NOM : Kim, y a rien d'original et des centaines de personnes doivent porter le même nom mais whatever, on ne se refait pas. PRÉNOM : Jong Dae, parce que sa mère voulait l'appeler Jong Nam et son père Yong-dae. Ils n'ont pas trouvé mieux que de faire l'alchimie entre les deux noms, sans doute pour s'amuser ou parce que ça rendait tout aussi bien. ÂGE : 22 ans, il est le plus grand de sa fratrie de six, juste derrière son frère aîné âgé de 23 ans. ORIGINES : Coréennes, même s'il se demande parfois s'il n'aurait pas des racines Thaïlandaises. Un jour, il jettera un œil à l'arbre généalogique familial ─ un jour. NATIONALITÉ : Sud-Coréenne, même s'il envie beaucoup les détenteurs de double-nationalité. CLASSE SOCIALE : texte ici. ORIENTATION SEXUELLE : Bisexuel, pour ne pas dire pansexuel ─ il se sent facilement attiré par les deux sexes : homme comme femme, tout ça lui est égal sur un plan de goûts et de couleurs, mais il assume peu voire trop difficilement son attraction pour les garçons lorsqu'il s'agit de se montrer en société, aux yeux de tous. Il craint beaucoup le regard des autres malgré son attirance évidente et compense au maximum en affirmant son penchant pour les femmes. CURSUS UNIVERSITAIRE : Études & cycle de photographie, il aime prendre en photo tout ce qui bouge et immortaliser chaque moment lorsqu'il le juge nécessaire ; il apprécie plutôt bien et ça a le mérite de lui trouver une occupation, dans un contexte hors universitaire. Outre cela, ses études lui conviennent très bien et il ne demande pas plus ni moins que ça, mis à part sans doute un peu moins de pression de la part de sa famille intransigeante. La photo, c'est sympa, mais à dose trop élevée, ça peut vite en devenir usant. MÉTIER : Photographe freelance, et oui il te fait payer Code du règlement : baymax. TU VEUX T'INVESTIR? : Mais trop que j'veux

“ Rumour has it : Quand il ne photographie rien, il tagge tout ce qui passe d'un bric-à-brac colorful et bariolé, parfois même un peu trop nuancé et moche, toujours avec sa grande conception de l'art en peinture (v : ça lui vaut quelques regards perplexes, et parfois même des murmures outrés face à l'incontournable subtilité de son street art) + Il n'est pas infaillible et posséderait même ses propres petites faiblesses qui retourneraient tout en lui (v : il ne résiste pas aux caresses sur la nuque, ni aux sucettes bourrées de produits chimiques, ni au café au lait le matin, ni aux chatouilles sous le menton, ni même aux pires choses qui auraient pu réellement le démonter dans son passé)  + Il est casanier et est ce gars carrément solo qui s'enferme tous les samedis soir chez lui, bref, l'ermite de base qui profite pas (f : il adore sortir avec des amis, autant pour aller traîner que pour s'amuser entre potes, et même, ça lui arrive d'aller se balader tout seul pour prendre des photos ni vu ni connu ou s'informer sur ce qu'il se passe en ce moment) + Il préfère mener qu'être mené, il se propose toujours en premier pour organiser ceci ou cela et adore savoir qu'on le suit, qu'on marche derrière lui (v & f : il est autoritaire et se sent à l'aise lorsqu'il prend les décisions et lorsqu'on l'écoute, ça entraîne même cette espèce de petite envie de protéger, de préserver son prochain, mais comme tout le monde ça lui arrive de parfois perdre ses repères et ça, Jong Dae en a conscience) + Il déteste téléphoner et parler derrière l'appareil (v : on le prend souvent pour un asocial, mais c'est vrai, il préfère davantage envoyer des sms)   + Il est tactile et n'a parfois pas de limites (v : seulement avec les gens pour qui il a un truc, avec lesquels il sent le courant passer) + Il collectionne les filles et ne prévoit pas de se marier (f & v : il n'aime pas beaucoup cette lubie, encore moins lorsqu'il s'agit de collectionner les greluches & il ne prévoit effectivement pas de se marier, mais il sait que papa et maman ne tarderont pas à le harceler soon) + Il est difficile en matière de love, peu ouvert et est assez pointilleux, trop pointilleux (v : c'est quand on lui tape dans l’œil qu'il se met à la traque de sa proie : monsieur n'est pas simple à combler, qui plus est) + Il a une imagination débordante et parfois malsaine (v : il est capable de se faire des films ou d'imaginer des histoires rocambolesques d'une minute à l'autre ─ et le pire, c'est qu'il ne manque pas de vous en faire part) + Il a un tatouage extravagant sur toute la surface du dos, qu'il prend soin de ne jamais laisser entrevoir tant il serait farfelu (f : un tatouage près de la clavicule, tout simple et discret : une étoile avec un triangle incrusté à l'intérieur) + Ses soeurs sont les plus adorables, et ils s'adorent tous entre eux (v : impossible pour Jong Dae de dire le contraire, ses soeurs sont définitivement les femmes de sa vie) + Il ment en permanence, n'est absolument pas digne de confiance et lorsqu'il vous regarde plus de cinq secondes, c'est qu'il faut se méfier de ce petit mythomane (f & v : oui et non, il y a un juste équilibre à aborder et Jong Dae le sait : ça n'est pas rare qu'il ait des intentions, certes, et user de mensonge se révèle être quelque chose de drôlement efficace, de nos jours, mais il ne faut pas non plus le voir d'un oeil extrême. il peut recourir à autre chose que l'hypocrisie, surtout quand il a assez d'imagination pour ça) + Il a d'énormes carences alimentaires (v : il fait des efforts pour changer ça et ses parents l'encouragent aussi, mais il a peur de ne pas savoir surmonter ça tout seul, sans l'aide de quelqu'un de plus expérimenté) + Il avait un strabisme dans sa jeunesse et toutes les filles de sa classe avaient peur de lui (f : il n'avait pas de strabisme mais portait des lunettes & les filles ne craquaient pas spécialement pour lui, ces petites diablesses préféraient lui voler ses lunettes pour qu'il ne voit plus rien) + Par le passé, il aurait fait des avances à certaines de ses profs pour avoir de meilleurs notes (v : oui, il le faisait, et même que ça marchait plutôt bien lorsqu'il fallait remonter quelques notes pour ne pas que papa lui crie dessus)

