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Je m’étais toujours promis de ne rien regretter et d’assumer quoi qu’il arrive. C’était effectivement le cas, je n’essayais plus de me convaincre du bien fondé de mes décisions mais j’en étais réellement convaincue. Pourtant, en voyant Min Guk j’avais ce sentiment étrange qui m’animait. Je ne regrettais rien et pourtant je me disais que j’espérais que je n’aurais plus à me séparer de lui pour un aussi long moment par une aussi longue distante. On s’évitait encore du regard, on ne s’était pas encore dit grand chose sur notre vie actuelle, on ne se connaît plus vraiment et pourtant je savais qu’il m’avait manqué, et je ne voulais plus que cela arrive une seconde fois. Entre lui et moi il ne se passerait plus jamais rien mais en plus d’être le père de mon fils Min Guk avait une place spéciale à mes yeux. Il avait été mon premier amour et j’espérais qu’on arriverait à entretenir plus que des liens cordiaux dans le futur. Min Guk était ce mec drôle qui était près à se plier en 4 pour aider les autres, qui avait toujours été de bonne compagnie... et c’était ce Min Guk que je voulais retrouver et avoir de nouveau dans ma vie. « C’était compliqué au début, ils ont longtemps essayé d’entrer en contact avec ta famille mais je les ai empêché. Je savais que la dernière chose dont vous aviez besoin en plus de tout ça c’était d’avoir mes parents sur le dos. Maintenant c’est différent... ils savent que je suis rentré et que je cherchais à te voir pour revoir Min Yul. Ils ont compris qu’ils ont mal agit par le passé et m’ont assuré qu’ils étaient prêt à aider financièrement par exemple si toi ou moi avions besoin d’aide avec lui. » Ca a longtemps été houleux avec mes parents à ce sujet, mais aujourd’hui on a fait table rase du passé et ils sont prêt à aller de l’avant. Je ne savais pas dans quel situation se trouvait Min Guk avec notre fils, mais j’imaginais que ça n’avait pas du être facile tous les jours. Je ne sais pas s’il serait prêt à accepter l’aide de mes parents mais autant qu’il sache qu’elle existait.

J’étais désormais satisfaite de tout ce qu’on s’était dit, d’avoir réussi à vider mon sac et aussi de l’avoir écouté. J’avais cependant énormément de craintes concernant Min Yul parce que contrairement à Min Guk, il ne m’avait jamais réellement connu. Ca me réconfortait d’entendre les mots de Min Guk... au moins il avait connaissance de mon existence. Je me demandais néanmoins qu’est-ce qui pouvait lui passer par la tête. Est-ce qu’il m’en voulait, est-ce qu’il avait ce désir de me voir, est-ce que son père lui suffisait.... Seul le temps me le dirait. Les paroles de Min Guk ne me rassuraient qu’à moitié, mais j’essayais de ne pas trop me prendre la tête avec ça. De toute façon, je ne pouvais plus rien y faire. « Tu as fait en sorte qu’il soit bien entouré... c’est bon signe en fait qu’il n’ait pas eu à réellement souffrir de mon absence. » C’était un constat un peu amer, mais c’était peut-être mieux comme ça. L’évocation de la mère de son ami me rappela à quel point je ne connaissais rien de la vie actuelle de Min Guk à part le métier qu’il occupait. Est-ce qu’il voyait quelqu’un ? Etait-il en couple ? Ca ne me regardait mais je mourrais d’envie de savoir. Même s’il ne se passerait plus rien entre nous, je savais qu’intérieurement je ne pourrais m’empêcher d’avoir ce petit pincement au cœur en voyant la fille qui avait pris ma place, surtout sachant que moi je n’avais personne pour le moment. « Je l’imagine bien jouer comme un fou avec son ami, tu arrives à le canaliser parfois ? » Je souriais. Je ne connaissais rien de ce petit qui était mon fils mais des milliers de films me traversaient l’esprit. Je mourrais d’impatience de le voir. Je fouillais dans mon sac avant d’y prendre un petit carnet dont je déchirai une page. Je pris ensuite un stylo et j’y inscris mon numéro. « Tiens, ça te sera surement utile si tu veux me recontacter. » Je me permis de faire un peu d’humour, mais c’était parce que j’étais bien plus détendu qu’au début. « Je te laisse le temps de revenir vers moi quand tu veux, il vaut mieux ne pas se brusquer. » Je laissais un silence avant de continuer. « J’espère vraiment que tout vas bien se passer Min Guk... et puis, peut-être qu’on pourra redevenir amis. »

J’étais soulagé d’apprendre que les relations entre Yeong Mi et sa famille n’étaient pas aussi catastrophiques que celles que j’avais avec la mienne. Je me souviens de ses frères, de ses parents et de comment ils étaient tous ensembles. J’avais toujours été un peu jaloux de l’atmosphère qui régnait chez elle quand j’avais eu l’occasion d’y aller. A la maison, même si on était heureux, c’était compliqué. On avait du mal à joindre les deux bouts et faut dire que le quartier où on vivait, c’était pas un petit coin de paradis. Du coup être avec Yeong Mi, c’était comme vivre dans un autre monde. Un monde un peu moins glauque où le mot avenir veut dire quelque chose.

