Je suis blessée. J’ai beau avoir essayé de me forger une carapace pendant des années, je ne peux pas me contenir quand il s’agit de mes proches. Mee Yung est loin d’être n’importe qui à mes yeux. Si elle pourrait avoir la sensation d’être redevable, je dois avouer que je dois l’être encore plus qu’elle. Ce n’est pas une question d’entraide, d’argent, ni rien. J’ai toujours été heureuse d’avoir une amie fidèle toujours à mes côtés. Née dans un milieu noyé par l’hypocrisie, je dois avouer que je l’ai été moi aussi pendant un certain temps. D’ailleurs, je crois qu’il est impossible d’être toujours honnête dans sa vie. Néanmoins, il faudrait être aveugle pour ne pas avoir vu à quel point j’ai progressé en la matière. J’essaye d’être plus simple, moins hautaine et je crois que c’est en partie grâce à Mee Yung. Alors, quand la jeune femme s’entête à garder ses secrets, je n’arrive pas à stopper ces sentiments négatifs qui envahissent mon être au fil des minutes. J’aimerais qu’elle réagisse, j’aimerais qu’elle fasse quelque chose. A moins qu’elle veuille encore voir cette lueur de colère dans mes yeux ? Je retiens un soupir avant de remarquer un changement dans son comportement. En effet, la belle commence à peiner à me faire face mais je crois que je suis allée un peu trop loin. La sango peine à parler et à son expression, je … Je commence un peu trop à m’inquiéter. Peut-être que c’est un peu trop tard pour ça ! Je vois une larme couler le long de sa joue, j’entends sa voix me murmurer des excuses et je sens comme un nœud à l’estomac se former avant que Mee Yung finisse par m’avouer implicitement son problème. Les lèvres faiblement entrouvertes, cette fois-ci, c’est à mon cœur de me faire mal. Il se serre, se desserre avant de battre un peu plus fort, me donnant au final un frisson qui parcoure la moindre partie de mon corps. Pourquoi ? Pourquoi une fille comme Mee Yung doit revivre cette épreuve, encore une fois ? Elle a passé tous les tests, elle a respecté son suivi médical et les médecins se sont toujours montrés optimistes quand elle était encore en période de rémission. Et c'est ce qui risque d'anéantir encore plus la jeune femme. D'ailleurs, sa position et ses dires le prouvent parfaitement. Cette demoiselle qui n'a jamais pleuré devant moi. Je décide donc de me lever, essayant de faire preuve de sang-froid parce que j'ai appris avec elle qui ne faut pas pleurer devant un malade. Il a besoin d'amour et de soutien, surtout pas de larmes. Alors, je tente de me contrôler, de faire bonne figure pour l'éviter de se sentir encore plus mal. Enfin, si c'est possible. Je m'accroupis à moitié à côté de sa chaise et pose mes mains sur les siennes qui sont toujours en train de s'acharner sur son pantalon. Puis, une de mes mains se retrouve finalement sur son menton. « Je suis désolée pour toi, Mee Yung. » Je ne sais pas si mes mots sont réconfortants, je crois qu'ils ne le sont pas. Mais, je ne peux m'empêcher de sentir du regret. Ma voix est notamment pleine d'amertume. Puis, je l'incite à relever doucement son menton. « Tu sais que je serais toujours là pour toi ?! Je t'ai forcé la main, j'en suis consciente mais tu es la première à savoir que tu as besoin de gens qui t'aiment autour de toi, surtout dans la maladie. » Je pince doucement mes lèvres parce que parler de cette manière me fait mal pour elle comme pour moi. C'est injuste de voir un rayon de soleil comme elle affronter ça. Mais, je ne peux pas m'énerver, cette fois-ci. Et pourtant, ce discours me dégoûte. « Tu as déjà réussi une fois et nous savons à quel point tu es forte mais s'il te plaît, laisse moi t'épauler. » Je caresse doucement sa joue et ajoute : « Tu le sais depuis combien de temps ? C'est relativement récent, pas vrai ? Qu'en pensent les docteurs ?! » Ces docteurs incapables mais j'ai besoin que Mee Yung me rassure. C'est plus facile de guérir quand on l'apprend tôt, pas vrai ?! Bordel, Mee Yung... Pas toi.