tenue - Plus le temps passait, plus elle avait l’impression que Min Guk se libérait. Auparavant, jamais il ne l’aurait questionné ainsi, encore moins sur sa vie privée. Pendant longtemps, elle s’était demandé si elle avait l’air d’un monstre ou d’une personne très froide. Peut-être qu’il l’a pensé un temps, elle n’en sait rien, elle n’a jamais osé lui en parler à nouveau de peur de le mettre mal à l’aise. Quoi qu’il en soit, depuis ce fameux entretien, il arrivait à lui parler naturellement, à lui poser des questions, à rire, à sourire et même à l’approcher. Ainsi, elle avait découvert de nombreuses choses fort plaisantes à son propos : sa gentillesse, son humour, ce côté papa-poule, ses mimiques … tout quoi. Pendant un instant, elle commence sérieusement à se dire que si il avait la capacité de lire dans ses pensées, elle était grillée à tout jamais. Alors comme pour s’en persuader, elle essaye de l’appeler par la pensée. Il ne répond pas, c’est bon.

En attendant qu’il trouve ses défauts, elle le regarde manger, que dis-je, dévorer ce qu’elle a préparée. Min Yul avait eu le même comportement et très sincèrement, elle était très fière. Il faut dire qu’elle avait fait ce qu’elle connaissait le mieux, aidée par Min Yul bien sûr. Cependant en étant pas très sûr qu’ils apprécient, elle en avait fait presque des caisses pour compenser. Sûrement trop, il allait avoir à manger pour au moins deux jours. Peut-on lui reprocher d’avoir voulu bien faire ? Sur ce coup-ci, elle se trouvait stupide.

Nouveau tremblement de terre en elle lorsqu’elle l’entend dire qu’elle est jolie et surtout qu’il ne lui trouve pas de défaut pour l’instant. Un léger sourire se dessinait sur son visage. C’est qu’il ne connaissait pas encore ses mauvais côtés. Li Wei est si têtue qu’elle ne vous écoutera jamais si elle estime que vous avez tords, peut-être un peu butée et aussi un peu excessive lorsqu’elle s’énerve mais fort heureusement, ces moments sont rares. Elle a parfaitement conscience de ses défauts mais plutôt que de se mettre une balle dans le pied, elle préfère laisser Min Guk les découvrir – ou pas – avec le temps. Alors elle lui retourne la question au sujet de son célibat, et même si elle l’avait prévenu de ne pas jouer la carte de : j’ai un enfant, il semblait ne pouvoir s’en empêcher. Elle lève alors les yeux au ciel en souriant. « Tu es trop pessimistes, je suis sûre que t’es passée à côté d’un milliard d’occasion parce que tu voyais que le mauvais ! Je suis certaine à mille pourcent que l’amour va finir par passer le seuil de ta porte en mode « surprise ! ». » Elle sourit et hausse les épaules. « Et puis toutes celles qui ne veulent pas de toi juste parce que tu as Min Yul, elles ne savent pas ce qu’elles ratent. »

Je sais bien que tout le monde a des défauts et des qualités, l’être parfait n’existe pas ou alors, ça doit être la personne la plus ennuyante au monde. Alors je sais que Li Wei a aussi ses défauts mais je ne la connais pas encore assez pour les discerner. Mais j’ai envie de savoir, de la découvrir telle qu’elle est vraiment parce que je sais bien, autant l’un comme l’autre, qu’on se contient, qu’on ne cherche qu’à montrer le meilleur de soi. C’est ce que tout le monde fait, surtout en face d’une personne qui nous plait. J’allais pas lui dire que j’étais un peu maniaque, surprotecteur, parfois boudeur et incroyablement borné dès la première rencontre. Peut-être que ça l’aurait fait fuir et qu’elle aurait finalement pas accepté le job de nounou. Qui sait ? Mais je prendrai pas le risque de remonter le temps pour voir ça. J’étais content de voir que tout se passait bien pour elle et pour Min Yul. Je sais déjà que demain matin, à peine réveillé, il va s’empresser de tout me raconter et surtout me demander quand est-ce que Li Wei revient. Alors si Min Yul l’aime, les défauts, ça compte plus.

