2012 – Aéroport d’Incheon INT
Quand elle me parlait de musique, j'avais un sourire amusé, parce que moi aussi ca m'avait prit au Japon tout ça, les concerts sauvages dans la rue, les bars enfumés le soir et le sous sol pour répéter. J'avais adoré cette période de ma vie à vrai dire. C'était quelque chose que je ne pourrais jamais renier. Et j'étais même prêt a parier qu'une fois que j'aurais posé mes bagages, je referais de la musique. Sérieusement cette fois ci même. Mais je ne parlais pas de cette expérience a Dambi, après tout c'était son moment, et elle aurait la surprise un de ces quatre. Avant qu'elle n'admette que je lui avais beaucoup manqué. Je la regardais d'un air amusé avant de passer ma main dans ma tignasse blonde. Et de rire. « Tu m'avais manqué aussi Dambi. » C'était clair net et précis. Le premier qui oserait poser sa main dessus allait avoir de très gros problèmes. Foi de Nolan. J'éclatais de rire quand elle parlait de rentrer dans sa valise. Je lui adressais un sourire en coin avant de dire « La prochaine fois, tu voyageras sur un siége avec moi ouais... Dans une valise... Je te vois tellement essayer de passer la douane... » je commençais a rire a cette évocation. Avant qu'elle ne reprenne sur mes photos. Je lui adressais un sourire qui voulait dire 'tu verras tu vas les oublier avant moi' mais j'étais prêt a parier qu'elle allait se laisser un post it. Et tout un tas de mémo pour ne pas oublier que j'avais ces photos. Je connaissais le ouistiti. Enfin sur certaines choses, elle réussirait toujours à m'étonner. Elle avait peur que je fuis ? Comme si ça allait m'arrêter. Ca restait comme ma petite sœur, quoi qu'il arrive. Et surtout quoi qu'elle fasse. Je n'avais jamais été ce genre de personne, à tourner le dos aux gens qui m'étaient importants comme ça. Elle expliquait qu'Hana, c'était juste une histoire d'un soir. D'accord, jusque là je suivais ce qu'elle me disait. Vu le passif qu'elle avait, je ne pouvais pas dire que j'étais étonné, mais au moins elle avait l'air heureuse. C'était le principal. Avant qu'elle ne baisse la tête dans ses épaule en mentionnant un homme. Je lui jetais un regard perplexe. Un homme ? Avant de poser mon café sur la table. Toute trace de fatigue venait de disparaître de mon visage, j'étais attentif. Attentif parce que la réaction de Dambi n'était pas une de ses réactions normales. Parce que sa façon de dire ca me paraissait... étrange. « Un homme ? » Je lui jetais un regard en coin, un regard encourageant pour parler. Je n'allais pas me mettre à la lyncher en place publique parce qu'elle était bi. C'était hors de question. « Tu sais, je ne vais pas t'en vouloir si tu marche a voile et à vapeur princesse. » Tout en reprenant mon café, m'attendant a du léger. « Et c'est qui cet homme ? » que je sache si je devais préparer de quoi lui tomber dessus prochainement si il te faisait du mal, mais la fin de ma pensée restait bloquée dans ma tête. Je le pensais, et généralement, ce n'était pas le genre de choses que j'exprimais à voix haute. C'était un des trucs que j'avais développé avec Shin, ne jamais entièrement formuler sa pensée, surtout quand il s'agissait d'épée de Damocles. J'avais fais assez peur a Dambi quand j'avais littéralement pété les plombs sur son demi frère dans sa précédente famille. Et elle n'avait pas idée de tout ce que j'aurais pu faire à cet abruti si on ne m'avait pas retenu. Sentant que je risquais de m'énerver en y repensant, je reprenais une grosse gorgée de café avant de dire d'un ton léger « Et moi qui me trouvait cool d'avoir réussi a garder une nana pendant un an... Je suis déçu. Je suis un petit joueur d'un coup  »

2012 – Aéroport d’Incheon INT
Quand il m’avoua que je lui avais manqué aussi, c’était comme le plus beau des compliments pour moi, car Nolan, c’était mon roc, mon pilier, mon soutien. Celui sans qui je ne pouvais vivre. Il faisait partir de ma vie à part entière, et s’il n’existait pas, il faudrait l’inventer. Ces paroles, c’était le plus beau cadeau qu’il pouvait me faire. J’éclatais de rire en m’imaginant essayer de passer la douane toute recroquevillée dans la valise de Nolan. Je n’étais pas bien grosse et passerait facilement, mais la sécurité risquerait de penser autrement. « On penserait que tu te trimballes avec un cadavre dans tes affaires » plaisantais-je, en me tenant le bidon tellement je