« Dara ? Ah, la nana qui a un pénis ? »
Dara n’est pas un homme, ça c’est sûr. Enfin … quand on voit comment elle se comporte avec les gens, on peut se poser des questions. On dit souvent de Dara que c’est un garçon manqué. C’est plutôt une fille ratée si vous voulez mon avis. Elle est assez masculine dans sa façon de parler et peut parfois se montrer vulgaire et agressive. Sachez que tout ça n’est pas nouveau. Son comportement masculin lui vient tout simplement de son éducation et du fait qu’elle n’ait jamais eu beaucoup de copine, préférant de loin la simplicité des hommes. Alors, pour ne pas se faire marcher sur les pieds par ses amis, elle se comportait comme eux. Aujourd’hui, elle a gardé certaines habitudes de cette époque.

« On ne peut jamais l’arrêter »
S’il y a bien quelque chose qui ne changera jamais avec Dara, c’est bel et bien son optimisme et son hyperactivité qui vont très souvent de paire. Dara est souriante et toujours enthousiaste. Quoi qu’il lui arrive, elle pense positivement. Elle ne supporte pas la négativité et engueule souvent les gens qui baissent rapidement les bras, même si elle ne les connait pas. La jeune femme a toujours la pèche. Cependant, ce trop plein d’énergie peut parfois lui être préjudiciable. Comme par exemple lorsqu’elle est en cours. Elle ne supporte pas de rester assise sur une chaise à rien faire. Et même si elle aime les études, elle ne tient pas souvent en place et embête tout le monde en faisant du bruit avec son stylo ou à gigoter.

« Elle n’a peur de rien »
Ambitieuse et courageuse, Dara n’est pas du genre à s’arrêter devant un obstacle. Si quelque chose se tient face à elle et l’empêche d’avancer, elle le contourne. Si elle ne peut pas, elle le détruit. Quand il s’agit de compétition, Dara n’a aucune pitié pour les autres. Elle ne supporte pas de perdre et se démène alors pour être la meilleure dans tout ce qu’elle entreprend. Enfin, surtout en ce qui concerne le sport. Quand elle était plus jeune, elle s’est dopée, de peur de ne pas être assez forte. Aujourd’hui, elle s’en veut d’avoir été aussi faible et se donne encore plus à fond dans ce qu’elle entreprend. Mais cette fois ci, de façon honnête. Dara est une fille qui n’a pas peur du danger et qui sait y faire face. Cependant, quand elle sait que quelque chose est impossible, elle sait s’arrêter, même si elle va s’en vouloir pendant un moment de ne pas avoir essayé.

« Attachante et particulièrement chiante »
Dara est quelqu’un de très ouvert. Elle ne supporte pas de voir des visages tristes et se donne comme mission de donner le sourire à tout le monde. Ce n’est pas une tâche facile, surtout que la plupart du temps, elle s’en prend plein la gueule par certaine personne. Elle n’abandonne pas pour autant sa mission. Parfois, Dara est insupportable à cause de ça. Elle ne lâche jamais le morceau et elle est lourde. Cependant, Dara se montre souvent mignonne et fait oublier son côté impatient et surprotecteur. Un sourire de la jeune fille peut suffire à vous redonner le votre.

A : bigdaddy@hotmail.com
Objet : va te faire voir pisseux !

