Qui va à la chasse, perd sa place.

Ahn Jun & Lee Min Ri

Il avait vraiment un de ces sourires qui ferait tomber les filles comme des mouches. Et je me surpris comme une conne à y succomber petit à petit aussi. C’était bien la première fois qu’un barman arrivait à m’amadouer aussi facilement, comme si j’étais déjà sous son charme. Pourtant je gardais la face, faisant semblant de rien et essayant d’avoir un semblant de dignité. Minri. Tu es une femme ! Comportes toi comme telle ! Plus facile à dire qu’à faire quand on connaissait le spécimen que j’étais. Il était difficile de résister à ce jeune homme. Il était parfait en tout point. Ca devait sans doute cacher quelque chose, moi qui avait l’habitude de tomber sur des mecs pas des plus aimables. A croire que je les attirais comme un aimant. En plus d’être beau gosse, il avait une vie passionnant et des compétences impressionnantes. Je l’écoutais parler, les coudes posés sur le bas, les mains croisées sous mon menton. Il animait en moi mon reve le plus fou : pouvoir partir à l’étranger. « La claaaaasse ! J’aimerais avoir la possibilité de partir à l’étranger aussi aisément. Puis l’Angleterre, ca fait rêver. Le petit hic, c’est que je suis une vraie cruche en anglais. » Je ris doucement,, observant ses gestes avec les bouteilles. Mais malheureusement, ce n’était pas ma paie en tant que photographe qui me permettrait une telle famille. Et il était hors de question que j’emprunte de l’argent à ma famille d’adoption, même si elle ne demanderait pas mieux. Alors qu’il m’avait tournée le dos à peine trente secondes, j’en profitais pour le rejoindre derrière le bar, sans vraiment lui demander son avis. Je crus un instant qu’il allait me rapatrier à ma place, mais ma bouille d’ange arriva à venir à bout de lui plus facilement que je le pensais. Alors qu’il me demandait si j’avais déjà fait quelques mélanges, je sautillais sur place tout sourire, heureuse d’avoir obtenu gain de cause. Je secouais la tête de façon négative. J’avais déjà bien fais des mélanges lors de soirée entre amis, mais jamais je n’avais calculé les doses exactes que le faisait un barman. J’écarquillais les yeux un peu surprise par sa question. « Mes pieds … ? » je baissais les yeux pour voir que j’avais laissé mes chaussures en dessous de mon tabouret, me faisant perdre une bonne dizaine de centimètres. Je ris. « Ah ! C’est à cause des talons aiguilles. C’est une vraie torture pour les pieds ces trucs. Du coup, je les ai enlevés. » Je repassais brièvement à l’avant du bar pour récupérer mes chaussures, les posant près de nous, dans un endroit où elles ne nous dérangeraient pas trop. « Un mai-tai ? Je ne sais pas trop ce que c’est, mais je veux bien essayer ! » Répliquais-je soudain toute excité par la chose. Il commençait à m’expliquer comment confectionner le cocktail en question. J’essayais de le suivre dans ses moindres détails malgré le bruit ambiant qui noyait parfois des brides de ces mots. Pourtant, je m’appliquais, reproduisant le moindre de ses gestes. Je me mordis la lèvre inférieure alors que je vidais le liquide de la bouteille dans le shaker, me concentrant pour ne pas en vider à côté. Je secouais apres le tout avec fermeté comme si ma vie en dépendait. Puis, sous les yeux attentifs de mon professeur, je versais mon œuvre dans un verre. Je regardais avec attention toutes les sortes de jus qu’il me montrait sur l’étagère, me laissant le soin de tester celui dont j’avais envie. Lequel choisir ? Je ne savais même pas quel gout pouvait avoir ce cocktail de base, alors choisir un accompagnement qui se marierait à merveille avec, c’était un peu difficile. Je me laissais guider par l’instinct, ou peut-être la chance, j’attrapais le jus de citron vert que je versais délicatement dans ma mixture. Je chopais ensuite une tranche d’ananas que je trouvais dans le frigo, à la dérobée des yeux du sango, pour l’accrocher au bord du verre, faisant du même avec un mini parapluie en papier. Puis, je poussais le verre vers le jeune homme, un sourire de fierté étirant sur mes lèvres. « Tenez ! Vous avez le grand honneur de gouter mon tout premier cocktail ! Dites-moi quel est votre verdict, cher professeur ! Et si c’est exécrable, vous avez le droit de me demander ce que vous voulez ! » Je prenais un risque, mais il en avait bien le droit. Je m’appuyais contre le rebord du bar, attendant impatiemment ses critiques.  

Qui va à la chasse, perd sa place.