riais. Ca faisait du bien de le revoir et de rire de bon cœur. D’etre à nouveau moi-même. De se sentir à nouveau comme à la maison qu’on n’avait jamais eue. Je ne savais pas qu’est ce qu’il m’avait pris de faire allusion à Bom chan. Une ombre au tableau. Je n’aurais pas du. On était si contente de se revoir, j’aurais du aborder le sujet un autre jour, un autre moment. Ne pas lui dire d’entrée de jeu. Il allait le tuer. Il allait devenir fou. Je ne voulais pas qu’il perde ce sourire qui m’avait tant manqué. Il insistait, car il voyait que ce n’était pas un simple homme. Il me connaissait trop bien, même après des années passées loin l’un de l’autre. Je souris timidement en l’entendant qu’il ne me rejetterait pas parce que j’avais découvert être bi. J’étais rassurée sur ce point, mais loin sur d’autres. « Personne.. » murmurais-je en tentant de faire marche arrière. Je me souvenais encore comment il avait réagi face à mon ex demi-frère dans mon ancienne famille. Il avait failli le tuer si on ne l’avait pas arrêté. Et s’il disait le contraire pour me rassurer, je n’étais pas dupe. « Je n’aurais pas dû t’en parler, il est insignifiant. » Si Bom chan m’entendait parler de la sorte de lui, il me le ferait payer comme il en avait le secret. Heureusement pour moi, il n’était pas là. Je ris nerveusement, passant une main dans ma chevelure de boucles d’or, cachant ma gêne dans mon café, cherchant à détourner le sujet. « Oh ? Tu es sorti avec une femme pendant un an, et tu ne m’en as rien dis ? » Lâchais-je sincèrement étonnée. Voyant une perche qu’il me tendait là pour m’évader du pétrin dans lequel je m’étais mise, je posais d’avantage de questions. « Je veux tout savoir d’elle. Dis-moi tout. D’ailleurs, pourquoi vous n’êtes plus ensemble ? » j’étais comme ca, ne me rendant pas compte que mes questions pouvaient être sans gêne…

2012 – Aéroport d’Incheon INT
J’éclatais de rire en l’entendant dire que la douane penserait que je trainerais un cadavre dans la valise. Ce n’était pas faux, il fallait le reconnaître. Et avec ma dégaine d’occidental, je pouvais être sur d’être déclaré coupable avant même d’avoir pu dire le mot « vivant ». Mais elle avait un rire communicatif qui m’avait vraiment manqué. Je n’avais pas a me plaindre, j’étais avec Shin là bas… Mais Dambi était irremplaçable pour moi. Irremplaçable au point, ou j’étais sur que je pourrais retourner la terre pour elle. Elle était ma famille, comme Shin. Et elle abordait le sujet des amours, il y avait donc un homme qui semblait être un point important pour elle. Ou quelque chose de ce genre, et a voir son regard pas rassuré, je me demandais brièvement ce qu’elle avait bien pu faire pour penser que je pourrais la rejeter. « Tu sais que tu peux tout me dire hein ? » J’étais encourageant et j’avais un courage sans limite quand il s’agissait d’elle. « Si tu m’en parle, c’est qu’il n’est pas si insignifiant que ca, princesse. » Et je la voyais brièvement se crisper, gênée. Avant qu’elle ne reprenne sur la fille qui avait partagé mon lit pendant une année. J’éclatais de rire avant de lui faire un clin d’œil. Moi aussi j’avais mes petits secrets… Et n’étant pas un gros adepte des réseaux sociaux… Il était souvent difficile de savoir ce que je fabriquais. Et voilà Dambi qui me bombardait de questions sur qui c’était, et le pourquoi du comment de la rupture. Moi-même je ne savais pas exactement à vrai dire, mais ce n’était pas l’objet de la discussion… Je tournais la tête vers elle, avant de dire « Tu n’essaierais pas de noyer le poisson par hasard ? » Puis de rire de bon cœur, et de boire mon café. Je l’observais, elle me cachait quelque chose, mais j’ignorais potentiellement quoi. Pour ne pas dire, totalement. Et une sensation au fond de moi me disait que ca ne me plairait absolument pas. Mais j’étais souvent pessimiste avec mes émotions, c’était pour ça que je ne les écoutais d’ailleurs jamais. « Parle moi de lui, et je te parlerais d’elle. Ca te va ? » Je la détaillais tout en prononçant ses paroles, si nous n’avions pas été orphelins, j’avais dans l’idée que nous aurions vraiment été frères et sœurs, on avait toujours eu cette complicité, sans même la chercher. « Alors, qui est-ce ? Comment est-il ? » Puis de demander en demi teinte « Il te traite bien au moins ? » J’étais perplexe par son comportement. Alors plus j’en saurais mieux ca serait non ?