“ Caractère : ••• curieux : c'est son petit côté concierge, ça, son péché mignon qu'on apprend bien vite à lui déceler : il a toujours besoin de savoir tout sur tout, d'observer, d'analyser et d'apprendre dans la plus fine des surprises et dans le plus grand des intérêts. la connaissance est quelque chose d'important pour lui et il aime apprendre les choses (que quand ça l'intéresse ou que ça lui permet de s'améliorer, à dire vrai). aguichez-le, c'est plutôt simple de l'attraper dans les filets de la curiosité une fois qu'on s'y prend bien; à vos risques et périls, cela dit ─ car, ça pourrait bien vite devenir malsain, avec lui.
••• envahissant : parce qu'il faut bien que ça aille de paire avec sa terrible manie d'exploiter sa ressource d'intellect, monsieur est également quelqu'un de plutôt... envahissant. il est rusé, un peu délinquant pour la bonne cause, mais ce qu'on ne lui enlèvera pas, c'est la satisfaction qu'il ressent lorsqu'il vient toquer à votre porte, au beau milieu de la nuit pour parler d'une chose qui lui tient à cœur ou qu'il vient tout juste de ressasser.
••• égoïste : il ne pense qu'à lui, sauf dans certains cas exceptionnels. son estime pour les gens est faible et ça n'est pas rare qu'il profite de son ego surdimensionné pour vous rabaisser, toujours avec ses artifices et son espèce de regard hautain.
••• créatif : il ne manque jamais d'idées, jong dae : ça lui arrive de rêvasser en pensant à tout et n'importe quoi ─ il observe, beaucoup, et améliore sa perception du monde jour après jour en recueillant des informations comme prétexte pour sa créativité. il aime prendre le temps d'être seul pour réfléchir, recherche toujours de nouvelles expériences, et ça lui arrive même de perdre la notion du temps, lorsqu'il se donne entièrement à ses réflexions spirituelles et artistiques.
••• persévérant : parce que ça lui arrive d'échouer comme tout le monde, mais jong dae a cette qualité de ne jamais baisser les bras ni de se reposer sur ses acquis : s'il décide de vouloir quelque chose, alors il l'aura coûte que coûte.
••• observateur : la plupart du temps, il observe tout autour de lui et analyse patiemment tout ce qui passe sous ses yeux. il écoute plus qu'il ne parle, vous jauge d'un regard perforant et reste pendu à vos lèvres, attentif comme un psy avec son patient, vous étudiant comme le scientifique chargé du cobaye. c'est sans doute aussi de là que son imagination et son inventivité évoluent toujours plus au fil des jours ─ c'est son regard sur la vie et les autres qui l'aide, qui met en marche les mécanismes de son cerveau.
••• travailleur : il n'a jamais trop exécré les études et le travail : ça ne le dérange pas plus que ça et si cela lui permet d'acquérir plus de connaissances sur le plan psychique, alors soit, jong dae accepte avec l'entrain dans les yeux. c'est un vrai rat de bibliothèque lorsqu'il est isolé et qu'il n'est pas distrait : il pourrait même dire qu'il prend plaisir à réviser et à s'entraîner dans le domaine de ses études, parfois.
••• manipulateur : attention, il ne l'est pas toujours : il saisit plutôt les occasions et les opportunités en mettant son indéniable talent sur le tapis. combinez son imagination débordante, sa détermination et son petit sourire en coin, et vous l'avez, le bel hypocrite qui soutient votre regard sans même ciller. jong dae sait mentir, il le fait parce que c'est plutôt drôle et parce que, parfois, c'est pour la bonne cause ─ sa bonne cause, la sienne et seulement la sienne. véritable stratège, il peut mentir, vous emballer avec des mots doux soufflés au creux de l'oreille, user de fausse modestie, mettre en application son talent oratoire...  il ruisselle d'assurance tranquille, il s'exprime calmement, persuasivement, vous sourit chaleureusement et vous, vous ne vous doutez pas que vous êtes sous la délicieuse emprise du prestidigitateur.
••• attentionné : avec le peu de personne qu'il apprécie voire qu'il aime, jong dae met de côté sa fierté et son égoïsme pour se montrer présent : il a envie de protéger, lui aussi, parce que c'est un être-humain avec des personnes chéries, malgré tout ce qu'on dira de lui. il peut se montrer très affectueux mais surtout envieux de vous montrer qu'il est celui qui prendra soin de vous.
