Qui va à la chasse, perd sa place.

Ahn Jun & Choi Min Ri

Je m’étais particulièrement faite belle pour l’occasion, faisant bien plus attention à mon apparence  qu’en temps normal. Pas que j’étais mal fringué ou sale, rien de tout cela. Disons que j’avais fait en sorte de cacher mon côté garçon manque et que j’avais fait ressortir la partie féminine qui sommeillait en moi. J’avais sorti le grand jeu, portant une robe. Chose plutôt rare. J’espère juste ne pas en avoir fait de trop. Mais, je devais avouer que je n’étais pas mécontente du résultat. Et pour dire, j’avais rendez-vous avec mon crush depuis pas mal d’année maintenant. Il s’agissait d’un des fils de ma famille adoptive. J’en étais entiché au premier regard. Enfin, c’est ce que j’aime croire, car je ne sais plus exactement comment ni pourquoi c’était arrivé. Je savais qu’il me plaisait, ça s’arrêtait là. J’avais pris mon courage à deux mains et lui avait enfin demandé un rendez-vous, qu’il accepta presque immédiatement. C’était donc le sourire aux lèvres que je passais les portes du XS night club à la recherche du jeune homme. Jeune homme dont je ne trouvais pas la bouille. Je fis une moue boudeuse, essayant de le joindre par portable, sans grand succès. Il daignait m’envoyer un message disant qu’il ne pourrait pas venir à cause du boulot, mais que ce n’était que partie remise. La joie que je me faisais de cette soirée fit place à la déception. C’était toujours pareil avec lui. Il ne voyait que par l’entreprise de son père. Et a bien y penser, j’étais certaine qu’il voyait notre entrevue de ce soir non pas comme un rendez-vous, mais un moment passé avec sa petite sœur. Je soupirais exaspérée, tout en allant me hisser en haut d’en tabouret le long du bar. « Tu n’es qu’un idiot. » pestais-je tout haut. Je ne verrais pas mon pseudo grand-frère ce soir, mais il était hors de question que je parte d’ici sans gouter un de leur délicieux cocktail. Ce sera mon lot de compensation de m’être fait jetée. Je fis signe au barman, auquel je ne me cachais pas pour le détaillé. On ne va pas se leurrer, il était pas mal du tout. Tout a fait mon genre. Dommage que quelqu’un d’autre occupait mes pensées pour la soirée sinon je l’aurais bien croqué. « Un cosmopolitan s’il vous plait. »

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Elle avait un charmant sourire. Et quand il expliquait qu'il avait vécu a Londres, il avait vu son expression changer pour de la curiosité et un air envieux. Avant qu'elle ne dise qu'elle aussi elle aimerait avoir la possibilité de voyager, mais qu'elle était une cruche en anglais. Il eut un rire franc. Pas méchant, juste amusé de la situation. « Si c'est ça ton majeur problème, ca peut s'arranger... De toute manière, les coréens ne sont pas connus pour leur anglais parfait... » Il était sincère, nombre de leurs compatriotes se débrouillaient très très mal en anglais, ce qui ne les empêchait pas de partir en voyage dans le monde entier.  Bref, il reprenait sa danse sous son regard. C'était amusant dans un sens, on aurait dit un enfant, elle observait ses gestes comme si c'était de la magie, alors qu'en fait il s'agissait de mélanger des bouteilles pour obtenir un goût raffiné. Quand il l'avait vue passer de l'autre côté du bar, il l'avait fixé un tantinet étonné, avant de lui demander pourquoi elle était pied nus. Elle avait parlé des talons aiguilles. Bon, il savait pas exactement ce que c'était ces fameux talons aiguilles dont touuutes les filles se plaignaient. Il voyait un talon mais de la à donner un nom à la forme... Il ne comprenait pas l'idée, mais il avait depuis longtemps déclaré forfait sur ce genre de questionnement avec la gent féminine. Alors qu'il lui montrait comment effectuer un Mai-Tai dans les règles de l'art, il faisait le sien de son côté. Pour lui c'était presque devenu une habitude, il faisait ça sans même réfléchir. Tout en prenant une autre commande, il la regardait faire du coin de l’œil. Elle était totalement concentrée sur sa boisson, avec un air concentré quand elle avait mis dans le shaker, ou même quand elle secouait. Ce soir était étrange mais