On avait fait tous les deux le choix de s’éloigner de nos familles parce qu’on avait jugé que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire. Elle, elle avait renoué. Moi j’étais pas encore prêt à le faire. Ca faisait quatre ans que j’étais pas rentré là-bas, quatre ans que je tenais Min Yul éloigné de toutes les personnes de mon passé. Mais le retour de Yeong Mi dans ma vie me faisait reconsidérer tout ça. Et notamment, à l’accepter dans la vie de Min Yul. Je lui souris alors qu’elle me parle de ses parents, prêts à aider en cas de besoin. « Je suis content de savoir ça. Tu crois qu’ils voudraient rencontrer Min Yul ? ». Je me posais la question autant pour sa famille que la mienne. J’avais soudainement l’envie d’appeler à la maison, d’entendre la voix de ma mère et de lui demander. Savoir si, après avoir été maman, elle voudrait être grand-mère. Maintenant que j’y réfléchissais, je l’avais privé de ça et mon père aussi. Quand je suis parti, c’était ma façon à moi de leur dire que si, j’étais capable de m’occuper de mon fils et tout seul, que j’avais pas besoin d’eux. Aujourd’hui encore, je n’ai pas besoin d’eux pour être un père mais Min Yul lui, peut-être qu’il avait besoin d’une famille, d’une vraie et de les connaître comme il avait besoin de connaître sa mère aujourd’hui.

« J’ai fait ce que j’ai pu mais on remplace jamais une maman tu sais ? ». Je sais qu’elle se pose beaucoup de questions sur son rôle de mère, j’ai dû me poser les mêmes en découvrant que j’allais plus devoir faire ma vie tout seul et qu’il fallait que je pense pour deux. Pour Yeong Mi, ce serait désormais pareil. Ça chamboulait pas mal de choses dans une vie et même si ça avait pas été tous les jours faciles, comparé au bonheur que ça procurait, les galères c’était vraiment rien. « C’est une vraie pile électrique et quand il est avec son copain, c’est comme avoir deux bulldozers à surveiller mais c’est que du bonheur de les voir s’amuser ensemble. Il est aussi très bavard et très curieux mais t’en fais pas, t’auras l’occasion de t’en faire une idée par toi-même ».

Je sens qu’il va être temps pour nous de nous séparer, à la façon dont elle cherche frénétiquement dans son sac pour trouver de quoi m’écrire son numéro. J’attrape le bout de papier qu’elle me tend, le regardant avec insistance comme si je craignais qu’il disparaisse. « Merci Yeong Mi. J’espère aussi qu’on y arrivera mais y’a de raison pour qu’on y arrive pas, non ? ». J’entends le talkie walkie accroché à ma veste grésillé, signe qu’il est temps de retourner bosser. « Il va falloir que j’y aille … », lui dis-je en pliant la feuille, la rangeant soigneusement dans ma poche. « Je te promets d’en parler à Min Yul et de te contacter dès que possible ». Je me lève et lui souris une dernière fois : « J’ai été content de te revoir Yeong Mi. Prends soin de toi et à bientôt ».

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La pression était redescendue et on pouvait dire que j’étais plus ou moins apaisée maintenant. Mes craintes n’étaient pas totalement dissipées, je me posais encore mille questions. Mais je préférais me satisfaire du moment présent pour l’instant et la petite victoire acquise aujourd’hui même si c’était la première d’une supposée longue série. « Bien sûr que oui... ma mère est impatiente, elle ne fait que me demander si j’ai réussi à reprendre contact avec toi. » Il y a trois ans je n’aurai jamais cru pouvoir prononcer une phrase pareille. Si j’étais écouté ma mère, Min Yul serait probablement dans une famille d’adoption aujourd’hui. Mais de l’eau avait coulé sous les ponts, et il fallait savoir pardonner, surtout ses proches. A cette époque, nous avions tous commis des erreur, moi la première, mais ma mère et moi recommencions enfin à redevenir proche. Je savais que Min Yul allait nous rapprocher encore plus. En tout cas, je savais qu’elle pourrait m’aider moralement et financièrement, et c’était une bonne chose.

Je l’écoutais et ses mots me touchèrent. J’avais du mal à assumer ce rôle de mère qui était encore nouveau pour moi, mais ses mots m’encourageaient à endosser ce « poste ». « Je pense que tu as assez fait pour nous deux, je n’en ai aucune doute. » dis-je pleine de conviction. Et je le pensais. Il avait dû passer par de nombreuses phases difficiles, et je savais qu’il me faudrait du temps pour faire le dixième de ce qu’il avait fait pour notre fils. Mais je savais qu’avec le temps, je réussirai à me faire ma place moi aussi dans la vie de mon futur bout de cou. « Tu me donnes tellement envie de le voir ! Je n’ai pas d’amis qui ont des enfants, j’espère qu’il ne s’ennuiera pas trop. » lâchai-je alors sans trop réfléchir. Je pensais plus à voix haute qu’autre chose, ce n’était pas forcément adressé à lui. D’ailleurs, je m’empressai de lui tendre mon numéro de téléphone pour ne pas m’attarder sur ma réflexion.

« Tu as surement raison. » répondis-je à sa remarque sur notre possible amitié futur. J’aurais aimé discuter avec lui plus longtemps, mais nos obligations réciproques nous obligeaient à vaquer à nos occupations. Je comprenais qu’il devait retourner surtout à son poste. « Je comprends, moi aussi j’ai été ravie de te voir, j’espère qu’on se reverra bientôt. » Je le regardai s’éloigner, sans vraiment réaliser ce qui venait de se passer. J’imaginais déjà notre prochain rendez-vous, cette fois-ci avec la présence de Min Yul.