••• possessif : s'il décrète que quelque chose est à lui, alors à ses yeux, c'est à lui et à personne d'autre. la jalousie est une chose loin de lui être inconnue et il ne supporte pas de voir ce qu'il convoite lui filer entre les doigts : n'essayez pas de vous échapper s'il a déterminé que vous lui appartenez, ça ne servirait à rien.
••• rancunier : parce qu'à défaut d'être lui-même un manipulateur en herbe, il est le mieux placé pour savoir que des excuses sont dans la majorité des cas hypocrites ou non pensées. il pardonne peu et puisque l'on parle de jong dae, aussi paradoxal que cela puisse être, il vous en veut pour ce que vous avez fait.
••• autoritaire : il aime avoir la figure d'autorité sur un groupe d'individus ou même une personne qu'il est chargé de guider ou de conseiller : c'est comme ça, c'est spontané, jong dae sent qu'il est le meilleur pour être un tout petit peu plus placé en avant. il veut que sa présence illumine la pièce et que l'on vienne lui demander des conseils ou de l'aide : il se sent à l'aise lorsqu'il faut mener, éclairer les esprits les plus déserts et abandonnés, parfois rassurer avec des mots sincères ─ parfois. il aime entreprendre de lui-même les choses et s'imposer : sa nature curieuse et sa confiance en soi renflouent ce sentiment, et ça le rendrait sans doute même un petit peu impulsif, de temps à autre.
••• souriant : jong dae aime sourire ou user de rictus parfaitement machinaux. ça lui arrive de rire, comme tout le monde, de sourire véritablement et d'imaginer de nouvelles blagues pour amuser ses amis ou ses proches : en fin de compte, personne ne sait vraiment si jong dae a un bon fond ou non.
••• digne de confiance... ou pas ? : dites-lui un secret ou confessez-lui la pire des révélations, jong dae gardera précieusement tout ça pour lui. il n'aime pas partager ces trucs-là : en temps normal, il préfère se contenter d'être un des seuls à connaître les choses que personne d'autre ne voit ─ enfin, à partir du moment où il ne décide pas subitement de vendre tous ces petits secrets contre la plus belle des récompenses... c'est qu'il pourrait faire un bon informateur, jong dae, vous l'a-t'on jamais dit ?
la bonne cause, les gars.
••• agréable : il est facile de parler avec lui et de se laisser aller : il est toujours à l'écoute, avec ce petit sourire légèrement rehaussé sur une commissure. il est à l'aise et parle d'une voix mielleuse, presque relaxante. il vous donne l'impression d'être un petit cœur attentionné, quand il vous considère et vous répond avec ses grands yeux détendus braqués sur vous. il voudrait que vous vous prêtiez au jeu, que vous acceptiez de jouer comme il le fait à vos côtés.
••• audacieux : parce qu'il ose beaucoup de choses : ça lui a permis d'accéder à de belles réussites, mais aussi de retirer des tentatives défectueuses. c'est une qualité tout comme un défaut, jong dae en a conscience.
••• tourné vers la famille : s'il y a bien quelque chose que jong dae chérit plus que tout au monde, c'est sans aucun doute sa famille, les membres qui la composent et également ses prestigieuses générations. jong dae a un sens de la fraternité très poussé et il change du tout au tout en présence des membres de sa famille.
••• taquin : car plus vous êtes susceptible, plus il en profite; plus vous aimez cela, plus il continue; plus vous vous sentez déstabilisé, moins il vous laissera en paix. il guette toujours vos réactions, il est curieux de savoir quel effet il a sur vous et s'il voit que vous y prenez goût sans pour autant que vous ne lui avouez, attendez-vous à ce qu'il s'arrête du jour au lendemain sans donner d'explication : c'est un peu un super pouvoir, c'est plutôt drôle pour que vous crachiez le morceau, et vous allez le cracher, le morceau. vous aimez lorsqu'il vous taquine, point à la ligne : il obtiendra toujours votre approbation, ne vous en faites pas.

