Comme un spectre, il virevolte sous les néons publicitaires qui crépitent au-dessus de sa tête, danse sur les ponts en défiant la hauteur et le vertige qui lui prend aux entrailles. Il joue sans cesse de lui, des autres, de ce qui l'entoure. Certains le disent fou, lui se pense juste enfant. Enfant imprudent qui aime un peu trop les risques, un peu trop la sensation du sang qui bat fort dans ses tempes, qui afflue vite dans ses veines et de son cœur qui palpite -boum boum- entre ses côtes. Il aime ça, sa cam, l'adrénaline, tout ce qui lui permet de se sentir plus puissant ou plus vulnérable qu'un insecte. Le goût du danger, titiller la mort sans jamais la côtoyer vraiment. Il adore ça.

Kim Jin Woo c'est ce gars que les gens préfèrent éviter, qu'on déteste et qu'on insulte à voix basse parce qu'on craint qu'il nous l'entende et qu'il fasse de nous sa proie. Parce qu'une fois qu'il nous tient entre ses griffes, il est semblable à un fauve. Un coup de croc sur la nuque, un bruit d'os et plus rien. On plonge dans ses pires noirceurs pour ne plus en ressortir, piégés dans les flammes de la géhenne. Ouais, il adore ça.

Jin Woo, c'est cet ange déchu à qui on a brisé les ailes et qui s'est peu à peu métamorphosé en incube, en diablotin. Sali et corrompu par les sept péchés, il vient flirter avec les quidams les plus pures pour étaler sa souillure, leur faire connaître cet univers sordide auquel il appartient. Cet univers un peu bancal, un peu dangereux dans lequel il a appris à se forger, à se construire un masque à double face. Un côté sombre – connu de tous –, et un côté opalescent que peu on pu entrapercevoir seulement.

Il est l'identique d'une pièce qu'on met en équilibre sur son pouce et qu'on jette en l'air. Pile ou face. Le bon ou le mauvais. Tout tient de celui qui sera le plus chanceux.

Mais une fois le masque tombé, c'est un autre visage qu'on découvre. Celui du véritable Jin Woo. Celui un peu renfermé, un peu frêle, qui a peur de ce monde un peu trop grand pour lui. Un peu trop fort contre lequel il a du mal à lutter. Ce n'est plus ce prédateur plein de confiance, crocs et griffes sortis, oh non. C'est ce jeune homme un peu mal dans sa peau, qui déteste le reflet que lui renvoie son miroir, qui déteste cette fragilité dont il peut faire preuve. Qui se déteste juste autant qu'il se fait haïr. Et qui, au final, n'adore peut-être pas tout ça.