Une paillasse qui me sert de lit trop petite pour moi. Une cellule sale, parfois insalubre. Aucune intimité si ce n’est ces 4m² dans lesquels je suis enfermé 22H sur 24h. Heureusement que je ne suis qu’en jugement provisoire … Je n’ai eu droit à aucun coup de fil, à aucune visiteur. Pourtant incarcéré on bafouait mes droits comme le pire des criminels. Cette tenue bleue me donnait la gerbe. Je suis levé à l’aurore, lavé dans des douches communes où je peux sentir des regards lugubres sur moi. Nos repas ne sont que basique, composé d’une bouillasse infâme qui colle au corps. On est pas nourri, on est gavé, du plâtre qui durci dans l’estomac pour ne pas qu’on est faim. Ni friandise, ni cigarette, ni téléphone, ni jeu, ni rien … les esprits s’échauffent et je tente de me faire tout petit. Je ne suis ici que depuis deux jours pourtant j’ai l’impression que ça fait une éternité. Si ce n’était grâce à la fenêtre que j’avais dans ma chambre je pense que j’aurais perdu la notion du temps. Et pourtant ça fait deux jours … deux petits jours … je pouvais prendre jusqu’à 15 20 ans de taules … Comment est-ce que je pouvais supporter l’idée de passer ma vie enfermé ? Cette simple idée me faisait suffoquer. Je tenais le coup parce que je savais que Jin Hyun viendrait … lui qui va devoir apprendre la vérité … Maintenant que j’étais assis en face de lui je ne pouvais ni reculer, ni fuir. Il fallait qu’il sache, qu’il comprenne … Et j’avais peur. Peur de le blesser, peur de le perdre … Il parait qu’on ne choisit pas sa famille, mais je suis persuadé que dans cette vie et dans une autre, j’aurais toujours choisis Jin Hyun. Aujourd’hui, demain, je l’aurais toujours choisi. Il faisait partie de ma vie, dans nos veines coulaient le même sang. Il n’était pas qu’un cousin, il était un meilleur ami, un frère, un tout. Mon tout à moi. Je le fixais à travers la vitre et contenait mon émotion aussi difficilement que lui. Mais la colère qui me broyait le cœur m’aidait à rester impassible. Je passe une main sur ma joue et fait tomber le téléphone, trop peu habitué à avoir les mains liées de la sorte. Le gardien ricane et pose sur moins un regard moqueur. Je n’ai rien qu’un grand caïd ou d’un mafieux de haut niveau. Je ne suis qu’un gosse de riche qui a fait une connerie une fois dans ta vie. L’inquiétude que je peux lire sur le visage de Jin Hyun me tord le cœur. Je replace le téléphone correctement et souffle «  Je tiens le coup » en haussant les épaules. Je ris de moi. Je suis pathétique. En à peine deux jours … je suis devenu craintif et apeuré du moindre bruit. « C’est l’enfer ici… » murmure-t-il en tremblant légèrement. « Ils m’ont enfermé dans le secteur criminel … Hier un mec de la cafétéria s’est fait planter pour avoir doublé dans la file … les gardiens n’ont rien fait … » soufflais-je tout bas pour qu’il soit le seul à entendre. Je zieute par-dessus mon épaule et murmure «  Fais-moi sortir d’ici, appel un avocat, celui de la famille est très bon ... il … il pourra m’aider ? Ils ont refusé que j’appelle qui que ce soit … Mon père est au courant ? Tu sais si quelqu’un lui a dit ? Tu lui as dit ?! Dit lui de m’aider, de me sortir de là. » Oh oui, mon père est au courant mais … quand il l’a appris il n’a pas daigné lever le petit. Se contenant d’une moue contrariée. Il semblait plus expressif devant les courbes de la bourse. Il ne me voit que comme une petite contrariété qui peut être mise de côté. Mais ça … ça je ne le savais pas encore. « Et Min Ri ? » Ajoutais-je « Tu lui as dit ? Et faut aussi que je m’organise pour le SB Ride … Je ne peux pas laisser la boutique à l’abandon comme ça … je vais être criblé de dette … » Je paniquais, parlant encore et encore sans aucune suite logique à mes mots. Mes idées allaient trop vite et il fallait que tout sorte. «  Jin Hyun je ne peux pas rester ici tu comprends ? Aide-moi … » couinais-je en regardant en direction du gardien de peur qu’il ne me fasse rentrer dans ma cellule. Je m’étais rapproché de la vitre et posa ma paume contre en espérant pouvoir la pousser. Ou la faire disparaitre. Je fixais mon cousin comme un enfant prit au piège et répété dans un souffle « aide moi … »

 

