« we're just trying to find some color in this black and white world. »

naitre sur les terres d'israël n'a rien d'une partie de plaisir, et ça, personne ne peut mieux le savoir que toi. la guerre, l'injustice, la discrimination, le profit, la terreur. tu les as connu ces sentiments, ces expériences, et c'est ce qui a fait qui tu es aujourd'hui. tu aimais cette terre qui t'a bercé dans ton enfance, tu as aimé ces paysages, cette biodiversité, mieux encore, tu as aimé ton peuple, et ta patrie. ça a toujours été compliqué pour toi de garder ta langue dans ta poche, ce n'est pas dans ta nature. ça t'a coûté des regards méprisants de la part de certains, mais la plupart t'admirait, car tu osais parler, dire ce que tu pensais réellement de toute cette cacophonie. ça t'a foutu en l'air, que des étrangers veuillent décider de l'avenir de ton pays. après tout, votre capitale ne regarde que vous et personne d'autre. tu étais jeune, mais déjà tu savais que ce qu'ils faisaient n'était pas juste ni justifié. cette guerre de religion, tu ne l'a jamais compris non plus, car au final ce n'est pas ce qui importe lorsqu'on dirige ou vit dans un pays. peut être que c'est simplement toi qui n'arrive pas à comprendre comment la vie fonctionne, à vrai dire ce ne serait pas surprenant. idéaliste, c'est ce que tu es, tu rêves que les êtres humains puissent s'entendre entre eux sans en venir à brandir la hache de guerre, que des chefs politiques puissent diriger sans être synonymes de profit et mensonge, que la discrimination ne soit pas une mode, ni une manière de justifier des crimes odieux. tu n'es probablement pas le seul dans ce cas, pourtant, tu as toujours eu l'impression de l'être, car tu as bien vite réalisé que la vie en société, c'est comme essayer de débattre dans une pièce où personne de s'écoute parler.




vous avez déménagé lorsque tu avais quatorze ans. au départ tu n'as pas compris pourquoi la corée, après tout, c'est le laos que ta mère adore autant. ils ne t'ont jamais donné les détails de ce soudain changement de vie, préféreraient rester dans le vague et assouvir tes questionnements avec des réponses qui ne semblaient pas même en être. alors tu as simplement cessé de t'en poser. tu leur fais confiance, malgré le portrait tâché que vous êtes derrière celui parfait que vous tentez si bien que mal d'afficher aux yeux de tous. le foyer idéal ça n'existe pas, et le votre en est une preuve de plus. vous n'avez pourtant pas de problèmes particuliers au sein de la famille, vous vous respectez, vous aimez, vous laissez l'espace nécessaire dont vous avez besoin. mais peut être est-ce ça votre plus gros défaut, peut être qu'au final vous avez cessé d'être une famille, et que désormais, vous cohabitez.




gamin, tu avais des étoiles plein les yeux, tu croyais aux contes de fées que ta mère te lisait, car au fond tu espérais déjà échapper à la réalité. la peur, ça a été le quotidien de ton foyer. ta mère refusait de l'avouer, mais ça se voyait qu'elle regrettait d'avoir quitter ses terres natales, le laos. ton père, tu le voyais que rarement car trop occupé à tenter de vous sortir de cette situation. il avait de l'argent, ce n'était pas le problème, or, si ton paternel n'était pas assez présent à ton goût, c'est quand même lui qui t'a appris que l'argent dans la vie ne fait pas tout. il t'a appris que contrairement aux idées populaires, l'argent ne peut pas acheter le bonheur, ni même commander les matériaux pour le construire. père lui, ne cessait de t'expliquer que dans la vie, ce qui fait la différence, c'est le pouvoir. les hommes en sont assoiffés. c'est la plus belle ironie, car tandis qu'ils jouent des vies au poker et misent sur de nouvelles bases pétrolières, ils exploitent et ruinent eux-mêmes leurs propres ressources naturelles. ils ne vivent que pour ce paradis vert, sauf qu'eux aussi oublient que l'argent ne peut tout acheter, et qu'à un moment donné, ce sont les conséquences de leurs actions qui leur tomberont sur leur nez. tu admires de tout cœur ton père qui se bat contre la corruption, et qui malgré son aisance financière n'en profite pas pour construire un paradis fiscal et entretenir le profit. c'est lui qui t'a transmis cet amour pour la justice, pour l'équilibre, pour le droit. tu étais encore jeune et naïf quand tu pensais qu'il suffisait de lever la voix pour se faire entendre. les coups de bâtons et la répression n'ont pas eu besoin de se pointer pour que tu comprennes finalement ce que ton père t'a appris toute ta vie. si ce n'est la peur et la crainte, c'est le pouvoir qui intéresse les hommes, que cela les fascine, ou les intimide. ce n'est qu'avec cet outil en main qu'il est possible de faire changer les choses, de se faire entendre sans être interrompu par quelqu'un qui se juge d'une intelligence supérieure, ou d'une maturité plus prononcée. l'homme aime se prendre pour dieu, se glisser dans sa peau pour propager des messages qu'il pense justes, or qui est-il pour savoir si c'est réellement le cas ? on ne peut jamais faire confiance à un homme politique, c'est ce que la vie t'a appris. et qu'elle ironie c'est, pour un étudiant du domaine que d'affirmer qu'un homme seul au pouvoir n'est qualifié que pour pervertir et affliger sa population. tu soutiens ces autres civilisations d'antan, ces philosophes de l'époque qui étaient contre ces fausses démocraties. la démocratie est fondamentalement démagogique, c'est la domination de l'opinion c'est-à-dire du langage des préjugés, de l'incompétence.  le cordonnier poursuit une fin : fabriquer des chaussures, mais il ne lui viendrait pas à l'idée de conduire une bataille. inversement le stratège ignore ce qu'est la fabrication des chaussures, il y a donc différence des savoirs parce qu'il y a différence de fonctions. or la démocratie est ce lieu où tout le monde se croit compétent pour parler de tout. c'est là l'illusion. chacun dit « je pense que ». règne du mot incontrôlé, de la parole instable. si la politique est un savoir, la démocratie est un système absurde. il est absurde de voter au sujet de la vérité. c'est comme si on soumettait au vote un problème de mathématique ou de physique. la majorité peut se tromper, la vérité ne se décide pas au suffrage universel, et ça ça te révolte au final, de voir des incompétents au pouvoir, de les voir jouer avec des vies, avec la faune et la flore, à remplir les livres d'histoires avec de nouvelles guerres. ton rêve, ce serait d'être à leur place, de faire de ton mieux pour que ce monde tourne finalement rond, et qu'on cesse d'aimer ces catastrophes quand des gens manquent à l'appel. tu as beau avoir gardé ces étoiles dans les yeux, tu restes conscient que peut être que ton heure pourrait ne jamais arriver, pourtant, tu sais également que ça ne coûte rien d'essayer.