marrant. C'était pas tous les jours qu'une personne passait de l'autre côté du bar pour voir comment les coulisses se passaient, ou même qu'une jolie fille, parce que ouais, fallait pas se mentir, elle était loin d'être une de ces filles atroces avec un maquillage de camion volé, était encore sobre, et ne partait pas dans tous les sens. Bref, il posait sa boisson sur le comptoir, avant de se tourner vers elle, et de l'observer un sourire, amusé. Lorsqu'elle partait vers le frigo, il la vit sortir le citron vert du frigo. Il se demandait quel goût ca pouvait avoir... Il avait toujours mis des fruits dedans... Les agrumes sans sucre pouvaient être un peu... corsés. Il se retournait un instant pour prendre une commande, lorsqu'elle poussait le verre vers lui. Un ananas et un parasol en prime même. Il eut un rire, en voyant l'apparence du verre. Elle lui demandait de le gouter et de lui dire ce qu'il en pensait. Et que s'il était pas bon, il était en droit de demander ce qu'il voulait. Il eut un grand sourire « Vraiment tout ce que je voudrais ? » Bon d'accord, il n'aurait pas été jusque là. Il venait juste de rencontrer cette jeune demoiselle , mais la blague était sortie toute seule. Il n'avait même pas pu s'en empêcher. Alors il prit le verre, en disant « Déjà sur l'apparence, ca ressemble a un vrai cocktail miss » Puis il enlevait l'ananas, qu'il posait sur une petite assiette a côté, avec le parasol. Il sentit le verre, avant de dire « C'est du citron ? » Et de gouter. C'était plutôt acide . Mais avec un peu de sucre, il était prêt a parier que ca pouvait être bon. Même si en partant du principe que c'était supposé être un Mai Tai, on était loin du résultat. Très loin même. Il eut un rire avant de le reposer sur le comptoir et de lui demander « Goute le... » Puis il reprit en se dirigeant vers une étagère. « Avec une pointe de sucre, je pense que ca serait de suite plus doux... Même si ce n'est pas un Mai Tai. » Puis il posait la bouteille de sucre liquide, et de s'appuyer sur le comptoir. « Du coup, on est au milieu, ce n'est pas exécrable, ni excellent, c'est entre les deux... Généralement, on utilise des fruits déjà sucrés pour attenuer le goût de l'alcool, et ne pas rajouter trop de sucre » Puis de ressortir un verre pour servir une bière. Il la posait devant un client, avant de se retourner vers elle « Pour un début c'est pas si mal...  » Puis il sortit deux verres à biere, qu'il posait devant eux. « Sinon, on a encore ce genre de trucs qui se boivent plutôt bien... »

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Assise sur mon tabouret, je tirais sur ma jupe, espérant pouvoir l’agrandir, me sentant subitement mal à l’aise dans ce bout de tissu. Cela me semblait une mauvaise idée maintenant d’avoir mis une telle tenue alors que celui pour qui elle était destinée, n’était pas là pour le voir. Je détestais porter ce genre de truc. Je préférais largement un jeans ou un short. Bien plus confortable. Et puis, ces talons. Qui est l’abrutie qui avait bien pu inventer ces objets de torture ? Rien ne vaut une bonne paire de basket. D’exaspération, je les retirais pour les laisser claquer sur le sol. Toute de suite, je sentis la différence et rien ne valait la sensation de libération de mes petits petons. « Pauvre con. » crachais-je à nouveau en pensant à mon frère adoptif. Je jouais avec le tissu de ma jupe quand j’entendis que mon cocktail était un cadeau de la maison. Aussi vite, je relevais la tête, surprise. « En quel honneur ? » demandais-je subitement le sourire aux lèvres. Avait-il eu pitié de moi en me voyant aussi débité ? Aurait-il pensé qu’un verre offert me remontrait le moral ? Sans doute était-il habitué de voir des jeunes femmes se faire poser un lapin et venir se saouler à ce bar. Je n’étais pas vraiment dans ce cas-là, enfin, peut-être un peu, mais je ne comptais pas finir déchirer à la fin de la soirée. J’étais pourtant contente de recevoir ce verre gratuitement. Ce n’était pas tous les jours que cela arrivait. Je plissais les yeux dans la pénombre du bar pour mieux apercevoir le visage du jeune homme. L’avais-je déjà vu quelque