✻✻✻ Allongée dans mon lit je fixais cette bague de fiançailles que je faisais tourner entre mes doigts. Elle était si belle que j’avais peur de ne pas la mérité, vous savez comme lorsque ces filles quelconques porte une tenue de luxe qui les font se sentir encore plus misérable qu’elles ne le sont déjà … C’était l’effet que me faisait ce bijou, beaucoup trop bien pour moi. Non pas que j’avais une basse estime de moi-même mais c’était toujours délicat de se retrouver face à de tel engagement. Pourtant c’était une bague comme une autre, elle ne représentait qu’une aide que j’apportais à un ami précieux. Pourtant … Pourtant aujourd’hui j’avais pris la décision d’agir comme si cette bague … représentait bien plus. J’avais besoin de réponse. J’avais besoin de comprendre, de savoir. Je devenais dingue à ne pas comprendre ce qui se passait dans sa tête. On était quoi l’un pour l’autre ? Un jour on est en couple, le lendemain on se sépare, pourtant dès l’instant où on se retrouve c’est comme si la terre entière cessait de tourner et que son absence n’avait jamais existé. Alors expliquez-moi … expliquez-moi pourquoi tout semblait si compliqué ? Soupirant je me redressais et quitta ma chambre en passant par la cuisine Pyo où j’avais préparé à manger pour Min Soo. Rare avait été les fois où j’avais pu aller le voir à l’hôpital voulant un peu d’intimité avec lui mais croisant sa sœur sans cesse. Puis il m’avait souvent surpris avec un regard un peu trop longtemps posé sur lui qui transpirait la culpabilité. Le trajet jusqu’à chez lui me parut à la fois si cours et si rapide. Le stressait ne cessait de monter. Pour ne pas me détourner de mon chemin j’avais décidé de prendre le bus, puis depuis l’incendie j’avais du mal à conduire, à me concentrer et j’avais du mal à retourner près de l’école même si les cours n’avaient pas encore repris officiellement. J’avais des flashbacks et des cauchemars qui me réveillaient en sueurs la nuit. Principalement des images de Min Soo se vidant de son sang ou la sensation de bruler dans le feu. Je frissonne et secoue la tête en fermant mon journal intime dans lequel je rédigeais mes pensées pour me déstresser. J’arrivais de toute façon. Je descendis rapidement du bus et marcha jusqu’à la demeure de Min Soo. Je faisais tourner cette brague autour de mon doigt et à l’instant où je sonnais je ne pus m’empêcher de cacher le caillou brillant vers le creux de ma main, comme pour le cacher. Je n’étais pas certaine que ce soit Min Soo qui m’ouvre, ça pouvait être sa mère, ou son père ou pire … sa sœur. Je crois que dans tous les cas je préférais que ce soit la femme de ménage … Après tout elle n’aurait qu’à me mener directement à la chambre de Min Soo ou qu’importe où il se trouvait si je pouvais juste éviter sa famille … J’avais l’impression que ma culpabilité s’exacerbait quand je les croisais. Passant une main fugace dans mes cheveux je me tenais bien droite devant la porte tenant mon sac de nourriture bien en évidence, un sourire doux et nerveux aux lèvres.

Ça fait quelques jours que je suis sorti de l’hôpital… Quatre petits jours, quelque chose comme ça. Pourtant, c’est comme si je m’y trouvais encore… Je n’ai pas bougé une seule fois, depuis que je suis ici. Je tourne en rond tel un lion en cage, dans cette maison qui me parait être beaucoup trop grande lorsque je m’y retrouve seul. Seul, comme c’est le cas en ce moment même d’ailleurs… Enfin, si on oublie la femme de ménage… Mon oncle et ma tante travaillent toute la journée, quant à ma sœur… Un mois est passé depuis que cet incendie a eu lieu et elle m’en veut toujours. Bon, c’est vrai… C’est quand même un peu mieux qu’avant. On se parle de nouveau. Toutefois, lorsque c’est le cas, je peux toujours ressentir cet amertume, cette froideur à mon égard, dans ses paroles... La même froideur que j’ai ressentie, ce jour-là, à l’hôpital. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir tout tenté pour qu’elle me pardonne. Mais quoique je dise ou que je fasse, elle finit toujours par me renvoyer ma promesse non tenue en pleine gueule, comme si je ne culpabilisais pas déjà assez… Comme si ça ne me faisait pas déjà suffisamment mal comme ça de savoir que j’avais presque failli l’abandonner à mon tour… Laissant donc échapper un faible soupir à ces pensées, je sors de ma chambre et prends la direction de la cuisine. Mais je fais à peine quelques pas dans les couloirs que j’entends la voix de la femme de ménage s’élever. « Monsieur Kwon ?! Vous avez besoin de quelque chose ? » Une nouvelle fois, je soupire. Quand ce n’est pas ma tante qui est sur mon dos, ce sont nos employés de maison. A croire que je ne suis plus capable de m’occuper de moi-même, tout seul. « Ça va, Min Jee. Je vais me débrouiller… » Elle m’adresse un sourire, auquel je réponds par un simple hochement de la tête, en reprenant mon chemin. Puis, une