“ Once upon a time : Dès le plus jeune âge, c'est toujours bien sympa de se voir offrir la prospérité sur un plateau d'argent ─ sans oublier la petite cuillère en or qui va avec, bien fichée dans le gosier, rutilante comme le début de son existence. Ça reflète un peu les prémices d'un avenir prometteur, quelque chose de brillant, quelque chose qui saurait faire honneur à tous ces bienfaits, alors qu'il ne le mérite pas forcément. Dès sa jeunesse, il se retrouve déjà prédisposé pour le futur : il sait qu'il ne manquera de rien, qu'il aura toujours ce qu'il veut quand il veut, à condition qu'il le rende bien. C'est comme une espèce de deal, c'est simplement pour passer un contrat entre ses parents et lui, comme pour certifier que si on assurait le bonheur et la fortune de sa jeunesse, alors il assurerait l'honneur et la prolongation de sa fratrie, dans l'histoire de leur ascendance.  

Ils sont tous là, autour de lui ─ d'eux, le cœur gonflé d'amour devant l'innocence, la fragilité et la beauté absolue des nouveaux-nés, des visages émergents au grain de peau lisse et duveteux. Ils sont trois enfants, trois corps frêles obstinément désirés, une portée de triplés dont on n'a plus cessé de faire les louanges, à partir du moment où le premier a su montrer le bout de son nez. Leur mère est épuisée, on ne lui en demande pas plus, on la laisse serrer dans ses bras chacun de ses trois enfants dans un cours laps de temps, tandis que leur père les couve d'un regard fier et assuré, des dizaines d'idées de prénoms trottant dans sa tête, à la manière de banderoles festives et toutes différentes. L'euphorie demeure, alors que se répercutent les premiers pleurs et, en même temps, cet inhabituel sentiment de bonheur. Il y a le parfum des plantes aux couleurs de la joie ; de jolies bruyères et de beaux asters qui embaument le vase, et puis les thym et les lauriers en guise de cadeaux de naissance, qui balisent de leurs mille senteurs l'air et les murs de la salle d'hôpital. Les voilà gâtés, ces trois garçons plus que chéris, à peine leur naissance et le début de leur existence officiellement annoncée.

Et oh, oui, qu'est-ce qu'ils sont gâtés ! On tient à tout leur offrir, à leur assurer le meilleur, à leur donner les plus beaux prénoms; on hésite, on ne sait pas lequel choisir : lequel est le plus parfait, le plus harmonieux ? Lequel glisse-t-il le mieux sur la langue, semble être le plus imprégné de succès ? Ces parents perfectionnistes accordent de la valeur à ce qui leur plaît, mais encore plus à leurs enfants ─ ils ne veulent que le meilleur pour eux, ils les veulent certains d'avoir cet avenir tout tracé, cet avenir brillant et fortuné, qui attribuera cette petite étoile sous le nom des Kim. On leur inculque les semblants de bonnes manières, on les habille avec les plus beaux vêtements et on les coiffe même différemment, pour être sûrs de bien pouvoir les distinguer. Il faut grandir bercé près du mur, dans les bras d'une maman trop aimante, sous le regard d'un père incontestablement fier et remonté dans son ego et son estime de soi-même ─ c'est comme ça que l'on supervise leur enfance, à ces trois gamins sans cesse flattés et incubés du meilleur des parfums; celui de la future réussite, celle que leurs parents attendent : on veut le prestige, on l'attend d'eux, et ils le donneront bien un jour, après tout ce que l'on fait pour eux.  

Jong Dae est le petit deuxième de la portée. Il est un peu moins grand que ses autres frères, un peu plus calme que le troisième, un peu plus gourmand que les deux autres. Tandis que ses frères se gavent de fruits et grandissent plus vite que lui, lui préfère acheter des bonbons en douce, des sucettes et des sucreries, pour les manger tout seul : tout ça, c'est toujours rien que pour lui puisqu'il ne peut pas partager ─ tant pis, se dit-il, autant en profiter, sinon ses parents trouveront quelque chose à lui redire et ils ne lui offriront pas ce qu'il réclame pour Noël. C'est un peu le plus décalé des trois, celui qui fait le plus de bêtises mais qui se débrouille toujours pour faire taire ses frères ou brouiller les pistes : on ne résiste pas à sa gueule d'ange et ses sentences de petit diable, non. Résister au mignon petit Jong Dae ce serait comme résister à une délicieuse pâtisserie, on finit toujours par sombrer à l'appel du sucre, en se disant que ce n'est pas si grave et qu'on fera attention le lendemain. On concède à sa requête et le mal est fait, on devient encore plus vulnérable à ses yeux doux et sa petite voix fluette. Depuis tout petit, il est comme ça, Jong Dae : grâce à ses parents, il comprend que le meilleur moyen de réussir et de se procurer ce que l'on veut c'est sourire, flatter, faire glisser le caprice comme le plus humide et onctueux des miels. Ça a le mérite de tout adoucir, c'est drôlement efficace et quand Jong Dae explique cela à ses frères, il remarque l'étonnement et parfois même l'ahurissement sur leurs visages. C'est vrai qu'ils sont plus sages que lui, qu'ils ne penseraient sans doute pas à ça en premier lieu ─ de toute façon, Jong Dae est le plus influencé par les morales de ses parents inculquées, et l'enfant précoce qu'il se retrouve être pense bien vite différemment. Le fait d'être qualifié de manipulateur lui fait plus plaisir que d'avoir une sucette gratuite : quelque part, on le flatte encore, on fait grossir son ego de plus en plus naissant, on lui indique directement de continuer sans penser à un quelconque retour en arrière. N'est-ce pas une faculté qui relève d'une extrême intelligence ? Parvenir à ses fins en seulement quelques œillades, un sourire éclatant et de belles paroles soulignées par une voix aiguë, « adorable » comme lui aurait dit sa professeur tout sourire.