part ? Cela ne me revint pas toute de suite, mais ce qui était certain, c’était qu’il devait faire tomber les femmes comme des mouches avec un sourire pareil. J’attrapais mon cosmopolitain, trempant mes lèvres dans le liquide sans jamais quitter le barman du regard, suivant le moindre de ses gestes avec les autres clientes. « Ah ! » m’écriais-je. Mais mon cri s’évanouit dans le brouhaha ambiant. Le bar commençait à se bonder, et ca ne passait pas inaperçu. Je lui fis un petit signe de la main, pour lui indiquer d’approcher. Je me hissais sur mon tabouret, me penchant sur le bar pour pouvoir attendre l’oreille du sourire ravageur. « On ne se serait pas déjà rencontré dans ce même bar en début de semaine ? On regardait un match de foot et on n’était pas d’accord sur la façon de jouer des footballeurs. On avait même fait un peu de grabuge autour de quelques bières. » Si ce n’était pas lui, et bien, tant pis. Car je ne souvenais d’aucun autre moment où j’aurais pu le rencontrer. Je m’installais à nouveau sur mon siège, sirotant doucement ma boisson, l’observant. Oui, il n’y avait aucun doute. C’était bien lui.

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J’aime le jour. Mais j’aimais la nuit encore plus. On pouvait faire les pires rencontres comme les meilleures dans la vie nocturne. On voyait des facettes de gens qu’on n’aurait jamais soupçonné dans d’autres circonstances. C’était ca que j’aimais. Faire de nouvelles expériences et pouvoir voir quelqu’un que l’on connaissait depuis toujours se lâcher et être complétement différent. Dans cette situation, le barman m’avait rencontré pendant la journée où je me comportais comme un vrai garcon manqué. Ce que j’étais la plupart du temps. Mais ce soir, j’avais fait l’effort de m’habiller et de mettre en valeur mon côté féminin, ce qu’il avait quelque peu dérouté. Ce que je pouvais comprendre. Moi-même ca me perturbait de me voir habiller de la sorte. Quand je passais devant le miroir pour regarder mon reflet, je ne me reconnaissais plus. Je secouais la tête quand il m’annonçait qu’il pouvait me facturait mon cocktail si je le voulais. Pour une fois que je me faisais payer un verre, il était hors de question que je le fasse reprendre. « Merci. » finis-je par dire, un sourire sur les lèvres. Alors qu’il lui semblait m’avoir déjà vu quelque part, je le lui rappelais cette soirée que nous avions passé devant la tv, à commenter un match de football. J’étais loin de me douter qu’il s’agissait du barman du bar. Je secouais la tête, vivement cette fois, en l’entendant maintenir ces propos sur les joueurs de foot. Je tapais du poids sur le comptoir, subitement surexcité, comme je l’avais été ce soir-là. J’étais loin d’être d’accord avec le jeune homme, et je n’allais pas me cacher pour être désaccord. Au contraire, j’étais franche et préférais de loin, faire entendre mon avis. « Quand admettrez-vous que j’ai raison ? » Je m’étais relevée, me tenant debout, pieds nus, sur la barre de mon tabouret, prenant appuis sur le bar à l’aide de mes mains pour prendre de l’assurance. Mais, je me rassis aussi vite en l’entendant me faire un compliment. Avais-je bien entendu ? Me disait-il que j’étais jolie ? Rougissant, je m’abattus sur mon tabouret, me faisait subitement tout petite. Je n’avais pas pour habitude qu’un inconnu me fasse un tel compliment. Je savais que je faisais parfois mon petit effet sur certains hommes, mais j’étais loin d’être une diva aussi féminine que l’on voyait dans le clip ou les dramas. Mon cote garçonne avait même parfois tendance à rebuter. Et puis, quand un homme me disait un tel compliment, c’était qu’il avait une idée derrière la tête. Les seuls hommes qui me l’avaient dit sincèrement étaient mon meilleur ami et mon ex, alors comprenez ma surprise quand quelqu’un me le disant sans rien attendre en retour. « On me le dit parfois…. » Tentais-je soudainement timidement. Et puis le sourire qu’il accompagnait ses dires, avait le don de me faire fondre. Il devait en faire tomber beaucoup des nanas de cette façon. Pourtant, ce n’était pas parce que je le trouvais craquant, que je me laisserais berner aussi facilement. Je ris de bon cœur en revanche quand il me demandait ce que je faisais là alors qu’il n’y avait pas foot prévu dans la soirée. Puis, je repris avec une moue un peu boudeuse. « Mon rendez-vous m’a posé un lapin… encore une fois. » soupirais-je. Je ne savais pas trop pourquoi je me bornais avec lui. Il ne m’avais jamais regardé depuis mon arrivée. Il ne faisait que m’ignorer malgré mes grands gestes pour lui montrer ma présence. Je continuais avec le sourire. « Mais ce n’est rien ! je suis en bonne compagnie il me semble, donc la soirée s’annonce tout de même bonne ! »