Le dernier mail que j’ai reçu date d’il y a quatre mois. J’espère bien qu’il t’est arrivé quelque chose de grave pour ne pas avoir répondu à mes centaines de messages et appels. Je sais très bien que je suis une grande sœur hyper chiante, mais ce n’est pas une raison pour me snober et ne plus donner de nouvelles. Je m’inquiète comme une conne alors que je suis persuadée que tu ne me réponds pas juste pour me punir. Je me suis demandée pourquoi tu voulais me punir et j’ai compris pourquoi il y a quelques heures. Parce que ouai, j’ai beau être chiante et têtue, mais j’arrive aussi à reconnaître mes tords.
Alors voilà …
Je m’excuse petit frère de te faire subir tout ça. Je sais que depuis mon départ, ce n’est pas tout rose à la maison et que je te manque (ne dis pas le contraire, je te connais par cœur). Seulement, je veux que tu saches que je ne suis pas partie pour vous faire souffrir, toi et les deux mômes. J’ai fait ça pour respirer. Je vous aime à la folie toi, les parents et nos deux frères. Seulement, j’avais besoin de partir loin de vous pour vivre. Car je ne vivais plus depuis un bout de temps déjà. Je n’ai jamais pu te le dire parce que je savais que tu ne pourrais pas comprendre. Tu étais trop jeune. Je suis partie parce que pendant toute mon enfance, j’ai dû jouer un rôle. Celui de la grande sœur et de la fille aînée. Je devais m’occuper de vous, être sage et avoir des bonnes notes à l’école. Heureusement, j’avais le sport pour me vider l’esprit. J’ai commencé, comme tu le sais, la boxe à l’âge de 8 ans. Les parents pensaient que je devais canaliser mon trop plein d’énergie qui les fatiguaient en plus de la venue des jumeaux. Toi, tu étais silencieux, tu ne demandais jamais rien à personne alors les parents n’avaient jamais à se plaindre de toi. Tu étais parfait. Vraiment. Bref, tout ça pour dire que le sport m’a aidé pendant un temps à oublier que j’étais une grande sœur et une fille « modèle ».
Plus tard, à l’adolescence, je voulais sortir un peu plus et avoir plus de liberté pour pouvoir voir mes amis. Seulement, les parents voulaient que je m’occupe de vous parce qu’ils travaillaient trop. Au début, je ne me plaignais pas trop. Puis, en me faisant des nouveaux amis, j’ai commencé à vouloir sortir avec mes copains. J’en ai parlé plusieurs fois aux parents en leur disant qu’ils devaient prendre une baby sitter ou appeler nos grands parents. Ils avaient de l’argent pour pouvoir se le permettre et je n’ai pas compris pourquoi ils m’ont puni après que je leur ai demandé ça. Aujourd’hui je sais. Ils ne voulaient pas que je m’évade. Ils comptaient sur moi pour toujours garder un œil sur vous. Seulement, ce n’est pas mon boulot de faire ça. C’est le leur. Alors, j’ai commencé à faire le mur et à m’enfuir souvent de la maison. Je dormais chez mes amis, qui cachaient ma présence à leurs parents. Imagines qu’ils aient apprit que leurs fils cachaient une jeune fille dans leurs chambres ? Ils auraient tous pensés à des choses pas très belles, et crois moi, les parents m’auraient tués si ils l’avaient apprit. J’ai rencontré une fille qui m’a aidé et soutenue. Malee. Tu te souviens d’elle ? Au début, je ne la portais pas trop dans mon cœur et puis, on est devenue amie je ne sais trop comment. J’ai connu avec elle mes premières disputent avec une fille. C’était amusant de me battre avec elle.
J’ai commencé aussi à cette époque à faire de l’athlétisme. J’aimais la boxe mais cela ne suffisait plus. Je devais sortir de la maison et je ne trouvais rien d’autre que le sport pour m’évader. Les parents me laissaient faire ce genre d’activité et m’interdisaient toujours de sortir le soir avec mes amis. C’était incompréhensible pour moi. Ils m’empêchaient de vivre une vie normale d’adolescente. L’athlétisme m’a beaucoup changé. J’ai apprit que je n’étais pas qu’un garçon manqué mais bel et bien une fille aussi. Pourquoi ? Parce qu’un jour, un garçon de l’équipe m’a demandé de sortir avec lui. J’étais désirable. Moi, Dara. C’était invraisemblable et pourtant … Il a été mon premier petit ami. Je l’ai quitté quelques jours plus tard parce que j’étais trop prise par les compétitions qui allaient arriver. J’étais sélectionnée pour participer au championnat national. C’était génial pour moi. Je m’étais battue pour arriver là, et ce n’était pas un garçon qui allait m’empêcher de réaliser mes rêves.  C’était ma première victoire. J’en ai eu d’autres, jusqu’au jour où une fille s’est trouvée être plus douée que moi. J’avais vu le visage déçu des parents quand ils m’avaient vu perdre. Je pouvais lire aussi sur les votre une sorte de honte. J’avais le cœur brisé après ça. Alors je me suis dit que ça serait la dernière fois que je perdrais. J’ai pris des produits qu’il ne faut absolument pas que tu touches.  (si tu fais ça, je retourne en Thaïlande pour t’exploser la tronche) Comme tu le sais, dans un premier temps, ça a marché. Jusqu’à ce que je me retrouve à l’hôpital.
J’ai alors compris que ma vie ici était bien trop stressante. Je suis alors partie, une fois mes études terminée, en Corée du Sud. J’avais la possibilité de changer de vie et je l’ai saisie. Je partais dans un pays que je ne connaissais pas, ou alors si peu. Je parlais bien le coréen, comme toi d’ailleurs, et ça m’a aidé à m’intégrer dans ce pays qui n’était pas le mien. J’ai alors postulé dans plusieurs universités jusqu’à ce que l’une d’entre elle m’accepte si je voulais bien rentrer dans leur club d’athlétisme. Tu sais très bien que j’ai accepté et qu’aujourd’hui, je suis encore dans cette fac. Ce que tu ne sais pas pourtant, c’est que j’ai obtenu la citoyenneté Coréenne il y a deux mois. C’est officiel maintenant. Enfin, tu l’aurais su si tu avais décroché le téléphone. Ingrat va ! Enfin, si tu lis ce mail, tu dois te demander pourquoi j’ai demandé à obtenir la citoyenneté. Tout simplement parce que je peux maintenant concourir pour la Corée. La fac souhaite que je participe aux concours nationaux pour la représenter. Je suis en concurrence avec les meilleurs athlètes Coréens, et pourtant, je n’ai pas peur. Aujourd’hui je ne touche plus à rien et je suis pourtant meilleure. Je sais que je peux aller loin. Gagner, je n’en suis pas encore sûre, mais je vais tout faire pour que vous ne soyez pas déçu.
Bref …
Si je te dis tout ça c’est pour que tu saches que je sais très bien ce qui t’arrive en ce moment. Tu dois te sentir aussi oppressé que moi à ton âge. Alors je n’ai qu’un seul conseil à te donner. Vas t-en. Les parents t’aimeront, même si tu t’en vas. Vole de tes propres ailes et montre leur comme moi que tu n’as besoin de personne pour vivre.  
J’ai confiance en toi morveux.

XOXO ta sœur qui t’aime (même si t’es un petit con)