On donne tout à Jong Dae et ses frères. Leurs parents ont toujours désiré avoir au moins un enfant, un gamin sur lequel rejeter tout ce qu'ils n'ont pas pu faire, tout ce qu'ils n'ont pas réussi, tous leurs idéaux manqués. Ils sont trois, cette occasion se présente comme une opportunité encore plus grande ─ ce sont leurs enfants qui sont chargés d'accomplir ces projets et de les dédommager : puisqu'on les gâte, puisqu'on les soutient d'un amour parental et surtout matérialiste, quel mal y a-t-il à attendre de sa progéniture le succès et la réussite ? Est-ce aussi une question d'honneur, de fierté auquel leur père semble d'ailleurs être très attaché ? Jong Dae le sait, lui. C'est de l'égoïsme tissé sous une toile d'amour et d'attention. Il a appris à reconnaître les intentions de ses parents, puisque lui-même sait comment s'y prendre ─ il sait très bien qu'ils attendent le summum, qu'ils exigent les meilleures notes, l'attitude la plus respectable, pour ne pas dire la perfection. Il n'y a sans doute pas de véritable désir de pur bonheur, car tout est une question de société et de jugements. En tant que Kim, il faut être beau, respectueux, fort dans toutes les matières, prédestiné à être riche et à épouser une fille de bonne famille. Jong Dae le comprend, Jong Dae y pense souvent et médite instinctivement dessus, lorsqu'il croise le regard brillant d'outrecuidance de son père. Au fond, quelque part dans son cœur, tout ça ne le dérange pas. Oui, pour Jong Dae, tout semble relativement plus simple lorsque l'on sait aborder les bonnes techniques.

Il n'est pas le plus brillant des trois, mais il en reste malgré ça doué. C'est comme une espèce de challenge entre lui et ses frères : parvenir à ramener la meilleure note pour avoir le meilleur des compliments. Jong Dae sait que s'il n'a pas forcément les résultats les plus satisfaisants de toute son école, il détient une force de persuasion et une intelligence radicalement plus élevées. Son regard sur tout ce qui l'entoure l'aide à se faire une idée et une façon de penser : pas seulement grâce à la philosophie de ses parents, mais aussi grâce à son sang-froid exemplaire et son observation constante de ses camarades, de ses professeurs et même de ses frères. Il remarque tout, analyse et enregistre à la manière d'une machine, tant et si bien que son sens de la réflexion et son imagination prennent une drôle de tournure évolutive. Jong Dae se pose des questions, Jong Dae veut toujours tout savoir sur tout, de toute façon : combien de milliards de kilomètres faudrait-il faire pour voir le bout du ciel ? Qu'est-ce que veut dire tel ou tel mot, y en a-t-il d'autres pour exprimer la même chose ? Pourquoi certaines personnes regardent-elles droit devant en marchant et d'autres fixent leurs pieds ? Pourquoi le miroir est-il si déstabilisant à dévisager ? Pourquoi a-t-on les doigts fripés lorsque l'on reste trop longtemps dans le bain ? Jong Dae se demande, alors Jong Dae s'informe parce qu'il n'aime pas ignorer ce qui l'intéresse. Il tient toujours à savoir, veut s'abreuver de la vérité et des connaissances, recherche presque l'omniscience dès l'âge de la raison. Sa manie de rester plongé dans un livre ou même dans ses pensées effraie quelquefois ses frères, à vrai dire. Parfois, Jong Dae expérimente ses péripéties enfantines : il observe le chocolat fondre à travers le filtre du four et s'interroge sur cette métamorphose ─ il observe le sang coaguler sur ses écorchures et ignore la douleur, attendant la dernière goutte jusqu'à en voir la cicatrice ─ il reste le plus longtemps possible la tête en bas, pour devenir tout rouge, se redresser d'un coup et regarder dans le miroir. Ce sont de simples expériences qui éveillent son attention et son imagination : si Jong Dae doit se démarquer de ses frères, c'est sans doute pour sa fine compréhension, mais aussi pour cette accoutumance malsaine.

Pour autant qu'il sache beaucoup de choses, Jong Dae ne connaît rien à ce qu'on appelle l'amour. Quand on lui parle de mariage, la notion d'amour lui échappe complètement et on omet de lui en parler : c'est bien mieux comme ça, ça évite trop de questions envahissantes et ça prive ses parents bénéficiaires de longs discours philosophiques à entretenir sur la chose surfaite qu'est ce sentiment. Ses frères ne lui en parlent pas, ils sont sans doute aussi inconnus que lui sur la chose et pourtant, du jour au lendemain, ça s'est fait. Jong Dae ne comprend pas, il ne connaît que l'amour maternel, celui qu'il répand autant pour ses frères que pour ses parents. Jusque-là, ça n'a jamais entré dans sa politique, ça n'a jamais frôlé son esprit d'aimer quelqu'un d'autre que sa famille, et pourtant ! Il cherche absolument à comprendre pourquoi son regard est autant attiré par cette frêle et mince silhouette, là, qui traverse harmonieusement le couloir, entourée de ses copines qui rient bêtement. Jong Dae se surprend à aimer cela, à aimer ce qu'il voit; à dévorer du regard cette délicieuse créature ─ à vouloir tout savoir d'elle, qui elle est, pourquoi ses courbes sont-elles si belles, quelles sont ses fleurs préférées et combien de robes a-t-elle portées; tous ces petits détails qui font que Jong Dae perd ses repères, qu'il ne sait pas ce qu'il lui arrive, qu'il se demande bien pourquoi il pense comme ça, pour la première fois. C'est ça qu'on appelle l'amour ? C'est quand notre regard est attiré à la manière d'un chant de force magnétique, quand le cœur fait sacrément mal et cherche absolument à s'extirper de la poitrine, lorsqu'on n'est pas loin de l'être aimé ? Quand peut-être cette envie d'impressionner et de s'imaginer dans les bras de la personne visée se fait ressentir ? Jong Dae découvre et s'interroge. C'est quelque chose de nouveau, cela saccage impitoyablement son estomac et ça réveille en lui cette folle envie de se démarquer. Elle s'appelle Soo, elle aime porter des jupes, elle a le regard qui pétille avec de longues et fines jambes et elle rigole toujours en cachant ses dents, juste avec sa main, comme ça. Elle semble être très populaire, qui plus est, et Jong Dae comprend parce que oh, qu'est-ce qu'elle est jolie.