fois dans la cuisine, j’attrape rapidement un paquet de gâteaux que je commence à ouvrir. Franchement… Dès que cette fichue épaule ne me fera plus souffrir, il faudra vraiment que je songe à reprendre la muscu à fond parce qu’à part bouffer, dormir et jouer sur les consoles de ma sœur, j’fais pas grand-chose de mes journées. Et à ce rythme-là, dans quelques semaines, on pourra m’appeler bouddha… Riant doucement de ma propre personne, je me redirige vers ma chambre. Cependant, et pile à ce moment-là, la sonnette de la porte d’entrée retentit. J’échange alors un regard avec la femme de ménage et la gratifie d’un « J’y vais… » alors qu’elle retourne vaquer à ses occupations. Posant ensuite le paquet de gâteaux sur la table du salon, je vais finalement ouvrir et tombe nez à nez avec… « Su Nah ? » J’arque faiblement un sourcil et laisse échapper un « Salut… » avant de remarquer ce sac qu’elle tient dans ses mains. Un faible sourire en coin prend alors possession de mes lèvres et j’ajoute : « Va s’y, entre… » J’me décale ensuite légèrement sur le côté, pour qu’elle puisse rentrer, et referme la porte derrière elle, avant de constater que Min Jee nous observe, curieuse. Levant alors les yeux au ciel, j’indique à Su Nah le couloir qui mène à ma chambre et lâche un « C’est par là… » pour finalement lui emboîter le pas, non sans attraper le paquet de gâteaux à la volée. Une fois dans mon antre, je m’assoie sur ma chaise de bureau, avant d’effectuer un mouvement de la tête vers mon lit. « Assis toi, fais comme chez toi… »

✻✻✻ Je suis soulagée de voir que c’est lui qui m’ouvre. Souriant en rougissant je lève doucement la main pour accompagner mon faible «  Salut … ». Il repère le sac et me laisse entrer ce que je m’empresse de faire sans perdre plus de temps. Je pose mon regard le temps d’une seconde sur son épaule blessé en passant à côté de lui. Il a beau avoir passé de longues semaines à l’hôpital je n’arrive pas à me retirer l’image de lui étendu sur le sol contre moi de la tête. J’espère qu’il ne souffre pas trop et que son épaule va rapidement cicatriser.  J’ose à peine lui demander des nouvelles de peur de l’agacer alors je me contente de le regarder de loin et de me dire que tout va bien. Oh bien sûr j’ai pris de ses nouvelles, je suis allé le voir à l’hôpital en priant pour ne pas tomber sur sa sœur qui semblait lui en vouloir … Maintes fois j’ai pensé à aller lui parler, pour m’excuser, mais je ne suis pas sûre qu’elle soit encline à m’écouter. Puis je préférais les laisser gérer leurs histoires de familles entre eux. J’étais persuadée qu’à m’en mêler j’allais aggraver plus qu’autre chose la situation. Retirant mes chaussures d’un geste rapide, je souris en le suivant rapidement, saluant au passage cette femme qui nous regardait. Je m’incline rapidement avec un sourire doux en la voyant. Je regardais autour de moi peu habituée à venir ici. C’était vraiment magnifique. J’oubliais parfois que les parents de Min Soo avaient de l’argent. Arrivée à sa chambre je ne pus retenir un rire en apercevant le poster géant de Megan Fox. « Alors c’est elle qui te tien chaud quand tu dors ? » plaisantais-je en laissant glisser mon regard sur le poster. « Jolie. » évidemment, c’est qu’il avait du goût Min Soo, assez pour que je lui plaise. Oui c’était tout à fait suffisant de ma part de penser ça mais pourquoi se mentir ? Faisant le tour de sa chambre du regard je remarque un énorme ours en peluche qui trônait dans un coin de la pièce ce qui m’arracha un sourire. Je n’ai pas la moindre idée de comment cet ours s’est retrouvé ici mais il me surprend. Je trouve ça toute fois mignon. Je ris doucement «  Une fan ? » lançais-je en lui montrant l’ours. Je retire ma veste en cuir pour me retrouver en pull bordeaux et ma jupe grise que je lissais brièvement avant de m’asseoir. Je posais le plat de nourriture à côté de moi, le sac en plastique se froissa légèrement dans un bruissement qui me rendait nerveuse. Frottant mes mains l’une contre l’autre je me recule encore un peu et croise les jambes en prenant appuie en arrière sur mes mains. « C’est comment de rentrer à la maison ? Ça fait du bien pas vrai ? » Demandais-je avec un sourire doux en le regardant, la tête penchée sur le côté. Mais j’avais beau faire tous les efforts du monde je n’arrivais pas à le regarder dans les yeux, tout du moins à soutenir son regard plus de quelques. Je finissais toujours par détourner les yeux en mordillant ma lèvre. Je me relève pour venir poser devant lui le sac de nourriture « Je t’ai fait ton plat préféré. » J’esquisse un nouveau sourire timide et si d’ordinaire j’aurais pris mes aises pour m’asseoir sur ses genoux, cette fois ci je retournais rapidement m’asseoir sur le lit en me calant le dos contre le mur. Je fixais la télé éteinte en face de moi et posait mon regard n’importe où sauf sur Min Soo.