J’avais l’impression de l’avoir trahi, aujourd’hui plus que n’importe quand. Apeuré à l’idée que ça puisse un jour ce savoir j’avais enterré ce secret au fond de mon esprit. Je pensais vraiment quand l’ignorant je pourrais commencer une nouvelle vie et que rien ne pourrait me rattraper. Mais le passé refait toujours surface. Il revient toujours au moment où on s’y attend le moins. J’avais eu peur à l’époque, peur pour moi, peur qu’on m’enferme mais putain … aujourd’hui je réalisais vraiment qu’une femme avait été morte par ma faute parce que je n’avais pas su réagir. Quoique je puisse dire pour me défendre, quoique je puisse prétendre j’avais été complice, j’avais été lâche. Je savais qu’il fallait que je prenne la responsabilité de mes actes mais c’était trop soudain pour moi malgré les années qui ont passé. Cette femme, Woori qui débarque avec un gosse sur les bras, Franklin, notre baiser, mes sentiments … C’est comme si soudain toute ma vie entière s’effritait et partait en morceau. Et chacun de ses actes n’étaient dû qu’à cause de moi. Ce n’était que ma faute si tout s’effondrait et je ne pouvais décemment pas fuir pour le reste de ma vie … alors peut être que si je commençais par assumer la mort de cette femme et en payer le prix, alors peut être que ma vie aurait maintenant du sens. Comme si mon mauvais karma habituel allait cesser. Et c’était toujours une façon de penser égoïste que j’avais là mais c’était que comme ça que je pouvais continuer d’avancer. L’expression de mon cousin était si douloureuse pour moi que j’avais du mal à la regarder. Je soufflais et enfoui mon visage entre mes mains éloignant un instant le téléphone de mon oreille à sa dernière question … J’allais le décevoir, mon sang ma chair, ma seule famille. J’allais le décevoir … Mordant ma lèvre je fixe mon cousin après avoir passé de longues secondes le visage enfoui dans mes paumes moites. Je sais qu’il a besoin de réponse et c’est légitime. J’essuie mes joues et reprends le téléphone plus adroitement. Je le regarde, sans jamais ciller et souffle dans la combiné « Incendie criminel et … homicide involontaire. » lâchais-je la voix cassée.  Je le fixais pour voir sa réaction et mes doigts se crispèrent encore plus dans le combiné. J’en avais les jointures blanches. «  Je suis dans tous les cas complice Jin Hyun parce que j’étais là … j’étais là et je n’ai pas arrêté le mec … parce que je n’ai pas réveillé la famille … je n’ai pas sortie l’enfant parce que … » ma voix se brisé quand je réalisai qu’il pouvait y avoir des micros dans les téléphones … j’avais chuchoté pour que le garde ne nous entende pas et je me tournais vers lui rapidement avant de me rapprocher de la vitre. « Juste après que Jin Hee m’ai plaqué j’ai … j’ai été en soirée avec des gars que je connaissais à peine, l’un deux à voulu entrer dans une maison pour faire une peur … j’ai suivis, sur le coup je trouvais ça marrant, je me foutais de tout, j’avais juste besoin d’adrénaline pour avoir l’impression de valoir quelque chose … » je marque une pause en passant une main sur mon visage. « C’était stupide pas vrai … ? » Je pince mes lèvres pour retenir mon émotion et lève mon regard vers celui de mon cousin «  J’ai laissé cette femme mourir parce que j’ai été trop lâche pour affronter le feu et les réveiller … j’ai appelé les pompiers et une ambulance mais c’était déjà trop tard … » Je détournais le regard en me laissant retomber contre le dossier de ma chaise et sentit les larmes me monter aux yeux, de rage, de colère. Quoiqu’on puisse en dire je mérite d’être ici. Je ne suis peut-être pas l’auteur de cet incendie, mais je reste un complice lâche. Je mérite d’être ici pourtant je ne supporte pas l’idée de passer les prochaines années de ma vie dans cet endroit … Si Jin Hyun connaissait toute la vérité comment me verrait-il ? Un inconnu ? Son cousin n’est qu’un inconnu pour lui parce qu’il n’a jamais assumé ce qu’il était devenu …
 

 