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Jun et son travail, c'était une histoire d'amour presque. Il savait que ses études d'histoire ne le mèneraient pas loin, et son futur se situerait probablement bien loin de son projet d'historien. Non, il se voyait bien barman, ou gérant de boîte. Ou alors policier, parce que les filles kiffaient les hommes en uniforme. Et il savait qu'il pourrait en jouer... Restait a savoir si il tiendrait assez longtemps dans une structure aussi rigide, mais ça c'était autre chose. Pour en revenir au sujet de base, c'était justement pour ça qu'il aimait son travail, ca lui permettait de faire parfois des rencontres marquantes, parfois drôles, parfois embarrassantes , mais toujours intéressantes. Et c'était ce qui lui plaisait le plus. Et ce soir n'y faisait pas exception, la princesse devant lui avait tout pour lui plaire. Jolie, et pas vulgaire. Jun n'était pas le genre de mec a vouloir d'une fille qui montrait tout au premier venu. Au contraire. Et il avait fixé la demoiselle en face de lui d'un air dérouté, repensant a la fille-garçon qu'il avait eu en face de lui un autre soir. Même s'il avait apprécié le moment, il n'aurait jamais pu imaginer qu'elle aurait eu l'air si... fille ? Habillée ainsi. Il avait eut un sourire quand elle s'était contentée de dire merci au cocktail. Et quand il repartit dans le débat, il la vit en taper du poing sur le comptoir, il eut un rire amusé, avant de l'entendre demander quand il admettrait qu'elle avait raison. Il eut un sourire énigmatique « Pas dans l'immédiat princesse », avant de préparer un cocktail. Il ne savait pas pourquoi mais il sentait que cette soirée risquait de s'annoncer plutôt drôle. Il posait le cocktail devant la demoiselle qui lui avait réclamé un mojito, avant de se retourner vers la demoiselle qui lui avait annoncé quelques secondes plus tôt s'être fait poser un lapin, et pas pour la première fois visiblement. Il la fixait sans rien répondre, ne sachant pas trop quoi lui dire, il n'avait pas forcément envie d'être condescendant, c'était des choses qui arrivaient, et il ne comprenait pas trop. La fille était plutôt jolie, qui planterait une jolie dame ? Mais quand il l'entendit dire que la soirée s’annonçait toujours bien, et qu'elle semblait être en bonne compagnie, il étouffait un sourire. « Et bien... Si la princesse n'a plus de chevalier pour ce soir.. » Et il ajoutait une révérence, avant de rire. « Jun, à votre service » Et de continuer tranquillement son travail. La relève arriverait bientôt, et il pourrait bientôt discuter plus librement avec la demoiselle. « On ne s'est pas présenté il me semble non ? » Puis de sortir une canette rouge d'un célébre soda, et de commencer a boire, et de dire d'un air amusé « Et je maintiens, je préfére Kim à Lee.  Il joue mieux. » Avant de s'en éloigner quelques secondes pour chercher une bouteille. « Mais je doute que parler foot toute la soirée soit une bonne idée... Même si vous avez l'air plutôt calée a ce sujet. Parlez un peu de vous tiens...Je suis plutôt curieux » Curieux ? Il l'était énormément, il était tel en enfant totalement curieux a propos du monde, et de tout ce qui l'entourait. Surtout quand ca concernait une jolie demoiselle. On ne le referait plus le Jun, il aimait toujours discuter en plus, c'était une sempiternelle histoire tout ça, et ca changerait plus. Il espérait juste que la demoiselle ne serait pas de celles qui allaient lui prendre la tête plus tard, ou l'ignorer. Elle avait l'air sympa au premier abord.