Je suis quelque peu surpris de la voir là. Faut dire que lorsque j’étais à l’hôpital, je ne l’ai pas vu énormément. Et depuis que j’en suis sorti… Et bien, je ne me rappelle pas l’avoir vu une seule fois, en fait. Et si, en ce qui concerne le premier point, je sais que ma sœur y est pour beaucoup, cette dernière ayant plusieurs fois reconduit la Pyobeom quand celle-ci venait me voir, pour ce qui est du second point, j’avoue que je suis un peu plus sceptique. J’ai bien reçu quelques sms de la part de la jeune femme, ces derniers jours, mais ça s’arrêtait là. M’enfin bref. Tout ça pour dire que je suis content de la voir. La gratifiant donc d’un sourire, je la laisse entrer puis nous prenons la direction de ma chambre et, une fois dans celle-ci, je m’installe sur ma chaise de bureau, avant de laisser échapper un faible rire aux paroles de la jeune femme, suivit d’un « Si seulement… » dans un murmure. Bah quoi ?! Quel mec ne rêverait pas de se retrouver dans le même lit que Megan Fox ? Bon, à part les homo, cela va de soi. Et encore… J’suis sûr qu’elle serait capable de les rendre hétéro. Mais passons. Observant la rose, tandis qu’elle scrute rapidement ma chambre – c’est vrai que c’est la première fois qu’elle y met les pieds – je jette moins aussi un coup d’œil vers l’ours en peluche qui se trouve dans un coin de ma chambre, le genre de truc qu’on ne me verrait certainement pas posséder, et lâche finalement sur un ton des plus évidents « Non… Mi So… » mais un tantinet las, également. Heureusement que c’est ma meilleure amie, je l’aurais certainement jeté sinon… Oui, oui… Cadeau ou pas, s’il ne s’agissait pas d’un présent de Mi So, je m’en serais sûrement débarrassé depuis belle lurette. J’suis comme ça. J’suis pas du genre à m’encombrer de quelque chose qui ne m’est pas utile. Parce que oui… Un ours en peluche, c’est inutile. Et je vous arrête tout de suite… Non, je ne dormirai jamais avec ! J’préfère encore qu’on m’arrache un bras. D’ailleurs, en parlant de bras, un faible sourire prend possession de mon visage quand la rose évoque mon retour à la maison, et, une nouvelle fois, je fixe la jeune femme qui semble, pour je ne sais quelle raison, quelque peu… gênée. Oui, gênée est le bon mot. Toutefois, je m’abstiens de lui faire une remarque à ce propos et me contente d’hausser faiblement les épaules, avant de m’exclamer : « Ça dépend ce que tu entends par "faire du bien"…» Certes, quitter l’hôpital fut presque une délivrance pour moi mais de là à dire que ça fait du bien d’être de retour à la maison… J’sais pas trop. Je finis toutefois par ajouter : « Mais ouais, on va dire ça comme ça. C’est toujours mieux que de se trouver entre quatre murs blancs, après tout… » Par chance, ce n’était pas entre quatre planches. « Et toi ? Ça va ? » Je la regarde, une nouvelle fois, puis, finalement, la jeune femme se lève et me donne la poche qu’elle a apporté. Je la gratifie alors d’un « Merci… » et dépose cette dernière sur mon bureau, avant de reporter mon attention sur la Pyobeom qui vient de reprendre place sur mon lit. « Et sinon ? Qu’est-ce qui t’amène ? » Je lui adresse un sourire en coin, légèrement moqueur, et ajoute sur un ton allant de pair avec l’expression que j’arbore : « Ne me dis pas que tu es juste venue pour m’apporter à bouffer ?! » C’est pas comme si je manquais de bouffe, maintenant que je suis de retour à la maison…