Même si j’étais curieux de savoir quel genre de caractère elle cache derrière son sourire et ses yeux brillants. Ça me faisait pas du tout peur de le découvrir mais ça, ça ne viendra sûrement pas tout de suite. C’est pas grave, j’avais déjà attendu deux ans avant de vraiment lui adresser la parole alors je pouvais bien attendre encore un peu. Surtout si elle me faisait patienter avec des plats aussi bons. J’ai peut-être l’air d’être qu’un ventre sur pattes mais là tout de suite, je m’en fous carrément. J’ai jamais été aussi content de manger ! Ça doit se lire sur mon visage d’ailleurs ! Même manger et écouter Li Wei me dire tout ça, c’est pas vraiment le bon mélange.

Je repose mes baguettes alors que je la regarde me dire que c’est juste parce que je veux pas voir ce qui se passe autour de moi. Oh si, je vois très bien. Y’a une belle femme en face de moi mais avec qui, j’aurai sûrement jamais mes chances. Je pose mon bras sur la table pour venir soutenir ma tête alors que je rigole en l’écoutant. « C’est toi qui est bien optimiste ! Quand on apprend que j’ai un enfant, la première chose que se disent les filles, c’est qu’elles vont devoir assumer le rôle de mère alors que non, je m’occupe très bien de mon fils tout seul. Je cherche pas une mère pour Min Yul, je veux juste une fille qui soit capable de m’accepter pour qui je suis : un homme et un père de famille ». Je lui souris en retour en me retenant de lui dire qu’il a sûrement fait plus que passer par la porte mais qu’il est déjà chez moi. « Mais t’as peut-être raison, peut-être que la femme de ma vie est déjà venue ici mais je le sais pas encore ». J'aimerai bien que ce soit le cas.

tenue - Min Guk semblait peu confiant. Il lui semblait peu concevable qu’une femme puisse s’intéresser par lui, sous prétexte qu’il est déjà père. Elle avait beau lui avoir précédemment dit que cette excuse ne comptait pas, sous-entendant forcément que toutes les femmes n’étaient pas hantées par les hommes déjà pères, il restait buté. Aurait-elle trouvé son premier défaut ? Il semblait un peu têtu, tout comme elle d’ailleurs. Li Wei est ce genre de personne qui défend ses pensées quoi qu’il arrive à moins que finalement, le contraire lui soit affiché sous le nez. Elle est têtue, mais n’est pas vraiment de mauvaise foi (enfin, juste un peu parfois), elle accepte ses torts dans certains cas non pas sans bouder un peu. Elle sourit lorsqu’il affirme ses dires concernant la femme de sa vie qui aurait pu passer le seuil de la porte. A vrai dire, c’était un peu une sorte de perche afin d’essayer de voir par le biais de ses expressions si elle lui plaisait ou non. Seulement, Li Wei n’est pas capable d’une pareille et n’arrive pas vraiment à comprendre. Alors, franche, elle préférait partager ce qu’elle pensait de sa situation. « Je pense plutôt que tu n’as juste pas assez confiance en toi pour passer à l’attaque, toutes les femmes ne sont pas effrayées à l’idée de sortir avec un homme qui a un enfant. » Elle en était bien la preuve non ? Voyant le jeune homme ouvrir sa bouche pour la contredire sûrement à nouveau et prise dans un élan de confiance venu de nulle part, elle effaçait la distance qui séparait leurs deux visages et posait ses lèvres sur les siennes tendrement. Sur le coup, elle ne s’est pas vraiment contrôler : Elle voulait le faire taire, lui montrer que c’était possible mais également, elle l’avait fait parce qu’elle en avait envie. Seulement, cet élan de confiance s’évaporait bien vite. Non, elle ne venait pas de faire ça quand même ?

Ça me faisait sourire de voir Li Wei s’entêter autant. A croire qu’elle voulait absolument que j’me trouve quelqu’un et que j’arrête de râler sur ma condition de père célibataire. Elle n’avait pas l’air de vouloir lâcher l’affaire, voulant absolument me faire comprendre que c’est pas parce que j’étais pas tout seul dans ma vie que j’devais m’interdire d’y ajouter quelqu’un d’autre. J’arrivai pas à trouver pourquoi ça la révoltait autant. Alors qu’elle réplique de nouveau, je fronce les sourcils pour tenter de déchiffrer ses paroles. Qu’est-ce que je devais comprendre par-là ? J’dis pas que j’étais pas touché par ses « remontrances » mais pourquoi elle s’acharne ? J’étais prêt à répliquer quand elle a trouvé le moyen le plus efficace de m’clouer le bec et là, pour de bon.