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Je compris que j’avais beau avoir un autre avis que lui sur la question, nous ne tomberions jamais d’accord. Nous étions le genre de personne à rester sur nos positions, et à voir lequel craque en premier. Sauf que c’était ici, une bataille perdue d’avance. Le football était un sujet sacré, qui demandait réflexion et qui ne pouvait être flexible sur les solutions. C’était un continuel débat de pour et de contre. Et en l’occurrence, nous n’étions pas d’accord. Je l’observais un moment agiter son checkeur, jouant avec les bouteilles de différents alcools pour en sortir mille et une saveurs différents. Je souris devant un tel spectacle qui me fit rêver un bref instant. J’aurais voulu pouvoir faire ce qu’il faisait là, faire voltiger les bouteilles, jongler avec les verres sans les casser, offrir un spectacle et discuter avec ses clients. J’aurais aimé faire ce genre de travail où la relation humaine est importante. La photo, c’était différent. Je restais derrière un objectif et n’en bougeais pas, étant la médiatrice entre l’homme et la machine. Il n’y avait pas beaucoup d’échange à part ceux que l’objectif captait. Et c’était mon travail de faire entrer l’un et l’autre en une communion parfaite. J’eus la subite envie d’immortaliser ce moment. Farfouillant dans mon sac, j’en sortis un petit appareil photo, bien loin des gros calibres avec leur zoom que j’utilisais pour mon métier. Je l’allumais, le plaçant devant mon œil, visant les gestes du jeune homme qui les pratiquait avec habilité. Précis et parfait. Voila comment qualifier son comportement. Je pris des photos à son insu, volant des brides de sourire ravageur, qui allait faire un carton auprès des mannequins qui travaillaient avec moi, j’en étais certaine. Je rangeais l’appareil photo l’air de rien quand il revint vers moi, me proposant ses services. Je partis d’un rire très doux en le voyant se prendre pour mon prince de rechange pour la fin de soirée, appréciant le geste. « Si c’est proposé de la sorte, je ne peux qu’accepter. » une princesse ne pouvait pas vivre sans prince qui l’escorte bien longtemps sans que des brigands ne viennent la piller, non ? Alors mieux fallait que je reste bien accompagner. Je tendis une main vers lui quand il me fit remarquer que c’était déjà notre deuxième rencontre et que nous ne nous connaissions toujours pas notre prénom. « Min Ri. Je m’appelle Lee Min Ri. Et toi ? » Demandais-je en retour, curieuse de savoir l’appellation de mon nouveau chevalier servant pour la soirée. En effet. Mieux valait oublier la discussion sur le foot si on ne voulait pas que cette soirée finisse en bagarre générale. Si si. J’en avais déjà déclenché une par inadvertance qui m’avait conduit tout trop au poste de police. Une mésaventure que je préférais oublier. Sirotant mon cocktail, je m’humectais les lèvres avant de continuer. « Je suis une jeune photographe, bien que j’ai déjà un cv bien chargé.. » plaisantais-je en riant quelque peu. Bien qu’avoir Vogue dans ses clients réguliers n’était pas rien et me permettait de me payer mes études. « Je suis aussi étudiante. J’ai repris les etudes il y a peu pour apprendre les langues. J’aimerais pouvoir voyager, et au-delà de l’argent, la langue est aussi une barrière. Alors j’avance doucement, mais surement vers mon doux rêve. » Je ne savais pas pourquoi je m’étais mis à parler de moi aussi facilement et surtout aussi ouvertement d’un coup. On dit parfois qu’il est plus facile de parler avec un inconnu que son meilleur ami. Sans doute cela était-il vrai. « Et vous ? Vous avez l’air d’aimer ce que vous faites. » lachais-je soudainement, me rappelant les photos que j’avais pris de lui quand il était en pleine action.