✻✻✻ Assise dans son lit je réfléchissais à comment lâcher la bombe. Comment lui avouer. Comme lui faire comprendre. C’était tordu, c’était con, c’était pire tout mais c’était la réalité, ma réalité. J’osais à peine le regarder, je souriais quand il parlait, j’acquiesçais, tentant de lâcher quelques rires maladroits qui sonnaient si faux que je me maudissais moi-même. J’avais qu’une envie c’était de me lever, de le retrouver, de l’embrasser et de me blottir contre lui. J’avais qu’une envie c’était qu’il me rejoigne sur son lit et qu’il me prenne dans ses bras. Au moindre de ses mots je serais capable de toute annuler, de courir voir Hyo Jin et lui dire que je ne pouvais pas. Mais je vivais dans une belle utopie et Min Soo ne prononcera jamais les mots que je veux entendre, pas maintenant, ni plus tard … vu que je vais tout gâcher. Je prends son coussin entre mes bras et le tripote en regardant distraitement mes jambes que j’ai étendues devant moi. Autant dire que je prends mes aises sans même vraiment m’en rendre compte. J’ai peur de la vérité parce qu’en posant mon regard sur lui je me rends compte qu’il peut s’éloigner, que je peux le perdre, autant que mon presque mensonge pourra le faire fuir … Je me redresse et laisse tomber le coussin à mes pieds. « Tu sais quoi j’en ai marre Min Soo. Marre de devoir faire semblant, d’essayer de comprendre ce que tu caches dans ta tête. J’en ai marre d’être la stupide fille de l’histoire qui se demande si tu l’as verras autrement un jour qu’en amie bonne à sauter. Parce que je n’ai pas respecté les règles moi. Parce que j’ai triché et je crois que je suis tombée amoureuse de toi. Non en fait c’est même sûr ! Parce que t’as pas la moindre idée de ce que ça me fait quand je te vois, ni de la peur que j’ai eu quand j’ai cru que t’allais crever. Ouais tu vois moi je suis l’idiote qui crèverait pour que tu l’aimes un peu en retour. Tu vois moi je suis la conne de l’histoire qui te veut, qui te veut tellement qu’elle fait n’importe quoi dans sa vie ! Je vais me marier. T’y crois ça ? Dans quelques jours je vais me marier, avec Hyo Jin. Et je ne sais pas ce que je regrette le plus ! Que ce ne soit pas toi à mon bras ou que je n’ai jamais compris ce qu’il y avait dans ta tête ! Et c’est horrible de dire ça, parce qu’il mérité pas ça, tu ne mérites pas ça ! Ce n’est même pas un vrai mariage en plus mais est-ce que ça changera quelque chose pour toi ! J’aimerais tellement que ça te fasse réagir ! Réagis putain ! Et je ne sais plus si je suis une personne détestable ou si je suis juste une fille paumée. Putain Min Soo je ne peux pas continuer comme ça j’ai trop besoin de toi tu le comprends ça ?! » Essoufflée, les yeux rougies, pathétique … C’est sûrement comme ça que j’aurais terminé si j’avais osé lui balancer tout ça. Je regarde le coussin à mes pieds et sort de mon mutisme alors que je le fixais depuis 5 minutes en imaginant ses mots dans ma tête. Je ne sais pas comment lui dire, je sais même pas si j’arriverais à tenir jusqu’au bout alors je me contente de me rassoir, comme l’indécise que je suis. Je glisse mes mains sous mes cuisses, il doit me trouver complètement à l’ouest. Et il aurait raison de penser ça … « Je vais me marier. » Je n’ai pas envie de chercher de jolie formule, t’façon y en aura pas. Je suis presque gênée de le dire, et un poil hargneuse aussi. C’est bizarre putain. « Je vais marier dans une semaine avec Dae Ki. » J’affronte son regard parce que je ne veux pas manquer sa réaction. Je vais me marier Min Soo, ça te fait quoi ?