Ses lèvres sur les miennes, je pensais que ça arrivait jamais. Oh j’avais plusieurs fois imaginé l’effet que ça me ferait mais j’crois que j’étais loin du compte. Y’a tout qui s’arrête dans ma tête, j’en oublie même de respirer pour ce qui me semble être de longues heures. J’en reviens pas. Li Wei m’a embrassé ! Elle est en train de m’embrasser ! J’me rends pas de suite de compte qu’elle s’est écarté et que j’ai l’air d’un poisson qu’on a balancé hors de son bocal. J’ai le cœur qui vibre plus fort qu’une voiture de course et j’trouve rien à lui dire si ce n’est de faibles sons qui peinent à sortir de ma bouche.

Liwei m’a embrassé !

« Et bien je … wow ». J’ose même plus la regarder tellement j’suis chamboulé. La table ma parait être plus intéressante sur le coup. Mais j’avoue que là j’ai qu’une envie : l’embrasser encore une fois. Et là j’me mets à lui poser la question la plus débile qui soit au monde que même le mec avec le Q.I d’un poulet aurait pas posé : « Ça te dérange si je t’embrasse encore une fois ? ». Je sais même pas pourquoi j’lui demande ça parce que deux secondes après, j’me vois rapprocher mon visage du sien jusqu’à retrouver de nouveau ses lèvres comme un mec en manque de sa drogue. J’y ai goûté qu’une fois et pourtant, je sais que j’pourrai plus m’en passer.

tenue - Plus de son, plus d’image, Li Wei ne se souvenait même plus où elle était pendant un quart de seconde. Ses lèvres finalement sur les celles de Min Guk elle se sent partagée, mitigée entre cette partie d’elle-même heureuse d’y avoir goûté depuis le temps qu’elle en avait envie et l’autre si peu confiante, lui donnant la vague impression que cela pourrait finalement s’avérer une mauvaise idée, que cela allait lui porter préjudice au point d’être carrément virée et blacklistée de la vie de son ancien collègue. Agitée par les doutes qui prennent la forme d’une véritable tornade dans sa tête, elle ne sait plus quoi faire. Est-ce que elle doit s’excuser ? Se barrer en courant ? Quitter la Corée du Sud carrément ? Doit-elle regretter ? Alors pourquoi elle est incapable de regretter ce geste ? Elle s’écarte un peu prise par la panique, largement à contre cœur. Elle bafouille des excuses en chinois car elle est incapable de se souvenir du moindre mot en coréen comme si l’ouragan en elle venait de balayer de son cerveau cette langue qu’elle pratique quotidiennement depuis longtemps maintenant.

Le jeune homme semble lui aussi sous le choc. Il reste figé même après qu’elle se soit écartée. Il bouge pas d’un pouce, ne change pas d’expression et pire encore, elle se demande pendant un instant si il respire encore. Au bout de quelques secondes, il finit par s’agiter. Tout comme elle, il semble avoir perdu les mots et tout comme lui, elle se met à fixer ailleurs comme si elle allait finir par trouver un trou dans lequel elle allait pouvoir se cacher. Elle s’insulte intérieurement de tous les noms, dans toutes les langues possible et imaginable, paniquée et gênée par le sorte de malaise qu’elle avait provoquée entre eux. Pourtant, il venait à la surprendre encore, donner davantage de puissance à la tempête qui faisait rage en elle mais d’une manière bien différente. Il lui demande si il peut l’embrasser à nouveau. En levant les yeux vers lui, elle se demande un instant si elle a bien entendu. Ses actions venaient confirmer ses actes car avant même qu’elle puisse répondre quoi que ce soit, il déposait ses lèvres sur les siennes. A ce moment, la tempête en elle s’envole pour ne laisser plus qu’un sentiment de plénitude et un cœur battant la chamade tandis qu’elle répond à son baiser. Elle se sent bien, elle se sent mieux. Elle voudrait que ce moment dure une éternité.

Pourtant, ce baiser ne durait qu’un temps. Un bruit retentissait dans le couloir et très vite, ils s’écartaient en voyant un Min Yul se frottant les yeux encore à moitié endormi entrer dans la pièce. Il semblait ne rien avoir vu, et ce n’était pas plus mal. Li Wei ne voulait pas venir perturber son petit esprit et encore moins aller beaucoup trop vite. Pendant que Min Guk s’occupait de son fils qui prétextait une soif et une envie d’aller aux toilettes, elle portait son attention sur sa montre. « Oh mon dieu ! » S’exclamait-elle en écarquillant les yeux en découvrant l’heure tardive que cette dernière affichait.  « J’ai raté mon dernier bus … » Elle levait les yeux vers Min Guk, affichant une moue mi déçue, mi paniquée. Comment allait-elle faire ?