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Elle avait un charmant sourire. Et quand il expliquait qu'il avait vécu a Londres, il avait vu son expression changer pour de la curiosité et un air envieux. Avant qu'elle ne dise qu'elle aussi elle aimerait avoir la possibilité de voyager, mais qu'elle était une cruche en anglais. Il eut un rire franc. Pas méchant, juste amusé de la situation. « Si c'est ça ton majeur problème, ca peut s'arranger... De toute manière, les coréens ne sont pas connus pour leur anglais parfait... » Il était sincère, nombre de leurs compatriotes se débrouillaient très très mal en anglais, ce qui ne les empêchait pas de partir en voyage dans le monde entier.  Bref, il reprenait sa danse sous son regard. C'était amusant dans un sens, on aurait dit un enfant, elle observait ses gestes comme si c'était de la magie, alors qu'en fait il s'agissait de mélanger des bouteilles pour obtenir un goût raffiné. Quand il l'avait vue passer de l'autre côté du bar, il l'avait fixé un tantinet étonné, avant de lui demander pourquoi elle était pied nus. Elle avait parlé des talons aiguilles. Bon, il savait pas exactement ce que c'était ces fameux talons aiguilles dont touuutes les filles se plaignaient. Il voyait un talon mais de la à donner un nom à la forme... Il ne comprenait pas l'idée, mais il avait depuis longtemps déclaré forfait sur ce genre de questionnement avec la gent féminine. Alors qu'il lui montrait comment effectuer un Mai-Tai dans les règles de l'art, il faisait le sien de son côté. Pour lui c'était presque devenu une habitude, il faisait ça sans même réfléchir. Tout en prenant une autre commande, il la regardait faire du coin de l’œil. Elle était totalement concentrée sur sa boisson, avec un air concentré quand elle avait mis dans le shaker, ou même quand elle secouait. Ce soir était étrange mais marrant. C'était pas tous les jours qu'une personne passait de l'autre côté du bar pour voir comment les coulisses se passaient, ou même qu'une jolie fille, parce que ouais, fallait pas se mentir, elle était loin d'être une de ces filles atroces avec un maquillage de camion volé, était encore sobre, et ne partait pas dans tous les sens. Bref, il posait sa boisson sur le comptoir, avant de se tourner vers elle, et de l'observer un sourire, amusé. Lorsqu'elle partait vers le frigo, il la vit sortir le citron vert du frigo. Il se demandait quel goût ca pouvait avoir... Il avait toujours mis des fruits dedans... Les agrumes sans sucre pouvaient être un peu... corsés. Il se retournait un instant pour prendre une commande, lorsqu'elle poussait le verre vers lui. Un ananas et un parasol en prime même. Il eut un rire, en voyant l'apparence du verre. Elle lui demandait de le gouter et de lui dire ce qu'il en pensait. Et que s'il était pas bon, il était en droit de demander ce qu'il voulait. Il eut un grand sourire « Vraiment tout ce que je voudrais ? » Bon d'accord, il n'aurait pas été jusque là. Il venait juste de rencontrer cette jeune demoiselle , mais la blague était sortie toute seule. Il n'avait même pas pu s'en empêcher. Alors il prit le verre, en disant « Déjà sur l'apparence, ca ressemble a un vrai cocktail miss » Puis il enlevait l'ananas, qu'il posait sur une petite assiette a côté, avec le parasol. Il sentit le verre, avant de dire « C'est du citron ? » Et de gouter. C'était plutôt acide . Mais avec un peu de sucre, il était prêt a parier que ca pouvait être bon. Même si en partant du principe que c'était supposé être un Mai Tai, on était loin du résultat. Très loin même. Il eut un rire avant de le reposer sur le comptoir et de lui demander « Goute le... » Puis il reprit en se dirigeant vers une étagère. « Avec une pointe de sucre, je pense que ca serait de suite plus doux... Même si ce n'est pas un Mai Tai. » Puis il posait la bouteille de sucre liquide, et de s'appuyer sur le comptoir. « Du coup, on est au milieu, ce n'est pas exécrable, ni excellent, c'est entre les deux... Généralement, on utilise des fruits déjà sucrés pour attenuer le goût de l'alcool, et ne pas rajouter trop de sucre » Puis de ressortir un verre pour servir une bière. Il la posait devant un client, avant de se retourner vers elle « Pour un début c'est pas si mal...  » Puis il sortit deux verres à biere, qu'il posait devant eux. « Sinon, on a encore ce genre de trucs qui se boivent plutôt bien... »