Quand je regarde la Pyobeom, j’ai l’impression de la revoir deux ans en arrière lorsqu'elle était encore cette jeune femme un peu trop timide. Cette jeune femme qui parvenait, à peine, à soutenir mon regard. Et c’est quelque peu déstabilisant… Elle est bizarre, depuis quelques temps. Surtout depuis l’incendie qui a ravagé l’université, en fait… D’ailleurs, à propos de celui-ci, je sais qu’elle culpabilise. Je sais que malgré le fait que je lui ai plusieurs fois répéter que ce n’était pas de sa faute, la jeune femme se sent coupable de ce qu’il m’est arrivé. Et, je l’avoue, cela a tendance à m’agacer légèrement… Je ne fais cependant pas de remarque à ce sujet, ne souhaitant pas que le malaise qui s’est, sans aucun doute, installé entre nous ne s’accentue, puis, une expression quelque peu taquine sur le visage, je finis par demander à la jeune femme ce qui l’amène. Faut dire que je ne m’attendais pas à la voir. Surtout ici… Toutefois, sa réaction me surprend un tantinet et, alors qu’elle vient de se lever brusquement du lit, je me contente de l’observer, en arquant faiblement un sourcil interrogateur. Je ne sais pas ce qui lui prend mais, je l’avoue, ça m’inquiète un peu. Brisant donc le silence, au bout de quelques secondes, je laisse échapper un « Euh… Su Nah ? T’es sûr que ça va ? » mais la jeune femme s’obstine à ne rien dire et continue de me fixer. Jusqu’à ce que, finalement, elle ne décide de se rasseoir. Et ce qu’elle finit par m’annoncer a le don de me laisser sur le cul… Littéralement. Laissant donc échapper un « Quoi ? », une moue des plus surprises s’empare de mon visage. Pendant un instant, je crois même avoir mal entendu. Je la regarde alors, cherchant certainement à lire sur son visage quelque chose qui la trahirait et m’indiquerait qu’elle plaisante. Sauf que non… Il n’y a rien. Je ne vois rien. Et, c’est sans compter sur la rose qui décide finalement de se répéter, m’arrachant alors un « T’es sérieuse ?! » J’ai du mal à y croire. Vraiment… D’ailleurs, je peine tellement à y croire et la nouvelle me parait tellement absurde, que je ne peux m’empêcher d’exploser de rire. Mais d’un rire franc... Si franc que si je pouvais pleurer, j’en aurais certainement les larmes aux yeux, à force de trop rire. Toutefois, remarquant que la jeune femme, de son côté, semble être tout ce qu’il y a de plus sérieuse, je tente finalement de me calmer et demande : « Et c’est pour ça que t’es venue jusqu’ici ? Pour me dire qu'on va te passer la bague au doigt ? » Je laisse de nouveau échapper un rire mais, bizarrement, celui-ci sonne beaucoup moins franc que le précédent. Vous savez ? C’est ce genre de rire un brin amer et quelque peu frustré que vous lâchez lorsque vous avez l’impression que la personne en face de vous se fout méchamment de votre gueule. Parce que ouais… C’est clairement l’impression que j’ai. « Sérieux, Su Nah… » Ouais, je l’ai mauvaise… Parce que cette nana qui, il y a un peu plus d’un mois, m’assurait encore qu’elle ne sortait pas avec son patron et qu’il n’y avait rien entre eux, vient finalement m’annoncer qu’elle est sur le point de se marier avec lui. Dans quelques semaines, s’il vous plait… Si ça c’est pas du foutage de gueule, je n’sais pas ce que c’est. « Et ça fait longtemps qu’il t’a fait sa demande ? »

✻✻✻ Arrête de rire. Arrête de rire Min Soo parce que moi je ne blague pas. Moi je suis là, devant toi. Je suis devant toi et tu vas me perdre si tu ne parles pas. Si tu ne dis pas ce qu’il faut … Retiens-moi.  Empêche-moi de faire ça. Empêche-moi de tout gâcher entre nous. Ce soir je joue notre relation, je pari : quitte au double. Parce que tu sais,  même si tu ne le comprendrais pas, ce soir je parie sur toi. Sur nous. Je parie sur le fait que tu pourras ouvrir les yeux suffisamment grand pour remarquer que toi et moi on a quelques choses. On est quelques choses. Les jours passent et se transforment en semaine, puis en mois, puis en année. Combien de temps a passé depuis que je me perds entre tes bras. N’était-ce qu’un passe-temps pour toi ? Ne vois-tu pas à quel point je t’attends ? And close ain’t close enough. J’attends Min Soo, je t’attends toi et je fais que des conneries. Je le sais, je suis comme ça. Maladroite,  à jamais faire les bons choix. Et si tu veux me punir pour ça alors fait le … mais laisse-moi une chance, une vraie chance.  Aussi paradoxale que ça puisse paraitre cette bague autour de mon doigt te cri à quel point j’ai envie que tu m’avoues avoir des sentiments pour moi.   