J’crois que j’avais imaginé ce moment des millions voire des milliards de fois mais j’étais loin de me douter que ça me ferait un effet pareil. J’ai l’impression d’être pris dans un feu d’artifice, d’être propulsé dans les airs dans un festival de lumières. Le bruit des explosions qui sont en fait les battements de mon cœur contre ma cage thoracique, me font tourner la tête, m’assourdissent. Mais je ne demande qu’à recommencer. Encore et encore. Alors c’est ce que je fais dès que ses lèvres quittent les miennes la première fois. Je replonge sans attendre, sentant une fois plus mon estomac faire du saut à l’élastique tandis que tout le reste de mon corps s’allume dans un immense feu de joie. C’est dingue tout ça, tout ce qu’elle arrive à me faire ressentir par un seul baiser. Mais putain ! Un baiser que j’attendais depuis longtemps, trop longtemps !

Malheureusement, c’est la recette des contes de fées : ça explose puis boum, y’a tout qui retombe d’un coup, comme si le parachute refusait de s’ouvrir pendant la chute. C’est un brusque retour à la réalité, un peu comme une bonne gifle dans la gueule. Le genre qui s’entend à l’autre bout de la salle et qui coupe le souffle à tout le monde. Le genre qui vous décroche et vous plaque au mur tellement le retour à la réalité est brutal. Nos lèvres se séparent dans un hoquet collectif, un semblant de crise cardiaque qui nous laisse essoufflés. J’ai juste le temps de comprendre que c’est finit que je sens quelque chose (plutôt quelqu’un mais j’ai pas compris de suite) m’agripper à la taille. C’est Min Yul qui vient de se réveiller, prétextant une envie pressante. Je souris à Li Wei alors que je m’occupe de mon gros bébé, c’est là que j’entends la jeune femme dire qu’elle a loupé son bus. Je finis avec Min Yul et le récupère dans mes bras (où il s’endort en même pas deux secondes) avant de m’avancer vers Li Wei. « J’te proposerai bien de te ramener mais … ». Je glisse un regard vers la petite patate endormie dans mes bras avant de chuchoter à nouveau. « Si tu veux, on a une chambre d’amis, tu peux y dormir cette nuit. Et non j’te laisse pas rentrer à pieds ou prendre le taxi. Et on te ramènera demain. T’en dis quoi ? ». C'était un peu de ma faute si elle avait loupé son bus alors, c'était la moindre des choses de lui proposer de rester ici pour la nuit. Elle ne me répond pas de suite alors j’en profite pour aller recoucher Min Yul. Ce gamin, il a le sommeil tellement lourd que si y’avait un éléphant dans sa chambre, il s’en rendrait même pas compte !

Je reviens au salon pour connaître la réponse de Li Wei. « Alors ? ». Je sais pas pourquoi mais j’me sens nerveux. J’lui ai pourtant pas demandé de sortir avec moi ou de m’épouser mais ça me fait tout comme !

tenue - Même lorsque leurs lèvres se séparaient pour la seconde fois, le cœur de Li Wei continuait à battre la chamade comme au premier contact. Elle se sentait déstabilisée par leur baiser, les sentiments immenses qu’elle venait de ressentir et l’intervention de Min Yul. Comment est-ce qu’ils devaient agir maintenant ? Est-ce qu’elle le saluera comme d’habitude pour partir ? Est-ce que il avait accepté et voulu poursuivre ce baiser simplement parce que il pouvait être en manque d’affection lui qui pense qu’il ne peut attirer personne ? Ce geste avait eu pour but de lui annoncer plus ou moins subtilement (non en fait pas du tout subtilement) qu’il lui plaisait mais lui, est-ce qu’elle lui plaisait vraiment ? Bien sûr qu’il avait toujours été un peu gêné, maladroit devant elle, mais est-ce de la timidité ou est-ce que c’est parce que c’est elle ?  Est-ce que Min Yul avait vu quelque chose ? Allait-elle être virée suite à ce geste ? Pour ajouter à ses questionnements incessants, elle découvrit qu’elle venait de rater son bus pour le dortoir. Un brin gênée et perdue quant à ce qu’elle devra faire, elle en faisait part au jeune qui revenait dans la cuisine avec une pomme de terre endormie dans les bras. Très vite, elle comprenait dans la merde. Elle ne voulait pas faire chier tout le monde pour venir la chercher à une heure pareille et cette mésaventure lui fit prendre conscience qu’elle devrait peut-être passer le permis de conduire. Heureusement, Min Guk lui présentait une solution de secours : dormir sur place ! Elle réfléchit un instant à cette hypothèse, cherchant à ne pas abuser de son hospitalité et ayant du mal à trouver sa place entre son envie de rester auprès de lui et la pression de la suite des évènements qui la rongeait. Lorsqu’il revint quelques minutes après avoir déposé le colis, il s’attend à une réponse. « Si ça ne te dérange vraiment pas alors oui ? » Elle n’avait pas peur de dormir chez lui étant donné qu’elle lui faisait une confiance aveugle mais elle avait davantage peur de l’importuner. Un détail la fit néanmoins sourire. « Tu n’as pas peur de me voir sans maquillage ? » Elle se mit à rire, problème de fille, excusez.