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Sans vraiment m’en rendre compte, j’avais fait une proposition au jeune homme que je venais à peine de rencontrer qui aurait pu être tourné tout autrement. Pourtant, une chance pour moi, il était de bonne foi et d’une galanterie qui se faisait de plus en plus rare à notre époque. Beaucoup aurait profité de cette opportunité, alors que lui, il se contentait de faire une blague, m’arrachant un sourire au passage. Je fus tenter de lui donner un coup de coude dans les côtes comme je l’aurais fait avec un vieil ami, mais la situation me parut trop familière pour l’instant. Trop tôt peut etre ? C’était bien la première fois que je pensais cela. Moi si familière avec même les inconnus en temps normal. Mais avec lui, j’avais envie de faire autrement, de faire comme tout le monde, de prendre le temps de le connaitre et que ces manies viendraient au fur et à mesure. Je le laissais examiner mon cocktail à sa guise, l’observant sous toutes ses coutures. Le grand jury était la pour juger si ma boisson était la hauteur de ses expériences ou non. L’apparence était déjà valable. C’était un bon début non ? Je souris en silence et attendit le verdict final avec impatience. J’acquiesçais d’un mouvement de la tête quand il me demandait si c’était du citron. Je me mis à douter sur la valeur sure que je pensais avoir utilisé. J’aperçus sa petite grimace qu’il eut au coin des lèvres en goutant le breuvage. Je baissais les bras, un air dépité sur le visage. « C’est exécrable, c’est ca ? » J’étais une véritable quiche en cuisine. Comment avais-je pu croire que ce serait diffèrent avec les cocktails ? Je posais mes lèvres sur le verre qu’il me tendait et les y trempais. Une grimace déformait mon visage face à l’amertume de la chose. Il avait raison. Ce n’était pas la meilleure chose qui avait traversé ma gorge. Je fus un peu déçue de le voir revenir avec la bouteille de sucre et l’entendre dire que ce n’était pas vraiment un Man Tai. Déçue, j’abandonnais le liquide à son triste sort, gonflant les joues en une moue boudeuse. « Je n’ai donc pas remplie ma part du contrat. C’est nul. » Concluais-je en fixant le verre qui était à l’origine de ma défaite. Et sait-on à quel point je détestais perdre. J’acceptais néanmoins ma défaite, attrapant le verre de bière qu’il me tendait. « Ca aussi ca me tente bien. » Je soulevais mon verre vers le sien comme pour trinquer à sa victoire, et de boire une grande gorgée. De ma main libre, je l’appuyais sur le plan de travail pour me donner assez de force pour poser mes fesses sur la planche, mes jambes balançant dans le vide. Je prenais déjà mes aises sans trop me soucier que je n’étais qu’une simple cliente de base. « Je suppose que vous avez gagné le droit de me donner un gage. » lâchais en balançant mes jambes tout en continuant de siroter mon liquide ambré.

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La situation était étrange. Peut être avait il basculé dans une autre dimension dans le savoir. Il ne savait pas exactement ce qui se passait, mais il profitait du moment. Parce qu’une fille qui n’était pas totalement bourrée, c’était bien pour discuter. Et si elle était mignonne de surcroit, c’était d’autant plus agréable. Il avait observé le cocktail sous toutes les coutures avant de le déclarer physiquement bon, mais après avoir gouté, avec le citron, il l’avait dit un peu trop acide. Quand elle demandait si c’était exécrable, il fit non de la tête « Ca manque un peu de sucre, c’est tout. Une fois sucré, il sera parfait » Quand il avait dit que ce n’était pas un vrai mai tai avec le sucre, elle avait prit une moue boudeuse. Il eut un grand sourire en la voyant agir comme une enfant prise en faute. C’était rafraichissant ce genre de comportement. Il ne tiquait même pas quand il la vit monter sur la table, après avoir accepté le verre de bière qu’il lui avait tendu. Il eut un rire en la voyant prendre ses aises « Techniquement, c’est interdit ça… Si mon patron voit ça, je pourrais passer un mauvais quart d’heure. » Puis de retendre deux bières au dessus du comptoir. Puis de l’entendre dire qu’il avait le droit de lui donner un gage, tout en le vouvoyant. Il prit un air sérieux, avant de dire « Je préférerais que tu me tutoies. J’ai l’impression d’être un petit vieux quand on me dit vous » Puis de réfléchir brièvement. Qu’est ce qu’il pouvait lui donner comme gage ? En plus, elle était assise sur son bar, a gigoter des jambes, et ça n’aidait pas spécialement sa concentration. Il eut un rire, avant de la regarder boire sa bière et de dire « Je te gage de m’accorder une autre soirée. » Boum. C’était sorti tout seul. Il n’avait pas vraiment réfléchi aux conséquences de son gage, non. Il avait juste dit ce qui lui était passé par la tête. Puis de pencher un peu la tête amusé par sa propre audace « Je ne sais pas ce que tu en penses de cette idée. Je pourrais en changer si vraiment ca t’embêtait… » Il avait toujours été conciliant, très souvent gamin, mais il n’aimait pas imposer des trucs aux gens, et encore moins aux filles. Peut être des restes de sa culture familiale, il ne savait pas. Mais il l’aimait bien cette fille, pas dans le sens ou il l’aurait collée dans son lit à la première occasion, mais plutôt dans le sens ou elle était pleines de surprises. Et lui, il adorait les surprises. Avant de reprendre d’un ton joueur « Sinon, je trouve injuste que tu sois la seule gagée. Envoie-moi un pari aussi » Il en avait marre de jouer les gentils derrière son bar, et quelque chose lui disait que cette demoiselle semblait la partenaire de défis idéale. Il allait vite savoir si il avait eu raison ou non, mais ca aurait été dommage de ne pas saisir l’occasion.