Et si ce soir c’est trop pour toi, et si ce soir tu seras incapable de me dire que je ne suis pas seulement Su Nah alors dis-moi au moins ce que ça te fait. Ça fait mal ? Ça te fou la rage ? Pourquoi ? Parce que t’as pris une balle pour moi et que c’est avec un autre que je vais faire ma vie ? Parce que si t’as pris cette balle pour moi c’est parce que je ne suis pas que Su Nah pas vrai ? Dis-moi Min Soo ! Parle-moi. Dis-moi ce que tu as en tête, dans le cœur putain ! Je suis fatiguée de vouloir deviner, je suis fatiguée d’essayer de comprendre quand toi tu prends les choses comme elles viennent, sans te prendre la tête. J’aimerais lui ressembler, j’aimerais avoir la patience, avec l’audace de croire qu’au bout de presque deux ans on pourra espérer être autre chose que des putains d’amis qui couche ensemble. J’en ai fait des choses avec lui. Des choses que je n’aurais faites pour personne d’autre. Que ce soit sexuel ou dans la vie de tous les jours. Lui et moi on se complète, on se comprend, on est pareil, au moins sur le plan sexuel, c’est peut-être pour ça qu’on a duré si longtemps. Mais je crois que je suis fatiguée de tout ça en vrai … et je me sens tellement conne à ne pas comprendre … cette façon qu’il a de ma rejoindre en pleine nuit après son anniversaire pour simplement dormir avec moi, cette façon qu’il a de m’embrasser sur sa moto après qu’on ai gagné cette course … Putain Min Soo ne vient pas me dire que tout ça c’est ce que tu fais avec toutes les femmes que tu sautes. Et d’ailleurs est-ce qu’il y en a d’autres ? J’en ai jamais rien su et j’ai jamais osé poser la question … Je le fixe, sans me démonter, l’émotion me gagne pourtant je reste impassible, coupable, triste, mais impassible. Depuis quand il m’a fait la demande ? « Est-ce que ça changerait quoique ce soit Min Soo ? » murmurais-je d’une voix douce et faible. Je le fixe en cachant le tremblement de mes mains. Et parce que je suis incapable de trouver un autre moyen pour t’atteindre je te souffle simplement «  Je peux encore lui dire non Min Soo. » Alors dis le moi … dis-moi de lui dire non … s’il te plait … Et putain c’est dur, c’est dur de ne pas me jeter à tes pieds et de te demander de me garder. Mais ça serait encore plus pathétique pas vrai ? J’ai le sentiment désagréable de tout gâcher. Vraiment. De tout gâcher. Mais peut être que finalement … il nous faudra ça pour ouvrir les yeux. Mais notre vie n’est pas un film Hollywoodien. Et quand je réalise que notre comédie romantique peut se terminer ce soir une peur panique me serre le cœur. Je détourne le regard sur ce poster de Megan Fox et réalise à quel point on venait de perdre ce que nous avions. Make me do the right things.

 

Nous sommes amis. Juste amis… Alors, certes, on couche ensemble, aussi. Mais c’est tout ! On est seulement amis. En tout cas, il n’a jamais été question de plus entre nous. Pourtant, et même si j’ai beau me répéter que ça ne devrait rien me faire et que de toute façon c’était dans l’ordre des choses (puisqu’après tout nous ne sommes pas ensemble), je ne peux m’empêcher de l’avoir mauvaise suite à cette nouvelle. Et, le pire dans tout ça, c’est que je ne sais pas exactement pourquoi… Est-ce cette impression d’avoir été pris pour un con qui me saoule autant (alors que d’habitude, c’est plutôt moi que l’on verrait dans le rôle de celui qui joue avec l’autre) ? Ou est-ce qu’il n’y aurait pas également une raison un peu plus égoïste derrière tout ça, et le fait qu’elle se déplace jusqu’ici, un air exagérément innocent scotché sur le visage et sa poche de bouffe dans les mains, en prétextant vouloir prendre de mes nouvelles (alors qu’elle n’a pas daigné le faire avant), pour en fin de compte m’annoncer qu’elle va épouser un mec, ne serait pas à l’origine de l’agacement que sa présence commence à m’inspirer ? Je ne sais pas… Peut-être les deux en même temps. Ou peut-être qu’il y a autre chose, aussi. Mais je n’arrive pas vraiment à l’expliquer et, pour le coup, je ne cherche pas tellement à le faire, bien trop occupé à encaisser ce que vient de dire la jeune femme. Quelque peu irrité, je laisse d’ailleurs échapper un faible rire dans lequel on peut déceler une certaine pointe de frustration suite à la question que la Pyobeom finit par me poser. Est-ce que ça changerait quelque chose de savoir depuis quand son futur mari lui a fait sa demande ? Bien évidemment ! Ça changerait beaucoup de choses… Ça ne fait aucun