Une fois Min Yul couché, j’suis pas redescendu tout de suite. J’ai fait un passage dans la salle de bain pour me passer un coup d’eau bien glacé sur le visage et vérifier si j’étais bien éveillé et que j’étais pas en train de rêver. Que Li Wei m’avait bel et bien embrassé et que c’était pas encore un de mes rêves qui commence bien mais qui finisse trop bizarrement (une fois j’ai rêvé qu’après m’avoir embrassé, Li Wei s’était transformé en monstre à trois têtes avec des tentacules … j’m’étais dit que j’laisserai plus jamais Min Yul regarder ce dessin animé avant d’aller dormir). Alors oui, fallait que je vérifie si j’étais pas en train de devenir fou. Mais non, j’étais bien éveillé et Li Wei m’avait bien embrassé. Pour de vrai de vrai. Et maintenant ? Je savais que Li Wei allait pas se transformer en créature étrange (enfin je l’espère) mais j’avais aucune idée de quoi dire ou de quoi faire. Vraiment j’étais paumé. C’est pas tous les jours que la fille sur laquelle vous faites une fixette depuis plus d’un an vous embrasse et ne vous rejette pas quand vous l’embrassez une seconde fois. Franchement y’a de quoi se poser des questions … Mais je pouvais pas non plus rester là-haut indéfiniment. Pourquoi faut toujours que j’me comporte comme un ado de 16 ans quand elle est là ?

J’me décide enfin à la rejoindre dans le salon mais rien qu’en l’apercevant au loin, j’ai le palpitant qui s’affole et notre baiser me revient. J’crois qu’elle est aussi perdu que moi. Je sais pas si on y met le même sens derrière ça mais il est tard et je pense c’est pas le bon moment pour en parler. J’attends de connaître sa réponse et même si elle me dit pas vraiment oui, je souris à sa réponse. « Bien sûr que non ça me dérange pas ! Sinon je te l’aurai pas proposé ». Je lui souris un peu, le silence vient s’installer entre nous. Aucun de nous n’ose bouger, comme peur de briser quelque chose. Mais j’ose le faire pour lui dire de me suivre jusqu’à la chambre. « Pourquoi j’aurai peur ? Je suis sûr que même sans maquillage, tu es très jolie ». J’me retourne juste à temps pour qu’elle ne me voit pas rougir et ouvre la porte. « Y’a euh… des vieux vêtements à moi dans le placard, si tu veux prendre des trucs pour dormir. Et euh… la salle de bain est là-bas, fais comme chez toi bien sûr ».

tenue - Il était compliqué pour Li Wei de tout assimiler. Pourtant, elle était responsable. C’est bien elle qui l’avait embrassée en premier. Elle était responsable de ce malaise, de ce sentiment inconfortable et de ses questionnements. Elle avait agie sur un coup de tête, sans trop réfléchir en suivant cette envie qui la traversait sur le moment. Si elle regrettait ? Pas vraiment. Bien qu’elle se mit à craindre que ses rapports avec Min Guk deviennent bizarres ou malaisants suite à cet évènement, elle devait avouer qu’elle aurait pu continuer une éternité tant elle s’était sentie agréablement transportée par ses sentiments. Bien sûr qu’elle savait que Min Guk lui plaisait, ce n’était pas nouveau après tout, mais elle avait largement sous-estimé tout ce qu’il pouvait provoquer en elle. Elle se sentait perturbée, toute agitée et encore plus alors qu’il lui proposait de dormir ici. Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Il n’avait pas l’air fâché ou de lui en vouloir mais, est-ce que son comportement avec elle allait changer ? Est-ce qu’il allait vouloir s’éloigner d’elle ? Elle ne savait pas ce qu’il voulait dans la vie, ni ce qu’elle voulait avec elle. Peut-être que pour lui ces baisers ne voulaient rien dire, peut-être qu’il était seulement en manque d’affection et qu’elle tombait à pic à ce moment ? Elle tente de ne rien laisser paraître, dissimule ses doutes derrière un sourire tandis qu’elle l’écoute dire que ça ne le dérange vraiment pas. Pourtant, un lourd silence s’installe : tout ce qu’elle redoutait. Le stress grignote si fort son estomac qu’elle a presque l’impression qu’il pourrait l’entendre.