Alors Jong Dae s'éprend, juste comme ça, en ne réalisant pas. Il ne peut pas dire qu'il est amoureux mais il se sent inéluctablement attiré par cette fille : il ne souhaite pas mettre au courant ses parents ni ses frères ─ surtout pas. Il sait très bien qu'ils n'approuveraient pas alors Jong Dae simule et ment, mais ce n'est pas grave parce que ce n'est pas plus difficile à faire que s'attarder sur la longue chevelure de Soo. Dire qu'il continue d'étudier, de ramener les compliments des professeurs et de toujours être plus irréprochable chaque jour qui passe suffit à lui accorder une tranquillité nouvelle, maintenant qu'il cherche à cacher ces lubies adolescentes au reste de sa fratrie. Soo, elle est toujours plus rayonnante, elle donne envie à Jong Dae de redoubler d'efforts pour qu'elle le voit, pour qu'elle puisse tourner la tête au détour d'un couloir et croiser son regard rutilant d'admiration. Parfois, elle le regarde, peut-être sans s'en rendre compte, mais ça suffit à Jong Dae pour s'assurer qu'elle sait qu'il existe et qu'il n'a sans doute rien à perdre. L'insouciance de la jeunesse, c'est comme ça : on aura beau être l'élève le plus intelligent et le plus réfléchi d'un établissement scolaire, on n'évitera jamais la case problématique qui s'installe entre l'enfance et la nubilité. Alors presque un peu inconsciemment, Jong Dae décide de faire ce qu'il n'aurait pas du faire : il part à la rencontre de Soo, et il ne peut nier d'appréhender un peu mais il espère, au fond de lui. Il veut se déclarer à elle, il veut lui dire à quel point il la trouve belle, à quel point il veut faire d'elle sa petite amie, la fille qu'il serrerait dans ses bras et à laquelle il murmurerait ses secrets d'amour à l'oreille. Au final, il le fait ─ et c'est comme une pièce de théâtre apprise par cœur, pour lui : il la regarde dans les yeux tandis qu'elle rougit, il lui apporte même des fleurs, des chrysanthèmes rouges et des roses pourpres, parce qu'il a lu quelque part qu'elles symbolisent l'admiration secrète et le coup de foudre. C'est la première fois qu'il se déclare vraiment, qu'il sent son cœur battre plus vite que la fréquence à laquelle ses mots glissent hors de sa bouche, qu'il ne pense pas nécessairement à mal et qu'il s'applique à dire ce qu'il ressent, à déballer une vérité qu'il ne fréquente pas si souvent que ça. Il sait qu'elle est scotchée par son discours, qu'elle le considère comme l'élève studieux mais mystérieux, sans doute bien trop mystérieux, mais Jong Dae sourit bêtement alors qu'il se confesse, et il se fait la promesse que ça marchera, que ça a toujours fonctionné jusque-là et qu'il n'y a pas de raison qu'elle ne lui dise pas oui. Pourtant, pour l'un des rares fois, Jong Dae se trompe; il se méprend sur toute la ligne. Elle ne partage rien de tout ça, elle ne se sent pas attirée par lui et elle lui fait comprendre tout ça en lui proposant de rester amis. De rester amis, de continuer à se voir alors qu'elle vient tout simplement de démonter la passion du garçon avec laquelle il s'exprimait, de dévisser ce petit sourire crispé, d'orner de fléchettes le cœur de Jong Dae qui jusque-là ne s'était pas arrêté de chavirer. Au final, le garçon comprend, tout ça. Il ne savait pas de quoi l'amour relevait mais maintenant, alors que Soo s'en va presque fuyante, il assimile mieux le concept-même de cette philosophie qu'est l'amour. C'est dans la même case que la tristesse, c'est comme un accident, ça n'arrive qu'aux autres et quand ça nous arrive à nous, ça fait drôlement mal. Jong Dae détend ses épaules et reprend les fleurs que Soo n'a finalement pas prises : des jonquilles auraient sans doute été mieux, pense-t-il tout haut.