doute. Pourtant, je me contente de lâcher un « Je suppose que non… » en haussant les épaules, et ce, un air que je tente de rendre le plus indifférent possible accroché au visage. Détournant ensuite mon attention de la jeune femme, j’attrape mon portable sur le bureau et jette un coup d’œil sur l’écran de celui-ci. Mais je suis toutefois interpellé par les mots qu’elle prononce et relève finalement la tête vers elle, en arborant une expression quelque peu moqueuse : « Pourquoi tu voudrais lui dire non ? » Je l’observe quelques secondes et laisse échapper un rire, avant de reprendre, sur un ton un brin sarcastique : « C’est cool, pourtant ? Tu vas te marier ! Tu devrais être contente ! » Je m’autorise ensuite une courte pause, la défiant du regard, avant d’ajouter, un sourire en coin : « Félicitations, d’ailleurs ! Je vous souhaite tout le bonheur du monde ! » J’aurais pu rajouter un « Vive les mariés ! » en suivant mais on va quand même éviter d’en faire trop, pas vrai ? « C’est tout ce que tu avais à me dire, sinon ? »

✻✻✻ Ça n’aurait rien changé ? Tu supposes ? J’ai envie de le secouer, qu’il soit sincère, franc, quitte à être blessant, parce qu’après tout ce n’est que comme ça que je comprendrais. Ses pseudos hésitations me donnent l’espoir qu’au fond de lui il ne soit pas si sincère que ça dans ses félicitations. Mais je dois bien me rendre à l’évidence que je cherche là où il n’y a aucun signe à comprendre. Il doit seulement être surpris, peut-être un peu dégouté mais pas au point de me retenir. Ouais parce qu’il doit se rendre compte que nos parties de jambes en l’air c’est fini, mais dans le fond, est-ce qu’il doit s’en soucier ? Il peut se faire qui il veut et je parierais presque avec rage qu’il a du se taper d’autres filles sans me le dire. Après tout je n’étais qu’une amie avec bénéfice. Une de celle qu’il appelle et avec qui il s’amuse. Mais putain j’espérais tellement qu’il change, qu’il ouvre les yeux, sur toutes nos soirées, sur tous ces moments qu’on a passé ensemble, ne voulaient-ils réellement rien dire pour lui ? J’ai la rage dans le cœur et l’amertume sur les lèvres. Ce n’est qu’un mariage blanc, un mariage que je pourrais ne pas vouloir si seulement il me regardait dans les yeux en me disant fait pas ça Su Nah. Il n’a même pas besoin de me dire qu’il m’aime, il n’a même pas besoin de me donner de raisons, s’il refuse, je refuserais avec lui … Mais c’est bien là tout le problème. Foutue idiote accroc à un garçon qui refuse de s’engager sérieusement. Mais ce qui fait surement le plus mal c’est de savoir qu’il le fera un jour, avec une autre. Et parce que son rire m’énerve, et parce que ses félicitations me font mal au cœur, j’ai envie de lui étaler au visage mon bonheur factice, comme si soudain Dae Ki était l’homme de ma vie. Comme si je  l’aimais, sûrement autant que j’aime Min Soo. Et j’ai sûrement l’air dégoutée mais faisant bonne figure quand il me demande si j’étais venu pour ça. « Merci Min Soo, c’est important pour moi que tu sois content pour moi ! » Ouais parce que j’espère que tu souffres autant que moi ! La colère me fait dire n’importe quoi et mon sourire est surement aussi hypocrite que le sien. Je sors presque trop joyeusement un carton d’invitation de mon sac pour lui et le lui tend. « Bien sûr tu es invité ! J’ai envie d’avoir tous mes amis à mon mariage. » Grand sourire alors que je pleure intérieurement. Tu vois ce que tu me fais faire Min Soo ? La plus idiote des filles est tombée amoureuse de toi. N’est-ce pas risible ? Moi je ris.  Je passe une main dans mes cheveux en lâchant un faible rire, de ceux qui abandonne. J’oscille entre l’envie de me jeter sur lui pour l’embrasser, rien qu’une dernière fois, et celle de l’engueuler, de lui balancer tout ce que j’ai sur le cœur, mais à quoi ça servirait ? Je replace mon sac sur mon épaule en posant mon regard sur lui, un regard scruteur, comme si je voulais détailler son visage quand il lirait le carton d’invitation. Comme si je cherchais malgré moi une bonne raison de dire non. De lui dire non. J’ai envie de passer une main dans ses cheveux, pour plaquer en arrière cette mèche rebelle qui tombe toujours sur son front. Et ce geste si anodin et si tendre m’est désormais interdit. Tu me manques Min Soo. Tu le sais ça ? Et moi je te manque ? Si ce n’était qu’un peu je serais déjà la plus heureuse. Je mordille ma lèvre et serre un peu plus fort mes poings sur la hanse de mon sac pour m’empêcher de craquer.