Elle le suit jusqu’à la chambre, tentant une petit blague pour détendre l’atmosphère et se détendre. Pourtant, sa réponse a l’effet d’un coup de vent puissant en elle. Il est certain qu’elle est très jolie même sans maquillage ? Cela veut dire qu’il la trouve déjà très jolie ? Sur cette pensée, elle le suit dans la pièce sans trop s’attarder sur tous les détails car il y a bien mieux à regarder dans la pièce comme Min Guk qui lui indique diverses directions. Quand il eut fini, elle tourne à nouveau les yeux vers lui en affichant un léger sourire. « Merci. » Elle tente d’éviter un nouveau silence gênant mais les mots qui sortent de sa bouche ne sonnent davantage comme une fuite. « Bon bah … » Elle laisse un court silence, tentant de tempérer ses battements de cœur. « Bonne nuit … » Elle s’approche d’un pas mais elle ne sait pas trop ce qu’elle doit faire, c’est à peine si elle se souvient comment elle s’appelle …

Je repensais à la première fois où on s’était rencontrés. J’étais encore à l’école de police, à jongler entre plusieurs jobs pour réussir à tenir le coup et faire que mon fils ne manque de rien. J’avais dégoté ce boulot au ciné, j’faisais le ménage une fois les séances terminées et elle était là, derrière son bar à bonbons. Ce qui m’avait tout de suite plu chez elle, c’était son sourire. J’aurai bien voulu y avoir le droit mais j’étais vraiment beaucoup timide pour m’approcher d’elle. Pourtant, c’est pas mon genre, j’suis plutôt du genre direct, à faire des blagues à tout va mais avec elle, je rougissais comme une tomate et je bafouillais comme un gosse. Si j’avais pu me voir, j’crois que j’me serai foutu de ma gueule. J’crois que les seuls mots que j’avais échangé avec elle ont été « bonjour, au revoir, merci, de rien, oui et non », pas de quoi établir une vraie conversation. Puis j’avais fini l’école, avait été pris au poste et je l’avais plus jamais revu. Jusqu’au jour où elle est devenue la nounou de Min Yul. J’veux pas croire aux coïncidences ou aux conneries du genre, le destin. Mais là pour le coup, j’étais un peu forcé d’admettre que, peut-être, y’avait une force là-haut qui voulait qu’on se retrouve à chaque fois. Mais franchement, j’allais pas m’en plaindre, au contraire.

Et là, on est chez moi et elle m’a embrassé. Et je l’ai aussi embrassé. Et là je sais que c’est pas un de ces moments où j’vais me réveiller et réaliser que j’avais tout inventé. Parce qu’elle est là devant moi. Et j’arrive plus à rien. J’suis même sûr de respirer encore. On est là comme deux idiots, deux ados cachés derrière le mur de l’école. C’est quand même dingue l’effet qu’elle me fait. Je perds tous mes moyens et j’suis quasiment sûr que je suis en train de fondre de l’intérieur. Puis elle fait un pas vers moi et là, j’ai le cœur qui explose. Est-ce que j’ose l’embrasser une nouvelle fois ? Ou je me contente d’un simple baiser amical avant de filer me rouler en boule dans mon lit ? Allez Min Guk, sois un homme cette fois ! Je mime ses gestes et me rapproche à mon tour, j’ai le sourire qui s’étire timidement quand je constate la différence de taille. Je prends le temps de la regarder, d’observer chacun de ses traits avant d’apposer mes lèvres sur les siennes.

Quand je me détache (à contre-cœur), le rouge revient au galop et m’empourpre tout le visage. « Et bien … euh … bonne nuit, dors bien ». J’me recule et me mange la chaise qui se trouvait là, manquant de me retrouver le cul par terre. Je rigole pour masquer ma gêne et finit par fermer la porte. J’me suis jamais senti aussi idiot de toute ma vie. Mais heureux aussi.