Le garçon privilégie ses études. Il se promet de ne plus trop se frotter à ce qu'on appelle l'amour, ce mot qu'il évite un petit peu lorsqu'il parcourt les pages du dictionnaire et qu'il tombe par hasard dessus. Parfois, son regard s'accroche sans le vouloir sur cette silhouette qu'il a longtemps contemplée avec des yeux envieux. Jong Dae se sent étrangement en colère, lorsqu'il voit le soleil qu'est Soo diffuser sa lumière dans les couloirs et ne faire de lui qu'une ombre sans valeur. Le simple fait de s'être fait rejeté ne lui plaît pas, il ne lui a jamais plu et cela le hante presque : il se rend compte qu'il méprise Soo pour ce qu'elle a fait, qu'il lui en veut de ne pas lui avoir souri, ce jour-là. Cela ne fait que renflouer son envie d'être le meilleur, et son idéologie ne fait que s'étendre un peu plus. À quoi bon dire la vérité et s'exprimer honnêtement lorsque l'on est presque sûr que ça ne marchera pas ? User de mensonges et d'envoûtements a toujours marché; Jong Dae ne comprend pas pourquoi il a préféré abandonner cette technique, ce jour-là, et il s'en veut même un peu. La fiabilité demeure dans la contrevérité et l'escroquerie : on obtient toujours ce que l'on veut, et peut-être même que l'amour s'acquiert aussi comme ça. Oui, le Kim en est persuadé, et il redoublera de talent et de perfection pour faire regretter à cette idiote de ne pas s'être donnée à lui. Tout ce qu'il désire doit lui revenir, parce que si Jong Dae le veut, Jong Dae le mérite forcément. Soo, elle, elle est magnifiquement belle mais est aveugle, trop aveugle pour se rendre compte de quoi que ce soit, et Jong Dae a appris à mépriser les aveugles ─ tant et si bien qu'il cherche à les aider, à retourner leurs esprits comme un vulgaire jeu de cube à multiples et différentes faces. Peut-être était-il aveugle, lui aussi. Soo illuminait un peu trop sa vision des choses : désormais, elle ne fait que l'obscurcir, l'assombrir comme le fond d'un tableau noir et vide.

Jong Dae grandit et évolue, tout comme ses frères qui ne cessent de devenir plus beaux et plus adroits dans leurs résultats scolaires. Son troisième frère, le plus énergique et enjoué, parvient même à trouver la fille qu'il ne tardera pas à épouser : Jong Dae ne se sent pas particulièrement jaloux et félicite même son cadet, en espérant sincèrement que tout ira bien pour lui. Après sa déception amoureuse, Jong Dae ne souhaite pas se marier ni épouser qui que ce soit. Il estime que ça fait trop mal, qu'il ne veut pas revivre de tels moments si c'est pour se sentir profondément humilié et plus bas que terre. Il trouve du réconfort dans une nouvelle passion, la photographie, et il s'essaie à beaucoup de nouvelles choses. Plus les années passent, plus il pense à relativiser par rapport à tout ça et à imposer son caractère beaucoup plus marqué que celui de ses frères sages et sans cesse guidés. Dans sa vie d'adolescent manipulateur, tout n'est pas forcément rose ni obligatoirement noir : il rencontre beaucoup de problèmes de santé, parvient à se faire une réputation et une notoriété scolaire qui attire la gent féminine, hésite à ce qu'il compte faire plus tard dans le domaine de ses études, devient l'heureux élu pour être le futur grand frère de deux petites sœurs... Ne le dites à personne, mais les cuillères en or dans la bouche n'assurent pas forcément le bonheur constant d'un enfant. Pour autant, son succès conventionnel plait beaucoup à ses parents et Jong Dae s'en sent heureux, confiant, quitte à chasser derrière lui toutes ses petites mauvaises expériences. La famille est-elle donc la seule et unique source fiable, en laquelle on ne peut réellement que croire, sans aucune autre distinction ? Jong Dae le croyait, jusqu'à cette fameuse autre rencontre.

C'est un peu au hasard qu'il fait sa connaissance. Jong Dae n'a aucun mal à se faire des amis et à s'imposer devant les autres mais avec lui, quelque chose semble changer. Son nom c'est Jin Ki, il est tout aussi doué, tout aussi intelligent, tout aussi riche. Jong Dae a un peu l'impression se voir en ce ce garçon : ils ont presque le même regard, quelques mêmes valeurs et un caractère étonnamment semblable. Même ses frères n'arrivent pas à la cheville de ce garçon, et Jong Dae ressent le besoin immédiat de s'approcher de Jin Ki, de faire de lui quelque chose qui lui appartiendrait. Il comprend bien vite qu'essayer de le manipuler comme un vulgaire pantin restera toujours vain et sans doute même hâtif, alors il rejette cette idée en ayant mûrement réfléchi. C'est plutôt avec un entrain et une convoitise surprenante que Jong Dae s'approprie Jin Ki, qu'il décide de faire de lui la personne qu'il couvrira de son regard : il se lie sans attendre d'amitié avec lui, avec ce gosse de riche exigeant et irrésistible. La crainte de voir quelqu'un devenir aussi proche qu'il ne l'est avec son nouvel ami Jin Ki en vient même à éveiller en lui l'égoïsme, éternel égoïsme, le plus fort et le plus enivrant qu'il n'ait jamais fréquenté jusque-là. C'est comme ça pour Jong Dae : autant il ne prête pas ses sucettes ni son regard à n'importe qui, autant il ne désire pas partager ce qu'il définit comme sien. Le temps passe et sa relation qu'il spécifiait comme étant de l'amitié prend un tournant ambigu, quelque chose que Jong Dae ne parvient pas à identifier ─ mais pour la première fois, ne pas savoir quelque chose ne lui pose pas de problème : peut-être même que c'est mieux ainsi, qu'il aime que Jin Ki chamboule le cours de ses pensées, juste comme ça. Ce sentiment est mieux que celui qu'il ressentait en regardant Soo; bien mieux, beaucoup mieux. Jong Dae ne s'en rend pas compte, mais son ami réveille en lui cette furieuse envie de s'intéresser à autre chose que les paragraphes ennuyants de ses cours, le succès progressif de ses frères et sa déception qu'a été Soo pour lui. Jin Ki est meilleur qu'une friandise, meilleur qu'un compliment de papa et maman, meilleur qu'une longue chevelure où l'on rêve de passer ses doigts ─ et tout ça, ça suffit à Jong Dae pour perdre la tête et se rapprocher dangereusement du Bae, auquel il pense sans le réaliser. Un soir où le Kim ne veut plus réfléchir, il s'applique à lui donner le meilleur des baisers et à s'enfuir comme un voleur, pincé par la poigne du désir inassouvi.