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Le foot était supposé rallier tous les peuples... Ce n'était d'ailleurs qu'une impression. La preuve était là, ils n'arrivaient pas a s'entendre sur la question.  Il y réfléchissait en préparant un énième cocktail. C'était un mécanisme, chaque geste était devenu tellement ancré dans ses habitudes qu'il ne se concentrait même plus. Barman, c'était un métier intéressant. Trop parfois, mais ca lui plaisait. Quand il proposait d'être son chevalier servant , il eut un petit sourire amusé en l'entendant dire qu'elle acceptait. Puis elle se présentait. Lee Min Ri, elle s'appelait. Il lui adressa un grand sourire avant de lui répondre. « Enchanté Min Ri, je m'appelle Jun. Ahn Jun »  Il la détaillait attentivement pendant qu'elle buvait son cocktail. Il n'y avait pas a dire, elle ne ressemblait pas du tout à la demoiselle avec qui il avait bu de la bière en regardant le foot. Vraiment pas, la fille en face de lui semblait plus délicate que l'autre. L'idée ne lui aurait pas effleuré l'esprit de dire que c'était elle. Mais il ne fallait pas se fier aux apparences n'est ce pas ? Il avait eu le parfait exemple avec sa sœur qui pouvait se révéler être un vrai démon. Et elle expliquait qu'elle était une photographe, avec  un sens de l'humour apparemment. C'était aussi une étudiante, qui voulait apprendre les langues et voyager.... Elle voulait avancer vers son but. Et elle lui retournait la question. Il eut un sourire en coin avant de dire « Je suis étudiant aussi...  »  Il eut un air nostalgique, avant de reprendre « Je voulais faire l'école de théâtre de Londres plus jeune... Mais j'ai pas vraiment eu le temps de m'inscrire. Quand je suis revenu en Corée, mes parents ne m'ont pas vraiment laissé le choix et j'ai terminé en histoire-géographie, ce qui est à l'opposé de ce que je voulais faire. Puis je me suis trouvé ce job, et je m'y suis plu. » Il poussait le verre vers la demoiselle qui attendait en lui tendait la monnaie, d'un air impatient. Elle allait très certainement finir saoule cette demoiselle, mais ce n'était pas son problème.. « On ne sait jamais sur qui on pourrait tomber, on peut avoir toute sorte de gens, discuter un peu avec eux. Et au delà, on imagine des cocktails. On joue avec les saveurs, on teste, c'est comme un jeu... » Il se sentait comme un gamin en journée quand il testait différents produits réunis, et qu'il ajoutait du sucre ou des épices. Il aimait bien voir ce qui était buvable, et ce qui ne l'était pas. Et avec son collègue, il leur arrivait de faire des blind-test pour leurs nouveautés. Il reprit un verre pour une autre cliente. Il ignorait s'il continuerait cette voie dans le futur ou ferait autre chose de sa vie. De l'art ? Ou la police aussi lui faisait de l'oeil, mais ca signifierait renoncer a sa double nationalité. Bref, il ne savait pas tellement quoi faire. Et avec un air amusé il reprit « Vous étudiez quelles langues, si ce n'est pas trop indiscret ? » Il s'éloignait quelques instants pour mélanger une boisson et chercher une autre bouteille. Il fixait le planning accroché sur le mur. Un collègue allait venir d'ici une heure pour le renfort. Il y avait souvent un pic en première partie de soirée. Puis lui, à minuit, il avait fini son service. Il profiterait ensuite de sa soirée, comme une personne normale. Il reprit son verre de cola, et revenait vers Minri. « Mais c'est interessant la photographie... Après mes connaissances sont assez limitées, mais ca doit être plus reposant que faire ces cocktails dans un club non ? »