2012 – Aéroport d’Incheon INT
Je souris timidement pour tenter de le rassurer alors qu’il m’assurait que je pouvais tout lui dire. Un brin gênée, car ce n’était pas vraiment des révélations que je pouvais parler avec lui. Trop intimes. Trop malsaines. Il allait peter les plombs si il connaissait le fond de l’histoire. Je lui avais toujours tout dis. De A à Z. Jamais rien caché. Pourtant, cette fois, il allait pour le bien de tout le monde que je garde mon jardin secret scellé à double tour. Reprenant un peu de contenance, déviant la conversation sur lui plutôt que sur moi, j’ajoutais évasivement. « C’est juste qu’il m’a aidé à prendre mes marques quand j’étais un peu perdue. Et il est devenu une de ces personnes avec lesquelles on n’imagine plus nos vies. » Pour le meilleur et le pire. Surtout pour le pire avec lui. Cela, je le garais bien de le dire à voix haute. Pour essayer de me sortir de l’embarras, je tentais de le submerger de questions pour retourner la conversation à mon avantage, mais pas de chance pour moi, il ne perdait pas le nord, Nolan. Jamais. Ca, ca n’avait pas changé. Il n’avait pas vraiment changé enfait. Il était toujours ce grand blondinet au regard occidental qui s’inquiétait plus pour moi que pour lui. Je faillis m’étrangler avec mon café quand je l’entendis me renvoyer la belle une nouvelle fois. Je toussais, attrapant une serviette pour éponger le liquide brun qui était sorti de ma bouche. Très glamour pour des retrouvailles, n’est-ce pas ? Le rire taquin et joueur qu’il arborait me rassurait quelque peu, mais juste un peu. Comme de fait, ce mauvais pressentiment qui me serrait l’estomac avait de bonnes raisons d’être là étant donné que le jeune homme s’était mis en tête de censurer ma curiosité si je ne nourrissais pas la sienne. « Ai-je le choix ? » lâchais-je dans un demi-rire, mi-figue, mi-raisin. « Il s’appelle Bom Chan. Il est un peu plus âgé. » Comment lui dire qu’il s’agit d’un prof de mon école ? « Il me traite bien, à sa manière. » murmurais-je les yeux plongés dans l’arôme de mon café, n’osant les fixer dans son regard. Ce n’était pas faux au fond, Bom Chan s’occupait pas si mal de moi. Il avait son caractère, ses manières, sa façon de voir les choses qui était différente de la plupart des gens. Il avait tellement de colère en lui qu’il n’arrivait à exprimer. Je l’aidais à l’extérioriser. Trop douce. Trop insouciante. Un être de lumière qui ne voyait que le bien en toute chose, mais dans les ténèbres les plus noires. Nolan était-il réellement prêt à entendre que sa douce Dambi était devenu l’objet sexuel d’un grand méchant loup et qu’elle ne parvenait plus à se tirer de ses griffes acérées ? Ou était-ce elle qui incapable de le lui avouer ?