pas de recevoir la moindre considération ? Devais-je remercier l’inconnu qui s’était immiscé soudainement ? Sans doute, car il emmena Minah aussi vite qu’il était arrivé. Distrait, je les observais partir en me demandant si elle avait, elle aussi, retrouvé l’amour. Si elle aussi était heureuse comme je pouvais l’être avec Saehee. Connaissait-il le lien qui nous avait uni autrefois ? Si oui, il semblait s’en moquer… et si Saehee acceptait elle aussi… Je n’avais pas conscience que mes actes à cet instant avaient mené à des pensées dévastatrices dans l’esprit de la brune. Jamais je n’avais pensé que garder sous silence cette relation pouvait un jour m’éclater au visage. Si je n’éprouvais aucune honte d’avoir aimé, je ressentais la culpabilité cuisante d’avoir eu une liaison avec une femme mariée. Sa situation, son époux violent, toutes ces rencontres secrètes au nez et à la barbe de celui qui avait pourtant voulu nous tuer… J’avais joué avec le feu en éteignant ma conscience et je m’en voulais pour ça. Pour elle, pour Sawan, pour la grossesse, pour les tromperies, pour les abandons successifs… La peur et le doute au ventre, j’emboitais finalement le pas à Saehee jusqu’à trouver refuge sur l’un des bancs du parc qui bordait l’hôpital.

Avec précaution, je m’installais et tentais un regard vers Saehee. Son visage fermé, l’expression douloureuse qu’elle s’efforçait de masquer, le voile de larmes accrochés à ses cils… j’en avais le cœur brisé. Et d’un simple Je te laisse m’expliquer, elle ouvrait ma boite de Pandore. J’échappais un soupire brûlant et lourd tandis que ma respiration devenait laborieuse. Il était temps de lui avouer mes secrets même si cela me déchirait de les lui délivrer. « Saehee… » soufflais-je. Je n’osais pas plonger dans ses perles d’onyx, de peur d’y lire un nouvel abandon, aussi je me contentais de regarder mes pieds, bien maigre distraction pour faire face à ces aveux. « Il y a des… choses, dont je ne suis pas particulièrement fier. Minah en est une, en quelque sorte. » J’inspirais profondément, en quête d’un courage nouveau, un élan de courage qui me permettrait d’affronter ce que j’avais tant repoussé. « Lorsque l’on s’est rencontré, je ne voulais plus éprouver la moindre affection pour qui que ce soit. C’était trop douloureux. Puis tu as fait tomber tous les barrages que je m’étais érigé… Mais derrière ces murs, j’ai gardé quelques morceaux de mon passé sous silence. Je ne voulais pas que ton regard change, que tu me vois différemment… » Je tentais alors un regard vers elle et son visage fermé avant de poursuivre. « J’ai rencontré Minah à un moment de ma vie où tout allait mal… je... nous… enfin, on s’est pris d’affection l’un pour l’autre avant que ça ne devienne plus sérieux mais il y avait une ombre au tableau… son mari. »

Je tournais finalement les yeux vers elle, inquiet de sa réaction, de savoir ce qui lui passait par la tête, aussi je décidais de continuer à lui révéler mon passé. « Nous avons entamé une liaison dans le dos de son époux… et crois moi, je ne suis pas fier de ça… » m’empressais-je d’ajouter. « J’ai voulu fuir avec elle, loin, mais elle en a décidé autrement. Elle est partie seule, et m’a laissé derrière, je ne saurais pas te dire pourquoi, mais elle est partie et ça m’a brisé. Ce n’était pas une relation saine, pas alors qu’elle avait une vie à côté… » Allais-je simplement m’arrêter là alors qu’il y en avait bien plus à dévoiler ? « Ce n’est pas tout… » Mon cœur se tordait violemment dans ma poitrine, comme s’il me suppliait de raviver les souvenirs douloureux que j’avais enfoui. Je lui racontais alors ma relation tumultueuse avec Sawan, la première à qui j’avais offert mon cœur et mon corps. Une jeune femme volage et qui ignorait qui était le père… moi ou un autre. Je lui contais aussi son accident, la perte de son enfant et sa disparition brutale. Je lui ouvrais presque toutes les portes de mon passé, en tâchant de garder fermer la plus sombre d’entre elles, et j’attendais. Face à elle, je redoutais le pire : un nouvel abandon.


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