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Je fixais le cocktail dont j’étais l’auteur. Jun l’avais qualifié de pas assez sucré, mais visuellement, un vrai chef d’œuvre. Meme si le citron était un mauvais choix de ma part, j’étais plutôt fière du résultat. Je n’étais qu’apprentie barman d’une soirée après tout. J’avais fait de mon mieux. Je n’avais toute de même pas su m’empêcher de faire une moue boudeuse alors qu’il m’avait dit que ce n’était pas un vrai mai tai. Il avait souri. Et je devais admettre que son sourire ne me laissait pas indifférente. Ca ne faisait qu’en rajouter à son charme. J’avais pris mes aises, prenant place sur le plan de travail, un verre de bière dans la main. Je penchais la tête sur le côté avant de comprendre qu’il parle de ma façon de m’asseoir et de l’endroit choisi. Oups. Je ris doucement avant de descendre. « Désolé, j’ai fait comme chez moi. » Je me glissais sur le sol, abandonnant mon perchoir malgré moi. Apres tout, je n’avais aucune envie que mon nouvel ami se fasse engueuler par ma faute. Pas toute de suite du moins. Puis, je faillis recracher la gorgée de bière que je venais de prendre en bouche en partant d’un éclat de rire tout en l’entendant dire qu’il avait l’impression d’être un petit vieux quand je le vouvoyais. « je vais te dire tu alors, parce que franchement, tu es encore loin d’être un papy. » Je lui tirais la langue telle une gamine prise la main dans le sac. Apres tout, il était encore un bel Apollon dans la fleur de l’âge. Se faire passer pour un papy serait un véritable gâchis, car franchement, je ne sais pas vous, mais moi, j’en croquerais bien un morceau. J’étais ensuite dans l’attente de mon potentiel gage à faire suite à mon échec avec le cocktail. Pour la peine de devoir autant de temps, je remontais sur mon perchoir qui me manquait déjà, l’air de rien. Ne prenant pas conscience qu’en gigotant des jambes de la sorte dans le vide habillée d’une robe, ca laissait entrevoir certaine chose. Pas assez habitué à me vêtir en fille. Je portais mon liquide ambrée à mes lèvres, me mettant dans la mousse telle une moustache blanche autour de la bouche. Je passais ma langue sur mes lèvres pour en enlever une partie, tout en observant mon interlocuteur qui cherchait après un gage à me donner. Je ne pus m’empêcher d’avoir mon sourire s’élargir et avoir les yeux pétillant alors qu’il me donnait un rencard officiel de façon détournée. « Ca serait avec plaisir. » répondis-je avec enthousiasme avant qu’il n’ose se rétracter. « J’ai déjà eu pire comme gage, celui-ci est plutôt agréable. » Il n’avait plus qu’à me dire où et quand il voulait me voir, et moi, j’accourrais. En me faisant un peu attendre tout de même, car après tout, j’étais une femme malgré tout. Et une femme, ca faisait attendre les hommes. Voila. Une lueur de défi passait dans mon regard alors qu’il me demandait de lui donner un gage à mon tour. « mmmh… » Que lui donner ? Je laissais mon regard vagabonder dans la salle à la recherche d’un gage éventuel. Je repérais un collier de fleur autour de cou d’une femme sur la piste de danse. Un de ces colliers hawaïen qu’on distribuait dans les fêtes. Je la pointais du doigt, jetant un coup d’œil malicieux au jeune homme derrière le bar. « Un gage pas trop difficile : récupérer le collier de fleur autour du cou de la jeune femme là-bas. » J’en avais marre de jouer derrière le bar, même si c’était amusant le temps d’un moment.