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Je souris à mon tour. « Enchanté Jun. » Jun. C’était net et précis. Aucune difficulté à retenir comme prénom. C’était parfait. Je ne pus m’empêcher de surprendre son regard se poser sur moi pour me détailler. J’eus un sourire en coin alors que je buvais mon cocktail. Lui plaisais-je ? Je n’allais pas mentir, ca flattait mon égo de femme. Moi qui m’habillais si rarement aussi féminine que je changerais peut être la donne. Peut-être mettrais-je plus souvent des robes, ou un ruban dans mes cheveux, ou même un peu de maquillage juste pour pouvoir voir à nouveau cette lueur appréciatrice luire dans ses yeux. Mais hors de question que je remette cette tuerie pour les pieds que sont les talons. La prochaine fois, il faudra me payer pour que j’en porte. Je relevais ma tête de mon verre quand il prononçait le nom de la capitale anglaise. Plus il parlait et plus je me redressais sur mon tabouret, attentive, admirative. « Tu as habité à Londres ? Comment c’était ? Tu y es retourné depuis ? » Je posais mes question rapidement, impatiente. Quand je me rendis compte de ce que je faisais, mes joues se teintèrent d’un léger rose. « Pardon, je me suis laissée emporter, mais c’est que j’aimerais tellement voyager que quand je rencontre quelqu’un qui a habité dans un autre pays, je l’accable de questions qu’il pourrait trouver inutiles et ennuyeuses. » Je me passais une main dans les cheveux pour dissiper le malaise que je m’étais infligée seule. Au fond, il avait eu moins de chance que moi par rapport à ses parents. Je n’avais jamais connu les miens, et ceux que l’on m’avait imposés s’étaient montrés d’un naturel prévenant et aimant, me laissant faire un peu prêt tout ce dont j’avais envie me soutenant. Ils avaient largement de quoi me payer des voyages dans le monde entier et seraient même fier de m’aider, mais je m’étais toujours refusé d’abuser de leur gentillesse et de leur argent. Sans doute des restes de ma vie de pauvre. Toujours à vouloir me débrouiller seule. Je déposais mon menton sur mes mains entrecroisées sur le bar, l’observant. « Histoire-geo, c’est pas si mal non plus … pour le job de barman à l’air de vous aller comme un gant. » Comme un jeu. Je ne pus m’empêcher de sourire à ces mots. « Ca tombe bien, je suis joueuse ! » m’écriais-je au travers du brouhaha que pourtant lui seul m’entendait parler. Je le fixais faire ses mélanges comme hypnotiser n’écoutant plus qu’à moitié ce qu’il me disait. Je me demandais quel gout pouvait bien avoir l’alcool si on mélangeait le liquide rouge avec le bleu. Il m’avait donné envie d’essayer. Je quittais le checkeur des yeux pour le regarder lui, alors qu’il comparait la photographie à l’art de faire des cocktails. J’éclatais de rire. « Ca j’en suis pas si sur. Les natures mortes, c’est sur que c’est facile. Il suffit de capter la lumière au bon endroit au bon moment. Elles ne bougeront pas de toute manière. Mais les modèles vivant, c’est une autre histoire. Quand elles ont décidés de faire leur caprice et vous faire chier, ca peut durer des heures. » Je bus une grande gorgée de mon verre avant de sauter de mon tabouret et de me glisser l’air de rien de l’autre côté du bar pour venir me placer à côté de Jun avait qu’il n’ait pu dire quoi que ce soit d’autres. Les yeux émerveillés comme une gamine devant ses cadeaux de Noel, je posais les mains sur mes hanches, toujours pieds nus. « Comme je te l’ai dis, je suis joueuse, mais aussi audacieuse et aventureuse, alors je suis curieuse de gouter a des mélanges plus que douteux. Et si tu m’apprenais à faire un truc ou l’autre que je te vois faire depuis tout à l’heure ? » Je lui sortis ma moue de bouille d’ange qui pouvait attendrir n’importe quel cœur de pierre. Lui laissais-je vraiment le choix ?

Qui va à la chasse, perd sa place.