 

 

Très franchement, je ne sais pas comment je fais pour garder mon calme. Moi qui suis impulsif, en temps normal, moi qui ne mâche pas mes mots, d’ordinaire, je parviens quand même à ne pas me laisser submerger par les différentes émotions qui m’animent. Pourtant, j’ai clairement l’impression d’être pris pour un con et Dieu seul sait à quel point je n’aime pas être pris pour un con. D’habitude, les gens qui osent le faire ont d’ailleurs droit à un retour digne de ce nom. Mais là, je n’en fais rien. Je me contente d’user de sarcasme, c’est tout. Parce que c’est Su Nah… Et parce que, finalement, elle n’a aucun compte à me rendre. Elle fait ce qu’elle veut de sa vie et de son cul. Qu’elle se marie, si ça lui chante… Ce n’est pas moi qui l’en empêcherait. Pourquoi je le ferais, après tout ? Au risque de me répéter, on est pas ensemble et les quelques mois où on l’a été, ça n’a pas fonctionné. Je ne vois donc pas pourquoi, aujourd’hui, ce serait différent. Toutefois, malgré que je tente de me convaincre moi-même que tout cela ne m’atteint pas, je ne peux m’empêcher de bouillonner intérieurement quand je la vois sortir son putain de carton d’invitation pour me le tendre. Elle se fout de ma gueule ou quoi ? Elle cherche à faire quoi, exactement ? A me foutre en rogne ? Parce que si c’est le cas, elle est clairement sur la bonne voie. Mais encore une fois, et je ne sais pas par quel miracle, je fais preuve d’un calme à toute épreuve, me contentant de lâcher un « Cool… ». Observant ensuite rapidement ledit carton, un sourire hypocrite prend possession de mon visage, alors que je m’exclame : « Le 15 mai… Ça va, vous ne perdez pas de temps… » Franchement, ça m’énerve... Et vous ne pouvez pas savoir tous les efforts que je fais pour ne pas l’envoyer chier. Parce que j’suis censé m’en foutre… J’suis censé faire semblant d’être content de cette nouvelle. Car il n’y a rien entre nous. Elle est juste une amie, c’est tout… L’ennui c’est que comme elle le sous-entend si bien, un ami viendrait lui témoigner son soutien alors qu’elle est sur le point de s’engager avec quelqu’un. Et, pour le coup, je ne suis pas certain de vouloir me comporter comme un ami. Balançant donc le carton d’invitation sur mon bureau, dans un geste désinvolte, comme si je n’en avais que faire, je laisse échapper : « Je tâcherai d’y penser… On verra si je n’ai rien d’autre à faire, ce jour-là… » Je me lève ensuite de la chaise, portant ma main à mon épaule encore bandée qui me tire légèrement, bien qu’elle ne me fasse plus réellement souffrir, et finis par dire, sur un ton des plus calmes malgré que l’on puisse déceler un certain agacement dans ce dernier : « En tout cas, c'est gentil d'avoir trouvé le temps de venir me voir même si ce n’était pas la peine de te donner autant de mal. » Je lui indique la poche de nourriture qu’elle m’a rapporté d’un faible mouvement de la tête, avant de poursuivre : « C’est que tu dois être occupée, entre l’envoie des faire-part, le choix du menu et celui de ta future robe... D’ailleurs, je ne voudrais pas te retenir plus longtemps. J’suppose qu’il y a encore beaucoup à faire, avant le jour-j, non ?! » Ouais, vous l’avez bien compris. Dans mon langage, ça veut dire « Et maintenant, si tu veux bien bouger, ce s’rait cool… » La contournant d’ailleurs, je me laisse tomber sur mon lit et viens caler mon bras sous ma tête, comme si je m’apprêtais à dormir. Toutefois, avant que la jeune femme n’ait le temps de réagir, je m’exclame finalement, en lui montrant une boite à chaussures (chaussures ressemblant en tout point à celles qu'elle avait perdu lors de notre dernière course) qui se trouve près de la porte : « Au fait, tant que t’y es, prends cette boite avec toi... » J’hausse ensuite les épaules et ajoute : « J’comptais te l’apporter plus tard mais puisque t’es là… » Je la raccompagne pas jusqu’à la porte, elle se débrouillera très bien toute seule, j’en suis certain. Et au cas où, notre bonne est là…