✻✻✻ Sonnée je reste assise sur le lit. Je fixe le sol et l’écoute. Le silence pesant dont je fais preuve trahit mon malaise. Je devrais me lever, lui dire que ce sont des conneries tout ça, qu’on vaut mieux que ça. Qu’il s’est pris une balle pour moi. Pas seulement par gentillesse. Pas seulement par fierté ou pour remplir ce rôle de chevalier. Je devrais lui demander si l’accident de la fac n’a pas tout changé ? Ou au moins rien qu’un peu le regard qu’il me porte. La confrontation m’effraie, la vérité me cloue au sol. J’ai mal au cœur Min Soo parce que je t’aime mais que j’ai peur de tout perdre, de te perdre. Je n’agis jamais comme je le devrais le faire pourtant je sais, je sais ce qu’il faudrait que je fasse à cet instant. Me lever, tout envoyer valser et t’aimer comme je l’ai toujours fait. Manquer de courage est mon plus gros défaut. Je serre le drap de ton lit dans mon poing. Je relève à  peine mes yeux sur toi. De la lâcheté qui me débecte. J’inspire doucement avant de lever mon regard vers le sac qu’il m’indique. Qu’est-ce que j’aurais pu répondre à son sarcasme. Il me faisait toujours défaillir. Je ne me lève pas tout de suite, je sonde le sac comme si j’allais découvrir ce qu’il contenait. Cette boite semblait me crier à quel point j’avais tort de faire ce que je faisais.  Ouais, cette boite semblait matérialiser mon erreur. Je me redresse doucement, j’avance jusqu’à elle en déglutissant. Connerie bordel de merde. Je  l’attrape mais je n’ai pas le courage de l’ouvrir, je crois que de toute façon il n’attend pas ça. Je serre la boite contre moi, l’émotion me serre la gorge. Je suis partagée entre la colère, l’agacement, contre lui, contre moi. Je suis partagée avec la culpabilité, et la stupidité de croire qu’il pourrait se mettre en colère de cette nouvelle parce qu’il tient à moi plus qu’il ne voudrait le dire. Le comprendre. Je déglutis et fini par me tourner vers lui. J’ancre mon regard au sien et fait un pas vers lui. Un second, plus douloureux, comme si mes pieds étaient collés au sol. Je serre les dents et je le fixe, bon sang que j’aimerais pouvoir lire dans sa tête à cet instant. « Tu n’es même pas fâché ? » lâchais-je avec un brin de provocation. Je n’attends pas de réponses, ce n’est même pas une question rhétorique. « Agacé ? Déçu ? Surpris ? » Je plisse les yeux et pince mes lèvres quelques secondes avant d’ajouter « Tu le prends si bien, tu le prends trop bien Min Soo. » Je fais encore un pas vers lui et ajoute d’une voix qui se veut assurée bien que je sois morte de trouille. « T’as jamais eu peur ? » soufflais je avant de baisser mon regard vers lui. « De faire le mauvais choix ? » Tout mon corps est sous tension … l’air est électrique pourtant je me détourne sans un mot et sans attendre ses réponses. On n’en a pas besoin. Il le sait aussi bien que moi. Je me détourne rapidement pour sortir. Sa bonne me croise, me sourit, ne semble pas surprise de l’émotion qui se lit sur mon visage. Je me stoppe dans le couloir et ouvre la boite à chaussure le cœur lourd. En reconnaissant la paire de chaussures les larmes me montent aux yeux. Si tu te foutais de moi alors pourquoi ça ?! Je retourne dans la chambre brusquement après avoir fait tomber mes pieds. Je m’avance vers lui rapidement et l’attire à moi. Je plaque mes lèvres sur les siennes pour lui voler un baiser avant de souffler contre sa bouche « Si j’avais moins la trouille et que t’avais plus de couille d’être franc avec toi-même on pourrait être heureux Min Soo. Ça sera jamais trop tard. » Je presse mes lèvres une dernière fois contre les siennes et fuit avant de le voir me repousser. Je ramasse tout en trombe et fuit littéralement la maison. Littéralement.