Ahn Jun & Choi Min Ri

Il lui adressait un sourire en l'entendant dire qu'elle était enchantée. Il l'avait observée, et il se demandait vraiment ce qu'une jolie demoiselle pouvait bien faire seule dans un bar. Puis il parlait de ce qu'il aurait voulu faire, et a sa surprise, il reçu une flopée de questions. Il eut un rire en la voyant faire une tête gênée, et expliquer qu'elle s'était laissée emporter. Il lui adressait un sourire, avant de dire amusé « Tes questions me gênent pas, je ne les trouve pas ennuyeuses, c'est plutôt... intéressant, ca change des conversations avec certaines personnes un peu éméchées.,, Mais pour répondre a tes questions, je suis né a Londres, et j'y ai  vécu une bonne partie de ma vie. C'était... très différent de Seoul. Mais j'aimais. Et oui, j'y retourne de temps à autre, j'ai encore des amis là bas. ». Puis quand il avait dit qu'il faisait de l'histoire geo, elle avait dit que ce n'était pas si mal, même si le job de barman lui allait comme un gant, il eut un rire. Puis quand il expliquait en quoi consistait son job, et comment il le voyait, lui, elle eut un sourire avant de dire qu'elle aussi était joueuse. Il l'avait vue regarder comment il faisait ses cocktails, c'était vrai que vu de loin ca avait l'air magique mais en fait... ce n'était que des couleurs, et  quand il avait comparé la photographie aux cocktails, elle avait rit. Avant de lui dire que si le modèle avait décidé de faire de la vie du photographe un enfer, c'était impossible. Il eut un rire avant d'approuver. « En effet, j'ai pas ce genre de souci, les cocktails sont pas du genre rebelles... », et après cette réflexion, il s'était retourné 30 secondes pour chercher une bouteille dans le frigo sous le comptoir, et avait rempli un verre, et il se retrouvait face à elle. Elle était passée de l'autre côté du bar, pied nus, avec un sourire de gamin devant le sapin de Noël. Il allait lui demander ce qu'elle faisait là, avant de l'entendre dire qu'elle était joueuse, audacieuse et aventureuse, et donc qu'elle voulait apprendre a faire quelques cocktails. Il eut un rire, s'apprêtant a dire non, avant de voir sa tête. Pourquoi fallait il que ca tombe sur lui ? Il soupirait, avant de demander « tu as déjà fais quelques mélanges ou pas ? » Il continuait sa tambouille, en attendant une réponse de sa part. Il se demandait ce qu'il allait bien pouvoir lui montrer, ils avaient une quinzaine de cocktails sur la carte... Il posait le verre sur le comptoir devant celle lui l'avait commandée, avant de se retourner vers Min Ri, et de voir ses pieds nus. Il les avait remarqué quelques instants auparavant, mais il se demandait pourquoi... elle était là, sur un sol qui par endroit avait l'air douteux, pieds nus. « Pourquoi t'es pieds nus au fait ? » Et il prit une commande, avant de dire « tiens, un mai-tai par exemple, ca te tente ? », et il sortit un second verre pour qu'elle s'entraîne. Il sortait les bouteilles, en commençant a lui expliquer ce qu'il fallait mettre en premier, et a quel dosage, et de lui montrer la confection totale du breuvage, comme si c'était enfantin. Il se tournait vers elle, avant de dire « Allons y, en premier cette bouteille là, tu prend le shaker, et tu mets jusqu'à ce niveau là. Pas plus. Ensuite tu ajoute celle là. Et tu mets la même dose. Tu peux jouer un peu sur la force du cocktail, si tu en mets moins, on sentira plus l'alcool que si tu mets la même dose... ». Il se retournait pour prendre une autre commande et de commencer a faire la sienne. Ce qui ne l'empêchait pas de continuer a lui montrer. « Tu secoues ensuite le shaker, en le maintenant bien fermé... » Il faisait ses mélanges de son côté, le curaçao et la vodka, c'était un méchant mélange, mais avec un peu de citron et du sucre... C'était une tuerie. Et il se retournait vers elle pour voir si elle suivait, tout en posant le verre sur le comptoir, « Tu verse dans le verre maintenant, et tu peux ajouter du jus de fruit de ton choix, généralement, c'est de la mangue qu'on met ici, mais je te laisse tester. Les bouteilles sont là. » Il lui désignait une étagère. Et vu qu'il n'y avait pas de commande a ce moment précis, il s'accordait une pause, pour se demander ce qu'il faisait là exactement. Avant de l'observer regarder ce qu'il y avait sur l’étagère.