Non … je ne blaguais pas, j’aurais aimé. Ça aurait été de mauvais goût mais au moins j’aurais été libre. Juste un peu beaucoup con. Ouais, juste un peu à l’humour douteux qui prenait le malheur des autres pour un sujet comique. Je faisais cogner sans vraiment me rendre compte mes bracelets d’acier sur le combiné. C’est le cliquetis agaçant qui me sorti de mes pensées et qui m’arracha une grimace au parole de mon cousin. Je devais le décevoir, et c’était sûrement ça qui était le plus dur … tout du moins pour notre relation. Je considérais Jin Hyun comme un frère alors c’était peut-être ça qui m’avait poussé à ne rien dire, pour ne pas qu’il soit complice. Ou bien j’ai simplement été lâche et j’ai cru qu’à fermer les yeux je pourrais ignorer ce problème comme on ignore une chose que l’on déteste. Je soupire et baisse les yeux en signe de culpabilité. « J’ai été lâche, et j’ai eu peur. Je ne savais pas quoi faire et … j’ai cru qu’en ne disant rien les choses finiraient par s’effacer. Comme si ça, ça pouvait s’effacer. » Je me dégoûte moi-même, je me dégoûte encore plus de me remettre en question simplement parce que j’ai été attrapé. J’aurais continué de vivre ma vie tranquille, me réveillant quelques fois à cause de cauchemar et de sueurs froides, mais j’aurais toujours continué d’aller au cinéma, de boire un café et de rouler sur mes skates, pensant que la vie est belle. Ouais je n’ai plus jamais voulu repensé à cette famille que j’avais détruite par simple  … connerie humaine. J’ai cru qu’en gardant le silence ca n’existerait pas, comme si je pouvais avoir le contrôle sur le passé. Je réfléchis un instant avant de lui murmurer « Franklin et Min Ri. » Parce qu’elle avait deviné, parce qu’il m’avait poussé à parler. J’avais débarqué un soir chez Franklin dévasté par l’alcool et j’avais tout déballé. J’avais tout raconté sans me douter que mon meilleur ami finirait par tout balancer par vengeance. « Jin Hyun … » je me coupe  pour répondre à sa question et secoue la tête. « Non, y en a pas, pas matériel sauf si soudain un témoin apparait dans le dossier … mais les preuves il pourra les fabriqués il est flic. » Je marque une pause est éclaircie la situation « Franklin a tout fait pour que je termine ici, il savait alors il a monté un dossier solide pour m’enfermer ici. » Comment pourrait-il comprendre, il sait, il sait que le policier et moi étions des amis à la vie à la mort. Mon cousin n’a peut-être pas idée de ce que j’étais devenu mais quitte à être un lâche et un assassin, autant assumer mes tars jusqu’au bout. Pourtant une part de moi savait parfaitement que Jin Hyun serait capable de m’accepter avant même que je ne puisse le faire avec moi-même … mais la nouvelle risquait d’être encore plus choquante « Je …. J’ai … enfin si Franklin a fait tout ça c’est pour se venger de moi … j’ai fait un truc qui fait qu’aujourd’hui il me déteste. » pour ne pas changer de ces plans foireux dans lequel je terminais toujours. Je relève mon visage et affronte le regard de mon cousin pour lui souffler presqu’honteux qu’on puisse nous entendre. « Je l’ai embrassé. Deux fois. » la fois de trop celle qu’on ne peut pas pardonner. Je crispe mes doigts sur le combiné et guette la réaction de Jin Hyun. J’avais l’impression de tourner une série B insipide, sans intérêt et qui ne faisait fantasmer que la ménagère du dimanche.