Jong Dae ne le dira pas à ses parents. Ni à ses frères, ni à ses amis, ni à n'importe qui d'autre. Il comprend bien vite, en prenant du recul, que ce qu'il ressent pour Jin Ki n'aura jamais intérêt à se faire savoir. Le Kim le sait, ce n'est pas de l'amour, c'est loin d'en être... Mais sa conception de l'amour est abstraite, voire erronée. Jin Ki est un ami, de toute façon, mais alors pourquoi veut-il toujours le toucher ? Pourquoi ne supporte-t-il pas ces sourires aguicheurs, que Jin Ki revêt tout le temps ? Pourquoi ne supporte-t-il pas ce rassemblement de filles, pressées tout autour de lui ? Mais parce que Jin Ki est sa propriété, sa possession. C'est Jong Dae qui l'a dit, cependant il comprend que tout cela ne risque pas d'être bien vu, alors le garçon cherche à compenser.

L'année de ses dix-neuf ans, alors qu'il poursuit son cursus scolaire avec enthousiasme, sa rencontre avec une pure inconnue se révèle être la solution, la chance qui sourit à Jong Dae, comme elle l'a toujours à peu près bien fait. Elle ressemble un peu à Soo, sauf qu'elle ne rayonne pas particulièrement de bonheur et qu'elle semble se cacher, longer les murs et sourire discrètement sans chercher à se contrôler. Min Na, elle s'appelle Min Na et elle marche d'une manière plutôt hésitante, en traînant presque des pieds. Jong Dae ne la connaît ni d'Eve ni d'Adam, et pourtant, sans trop savoir comment, il apprend à la connaître et à la courtiser comme il se doit. Jong Dae le sait : c'est une véritable occasion que de charmer Min Na pour l'avoir dans ses filets. Il la séduit, lui sourit tout le temps, comme pour lui montrer qu'il approuve chacune de ses paroles, lui tend la main pour qu'elle prenne la sienne. Tout cela n'est qu'un moyen de masquer ce qu'il a entretenu avec Jin Ki. Jong Dae peut ramener Min Na à la maison, ses parents ne lui diront rien : ce n'est pas une fille du meilleur parti, mais le Kim sait se débrouiller pour faire croire le contraire. Manipuler Min Na, manipuler ses parents : autant c'est conscient, autant c'est inconscient. Mais Jong Dae établit ce qu'il appelle la bonne cause ─ lorsqu'il faut savoir mentir et mettre de côté diverses choses pour parvenir à ses fins. Il n'y a pas à avoir peur des représailles, parce qu'il n'y en aura pas.

Alors Jong Dae dissimule. Une pierre deux coups, comme on dit : même si son étrange attirance pour Jin Ki ne le quitte pas, Jong Dae peut s'assurer de dissiper les éventuelles traces, en se glorifiant d'avoir une petite amie qui lui tient le bras dans la rue. D'un autre côté, ses parents sont persuadés que Min Na est en réalité une fille nantie et intelligente, et ils la trouvent même jolie. Ce n'est peut-être que pur stratagème, mais Jong Dae apprend également à s'habituer à la jeune démunie qu'est sa nouvelle petite copine. Il la trouve douce, délicate et réservée, à peu près ce qu'il aime chez une fille, mais Min Na est bien trop naïve et aveugle pour se rendre compte que Jong Dae ne ressent aucun amour passionnel pour elle. Il s'attache et son désir de la protéger et de la couvrir d'offrandes, autant pour la bonne cause que pour son petit plaisir, se voit grandir petit à petit, alors qu'il respire tous les jours la fragrance vanillée de la jeune fille. Mais Jong Dae en est encore sûr, encore convaincu : non, rien de tout cela ne relève du véritable amour.

S'il y a quelque chose que Jong Dae est sûr d'aimer, dans sa vie, ce sont les membres de sa famille (même ses frères, et surtout ses deux adorables soeurs) et le domaine de ses études. Les autres ? Il ne sait pas, il n'a plus su à partir du moment où il a vu que le mot « amour » présente plusieurs définitions dans le dictionnaire. C'est sans doute l'une des seules notions qu'il n'arrive absolument pas à comprendre, Jong Dae : peut-être qu'il en est malade mais qu'il ne le sait pas encore, comme un cancer que l'on ne décèle pas du premier coup. Pour le moment, Jong Dae comprend toujours et encore que le subterfuge est quelque chose d'avantageux et que si on le maîtrise, personne ne peut entraver le mensonge. Le mensonge, c'est comme une sucette : quand on commence, on n'a plus envie d'en terminer. Mais Jong Dae n'y a jamais pensé, ça : s'il se revendique être un menteur, ment-il encore, ou dit-il la vérité ?