 


 

« Je suis désolé. » soufflais-je à la fin de cette tirade remplie de reproche et de déception. C’est surement ce qui fait le plus mal. La déception dans sa voix, dans son regard, l’amertume et la colère. Je serre les dents en détournant le regard parce que dans le fond je suis en colère. En colère qu’il puisse penser que je ne lui fais pas assez confiance pour lui confier ma vie. Mais est-ce aussi facile que ça ? De tout balancer et de dire à haute voix nos pires erreurs. Je passe une main sur mon visage avec d’affronter le regarde de Jin Hyun « Ça n’a rien à voir avec la confiance Jin Hyun. » Assurais-je en serrant les dents «  Tu crois que c’est facile de réagir à ce genre de trucs ?! C’est vrai j’ai déconné y a 6 ans et ça j’aurais dû t’en parler mais j’ai flippé ! J’étais qu’un gamin qui pensait qu’en faisant l’autruche tout ça, ça serait oublié … ça serait moins grave … j’avais tort et j’aurais dû assumer mes actes bien plut tôt. J’ai voulu les sauver mais je n’ai pas réussi et qu’importe comment n tourne ça je suis coupable d’avoir foutu les pieds dans cette maison et de ne pas avoir arrêté ce taré ! » Je marque une pause en grimaçant, zieutant sur le gardien derrière moi en soufflant un coup comme pour chasser une nausée. Je gigote sur ma chaise, nerveux et pas  l’aise. J’ai ce poids sur le ventre, cette  peur de l’avenir, cette rage de la trahison, cette honte, ce regret de faire face à mon cousin ainsi … « Je ne pouvais pas te le dire … pas parce que c’est toi et que je ne voulais, pas parce que j’avais peur que tu me juges mais parce que … parce que je suis le premier a pas comprendre Jin Hyun … » Je ne sais pas si j’arriverais à lui faire comprendre. S’il pourra réaliser le bordel qu’il y a dans ma tête. « Je suis déjà pas capable de faire face à la situation, de la réaliser pleinement … que ce soit ce gosse ou F… lui. » Je serre les dents, une expression de dégoût crispe les traits de mon visage pendant une seconde. « Et ce n’était pas quelques choses que je pouvais te dire au téléphone … Ce n’était pas quelques choses que je pouvais t’avouer alors que tu bossais comme un dingue avec ta troupe. » J’avais peur qu’il prenne ça comme un reproche mais ce n’en était pas un. « T’étais pas là Jin Hyun, comment j’étais supposé te sortir dans un sms que j’étais peut être père et que ça déconnait complètement dans ma vie ?! T’as bien vu dans quel état minable j’étais à ton retour. J’arrivais à peine à me lever le matin. » Et je ne me cherchais pas d’excuses, ou peut être que si … Peut être que je veux juste qu’il comprenne dans quel état je suis. Je souffle en fermant les yeux posant mon front sur la vitre qui me fait fasse en lui murmurant « Je suis désolé de t’avoir blessé et de t’avoir déçu … ce n’était pas ce que je voulais Jin Hyun, je pensais que je pourrais gérer ça tout seul mais j’avais tort. Je ne savais pas comment te le dire … t’sais … c’comme si … » je me redresse en le fixant «  Comme si tout te raconter c’était rendre tout ça réelle. Et je ne suis pas prêt pour ça … mais j’ai plus le choix et je sais que je vais devoir prendre mes responsabilités et payer pour mes erreurs mais … » Je ne suis qu’un gamin de 25 ans qui sait pas comment faire face à tout ça.  J’ai pas envie. De ce caprice qui me serre le cœur à m’en coller des nausées. J’ai pas envie de devenir père, d’aller en taule, j’ai pas envie de … de l’aimer. J’ai envie de retrouver mon quotidien ennuyeux. J’ai envie de reprendre le cours chiant de ma vie. Pourtant … c’est fini maintenant. « Mais je le ferais. » Mais c’est tout In Su, maintenant arrête tes putains de conneries.